Accueil > 12- Livre Douze : OU EN SONT LES GROUPES REVOLUTIONNAIRES ? > L’organisation française Voix ouvrière - Lutte ouvrière fondée par (…)

L’organisation française Voix ouvrière - Lutte ouvrière fondée par Hardy-Barcia est-elle l’héritière politique de l’organisation Union communiste (quatrième internationale) fondée par David Korner alias Barta ?

samedi 5 janvier 2013, par Robert Paris

Qui était Barta

Qui était Pierre Bois

Qui était l’Union communiste

Qui a assassiné Mathieu Bucholz ? Le PCF !!

Qui est Lutte Ouvrière - première partie

Qui est Lutte Ouvrière - deuxième partie

L’organisation française Voix ouvrière - Lutte ouvrière fondée par Hardy-Barcia est-elle l’héritière politique de l’organisation Union communiste (quatrième internationale) fondée par David Korner alias Barta ?

La question posée plus haut peut sembler une question qui ne concernerait que des spécialistes de coupage de cheveux en quatre mais elle ne l’est pas. Il importe de savoir que Lénine avait raison dans « l’Etat et la révolution » d’étudier l’héritage politique de Marx et ses faux défenseurs, les sociaux-démocrates. Il importe donc tout autant de se poser la question de l’héritage politique du révolutionnaire Barta.

Il importe, pour éviter tout contresens, de préciser que chaque groupe politique a parfaitement le droit de se revendiquer de qui il veut, de Marx à Lénine, Trotsky ou Rosa Luxemburg, Barta y compris et que ces anciens révolutionnaires ne peuvent que, parfois, se retourner dans leur tombe à cette revendication ! En effet, personne ne détient ni de devrait détenir des droits sur les idées de ces révolutionnaires du passé et personne n’a le tampon qui garantit de ne pas trahir ces idées car ce tampon n’existe pas.

Ceci étant dit, cela n’empêche pas non plus quiconque de vouloir comparer les conceptions et d’examiner si le fond a pu être transformé à juste titre ou à mauvais escient, de manière cachée éventuellement.

Et dans le cas de Lutte ouvrière, il y a à la fois revendication d’origine et absence de celle-ci…

Tout d’abord, on remarquera que Lutte ouvrière n’a pas édité les œuvres de son prédécesseur Barta et que c’est même l’organisation concurrente LCR qui l’a fait, au travers du travail remarquable de Richard Moyon auquel nous tenons ici à rendre hommage.

Cependant, il est arrivé à Lutte ouvrière de se revendiquer des actes et écrits de l’Union communiste de Barta, notamment au travers de la brochure de Lutte ouvrière intitulée « la grève Renault 1947 » qui retrace l’activité du groupe Barta dans la grève qui a contraint le PCF à rompre la solidarité avec la bourgeoisie et à quitter le gouvernement en France.

Cette brochure pourrait sembler un acte de reconnaissance d’origine de LO dans l’UC et pourtant c’est bien plus compliqué puisque la brochure en question réussit le pari de ne jamais citer le responsable politique de cette grève : Barta, de ne jamais citer non plus les écrits du groupe de l’époque concernant cette grève alors qu’il cite à son propos de nombreux journaux bourgeois !

Est-ce parce que le groupe Barta, Barta lui-même ou Pierre Bois, militant ouvrier à Renault du groupe UC, n’auraient pas écrit d’article remarquables sur cette grève ? Absolument pas !

Mieux, la brochure de Lo n’est évidemment pas écrite par Pierre Bois ni par un militant de Renault de l’époque, Pierre Bois et les militants de l’époque étant cités dans la brochure à la troisième personne….

Donc c’est Hardy qui décrit une grève qu’il n’a pas vécue et l’action d’un groupe auquel il avait appartenu et dont il avait démissionné avant que cette grève éclate…

Mais, en même temps, Lo fait semblant, notamment au travers de cette brochure, de représenter la continuité de ce courant ce que nous allons contester dans ce qui suit.

Tout d’abord, celui qui, de son vivant, a publiquement et pas écrit contesté cette continuité est Barta lui-même. Il s’en est expliqué, ayant tenté sans succès d’influencer le groupe Voix ouvrière créé par Hardy et n’y étant pas parvenu du fait, selon lui, du manque complet de formation théorique de son leader : Robert Barcia dit Hardy. Il convient de ne pas mêler les deux noms Barta et Barcia car les deux personnalités et les deux politiques ne sont proches qu’en apparence et pas seulement parce que Barta le dit.

Barcia-Hardy a lui aussi donné son interprétation de l’histoire de ce groupe dans un ouvrage où il intervient en forme d’interview pour s’expliquer.

Mais on ne peut pas trouver dans ce texte d’explication à sa démission. Par contre, on remarquera que Hardy a écrit un texte dans lequel il répond à Barta reniant Voix ouvrière et Hardy récuse la capacité de Barta-démissionnaire de dire qui peut ou pas se revendiquer de Barta-militant.

En tout cas, il était très clair pour Barta que Hardy n’avait pas le niveau politique pour devenir un dirigeant socialiste du prolétariat.

Reste à étudier les prises de position et à examiner si les deux dirigeants politiques avaient ou non des lignes très proches comme le prétend Hardy et comme le récuse Barta.

Nous prendrons pour cela d’abord le même thème que Lutte ouvrière : la grève Renault 1947.

Si les textes de Barta sur cette grève ne figurent pas dans la brochure de LO, ce n’est pas le fait du hasard mais c’est le produit d’une divergence d’interprétation des faits et des politiques.

Pour Barta, tout le travail de son groupe consiste à préparer et à rendre consciente la révolution prolétarienne mondiale qui doit suivre la guerre impérialiste de 1939-1945. Cette orientation de fond n’est même pas évoquée dans la brochure de Lutte ouvrière qui transforme l’action des militants de l’UC (groupe dont on y raconte la politique sans en expliquer la politique révolutionnaire internationaliste…) en une simple action démocratique dans une grève économique !

Or, l’objectif de Barta n’est nullement celui-là, pas plus en 1947 qu’en 1945…

Il ne s’agit pas pour ce dirigeant révolutionnaire, que Trotsky avait distingué au point de lui demander de quitter sa Roumanie natale pour militer dans les deux pays où la révolution prolétarienne pointait son nez, la France et l’Espagne, d’une action du prolétariat français, pas d’une action de type syndicale, pas d’une simple action économique, mais d’une tentative de déborder la chape de plomb du stalinisme pour permettre au prolétariat d’intervenir sur le plan politique en liant son action avec la révolution sociale en cours en Asie et avec la révolution mondiale que Barta appelait de ses vœux, pensant que la situation de la première guerre mondiale pouvait se reproduire.

Voici son point de vue sur la grève Renault 1947 dans une « mise au point » au directeur d’éditions Spartacus :

« En réalité, si nous nous sommes trouvés à la tête de la grève Renault d’avril 1947, c’est que l’ensemble de notre orientation (syndicale et politique) nous y avait menés. Dès octobre 1945, en effet, nous interpellions ainsi le P.C.I. : "il s’agit de savoir... si le P.C.I.... est décidé à mettre à l’ordre du jour la grève générale (politique contre De Gaulle)... pour la défense des libertés ouvrières... ce qui sera d’autant plus facile que la situation économique, par l’autre bout, met elle aussi à l’ordre du jour le même moyen de lutte" (Lutte de Classes du 24-10-1945). Mais le P.C.I., bien que possédant un plus grand nombre de militants que nous dans les usines (et pas seulement dans la région parisienne), était incapable de mener des luttes grévistes en opposition avec les dirigeants staliniens de la C.G.T. De même qu’il avait emboîté le pas au P.S. et au P.C. en préconisant comme eux la participation au référendum plébiscitaire de De Gaulle, de même il avait complètement capitulé devant l’appareil de la C.G.T. qui, à l’époque, était le principal garde-chiourme dans les usines et s’opposait avec acharnement à toute revendication ("Produire d’abord, revendiquer ensuite" dixit Thorez). Et pendant que nous appelions les ouvriers à se soulever contre l’appareil cégétiste pour défendre leur droit à la vie, le P.C.I. se contentait d’une "opposition intérieure" dans le but de convaincre l’appareil (ou une partie de l’appareil) de passer du côté des ouvriers à une époque où P.C. et P.S. participaient au pouvoir !
Pour bien comprendre à quel point la version de Roussel (c’est-à-dire de "Lutte Ouvrière") est invraisemblable, il suffit de rappeler comment nous avons mené la grève Renault. Nous l’avons considérée comme le début d’une grève générale. Aussitôt la grève étendue à toute l’usine (le 29 avril), j’ai rédigé (le 30 avril) un tract, au nom du Comité de grève, appelant les travailleurs de toute la métallurgie à suivre l’exemple de Renault. Et, dans cette perspective, j’y posai une revendication nouvelle : l’échelle mobile des salaires, bête noire à l’époque de la C.G.T. et du gouvernement. Car, pour nous, tout élargissement de la grève devait se traduire par un approfondissement des revendications. Ainsi, à travers leurs propres luttes, les travailleurs devaient acquérir une conscience de plus en plus large qui, dans le cas d’une grève générale, aurait atteint le niveau politique sans lequel, pensions-nous, rien de décisif ne pouvait être fait par eux. Mais nos efforts vers Citroën, où nous n’avions plus de militants, furent enrayés par l’appareil de la C.G.T. et la grève Renault resta provisoirement isolée. Provisoirement, car si les staliniens furent assez forts pour fractionner la grève générale, celle-ci éclata tout de même au cours des mois qui suivirent dans les secteurs décisifs (S.N.C.F. notamment), prouvant ainsi le sérieux de notre orientation.
J’espère que cette brève analyse incitera à réfléchir ceux pour qui agir c’est comprendre. Dans tout ce que nous entreprenions, nous ne regardions nullement le nombril des organisations se réclamant du trotskysme, mais seulement les grands problèmes nationaux et internationaux : nous nous efforcions d’agir au niveau de l’histoire. Et l’histoire, à cette époque-là, faisait de la Révolution non pas un motif d’exaltation dans les meetings et les fêtes champêtres mais une question de vie ou de mort non seulement pour l’Asie, l’Afrique et l’Amérique latine mais aussi pour toute l’Europe, y compris occidentale, où la situation de l’écrasante majorité des travailleurs était misérable et sans espoir. Barta »

(Source)

Et il rajoutait :

« Et si depuis 1951 Barta est resté complètement isolé malgré ses tentatives répétées dans toutes les directions, c’est tout simplement parce que les différentes organisations trotskystes et autres n’ont jamais manifesté le moindre intérêt pour les idées et l’expérience dont il était porteur, "Lutte Ouvrière" - les continuateurs !!! - pas plus que les autres. Possesseurs de recettes révolutionnaires salvatrices, les dirigeants de ces groupes agissent en dehors de l’histoire (Mai 1968 l’a bien confirmé) selon des formules et des orientations qui, valables il y a trente ans, le seront encore en l’an 2000. »

Le combat contre le PCF et la CGT, principale arme de la bourgeoisie impérialiste au sein de la classe ouvrière, était au centre de la lutte de l’UC alors qu’il ne l’est nullement aujourd’hui de LO…

Il faut rappeler que, plus encore que la social-démocratie en 1917-1920, le stalinisme représentait la force contre-révolutionnaire qui allait casser, détourner, tromper, salir la vague révolutionnaire et tuer les révolutionnaires. On se souvient par exemple du massacre des révolutionnaires et de soviets vietnamiens par les staliniens de Ho Chi Minh, du même type de massacre en Corée, du détournement de la révolution en Indonésie et aux Philipinnes pour ne citer que ces exemples marquants. Le tout petit groupe de Barta a eu lui aussi un militant assassiné par le PCF qui jouait son rôle de police de la bourgeoisie au service de la contre-révolution que voulait Staline allié aux grandes puissances impérialistes.

A lire Lutte ouvrière, et sa version de ses origines dans l’Union communiste de Barta, on pourrait croire que ce groupe a toujours défendu la conception selon laquelle l’Etat ouvrier issu de la révolution prolétarienne était toujours présent, à son corps défendant, dans l’action de la bureaucratie russe. Mais cela est faux ! Barta avait, comme d’autres militants trotskystes dont Natalia Sadova, Munis et Péret, pris conscience que la guerre mondiale représentait une étape supplémentaire dans l’évolution de la bureaucratie stalinienne : elle ne représentait plus, même à son corps défendant, l’avancée de la révolution prolétarienne en 1917 mais une force liée indéfectiblement à la bourgeoisie et à l’impérialisme.

Certes, en 1945, Barta continuait à parler de la perspective de la « défense de l’Etat ouvrier » y compris contre ses dirigeants staliniens, en les renversant par une révolution politique, comme le proposait Trotsky jusqu’à sa mort en 1940. Cependant, Barta explique lui-même que les interventions de l’Etat russe étaient apparues clairement, également pour lui, non seulement comme des actes contre-révolutionnaires, ce que Trotsky pensait déjà, mais comme des actes d’un Etat qui fait partie de l’ordre impérialiste mondial, ce qui est très différent.

Il est remarquable que, dans toutes les citations de Barta que LO a fini par éditer, celles où Barta se détache de la « défense de l’URSS » n’apparaissent pas. Pourtant, en mars 1949, Barta, cité par Richard Moyon, écrit : Tout en ayant rompu avec la défense de l’URSS, nous restons sur la base de Trotsky." Lire aussi, toujours de l’UC, Jacques Ramboz dans "Lutte contre la guerre ou préparation de la guerre" dans La Voix des Travailleurs du 22 octobre 1947 : "Les travailleurs ne veulent pas être victimes d’un bloc contre l’autre." En mars 1949, Barta écrit : "Nous avons abandonné (la position traditionnelle de la défense de l’URSS) au moment où en avançant hors du territoire de l’URSS, la bureaucratie a inauguré une politique de pillage dans les pays occupés."

Il est encore plus remarquable que l’organisation LO continue, sans en faire trop état publiquement, à considérer à l’intérieur que la Russie n’est toujours pas un Etat bourgeois et qu’elle reste marquée par l’héritage de la révolution d’Octobre ! Le plus remarquable étant que cette organisation n’estime pas nécessaire d’expliquer pourquoi la bourgeoisie mondiale prétende le contraire…. Pourquoi l’impérialisme cacherait-il que la Russie serait toujours un Etat anti-capitaliste, anti-impérialiste, anti-bourgeois ?

Donc Lutte ouvrière en est restée à une thèse ancienne de Trotsky mais qui n’était déjà plus du tout celle de Barta, au moins depuis les thèses de l’Union communiste de 1949 et même avant.
Bien sûr, cela ne permet pas de trancher sur qui a raison mais seulement sur la prétendue continuité de l’UC à LO.

En fait, pour savoir si LO peut se dire successeur de l’UC, il faut considérer des questions fondamentales pour les révolutionnaires que sont l’Etat, le réformisme, l’impérialisme, le stalinisme, la question nationale, l’organisation autonome du prolétariat. Sur toutes ces questions clefs, il y a un monde entre l’appréciation et la conception de l’UC-Barta et celle de LO-Hardy.

L’organisation de Barta ne pouvait pas écrire que l’Etat français devrait normalement embaucher, empêcher les licenciements et autres balivernes.
L’organisation de Barta n’appelait pas à participer aux tromperies syndicales en prétendant que si ces « mobilisations » réussissaient, elles remonteraient le moral des travailleurs.
L’organisation de Barta n’aurait pas écrit qu’heureusement le parti « communiste » français n’est pas mort !

Lutte ouvrière est une organisation française s’appuyant sur une fraction du milieu syndical plus une fraction des enseignants plus quelques éléments de la jeunesse lycéenne ou étudiante, ce qui, dans un vieux pays impérialiste qui opprime le monde, est la base d’une opinion politique « de gauche » et pas plus que cela, malgré le voile qui se dit drapeau rouge. Bien entendu, les militants et même les dirigeants peuvent parfaitement ne pas en avoir conscience et être persuadés qu’ils sont restés révolutionnaires et qu’ils sont seulement plus réalistes que nous. Ils se sont seulement adaptés à ce qu’ils appellent la réalité, c’est-à-dire l’opinion d’un certain milieu qui n’est en rien collectivement pour la destruction du système. Cela signifie qu’ils ont cessé d’être révolutionnaires.

A lire sur Barta et les autres trotskystes


Lettre de Barta :

« Cher camarade Bois,
[...] j’ai vivement regretté, depuis, d’avoir omis d’intercaler à la note 3 de la Mise au point après "Dans sa récente brochure consacrée à la grève Renault 1947, P. Bois", les mots suivants "qui fut l’âme de cette grève", car cela est conforme à la stricte vérité historique. La grève n’aurait pas eu lieu à ce moment-là et à plus forte raison sous notre direction sans P. Bois. Il ne suffit pas, pour qu’une organisation joue un rôle dans les événements, qu’elle ait une stratégie juste, qu’elle fasse de la propagande et de l’agitation au moyen de "mots-d’ordre" justes (correspondant au rapport de forces et au niveau de conscience des masses). Il faut sur le terrain des hommes capables d’inspirer une entière confiance aux ouvriers du rang pour que ceux-ci passent à l’action ! Et le Bois de l’époque a été pleinement à la hauteur de la situation par son activité et son courage. Car le plus grand courage n’est pas comme on l’imagine celui des barricades ou des prisons. C’est celui d’aller ouvertement contre le courant, dans la vie de tous les jours, au milieu des camarades de travail, soumis non seulement à certaines violences, mais risquer d’être incompris sinon écharpé par ceux à qui on s’adresse. Une anecdote peut illustrer cette situation. Après la première réunion, que Bois mentionne dans sa brochure, il m’a posé la question suivante : "Qu’est-ce qu’on fait maintenant ?" (sous-entendu : "on déclenche la grève ?"). Et ma réponse a été : "Le pire ce n’est pas de se trouver en prison pour une grève réussie. Le pire c’est d’appeler les ouvriers à faire grève et se retrouver à quelques-uns au milieu de la cour !" A la suite de quoi une deuxième réunion fut prévue...
C’est en travaillant durement du matin au soir, soumis aux pressions et parfois aux violences des staliniens que nos camarades en usine et particulièrement P. Bois ont lutté contre le courant (incompréhension des ouvriers pendant la première phase de notre travail). Mais si la grève a été dirigée par l’organisation politiquement, c’est à Bois que reviennent toutes les initiatives pratiques dans l’usine, où il fallait, la grève déclenchée, se comporter comme un capitaine sur un bateau à voiles dans une tempête...
Si son inexpérience nous a valu par la suite l’échec de la manifestation autour de la Chambre des députés et de la première élection de délégués et si sa myopie politique nous a menés en fin de compte à une scission que je considère comme humiliante fin 1949 (en raison des "arguments" employés) il reste acquis que P. Bois a joué un rôle historique décisif dans la grève Renault 1947, où il a tenu, pour l’organisation, le rôle le plus difficile, moralement.
Bien amicalement »

Barta

Lettre de Louise (Irène) à la direction de Lutte ouvrière
Décembre 1972.

« Camarades,
J’ai pris connaissance avec surprise et peine de la réponse que vous avez faite à la Mise au point de Barta. Venant de votre part, qui revendiquez comme votre principal mérite de combattre les méthodes malhonnêtes au sein du mouvement ouvrier, une pareille attitude enlève toute justification morale à votre existence indépendante parmi les autres groupes "révolutionnaires".
Tout en affirmant que "cette période de notre histoire (1939-1951) est peu connue de nos camarades", vous n’apportez aucun éclaircissement à ce sujet. Et pour cause. Cette période, sauf pour Bois de 1947 à 1949, n’est nullement, ou très peu, votre histoire. En revanche, vous vous permettez cette affirmation monstrueuse : "un passé auquel on renonce ne vous appartient plus" ! Voilà qui explique, enfin, pourquoi une brochure écrite par Barta en 1940 (La 2ème Guerre impérialiste mondiale), document historique, puisqu’il a été le seul à analyser correctement les perspectives du conflit et à défendre une position internationaliste au moment de la débâcle française, a été publiée par vous comme un document anonyme de l’Organisation -inexistante à l’époque ! Pourquoi une collection de Luttes de classes du temps de l’occupation allemande est réimprimée sans un mot ou une allusion à leur auteur, et que le Rapport sur l’organisation de 1943 est reproduit dans les mêmes conditions.
De pareils procédés ont des précédents : nous appelons cela du stalinisme. Et au moment où les staliniens eux-mêmes commencent à parler du rôle de Trotsky dans la révolution russe, vous choisissez vous, de donner de Barta une image ridicule, après l’avoir tout simplement fait disparaître des textes et des actions dont il est l’auteur.
Mais en l’occurrence la référence au passé n’est pour vous qu’un alibi pour créer chez vos militants un réflexe de discipline sans réflexion politique, et de justifier votre propre rôle dirigeant. "L’auteur de la mise au point fut en effet l’un des principaux dirigeants de notre tendance à une époque importante", écrivez-vous. Quels furent les autres ? Nommez les. Y en avait-il, hormis de jeunes camarades qui s’éveillaient seulement aux idées socialistes, suivaient des cours d’éducation et faisaient leur apprentissage ?
Pourquoi parlerions-nous de Barta ? dites-vous. En effet, laissons les morts avec les morts, mais prenons leur dépouille pour nous en revêtir. Et c’est ainsi qu’on en arrive tout simplement à falsifier l’histoire dont vous assumez soi-disant l’héritage. A commencer par l’histoire de la grève Renault, "fait d’armes" de l’organisation.
En 1971 vous avez publié une brochure sur la grève Renault d’avril 47, où le western le dispute au conte de fées, dans l’esprit de France-Dimanche et de son petit ouvrier de 25 ans. Lorsqu’à l’époque j’avais fait remarquer à la camarade D. que cela revenait à falsifier l’histoire, elle avait convenu que la brochure pêchait par omission. Omission, en effet, puisque dans cette brochure il y a une grande absente, l’organisation. On voit bien apparaître les Jeunesses socialistes et leur historique camionnette à haut-parleur, mais nullement les militants de l’U.C. Pourquoi cet oubli ? Il y a semble-t-il, chez l’auteur, un réflexe analogue à celui de Séguy déclarant : "Cohn-Bendit connais pas".
Quand il est dit dans votre brochure que, le 1er mai, "le comité de grève tire un tract à 100.000 exemplaires qui sera diffusé sur le parcours du défilé", Barta a raison de rétablir la vérité dans sa mise au point en écrivant : "j’ai rédigé (le 30 avril) un tract au nom du comité de grève appelant les travailleurs de toute la métallurgie à suivre l’exemple de Renault". Car sans sa direction politique, cette grève aurait été l’une quelconque des innombrables luttes revendicatives que mènent les ouvriers. Quel sens y a-t-il à parler de la grève Renault, si ce n’est pour expliquer en quoi elle était différente d’une autre ? S’il est vrai que sans Bois -sans sa détermination et la confiance qu’il inspirait aux ouvriers- la grève n’aurait pas été possible, il est non moins vrai que les décisions du comité de grève étaient guidées par la volonté du mouvement de masse soutenu par tout l’organisation, le rôle des camarades extérieurs à l’usine étant aussi déterminant que celui des militants de l’intérieur.
La valeur d’exemple de la grève, c’est qu’elle a révélé la capacité d’une avant-garde trotskyste à s’intégrer dans les événements et à en prendre la direction. Non sans un long travail de préparation : si une année auparavant, le 1er mai 1946, un de nos camarades (Louis 1), travaillant à l’usine Thomson dans le 15ème, a eu le courage de porter seul dans le défilé de la CGT une pancarte "Echelle mobile" -mot d’ordre banni à l’époque par la CGT- c’était une directive politique (de Barta) et non le geste spontané d’un ouvrier. Si l’U.C. a été en 1945 la première à vendre un journal trotskyste aux portes des usines, ce n’était pas non plus une action tentée au hasard. A l’objection des camarades que chez Gnôme-et-Rhône, fief stalinien, 600 staliniens s’attaqueraient à nous, Barta a répondu que s’il y avait 600 inscrits à la CGT, une trentaine seulement étaient des membres "disciplinés" du PC. Et l’expérience lui a donné raison.
Mais ce n’est pas seulement la grève Renault qui est "revue et corrigée" par vous. Quand Barta parle du SDR et des raisons de sa disparition, tout votre commentaire se résuma à ceci : "que de grands mots pour décrire une affaire, somme toute mineure".
Et pourtant ceux qui ont vécu, ou étudié, cette expérience, savent que la création du Syndicat -décidée à la suite d’un choix politique et non pas au hasard- a posé au groupe que nous étions des problèmes beaucoup plus complexes que la grève de mai elle-même : élaboration et défense des revendications, action de masse avec ou sans les dirigeants syndicaux, lutte pour l’unité d’action, pour la représentativé du SDR, pour un système électoral démocratique des délégués, etc. Ce travail s’est reflété dans 42 numéros de La Voix des Travailleurs, des milliers de tracts, des meetings, un travail d’éducation impulsé par les éléments non ouvriers du groupe. En octobre 49, le SDR a réussi à imposer l’unité d’action de toutes les organisations syndicales dans un cartel. Pour la première fois, la CGT s’est trouvée ainsi obligée de discuter et de compter avec des trotskystes déclarés, ou comme le dit Barta dans sa mise au point : "Nous avons imposé aux staliniens une unité d’action sans précédent : un meeting commun où chaque organisation a exprimé librement, à la même tribune, son point de vue sur la grève en cours. Ceci le 24 novembre 1949, en plein stalinisme !" C’était là également le résultat d’une analyse politique, qui n’était pas acceptée par tous les camarades. Dans le bulletin du SDR du 17 janvier 1950, Bois précisait dans une mise au point que "les écrits du journal La Lutte de Classes, organe de l’Union communiste (trotskyste) n’engagent en rien la responsabilité du SDR". Et dans le bulletin SDR de mars 1950 il commentait : "la grosse erreur c’était de s’illusionner sur l’unité à la tête, c’était de croire que l’expérience du cartel suffisait pour avoir la victoire". Cet épisode, qu’on l’explique comme on voudra, a bien existé dans notre histoire. Mais chez vous la bassesse du propos remplace l’argumentation.
Déjà dans La Lutte de Classes (n°1, nouvelle série) qui reparaissait le 12 janvier 1950 après 33 mois d’interruption, Barta expliquait que la disparition du journal (remplacé par La Voix des Travailleurs de chez Renault) avait été "provoquée... par notre premier succès décisif". Des exemples de ce genre il en existe d’autres dans l’histoire du mouvement ouvrier. A défaut du développement d’un courant révolutionnaire, le succès de la grève et l’engagement politique qu’il réclamait de nous a fait succomber l’organisation. Cette analyse se trouve dans ce même numéro 1 de La Lutte de Classes. Seuls ceux qui mènent le train-train d’une politique à la petite semaine sont à l’abri de ce sort.
Quand Barta dit que "l’arbre prolétarien a rejeté la greffe révolutionnaire", cela peut être vrai pour une époque et pour une période (à moins de penser que la conjoncture politique est nécessairement toujours ascendante). Aux jeunes militants de faire la preuve que cela n’est pas une vérité éternelle : la retraite ou même l’abandon d’anciens militants n’a jamais empêché les jeunes générations de persévérer et de monter sans cesse à l’assaut de la vieille société. Mais si cet "ancien militant" ne mérite que vos réflexions méprisantes, quelles sont les garanties que vous offrez, vous, dont la pensée politique n’a encore jamais eu l’occasion de s’illustrer ? Les leçons de morale ne peuvent camoufler l’indigence des idées. Et "l’amour propre de parti", derrière lequel vous vous réfugiez, ne peut, pour un socialiste, tenir lieu de pensée, d’esprit critique, et de respect de la vérité. »

Irène.

Lettre de Barta à Bois – 30 juin 1975
« Les problèmes fondamentaux de la construction d’un parti (et c’est l’objectif principal que vous faites figurer en tête de votre journal) sont surtout d’ordre qualitatif. Pour vous, c’est maintenant une question de vie et de mort. Rien ne sera résolu par la simple répétition ou l’accroissement du travail de la veille (en ce qui concerne la direction, bien entendu). Continuer ainsi c’est la sclérose définitive, quel que puisse être l’accroissement quantitatif. La construction d’un parti oblige à passer d’une étape à l’autre quels que soient les risques. Sinon vous serez un groupe parmi d’autres, dont le ciment sera les relations et les convenances personnelles beaucoup plus que l’attitude politique. »

Barta à Bois, 11/03/1965

« Possesseurs de recettes révolutionnaires salvatrices, les dirigeants de ces groupes [les différentes organisations trotskystes] agissent en dehors de l’histoire (Mai 1968 l’a bien confirmé) selon des formules et des orientations qui, valables il y a trente ans, le seront encore en l’an 2000 : quand la Révolution est tarie à la source, son ombre n’est plus reflétée que par des simulacres révolutionnaires. »

Barta, août 1972

« Mais en l’occurrence la référence au passé n’est pour vous qu’un alibi pour créer chez vos militants un réflexe de discipline sans réflexion politique, et de justifier votre propre rôle dirigeant.
Et « l’amour propre de parti », derrière lequel vous vous réfugiez, ne peut, pour un socialiste, tenir lieu de pensée, d’esprit critique, et de respect de la vérité. »

Lettre de Louise (Irène) à la direction de Lutte Ouvrière, Décembre 1972

« En effet, depuis longtemps, je déplorais l’absence d’une vie politique réelle au sein de l’organisation, l’absence d’objectifs clairement définis et, corollairement, l’absence d’une stratégie élaborée en vue d’une intervention consciente et efficace dans les événements. Chaque fois qu’un mouvement important s’est produit, nous nous sommes trouvés en dehors et, dans les meilleurs des cas, nous nous sommes contentés de suivre.
De même, plus d’une fois, j’ai ressenti nos méthodes organisationnelles comme une application caricaturale de principes vidés de tout contenu réel, du fait même de l’absence de la politique qui aurait dû constituer leur justification. »

Lettre de Lucienne à la direction de Lutte Ouvrière, 8 Janvier 1973


Concluons en donnant la parole à Lutte ouvrière sur Barta en réponse à la "Mise au point" de Barta adressée à Spartacus :

« L’auteur de la Mise au point fut en effet un des principaux dirigeants de notre tendance en une époque importante. Il en fut pratiquement le fondateur en 1939-40. Il cessa toute activité en 1951, quand il découvrit, dit-il, que le prolétariat n’était décidément pas révolutionnaire.
C’est encore cela qu’il tient à dire aujourd’hui aux jeunes générations : "L’arbre prolétarien" a rejeté "la greffe révolutionnaire" et "la révolution est tarie à la source", c’est ce qu’on pourra lire en conclusion de son texte.
Alors pourquoi prendre la plume ? Pour communiquer sa propre démoralisation ? Pour justifier -auprès de qui ?- son propre renoncement ? Pour pouvoir écrire, dans un sursaut stérile : "J’ai écrit," "J’ai fait", "C’était moi" !
Eh oui, c’était ! Et s’il était encore l’homme qu’il fut, il n’aurait pas manqué de voir que ces qualificatifs qu’il nous décerne, et qui se veulent ironiques, s’appliquent intégralement, d’après son texte lui-même, à sa propre action passée. Si nos actions d’aujourd’hui sont des "simulacres révolutionnaires" parce que la révolution est "tarie à sa source", et si le SDR a disparu parce que "l’arbre prolétarien a rejeté la greffe révolutionnaire", alors on ne peut que conclure que l’action de Barta n’était, elle aussi, qu’un simulacre révolutionnaire. Si un "jeune ouvrier" (pas même ouvrier de surcroît !) "sans expérience", avait quelques excuses à ne pas l’avoir vu à l’époque, que dire du militant dont la "largeur de vues" était "à l’échelle nationale et internationale".
On ne peut mieux cracher sur son passé.
Nous dirons aussi, en ce qui concerne "l’héritage", qu’un passé auquel on renonce ne nous appartient plus. »

Lutte ouvrière, Octobre 1972

« Dans les années 1950, Barta cessa pratiquement de militer. On ne peut dire autre chose de cette retraite d’un militant encore jeune, sinon qu’elle traduisit une déception personnelle résultant d’une perte de confiance injustifiée envers l’avenir du mouvement révolutionnaire et les capacités du prolétariat. »

Lutte Ouvrière, Octobre 1976

Cela ne nécessite pas de commentaire….

Biographie de Barta

Un texte de Barta le 18 octobre 1946 :

LA LUTTE DE CLASSES S’INTENSIFIE AUX COLONIES

Tandis que les gouvernements français et vietnamien signent un "modus vivendi" , la guerre continue là-bas, et chaque jour la presse nous relate des "incidents" où l’artillerie et l’aviation interviennent. Est-ce seulement l’Indochine qui est entrée dans une époque de bouleversement et de soulèvement permanents ? Non. Les grèves d’Egypte font écho à celles d’Iran ; les émeutes du Moyen-Orient répondent à celles d’Afrique du Nord ; les paysans des Philippines et de Corée se battent contre la domination "pacifique" et toute puissante des U.S.A., comme les peuples des Indes Néerlandaises contre la puissance chancelante de la Hollande. Les impérialistes avaient fait de la portion la plus considérable du globe une chasse gardée pour leurs profits. Elle est aujourd’hui le théâtre d’une lutte gigantesque, croissant chaque jour en ampleur et en intensité.

Face à ce mouvement révolutionnaire dont "même la bombe atomique ne saurait venir à bout", les puissances coloniales découvrent la démocratie, et affirment qu’elles ne sont là que pour préparer l’émancipation des peuples colonisés.

Mais en quoi se manifeste cette nouvelle politique "libérale" ? "Impossible d’accorder l’indépendance aux colonies, s’écrient les capitalistes et leurs perroquets fidèles, d’autres capitalistes prendraient notre place !" Mais, en vérité, est-ce contre telle ou telle puissance qu’est menée la lutte émancipatrice des peuples coloniaux ? Non ! Toutes les puissances sont logées à la même enseigne. Comme dit le dicton français : "Notre ennemi, c’est notre maître", et peu importe aux peuples asservis quel est ce maître.

Cependant les puissances colonisatrices voient maintenant se dresser devant elles des rivaux faibles, mais avides : les bourgeoisies indigènes. Celles-ci chassent peu à peu les propriétaires étrangers et mettent la main sur le capital investi par eux. Ainsi, le principal journal des Indes, le Times of India, porte-parole de l’impérialisme anglais, est entièrement contrôlé par des Hindous. Pour sauvegarder l’essentiel de leur domination, les puissances colonisatrices sont obligées de compter avec ces rivaux, et de garantir par des concessions politiques – indépendance formelle dans le cadre de l’Union Française ou du Commonwealth, accession à tous les postes administratifs, etc... – les positions économiques dont la bourgeoisie indigène s’est emparé. Voilà ce que signifie l’accession des "élites" au gouvernement des pays colonisés.

Que vaut cette nouvelle politique "libérale" ? Les événements de chaque jour nous l’apprennent : la guerre s’installe aux colonies de façon permanente, car si la force manque aux impérialistes pour écraser toute résistance, leur politique de concessions mêlées de répres-sion soulève continuellement de nouveaux conflits. Le corps expéditionnaire d’Indochine est bien incapable de venir à bout du Viêt-nam, mais sa présence est une source continuelle d’échauffourées sanglantes.

Pour le peuple de la métropole elle-même, cette politique signifie une misère accrue. L’entretien et le renouvellement du corps expéditionnaire et d’occupation pompent les finances du pays. C’est une source inépuisable d’inflation qui échappe à toute tentative d’"assainissement".

Pourquoi cette "nouvelle" politique coloniale porte-t-elle des fruits aussi amers ? C’est que la bourgeoisie indigène se montre incapable d’endiguer le raz de marée populaire qui, en balayant les "colonisateurs", tarirait une source appréciable de ses profits. Hô-Chi-Minh et Moutet peuvent s’embrasser, Le Monde (19-9) nous apprend que "les "extrémistes mènent une campagne contre le Président Ho-Chi-Minh, et ses adversaires organisent des réunions dans les localités des environs de la capitale." Tandis que les masses la bousculent en avant, la bourgeoisie indigène se raccroche à son adversaire étranger. Devant les grèves égyptiennes et les marches de la faim du Caire, l’ancien Premier Ministre Sedky Pacha déclare : "Nous n’aurions rien à gagner à nous débarrasser de notre alliance avec l’Angleterre." (Monde, 1-10).

Ainsi, dans sa lutte pour l’existence, la population coloniale ne trouve plus seulement devant elle les soldats des impérialistes : elle se heurte à ses propres gendarmes "nationaux". Sectes religieuses et gendarmes égyptiens collaborent dans l’assassinat des ouvriers révolutionnaires ; le gouvernement nationaliste des Indes Néerlandaises jette en prison les leaders communistes ; les militants trotskystes indochinois sont systématiquement assassinés. Devant la répression, les masses paysannes et le jeune prolétariat colonial apprennent à ne plus faire de différence entre ceux qui les exploitent.

Les défenseurs du colonialisme invoquent les liens internationaux qui lient tous les peuples pour s’opposer au mouvement d’émancipation du monde colonial. Sur la base de la domination des capitalistes, cette indépendance s’exprime par la guerre et la misère. Mais sur la base de la lutte contre le capitalisme, cette indépendance est justement l’arme principale aux mains des exploités, car elle permet d’unifier en une seule lutte celle des travailleurs des pays "avancés" et celle des millions d’esclaves coloniaux. Et tandis que les gouvernements colonialistes discutent pour savoir s’il faut "accorder" ou "ne pas accorder" l’indépendance (est-ce à eux de décider ?), c’est cette lutte mondiale qui en décide.

Cependant, dans l’indifférence et la passivité du prolétariat des métropoles, les capitalistes trouvent la possibilité de sauvegarder, à travers le foisonnement des conflits nationaux, leur pillage international.

Comment sortir de cette situation ? Toutes les solutions sont mauvaises, si ce sont les capitalistes qui les appliquent. C’est seulement si à la tête de la France était une force démocratique – le gouvernement des ouvriers et des paysans – qui reconnaisse aux peuples les droits démocratiques élémentaires, y compris le droit de séparation, que le terrain serait déblayé pour une véritable entente entre le peuple de la métropole et ceux des colonies.

La suite : Comment Barcia-Hardy, fondateur de l’organisation française Lutte Ouvrière (ne pas confondre avec David Körner alias Barta, fondateur de l’Union Communiste Internationaliste – parfois appelée Union Communiste) a construit le mythe fondateur de son groupe en présentant comme son oeuvre la grève Renault de 1947

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par les responsables.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.