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Les grandes usines brésiliennes ferment massivement

lundi 5 avril 2021, par Robert Paris

Des secteurs entiers comme l’Automobile, la Viande, le Poulet s’effondrent au Brésil...

L’économie du Brésil s’effondre...

https://www.challenges.fr/economie/coronavirus-au-bresil-risque-d-effondrement-de-l-economie-ministre_709310

« Le Brésil est en faillite, je ne peux rien faire », déclare Jair Bolsonaro

https://www.lapresse.ca/affaires/economie/2021-01-05/le-bresil-est-en-faillite-je-ne-peux-rien-faire-declare-jair-bolsonaro.php

Le Brésil pourrait être confronté dans un mois à un « effondrement de (son) économie », avec des pénuries alimentaires, et à une « désintégration » sociale, a averti jeudi le ministre de l’Economie Paulo Guedes

https://www.leparisien.fr/international/coronavirus-le-bresil-craint-l-effondrement-de-son-economie-08-05-2020-8313144.php

L’Oréal va fermer l’une de ses usines brésiliennes :

https://fr.fashionnetwork.com/news/L-oreal-va-fermer-l-une-de-ses-usines-bresiliennes,860614.html

Au Brésil, Ford ferme ses usines :

https://www.courrierinternational.com/article/bresil-ford-ferme-une-usine-toute-une-ville-seteint-picto-reportage

La production de Volkswagen suspendue au Brésil :

https://www.capital.fr/entreprises-marches/covid-19-la-production-de-volkswagen-suspendue-au-bresil-1397652

Plus d’un demi-million d’entreprises brésiliennes ont fermé jusqu’en juin en raison de la pandémie :

https://www.efe.com/efe/america/economia/mas-de-medio-millon-empresas-brasilenas-cerraron-hasta-junio-por-la-pandemia/20000011-4298554

Les constructeurs automobiles interrompent la production dans 18 usines au Brésil

Brunna Machado - WSWS

Cette semaine, 10 constructeurs automobiles brésiliens – Volkswagen, Volkswagen Trucks and Buses, Mercedes-Benz, General Motors, Nissan, Toyota, Renault, Volvo, Scania et Honda – ont suspendu totalement ou partiellement leur production, renvoyant plus de 50.000 travailleurs chez eux pour des périodes allant de cinq à quinze jours, selon l’usine.
La fermeture était une initiative des entreprises elles-mêmes qui a été présentée, en pleine pandémie incontrôlée dans le pays, comme un effort pour lutter contre le COVID-19. Le Brésil a enregistré jusqu’à présent plus de 320.000 décès dus au COVID-19, avec un record de 3.869 décès mercredi. Le mois de mars a été le plus meurtrier de toute la pandémie.

Premier à annoncer sa fermeture, Volkswagen, qui emploie environ 15.000 travailleurs dans le pays, a déclaré qu’il suspendrait la production dans ses quatre usines pendant 12 jours « afin de préserver la santé de ses employés et de leurs familles ». Les directions de Mercedes-Benz, Scania, Nissan, Renault et Honda ont fait des annonces similaires.

Mais il y a d’autres raisons qui poussent des entreprises valant des milliards comme celles-ci à interrompre leur production, et la première sur leur liste n’est certainement pas la « santé de leurs employés ».
Tout d’abord, il est important de souligner que ces mesures ont été prises exclusivement dans l’industrie automobile, qui subit une profonde restructuration de la production, avec des réductions substantielles de la main-d’œuvre dans tous les pays, et qui fait face actuellement à des pénuries de pièces dans différentes parties du monde.

Un article paru le 18 mars dans Folha de São Paulo rapporte que l’usine Honda de Sumaré, dans l’État de São Paulo, qui emploie un millier de travailleurs, a été le premier constructeur automobile à arrêter sa production par manque de circuits électroniques. La production avait déjà été interrompue pendant une semaine en février et pendant 10 jours en mars, et cette semaine elle a été arrêtée de nouveau.
D’autres entreprises, telles que Toyota, Volkswagen, Renault, Volvo et Mercedes-Benz, avaient déjà arrêté ou réduit leur production. Selon le même rapport, Volkswagen Trucks and Buses (VWCO) a gardé des véhicules inachevés dans le lot en attendant des pièces, et lorsque les pièces sont arrivées, les employés ont dû faire des heures supplémentaires pour terminer le travail. Aujourd’hui, VWCO a décidé de fermer complètement l’usine du 29 mars au 4 avril et de renvoyer ses 3.500 travailleurs à la maison.

Volvo, qui a suivi ses concurrents en adoptant le prétexte de la lutte contre la pandémie, était l’une des seules compagnies à admettre que cette mesure était également due à l’instabilité de la chaîne d’approvisionnement en pièces. Son usine de Curitiba, dans l’État du Paraná, n’était pas totalement paralysée, mais la production a été réduite au cours des huit derniers jours, avec environ 2.000 travailleurs en moins.

C’est clair que les entreprises ont fait un calcul. Prévoyant la nécessité de nouveaux arrêts en raison de l’instabilité de la chaîne de production ainsi que des réductions imposées par leurs propres plans de restructuration, beaucoup, si ce n’est la totalité, d’entre elles ont profité des conditions épidémiques pour justifier leurs fermetures comme un acte bienveillant dans l’intérêt de leurs travailleurs. C’était, en même temps, un moyen d’empêcher une action de la classe ouvrière en réponse aux infections croissantes dans les usines.

Dans le complexe industriel ABC, à São Paulo, qui compte actuellement cinq usines fermées (Mercedes, Volks, Scania, Toyota et GM, pour un total d’environ 30.000 travailleurs), le syndicat des métallurgistes (SMABC) a présenté l’arrêt de la production comme un résultat de ses négociations avec les entreprises.

Il y a quelques semaines, alors que la pandémie s’aggravait dans le pays et notamment à São Paulo, le syndicat a été critiqué par des travailleurs témoins d’une augmentation des décès parmi leurs collègues.

Sur la page Facebook du CSE (Comité syndical d’entreprise) de Mercedes, qui est une branche du SMABC, un travailleur a commenté la nouvelle du décès d’un collègue :

« C’est très triste de voir … de nombreuses personnes infectées à l’intérieur de l’entreprise et qu’on continue de prétendre que tout vient de l’extérieur. Est-ce une coïncidence si le même département [de l’usine] compte plus de six personnes infectées, venant toutes de l’extérieur ? Combien d’autres devront mourir pour que quelqu’un réagisse ? Beaucoup de gens vont au travail avec la peur de se faire infecter et de contaminer quelqu’un en rentrant chez eux qui pourrait être plus à risque. Mais l’entreprise n’est intéressée qu’à la production, parce qu’à l’intérieur, nous ne sommes qu’un numéro de plus qui est mort et ils vont en mettre un nouveau à notre place. Mais on ne peut pas remplacer un membre de sa famille ».

D’autres travailleurs ont mis en garde contre l’absence de mesures préventives de base. « Le désinfectant pour les mains manque dans de nombreux distributeurs ; celui de ma zone de loisirs, par exemple, n’a vu de l’alcool qu’au moment d’être installé », commente l’un d’eux. « Allez à 11 heures dans la cafétéria et vous verrez l’affluence. Une invitation à la contagion », a déclaré un autre.

« Il est plus que temps pour le syndicat d’organiser une fermeture de l’usine. L’année dernière, quand la situation n’était pas à ce niveau, on avait des [vacances] collectives et une alternance bimensuelle des employés… Maintenant que nous sommes dans un scénario bien pire, nous travaillons tous normalement ! » a déclaré un autre travailleur.
Ces commentaires émanent des travailleurs de l’usine Mercedes de São Bernardo do Campo, qui a déjà enregistré six décès d’employés, dont quatre pour le seul mois de mars. Selon le Diário do Grande ABC, l’usine est la deuxième de la région pour le nombre d’infections. Avec un effectif total de 8.500 personnes, Mercedes-Benz comptait 1.447 travailleurs infectés (17 pour cent).

Le premier sur la liste est Volkswagen, avec 1.560 infections, soit 18,3 pour cent des quelque 8.500 employés. Elle avait enregistré cinq décès jusqu’au 21 mars. Chez Scania, 761 personnes, soit 19 pour cent des quelque 4.000 employés, ont été contaminées, et une personne est décédée. Chez Toyota, 137 personnes ont été infectées, soit 9,1 pour cent des 1.500 employés.

Cherchant à minimiser les conditions d’insécurité dans les usines d’assemblage, dont le taux d’infection est trois fois supérieur à la moyenne nationale, le président de la SMABC, Wagner Santana, a déclaré au Diário do Grande ABC que cette différence était due au fait que les constructeurs automobiles avaient testé 100 pour cent de leurs employés et que, s’il y avait des tests de masse dans le pays, la moyenne nationale serait égale ou supérieure à celle des usines. Un travailleur de GM dans la section des commentaires a furieusement réfuté cet argument. Il a dit : « On a testé cent pour cent des ouvriers ? Je travaille dans une usine d’assemblage et cela ne s’est pas produit ! ».
L’effort du responsable syndical pour protéger l’entreprise est allé encore plus loin. Il a fait écho aux affirmations des dirigeants capitalistes : il a laissé entendre que les travailleurs sont infectés à la maison ou dans la rue, et non sur le lieu de travail.

« Peu importe à quel point [les usines automobiles] présentent le sentiment d’être très sûres, puisqu’elles font vraiment tout ce qui est possible pour rendre l’environnement de travail plus sûr, encore plus si on compare à quelqu’un qui travaille dans un magasin… et doit prendre un bus bondé pour s’y rendre, le travailleur n’est pas en sécurité. D’autant plus qu’il ne vit pas dans l’usine de montage. Il circule. Il rentre chez lui, chez sa famille, il va au supermarché », a fait valoir Santana.

La loyauté des syndicats envers les constructeurs automobiles – explicitement exprimée par Santana – est fondamentale pour garantir que la réponse à la pandémie reste subordonnée aux intérêts des groupes capitalistes transnationaux qui contrôlent ces entreprises. Les conditions de l’arrêt de la production le soulignent : les entreprises considèrent les jours non travaillés comme des jours de « congé » à être ultérieurement repris aux travailleurs.

Certaines de ces entreprises comptent également sur le calendrier des jours fériés municipaux. Pour tenter de contrer la propagation catastrophique de la pandémie, plusieurs villes ont reprogrammé les jours fériés afin de créer une période de 10 jours de congé consécutifs, à partir de cette semaine. D’autres entreprises ont choisi d’accorder des vacances collectives à leurs employés. Dans ce cas, les travailleurs n’auront pas à rattraper des jours de travail, mais ils ont perdu leur droit de choisir leur période de vacances.

De plus, la période établie pour ces fermetures est totalement insuffisante pour contribuer réellement à la lutte contre la pandémie. Dans la plupart des usines, le travail reprendra le 6 avril. Au rythme actuel de la pandémie au Brésil, avec des moyennes quotidiennes de plus de 75.000 nouvelles infections et de plus de 3.000 décès, c’est impossible que la situation soit maîtrisée en moins d’une semaine ; en fait, on s’attend à ce qu’elle soit pire. En d’autres termes, les travailleurs seront à nouveau infectés dans les environnements peu sûrs des usines, et les décès augmenteront à nouveau.
Les travailleurs de l’automobile de toute l’industrie doivent rejeter ce chemin de la mort avec une grève qui empêche leur retour au travail. Ensemble, ils doivent exiger le paiement intégral de leurs salaires pendant que l’isolement est nécessaire. Tous les coûts doivent être payés à même les profits accumulés par les constructeurs automobiles, et non par des licenciements ou des heures supplémentaires.
Cette politique ne peut être mise en œuvre que par la formation de comités de la base, indépendants des syndicats. Ces comités devraient lancer un appel à toutes les sections de la classe ouvrière pour une grève générale afin d’arrêter la pandémie, arrêter toute activité non essentielle et garantir un revenu complet à toutes les familles ouvrières.

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