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Vive la révolte contre les viols et harcèlements à l’égard des femmes !

mercredi 9 janvier 2013, par Robert Paris

Vive la révolte contre les viols et harcèlements à l’égard des femmes !

L’Inde a explosé. Le pouvoir a été débordé. Toutes les grandes villes y ont connu des manifestations monstres, des fleuves humains d’hommes et de femmes et même d’enfants, conspuant les autorités. Les forces de l’ordre ont tout fait pour empêcher ces rassemblements, tentant sans succès de les interdire, de les bloquer, allant jusqu’à tirer sur ces manifestants, à quadriller militairement et policièrement les grandes villes, jusqu’à violenter les gens. Depuis quelques mois, la situation était explosive, les grèves se multipliaient et les manifestations grandissaient sur le terrain social, le discrédit du pouvoir et la révolte contre la corruption étaient de plus en plus immense. Mais c’est un viol collectif qui a soulevé le peuple indien tout entier.

L’affaire de Jyoti Singh Pandey, la jeune étudiante en kinésithérapie violée à New Delhi dans un bus, a fait exploser toute l’Inde et fait ensuite le tour du monde, révoltant la planète entière. Mais en Inde, c’est plus qu’un sentiment de révolte, c’est une explosion qui a eu lieu. Le père de la victime a expliqué qu’elle avait subi d’atroces violences parce qu’elle avait refusé de se laisser faire et qu’il en était fier, soutenant la vague de manifestations alors que le pouvoir avait cherché à étouffer l’affaire, imposant un enterrement clandestin, interdisant les manifestations, et tâchant de prendre des mesures pour faire croire que la justice et la police seraient désormais attentifs aux attentats contre les femmes. Un nouveau meurtre de femme en Inde qui vient d’avoir lieu, suite à un viol collectif, que les autorités ont encore essayé de cacher, a rappelé, s’il en était besoin, que les pouvoirs et les forces « de l’ordre » sont des ennemis des femmes et non leur défenseur, un grand nombre de ces crimes ayant d’ailleurs été commis par leurs membres. Les forces de l’ordre en tirant à balles sur les manifestants et en les frappant violemment ont bien montré dans quel camp elles se situaient.

Contrairement à ce qui est souvent prétendu, le viol en Inde n’est pas un résidu d’une vieille société paysanne de caste mais un développement croissant dû à la société capitaliste. Il a doublé en dix ans dans ce pays comme dans nombre d’autres pays dans le monde comme le Mexique, l’Afrique du sud. Même dans le monde occidental, loin de diminuer les violences contre les femmes explosent avec l’aggravation de la crise du système capitaliste. Le petit vernis de civilisation qui recouvre les crimes de la société bourgeoise a vite fait de craquer.

La révolte en Inde s’est dirigée contre les autorités car celles-ci n’ont cessé de couvrir les violeurs, de protéger ceux qui oppriment les femmes comme ceux qui exploitent les plus démunis. Cela n’est pas particulier à l’Inde !

Loin de chercher à défendre les femmes, les classes dirigeantes et les gouvernants du monde essaient de monter les hommes contre les femmes, pour trouver une manière de diviser les classes exploitées qui risquent de s’unir pour combattre la pauvreté, le chômage et la misère qui montent.

Bien sûr, en France, nous connaissons une hypocrisie sociale qui impose de faire comme si la direction de la société ne cherchait qu’à développer l’égalité entre hommes et femmes, à défendre les citoyens, dont les femmes, de toutes agressions, qu’à combattre le chômage ou la misère. Le mensonge est le roi du discours officiel dans la question de l’oppression des femmes comme dans les autres domaines. Tous les ans, les statistiques des violences contre les femmes et la passivité des forces de l’ordre témoignent que le discours officiel est pur mensonge. Le développement récent de la mode publique de « la soumission féminine » dans les pays occidentaux prouve que la libération de la femme nécessite de combattre la société bourgeoise et que celle-ci ne libérera jamais la femme.

Le racisme contre les femmes est à mettre en relation avec toutes les divisions tentées par les classes dirigeantes parmi les opprimés. La bourgeoisie et ses gouvernants opposent chômeurs et travailleurs, jeunes et vieux, diverses régions, religions, genres, catégories, salariés du public et du privé, villes et campagnes, etc… L’opposition entre hommes et femmes offre pour cela de multiples avantages, et notamment celui de permettre de créer un statut inférieur au plus opprimé des travailleurs : celui de sa femme ! Donner la possibilité à l’homme d’opprimer sa propre femme est un moyen d’en faire un gardien de l’ordre social et de solidariser l’ensemble des hommes contre toutes les femmes, tout particulièrement dans les milieux pauvres. Bien sûr Etat et classes dirigeantes font semblant de combattre une telle violence mais c’est pure hypocrisie. Les forces de répression ferment les yeux partout dans le monde sur ces violences dont l’immense majorité des plaintes n’arrivent jamais en justice, soit par pression sociale soit par passivité policière et judiciaire.
Il n’y a pas là seulement passivité, simple conservatisme social, traditionalisme, poids des anciens préjugés, mentalités masculines (ou même féminines) anciennes mais, au contraire, une pression sociale nouvelle, une violence récente, issue du capitalisme le plus moderne, celui qui est en voie d’effondrement mondial, ayant atteint en 2007 son sommet et ses limites économiques et sociales.

La seule manière d’en finir avec l’oppression des femmes et avec l’exploitation des salariés, c’est d’unir les deux combats en les tournant contre les classes dirigeantes et contre les Etats à leur service comme viennent de le faire les opprimés d’Inde !

Femmes, mes sœurs, ouvriers mes frères, comme les révoltés de l’Inde, soyez libres, soyez révolutionnaires ! Ne reconnaissez aucun droit à la société bourgeoise à décider de votre sort ! N’acceptez aucune tutelle des institutions bourgeoises qui prétendraient vous libérer ou vous protéger de quelque manière que ce soit. Ce n’est pas le droit bourgeois, les institutions bourgeoises ni la société bourgeoise et ses mœurs qui vont inventer la liberté des femmes. C’est au contraire la lutte pour en finir avec cette vieille dictature des possesseurs de capitaux qui libérera la femme. Et pas par miracle. Pas par une supériorité idéalisée du socialisme. Mais parce que les femmes seront inévitablement le fer de lance de la révolution sociale et que, sans elles, il n’y aura pas de révolution sociale !

Toujours mobilisés après le viol d’une étudiante en médecine, les Indiens ne sont pas les seuls à manifester : des centaines de Népalais ont eux aussi sorti les pancartes pour dénoncer le viol d’une femme de ménage par des représentants de l’Etat. Un cas parmi tant d’autres dans ce pays voisin de l’Inde.

Sita Rai – pseudonyme de la femme de ménage victime du viol – a expliqué avoir été dépossédée de son argent et violée par des membres du ministère de l’Immigration lorsqu’elle était sur le point de prendre l’avion vers l’Arabie saoudite à l’aéroport de Katmandou. Le gouvernement lui aurait alors donné 1 700 dollars en compensation, soit 700 dollars de moins que ce qu’on lui avait dérobé.

Lorsque l’information a filtré il y a une semaine, des citoyens en colère ont commencé à manifester devant la résidence du Premier ministre Baburam Bhattarai, dans la riche banlieue de Baluwatar à Katmandou. Le hashtag #OccupyBaluwatar, créé pour l’occasion, a commencé à buzzer. Et la mobilisation continue, même si le gouvernement a depuis procédé à des arrestations.

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