Quel avenir… si on ne s’en occupe pas nous-mêmes ?
Les travailleurs islandais et les milieux populaires descendent à nouveau dans la rue pour dire leur révolte contre les classes dirigeantes qui les ont noyé dans la crise et ont vendu leur avenir pour jouer aux subprimes et qui voudraient maintenant leur faire payer les frais de la crise. Ils ont fait chuter un premier gouvernement de droite et sont en train d’en faire autant du gouvernement de gauche… Mais les classes dirigeantes et des politiciens démagogues ont trouvé une réponse : dénoncer les autres pays et proposer au pays de se replier sur lui-même sous le slogan « L’Islande a su vivre seule pendant des centaines d’années ». La colère sociale va monter dans l’Europe en crise, comme dans le reste du monde. Les réactions en Grèce ou en Islande commencent à le montrer. Et les classes dirigeantes espèrent, avec le nationalisme, trouver le moyen de canaliser cette colère vers des impasses.
La crise grecque est un révélateur à cet égard. Elle vient de l’être pour l’Europe que l’on avait présenté comme une protection en cas de crise. On remarque qu’il n’en est rien. Si la faillite frappe l’Espagne et le Portugal après la Grèce, l’euro serait menacé d’où les spéculations actuelles sur la monnaie. Les classes dirigeantes et les Etats nationaux tiennent à se blanchir de leurs propres responsabilités. L’Allemagne accuse la Grèce. Inversement, la France accuse l’Allemagne. Entre la France et l’Allemagne, au rythme actuel, on en sera bientôt à parler d’"ennemi héréditaire" !... Le reste du monde pratique le même sport : les USA accusent la Chine et vice-versa... Loin d’être capables de résoudre la crise, chacun aimerait bien la faire payer à ses voisins… Les nationalismes montent et la « communauté européenne » menace de voler en éclats sous la pression de la crise.
Les hommes politiques ne sont pas les derniers à attiser les flammes du nationalisme. Sarkozy annonce qu’il défend l’entreprise française en faisant de la démagogie à Renault, qu’il défend la paysannerie en prétendant être prêt, sur ce thème, à une crise en Europe. Hypocrite ! Il sait très bien que Renault est un trust multinational. Quant aux paysans les plus pauvres, ils n’ont jamais été aidés, ni par l’Europe ni par la France...
Le nationalisme, voilà un dérivatif commode en temps de crise. On présente aux populations révoltées un ennemi à détester, un objectif national qui pourrait sembler réaliste, un espoir qui, même faux et complètement illusoire, remplace une absence complète d’espoir dans le cadre du système. Mais les lendemains de ce type d’illusion sont durs. Si les classes dirigeantes peuvent ainsi parvenir à sauver leurs intérêts en détournant la colère populaire, les travailleurs et les peuples paient de telles illusions au prix fort. C’est sur de tels mensonges que s’est construit le fascisme en Allemagne et en France, à la faveur d’une crise grave du capitalisme...
Oui, tous les politiciens, tous les patrons et les média vont défendre de plus en plus des thèses nationalistes. Comme si c’était une solution face à une crise globale… Comme si l’Etat français avait jamais été le défenseur de la population travailleuse. Comme si la cause des crises était ailleurs que dans les fondements même du système capitaliste et dans le fait que ce dernier a atteint ses limites et n’est plus capable de développer l’économie en développant ses profits.
Les classes dirigeantes ne veulent pas attendre que tous les exclus, les travailleurs licenciés, les chômeurs, les salariés des services publics attaqués s’unissent aux paysans ruinés, aux pêcheurs et aux petits artisans ou commerçants qui commencent à subir la crise. Ils ont besoin pour l’éviter de leur présenter d’autres ennemis à combattre et que l’on accusera de tous les maux, les étrangers, les immigrés, les autres nations… Le nationalisme exacerbé, la xénophobie, le fascisme, tous ces sentiments montent en Europe. Cette démagogie de la droite et l’extrême droite n’est pas combattue par les syndicats et partis de gauche. Au contraire, ces gens-là parlent toujours au nom d’un prétendu "intérêt du pays", un piège sanglant pour l’avenir.