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Le Dalaï Lama, le bouddhisme et les femmes

5 juin 2021, 10:06, par R. Paris

Tu fais un contresens en écrivant que le marxisme voit tous les maux du monde dans la religion. Bien au contraire, Marx voit dans la vie sociale l’origine de tous les maux et la religion n’en est que le reflet.

« Ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, c’est au contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience. »

(Karl Marx - Oeuvres économiques)

« Les idées ne sont rien d’autre que les choses matérielles transposées et traduites dans la tête des hommes. »

(Karl Marx)

« A l’encontre de la philosophie allemande qui descend du ciel sur la terre, c’est de la terre au ciel que l’on monte ici. Autrement dit, on ne part pas de ce que les hommes disent, s’imaginent, se représentent, ni non plus de ce qu’ils sont dans les paroles, la pensée, l’imagination et la représentation d’autrui, pour aboutir ensuite aux hommes en chair et en os ; non, on part des hommes dans leur activité réelle, c’est d’après leur processus de vie réel que l’on représente aussi le développement des reflets et des échos idéologiques de ce processus vital. Et même les fantasmagories dans le cerveau humain sont des sublimations résultant nécessairement de leur processus de vie matériel que l’on peut constater empiriquement et qui repose sur des bases matérielles. De ce fait, la morale, la religion, la métaphysique et tout le reste de l’idéologie, ainsi que les formes de conscience qui leur correspondent, perdent aussitôt toute apparence d’autonomie. Elles n’ont pas d’histoire, elles n’ont pas de développement ; ce sont au contraire les hommes qui, en développant leur production matérielle et leurs relations matérielles, transforment avec cette réalité qui leur est propre et leur pensée et les produits de leur pensée. Ce n’est pas la conscience qui détermine la vie, mais la vie qui détermine la conscience. Dans la première façon de considérer les choses, on part de la Conscience comme étant l’Individu vivant, dans la seconde façon, qui correspond à la vie réelle, on part des individus réels et vivants eux-mêmes et l’on considère la Conscience uniquement comme leur conscience. La conscience est donc d’emblée un produit social et le demeure aussi longtemps qu’ils existe des hommes en général. Bien entendu, la conscience n’est d’abord que la conscience du milieu sensible le plus proche et celle du lien borné avec d’autres personnes et d’autres choses situées en dehors de l’individu qui prend conscience ; c’est en même temps la conscience de la nature qui se dresse d’abord en face des hommes comme une puissance foncièrement étrangère, toute-puissante et inattaquable, envers laquelle les hommes se comportent d’une façon purement animale et qui leur impose autant qu’au bétail ; par conséquent une conscience de la nature purement animale (religion et nature). On voit immédiatement que cette religion de la nature, ou ces rapports déterminés envers la nature, sont conditionnés par la forme de la société et vice versa. Ici, comme partout ailleurs, l’identité de l’homme et de la nature apparaît aussi sous cette forme, que le comportement borné des hommes en face de la nature conditionne leur comportement borné entre eux, et que leur comportement borné entre eux conditionne à son tour leurs rapports bornés avec la nature, précisément parce que la nature est encore à peine modifiée par l’histoire et que, d’autre part, la conscience de la nécessité d’entrer en rapport avec les individus qui l’entourent marque pour l’homme le début de la conscience du fait qu’il vit somme toute en société… »

Karl Marx, Idéologie allemande, 1845

« La religion est le soupir de la créature opprimée, l’âme d’un monde sans cœur, comme elle est l’esprit des conditions sociales d’où l’esprit est exclu. Elle est l’opium du peuple. »

(Karl Marx - avec Engels, Critique de "La philosophie du droit" de Hegel, 1844)

« Même dans ce que l’on appelle les guerres de religion du XVIe siècle, il s’agissait, avant tout, de très positifs intérêts matériels de classe, et ces guerres étaient des luttes de classes, tout autant que les collisions intérieures qui se produisirent plus tard en Angleterre et en France. Si ces luttes de classes avaient, à cette époque, un caractère religieux, si les intérêts, les besoins, les revendications des différentes classes se dissimulaient sous le masque de la religion, cela ne change rien à l’affaire et s’explique facilement par les conditions de l’époque. »

Friedrich Engels, La guerre des paysans

« Toute religion n’est que le reflet fantastique, dans le cerveau des hommes, des puissances extérieures qui dominent leur existence quotidienne, reflet dans lequel les puissances terrestres prennent la forme de puissances supra-terrestres. Dans les débuts de l’histoire, ce sont d’abord les puissances de la nature qui sont sujettes à ce reflet et qui dans la suite du développement passent, chez les différents peuples, par les personnifications les plus diverses et les plus variées. […] Mais bientôt, à côté des puissances naturelles, entrent en action aussi des puissances sociales, puissances qui se dressent en face des hommes, tout aussi étrangères et au début, tout aussi inexplicables, et les dominent avec la même apparence de nécessité naturelle que les forces de la nature elles-mêmes. Les personnages fantastiques dans lesquels ne se reflétaient au début que les forces mystérieuses de la nature reçoivent par là des attributs sociaux, deviennent les représentants de puissances historiques. A un stade plus avancé encore de l’évolution, l’ensemble des attributs naturels et sociaux des dieux nombreux est reporté sur un seul dieu tout-puissant, qui n’est lui-même à son tour que le reflet de l’homme abstrait. C’est ainsi qu’est né le monothéisme, qui fut dans l’histoire le dernier produit de la philosophie grecque vulgaire à son déclin et trouva son incarnation toute prête dans le Dieu national exclusif des Juifs, Yahvé. Sous cette figure commode, maniable et susceptible de s’adapter à tout, la religion peut subsister comme forme immédiate, c’est-à-dire sentimentale, de l’attitude des hommes par rapport aux puissances étrangères, naturelles et sociales, qui les dominent, tant que les hommes sont sous la domination de ces puissances. Or nous avons vu à maintes reprises que, dans la société bourgeoise actuel, les hommes sont dominés par les rapports économiques créés par eux-mêmes, par les moyens de production produits par eux-mêmes, comme par une puissance étrangère. La base effective de l’action réflexe religieuse subsiste donc et avec elle, le reflet religieux lui-même. Et même si l’économie bourgeoise permet de glisser un regard dans l’enchaînement causal de cette domination étrangère, cela ne change rien à l’affaire. L’économie bourgeoise ne peut ni empêcher les crises en général, ni protéger le capitaliste individuel des pertes, des dettes sans provision et de la faillite, ou l’ouvrier individuel du chômage et de la misère. Le proverbe est toujours vrai : l’homme propose et Dieu dispose (Dieu, c’est-à-dire la domination étrangère du mode de production capitaliste). La simple connaissance, quand même elle irait plus loin et plus profond que celle de l’économie bourgeoise, ne suffit pas pour soumettre des puissances sociales à la domination de la société. Il y faut avant tout un acte social. Et lorsque cet acte sera accompli, lorsque la société, par la prise de possession et le maniement planifié de l’ensemble des moyens de production, se sera délivrée et aura délivré tous ses membres de la servitude où les tiennent présentement ces moyens de production produits par eux-mêmes, mais se dressant en face d’eux comme une puissance étrangère accablante ; lorsque donc l’homme cessera de simplement proposer, mais aussi disposera, — c’est alors seulement que disparaîtra la dernière puissance étrangère qui se reflète encore dans la religion, et que par là disparaîtra le reflet religieux lui-même, pour la bonne raison qu’il n’y aura plus rien à refléter… Dans le catholicisme, d’abord l’égalité négative de tous les hommes devant Dieu comme pécheurs, et dans une conception plus étroite l’égalité des enfants de Dieu rachetés les uns comme les autres par la grâce et le sang du Christ. Les deux conceptions fondées dans le rôle du christianisme, — comme religion des esclaves, des bannis, des réprouvés, des persécutés, des opprimés. Avec la victoire du christianisme, ce motif passa au second plan et l’opposition entre croyants et païens, orthodoxes et hérétiques devint tout d’abord l’essentiel. Avec l’apparition des villes et par suite, des éléments plus ou moins développés de bourgeoisie et de prolétariat, la revendication d’égalité devait forcément recommencer à poindre peu à peu comme condition de l’existence bourgeoise et la façon prolétarienne de conclure logiquement de l’égalité politique à l’égalité sociale devait s’y rattacher. Cela, naturellement sous forme religieuse, s’est exprimé nettement pour la première fois dans la Guerre des paysans. — Le côté bourgeois formulé pour la première fois avec rigueur, mais d’une façon encore universellement humaine grâce à Rousseau. Comme dans toutes les revendications de la bourgeoisie, le prolétariat se dresse ici également comme une ombre fatale et tire ses conclusions (Babeuf). »

Friedrich Engels, AntiDühring

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