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Dernières nouvelles de la SNCF, service ferroviaire en voie de privatisation

mercredi 22 mai 2013, par Robert Paris

Dernières nouvelles de la SNCF, service ferroviaire en voie de privatisation

Ils voudraient privatiser avec douleurs mais sans réaction

Les perspectives du gouvernement, justifiées par tous les rapports de Lepaon à Bianco, donnent un objectif du gouvernement et des classes dirigeantes qui s’appelle en clair : la privatisation. Cela commencera dans les domaines du Matériel, de pans entiers de l’Equipement, des TER, des transports longue distance en autocars et de bien d’autres domaines de la SNCF où des voies et des trajets seront confiés au privé. Le gouvernement a aussi un ordre qui est clair : ne pas agiter inutilement les secteurs de Traction tant que la privatisation n’est pas tranquillement engagée pour ne pas risquer une grève dure qui bloque tout et retarde la privatisation. Dans les tranches suivantes de la privatisation, il sera toujours temps de considérer comme « sensibles » les professions de la Traction et aussi de remettre en question le statut des cheminots, pour l’instant sanctuarisé pour mieux nous calmer. Allons-nous être assez naïfs pour ne pas voir une manœuvre aussi grossière qu’elle montre nettement vers quels aiguillages elle s’oriente… Un rapporteur de la privatisation n’expliquait-il pas lui-même par écrit que la méthode pour faire passer en douce la privatisation consistait à ne pas soulever de points amenant les cheminots à lever le drapeau rouge pour bloquer le train des privatisations. Et ce rapporteur, assez malin pour mettre cela par écrit, s’appelait… Lepaon, eh oui le dirigeant CGT devenu secrétaire général de la centrale syndicale !

Dégradés, saturés puis privatisés

La directrice générale du Transilien, Bénédicte Tilloy, constatant son incapacité à faire face à la hausse du trafic voyageur en Ile-de-France, a déclaré « Nous en arrivons à espérer que le trafic ne progresse plus, ce qui est un comble pour un transporteur. » Pourquoi paie-t-on autant de hauts responsables aussi grassement pour être incapables de prévoir la hausse du nombre de voyageurs ? Parce qu’on les paie pour ne pas la prévoir et laisser le service public se dégrader afin de mieux démontrer la nécessité de sa privatisation !

Nous n’avons pas les mêmes valeurs

Les responsables de la SNCF, théoriquement encore un service public, raisonnent déjà en termes capitalistiques. Ainsi, Rachel Picard, directrice générale de Gares et Connexions affirme que « satisfaire les clients, c’est créer de la valeur. » On aurait pu croire que c’était permettre à l’usager d’avoir ses transports en temps et en heure sans affluence excessive et à des prix corrects. Mais, en termes capitalistes, c’est tout le contraire !

Des hauts cadres pour détruire le travail des cheminots

Sous prétexte de justifier la réforme en cours, le président du RFF, Jacques Rapoport, rapporte que « L’organisation qui prévaut entre RFF et SNCF est une fantastique machine à détruire le travail des cheminots. » Et c’est des responsables comme lui qui nous l’ont imposée cette machine à détruire. Et ils ne s’en avisent que pour mieux mettre en place une autre machine encore plus destructrice au service cette fois des marchés financiers auxquels on va livrer le transport public comme l’électricité, le gaz, la santé, la recherche et l’enseignement. Et, toujours pour justifier la nouvelle « fantastique machine à détruire », ce responsable déclare : « Nous investissons 4 milliards par an pour seulement un milliard de recettes. Le calcul est simple : la dette du RFF augmente de 3 milliards d’euros par an. » Mais il se garde bien de nous expliquer pourquoi sa réforme va changer cette situation qui fait de lui un organisateur de faillite financière. S’il nous l’expliquait, cela dévoilerait toute l’opération qui se prépare sur le dos des cheminots et des usagers !

Faire du neuf avec du vieux

Le technicentre de Rouen Quatres-Mares se glorifie de transformer de vieilles locomotrices Y 7000 en nouveaux Y9000. Et ce n’est pas tout : il prétend aussi faire cela avec une célérité maximale, du matériel et du personnel minimal. La direction du Matériel appelle cela du pragmatisme. Molière disait déjà « La peste soit de l’avarice et des avaricieux ».

C’est pas des lumières !

Pour réduire les coûts, les trains vont de plus en plus être équipés de lampes LED. C’est oublier qu’il y a des risques pour la vue des usagers. Encore des économies à courte vue !

Aucun accord avec ceux qui privatisent

La plupart des syndicats de cheminots protestent contre le rapport Bianco comme contre les autres rapports qui vont directement vers la privatisation du service public ferroviaire mais ils gardent un ton mesuré sur le contenu de ces rapports. Ainsi, ils aiment bien écrire qu’ils sont plutôt d’accord sur le constat. Ces constats partagés proviennent des débuts de négociation, une méthode maintes fois employée pour réformer la Sécu, les caisse de chômage, les allocations, la retraite, le code du travail. Mais qu’est-ce qu’on partage avec ceux qui vident des caisses publiques, creusent des déficits financiers, laissent détruire le service public et prétendent ensuite le constater avec nous ? Rien !

Nous n’avons aucun geste accommodant à faire en direction de ceux qui veulent aller encore plus loin dans la destruction et certainement pas les créditer de vouloir améliorer, moderniser, garantir ou sécuriser. Nous devons en rester à nos objectifs : 0% de privatisation, 0% de réforme, service public à 100%, et 0% au capital financier, contrôle à 100% par les cheminots et les usagers et à 0% par les financiers. 0% de normes capitalistes, remplacement de tous les emplois de cheminots partant en retraite par des cheminots en CDI. Mettre à la réforme, c’est détruire !

Haro sur les cheminots !

Alors que les retards, les accidents, les incidents, les suppressions, les blocages de lignes, les pannes de matériel, les incidents avec les voyageurs se multiplient, la direction fait comme si tout allait aller dans le meilleur des mondes ferroviaires possibles mais… plus tard. Mais les incidents provoquent de plus en plus de réactions de voyageurs qui parfois se tournent contre les cheminots. La direction n’est pas innocente en la matière, elle qui a désigné maintes fois les cheminots du doigt et s’apprête à en faire de même quand on va s’opposer à la privatisation. Elle compte bien nous accuser d’arriération, de refus du modernisme et de défense d’intérêts corporatistes aux dépens des usagers. Pas étonnant que la direction réagisse aussi peu aux agressions que nous subissons !

Double langage

Lepaon, le nouveau secrétaire général de la CGT, a parfaitement raison de déclarer que le gouvernement de gauche semble vouloir privatiser EDF et SNCF. On remarquera pourtant que le même expliquait à qui voulait l’entendre que son rapport au CESE cautionnant et préparant la privatisation, ne risquait pas d’être gênant puisque cette perspective était close par l’arrivée de la gauche au pouvoir. Et maintenant qu’il s’aperçoit que la gauche reprend la voie de privatisation de la droite, il reconnaît que son rapport se retourne contre nous ?

Diviser pour privatiser

On ne compte plus les manières de diviser la SNCF alors qu’en même temps, la direction prétend la réunifier. On nous bassine avec les « bonnes relations entre le Matériel et les Activités », avec l’ « égalité entre branches SNCF-Voyages, Proximités, Fret, Infra, Kéolis… ». Ils nous font la leçon de morale sur le « travailler ensemble » alors qu’ils sont engagés dans une opération consistant à isoler des morceaux afin de découper en parts vendables au privé et ils nous parlent de « penser la SNCF en grand » !

Comment la SNCF lutte contre le chômage et la précarité

Non contente de ne pas remplacer les cheminots partant en retraite et de diminuer les effectifs comme peau de chagrin, la direction de la SNCF met en place la précarité par de multiples moyens. Ainsi il met en avant comme un geste positif ses « Contrats Emploi Avenir » qui offrent un avenir de précarité à la jeunesse et encore au compte-gouttes. Et cela ne l’empêche pas d’écrire que « la SNCF s’implique contre le chômage des jeunes. » Il suffit de remplacer le terme « contre » par « pour » et c’est ça !

Victoire !

La SNCF a retrouvé 63 des 150 wagons qu’elle avait perdus. Ce n’est pas si mal quand on a la vue basse comme l’a la direction. Si l’entreprise retrouvait la même proportion des milliards qu’elle a perdus, toujours par une vue à ras des pâquerettes, elle irait bien mieux. Mais, malheureusement, elle ne sait plus où elle les a mis ! Voulez-vous que, nous salariés une fois de plus, nous l’aidions à les retrouver dans tous les secteurs comme Alstom, Bombardier, et autres profiteurs c’est-à-dire dans tous fabricants ainsi que dans les investissements pourris qu’elle a fait à droite ou à gauche, à l’est ou à l’ouest… du monde. Retrouvons lui ses capitaux perdus et les profiteurs privés de ces fonds publics n’auront plus qu’à lui rendre. Sans compter qu’au lieu de devoir rembourser sans cesse des centaines de millions à l’Etat, comme récemment 229 millions, elle pourrait quand même réclamer une part de nos impôts, sans quoi on pourrait se demander pourquoi on les paie si ce n’est plus ni pour les routes, ni pour les autoroutes, ni pour la recherche, ni pour les transports. C’est encore plus rentable que les wagons retrouvés, de telles récupérations de milliards !

La SNCF renonce à ses engagements pour les handicapés

L’échéance de l’accessibilité aux personnes handicapées était pour 2015 et le rapport Campion est clair : « La France ne sera pas au rendez vous de 2015… Il reste beaucoup de chemin à parcourir… Il faut plus de temps, je le dis clairement… L’échéance a été fixée par la loi de 2005 et reste intangible. La loi est là il n’est pas question de revenir dessus. » On constate même que la distance entre les wagons et les quais s’accroît. La revue « Transport public » répond à Mme Campion : « Dans votre rapport, vous indiquez que notre pays ne respectera pas le rendez-vous de 2015 mais que vous souhaitez maintenir cette échéance. C’est jouer sur les mots, non ? »

Que représenterait la privatisation pour le passager ?

Un exemple suffit à le mesurer : le Paris-Bruxelles est entièrement privatisé et 1h15 en Thalys coûte désormais 99 euros soit un euro la minute. Record battu. Avis aux usagers !

Ouigo, ouille and go !

Vous voulez prendre le train au départ de Paris, commencez par aller à Marne-la-Vallée. Ce n’est pas Disneyland qui intervient là mais la direction de la SNCF qui l’impose à tous ceux qui voudraient payer moins cher leur transport. Le chemin de fer pour les riches et le chemin de fer pour les pauvres, on ne le reconnaîtra plus à la première ou seconde classe mais au billet Marne-la-vallée ?!!

Du rififi au RFF

François-Gilles Egretier, l’ex-collaborateur du cabinet du ministère de l’Économie, vient d’être mis en examen pour avoir usé de sa position de dépositaire d’une autorité publique pour modifier le tracé de la LGV Bordeaux-Espagne et protéger ainsi son patrimoine familial. Car le fuseau nord de la LGV d’Uchacq-et-Parentis, dans les Landes, devait passer par le jardin de sa mère, détaille le quotidien Sud Ouest. Ce changement est passé par Fillon et Busserreau. Résultat, quelques mois plus tard, Réseau ferré de France revient sur sa décision et valide un tracé qui passe 3 kilomètres plus au nord, épargnant ainsi le jardin de la demeure familiale, mais pas celui de quinze autres maison, dont les propriétaires décident de porter plainte. Au RFF, ça roule !

L’Epic continue de rogner les effectifs…

Pour aller vers la privatisation, un des points importants pour la direction est de rentabiliser davantage les cheminots en diminuant les effectifs et en accroissant la charge de travail, la flexibilité, la mobilité, la polyvalence, et on en passe… On trouve ces politiques dans tous les secteurs de la SNCF. Dans le domaine du Matériel par exemple, 3000 suppressions de postes parmi les cheminots de l’Epic sont en train d’être réalisées en plusieurs années. Il en va de même dans le Fret SNCF, abandonné progressivement par l’Epic. On constate inversement une multiplication de la précarité sous toutes ses formes comme celle des alternants ou des CDD. 5800 postes de l’Infra sont menacés sur 14.800 ! Les partants en retraite ne sont pas remplacés. Et la direction vient encore d’annoncer la suppression de 750 embauches…

Du court à l’heure de pointe…

Sur le quai bondé, l’ambiance hésite, comme tous les matins, entre impatience, ennui et résignation. L’arrivée du RER n’apporte qu’une fugace délivrance. Fugace, car le convoi qui vient d’entrer en gare est un train court. Tous les habitués du réseau francilien connaissent les "trains courts". Composés d’une seule rame d’une centaine de mètres de long, au lieu de deux, ils n’occupent qu’une partie du quai. Les voyageurs qui ont eu la présence d’esprit de se positionner correctement sont chanceux. Les autres se mettent à courir. Encore un moyen d’amener les usagers à pester contre le service public ! Pour mieux le privatiser ensuite.

Pas responsable, pas coupable, mais parfaitement consciente de son soutien scandaleux aux trusts de l’amiante

Aubry « n’a commis ni faute ni négligence » en tant que ministre du travail, a décrété le tribunal, bien qu’elle se soit fait l’avocat du comité de défense des intérêts industriels de l’amiante. C’est vrai : ce n’est pas une négligence puisque c’est une politique qu’Aubry a choisi sciemment de mener en faveur des industriels de l’amiante. C’est vrai : ce n’est pas une faute puisqu’elle connaît parfaitement bien les lois dont justement elle empêchait la modification et peut maintenant se cacher derrière en affirmant que la loi ne lui imposait pas autre chose que de la respecter. Et pas de la modifier même si on savait depuis plus de vingt ans les dangers de l’amiante. A la SNCF, on en sait quelque chose puisqu’on a notre lot de cheminots victimes de l’amiante et on cherche toujours à faire reconnaître les responsabilités et à obtenir les dédommagements mais l’Etat ne va pas s’accuser lui-même, pas plus qu’il ne laisse accuser ses responsables…

Messages

  • Les ministres européens des Transports ont validé jeudi un texte qui prévoit l’ouverture à la concurrence des lignes ferroviaires nationales, essentiellement à grande vitesse en France, à partir de 2020, annonce le secrétariat d’Etat aux Transports.

    Réunis à Bruxelles, ils ont adopté le "pilier politique" du quatrième paquet ferroviaire qui doit entre autres entériner l’ouverture à la concurrence du transport de passagers.

  • En Italie, NTV est venu concurrencer la société nationale, Trenitalia, sur le TGV entre Rome et Milan. Mais la société privée accumule les pertes et ne sait toujours pas quand elle arrivera à devenir rentable. En Autriche, Westbahn s’oppose à l’opérateur public ÖBB sur le trajet Vienne-Salzbourg. A noter que la SNCF a pris une participation dans ces deux opérateurs privés.

    « A l’avenir, cette forme de concurrence va peut-être se développer un peu sur certaines lignes très rentables, mais il ne faut pas rêver, mobiliser plusieurs milliards d’euros pour cela sera difficile pour n’importe quel acteur, assure un observateur. Les sociétés historiques pourront se permettre d’aller sur ce terrain, mais aujourd’hui, elles sont majoritairement liées entre elles, comme la DB et la SNCF qui opèrent ensemble sur certains trains. Demain, ils pourront changer d’avis… Et puis peut-être que Trenitalia se lancera un jour sur le Paris-Lyon-Milan. Il faut voir. » Fut un temps, Veolia et Air France avaient caressé l’idée d’offrir en France des TGV en concurrence de la SNCF.

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