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Lutte Ouvrière dans l’Union sacrée : "nous sommes attachés à notre pays (...) Oui, quand on est attaqué, il faut se défendre."

vendredi 22 mars 2024

La citation du titre est extraite de l’éditorial du 18 mars 2023 Pour les travailleurs, l’ennemi à combattre, ce sont leurs exploiteurs par Nathalie Arthaud.

Une erreur ?

Oui, dans un éditorial dont le titre et le contenu portent sur la guerre, dans un contexte où la question de la guerre en Ukraine et l’implication de la France font la une des journaux, écrire de telles phrases est à notre avis une grossière erreur quand l’on se prétend trotskyste. Car elles apparaissent comme l’apologie de l’Union sacrée, sous le prétexte de guerres défensives. Le thème "guerre défensive=guerre juste" est l’axe de la propagande de l’impérialisme français pour nous faire approuver son engagement contre la Russie.

De plus les travailleurs subissent-ils des attaques systématiques sur le fait qu’ils n’aimeraient pas leur pays ? Pas du tout. Ou alors de maière indirecte à travers la propagande anti-musulmane. Mais L0 n’aborde absolument pas ce sujet dans son édito. Alors pourquoi affirmer "nous sommes attachés à notre pays" ?

Les éditoriaux de LO, qui tiennent en général en moins de 800 mots, tiennent plus de l’agitation que de la propagande. Dans ce cas chacune des phrases peut tenir lieu de slogan, être citée, reprise par des alliés ou des ennemis du prolétariat. Toute phrase qui peut être interprétée comme patriotique est inacceptable, sauf si l’on veut se faire bien voir des staliniens.

Par exemple la phrase complète de N. Arthaud :

Bien sûr, nous sommes attachés à notre pays, ne serait-ce que parce que nous y vivons et y avons construit des liens familiaux ou amicaux et des souvenirs

sous couvert de "bon sens" a des relents patriotoques.

Un révolutionnaire ayant suivi une formation marxiste de niveau élémentaire écrirait par exemple, s’appuyant sur le "bon sens" pour en tirer un slogan révolutionnaire : Bien sûr, nous sommes attachés à notre pays, ne serait-ce que parce que nous y vivons et y avons construit des liens familiaux ou amicaux et des souvenirs, mais comme nous l’a appris Blanqui en 1848 : le drapeau bleu-blanc-rouge n’est pas le notre !

Une seule mise au point en fin de phrase est suffisante. Sinon, c’est la remarque de "bon sens" qui devient un slogan : nous aimons notre pays !

D’autres camarades préfèreraient : Bien sûr, nous sommes attachés à notre pays, ne serait-ce que parce que nous y vivons et y avons construit des liens familiaux ou amicaux et des souvenirs, mais comme le proclame notre hymne L’internationale, dans la guerre qui vient : nos balles seront pour nos propres généraux !

Pire, un strapontin dans l’Union sacrée, à l’abri des bureaucaties syndicales !

Bien sûr, des formules bien frappées contre le drapeau, l’armée française pourraient valoir à N. Arthaud de la prison, l’interdiction de son organisation, etc. LO ne veut pas de cela. LO profite du fait que des déclarations ouvertement pour l’Union sacrée ne sont pour l’instant pas nécessaires, car la CGT l’a déjà fait en 1914 et depuis sa direction est dans l’Union sacrée permanente, comme les toutes les directions syndicales. Il suffit donc à des groupuscules d’extrême-gauche comme les NPAs (NPA-A, NPA-B, NPA-C, NPA-D etc) et LO d’adhérer à ces organisations syndicales et ne rien dire contre ces directions pour se placer discrètement dans l’Union sacrée.

L’éditorial de LO ne contient aucune perspective de lutte contre ces directions syndicales : Pour les travailleurs, l’ennemi à combattre, ce sont leurs exploiteurs, sous-entendu, pas les dirigeants du "camp des travailleurs" que sont les directions syndicales. Derrière des termes aux apparences marxistes savantes, LO propose en fait à ses militants : participons aux jounrées syndicales pour l’augmentation des salaires, sans aucune critique politique.

Pourtant, Trotsky proposait dans son programme de transition :

La IV° Internationale déclare une guerre implacable aux bureaucrates de la II° et de la III° Internationales, de l’Internationale d’Amsterdam et de l’Internationale anarcho-syndicaliste, de même qu’à leurs satellites centristes ; au réformisme sans réformes, au démocratisme allié de la Guépéou, au pacifisme sans paix, à l’anarchisme au service de la bourgeoisie, aux "révolutionnaires" qui craignent mortellement la révolution. Toutes ces organisations ne sont pas le gage de l’avenir, mais des survivances pourrissantes du passé. L’époque des guerres et des révolutions ne laissera pas d’elles pierre sur pierre.

En 1929 comme base du programme de l’Opposition de gauche internationale, Trotsky affirmait :

Je considère qu’il y a trois questions classiques qui fournissent un critère décisif pour évaluer les tendances dans le communisme mondial. Ce sont 1) la politique du comité anglo-russe, 2) le cours de la révolution chinoise, 3) la politique économique de l’U.R.S.S. en conjonction avec la théorie du socialisme dans un seul pays.

Le 1) fait référence à la trahison par les directions syndicales de la grève générale de 1926 en Angleterre. En omettant systématiquement la question des bureaucraties syndicales, LO se débarasse d’au moins un tiers du "trotskysme".

Trtotsky oubliait-il que "l’ennemi à combattre, ce sont leurs exploiteurs ?" Non car il avait un programme politique, pas un banal programme syndicaliste, celui de LO !

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