Accueil > 12- Livre Douze : OU EN SONT LES GROUPES REVOLUTIONNAIRES ? > La Semaine d’Action de Prague (20-26 mai) dénonce la Conférence de (...)

La Semaine d’Action de Prague (20-26 mai) dénonce la Conférence de Zimmerwald (1915) : son Appel est plus anti-communiste qu’anti-guerre !

samedi 27 avril 2024, par Alex

La Semaine d’Action de Prague (20-26 mai) dénonce la Conférence de Zimmerwald (1915) : son Appel est plus anti-communiste qu’anti-guerre !

Introduction

Remarque préliminaire à propos de ce commentaire de la SEMAINE D’ACTION / PRAGUE / 20 – 26 MAI 2024 /, dont les organisateurs seront nommés SAP par la suite.

Nous avons fait connaitre publiquement leur appel, malgré ses défauts et limites, et proposé notre participation, qui a été refusée par écrit, tant à notre présence en tant que groupe ou à notre intervention dans le débat.Nous estimons que ce refus de débattre avec des militants révolutionnaires n’est pas une preuve de la capacité de SAP à se battre contre la guerre impérialiste, pas une preuve de sa capacité à construire un monde nouveau. Nous appartenons au courant léniniste et trotskyste, celui qui a su unir des bolcheviks, des communistes de gauche, des anarchistes, des syndicalistes révolutionnaires et bien d’autres militants pour abattre l’Etat russe et amener le prolétariat au pouvoir. Les anarchistes et communistes de gauche de SAP ne savent que dénoncer les léninistes et trotskystes de la révolution d’Octobre auxquels leurs maitres à penser de l’époque, du moins ceux qui étaient restés révolutionnaires, s’étaient unis, en participant au pouvoir des soviets, à l’Internationale communiste et à l’armée rouge.

Nous regrettons le refus des organisateurs de la semaine de Prague (qui contredisent ainsi par eux-mêmes leur Appel), de discuter publiquement à Prague avec nous de la question de la guerre, malgré nos propositions qui ont suivi leur appel.

Nous nous réclamons de Marx, Engels, Lénine, Trotsky, Rosa Luxemburg, Pierre Monatte, Afred Rosmer, James Connolly. Leurs écrits sont des guides pour nos réflexions et actions face à une guerre qui menace de chaque jour de devenir mondiale.

Nous ne pensons pas que nous réclamer de ces militants nous donne un programme tout fait pour aujourd’hui, ni ne nous mette à l’abri des dérives opportunistes qu’ils combattirent, ni ne nous autorise à rejeter a priori la discussion avec tous ceux qui se réclament d’autres courants du mouvement ouvrier.

La lutte contre la guerre de 1914 fut incarnée en France par Trotsky, Monatte et Rosmer qui appartenaient à des courants différents. Des anarchistes, des bolchéviks furent internationalistes, puis côte à côte lors de la vague révolutionnaire qui suivit la guerre, puis contre le stalinisme, alors que d’autres bolchéviques ou anarchistes se retrouvèrent dans le camp adverse.

Aucune appartenance à aucun courant ne met à l’abri des dérives politiques, vu les pressions énormes qui s’abattent sur les individus dans de telles périodes, l’envergure inédite, le caractère entièrement nouveau sous certains aspects, des événements, qui rend difficile leur analyse. Il est donc indispensable à chaque étape de la lutte de classe de confronter sa politique avec celle d’autres courants car c’est à la lumière des événements que des recompositions, des scissions salutaires ont lieu. Seuls les groupes qui n’ont pas confiance dans leurs idées craignent les discussions avec d’autres courants.

Or l’appel de Prague va contre tous ces acquis du mouvement ouvrier, du communisme (le véritable, pas celui des staliniens) ... tout en se prétendant leur héritier exclusif.

Cet appel de la SAP devient une attaque publique contre les mouvements qui dénoncent la guerre, mais ne font pas partie de leurs "amis", car les organisateurs de SAP cachent le fait qu’ils rejettent les groupes prêts à participer à leur semaine, laissant croire que le refus vient de ces groupes !

La SAP contre la Conférence de Zimmerwald

A la différence des SAP, nous donnons la parole aux courants avec lesquels nous exprimons nos désaccords, afin que tous les militants sincères du mouvement ouvrier puissent juger sur pièce, et non sur l’étiquette "anarchistes petits-bourgeois" que nous collerions a priori.

Citons donc l’entretien récemment posté par les organisateurs de la SAP qui balayent d’un revers de main la Conférence de Zimmerwald qui fut une des étapes de la lutte contre la boucherie impérialiste, en affirmant : Nous voudrions souligner que la conférence de Zimmerwald et le Manifeste qui a résulté de ses débats n’est en aucun cas une expression du mouvement révolutionnaire. :

« Q : Certains cercles de la gauche radicale estiment que, face au risque d’une nouvelle guerre mondiale, un nouveau « Zimmerwald » est nécessaire, en référence à la réunion des factions dissidentes des partis sociaux-démocrates européens qui s’est tenue en 1915. Votre réunion sera-t-elle une sorte de nouveau « Zimmerwald » ?

R : Non. Nous considérons qu’il ne s’agit que d’une première étape dans le développement de l’activité militante commune entre les groupes participants, le but n’étant pas de créer formellement et artificiellement une « nouvelle internationale », même si, en nous organisant au niveau international, nous contribuons d’une certaine manière à pousser, encourager et structurer une véritable communauté de lutte défaitiste révolutionnaire prolétarienne internationale. De cette manière, il est évident que les positions des groupes participants vis-à-vis de la guerre doivent être clairement défaitistes révolutionnaires. Nous ne discutons pas avec des bellicistes !

En ce qui concerne la référence que vous avez faite à Zimmerwald, nous voudrions exposer quelques points qui seront certainement critiqués par les groupes autoproclamés « communistes de gauche ». Nous voudrions souligner que la conférence de Zimmerwald et le Manifeste qui a résulté de ses débats n’est en aucun cas une expression du mouvement révolutionnaire. Même si elle est généralement considérée comme l’expression même de la rupture avec la IIe Internationale et sa position contre-révolutionnaire et belliciste, il faut insister sur le fait que, du point de vue révolutionnaire, elle n’a été rien d’autre qu’une tentative de recoller la IIe Internationale, de la sauver ou de la faire disparaître. »

Bien que nous soyons partisans de Zimmerwald, cet extrait de la prose des organisateurs de la SAP est, malheureusement, quasiment ce qu’il y a de mieux sur leur site. C’est une dénonciation de la Conférence de Zimmerwald quasiment assimilée à une réunion réactionnaire, contre révolutionnaire, au service des futurs assassins de Rosa Luxemburg (bien que la SAP n’a pas l’air d’avoir entendu parler de cette grande révolutionnaire du XXème siècle) .

Mais au moins ces précisions anti-Zimmerwald sont claires et nettes ! Mais malheureusement ... ces éléments ne font pas partie de l’appel de la SAP pour la semaine du 20-26 mai que nous citons plus loin.

Cet entretien n’est qu’une "mise au point pour leur amis", dont certains se posent peut-être des questions à propos du fait suivant : pourquoi la SAP refuse-t-ell d’inviter certains groupes anti-guerre, sans oser le dire publiquement dans son appel ?

Par exemple les groupes trotskistes, ou léninistes sont interdit de séjour ! Pourquoi ? Parce que pour les organisateurs de la SAP, en gros : léninisme=trotskisme=stalinisme ! Ces militants de la SAP ont le droit de penser ce qu’ils veulent, mais au lieu d’être honnête et de le préciser dans leur Appel, ils ne le font savoir que dans des "courriers privés".

Lisons donc cet Appel.

L’appel de la SAP

Citons intégralement cet Appel :

« Du 20 au 26 mai 2024, Prague accueillera la Semaine d’action, dont la consigne est :

« Ensemble contre les guerres capitalistes et la paix capitaliste. »

Chaque jour de la semaine sera marqué par un événement différent. Il y aura des présentations, des discussions, des collectes de fonds, des manifestations et divers types d’actions directes. La fin de la semaine sera consacrée à un salon du livre et à une conférence internationaliste, où nous essaierons de transformer des enjeux théoriques en une coordination d’activités anti-guerre concrètes.

Le thème général des journées d’action n’a pas été choisi au hasard. Il s’agit d’un sujet d’importance mondiale. Les guerres interétatiques qui se sont intensifiées ces dernières années rapprochent l’humanité de la possibilité d’une nouvelle guerre mondiale. Des millions de personnes ont déjà été sacrifiées dans des guerres et la situation s’aggravera si aucune réponse adéquate n’est apportée. C’est pourquoi, dans l’esprit de l’internationalisme prolétarien et du défaitisme révolutionnaire, nous cherchons à donner aux individus et aux groupes de différentes parties du monde l’occasion de se rencontrer, de s’associer et de coordonner leurs efforts communs.

La bourgeoisie et ses alliés parlent de guerre pour faire de nous de la chair à canon, ou de la chair à patron dont l’énergie vitale fait tourner les rouages de la production de guerre.

Quant à nous, parlons de la manière de saboter la guerre, d’empêcher l’envoi des prolétaires à l’abattoir, de bloquer l’approvisionnement et le transport des armes, d’organiser les désertions, les mutineries et la fraternisation entre les prolétaires en uniforme des deux côtés du front, et discutons de comment retourner les armes contre les organisateurs du massacre, c’est-à-dire contre « notre » bourgeoisie et ses laquais…

Parlons de la façon de transformer la guerre impérialiste en une guerre révolutionnaire pour l’abolition de la société de classe du capital basée sur la misère.

Notre seule réponse à la guerre capitaliste c’est le défaitisme révolutionnaire, que nous nous organisions et que nous œuvrions au renversement de « notre propre bourgeoisie » et donc de la bourgeoisie mondiale et du capital dans son ensemble.

Discutons et diffusons cet appel, organisons-nous.

A qui cet appel s’adresse-t-il ?

A tous ceux qui, dans le monde, mènent la lutte contre les attaques du capital, contre toutes les guerres et contre tous les Etats bourgeois, dans le but de détruire le capital et tous les rapports sociaux qui en découlent, ainsi que toutes les formes d’exploitation.

A tous ceux qui sont conscients qu’il n’y a pas de guerre juste ou de guerre défensive. Il n’y a pas un camp qui représente la barbarie et l’autre la civilisation, il n’y a pas un camp plus agressif que l’autre, il n’y a pas un camp démocratique contre un camp dictatorial ou fasciste. Toutes les guerres sont des guerres capitalistes, où s’affrontent différentes fractions bourgeoises. Chaque guerre est une guerre de la bourgeoisie contre le prolétariat !

A ceux qui ne soutiennent aucune fraction de la bourgeoisie contre une autre, mais qui luttent contre chacune d’entre elles. Ceux qui ne défendent pas les fronts interclasses ou n’y participent pas.

Aux individus et aux groupes qui luttent contre la politique de « défense de l’économie nationale » et de « sacrifice en faveur de l’économie de guerre », à ceux qui n’acceptent pas les tactiques expansionnistes de leur propre bourgeoisie, même si elle est confrontée à une attaque économique, politique ou militaire.

A tous ceux qui ne se considèrent pas comme des pacifistes mais comme des révolutionnaires. A tous ceux qui n’aspirent pas à une paix bourgeoise où l’exploitation de notre force de travail peut se poursuivre dans des conditions légèrement différentes.

A tous ceux qui veulent transformer la guerre inter-bourgeoise en guerre révolutionnaire, la guerre entre Etats en une lutte pour la destruction de tous les Etats.

A tous ceux qui reconnaissent dans leur pratique que le prolétariat n’a pas de patrie à défendre. Notre ennemi n’est pas les prolétaires poussés dans les tranchées de l’autre côté du front, mais la bourgeoisie – dans la pratique, avant tout, la bourgeoisie « dans notre propre pays », « notre propre » bourgeoisie, celle qui organise directement notre exploitation.

Et enfin à ceux qui, selon leur force et leur situation, luttent contre la bourgeoisie en favorisant le développement du prolétariat en tant que classe révolutionnaire et en contribuant à la construction et au développement de l’internationalisme prolétarien. »

Des révolutionnaires seraient coupables de négliger un tel appel dans une telle période. Il faut "aller voir" pour se faire une idée de ce qu’il y a derrière cet Appel.

D’autant plus que rien n’est dit dans cet appel contre les groupes trotskistes, ou contre la Conférence de Zimmerwald ! Or tout groupe qui se dit d’accord avec tous les points de l’appel, ne sera pas invité s’il se dit trotskiste.

Les organisateurs de la SAP le font savoir par des courriers "privés".

C’est une manoeuvre grossière : la SAP n’aurait alors pas besoin de discuter avec de tels groupes, car ces groupes, en ne répondant pas à cet appel anti-guerre unitaire qui les a invités, semblent avoir refusé l’invitation.

La SAP attribue ainsi de fait à une quantité de groupes, dans le monde entier, la décision de boycotter l’Appel de la SAP, alors que c’est la SAP qui boycotte ces groupes ! Encore une fois, rien n’interdit de se réunir avec qui l’on veut, en groupe restreint, mais c’est faire semblant publiquement d’inviter tout le monde qui est malhonnête, lorsqu’on rejette systématique, sans aucune référence à la politique d’un groupe donné, le refus de l’inviter. C’est un procédé bureaucratique très grossier qu’utilise la SAP.

Conclusion

L’Appel de la SAP est, à ce jour, nuisible, dans le sens où il fait s’élever artificiellement dans la mouvance "anti-guerre" des polémiques inutiles. Que des anarchistes souhaitent se réunir entre eux à Prague pendant une semaine, et seulement entre eux n’a rien de répréhensible. Mais alors, qu’ils ne fassent pas semblant d’inviter tout le monde !

L’ennemi de la SAP semble être plus la faucille et le marteau, Marx, Lénine, Trotsky, Rosa Luxemburg, Monatte et Rosmer que la guerre.

Déguiser un appel sectaire en appel unitaire oblige malheureusement les groupes anti-guerre honnêtes à dénoncer haut et fort ce procédé.

Faire vivre des petites tendances en basant leur cohésion non pas sur un programme politique, mais comme des "groupes d’affinités" qui rejettent les autres en s’auto-proclamant les seuls "qui n’ont pas trahi", alors que les autres sont des traîtres est une forme du sectarisme qui condamne ces groupes à disparaitre dès que la lutte anti-guerre deviendra un mouvement de masse !

Nous ne tombons pas dans ce travers, nous La Voix des Travailleurs, ayant non seulement accepté de participer malgré nos reproches mais aussi montrant dans nos assemblées que nous donnons la parole aussi bien aux communistes de gauche et aux anarchistes qui le souhaitent.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.