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Lutte Ouvrière nie l’existence d’un impérialisme chinois

mercredi 16 novembre 2022

Lutte ouvrière a publié récemment sur son site une courte video sur la Chine : Après le XXème congrès du Parti Communiste Chinois .

Cette video est placée en « tête de gondole », à la une du site, à côté de la série des video où ce sont toujours N. Arthaud et J-P Mercier qui s’expriment.

Cette video a à notre avis peu d’intérêt. Elle est d’un niveau très bas bien que rappelant des faits intéressants, se résumant à rappeler que la Chine n’est pas un pays communiste mais un pays capitaliste. C’est certes bon à rappeler, mais proposer cette video à des jeunes ou travailleurs qui découvrent la politique et le marxisme est rendu difficile par la fin de la video, qui nie l’existence d’un impérialisme chinois, mais surtout aborde la question de façon confuse, se contentant de dire (à juste titre) que la Chine ne se prépare pas à envahir le monde. L’armée française non plus, il y a pourtant bien un impérialisme français

Plus précisément, à la question « Y a-t-il un impérialisme chinois ? » la réponse du « spécialiste » X (on ne sait pas qui il est ou au nom de qui il parle, ce qui sous-entend qu’il exprime une position de LO) est NON.

Premièrement X ne répond pas : il explique, à juste titre, que la puissance militaire de la Chine n’est pas l’égal de celle des USA. Comme si, un pays, pour être qualifié d’impérialiste, devait être d’une puissance militaire égale à celle des USA.

Notons le comique de cet argument de LO, qui confond ici impérialisme capitalisme avec impérialisme militaire antique, après avoir fait la leçon au NPA à ce sujet concernant la guerre en Ukraine dans cet article

L’impérialisme capitaliste d’un pays est caractérisé entre autres par la suraccumulation du capital à l’échelle nationale, ce qui pousse à l’exportation des capitaux.
Ainsi, la Chine « pays capitaliste » qui exploite des « centaines de millions d’ouvriers » (nous citons monsieur X), ne prend pas le chemin de l’impérialisme ? Cela pose un problème à la théorie de Lénine !

Or la Chine exporte des milliards de dollars de capitaux, par exemple sous la forme d’achat de la dette américaine. L’article que nous reproduisons ci-dessous expose bien le mécanisme fondamental sous-tendu par cette politique : le Yuan chinois est la devise pour les salaires de la plus grande classe ouvrière du monde ; il faut donc que ce Yuan reste faible. La seule façon est pour la bourgeoise chinoise de convertir immédiatement en dollars ses profits. Plus de milles milliards de dollars, ce sont les avoirs de la Chine en bons du Trésor US. Ce mécanisme est un des cycles fondamentaux du capital financier actuel. La crise bancaire américaine de 2008 menaçait de faire partir en fumée ces avoirs chinois, cette question ne peut être négligée dans l’analyse de l’impérialisme actuel.

Cet achat permanent massif de bons du trésor US n’est pas une exportation de capitaux ? Monsieur X aurait au moins dû évoquer cette question.

Avant de citer l’article économique, constatons en conclusion que pour LO ni la Chine ni la Russie ne sont des puissances impérialistes, la France étant quant à elle un impérialisme négligeable. Cela commence à faire beaucoup !

LO abandonne en fait peu à peu la théorie de l’impérialisme de Lénine, en se donnant l’air d’en être le dernier de défenseurs.

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source

Pourquoi la Chine achète de la dette américaine avec des bons du Trésor

La Chine a accumulé régulièrement des titres du Trésor américain au cours des dernières décennies. En octobre 2021, la nation asiatique possédait 1 065 billions de dollars, soit environ 3,68 %, de la dette nationale américaine de 28,9 billions de dollars, ce qui est plus que tout autre pays étranger à l’exception du Japon. Alors que la guerre commerciale entre les deux économies s’intensifie, les dirigeants des deux côtés cherchent un arsenal financier supplémentaire.

Certains analystes et investisseurs craignent que la Chine ne se débarrasse de ces bons du Trésor en représailles et que cette militarisation de ses avoirs fasse monter les taux d’intérêt, ce qui pourrait nuire à la croissance économique. Cet article traite de l’activité derrière l’achat continu de la dette américaine par la Chine.

Points clés à retenir

La Chine investit massivement dans les bons du Trésor américain pour maintenir ses prix à l’exportation plus bas.
La Chine se concentre sur une croissance tirée par les exportations pour aider à créer des emplois.
Pour maintenir ses prix à l’exportation bas, la Chine doit maintenir sa monnaie, le renminbi (RMB), faible par rapport au dollar américain.
La Chine choisit les bons du Trésor américain dans lesquels investir, par rapport à l’immobilier, aux actions et à la dette d’autres pays, en raison de leur sécurité et de leur stabilité.
Bien que l’on craigne que la Chine vende la dette américaine, ce qui entraverait la croissance économique, cela pose également un risque pour la Chine, ce qui rend peu probable que cela se produise.

Économie chinoise

La Chine est avant tout une plaque tournante de la fabrication et une économie axée sur les exportations. Les données commerciales du US Census Bureau montrent que la Chine enregistre un important excédent commercial avec les États-Unis depuis 1985. Cela signifie que la Chine vend plus de biens et de services aux États-Unis que les États-Unis n’en vendent à la Chine.

Les exportateurs chinois reçoivent des dollars américains (USD) pour leurs marchandises vendues aux États-Unis, mais ils ont besoin de renminbi (RMB ou yuan) pour payer leurs travailleurs et stocker de l’argent localement. Ils vendent les dollars qu’ils reçoivent grâce aux exportations pour obtenir du RMB, ce qui augmente l’offre en USD et augmente la demande de RMB.

La banque centrale de Chine, la Banque populaire de Chine (PBOC), a mené des interventions actives pour empêcher ce déséquilibre entre le dollar américain et le yuan sur les marchés locaux. Il achète les dollars américains excédentaires disponibles aux exportateurs et leur donne le yuan requis. PBOC peut imprimer des yuans au besoin. En effet, cette intervention de la PBOC crée une pénurie de dollars américains, ce qui maintient les taux USD plus élevés. La Chine accumule donc des USD comme réserves de change.

Flux de devises à correction automatique

Le commerce international qui implique deux devises a un mécanisme d’autocorrection. Supposons que l’Australie enregistre un déficit du compte courant (c’est-à-dire que l’Australie importe plus qu’elle n’exporte, comme dans le scénario 1). Les autres pays qui envoient des marchandises en Australie sont payés en dollars australiens (AUD), il y a donc une énorme offre d’AUD sur le marché international, ce qui conduit l’AUD à se déprécier par rapport aux autres devises.

Cependant, cette baisse de l’AUD rendra les exportations australiennes moins chères et les importations plus coûteuses. Progressivement, l’Australie commencera à exporter davantage et à importer moins, en raison de sa monnaie de moindre valeur. Cela inversera finalement le scénario initial (scénario 1 ci-dessus). Il s’agit du mécanisme d’autocorrection qui se produit régulièrement sur les marchés internationaux du commerce et des changes, avec peu ou pas d’intervention d’aucune autorité.

La Chine a besoin d’un renminbi faible

La stratégie de la Chine est de maintenir une croissance tirée par les exportations, ce qui contribue à la création d’emplois et lui permet, grâce à une telle croissance continue, de maintenir sa grande population engagée de manière productive. Cette stratégie étant tributaire des exportations (dont 18 % vers les États-Unis en 2021), la Chine a besoin du RMB pour continuer à avoir une devise plus basse que l’USD, et ainsi proposer des prix moins chers.

Si la PBOC cessait d’intervenir – de la manière décrite précédemment – ​​le RMB se corrigerait automatiquement et prendrait de la valeur, rendant ainsi les exportations chinoises plus coûteuses. Elle conduirait à une crise majeure du chômage due à la perte d’activité à l’export.

La Chine veut garder ses produits compétitifs sur les marchés internationaux, et cela ne peut pas se produire si le RMB s’apprécie. Il maintient ainsi le RMB bas par rapport à l’USD en utilisant le mécanisme qui a été décrit. Cependant, cela conduit à un énorme empilement d’USD en tant que réserves de change pour la Chine.

Stratégie PBOC et inflation chinoise

Bien que d’autres pays à forte intensité de main-d’œuvre et axés sur l’exportation, tels que l’Inde, mettent en œuvre des mesures similaires, ils ne le font que dans une mesure limitée. L’un des défis majeurs résultant de l’approche qui a été décrite est qu’elle conduit à une inflation élevée.

La Chine exerce un contrôle étroit et dominé par l’État sur son économie et est capable de gérer l’inflation grâce à d’autres mesures telles que les subventions et le contrôle des prix. D’autres pays n’ont pas un niveau de contrôle aussi élevé et doivent céder aux pressions du marché d’une économie libre ou partiellement libre.

Utilisation par la Chine des réserves en dollars américains

La Chine disposait d’environ 3,2 billions de dollars de réserves de change en novembre 2021. Comme les États-Unis, il exporte également vers d’autres régions comme l’Europe. L’euro constitue la deuxième plus grande tranche des réserves de change chinoises. La Chine doit investir des stocks aussi énormes pour gagner au moins le taux sans risque. Avec des milliers de milliards de dollars américains, la Chine a trouvé dans les titres du Trésor américain la destination d’investissement la plus sûre pour les réserves de change chinoises.

Plusieurs autres destinations d’investissement sont disponibles. Avec des réserves d’euro, la Chine peut envisager d’investir dans la dette européenne. Il est possible que même des stocks de dollars américains puissent être investis pour obtenir des rendements comparativement meilleurs de la dette en euros.

Cependant, la Chine reconnaît que la stabilité et la sécurité des investissements ont la priorité sur tout le reste. Bien que la zone euro existe depuis environ 18 ans maintenant, elle reste toujours instable. Il n’est même pas certain que la zone euro (et l’euro) continueront d’exister à moyen et long terme. Un échange d’actifs (dette US contre dette euro) n’est donc pas recommandé, surtout dans les cas où l’autre actif est considéré comme plus risqué.

D’autres classes d’actifs comme l’immobilier, les actions et les bons du Trésor d’autres pays sont beaucoup plus risquées par rapport à la dette américaine. L’argent de réserve du Forex n’est pas de l’argent de rechange à parier dans des titres risqués faute de rendements plus élevés.

Une autre option pour la Chine est d’utiliser les dollars ailleurs. Par exemple, les dollars peuvent être utilisés pour payer les pays du Moyen-Orient pour l’approvisionnement en pétrole. Cependant, ces pays devront également investir les dollars qu’ils reçoivent. En effet, en raison de l’acceptation du dollar comme monnaie du commerce international, toute offre de dollar réside finalement dans la réserve de devises d’une nation ou dans l’investissement le plus sûr : les titres du Trésor américain.

Une autre raison pour laquelle la Chine achète continuellement des bons du Trésor américain est la taille gigantesque du déficit commercial des États-Unis avec la Chine. Le déficit mensuel est d’environ 25 à 35 milliards de dollars, et avec cette grosse somme d’argent en jeu, les bons du Trésor sont probablement la meilleure option disponible pour la Chine. L’achat de bons du Trésor américain améliore la masse monétaire et la solvabilité de la Chine. La vente ou l’échange de ces bons du Trésor annulerait ces avantages.

Impact de l’achat de la dette américaine par la Chine

La dette américaine offre le paradis le plus sûr pour les réserves de change chinoises, ce qui signifie en fait que la Chine offre des prêts aux États-Unis afin que les États-Unis puissent continuer à acheter les biens produits par la Chine.

Par conséquent, tant que la Chine continuera d’avoir une économie axée sur les exportations avec un énorme excédent commercial avec les États-Unis, elle continuera à accumuler des dollars américains et une dette américaine. Les prêts chinois aux États-Unis, via l’achat de dette américaine, permettent aux États-Unis d’acheter des produits chinois. C’est une situation gagnant-gagnant pour les deux nations, les deux bénéficiant mutuellement. La Chine obtient un énorme marché pour ses produits et les États-Unis bénéficient des prix économiques des produits chinois. Au-delà de leur rivalité politique bien connue, les deux nations (volontairement ou non) sont enfermées dans un état d’interdépendance dont les deux bénéficient et qui est susceptible de perdurer.

USD comme devise de réserve

En effet, la Chine achète la « monnaie de réserve » actuelle. Jusqu’au 19ème siècle, l’or était la norme mondiale pour les réserves. Il a été remplacé par la livre sterling britannique. Aujourd’hui, ce sont les bons du Trésor américain qui sont considérés comme pratiquement les plus sûrs.

Outre la longue histoire de l’utilisation de l’or par plusieurs nations, l’histoire fournit également des cas où de nombreux pays disposaient d’énormes réserves de livres sterling (GBP) à l’époque de l’après-guerre. Ces pays n’avaient pas l’intention de dépenser leurs réserves de livres sterling ou d’investir au Royaume-Uni, mais conservaient la livre sterling uniquement comme réserves sûres.

Cependant, lorsque ces réserves ont été vendues, le Royaume-Uni a été confronté à une crise monétaire. Son économie s’est détériorée en raison de l’offre excédentaire de sa devise, entraînant des taux d’intérêt élevés. La même chose arrivera-t-elle aux États-Unis si la Chine décide de se débarrasser de sa dette américaine ?

Il convient de noter que le système économique dominant après la Seconde Guerre mondiale obligeait le Royaume-Uni à maintenir un taux de change fixe. En raison de ces restrictions et de l’absence d’un système de taux de change flexible, la vente des réserves de livres sterling par d’autres pays a eu de graves conséquences économiques pour le Royaume-Uni.

Cependant, étant donné que le dollar américain a un taux de change variable, toute vente par un pays détenant une énorme dette américaine ou des réserves en dollars déclenchera l’ajustement de la balance commerciale au niveau international. Les réserves américaines déchargées par la Chine se retrouveront avec une autre nation ou reviendront aux États-Unis
Répercussions

Les répercussions pour la Chine d’un tel délestage seraient pires. Une offre excédentaire de dollars américains conduirait à une baisse des taux en dollars américains, faisant grimper les valorisations du RMB. Cela augmenterait le coût des produits chinois, leur faisant perdre leur avantage concurrentiel en matière de prix. La Chine n’est peut-être pas disposée à le faire, car cela n’a pas de sens économique.

Si la Chine (ou tout autre pays ayant un excédent commercial avec les États-Unis) cessait d’acheter des bons du Trésor américain ou commençait même à vider ses réserves de change américaines, son excédent commercial deviendrait un déficit commercial, ce qu’aucune économie orientée vers l’exportation ne voudrait, comme elle le ferait. être pire en conséquence.

Les inquiétudes persistantes concernant la détention accrue de la Chine dans les bons du Trésor américain ou la crainte que Pékin les jette ne sont pas justifiées. Même si une telle chose se produisait, les dollars et les titres de créance ne disparaîtraient pas. Ils atteindraient d’autres coffres.

Perspective de risque pour les États-Unis

Bien que cette activité continue ait conduit la Chine à devenir un créancier des États-Unis, la situation des États-Unis n’est peut-être pas si mauvaise. Compte tenu des conséquences que la Chine subirait de la vente de ses réserves américaines, la Chine (ou tout autre pays) s’abstiendra probablement de telles actions.

Même si la Chine procédait à la vente de ces réserves, les États-Unis, étant une économie libre, peuvent imprimer n’importe quel montant de dollars selon leurs besoins. Il peut également prendre d’autres mesures comme l’assouplissement quantitatif (QE). Bien que l’impression de dollars réduirait la valeur de sa monnaie, augmentant ainsi l’inflation, cela jouerait en fait en faveur de la dette américaine. La valeur de remboursement réelle baissera proportionnellement à l’inflation, ce qui est bon pour le débiteur (États-Unis), mais mauvais pour le créancier (Chine).

Bien que le déficit budgétaire américain ait augmenté, le risque de défaut des États-Unis sur sa dette reste pratiquement nul (sauf décision politique en ce sens). En effet, les États-Unis pourraient ne pas avoir besoin que la Chine rachète continuellement sa dette ; la Chine a plutôt besoin des États-Unis pour assurer sa prospérité économique continue.

Perspective de risque pour la Chine

La Chine, quant à elle, doit se préoccuper de prêter de l’argent à une nation qui a également le pouvoir illimité de l’imprimer pour n’importe quel montant. Une inflation élevée aux États-Unis aurait des effets négatifs pour la Chine, car la valeur réelle du remboursement à la Chine serait réduite en cas d’inflation élevée aux États-Unis

Volontairement ou non, la Chine devra continuer à acheter de la dette américaine pour assurer la compétitivité des prix de ses exportations au niveau international.

La ligne de fond

Les réalités géopolitiques et les dépendances économiques conduisent souvent à des situations intéressantes sur la scène mondiale. L’achat continu de dette américaine par la Chine est l’un de ces scénarios intéressants. Cela continue de susciter des inquiétudes quant au fait que les États-Unis deviennent un pays débiteur net, sensible aux exigences d’un pays créancier. La réalité, cependant, n’est pas aussi sombre qu’il y paraît, car ce type d’arrangement économique est en fait un gagnant-gagnant pour les deux nations.

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