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Bulletin La Voix des Travailleurs de l’Hôpital Public

vendredi 11 avril 2014, par Max

LA VOIX DES TRAVAILLEURS

« Travailleurs de tous les pays unissez-vous »

Karl Marx


Bulletin La Voix des Travailleurs de l’Hôpital Public

Cherche AS désespérément

Dans de nombreux services de l’hôpital Cochin, les aides soignants sont embauchés en CDD. La direction nous avait dit qu’il s’agissait d’une situation provisoire en attendant que les collègues de l’Hôtel-Dieu arrivent suite au regroupent des services sur le site de Cochin. Mais le temps passe et on ne voit rien venir. Mais l’explication est simple : les regroupements de services entraînent des suppressions de postes ce qui permet à la direction de faire des économies sur le dos du personnel.

Ce n’est pas un choix

Comme tous les ans, il nous est demandé de remplir une feuille concernant les jours que l’on a sur notre CET. Choisir de se faire payer au rabais ces jours en fonction du nombre de jours (cela peut être étalé sur plusieurs années) ou les transformer en points pour une retraite additionnelle (à peine quelques euros). Et si tous les personnels posaient leurs jours CET sur l’année ? L’ensemble des jours CET du personnel représente 6000 équivalents temps plein !

Asphyxie financière et restructurations

Plusieurs hôpitaux sont au bord de la faillite financière. La direction de la Santé en profite pour leur imposer des restructurations, des déménagements, des regroupements et des pertes de personnel ou d’activité.

Le petit hôpital de Chevilly-la-Rue (Val de Marne), spécialisé dans la pneumologie fait partie des établissements menacés par une asphyxie financière avec à la clé la menace pour 200 emplois et la diminution de l’offre de soins, se voit ainsi imposer un rapprochement avec l’Institut Gustave Roussy (IGR) de Villejuif, spécialisé dans le lutte contre le cancer en janvier 2015.

Quand l’Hôpital se moque de notre santé

Les convocations du personnel hospitalier à la visite de la médecine du travail n’existent plus dans les faits même si elles restent toujours en théorie. Il semblerait que, pour la direction, le personnel n’a jamais de problèmes de santé, qu’il n’y a aucun risque à travailler à l’hôpital, qu’on ne fréquente pas des malades contagieux, qu’on n’utilise pas de produits radioactifs, qu’on n’est jamais victimes de l’amiante et que les produits multiples que nous manipulons tous les jours sont tous sans danger…

L’hôpital public étranglé par les emprunts toxiques

La Fédération Hospitalière de France lance un cri d’alarme : les hôpitaux sont menacés par des dettes causées en grande partie par le fait que les autorités de tutelle leur avaient conseillé des emprunts toxiques auprès des banques pour régler leurs problèmes de finances. Il en résulte aujourd’hui un trou financier de 1,5 milliards d’euros soit un quart du total de leurs dettes. Les collectivités locales touchées elles aussi par ces mêmes emprunts toxiques vont bénéficier d’un plan d’aide cofinancé par l’Etat et les banques sous la condition de ne pas attaquer Dexia. Mais les hôpitaux sont exclus du bénéfice de ce plan. L’Etat se défausse de ses responsabilités alors que c’est lui qui avait conseillé ces emprunts !

Pas si rentable le partenariat public-privé !

Le Centre hospitalier sud-francilien d’Evry est contraint d’abandonner le partenariat public-privé qui s’est révélé un véritable trou financier suite à l’avis de la Cour des comptes dans son rapport du 12 février 2014. L’hôpital devait en effet verser un loyer à Eiffage pendant trente ans avant de devenir propriétaire, le loyer annuel s’élevant à 48 millions d’euros. La sortie négociée se soldera par une indemnisation de 80 millions d’euros à Héveil, filiale d’Eiffage, indique le groupe de BTP. Cependant, cette sortie du partenariat devrait correspondre encore à une économie de 600 à 700 millions d’euros ! C’est dire l’ampleur de l’arnaque…

Dossier explosif

La Neurologie de l’hôpital Tenon doit rejoindre le service de Neuro de l’Hôpital Saint-Antoine située à Robert André. Mais pour ce faire, encore faudrait-il que le bâtiment Lemièrre soit rénové, voire désamianté. Rassembler les deux services est prévu pour le mois de mai mais il semblerait que cela doive, du coup, prendre du retard car les travaux prennent plus de temps que prévu. On assiste dans ce bâtiment à la valse de services comme l’oncologie, bientôt la cardiologie, le désamiantage se faisant petit à petit pendant que les autres services fonctionnent et respirent la poussière d’amiante !

Le plus grave dans tout cela, c’est que l’hôpital est blindé d’amiante et que le personnel n’est pas informé qu’il travaille dans un environnement et un air pollué par l’amiante. Ni par la direction, ni par la médecine du travail (et pour cause : il n’y en a pas !) Ni même par les syndicats… Et pourtant n’ont-ils pas un devoir d’information, une responsabilité sur les risques encourus, alors qu’on ne voit même pas circuler un rapport sur ce sujet brûlant. L’amiante, c’est dix morts du cancer par jour en France ! Voilà la réalité.

Droit au logement !

De plus en plus de collègues ont des difficultés pour se loger. Certains dorment même dans leur voiture. Pas étonnant quand on connaît le prix exorbitant des loyers à Paris et en proche banlieue. D’autant que nos salaires n’ont pas été revalorisés depuis plusieurs années et que le coût de la vie ne cesse d’augmenter. Il faut parfois attendre plusieurs années pour bénéficier d’un logement et, une fois celui-ci obtenu, il s’agit d’un contrat renouvelable sur un ou deux ans. L’APHP dispose pourtant de nombreux logements vides mais elle vend une partie de son parc immobilier à prix d’or pour renflouer ses caisses plombées par les emprunts toxiques à la banque Dexia en faillite depuis 2008 !

Suicide pour surcharge de travail

Un suicide d’une anesthésiste a eu lieu à l’hôpital de Châteauroux, sur son lieu de travail. Il est intervenu après une semaine de travail de 78 heures !!! L’équipe, sous le choc, avoue que, pour tenir le rythme, certains prennent des anxiolytiques. On a contraint le personnel de l’hôpital de Châteauroux comme de beaucoup d’hôpitaux à absorber le double de son activité habituelle depuis quelques années en conséquence de la fermeture de petits hôpitaux des alentours et évidemment sans augmenter ni les services ni les effectifs. Les responsables de la Santé sont… responsables.

Activité libérale des médecins à l’Hôpital public

378 médecins exercent une activité libérale à l’APHP. Leur revenu moyen annuel est de 90.400 euros qui se rajoutent à ce que leur paie l’APHP qui, de son côté, touche pour leur activité 20.000 euros par praticien en moyenne. Ces professions ne sont libérales que pour les revenus car les locaux sont publics, les charges le sont, le matériel est public et le personnel l’est également. Les patients et la santé publique servent donc de vaches à lait pour nourrir des professions dites libérales et l’argent que l’APHP dépense ainsi lui fait défaut pour payer le personnel, pour payer le matériel, pour financer les locaux. Ce qui est donné aux uns est pris aux autres. Et encore, les médecins, qui exigent de gagner plus encore, sont les premiers à dire du mal du service public de santé, à critiquer les autres personnels de l’hôpital, comme les sages-femmes, les infirmières, les aides soignantes ou les autres personnels non soignants quand ils revendiquent de gagner simplement leur vie. Mais ils gagnent sur les deux tableaux : le libéral et le public !

Suppressions d’emplois à la Sécurité Sociale

4000 postes devraient être supprimés d’ici à 2017. La surcharge de travail est déjà telle que, lorsqu’on a un problème de sécu, cela prend plusieurs mois avant que le problème ne soit réglé. C’est encore une manière de casser la sécurité sociale, ceux qui y travaillent comme le service qu’il offre aux usagers.

Comment faire face aux cas d’agressivité des patients aux Urgences ?

L’agressivité aux urgences est une situation fréquente. La cause essentielle est l’augmentation de l’attente et l’énervement des patients et accompagnants qui s’inquiètent que leur cas ne soit pas traité dans les temps. Les urgences de tous les hôpitaux sont débordées, en surcharge constante notamment du fait de l’insuffisance des capacités d’accueil, ce qui n’empêche pas les gouvernements successifs de planifier de multiples fermetures de services d’urgence. Plutôt que de mettre des agents de sécurité aux entrées, il faudrait y mettre un médecin et embaucher du personnel, médical et non médical !

Pour le profit des propriétaires terriens, souvent des familles d’anciens esclavagistes

Aux Antilles, les champs ont été abondamment arrosés au chlordécone, un insecticide et la terre est à ce point infectée que toutes les cultures présentent des taux d’insecticide dangereux, bien après l’interdiction de cet insecticide (en 1993 au lieu de 1976 aux USA !). Or, le chlordécone a des effets gravissimes dont celui d’augmenter sérieusement le risque de naissance d’enfants ayant une perturbation du système endocrinien. Cette pollution continue d’empoisonner avec des risques avérés de prématurité et de cancer de la prostate
Dans un premier temps, le gouvernement avait bloqué une partie des cultures du fait de ces risques mais, ensuite, du fait que les professionnels de l’agriculture ne sont pas indemnisés, il cède aux pressions de ces derniers et autorise la reprise des cultures aux dépens de la vie des habitants et autre consommateurs des produits agricoles des Antilles.

Trop, c’est trop !

Les attaques se multiplient. Nous subissons le gel du point d’indice pour la quatrième année consécutive. Nous subissons une attaque sur les primes. Nous subissons également un nouveau mode de calcul des retraites, sans parler du recul de date de départ en retraite et de l’augmentation du nombre d’années de cotisation et, bientôt, la baisse des revenus des retraités. C’est la quatrième année consécutive que nos salaires n’ont pas augmenté et les prix ne suivent pas le même blocage ! Avec la baisse permanente des effectifs des fonctionnaires, dans la Santé comme ailleurs, cela fait que la coupe est pleine et qu’il n’y aura pas à s’étonner que ça explose !

Jamais trois sans quatre

On est à l’heure des demandes de nos congés annuels. Il faut qu’on les pose suffisamment tôt pour que les cadres puissent les rentrer sur le planning et nous répondre assez tôt pour nous permettre d’organiser nos vacances. Mais certains cadres se permettent de jouer de leur autorité et de bafouer la législation en manipulant nos CA, nous interdisant ainsi de prendre nos quatre semaines comme le prévoit la loi. Mais, connaissons-nous les vacances que ces directeurs et cadres s’octroient à eux-mêmes et qu’ils refusent à tout le personnel au mépris de la loi ?

Enfermés derrière la grille

Avec les années, nos salaires sont censés augmenter régulièrement. Mais l’augmentation indiciaire les fait progresser avec une lenteur digne de l’escargot. Il faut des dizaines d’années pour obtenir de quoi s’offrir un simple repas. Et pas dans un restaurant gastronomique. Du coup, à la retraite, on se retrouve avec de quoi se payer de la purée et des compotes ! C’est bon vu l’état qu’auront alors nos dents !

Savez-vous pourquoi Dassault ne paie pas l’ISF ?

L’impôt sur la fortune, vous ne voulez quand même pas que cela concerne la cinquième fortune de France, le détenteur de 12,8 milliards d’euros dont 4,5 milliards dans Dassault Aviation, de 4,5 milliards dans Dassault Systèmes, de 2,5 milliards dans Thalès sans compter la société du journal Le Figaro et Veolia à hauteur de 6,3% accessoirement. Non, il ne peut pas payer l’ISF car, voyez-vous, cet impôt sur la fortune ne concerne pas « la possession des outils de travail » de Dassault. Pour Veolia, c’est différent : ce n’est pas lui personnellement mais sa holding qui en est propriétaire. Encore heureux car sinon, rien que pour Veolia, il devrait 7,5 millions d’ISF par an aux fonds publics… Par contre, ne vous inquiétez pas : c’est l’Etat qui achète ses matériels, finance ses projets, prend sur lui les pertes des avions de guerre que personne n’achète, les impose à l’armée française et fait ainsi un trou dans les finances publiques.

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EDITO

L’Etat ne veut pas réformer hôpital public et SNCF,
il veut les détruire en tant que services publics

Démonstration a été faite récemment qu’on peut aisément mourir dans les transports comme à l’hôpital public sans que l’Etat ne nous permette de comprendre véritablement comment ces faits ont pu se produire accidentellement. Les exemples de la SNCF de Brétigny, comme ceux de la mort à la maternité de Port-Royal, de la mort de patients de gériatrie ou de celle des urgences de Cochin sont encore dans toutes les mémoires. Tous ces morts ont servi la campagne contre le service public.

Même si le gouvernement a fait semblant de le défendre mollement, il a eu l’air de couvrir des responsabilités des agents (ce qui est quasiment une manière de les désigner du doigt comme coupables) puisqu’il n’expliquait quelle politique anti service public avait mené là. Rien d’étonnant, cette politique n’est pas seulement celle de la droite mais c’est celle des classes dirigeantes, et cela ne dépend nullement du changement des équipes gouvernementales. Et quand on ne sait pas ce qui ne va pas aux urgences ou à la maintenance ferroviaire, on va faire vite d’accuser le lampiste !

Rien n’a été fait pour soigner les vraies causes de ces décès. Il faut toujours plus de temps pour qu’un malade entrant aux urgences soit vu par un médecin. Il faut toujours diminuer le nombre d’hôpitaux, les effectifs du personnel et le nombre d’urgences. Il faut toujours que les gouvernants diminuent les effectifs de la maintenance et des technicentres de la SNCF, fassent rouler des trains de plus en plus en mauvais état et non remplacés. Il faut tout rentabiliser. La gauche gouvernementale s’est bien gardée de revenir sur deux points essentiels mis en place par la droite : la rentabilisation de la santé avec notamment la tarification à l’activité et l’aide au développement de la santé privée au détriment de la santé publique. Elle a maintenu l’objectif de la privatisation du service public du rail qui progresse avant même d’avoir été discutée et votée.

Tous les mois, des hôpitaux de proximité ferment, des lignes de train locales ferment. La courbe du nombre de cheminots suit exactement celle du nombre d’infirmières et d’aides soignants ou de personnels non soignants des hôpitaux. Alors que le gouvernement dit faire sa priorité de la lutte contre le chômage, il ne cesse de supprimer des emplois publics qui sont pourtant indispensables et peu coûteux en termes de budget public. A l’inverse, il utilise les fonds publics d’une manière massive pour aider le secteur privé, que ce soit en faisant partout des travaux de bâtiment, que ce soit en aidant les trusts privés du médicament, que ce soit en aidant le secteur privé de santé, etc...

Dans le même temps, la SNCF découpe le service public du ferroviaire en entités plus petites capables d’être absorbées à terme par des investisseurs privés. Les gares ne font plus partie du même ensemble que les voies, la maintenance est à part, des tronçons de rail qui peuvent l’être sont gérés séparément. La SERNAM a été le premier exemple d’un secteur d’activité de la SNCF livré au privé. A chaque fois, tout est fait pour convaincre l’usager que tout va tellement mal dans le service public en question qu’il n’y aurait rien à perdre, ni pour les agents, ni pour les usagers. Même les morts font partie de la démonstration qu’il n’y aurait rien de pire que le public, rien de pire que de financer sur fonds publics la paie des fonctionnaires.

Et les gouvernements le justifient en prétendant que les problèmes de la dette de l’Etat proviendraient d’un trop plein de dettes de chaque service public alors qu’en réalité, c’est exactement l’inverse : c’est la crise du secteur privé capitaliste qui entraîne la dette publique. Par exemple, l’essentiel de la dette des hôpitaux provient des multiples faillites de la banque Dexia, qui détient une grande partie des prêts au secteur de santé publique. Ce sont les sommes colossales fournies par l’Etat aux banques, aux assurances, aux bourses, aux trusts automobiles ou du bâtiment, par exemple, qui ont ponctionné depuis 2007 et ponctionnent encore les fonds publics.

Les hôpitaux dans le rouge, comme la SNCF qui prétend faire un calcul prouvant que le TGV perd de l’argent (en dévalorisant le capital correspondant aux matériels des trains et en surévaluant le coût d’utilisation des lignes notamment) servent à prouver au grand public que l’on ne peut plus s’offrir des services publics de santé et de transport à la fois trop coûteux et trop peu efficaces. Il est extraordinaire qu’on veuille nous faire croire que le TGV serait moins rentable aujourd’hui que les lignes sont là et le matériel aussi et qu’elles l’étaient davantage quand il fallait les construire ! Le calcul de la direction de la SNCF qui souligne un déficit du secteur TGV est fondé sur des dépenses de la SNCF vis-à-vis du RFF qui sont tout ce qu’il y a d’arbitraire et sont d’autant plus absurdes que RFF et SNCF viennent de refusionner. L’autre élément qui fonde cette plus faible rentabilité prétendue est un autre calcul arbitraire : une modification de la valeur attribuée aux matériels roulants. Enfin, la SNCF pointe un moindre nombre de voyageurs. Or celui-ci est directement lié au choix de la SNCF de pratiquer des tarifs de plus en plus élevés, des prix dont l’augmentation n’est camouflée que par les tarifs à géométrie variable qui changent d’heure en heure et de jour en jour. Il n’est même plus possible de comparer le prix d’un trajet à celui qu’il coûtait autrefois, étant donné qu’il n’existe plus un prix de trajet TGV pour un parcours donné.

La démonstration est faite successivement par tous les gouvernements, de droite comme de gauche que le service public se dégrade sans qu’on voie clairement que ce sont les gouvernements qui pratiquent consciemment et volontairement une politique en vue de le dégrader. En effet, cette dégradation leur est nécessaire pour justifier d’aller vers la privatisation. La Santé et la SNCF étaient deux services publics particulièrement populaires auprès de la population dans un passé pas bien lointain et qui semble pourtant être d’une autre époque. Qui a vécu le temps des trains fonctionnant mieux qu’une horloge précise et de la Santé considérée comme la plus fiable au monde ?

Il est clair que ces gouvernants veulent du coup préparer l’opinion : ils ne voient pas fermer de but en blanc le service public, comme a été fermé le service public de télévision en Grèce, et qu’ils veulent préparer d’abord l’opinion. C’est ce que préconise un rapport du Conseil Economique, Social et Environnemental rédigé par Le Paon (devenu depuis secrétaire général de la CGT) : éviter de provoquer trop directement l’opinion publique favorable au maintien du service public du rail comme de celui de la santé. On sait que les gouvernements successifs ont été capables de privatiser de nombreux services publics ou de les privatiser à demi comme l’EDF, GDF, les Telecom, La Poste, etc. Mais les plus importants des services publics pour les usagers comme en termes d’effectifs du personnel et de réactivité sociale potentielle sont la SNCF et l’hôpital public.

On a donc commencé par casser l’image, dans l’opinion publique, des cheminots : au plus haut en 1995 et au plus bas aujourd’hui en faisant notamment croire que tous les disfonctionnements et ruptures du service public provenaient des grèves ou de la mauvaise volonté des agents. Une véritable campagne publique anti-cheminots a même été ouvertement déclenchée à l’occasion d’une grève dans la gare Saint-Lazare.

Les gouvernants font même courir des bruits que les cheminots feraient exprès de nuire à la régularité du service pour freiner des réformes nécessaires, afin de défendre leurs avantages catégoriels. Et périodiquement ces avantages catégoriels sont pointés et présentés comme scandaleux par des organismes officiels comme la Cour des Comptes, par les média ou par le gouvernement. On voudrait faire croire que ce sont les cheminots qui plomberaient les comptes de l’Etat qu’on ne s’y prendrait pas autrement ! Et, inversement, les gouvernements jouent le jeu suivant ; ils négocient avec les syndicats en leur disant en substance : vous laissez passer de petites réformes dans le sens de la privatisation et on ne touche pas aux avantages catégoriels… Ce chantage est généralement accepté par les centrales qui peuvent ainsi faire croire qu’elles ont sauvé les cheminots. Mais elles n’ont rien sauvé du tout : les salaires de base chutent inexorablement, les effectifs aussi, les conditions de travail se dégradent. Il en va de même dans le service public de santé où tous les personnels ressentent très durement la dégradation dans tous les domaines, dans tous les secteurs.

Bien sûr, le gouvernement de gauche a prétendu faire sien l’objectif d’un service public de santé mais il poursuit exactement la même politique que ses prédécesseurs qui consiste à fermer des hôpitaux, à fermer des maternités, à fermer des urgences, à diminuer tous les effectifs, à mettre les hôpitaux sous pression en se servant des comptes dans le rouge, à imposer l’intérêt des trusts pharmaceutiques à l’hôpital , à imposer l’intérêt des trusts de machines médicales, à imposer l’intérêt du secteur de bâtiment, en imposant partout des travaux, à imposer l’intérêt du secteur privé de santé, etc.

C’est ainsi que les intérêts privés des médecins libéraux se développent au sein même de l’hôpital public et aux dépens de celui-ci, en se servant de son matériel , de ses locaux, de ses personnels et lui faisant payer les charges, tout en payant des salaires aux médecins libéraux. C’est ainsi que les lobbys du médicament ont porte ouverte au sein de l’hôpital public, y tissent leur toile et transforment la santé publique en dépendance du profit des labos pharmaceutiques privés. L’Etat dérembourse massivement les médicaments, impose des génériques qui n’ont eu ni à faire de recherche ni à prouver la viabilité de leurs médicaments, tout cela pour faire mieux profiter les labos.

Parmi les mille et une manières d’introduire le privé au sein du public, on trouve le partenariat public-privé. La loi d’orientation et de programmation pour la sécurité intérieure du 29 août 2002 a utilisé ce mode contractuel en autorisant l’État à confier au secteur privé la construction et la maintenance d’immeubles utilisés par la police, la gendarmerie ou la défense nationale. La justice et le secteur hospitalier ont été les secteurs publics les plus utilisateurs de ce mode de financement. Le plan Hôpital 2007 a poursuivi cette tendance et, sur 24 opérations réalisées sous la forme d’un bail emphytéotique hospitalier, 4 opérations portent sur la réalisation d’un hôpital entièrement construit sous cette nouvelle procédure (on peut citer comme exemples l’hôpital sud-francilien à Evry, la cité sanitaire de Saint-Nazaire, l’hôpital Alpes-Leman à Annemasse, l’hôpital Pierre Oudot à Bourgoin Jailleu). Mais l’hôpital d’Evry est une belle démonstration de la catastrophe que ces partenariats représentent pour le public ! L’Etat est contraint de renoncer à ce partenariat et va devoir payer des lourdes de sommes pour s’en retirer après avoir perdu des sommes colossales du fait de cette arnaque….

Quand le public est commandé par des dirigeants au service du privé, cela signifie que ce sont les patrons eux-mêmes du secteur qui cassent leur propre outil de travail. Le patron de la SNCF, Pépi, lorsqu’il a obtenu le renouvellement de son mandat, n’a-t-il pas affirmé vouloir mettre les bouchées doubles pour aller vers la privatisation ? C’est quand même un comble que le chef d’un service public affiche ouvertement vouloir le casser !

Bien entendu, les salariés du public ne peuvent pas être les seuls à se battre pour la défense du service qui concerne toute la population travailleuse. Le rail et la santé ne sont pas les seuls concernés par l’attaque. Tous les services publics sont attaqués dont la recherche, l’enseignement, les crèches, les bibliothèques…

La lutte pour la défense du service public est une partie d’une lutte plus vaste pour la défense de la sécurité sociale, des retraites, contre la dégradation du code du travail, contre les baisses de salaires, contre les licenciements, contre les fermetures, contre les expulsions, contre les exclusions des plus démunis des comptes en banque, des accès à l’énergie, à la santé, au logement, pour le droit aux papiers pour tous. Seule une lutte d’ensemble comme celle de 1936 ou 1968 peut donner une réponse à une telle attaque et à condition qu’elle ne soit pas dirigée par les appareils syndicaux qui ont négocié tous ces reculs mais par les travailleurs eux-mêmes, par des comités de grève, coordonnés à l’échelle du pays.

Messages

  • Aux grands maux les grands remèdes. La Fédération hospitalière de France (FHF) a présenté jeudi un plan d’économies dans les dépenses de santé, de 5 à 7 milliards en cinq ans, sans fermeture d’hôpitaux mais avec une réduction des effectifs. La FHP fait ses propositions, qui touchent les hôpitaux mais aussi la médecine de ville, au moment où le gouvernement entend économiser 10 milliards d’euros sur l’assurance maladie.

  • Le traitement de la DMLA, grave maladie des yeux, a coûté l’année dernière 438 millions d’euros à l’assurance maladie, du fait que seul le traitement le plus cher, le Lucentis de Novartis, est autorisé. L’UFC-Que Choisir s’élève contre ce gâchis sur fond d’entente entre laboratoires et d’inertie des pouvoirs publics.

  • le professeur Bertrand Chevallier, pédiatre et chef du pôle pédiatrique hôpitaux de Paris et d’Ile-de-France-Ouest, a confirmé que le service d’oncologie pédiatrique de Garches sera transféré à l’hôpital Ambroise-Paré de Boulogne-Billancourt : « L’équipe médicale de Garches n’est pas suffisante et nous n’avons pas trouvé assez de candidats pour conserver le service. »

    Il veut néanmoins rassurer : « Je comprends la crainte des parents et la peur de l’inconnu. Mais nous nous engageons à ce que les enfants qui ont commencé le traitement avec le docteur Delépine le poursuivent de la même manière à Boulogne et que les médecins qui le souhaitent puissent continuer d’appliquer ces méthodes. Quant à ceux qui désirent être soignés dans d’autres hôpitaux, nous les aiderons, avec les agences régionales de santé, à trouver des services qui acceptent de traiter les jeunes patients avec des méthodes alternatives aux protocoles européens. »

  • On ferme !

    Les jours passent et les fermetures de services de santé publique s’égrènent régulièrement : fermeture de l’hôpital du Val-de-Grâce, menace de fermeture à l’Hôpital d’Orgelet (Jura), fermeture de l’hôpital d’Avranches-Granville (Normandie), menaces sur la réanimation à Draguignan, fermeture de la maternité de Criquebeuf (Honfleur), fermeture d’une aile de l’hôpital d’Angoulême, l’unité oncologique de Garches, la maternité de l’hôpital de Vitry, ainsi que des fermetures de lits un peu partout comme en pneumologie au CH de Dreux, etc, etc… Partout, des personnels et des patients vont être victimes de ces fermetures qui remettent en question la santé de proximité. La politique de diminution de l’offre de soins suit son cours, aux dépens de la santé publique. L’Etat prétend vouloir diminuer ses dépenses et il continue de distribuer des dizaines de milliards d’aides aux trusts, aux banques, aux financiers des bourses et qui est-ce qui les paie sinon la santé, la sécu, les retraites, les transports et l’éducation !

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