Accueil > 12- Livre Douze : OU EN SONT LES GROUPES REVOLUTIONNAIRES ? > Anarchisme et antimilitarisme en Israël

Anarchisme et antimilitarisme en Israël

jeudi 25 janvier 2024, par Robert Paris

Anarchisme et antimilitarisme en Israël

Avertissement : à la Voix des travailleurs, nous ne sommes pas pacifistes ni anarchistes mais nous soutenons ici le combat des antimilitaristes et des anarchistes contre le militarisme israélien qui massacre les Palestiniens. Nous sommes pour que les Israéliens et les Palestiniens exploités et opprimés prennent les armes contre leurs ennemis des classes possédantes israéliennes et palestiniennes et contre tous les impérialismes.

Israël et l’antimilitarisme

Source en anglais : https://anarcomuk.uk/2024/01/07/israel-and-anti-militarism/

Les conflits meurtriers qui se déroulent dans le cadre du système capitaliste et de son État se poursuivent, s’intensifient et menacent maintenant d’engloutir des régions entières. Les guerres en Europe de l’Est et au Moyen-Orient s’éternisent et s’avèrent de plus en plus brutales. La famine, les massacres, le nettoyage ethnique, les enlèvements, les humiliations et la torture sont clairement encouragés par les pouvoirs en place. La guerre au Moyen-Orient, ainsi qu’en Europe de l’Est, implique de plus en plus des blocs de puissances impérialistes qui se mettent en position de combat. Et ce, bien que la guerre centrée sur Gaza soit censée être « terminée pour Noël » (combien de fois avons-nous déjà entendu cela ?) !

En tant que telle, une résistance efficace exige souvent une grande bravoure de la part des membres de notre classe, de leurs compagnons, de leurs partisans et de leurs amis. Dans ce contexte, un certain nombre d’entre nous connaissent maintenant les noms de Tal Mitnick et Yuval Dag.

Tal Mitnick est un jeune homme de 18 ans, membre actif du groupe Mesarvot (« Nous refusons »), qui compte quelques centaines de personnes. Tal est devenu le premier objecteur de conscience à servir dans les forces de défense israéliennes depuis le début du conflit actuel et a invoqué son opposition aux attaques contre l’ensemble de la population de Gaza. Pour Tal, ces attaques sont une « vengeance meurtrière » qui ne s’attaque pas aux causes profondes du conflit.

Yuval Dag est un jeune homme de 21 ans qui a passé 64 jours dans la prison militaire de Neve Tzedek à Tel Aviv au printemps dernier. Il a reçu le soutien d’Amnesty International en tant que prisonnier d’opinion et, depuis lors, il est devenu de plus en plus critique à l’égard de la situation au Moyen-Orient, en particulier à Gaza et en Cisjordanie.

En Israël, la conscription militaire est obligatoire et est considérée comme « définissant quelqu’un dans la société israélienne ». Il existe également un dicton selon lequel « une nation qui se dote d’une armée se dote elle-même d’une nation ». Cela met à nu les racines communes du nationalisme et du militarisme, qui font partie de l’éthique cancéreuse de l’État et du capital.

Il existe une longue tradition de la dissidence en Israël. Toutefois, en dehors de la classe dirigeante, des fanatiques religieux nationalistes et de leurs partisans (qui sont souvent exemptés de risquer leur peau), les personnes qui tentent d’éviter le service militaire se heurtent à des obstacles considérables et sont pour le moins contraintes de se taire – ou sinon ! En effet, à la suite des attentats du 7 octobre de l’année dernière, l’État d’Israël et, malheureusement, une grande partie de la société dans son ensemble, se sont lancés dans une offensive acharnée contre tous ceux qui osent ne serait-ce que penser à résister à l’appel à la lutte pour la nation, la religion et le système actuel d’exploitation et d’oppression. Cela reflète un appel de la classe dirigeante qui met de plus en plus en péril notre classe et l’humanité elle-même.

Il est donc probable que, pour ces raisons, les rapports faisant état d’une réelle opposition ouverte à la conscription militaire en Israël pendant la guerre de Gaza n’aient pas été notés ou rendus publics jusqu’à très récemment. Toutefois, au cours du mois dernier, des articles sur Mitnick, Dag, leurs amis et leurs partisans ont été publiés. Il convient également de noter que ces rapports décrivent leur position de plus en plus déterminée, y compris des commentaires faisant fortement allusion à l’importance de l’internationalisme au sein de notre classe. Mitnick est apparu comme embrassant à la fois des perspectives radicalement anti-autoritaires et antimilitaristes.

La bravoure de ces personnes est mise en évidence par le fait que Mitnick risque au moins 30 jours (et probablement beaucoup plus) de prison après avoir été condamné fin décembre 2023, et sera sans aucun doute amèrement ostracisé lorsqu’il sera libéré. Entre-temps, Dag, bien qu’il ait été emprisonné l’année dernière et qu’il soit issu d’une famille nationaliste, n’a pas gardé le silence et soutient ouvertement Mitnick et ses camarades pour leur antimilitarisme. D’autres commencent à faire de même.

Les noms de ceux qui résistent ouvertement sont de plus en plus nombreux. Sofia Orr (18 ans) et Iddo Elam (17 ans, également membre du groupe Mesarvot) ont déclaré publiquement leur opposition à l’enrôlement dans l’armée (dans le cas de Sofia, elle risque d’être « appelée » le mois prochain). Tous ont souligné l’importance d’avoir un réseau d’amis et de sympathisants autour d’eux, aujourd’hui plus que jamais.

Iddo a déclaré qu’« un massacre n’en justifie pas un autre » et a ajouté qu’ils étaient désormais résolus à « rejeter l’ensemble du système actuel ». Iddo et Sofia craignent à la fois pour leur ami Tal en prison et de subir le même sort en recevant eux-mêmes des menaces de mort. Cependant, le fait d’appartenir à un groupe solidaire a galvanisé leur détermination collective.

Leur nombre peut sembler encore relativement faible, mais il pourrait augmenter de manière significative à mesure que les batailles meurtrières se poursuivent, que la réalité du système actuel devient transparente pour un plus grand nombre et que la parole internationaliste se répand. Il est important de noter, comme nous l’avons fait plus haut, que certains semblent commencer à adopter une position de lutte des classes et d’émancipation, par opposition à une position libérale et pacifiste. Il est très encourageant de voir que des graffitis révolutionnaires No War But the Class War ont été repérés dans les rues de Tel Aviv.

Tout est vital pour arrêter le cauchemar de la guerre, de la famine, de la pauvreté, du nationalisme, de l’épuration ethnique, de la brutalité, de la torture, de la menace croissante des théocrates, ainsi que la dose quotidienne d’oppression, d’aliénation et d’exploitation. La guerre de classe antimilitariste est la seule guerre qui nous unira en tant que classe ouvrière internationale pour empêcher la spirale de la mort, pour nous libérer et pour vivre enfin en harmonie avec cette planète. Respect total à ceux qui résistent et à ceux qui partagent la lutte en toute solidarité !

Traduction française : Les Amis de la Guerre de Classe

Lire encore :

https://wri-irg.org/fr/story/2020/declaration-de-lobjectrice-de-conscience-israelienne-tair-kaminer

https://wri-irg.org/fr/taxonomy/term/228

https://www.cairn.info/revue-ballast-2015-1-page-53.htm

https://www.la-croix.com/Monde/Israel-lyceens-Tel-Aviv-appellent-refus-service-militaire-2023-09-04-1201281281

https://revueladeferlante.fr/israel-refuser-la-guerre/

https://www.revolutionpermanente.fr/Liberez-Tal-Mitnick-18-ans-emprisonne-pour-avoir-refuse-de-servir-dans-l-armee-israelienne

https://www.refworld.org/docid/5152bdaf2.html

https://www.lefigaro.fr/international/en-israel-le-camp-de-la-paix-est-devenu-inaudible-depuis-les-massacres-du-7-octobre-20240101

Nous soutenons des positions et des militants très courageux, mais nous relevons aussi que les partisans de la paix sont… désarmés par leur politique…

Messages

  • .
    Malgré les sentiments chauvins des sociétés israélienne et palestinienne, tout le monde, de part et d’autre de la ligne de front, n’est pas d’accord avec la guerre qui a commencé par l’attaque brutale des fascistes cléricaux du Hamas le 7 octobre. Des manifestations ont lieu en Israël et à Gaza pour exiger un cessez-le-feu immédiat et demander des comptes aux cercles dirigeants des deux parties, responsables de l’escalade du conflit.

    Dès le 14 octobre, des voix se sont élevées à Tel-Aviv en solidarité avec les otages israéliens pris par le Hamas, exigeant la démission du Premier ministre Netanyahou. Ce dernier est accusé d’avoir, par sa politique, renforcé le Hamas face aux milieux de l’Autorité palestinienne désireux de rechercher le compromis et la coexistence avec Israël. Dès le lendemain, le gouvernement a introduit des mesures autorisant l’arrestation de ceux qui portent atteinte à « l’esprit de la nation ». Après une manifestation anti-guerre à Haïfa, le chef de la police a menacé d’envoyer les manifestants à Gaza le 19 octobre. Malgré la répression et la terreur de l’extrême droite, une manifestation a été organisée devant la résidence du premier ministre israélien le 4 novembre. Le 8 novembre, la Cour suprême d’Israël a autorisé la police à disperser les rassemblements contre la guerre. Néanmoins, le 18 novembre, la première manifestation légale contre la guerre a eu lieu à Tel Aviv. Une semaine plus tard, le 25 novembre, des manifestants se sont rassemblés à Jérusalem pour demander la démission du Premier ministre. Les actions suivantes ont été réprimées par la police : le 29 novembre, des manifestants ont été arrêtés devant le Parlement et le 2 décembre devant la maison du Premier ministre à Césarée. Le 16 décembre, les manifestants ont campé devant le ministère israélien de la guerre.

    (https://en.m.wikipedia.org/wiki/Israel–Hamas_war_protests)

    Le 28 décembre, les Juifs et les Arabes israéliens ont manifesté ensemble à Tel Aviv pour demander un cessez-le-feu. Cependant, les marches de protestation pour la paix israélo-palestinienne prévues le 11 janvier à Tel Aviv et le 13 janvier à Haïfa ont été interdites par la police.

    (https://www.timesofisrael.com/police-deny-permit-for-anti-war-protest-left-wing-groups-vow-high-court-appeal/)

    Une manifestation a néanmoins eu lieu à Haïfa le 20 janvier. Les manifestants ont scandé : « Refusons de tuer, refusons de nous battre ! ».

    (https://www.aljazeera.com/gallery/2024/1/20/refuse-to-fight-jewish-arab-activists-call-for-peace-in-israels-haifa)

    Les premières manifestations contre le régime du Hamas à Gaza depuis le début de la guerre ont été signalées dès l’automne, mais il était difficile de confirmer cette information, et les vidéos qui circulaient alors sur Internet dataient d’avant le déclenchement de la guerre.

    (https://www.youtube.com/watch?v=U1OaYZO-aWs)

    Toutefois, des rapports périodiques font état d’« émeutes de la faim » à Gaza, d’attaques contre des entrepôts et des convois de nourriture. Aujourd’hui, en janvier 2024, il y a enfin des preuves de protestations majeures à Gaza contre la guerre avec Israël et contre la dictature cléricale fasciste qui, dans une provocation sanglante le 7 octobre, a exposé les civils de la bande à des bombardements et à des combats. Pendant plusieurs jours en janvier, des centaines d’habitants sont descendus dans la rue. Le 25 janvier, ils ont défilé dans le couloir humanitaire de Khan Younès en scandant « A bas le Hamas ». « Le peuple veut un cessez-le-feu ! Netanyahou et Sinwar, nous voulons un cessez-le-feu. La guerre et la destruction, ça suffit ! », pouvait-on entendre dans les haut-parleurs. La veille, une vidéo d’une manifestation de jeunes de Gaza devant un hôpital de Deir el-Balah avait circulé. Les participants demandaient au Hamas de libérer les otages israéliens et de mettre fin à la guerre afin qu’ils puissent retourner chez eux dans le secteur nord.

    (https://www.msn.com/de-de/nachrichten/welt/gazastreifen-hunderte-palästinenser-protestieren-gegen-die-hamas/ar-BB1hnNYd)

    (https://fr.timesofisrael.com/netanyahu-sinwar-un-cessez-le-feu-scandent-des-manifestants-a-khan-younes/

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.