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Le gouvernement grippe la santé publique en France

mercredi 8 juillet 2009, par Robert Paris

On ne les a pas fait reculer

Après cinq mois de débat, le texte final de la loi « Hôpital, patients, santé, territoires » a été approuvé en commission mixte, par sept députés et sept sénateurs. Vote définitif cette semaine. Rien d’essentiel qui nuise à l’hôpital public n’a été retiré de cette loi scélérate. Des ARS, super préfets de la Santé chargés de la rentabiliser, aux directeurs de CHU nommés par décret ministériel, du regroupement des établissements autour d’une « tête de réseau » toujours pour économiser et rationaliser aux dépens de la santé, à la multiplication des coopérations public-privé (même si la convergence des tarifs est un peu retardée), du directeur, « patron » de l’hôpital nommant les chefs de service et mis sous la coupe des ARS (même si on a laissé une petite influence aux médecins) au président du conseil de surveillance qui n’est pas forcément un élu (personnalité estimée trop sensible aux fermetures de lits ou aux fermetures de secteur d’activité). Les reculs se font surtout en faveur du privé comme le renoncement à interdire les dépassements d’honoraires aux cliniques privées ! On est très loin d’avoir fait reculer le gouvernement et le mode de mobilisation proposé pour défendre l’hôpital public est un échec complet. Il serait temps de discuter entre nous des moyens d’imposer la défense de nos intérêts comme celle des services publics. Car les stratégies des centrales syndicales sont notoirement inefficaces.

La ministre a le cerveau qui grippe ?

A peine Roselyne Bachelot avait déclaré que la France n’était pas touchée par une épidémie contagieuse et que l’été, il n’y avait pas de risque, que des nombreuses écoles étaient infectées et que la contagion se révélait forte puisqu’on devait fermer ces écoles. Des experts déclaraient même qu’un Français sur deux pouvait l’attraper ! Rassurer n’est pas un moyen de combattre une maladie, désolé de devoir vous le rappeler, madame, vous qui êtes censée vous occuper de la santé publique d’un pays…

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Dans le Parisien du 29 juin, la ministre de la Santé déclarait que, en cas de pandémie massive, « les entreprises doivent s’organiser pour éviter un absentéisme trop important ». Elle craint qu’il manque des ouvriers boulangers mais elle ne craint pas qu’il manque des personnels de l’hôpital public ?

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Dans le même journal, la ministre a sorti quelques perles sur la grippe porcine du genre : « si les gens partent dans les pays à risques, ils doivent se protéger. » Ignore-t-elle qu’on ne peut se protéger contre les virus qu’avec des masques respiratoires ? Et elle-même rajoute que « les masques ne sont toutefois distribués automatiquement qu’en cas d’épidémie forte. » Donc, suivez attentivement son raisonnement : il faut attendre qu’une épidémie soit massive en France pour se protéger… Mais, à ce moment, ce ne sera même plus possible de se protéger ! Et, surtout, en refusant de limiter les voyages pour éviter la diffusion de la maladie, la ministre a favorisé la propagation pour ne pas nuire aux profits des compagnies aériennes.

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Et elle continue en déclarant : « Nous allons élargir à plus de 300 les hôpitaux équipés pour prendre en charge la grippe. » On pourra bientôt dire que tous les hôpitaux sont « référents ». Mais ces fameux hôpitaux ne sont même pas équipés d’accueil spéciaux, de services, de lits et de personnel qui va avec !!! La preuve : les hôpitaux qui avaient accueilli des grippés avaient été contraints d’évacuer les autres malades. Au point qu’il a été décidé de renvoyer chez eux les malades, embarrassant ainsi les familles qui travaillent et augmentant les risques de contamination.

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Toujours fière d’elle, Bachelot affirme : « les SAMU ont orienté les patients ». C’est pour cela qu’on apprend que les SAMU et le 15 sont débordés !

Quand est-ce qu’on rappelle à la ministre que, dans période où une pandémie menace, il serait temps d’arrêter de diminuer les effectifs comme elle le fait et, en particulier, d’arrêter de ne pas remplacer les retraités partants…

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Face à la pandémie, la ministre répète comme un refrain : nous avons les masques, nous avons les moyens hospitaliers, nous avons des doses de Tamiflu. Mensonge sur mensonge. Ses masques chirurgicaux ne sont pas les bons : il faut des masques respiratoires contre les virus. Le Tamiflu, on vient de voir au Danemark qui sera probablement vite dépassé du fait des mutations de grippe.

Il n’est pire sourd ….

La direction de l’AP-HP nous propose de participer au « prochain plan stratégique 2010-1014 ». Elle prétend maintenant nous consulter sur « la T2A, les salaires, les suppressions de poste et la recherche clinique ». Depuis des années la direction sait que les personnels de l’hôpital public sont contre et en ont ras le bol de sa politique et elle n’a aucunement l’intention d’en tenir compte ! Elle prétend y pallier avec un gadget informatique : c’est ce qu’elle appelle « une plateforme débat participative ». Ah, combien des mots doux recouvrent parfois les pires des maux !

Se moquer de la santé, à l’hôpital public, c’est un comble !

Au CHU de Caen, un technicien a décidé de faire la grève de la faim pour dénoncer les dangers liés à l’amiante dans les bâtiments hospitaliers. Il a parfaitement raison. Ces risques sont très importants et nombre de collègues en ont déjà été victime sans que rien de sérieux soit fait même en ce qui concerne l’information des personnels et la reconnaissance des causes de cancer. Ne comptons pas sur les directions d’hôpitaux et n’attendons pas la mala die comme une fatalité !

Les urgences, c’est urgent

Les grèves se multiplient aux urgences : de Nantes à Rangueil et de Carcassonne à Purpan. Les conditions d’accueil s’aggravent sans cesse et l’autisme des directions aussi. Il serait temps de changer le traitement que nous inoculons à nos gouvernants : visiblement, ils sont devenus bio-résistants aux journées d’action syndicales à répétition ! Le traitement de choc qu’il faudrait, c’est la grève générale de l’hôpital prête à s’étendre à d’autres secteurs de la Santé et d’ailleurs….

Encore et à nouveau le trou de la Sécu

C’est reparti avec le trou de la Sécu. Il réapparaît à chaque fois qu’un gouvernement veut faire un nouveau pas en avant dans la casse de la Sécu. Il est clair pour nous tous que ce fameux trou est créé par les gouvernements qui exonèrent les patrons de cotisations sociales et par les patrons et le gouvernement qui suppriment des emplois, ferment des entreprises et licencient. Moins de cotisations, moins de cotisants et moins d’actifs du fait de la crise du capitalisme ne signifient que nous devions accepter de payer que ce soit sous forme d’un refus de congés maladie ou d’une réduction des services de la Sécu comme le prétend le gouvernement. Au contraire, s’il faut en tirer une leçon, c’est de supprimer les exonérations patronales, prendre sur les profits, y compris les profits passés, prendre sur le capital.
Pas question qu’on nous impose de travailler avec de moins en moins de monde dans les hôpitaux sous prétexte que la Sécu ne pourrait plus payer. Un gouvernement, qui a été capable de trouver en quelques heures des centaines de milliards pour les banquiers et les financiers ou les patrons des trusts, doit sûrement trouver le moyen de renflouer un trou mille fois moins grand…

IRM : Insuffisances, Rareté et Mesquinerie

Un rapport récent souligne le retard de la France en matière d’acquisition, de fabrication, d’équipement et d’investissement en IRM. Certaines régions en sont à plus de soixante jours ou plus de cinquante jours d’attente, ce qui est un grave handicap pour les malades. Pire : le gouvernement en prend argument pour favoriser l’équipement en IRM du secteur privé !

Moins (d’emplois), c’est plus (de travail)

L’an dernier, le gouvernement a réalisé plus de suppressions de postes que ce qu’il s’était donné comme objectif ! En 2008, le gouvernement a supprimé 22.900 postes dans la Fonction Publique. Et comme il ne veut pas s’arrêter en si bon chemin, il prévoit la suppression de 30.529 postes en 2009 et 35.000 en 2010. En trois ans, ce sont plus de 80.000 postes qui seront supprimés. Plus la peine de chercher pourquoi le travail est plus dur dans les hôpitaux, les transports ou l’enseignement !

La démolition est en cours

Des cliniques dotées de scanner ou chargées de tâches rentables afin de concurrencer l’hôpital public qui se retrouve petit à petit sans activité ou sans fonds, l’opération est déjà bien engagée et ne va faire que s’accélérer avec la loi Bachelot. C’est le cas, par exemple, à Bourgoin-Jallieu dans l’Isère, où l’hôpital public qui reçoit 35 000 urgences, est à l’équilibre financier et est en croissance d’activité, mais est menacé par une décision inepte : l’implantation d’un scanner dans la clinique privée, cassant le pôle d’imagerie lourde hospitalier existant et menaçant à très court terme l’accès au soin des patients du territoire du nord Isère. Il est encore temps de mettre un coup d’arrêt à la démolition des services publics, et tout particulièrement de celui de la Santé !

Des directeurs à la botte

Parmi les réformes de la loi Bachelot, rappelons celle qui consiste à rendre les directeurs immédiatement licenciables sans recours par les ARS. Ces directeurs seront très sensibles à toute demande des ARS pour favoriser le privé, pour réduire les emplois et les moyens…

Elle masque … la situation

La société français de médecine d’urgence et le SAMU mettent en garde contre le retour du H1N1 à l’automne. Mais Roselyne Bachelot reste sur sa position : tout va bien, l’hôpital est prêt à faire face. Malgré les suppressions d’emplois, l’absence de services spéciaux, de masques adaptés et d’un vaccin, la ministre est sereine ! On a même appris que ses masques dont elle vantait le grand nombre sont inadaptés. Il y a deux sortes de masques : les masques anti-projection dits masques chirurgicaux contre les gouttelettes et les masques dits respiratoires (FFP2) contre les (bien plus petits) aérosols. Or ces derniers, les seuls efficaces dans le cas des virus, ne sont même pas utilisés pour le personnel soignant des malades !!!!

Défendons nos droits

Dans le cadre des restructurations et donc des suppressions d’emplois, le plus gros centre d’IVG de Lyon est menacé. Au travers des restrictions budgétaires qu’ils nous imposent, les vieux relents réactionnaires nauséabonds essayent de d’attenter au droit à l’IVG. Le droit des femmes à disposer de leur corps, et celui de l’IVG notamment, reste à défendre et, même quand il est légalement reconnu, il nécessite une constante mobilisation.

Messages

  • La mortalité augmente en France à mesure que la santé publique recule, ce n’est pas seulement dû au cancer et à la grippe, c’est dû à la destruction systématique de tous les services publics dont l’hôpital publique et à un Etat au service des trusts dont les labos pharmaceutiques, destructeurs de vies...

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