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Afrique du sud : les townships s’embrasent

mercredi 16 février 2011

Depuis le début de la semaine, de violentes manifestations secouent des townships sud-africains. C’est à Ermelo, dans la province de Mpumalanga (dans l’est du pays et à 200 km de Johannesburg), que la situation est pour l’instant la plus tendue.

Jets de pierres, cocktails Molotov, tirs à balles en caoutchouc, mais aussi à balles réelles… les scènes de guérilla urbaine se répètent depuis le lundi 14 février 2011, dans un bidonville d’Ermelo. La police a envoyé des renforts pour tenter de ramener le calme, mais les affrontements entre les émeutiers, souvent très jeunes, et les forces de l’ordre ont déjà fait un mort, un homme, tué par balle. Les étrangers qui tiennent des boutiques dans le township deviennent aussi la cible des pillards.

Les manifestants protestent contre le chômage, massif, qui les frappe, et contre des services publics déficients. Ils réclament l’eau courante, l’électricité et des logements décents. Dans la soirée, la situation restait très volatile, et plus d’une quarantaine de personnes avaient déjà été arrêtées pour la seule journée de mardi.

Un autre township s’est embrasé pour les mêmes raisons en début de semaine. Il s’agit de Boiphelo, à 300 km au sud-ouest de Johannesburg. D’après la télévision publique, deux enfants se sont noyés alors qu’ils tentaient de fuir la police. Le calme est revenu mardi soir.

Malgré les progrès accomplis depuis la fin de l’apartheid en matière d’accès aux services publics, les manifestations se sont multipliées ces derniers mois, devenant de plus en plus violentes. Trop de Sud-Africains vivent encore dans une grande précarité et font face au chômage qui touche 24% de la population. A l’approche des élections locales, qui doivent se tenir avant la fin mai, beaucoup espèrent ainsi faire entendre leur voix.

Une personne a été tuée mardi dans de violentes manifestations qui secouent depuis deux jours un bidonville du bassin charbonnier de l’est de l’Afrique du Sud en protestation contre un chômage massif et des services publics déficients.

Le corps d’un homme a "été trouvé près de là où ont lieu les émeutes", dans un township proche de la ville d’Ermelo, à quelque 200 km à l’est de Johannesburg, a déclaré à l’AFP le porte-parole de la police de la province du Mpumalanga, le capitaine Leonard Hlathi.

"Nous ignorons les causes de la mort", a ajouté le policier, renvoyant à l’enquête en cours.

La police a fait usage de balles réelles, "tirées contre les murs pour effrayer la foule" en réponse aux tirs de protestataires sur les forces de l’ordre, a-t-il poursuivi, précisant qu’"aucun blessé n’a été enregistré" dans la fusillade.

Des renforts de police et des spécialistes de gestion des foules étaient acheminés mardi vers le township, où les policiers sont assaillis à jets de pierres et de cocktails molotov par des groupes qui se forment et se dispersent sans cesse.

Les tirs à balles de caoutchouc, visant selon M. Hlathi à "disperser les groupes qui brûlent des pneus, barricadent les rues avec des pierres et détruisent tout sur leur passage", n’ont pas réussi à ramener l’ordre. Trente-trois personnes ont été interpellées depuis lundi, a-t-il dit.

Les médias locaux rapportent que les émeutiers sont pour l’essentiel des jeunes, qui protestent contre un chômage frappant surtout les quartiers pauvres et réclament l’accès à l’eau courante, à l’électricité, ainsi que des logements décents.

Selon un photographe sud-africain sur place, la situation est extrêmement volatile. "Tout est calme pendant quelques heures puis, tout à coup, les émeutes recommencent", a-t-il raconté à l’AFP, soulignant que les boutiques tenues par des étrangers étaient la cible de pillards.

Les anciens ghettos noirs hérités de l’apartheid abritent toujours une population défavorisée, qui souffre d’un chômage massif, et sont encore souvent privés de services de base en dépit des progrès accomplis depuis la chute du régime raciste en 1994.

Les explosions de colère y sont courantes. En mai 2008, ces frustrations avaient pris les étrangers pour cible, lors d’émeutes xénophobes dans lesquelles 60 personnes avaient été tuées, faisant fuir des dizaines de milliers de Zimbabwéens, Mozambicains et autres immigrés.

Seize ans après la chute de l’apartheid, 43% de la population sud-africaine vit toujours avec moins de deux dollars par jour. Le chômage, de 24% fin 2010 selon les statistiques officielles, afflige 36% des actifs si l’on inclut les personnes découragées qui ne cherchent plus d’emploi.

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