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La pandémie en Europe : un crime capitaliste

dimanche 15 novembre 2020, par Robert Paris

Plus de 300.000 décès dus au coronavirus en Europe : un crime du capitalisme contre l’humanité

Will Morrow- WSWS

Cette semaine, alors que le coronavirus continuait à se propager de manière incontrôlée, l’Europe a franchi le triste cap des 300.000 décès dus au COVID-19.

Pratiquement tous les pays européens font face maintenant à une résurgence du virus qui menace une fois de plus de submerger les systèmes de soins de santé et de tuer des centaines de milliers de personnes. En Italie, le pays le plus durement touché lorsque le virus a atteint le continent, des scènes identiques à celles qui se sont produites il y a tout juste huit mois se déroulent. Jeudi, 636 personnes supplémentaires sont mortes, contre 623 la veille, soit le nombre le plus élevé depuis le mois d’avril. Le nombre total d’infections dans le pays a dépassé le million mardi, et le nombre total de morts s’élève maintenant à 43.589.

Le système hospitalier du pays est au bord de l’effondrement. Mercredi, les patients atteints de coronavirus représentaient plus de 50 pour cent des patients dans neuf des 21 provinces. La part des patients atteints de COVID-19 avait atteint 75 pour cent en Lombardie, 92 pour cent au Piémont et 99 pour cent au Tyrol du Sud. Les ambulances font la queue devant les hôpitaux dans tout le pays en raison du manque de lits disponibles.

Contrairement à la première vague, où la pandémie était largement confinée au nord, le virus a déjà submergé un certain nombre de régions du Sud, plus pauvres. À Naples, une femme de 78 ans a attendu pendant 26 heures dans une ambulance avant de se faire admettre à l’hôpital cette semaine. Une vidéo largement diffusée sur Internet aurait montré un patient étendu mort dans une salle de bain d’un service hospitalier. Au cours du week-end, les infirmières de l’hôpital Catugno de Naples ont fourni de l’oxygène aux patients assis dans leur voiture.

« Nous sommes très près de ne plus pouvoir suivre. Je ne peux pas dire quand nous atteindrons la limite. Mais, ce jour n’est pas loin », a déclaré à l’Associated Press le Dr Luca Cabrini, qui dirige le service de soins intensifs de l’hôpital Circolo de Varèse. Leoluca Orlando, le maire de Palerme, a averti que sa ville et le reste de la Sicile risquaient de subir un « massacre annoncé ».

En France, 425 personnes sont mortes entre jeudi et vendredi. Plus de 10.000 personnes sont mortes depuis le début du mois d’octobre, et 42.960 depuis le début de la pandémie. Les 551 décès de lundi sont les plus nombreux en une seule journée depuis le pic de 613 le 6 avril. En Île-de-France, plus de 90 pour cent des lits de soins urgents sont occupés. En Auvergne-Rhône-Alpes, le nombre de lits d’urgence occupés a atteint 146 pour cent de la capacité officielle, les patients se font désormais transférer vers d’autres hôpitaux.

Le Royaume-Uni a enregistré 525 décès supplémentaires mercredi. Le bilan officiel maintenu par le gouvernement compte maintenant plus de 50.000 morts. Le chiffre réel est supérieur de plusieurs dizaines de milliers. L’Office britannique des statistiques nationales avait estimé à au moins 61.000 le nombre de décès à la fin du mois d’octobre.

En Espagne, il y a eu plus de 1,4 million de cas confirmés du virus et plus de 40.000 décès officiellement enregistrés, dont 356 entre jeudi et vendredi. Une étude publiée cette semaine dans la revue à accès libre PLOS ONE a indiqué que l’espérance de vie moyenne à la naissance a diminué de 0,9 an en Espagne entre 2019 et 2020 en raison de la pandémie. Dans trois régions (Les Asturies, Murcie et l’Andalousie), le nombre de décès quotidiens a dépassé le pic atteint en avril.

En Allemagne, que les médias bourgeois ont longtemps saluée comme un modèle dans la gestion de la crise, la situation devient de plus en plus incontrôlable. En raison de la politique d’ouverture de l’économie, les écoles sont devenues des lieux de reproduction du virus. Actuellement, plus de 300.000 élèves et environ 30.000 enseignants sont en quarantaine et le nombre d’infections quotidiennes (21.866 jeudi) et de cas aux soins intensifs (3.186) est plus élevé que jamais. Plus de 1.800 patients sont sous respirateur et luttent pour leur vie. Dans certaines villes et régions, il ne reste plus de lits de soins intensifs gratuits et le nombre de décès augmente.

Dans de nombreux petits pays, le nombre de décès par rapport à la population totale est parmi les plus élevés au monde. En Suisse, l’un des pays les plus riches d’Europe, avec une population d’environ 8,6 millions d’habitants, 94 personnes sont mortes entre jeudi et vendredi. Dans un pays de la taille des États-Unis, cela équivaudrait à plus de 3.000 décès en un jour.

Comment cette situation a-t-elle pu se produire, huit mois seulement après le premier pic du virus sur le continent ? Les premiers confinements ont eu lieu en mars, après que des grèves spontanées en Italie et en Espagne aient forcé les gouvernements à prendre des mesures pour endiguer la propagation du virus, par crainte d’une révolte populaire contre leur indifférence à la mort de milliers de personnes.

La classe dirigeante européenne a alors délibérément adopté une politique, sachant qu’elle entraînerait des centaines de milliers de morts. Ces morts ne sont pas inévitables. Elles constituent un crime contre l’humanité perpétré par la classe capitaliste et ses représentants politiques.

L’Union européenne a profité de l’occasion offerte par les confinements pour faire passer deux mille milliards d’euros pour renflouer les entreprises. Les mesures de confinement ont massivement réduit la propagation du virus. Mais, l’élite au pouvoir a conclu qu’un confinement qui arrêtait la production et qui réduisait les profits des entreprises était inacceptable, quel que soit le nombre de décès qui résulterait de la levée des restrictions. En Europe et aux États-Unis, les gouvernements ont rouvert prématurément les lieux de travail non essentiels, remettant au travail des dizaines de millions de personnes afin de produire un flux continu de profits. Cela a permis au virus de continuer à se propager.

En juillet déjà, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait averti que la résurgence du virus pouvait être observée dans toute l’Europe. Cependant, rien n’a été fait.

Le premier ministre français Jean Castex a exprimé très clairement le point de vue de l’élite dirigeante lorsqu’il a déclaré le même mois qu’un confinement « arrête la propagation de la pandémie, bien sûr, mais d’un point de vue économique et social, c’est un désastre ».

Au début du mois d’octobre, alors que les autorités médicales avertissaient publiquement d’un effondrement imminent du système de soins de santé, les gouvernements ont décrété un verrouillage partiel, mais ont gardé ouvertes les entreprises non essentielles. Les écoles sont également ouvertes. Le système éducatif public est utilisé comme un service de garde d’enfants, jusqu’à 35 élèves étant entassés dans les salles de classe, de sorte que les parents soient contraints de rester au travail.

Cette semaine, l’association des médecins italiens a publiquement demandé un confinement total dans toute l’Italie. Cependant, le premier ministre Giuseppe Conte a répondu à La Stampa mercredi qu’« une fermeture généralisée ne devrait pas être le premier choix – les coûts seraient trop élevés ».

En d’autres termes, alors qu’un verrouillage pourrait sauver un nombre incalculable de vies, les « coûts » – c’est-à-dire l’impact sur les profits de la grande entreprise – sont inacceptables. En ce qui concerne l’élite dirigeante, si des personnes âgées et des infirmes meurent et permettent de nouvelles réductions des pensions et des soins de santé, cela doit être considéré comme quelque chose de positif.

La réponse à la pandémie ne peut être laissée aux mains de la classe capitaliste. Contre sa politique de profits et de mort, la classe ouvrière doit intervenir pour lutter pour une réponse scientifique à la crise.

Les Partis de l’égalité socialiste réclament la formation, dans chaque école et lieu de travail en Europe, de comités de sécurité de base, indépendants des syndicats, qui ont aidé les gouvernements à mettre en œuvre leur politique de réouverture dans tous les pays. Ces comités fourniraient le moyen d’organiser une grève générale à l’échelle européenne pour imposer la fermeture des écoles et des activités économiques non essentielles et permettre aux travailleurs de rester en sécurité chez eux.

Des ressources massives doivent être investies pour assurer un niveau de vie élevé à tous pendant toute la durée de la pandémie, y compris les ressources nécessaires pour maintenir l’apprentissage en ligne pour les étudiants. L’affirmation selon laquelle l’argent n’existe pas pour de telles mesures est un mensonge patent. Depuis le début de la pandémie, les gouvernements de l’UE ont versé des milliers de milliards d’euros aux banques et aux entreprises pour les renflouer. Les ressources existent, mais elles sont monopolisées par l’oligarchie financière.

Il faut exproprier les fortunes des riches et transformer les grandes entreprises en services publics, contrôlés démocratiquement par la classe ouvrière, dans le cadre d’une réorganisation socialiste de la vie économique sur la base de la nécessité sociale et non du profit privé. Cela signifie la lutte de la classe ouvrière à travers l’Europe pour prendre le pouvoir politique et construire les États unis socialistes d’Europe.

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