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Les classes dirigeantes sur le sentier de la guerre (forum)

10 février 2009, 17:03, par Max

Voilà un édito qui date un peu (34ans) mais qui garde un ton très actuel.

1975 : Crise sûrement, guerre mondiale, peut être, dit le pape.
Qui saura s’y opposer ? Lui ou les travailleurs ?

Depuis la fameuse interview de Kissinger, dans laquelle il évoquait la possibilité d’une intervention américaine contre les pays producteurs de pétrole, le petit jeu des précisions et des rectificatifs officiels, et des commentaires de toutes sortes, va bon train.
Il serait évidemment illusoire d’essayer à partir de cela de préciser dans quelles circonstances l’impériealisme américain serait prêt à intervenir au Moyen Orient, car les hommes politiques de la bourgeoisie n’ont pas pour habitude de prendre les peuples pour confidents. Mais les propos de Kissinger sont là pour rappeler que ces gens là n’écartent jamais la possibilité de recourrir à la guerre, pour peu qu’ils considèrent celle-ci comme nécessaire à la bonne marche des "affaires"...même quand ils se sont vus attribuer un jour le prix nobel de la paix.
Il n’est d’ailleurs pas nécessaire de remonter bien loin dans le temps pour trouver des exemples où l’impérialisme américain, pour garantir ses bénéfices, ou pour empêcher l’installation au pouvoir d’un gouvernement lui déplaisant, est intervenu par les armes, de la Corée au Guatémala, de St Domingue au Vietnam, sans compter les interventions plus discrètes de la CIA pour organiser des putshs militaires de toutes sortes.
C’est que les discours des dirigeants politiques des grandes puissances impérialistes sur la "démocratie" ou "le droit des peuples à disposer d’eux mêmes" ne sont que poudre aux yeux, et qu’ils sont toujours prêts pour garantir leurs profits à recourir à la force de leurs armes quand leur puissance économique ne suffit pas. A commencer par notre impérialisme, l’impérialisme français qui, de l’Indochine à l’Algérie, a bien montré qu’il ne reculait pas devant des centaines de milliers de morts pour protéger les bénéfices des Michelin ou des Borgeaud... Sans compter ceux des marchands d’armement à la Dassault. Pour régler ses rapports avec les petites puissances, ou les pays éconmiquement moins développés, l’impérialisme n’a toujours reconnu comme seule loi que celle du plus fort.
Mais ce qui inquiète le plus, et à juste titre, les travailleurs, dans les propos de Kissinger, c’est le contexte dans lesquelles il les a tenus. Chaque jour, l’économie mondiale s’enfonce un peu plus dans le marasme. Et l’on peut se demander si face à la crise qui se développe l’impérialisme ne peut pas chercher une issue à ses difficultés économiques dans une nouvelle guerre mondiale.
Dans les trois premiers quarts de siècle, l’impérialisme a déchainé deux fois déjà le cataclysme d’un conflit mondial, pour régler les différends opposant les banquiers de tous les pays. Qu’il décide donc demain de faire la guerre pour rétablir sa domination sur ceux des pays du tiers monde qui ont plus ou moins échappé à sa domination, ou pour détruire l’Union Soviétique, est donc non seulement possible, mais même inéluctable, si la crise dure et s’aggrave, et si les travailleurs ne font rien pour l’empêcher.
Nous n’en sommes certes pas encore là. Mais c’est justement pendant qu’il en est encore temps qu’il faut nous souvenir que le capitalisme, comme le disait Jaurès, "porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage", et que le seul moyen d’écarter à jamais les menaces de guerre, c’est d’en finir avec la société capitaliste elle même.
Il n’y a en effet que dans une société où l’économie sera organisée de façon rationnelle, pour satisfaire les besoins de tous les producteurs, et non pour rapporter de profits à quelques oisifs, que les crises économiques disparaitront, comme disparaitra la guerre.
Et les sacrifices que les travailleurs devront consentir pour renverser le capitalisme, et construire un avenir incomparablement plus beau pour eux mêmes et leurs enfants, ne seraient rien à côté de ceux que l’impérialisme risque de nous imposer un jour pour ses seuls profits, et pour maintenir le monde sous son esclavage.
(éditiorial de Lutte ouvrière extrait du bulletin Renault Billancourt dpt14 le 13 janvier 1975)

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