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Grève à Rouiba (Algérie)

dimanche 10 janvier 2010

09 /01 /2010

Grève générale à Rouiba en Algérie

La manifestation des travailleurs réprimée

Au cinquième jour de la protestation, la marche des travailleurs de la zone industrielle, qui manifestent depuis dimanche dernier contre les décisions prises par le gouvernement dans le cadre de la tripartite de décembre 2009, a été violemment réprimée jeudi dernier.

Des milliers d’éléments des forces antiémeute, de la gendarmerie et de la police ont été mobilisés pour étouffer ce mouvement de contestation qui n’a cessé de prendre de l’ampleur et de faire tache d’huile durant toute la semaine. En effet, de quelques centaines parmi les 5000 travailleurs de la SNVI en grève dès le début du mouvement dimanche dernier, sortis se rassembler le deuxième jour de la protestation devant le portail de ladite usine, le nombre de manifestants est passé à plus de 5000 jeudi dernier, et ce, malgré le blocus exercé avec l’installation de barrages des brigades antiémeute de la Gendarmerie nationale devant toutes les grandes unités de la zone industrielle.

Les employés de Anabib (Réghaïa) ont été empêchés de rejoindre les manifestants qui voulaient marcher sur la ville de Rouiba pour tenir un rassemblement devant le siège de l’union locale de l’UGTA, car les travailleurs considèrent que leur syndicat, « Sidi Saïd en particulier », insistent-ils, les a trahis. « Cela fait des années qu’on nous promet des augmentations conséquentes de salaires. L’Algérie engrange des centaines de milliards de dollars de recettes pétrolières par année, mais le citoyen se débat toujours dans une misère indescriptible. Où va cet argent ? Nous nous considérons trahis parce qu’au lieu d’une augmentation réelle, le gouvernement a jeté un os à l’UGTA qu’il qualifie de butin de guerre à l’issue de la tripartite de décembre 2009. C’est un salaire net de 15’000 DA (qu’ils appellent d’ailleurs SNMG), soit l’équivalent de 130 euros, que Sidi Saïd qualifie de victoire historique des travailleurs. C’est aberrant. Qu’il ait au moins le courage de venir s’expliquer ici, devant nous », nous a déclaré un travailleur qui se dit « beaucoup plus choqué par cette trahison que par la répression qui s’abat sur le mouvement ».

Les forces de sécurité ont tout fait pour empêcher les travailleurs des différentes usines de converger vers un seul endroit, craignant d’être débordées par le nombre. Il leur était plus aisé de maîtriser des groupes plus ou moins grands, isolés les uns des autres. Comme la veille, les travailleurs tentaient de forcer les barrages des forces antiémeute dressés sur toutes les artères principales de la zone industrielle. Le plus important mur humain a été dressé face à la foule partie de la SNVI à hauteur de l’usine Mobsco. Des centaines de gendarmes armés de matraques en bois, plutôt des manches de pioche, et de boucliers, barraient la route devant les manifestants. « Regardez ce que les pouvoirs publics mobilisent en guise de réponse aux cris de détresse des pères de famille. Près d’un millier d’hommes, peut-être plus, qui sont nos enfants en quelque sorte, pour nous bastonner », réagit un manifestant.

Il y avait beaucoup de démesure dans la mobilisation des forces de sécurité, jeudi dernier. Des centaines de véhicules de la gendarmerie et de la police étaient stationnés à différents endroits de la zone industrielle. « Ils font une démonstration de force, mais cela ne nous impressionne pas. Nous organisons un mouvement de protestation pacifique pour réclamer nos droits. C’est légal et c’est même garanti par la Constitution », commente un travailleur. Un autre barrage a été dressé sur la route menant vers l’autoroute, non loin de Cammo, pour empêcher les travailleurs des unités de ce secteur de rejoindre la masse bloquée sur la RN5 reliant Réghaïa à Rouiba. Là, un autre travailleur réitère les revendications des manifestants : une augmentation de salaire permettant de vivre dignement et le droit de partir à la retraite sans condition d’âge pour ceux qui ont exercé suffisamment pour y prétendre. La masse d’employés de la SNVI qui s’est ébranlée la première est immobilisée lorsque son premier rang tombe nez à nez avec les gendarmes. Mais les manifestants s’impatientent lorsque les négociations des syndicalistes avec les officiers auxquels ils demandent de leur céder le passage échouent. Commencent alors des tentatives répétées de forcer cette barrière. Mais à chaque fois, les gendarmes chargent et des coups de matraque pleuvent sur les premiers rangs. Lorsqu’on sentait que la barrière risquait de céder, il suffisait aux officiers de faire un signe pour que des renforts parviennent des rues adjacentes, car un nombre impressionnant de gendarmes a été mobilisé. On déplore trois blessés légers parmi les manifestants suite à ces affrontements, dont une femme qui s’en est sortie avec une entorse à la main. Quelques travailleurs passeront par les champs mitoyens pour arriver là où ils avaient été bloqués la veille : l’entrée de la ville de Rouiba où ils seront stoppés par un autre barrage de police.

Et ce sont toujours les syndicalistes qui interviennent pour éviter que la manifestation ne sorte de son cadre pacifique. « Non ! Non ! », crient-ils aux manifestants qui commencent à lancer des pierres vers les barrages de gendarmerie. « Il y a des gens manipulés qui font tout pour faire déborder la situation. Mais nous n’allons pas céder aux provocations. Nous continuerons à manifester pacifiquement, jusqu’à ce que le gouvernement nous entende », nous a déclaré un encadreur de la manifestation. « Ce décor me rappelle les événement de 2001 en Kabylie », nous dit un manifestant. En effet, des véhicules tout-terrain, des fourgons de transport de troupes, des bombes lacrymogènes, des camions arroseurs et des camions balayeurs occupent les carrefours stratégiques de la zone. « Tout ça pour mater un mouvement des travailleurs. Et dire que c’est nous qui fabriquons ces camions à la SNVI. L’Algérie recule beaucoup », s’indigne un manifestant. En début d’après-midi, les travailleurs se sont dispersés dans le calme réitérant leur détermination à aller jusqu’au bout : « Nous reviendrons dimanche si aucune réponse n’est apportée à nos revendications. Nous avons manifesté durant une semaine et aucun responsable n’a jugé utile de venir nous écouter. On nous ferme toutes les portes du dialogue, il ne nous reste que la rue », nous dit un encadreur de la manifestation.

El Watan, 9 janvier 2010.

Rouiba : plus de 5000 travailleurs violemment réprimés

Il régnait un climat d’émeute hier à la zone industrielle de Rouiba. Le nombre de grévistes a augmenté avec l’adhésion de la quasi-totalité des travailleurs des entreprises publiques au mouvement de protestation initié par ceux de la SNVI. En effet, ceux d’Hydroaménagement, Mobsco, Cammo, Magi, Anabib et autres ont grossi les rangs des protestataires. Et même les hésitants ont fini par rallier les rangs des mécontents. Le nombre des manifestants a dépassé hier, les 5000. Mais aux revendications des travailleurs qui dénoncent les décisions de la dernière réunion tripartite, les autorités ont opposé la répression.

Un nombre impressionnant d’éléments de forces antiémeute a été déployé sur les grandes artères de ladite zone. Des policiers à l’entrée de la ville de Rouiba et des gendarmes devant les unités dont les travailleurs ont adhéré à la contestation. La foule, composée essentiellement des travailleurs de la SNVI a été bloquée au niveau du carrefour situé à hauteur de Mobsco. Un infranchissable mur humain de gendarmes armés de bouclier et de matraque a été dressé à ce niveau pour empêcher les travailleurs de poursuivre leur marche vers la ville de Rouiba. Des travailleurs d’autres unités de la zone ont été bloqués dans d’autres endroits. Les travailleurs d’Anabib ont été isolés dans le périmètre de leur usine à Reghaïa. Sur la route donnant sur l’autoroute, juste devant Cammo, les gendarmes ont dressé un autre barrage empêchant des centaines d’autres manifestants de rejoindre leurs camarades sur l’ex-RN5. La stratégie des forces de l’ordre consistait à diviser les travailleurs en autant de petits groupes pour pouvoir les maîtriser. Cependant, on ne s’est pas limité à exhiber ses muscles en cette cinquième journée de protestation. Les forces antiémeute n’ont pas hésité à utiliser leurs matraques lorsqu’ils sentaient que leurs barrages risquaient de céder sous la pression des manifestants. « Malgré la répression, nous n’allons pas arrêter de manifester si les pouvoirs publics n’annoncent pas des mesures concrètes dans le sens d’améliorer notre pouvoir d’achat », nous dit-on. Comme la veille, le premier contact avec les forces antiémeute a été violent. Deux manifestants dont une femme syndicaliste ont été légèrement blessés. La dame est revenue quelques instants plus tard de l’hôpital de Rouiba avec un bandage à la main : « On m’a matraquée, mais heureusement que ce n’est qu’une entorse au niveau du doigt. » Régulièrement, les travailleurs essayaient de percer le mur humain. La barrière a failli réellement céder à plusieurs reprises, mais c’était sans compter sur les renforts stationnés quelques dizaines de mètres plus loin. À chaque signe des officiers, des dizaines de gendarmes, prêts à charger, arrivaient de la route menant à la brigade de la gendarmerie de la zone. Devant l’impossibilité de franchir le barrage, les manifestants le contournaient par les champs situés à droite de la route en allant vers Rouiba, mais ils ne sont pas parvenus à passer facilement. Cependant, quelques-uns parviendront à l’endroit où les travailleurs étaient bloqués la veille, juste à l’entrée de la ville pour tomber, encore une fois, nez à nez avec les policiers.

« L’enfer sur terre »

Entretemps, les syndicalistes négociaient avec les officiers de la gendarmerie pour leur permettre de passer jusqu’à l’entrée de la ville. « Nous voulons revenir à l’endroit où nous nous sommes rassemblés hier, à l’entrée de la ville. Mais ils ne cèdent pas, ils veulent nous isoler ici », nous dit l’un d’eux. La colère des travailleurs n’a pas diminué d’un degré par rapport aux quatre premiers jours de la manifestation : « Nous dénonçons Sidi Saïd et son staff. Ils nous ont trahis. Nous exigeons une augmentation de salaire conséquente et le droit de partir à la retraite sans condition d’âge, conformément à la loi de 1997 », nous a-t-on répété. Les travailleurs déclarent qu’ils ne sont nullement impressionnés par le dispositif de sécurité déployé dans tout Rouiba. « Vous voyez, ils mobilisent des centaines de véhicules et des milliers de gendarmes et de policiers pour mater notre mouvement. Mais qu’ils soient sûrs que samedi encore nous serons ici, si aucune décision n’est prise par les responsables », nous a déclaré un manifestant. Tous les travailleurs sont unanimes à dénoncer la « démesure de la mobilisation des forces de sécurité ». À certains moments, on a assisté à des jets de pierre et autres objets en direction des gendarmes. « Ce sont des parties manipulées qui tentent de faire déborder notre action afin de justifier la répression », disait un animateur du mouvement. Les manifestants continuaient à scander des slogans hostiles aux pouvoirs publics et à la centrale syndicale, Sidi Saïd en particulier. « Nous travaillons dans des conditions difficiles et nous n’arrivons même pas à nourrir nos enfants. L’argent du pétrole est partagé entre les décideurs et leurs serviteurs zélés, le travailleur est voué à vivre un enfer sur terre », a-t-on ajouté. En début d’après-midi, les travailleurs se sont dispersés dans le calme, se donnant rendez-vous pour dimanche prochain.

El Watan, 8 janvier.

Violents affrontements entre travailleurs et policiers à l’est d’Alger : cinq blessés

Au moins cinq travailleurs de la zone industrielle de Rouïba (15 km à l’est d’Alger) ont été blessés jeudi par la police lors d’affrontements avec les forces anti-émeute qui ont brutalement chargé pour empêcher une manifestation dans le centre-ville, a constaté sur place l’Associated Press.

« Nous avons pu marcher jusqu’à l’usine de Coca cola (à environ 4 km du centre) mais au moment de continuer notre marche vers le siège de l’Union syndicale, la police est entrée en action en chargeant violemment les camarades qui se trouvaient en première ligne », a témoigné Fouad Ben Maâmar, syndicaliste et contremaître à l’unité de carrosserie de la Société nationale de véhicules industriels (SNVI).

« La zone industrielle a été envahie ce matin très tôt par la police anti-émeute avec des dispositifs placés à l’entrée des usines pour empêcher les travailleurs de se rassembler », a relaté pour sa part Hamid Larari, de l’unité de fabrication de tubes.

Pour la troisième journée consécutive, la zone industrielle de Rouïba, qui compte au moins 50’000 travailleurs, était paralysée jeudi par une grève générale à l’appel de l’Union syndicale locale, qui relève de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA).

Principale revendication des travailleurs grévistes : le rétablissement du droit à la retraite anticipée après 30 ans de cotisation, que le gouvernement d’Ahmed Ouyahia a décidé de supprimer en décembre dernier après des négociations tripartites (syndicat-patronat-gouvernement), et l’augmentation des salaires.

Le patron de l’UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, proche du pouvoir, a vainement tenté de désamorcer la grogne dans la zone industrielle de Rouïba, que les pouvoirs publics redoutent pour son poids syndical.

L’Algérie est en proie depuis des semaines à une colère sociale grandissante, qui touche déja le secteur industriel, les médecins de santé publique et les enseignants, tous revendiquant des augmentations de salaires.

AP, 7 janvier.

Grève à la SNVI : premiers affrontements entre travailleurs et forces anti-émeutes

La grève des travailleurs de la SNVI a franchi jeudi une nouvelle étape, avec les premiers affrontements entre les travailleurs et les forces anti-émeutes déployées pour empêcher une marche des grévistes à l’extérieur de l’usine. Au moins deux travailleurs ont été blessés dans ces affrontements qui se sont produits en début de matinée, selon un bilan fourni par Mustapha Zetoutou, membre du syndicat UGTA de la SNVI.

« Nous avons essayé de forcer le barrage des forces de l’ordre pour passer et marcher sur Rouiba, mais on a été empêchés », a-t-il déclaré à TSA. Des forces de police et de gendarmerie sont déployées à l’intérieur de la ville de Rouiba et autour de la zone industrielle, gagnée par le mouvement de grève entamé dimanche par les travailleurs de la SNVI.

Le puissant syndicat de la SNVI proteste contre la décision de la dernière Tripartite de suppression la retraite anticipée et réclame la suppression de l’article 87 bis du code du travail. « Cet article intègre les primes dans le calcul du Salaire minimum garantie alors que nous ce dernier devait être le salaire de base minimum », a expliqué M. Zetoutou.

Le mouvement de grève de la SNVI est suivi par la quasi-totalité des travailleurs. Mercredi, il s’est propagé à plusieurs entreprises de la zone industrielle de Rouiba.

Tout sur l’Algérie, 7 janvier.

Les ouvriers de la zone industrielle de Rouiba, à l’est d’’Alger, renouent avec la protestation
Les travailleurs contestent les résultats de la tripartite de décembre 2009. Les revendications principales ne sont pas adressées à la direction du complexe mécanique ni même au ministère de tutelle comme cela est habituel dans tout conflit social, mais au gouvernement.

La grève déclenchée le 3 janvier 2010 par les 5 000 travailleurs de l’ancien fleuron de l’industrie publique algérienne, la Société nationale de véhicules industriels (SNVI) de Rouiba, s’est étendue en 24 heures à d’autres unités de ce groupe du secteur de la mécanique situées à Hussein-Dey (Alger) et dans d’autres villes du pays comme Annaba (Est) et Tiaret (Sud ouest).

Mais plus important encore, le mouvement fait tâche d’huile pour toucher d’autres usines de cette zone industrielle de la banlieue est algéroise.

Les ouvriers d’autres entreprises comme Anabib, Mobsco, Tameg, Hydroaménagement ou Enad ont rejoint le mouvement.

Manifestations de rue sous état d’urgence

Avec l’érosion du pouvoir d’achat et le manque de concertation, la situation sociale ne cesse de se dégrader (photo DR)
Avec l’érosion du pouvoir d’achat et le manque de concertation, la situation sociale ne cesse de se dégrader (photo DR)
Alors que les manifestations et rassemblements sur la voie publique sont strictement interdits en vertu de l’état d’urgence en vigueur depuis le début des années 1990, 2 000 ouvriers environ ont réussi à marcher mercredi 6 janvier 2010, de leur usine jusqu’à l’entrée de la ville voisine de Rouiba où ils ont été bloqués par un important dispositif de police.

Quelques échauffourées ont provoqué des blessures à trois manifestants.

La situation s’est aggravée le 7 janvier 2010, lorsque les forces de police ont bloqué la route de Rouiba, empêchant quelques 5 000 ouvriers de l’usine et d’autres entreprises de marcher de nouveau sur la ville.

Des affrontements ont fait deux blessés parmi les travailleurs.

Une grève sociale à dimension politique
Intervenant dans un contexte marqué par une montée des luttes sociales (grève des 7 200 travailleurs d’ArcelorMittal l’été 2009, révolte des habitants de Diar Echems à Alger, grève des 500 000 travailleurs de l’Education nationale en novembre 2009, grève des médecins généralistes et spécialistes depuis le début de cette nouvelle année), la grève des travailleurs de la SNVI possède indéniablement une dimension politique.

En effet, les revendications principales ne sont pas adressées à la direction du complexe mécanique ni même au ministère de tutelle comme cela est habituel dans tout conflit social, mais au gouvernement.

Les ouvriers contestent les principales décisions de la dernière Tripartite patronat-gouvernement-Union générale des travailleurs (UGTA) qui s’est tenue au mois de décembre 2009.

La retraite et le code du travail
Tout comme les travailleurs de l’éducation avant eux, les ouvriers de la SNVI réclament le maintien de l’actuel système de retraite sans condition d’âge basée sur 32 années de travail et la possibilité de partir en retraite anticipée« du fait des difficiles conditions de travail dans l’industrie. »

La loi de 1997, adoptée en pleine période de fermeture d’entreprises publiques et de compressions d’effectifs, instaurait la possibilité d’un départ en retraite pour tout travailleur totalisant plus de 20 ans de cotisation à la Sécurité sociale à condition qu’il soit âgé de plus de 50 ans.

Or, l’accord signé lors de la Tripartite contraint les travailleurs à rester en poste jusqu’à l’âge de 60 ans.

Ils réclament par ailleurs la suppression de l’article 87 bis du code du travail qui intègre les primes et indemnités dans le salaire de base et exigent une augmentation conséquente des salaires.

L’augmentation de 3 000 DZD (27,50€)du Salaire minimum national garanti (SNMG) porté à 15 000 DZD (135,50€) lors de la tripartite de décembre est jugée dérisoire et insignifiante dans la mesure où cela ne concerne qu’une minorité de travailleurs.

L’augmentation du SNMG n’est « favorable qu’ aux cadres dirigeants dont les salaires sont indexés dessus ».

Enfin, ils demandent l’allègement de l’impôt sur le revenu global (IRG) « que les salariés paient trois fois plus que d’autres couches aisées » (commerçants…).

La direction de l’UGTA directement remise en cause
Le secrétaire général de l’UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd -au centre de la photo- n’a pas réussi à convaincre les grévistes (photo UGTA)
Le secrétaire général de l’UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd -au centre de la photo- n’a pas réussi à convaincre les grévistes (photo UGTA)
Les émissaires de la centrale syndicale dépêchés sur les lieux pour tenter de calmer les choses n’ont pas réussi à convaincre les grévistes.

Ceux-ci leur ont ouvertement clamé tout le mal qu’ils pensaient d’eux et de leur chef, le secrétaire général de l’UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd.

Un travailleur s’adressant à la presse résume bien le sentiment général : « J’ai commencé à douter lorsque toutes les parties se sont déclarées satisfaites de la rencontre entre l’UGTA, le gouvernement et le patronat.

Trois interlocuteurs, qui défendent chacun ses intérêts, ne peuvent pas être tous également satisfaits si ce n’était sur le dos des travailleurs ».

Le mal est d’autant plus profond que le mécontentement vis-à-vis de la tripartite touche la base du syndicat.

La grève des travailleurs de la SNVI fait suite au rassemblement de protestation de 600 syndicalistes de la zone industrielle de Rouiba qui s’est déroulé devant le siège de l’Union locale le 14 décembre 2009.

Ce rassemblement intervenant lui-même après une rencontre de treize syndicats d’entreprises affiliés à la Fédération de la mécanique et de la métallurgie de l’UGTA, qui rejetaient, le 9 décembre 2009, les conclusions de la tripartite.

Certains responsables syndicaux de la zone ont d’ailleurs fini par se ranger aux côtés des travailleurs après avoir vainement tenté de les dissuader de poursuivre la grève.

Enfin, il faut savoir que cette grève n’a pas été initiée par la section syndicale du complexe frappée, depuis plus d’une année, par une crise organique que la direction de l’UGTA n’a pas été en mesure de résoudre.

Messages

  • Les travailleurs de la SNVI rejettent les promesses de Sidi-Saïd
    La grève est reconduite

    Les promesses faites par Sidi-Saïd aux travailleurs de la SNVI, concernant la prise en charge de leurs revendications, ont été rejetées en bloc par les protestataires. L’effet d’annonce n’a pas donné les résultats escomptés. Bien au contraire, la colère des travailleurs, en grève illimitée depuis le 3 janvier, a été exacerbée. Les grévistes de la SNVI considéraient, jeudi dernier, lors de l’assemblée générale, cette sortie de la centrale de l’UGTA comme une autre tentative de briser leur lutte visant à recouvrer leurs droits. Pour eux, donc, aucun résultat tangible n’a été enregistré au cours de la rencontre de mercredi dernier. A l’issue de cette réunion syndico-syndicale, rappelons-le, et à laquelle étaient conviées la Fédération Mines, Mécanique et Electronique, l’Union locale de Rouiba et les représentations des travailleurs de la SNVI, le secrétaire général de l’UGTA, Sidi- Saïd, a fait une déclaration à l’ENTV, un média public qui s’est curieusement souvenu qu’une grève était observée par les travailleurs de la SNVI.

    Le « non » unanime

    À notre arrivée au Complexe de véhicules industriels de Rouiba, les travailleurs venaient de clore leur assemblée générale. Ils avaient décidé de reconduire la grève. Les syndicalistes affiliés à l’UGTA n’étaient plus là. Ils étaient, disait-on, en conclave. Concernant les promesses de l’UGTA, le rejet était unanime. « Nos syndicalistes sont partis pour négocier. Pour l’instant, ils n’ont rien obtenu », soutenaient les grévistes. « Ils voulaient tout simplement gagner du temps », affirmait un travailleur qui, prenant la parole, n’a pas manqué de s’interroger, suscitant l’approbation générale, sur la véritable mission de leurs représentants. « Ils (les syndicalistes) nous disent qu’ils ne peuvent pas négocier sur la retraite car c’est un problème national. S’agissant des salaires, nous ne savons rien. Qu’est-ce qu’ils faisaient là-bas s’ils ne pouvaient négocier certains points ? Pourquoi nous représentent-ils alors ? L’arrêt de travail a été décidé par les travailleurs. Les syndicalistes sont venus pour arrêter le débrayage. Ils ont fini par adhérer à cette grève. Lorsque nous avons décidé de sortir dans la rue, ils ont tenté de nous en empêcher. Par la suite, ils nous ont rejoints. Aujourd’hui, ils nous demandent de reprendre le travail. Mais nous n’avons rien ! Makayen walou ! », a-t- il clamé. Et un jeune travailleur d’intervenir. « Depuis dix jours, nous sommes en grève, et aucun responsable de l’Etat n’a daigné nous écouter. Pourtant, quand ils veulent prendre des décisions, les responsables du pays le font. Ils ont fait intervenir les avions militaires pour transporter en quelques jours seulement, des milliers de supporters de l’Equipe nationale au Soudan. A nous, ils disent qu’ils sont en train d’étudier nos problèmes, mais ils envoient gendarmes et policiers pour nous menacer. C’est parce que nous sommes de simples travailleurs.

    C’est de la hogra ! »

    C’est un plan de redressement de l’Etat pour la SNVI En réponse aux responsables de l’UGTA qui présentent le plan de redressement économique et financier en faveur de la SNVI, à chaque occasion, comme étant leur trophée, les travailleurs tiennent à replacer les choses dans leur contexte : « Sidi- Saïd dit qu’il a supprimé la dette de la SNVI. Est-ce lui qui décide dans ce pays ? Est-ce donc lui qui a effacé la dette des fellahs ? On présente, dans la conjoncture actuelle, ce plan comme une exception, voire un cadeau à notre entreprise et aux travailleurs. Il n’en n’est rien. C’est une politique nationale qui concerne toutes les grandes entreprises publiques nationales. Cette nouvelle politique est dictée au pouvoir algérien par la crise mondiale. Elle se fait au niveau mondial. Même Obama supprime les dettes des entreprises privées américaines. » Pour eux, il y a une aberration dans la démarche de l’Etat, propriétaire de la SNVI, qui, d’une part, fait un diagnostic économique négatif de l’entreprise et, d’autre part, attribue annuellement 800 000 DA à chaque cadre dirigeant de la SNVI. Après avoir écouté les travailleurs, nous nous sommes rendus, avec un confrère, à la direction générale de la SNVI, où se réunissaient les syndicalistes de cette entreprise. Ils nous ont fait savoir, par le biais des agents de sécurité de la société, qu’ils étaient en réunion pour élaborer une déclaration commune. Nous n’en saurons pas plus.

    Crainte d’un remake de 1988

    Il est évident que l’activisme de l’UGTA, appuyé par l’énorme mobilisation sécuritaire autour de la zone industrielle de Rouiba, était destiné à calmer l’ardeur revendicative des travailleurs et, surtout, à éviter le remake de 1988. L’un des responsables syndicaux d’Anabib a fini par nous faire cet aveu, au cours d’une discussion : « Nous sommes intervenus auprès de nos collègues de la SNVI pour éviter la répétition de 1988. » Mais les pouvoirs publics savent pertinemment - dans le cas contraire, ce serait de l’incompétence - que les travailleurs de la SNVI n’ont pas cette ambition. « Nous sommes simplement des travailleurs et nous luttons pour un salaire décent et des droits reconnus par la Constitution algérienne », clamaient- ils. Par contre, leur tradition syndicale est bien ancrée dans leur culture. S’agissant des autres unités dont le personnel avait suivi la grève de la SNVI, nous en avons visité quelques-unes. Au niveau de la Cammo (mobiliers de bureau), les travailleurs faisaient face aux représentants de l’UGTA qui s’efforçaient de les convaincre de reprendre le travail. Au niveau de la Tameg (tanneries algériennes), le secrétaire général de la section syndicale nous a assuré que les grévistes avaient repris le travail, sur la base de l’engagements de leur Fédération dans des négociations, futures, avec la tutelle du secteur cuir et textile. L’agent de sécurité de la Mobsco, nous a, quant à lui, indiqué que les travailleurs avaient suspendu le débrayage. Le secrétaire général du syndicat Anabib (3 unités) nous a affirmé, pour sa part, que des promesses de négociations leur ont été faites par leur Fédération.
    le soire d’algerie 16janvier2010
    par Abachi L. (Le Soir d’Algérie)

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