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Edito – Qu’est-ce qui ruine les paysans ?

29 juillet 2015, 08:45, par Alex

Concernant la paysannerie l’ éditorial de LO est révoltant :

les intérêts des éleveurs ne sont pas ceux de la classe ouvrière. Ils représentent une autre catégorie sociale avec d’autres perspectives. (...) les éleveurs ne visent pas à contester cet ordre, ils visent à s’y faire une place et à conforter leur propriété.

Certes l’édito fait des nuances entre « les gros et les petits ». Mais le fait que les travailleurs des villes doivent rompre le silence de leurs organisations de salariés lors de tels mouvements ; que si le prolétariat n’est pas capable de lier ses luttes à celle de la petite-bourgeoisie exploitée par la moyenne ou la grande il ne fera jamais SA propre révolution, ceci est omis par cet édito de LO.

Mais, reconnaissons-le, LO aime la discipline et ne se lance pas dans des aventures théoriques. Quand cette orga ne veut plus s’inspirer de Lénine (Adresse aux paysans pauvres) ou Trosky elle est prudente et reprend un « classique ». N’a-t-on pas dans l’édito un retour de LO à la thérorie de Ferdinand Lassalle sur les classes bourgeoises formant une « masse réactionnaire » ? :

4.- L’affranchissement du travail doit être l’œuvre de la classe ouvrière, en face de laquelle toutes les autres classes NE forment QU’UNE MASSE REACTIONNAIRE.

Dans la « Critique du programme de Gotha » Marx critique ainsi cette position de Lassalle reprise par LO :

Le premier couplet provient du préambule des statuts de l’internationale, mais sous une forme « améliorée ». Le préambule dit : « L’affranchissement de la classe des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes » ; tandis qu’ici c’est la « classe des travailleurs » qui doit affranchir - quoi ? le « travail ». Comprenne qui pourra.

En compensation l’antistrophe est, par contre, une citation lassalienne de la plus belle eau « [la classe ouvrière] en face de laquelle toutes les autres classes ne forment qu’une masse réactionnaire ».

Dans le Manifeste communiste, il est dit : « De toutes les classes qui, à l’heure présente, s’opposent à la bourgeoisie, le prolétariat seul est une classe vraiment révolutionnaire. Les autres classes périclitent et périssent avec la grande industrie ; le prolétariat, au contraire, en est le produit le plus authentique. »

La bourgeoisie est ici considérée comme une classe révolutionnaire, - en tant qu’elle est l’agent de la grande industrie, - vis-à-vis des féodaux et des classes moyennes résolus à maintenir toutes les positions sociales qui sont le produit de modes de production périmés. Féodaux et classes moyennes ne forment donc pas avec la bourgeoisie une même masse réactionnaire.

D’autre part, le prolétariat est révolutionnaire vis-à-vis de la bourgeoisie parce que, issu lui-même de la grande industrie, il tend à dépouiller la production de son caractère capitaliste que la bourgeoisie cherche à perpétuer. Mais le Manifeste ajoute que « les classes moyennes... sont révolutionnaires... en considération de leur passage imminent au prolétariat ».

De ce point de vue, c’est donc une absurdité de plus que de faire des classes moyennes, conjointement avec la bourgeoisie, et, par-dessus le marché, des féodaux « une même masse réactionnaire » en face de la classe ouvrière.

Lors des dernières élections, a-t-on crié aux artisans, aux petits industriels, etc., et aux paysans : « Vis-à-vis de nous, vous ne formez, avec les bourgeois et les féodaux, qu’une seule masse réactionnaire » ?

Lassalle savait par cœur le Manifeste communiste, de même que ses fidèles savent les saints écrits dont il est l’auteur. S’il le falsifiait aussi grossièrement, ce n’était que pour farder son alliance avec les adversaires absolutistes et féodaux contre la bourgeoisie.

Dans le paragraphe précité, sa maxime est d’ailleurs bien tirée par les cheveux, sans aucun rapport avec la citation défigurée des statuts de l’internationale. Il s’agit donc ici simplement d’une impertinence et, à la vérité, une impertinence qui ne peut-être nullement déplaisante aux yeux de M. Bismarck : une de ces grossièretés à bon compte comme en confectionne le Marat berlinois .

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