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Grève et explosion de colère au Mali

dimanche 19 juillet 2009

Maiweb

EMEUTES A KITA

BAMAKO (AFP) — Des violences ont éclaté mercredi dans la ville malienne de Kita (ouest) où des manifestants en colère ont “saccagé et incendié” des bâtiments publics et domiciles d’hommes en uniforme après la mort “par balles” d’un chauffeur, a-t-on appris de sources concordantes.

“Il y a beaucoup de monde dehors actuellement. Tout le monde est en colère. On recherche les assassins d’un chauffeur. Il y a le feu actuellement à Kita”, a déclaré à l’AFP Mamadou Diabaté, un fonctionnaire de la ville, joint au téléphone de Bamako, la capitale.

“C’est un homme en uniforme qui a tiré sur un véhicule qui refusait de s’arrêter pour un contrôle, non loin de Kita. Un apprenti-chauffeur a été tué sur le coup”, a expliqué Moustapha Diallo, un enseignant de la localité.

“Le chauffeur est mort par balles”, a-t-on indiqué à l’AFP de source hospitalière dans la structure où, a-t-on dit, se trouvait le corps du défunt.

De source policière à Kita, contactée par l’AFP, on confirme la mort du chauffeur sans en préciser la cause. Les violence qui avaient débuté mercredi matin se poursuivaient dans l’après-midi, a-t-on ajouté.

Selon des sources sécuritaires, un homme en uniforme a été grièvement blessé après avoir été frappé par des manifestants.

Selon plusieurs témoins, des bâtiments publics, des bureaux du service des impôts et des douanes notamment, ainsi que des domiciles de membres des services de sécurité, ont été saccagés et brûlés par des manifestants en colère. La police n’a pas voulu se prononcer sur ces faits.

“Notre priorité est de contenir la foule. Ce n’est pas facile pour le moment”, a affirme un responsable de la préfecture de Kita.

Un renfort militaire est attendu à Kita, selon plusieurs sources.

 par Alain Bertho le 16 juillet 2009.


EXPLOSION DE COLERE A LA MINE D’OR DE LOULO

Des habitants des villages voisins ont attaqué la mine et provoqué d’importants dégâts matériels

Inaugurée en novembre 2005, la mine d’or de Loulo (Somilo) était un havre de paix où populations et exploitants d’or vivaient en bonne intelligence pour ne pas dire en symbiose. Témoins de ce climat sans nuages apparents, les nombreux éloges adressés par les chefs des villages environnants lors de la visite du ministre en charge des Mines, Abou-Bakar Traoré à la fin du mois de juin dernier (Voir l’Essor du 6 juillet). Mais voilà que tout bascule subitement ce vendredi 10 juillet ! Que s’est il passé ? Selon des responsables de manifestants, tout est parti d’un test organisé pour recruter des conducteurs. A l’issue de cet examen, Loulo a vu tous ses conducteurs recalés, tandis que ceux de Morila présentés par la société MARS trustaient les places. « Injustice ! », ont tempêté nombre d’habitants des villages de la zone minière. Le soir aux environs de minuit, des femmes et des jeunes ont mis le siège devant la porte d’entrée principale de la mine, empêchant toute entrée (les sorties par contre étaient possibles).
Averti le directeur général de la mine, Amadou Konta, qui loge dans l’enceinte de la mine comme plusieurs responsables et ouvriers qualifiés maliens et expatriés, est sorti pour prendre langue avec les manifestants. Un porte-parole lui annonce qu’il n’y aura aucune négociation en l’absence du maire de la commune, Fawali Sissoko dit Awa. Le lendemain, le préfet se voit à son tour refuser l’accès à la mine.

Ce n’est qu’à l’arrivée du maire, accompagné de quelques responsables des jeunes, que le directeur a pu prendre connaissance des raisons de la manifestation. Au cours d’une réunion qui a regroupé les deux parties, les manifestants ont étalé un chapelet de doléances. Celles-ci portent sur le retrait immédiat de toutes les nouvelles recrues de la société MARS venant de la mine de Morila, le recrutement et la formation des jeunes des localités avoisinantes sur les machines, l’arrêt des licenciements sans en informer les chefs de village, la fin des recrutements « clandestins ». Les manifestants demandent aussi des mesures de sécurité pendant les tirs des explosifs afin d’éviter des dommages aux habitants sur les sites de Loulo II, la délivrance d’attestations aux stagiaires formés par la Somilo sur les installations de Morila et une révision à la hausse du niveau des salaires.

Selon Amadou Konta, un accord avait été trouvé sur tous les points lorsque qu’au moment de la signature, des assaillants ont forcé les grillages et investi la mine. Ils ont attaqué les installations, pillé des logements avant de les incendier. Le bilan est lourd : 14 maisons pillées, saccagées et incendiées, 11 véhicules cassés et parfois calcinés, 6 grosses motos incendiées, une grue de 10 tonnes brûlée, des tuyauteries arrachées et endommagées.

Si aucune perte de vie humaine n’a été signalée, on enregistre cependant 11 blessés dont 8 gendarmes et 3 ouvriers.

200 agents de sécurité en provenance de Kayes, de Kita et de Manantali ont été déployés sur les lieux pour sécuriser les expatriés et les installations minières.

Une délégation dirigée par Seydou Keïta, un conseiller technique du ministère des Mines, accompagné de députés de l’Assemblée nationale, d’un représentant de la Défense et de la direction nationale des mines a également été dépêchée sur les lieux.

La situation a pu être maîtrisée le même jour mais les dommages sur les installations ont entraîné l’arrêt de travail de trois jours. Ce qui, selon le directeur financier de la mine Amadou Maïga, aura pour conséquence une perte de près 1,9 milliard Fcfa, soit près de 480 millions de francs par jour.
Le directeur général avoue ne rien comprendre à ce déchaînement au regard des investissements que la mine a réalisés dans les domaines de l’éducation, de la santé et de l’hydraulique villageoise et surtout du climat de bonne entente qui a toujours prévalu entre les populations et les travailleurs de la mine.

Le maire, les députés ont condamné la violence sous toutes ses formes et invité les deux parties à privilégier le dialogue et les concertations pour éviter la réédition d’un tel gâchis.
Abondant dans le même sens, le représentant du ministère des Mines a prôné la concertation avant de recommander le renforcement du dispositif sécuritaire autour de la mine et, désormais, une large sensibilisation des populations.

O. NIANE
AMAP-Kayes

LA MINE DE LOULO : 2225 EMPLOYES.

Situé à environ 350 km à l’ouest de Bamako, Loulo abrite la plus grande des mines. A en croire Amadou Konta, directeur de la Société des mines de Loulo (SOMILO), tout est exploitable sur le site. La mine affiche ainsi une espérance de vie qui peut atteindre 100 ans. Cette longévité s’explique par la présence de plusieurs mines satellites autour de la réserve principale dont l’exploitation était d’ailleurs en veilleuse au moment du passage du ministre. Le site de Loulo abrite une mine souterraine de classe mondiale, soutient Tahirou Ballo, le directeur de l’exploitation de SOMILO. Ce gisement souterrain qui atteint une profondeur de plus de 100 mètres en ligne oblique sous le sol, a été visité par le ministre et sa suite.

La mine a été officiellement mise en activité en novembre 2005. De cette date à nos jours, elle a produit 35 tonnes d’or avec une moyenne annuelle de 8,5 tonnes, soit 200 kg d’or par semaine sur 20 ans. Sa contribution à l’économie nationale atteint aujourd’hui les 174 milliards Fcfa.

Elle emploie 2225 personnes dont 2000 nationaux. L’exploitation est faite par la SOMILO, une société anonyme de droit malien au capital de 2,1 milliards Fcfa. Dans ce capital, Randgold détient 80% et l’État 20%. L’objectif à terme est de faire de Loulo une mine à 100% malienne, selon Amadou Konta.

Le ministre s’est rendu à Tabakoto à 15 kilomètres de Kéniéba, dans la commune rurale de Sitakily. Le permis d’exploitation de la mine de Tabakoto couvre également le gisement de Ségala dans la même localité. Distantes de 5 kilomètres, les deux mines ont été découvertes respectivement en 1999 et 2002 par les sociétés Nevsun Ressources et SEMAFO. Le Mali est actionnaire dans les deux mines à concurrence de 20% conformément aux dispositions de notre code minier.

Ces deux mines, selon Seydou Keïta, conseiller au département, sont le fruit d’un partenariat entre les opérateurs miniers nationaux et des compagnies "juniors" canadiennes. La mine de Tabakoto est entrée en exploitation en mai 2006 et a produit 3,8 tonnes d’or brut. Les contributions de la mine de Tabakoto s’élèvent à 210 millions Fcfa, a indiqué Pierre Matt, le directeur général de la société gérante, Tambaoura mining compagny (TAMICO). Cependant, suite à des difficultés liées à plusieurs facteurs, la mine a connu une période d’arrêt en 2007. Pour sa reprise, il a fallu un appel d’offre international dont la société Avion Ressources a été adjudicataire. Elle a acquis les 80% des actions de Nevsun, 20% restant sous le contrôle de l’État malien.

A COUTEAUX TIRES. Bien que générant d’importantes ressources financières, l’exploitation aurifère ne va pas sans conséquences néfastes sur le développement socio-economique du pays, particulièrement des populations des localités où elles sont implantées.

Hormis quelques actions de développement communautaire (salles de classe, mosquées, ou dispensaires) on ne perçoit pas un grand impact des mines sur les localités qui les abritent.

Ce constat est partagé par le maire de Tabakoto, Mamadou Sissoko, dont la commune vit à couteaux tirés avec les responsables de Tamico. Ces derniers, selon l’édile, ont refusé toute collaboration avec la commune et n’ont jamais procédé au recrutement de main d’oeuvre locale, comme le préconise le cahier de charge des permis. Ces préoccupations ont été soumises au ministre. Le manque d’initiative des communes à profiter de la présence des mines pour s’assurer une électrification durable susceptible de booster leur développement, a été aussi soulevé. Du fait de leur besoin immense en énergie, toutes les mines disposent de leur propre centrale électrique qui leur assure une autonomie de fonctionnement. Très souvent, elles ne consomment pas toute l’électricité produite par ces centrales. Les quelques kilowatts non utilisés pourraient facilement alimenter les localités environnantes.
Les routes nationales qui desservent les zones minières sont pour la plupart très dégradées en raison du trafic intense des engins lourds. Cependant, leur mise en état est laissée à la responsabilité de l’État. Les activités minières ajoutées à la poussière des routes latéritiques qui traversent de nombreuses localités, sont une source de pollution donc, d’atteinte à la santé publique des habitants.

Le ministre Traoré s’est dit très sensible à ces préoccupations. Des dispositions vont être prises pour leur apporter des solutions, a promis Abou-Bakar Traoré.

C.A. DIA

Avec 5 millions d’onces, la mine est considérée aujourd’hui comme l’un des plus grands gisements du pays

L’or brille à Loulo, un hameau de culture du cercle de Kéniéba, dans la région de Kayes. Le premier lingot d’or est attendu pour juin 2005. Samedi, les 280 âmes de ce petit village et toute la population de la commune de Sitakily étaient en fête à l’occasion de la visite du ministre des Mines, de l’Énergie et de l’Eau, Hamed Diane Semega, venu voir les installations de la société d’exploitation de la mine.

Le ministre accompagné de nombreuses personnalités du monde des affaires, de membres de son cabinet et du directeur général de la société sud-africaine Randgold, Mark Bristow, a été accueilli dans la localité située à quelques encablures de la frontière avec le Sénégal, par une foule nombreuse composée en majorité de jeunes qui brandissaient des banderoles sur lesquelles on pouvait lire des slogans optimistes : "la mine d’or de Loulo devient une réalité" ou encore "la mine d’or de Loulo : partenariat entre le gouvernement du Mali et Randgold".

Après l’accueil, les "Anciens" inviteront le ministre à participer à un sacrifice propitiatoire destiné à implorer les dieux de l’or afin qu’ils protègent le village contre d’éventuels malheurs provoqués par l’exploitation du minerai et qu’ils garantissent que celle-ci soit source de bonheur pour la localité et par delà tout le pays. Le rituel prit fin par l’immolation d’un boeuf accompagnée de bénédictions. Le ministre pouvait maintenant se rendre sur le chantier de l’usine en construction qui apparemment en imposera par ses dimensions. Plus de 200 personnes y travaillent actuellement.

La mine de Loulo considérée comme l’un des plus grands gisements d’or de notre pays, sera exploitée par la société Randgold. En 1981, le Bureau de recherche géologique et minière (BRGM) français et des géologues maliens découvraient Loulo O, un gisement dont les réserves furent estimés à 28 tonnes d’or. Selon, Fousseyni Diakité, directeur de l’exploitation, ces réserves n’étaient pas suffisamment rentables pour être exploitées et le projet fut gelé.

En 1992, BHP (Broken Hill Property), une société australienne fit son entrée dans le consortium comme partenaire technique et financier. C’est ainsi que de nouvelles études permirent de porter les réserves à 45 tonnes. En 1996, Randgold rachetait les intérêts de BHP et entreprit des travaux qui ont permis de découvrir le gisement de Yaléa une année plus tard.
Mais la chute des cours du métal jaune, ne favorisait pas la mise exploitation des gisements et le projet fut à nouveau ajourné. Parallèlement, les recherches se poursuivront pour explorer d’autres réserves, en attendant des conditions meilleures sur le marché. Les géologues estiment aujourd’hui à plus de 5 millions d’onces, les ressources en or.

Les principaux gisements sont ceux de Loulo et Yaléa. Quelques 105 millions de dollars soit environ 57,7 milliards de F CFA ont été investis dans le projet par le gouvernement et la société Randgold. Les réserves sont exploitables sur environ 10 ans.
Le projet a connu un début difficile a reconnu le ministre Semega, qui a rappelé l’importance que le gouvernement accorde au secteur minier dont il entend tirer le plus de bénéfices possible à travers la création d’emplois et les recettes générées.

Le directeur général de Randgold, Mark Bristow, a surtout mis l’accent sur le dynamisme du partenariat entre sa société et notre pays. Après Siama et Morila, Loulo devient un autre symbole de ce partenariat. Il a réitéré la volonté de sa société de consolider sa place dans notre secteur minier et de faire bénéficier les populations, des retombées de l’exploitation minière.
Après le chantier de l’usine le ministre Semega et sa délégation ont visité le gisement de Loulo O avant de se rendre dans les villages de Loulo et Djidjan-Kéniéba où il a inauguré deux forages, dons de la société Randgold aux populations.

Be. COULIBALY

Loulo : la mine plutôt que les champs ?

Si les habitants de Loulo se réjouissent d’avoir de l’or dans leur sous-sol, ils s’inquiètent déjà des multiples conséquences de la mise en exploitation de ces gisements.
Ils n’ont pas tort car, déjà, la zone est bouleversée. Depuis, l’annonce de la construction de l’usine, la ruée des jeunes en quête d’emplois est ininterrompue. Ils viennent de tout le Mali mais aussi des pays de la sous-région comme le Sénégal, le Burkina Faso, la Guinée, le Nigeria, le Ghana.

La population s’est considérablement accrue au même rythme que s’exacerbait une concurrence farouche entre les jeunes du pays et les arrivants. Le contexte a joué en faveur de la confrontation car la société Randgold, déjà implantée à Siama et Morila, y a recruté localement nombre de travailleurs. Elle a transféré à Loulo certains employés de ses deux premières mines car ceux-ci possédait l’expérience notamment dans les travaux de fouille et dans l’installation des machines, de leur utilisation et de leur maintenance. Dans le même temps, Randgold sous-traite certains volets des travaux avec d’autres entreprises qui arrivent aussi avec leurs employés.

Inutile de dire combien cette situation est mal vécue par la population locale qui voudrait être privilégiée dans les recrutements. Les jeunes, notamment ceux des villages de Loulo et Djidjan-Kéniéba situés à égale distance (environ 5 km) de l’usine, ont quasiment abandonné les champs et cherchent tous un emploi à la mine. "Les champs sont carrément désertés cette année alors qu’il pleut abondamment", se lamente ainsi un septuagénaire.

Dans ce contexte, les autorités communales souhaitent être impliquées dans les recrutements soit à travers un comité mixte qu’elles entendent créer avec les responsables de Randgold, soit à travers une collaboration directe entre la société et le conseil communal. "Nous voulons éviter que les gens soit embauchés puis licenciés n’importe comment", argumente le maire Fousseyni Sissoko.

Lors de sa rencontre avec la population, le ministre Semega a déploré l’abandon des champs par les jeunes au profit de l’usine et a expliqué que la mine à une durée de vie limitée. Un jour ou l’autre, elle fermera, a-t-il averti. Il a, par conséquent, invité les populations qui tirent l’essentiel de leurs revenus de l’agriculture et de l’orpaillage à ne pas abandonner leurs activités traditionnelles.

Le ministre a aussi invité les villageois à s’entendre entre eux, ce qui leur permettra de mieux négocier leurs rapports avec la société d’exploitation.
Le directeur général de Randgold, Mark Bristow, après avoir écouté les doléances des habitants de la zone, s’est dit ouvert au dialogue sur toute action concernant le développement de la commune. Ces doléances sont, principalement, la construction d’un centre de santé, d’une école, de forages pour Loulo et Djidjan et des infrastructures routières pour désenclaver la zone.

Be. COULIBALY

En grève de 72 heures depuis le mardi 19 mai : Les travailleurs de Huicoma projettent une grève illimitée

Jeudi, 21 Mai 2009

Après 72 heures de grève qui prend fin aujourd’hui à 00 heures, la section syndicale de la filière coton de Huicoma entend aller en grève illimitée pour faire satisfaire les quatre points de revendications contenus dans le préavis de grève du 4 mai dernier.

En application de son préavis de grève daté du lundi 4 mai dernier, la section syndicale de la filière coton de Huicoma observe depuis le mardi 19 mai, une grève de 72 heures. Selon des informations que nous avons reçues des différents démembrements de la section syndicale de la filière coton de Kita, Koutiala et Koulikoro, le mot d’ordre a été bien suivi dans ces localités.

L’activité qui tournait déjà au ralenti est complètement arrêtée

Faut-il rappeler que dans son préavis de grève la section syndicale des travailleurs des usines de Huicoma avait demandé que des dispositions soient prises pour satisfaire ses revendications. Celles-ci ont trait aux arriérés de salaire estimés à quatre mois dans certaines usines, l’arrêt des avancements et reclassements en violation de l’accord d’établissement, la suspension jusqu’à nouvel ordre des indemnités eau et électricité et le non paiement des cotisations à l’INPS.

Ces doléances n’étant pas encore satisfaites par la Direction générale de la société, les quatre comités syndicaux ont mis à exécution le mot d’orde qui prend fin aujourd’hui à 00 heure.

Cependant, les travailleurs entendent poursuivre la défense de leurs intérêts. C’est pourquoi, après ces trois jours d’arrêt de travail, la section syndicale compter entamer une grève illimitée. Ainsi, hier une forte délégation des syndicalistes de Huicoma devait être reçue par le ministre de l’Industrie, des investissements et du commerce pour tenter de trouver une solution de sortie de crise.

Jusqu’au moment où nous mettions sous presse, celle-ci n’était pas reçue par le ministre. On se rappelle, qu’au mois de février dernier, le ministre Ahmadou Abdoulaye Diallo avait effectué une visite à l’usine Huicoma de Koutiala suite à une vive tension entre les populations et le repreneur par rapport à la transformation de la graine de coton mis à la disposition de l’Huicoma par la CMDT.

Au terme de cette visite, le ministre, après plus de 5 heures de huis-clos avec la Direction de Huicoma, le syndicat et les autorités locales, avait annoncé publiquement, le demarrage de la production à l’usine et surtout une diversification de la matière première pour assurer un fonctionement continu des machines. Malheureusement, depuis lors, rapportent des sources bien informées, rien n’a changé. Les travailleurs qui, en son temps avait posé la question des arriérés de salaires, n’ont rien obtenu depuis lors.

La Direction générale de Huicoma dit rester ouverte au dialogue avec le syndicat. En effet, selon M. Simpara de Huicoma, d’énormes efforts ont été consentis depuis la reprise de la société par le Groupe Tomota. Il reconnait, certes un retard de salaire de trois mois, mais l’explique par le contexte actuel marqué par l’insuffisance et le coût excessif de la graine de coton Cette année, la société a reçu seulement 35 000 tonnes achetées à 94 000 FCFA la tonne. Elle était alors obligée d’importer pour essayer d’atteindre le seuil de rentabilité. Ce qui a engendré des coûts supplémentaires.

Simpara d’ajouter que la Direction accorde une importance particulière au personnel indispensable pour le fonctionnement des usines. Tout en saluant la dynamique de dialogue qui existe avec le département de l’Industrie, il pense que l’Etat doit fournir un peu d’effort par rapport à ses engagements pris lors de la cession de la société.

Youssouf CAMARA

GREVE DE L’ENSEIGNEMENT

Hormis quelques écoles privées, les établissements et facultés de Bamako ont été paralysés
Le Collectif des syndicats de l’éducation (SNESUP, FEN, COSES, FENAREC et SNEP) et le SNEC ont mis leur menace à exécution (voir l’Essor d’hier). Ils observent depuis hier un débrayage de deux jours qui paralyse tous les ordres d’enseignement tant à Bamako qu’à l’intérieur du pays, hormis quelques écoles privées.

Hier matin à 8h30, la porte du jardin d’enfants "Kassé Keïta" au Quartier du fleuve était fermée et les deux gardiens de cette maternelle priaient les parents de ramener leurs enfants à la maison. Motif : "il paraît que les maîtres sont en grève pour deux jour. Revenez jeudi". A côté se trouve l’école privée catholique "Sainte Thérèse du fleuve", un premier cycle de l’école fondamentale. Ici, tous les enseignants militent à la FEN. On comprend aisément que les classes soient désertes. La directrice, Mme Coulibaly Léonie Sangaré, était seule dans son bureau et mettait de l’ordre dans ses papiers.

Dans la vaste cour de récréation, un petit groupe de fillettes sautent à la corde et à quelques mètres de là, dehors, Awa Youssouf Touré de la 4è année s’emploie à consoler ses trois sœurs cadettes pressées de rentrer à la maison. "Nous ne pouvons pas rentrer à la maison à pied. C’est jusqu’à Kalaban Coura donc très loin. Attendons midi, heure à laquelle notre père qui travaille à la BCEAO viendra nous chercher".

En quelques minutes, le groupe scolaire "Mamadou Konaté" s’est lui aussi vidé. Par petits groupes, les élèves venus tôt, retournent à la maison expliquant les événements aux camarades croisés en chemin. Les vendeuses de fruits et d’eau fraîche semblent encore plus surprises par cette vacance. L’une d’entre elles demande aux élève, si la grève concerne ce seul établissement ou toutes les écoles de la ville. Soucieuse sans doute des deux jours de mauvaises affaires qui se profilent que du devenir de l’école.

Au lycée Notre Dame du Niger de nombreuses demoiselles bavardent tranquillement sous les cocotiers à l’intérieur et devant la porte d’entrée. Le proviseur et le censeur (deux dames) mettent la dernière main aux préparatifs des compositions du 2è trimestre prévues à partir de lundi prochain. Le second cycle, à proximité, présentait un alignement de portes de classes fermées à clé.

A l’Ecole normale supérieure, hormis une salle où un professeur donnait un cours, toutes les autres étaient désertes. Les étudiants s’étaient regroupés à l’ombre des bosquets de bambous des deux côtés de l’entrée principale.

La Flash a, elle, enregistré un début de cours dans de nombreuses salles de classe. Les professeurs n’ont été interrompus que par l’arrivée du piquet de grève composé de responsables syndicaux venus leur demander de tout arrêter. Il faut croire que les enseignants de cette faculté n’avaient pas reçu confirmation du mot d’ordre de leur syndicat ou qu’ils avaient envie de faire la sourde oreille.

Leurs collègues de l’Institut universitaire de gestion (IUG) étaient, eux, bien au fait du débrayage puisqu’ils ne furent pas nombreux à faire le déplacement, tout comme dans les lycées publics. Ainsi à l’Ecica, aux lycées technique, Ba Aminata Diallo, Askia Mohamed et Alfred Garçon, personne n’a mis pied dans les classes. Les élèves qui n’étaient pas rentrés chez eux, bavardaient avec les gardiens et les vendeuses installées à l’entrée, dans l’attente d’hypothétiques clients.

Seules les directions de ces établissement étaient au poste au passage de notre équipe qui a achevé sa tournée par l’école d’enseignement technique (ESET) de Badalabougou. L’établissement appartient à Ibrahim Remy Doumbia de l’Association des écoles privées du Mali (AEPAM). Là, les cours étaient délivrés comme à l’accoutumée et le promoteur a clairement indiqué sa position : « Nous sommes une structure privée et en plus nous avons décidé de donner aux nouveaux ministres en charge de l’Education le temps de mieux étudier les dossiers qui les attendent ».

C. DIAWARA

Emeute à Kita : 2 morts et plus de 500 millions de dégâts

La ville rebelle de Kita, située à 180 km de Bamako, vers l’Ouest, a vécu une journée folle le 15 juillet 2009. Tout est parti de l’assassinat d’un apprenti-chauffeur par un élément de la Garde nationale, le 14 juillet, dans la commune rurale de Kobri située à 45 km de Kita, donc à la veille des émeutes. La Radio Kayra, une radio privée de la place qui a appris la nouvelle, a relayé l’information sur toute la ville de Kita et environnants en chauffant le public,à blanc.

Elle aurait également lancé des appels au rassemblement. Comme un seul homme, la population s’est rassemblée vite le mercredi matin et la foule s’est attaquée aux bâtiments publics qui ont été pillés, saccagés et brûlés. Dans le feu des actions, un policier grièvement blessé par les manifestants aurait trouvé la mort. KITA : UNE VILLE FANTOME Les édifices publics qui ont subi la foudre des manifestants ont pour noms : le Commissariat de Police de Kita, les services de la Douane, des impôts, de la justice, le camp des Gardes, entre autres. Des voitures et motos ont été également calcinées. En plus de la mort de l’apprenti-chauffeur et d’un policier, les dégâts matériels ont été estimés à plus de 500 millions de F CFA. Débordées par l’ampleur du soulèvement populaire, les forces de sécurité et du maintien d’ordre ont demandé du renfort à Bamako. Trop tard car, la violence avait atteint son paroxysme.

Par prudence et par peur, les commerçants ont fermé vite leurs boutiques et le marché s’est vidé. Les populations terrorisées se sont enfermées dans leurs maisons. Aux environs de 14 heures, la ville était déserte. Toutes les activités se sont arrêtées, les rues vidées. Un calme après la tempête regnait dans la ville. “LA RADIO KAYRA N’A AUCUNE RESPONSABILITE DANS LES VIOLENCES” Contacté par téléphone, le Directeur de la Radio Kayra de Kita, M. Noumoutiè Sidibé, a dégagé toute responsabilité de sa radio dans les violences. “La Radio Kayra n’a aucune responsabilité dans les événements du 15 juillet à Kita. Quand je me suis réveillé dans les environs de 8 heures 30 mn, les manifestants avaient déjà brûlé le service des impôts de la ville. Et tant que journaliste, lorsque j’ai appris cet acte ignoble, je me suis rendu personnellement sur les lieux pour constater les dégâts.

Sur place, on m’a informé que cela fait suite à l’assassinat d’un jeune apprenti-chauffeur suite à un contrôle des impôts dans la commune rurale de Kobri. A mon retour à la radio, j’ai informé la population sur notre antenne de ce qui vient de se passer. C’est tout. Un élément des forces de sécurité m’a appelé pour m’accuser que notre radio est responsable des autres casses. Je lui ai répondu que je ne suis pas responsable en tant que Directeur de toutes les casses et autres dégâts à Kita suite à ces événements malheureux.

D’ailleurs, après l’incendie du service des impôts, nous avons interrompu toutes nos émissions aux environs de 10 heures par crainte car, nous avons appris que les manifestants ont l’intention de venir saccager notre radio. Ceux qui accusent la radio Kayra n’ont qu’à chercher les coupables, pas nous. Kayra n’a aucune responsabilité dans ce qui s’est passé”, a martelé Noumoutiè Sidibé, Directeur de la Radio Kayra de Kita. OUVERTURE DES ENQUETES Pourtant, dans les colonnes du quotidien national l’Essor du 16 juillet, le chef d’Etat-major de la Garde nationale, le Colonel Broulaye Koné qui s’est rendu à Kita le jour des événements, pense qu’il y a eu préméditation dans les actes.

Dans un communiqué rendu public par voie de presse, le ministre de l’Administration Territoriale et des Collectivités Locales a appelé les populations au calme. Des enquêtes sont en cours pour situer les responsables. Des éléments venus en renfort ont pu maîtriser la situation. Pour l’instant, il règne à Kita un calme olympien après la tempête du 15 juillet 2009

COLERE CONTRE LA PRIVATISATION DES SERVICES PUBLICS

Colère contre la privatisation à venir de la Compagnie malienne de développement des fibres textiles (CMDT), contre celle de la société nationale d’eau et d’électricité (EDM), celle encore de la Société nationale d’équipement et de travaux (SONETRA). Licenciements, remise en cause des droits sociaux, augmentation des prix..., chacune d’entre elles, loin d’améliorer le quotidien des populations, sèment son lot de “destruction sociale”. “A Fana même, nous n’avons toujours pas d’eau près de 50 ans après les indépendances”, dénonce Maryam Sarid qui participe pour la première fois au Forum des peuples.

Mais c’est la privatisation du chemin de fer malien, intervenue en octobre 2003, qui suscite le plus d’indignation. Celle du retraité Sigina Ballo, originaire de Sikasso, qui se souvient de sa petite enfance, avant 1945, quand l’administration coloniale française organisait le recrutement des jeunes hommes pour l’armée. Parmi ceux qui ne partaient pas, un “lot” était destiné à la construction des voies ferrées dans le cadre du travail forcé. “Beaucoup d’hommes sont morts, loin des leurs. Je me souviens des chansons que leurs veuves et leurs filles fredonnaient le soir. Il est inadmissible qu’un bien national de cette envergure soit sacrifié et, pire encore, sans consultation de ce peuple-là qui la construit de son sang et de sa sueur.” Au-delà des conséquences sociales sur les cheminots eux-mêmes et sur leur famille, c’est toutes les populations du Mali qui découvrent peu à peu l’impact de cette concession sur leur vie quotidienne : villages désormais enclavés, production maraichère condamnée à pourrir sur place, malades qui ne peuvent plus accéder aux centres de santé, appauvrissement des commerçantes le long des voies..., le long de la ligne Koulikoro-Kayes le nombre des victimes de cette privatisation ne cesse de s’allonger. “Parfois je me réveille en pleine nuit, incapable de retrouver le sommeil, témoigne Souko Assa Badiallo, ancienne secrétaire générale adjointe de la Fédération des chemins de fer du la CSTM (Confédération syndicale des travailleurs maliens). Ce chemin de fer a une histoire et une âme. On nous dit aujourd’hui que sa privatisation était inévitable parce qu’il était mal géré. Mais les cheminots n’ont cessé d’alerter sur la mauvaise gestion tout en donnant le maximum d’eux-mêmes pour satisfaire les besoins de l’entreprise et des voyageurs !” “Il ne s’agit pas de privatisation, mais bel et bien de bradage, dénonce Ben Kattra, syndicaliste à l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM). Les syndicats peuvent dénoncer mais rien ne pourra changer si la société civile ne se mobilise pas. C’est tout le monde qui est concerné, tous les secteurs de la société ! Il faut en finir avec l’hypocrisie de tous ceux qui n’hésitent pas à se plaindre des privatisations d’un côté mais qui y participent de l’autre.”

Question mobilisation, les idées ne manquent pas. En témoignent les propositions des participants à l’atelier : transformer le forum des peuples en force d’interpellation des autorités locales de Fana pour la construction de nouveaux puits d’eau potable, exiger des chefs d’Etat du G8 qui prétendent vouloir combattre la pauvreté de restituer sans tarder les entreprises de service public que leurs multinationales ont racheté, identifier les responsables de la mauvaise gestion et du pillage des sociétés nationales et les juger, exiger de tous les candidats au pouvoir de s’engager à renationaliser les entreprises de service public et à ne pas engager de nouvelles privatisations... Reste maintenant à convaincre les fatalistes qu’une décision peut être remise en cause lorsqu’elle ne répond pas aux attentes du plus grand nombre. N’est-ce pas la définition d’une démocratie ?

Anne M. 

L’Or du Mali, pillé par les multinationales

Mardi, 10 juin 2008

690 milliards CFA, versés au Trésor public par les multinationales et après neuf ans d’exploitation des quatre mines industrielles du Mali, ne représentent que 30 % seulement de la valeur des exportations d’or.

Selon le rapport d’enquête de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH), c’est l’équivalent des dépenses du gouvernement dans les domaines de la Santé et de l’Education pour deux ans. C’est aussi la valeur de l’or de la seule mine de Sadiola, commercialisé entre 1997 et 2002 (614,8 milliards CFA).

Plus grave, les données publiées par les compagnies minières diffèrent, largement, des chiffres officiels.

Autre indice : à en croire le rapport d’enquête de la FIDH, les coûts de production de l’or malien sont les plus bas d’Afrique. Un exemple : pour extraire une tonne de minerai les multinationales dépensent 1,27 dollars. Pour la traiter, elles dépensent 7,28 dollars, auxquels s’ajoutent les coûts administratifs : 3,75 dollars par tonne et les taxes et redevances estimées à 23,8 dollars par once d’or. Au total, le coût opérationnel d’une tonne d’or au Mali est de 95 dollars l’once.

Avec un cours de l’or, toujours en hausse, et des coûts de production maintenus à un faible niveau, les bénéfices réalisés, par les multinationales, sur l’or malien ne cessent de croître : 108 dollars sur l’once d’or en 2003 ; 230 dollars sur l’once en 2004 et 245 dollars sur l’once en 2005.

Alors question : à qui profite l’or du Mali ?

L’Etat malien et la portion congrue

Le conflit qui a opposé, durant deux ans, l’administration fiscale malienne aux compagnies minières, témoigne des difficultés du gouvernement malien à défendre ses intérêts, face à la machine corruptrice des multinationales.

Selon un audit publié en décembre 2003, les mines de Sadiola et de Yatela devraient, à l’Etat malien, environ 15,6 millions de dollars, au titre des taxes sur les bénéfices impayées et les pénalités afférentes entre 2000 et 2002.

Mais les directions de ces mines ont discuté avec les conseils fiscaux et ont conclu que toutes les taxes avaient été payées. Curieusement. Et, pire, que le rapport d’audit était sans fondement.

En fin de compte, l’Etat malien n’obtient qu’un tiers des sommes dûes par ces compagnies minières : 5,2 millions de dollars, alors qu’elles devaient au trésor public la bagatelle de 15,6 millions de dollars.

Pour que l’or brille pour tous les maliens, une seule solution : renégocier les contrats avec les multinationales, après un nouvel audit de toutes les mines industrielles.

Prévue, il a cinq ans, la signature des contrats d’audit est, sans cesse, reportée. Pourquoi ? Seul Abou -Bakar Traoré, Ministre des Finances, peut y répondre.

Les compagnies minières, prises en flagrant délice de … vol

Qu’elles soient sud -africaines, canadiennes, suisses ou anglo -saxonnes… les sociétés minières décrochent, pour une bouchée de pain, d’importantes concessions. Sous prétexte, qu’elles sont les seules à pouvoir installer les infrastructures, permettant l’extraction du métal jaune malien, à l’échelle industrielle.

Elles s’accaparent de superficies de terres, dépassant, parfois, celles autorisées par leurs contrats, sur lesquelles elles érigent des forteresses impénétrables, dirigées par des sud-africains, qui imposent leurs conditions de travail à la main d’œuvre locale.

Mais de ces millions de dollars, extraits chaque mois de notre sous -sol, le Trésor public ne perçoit que des broutilles, dont l’Etat malien se contente. Curieusement.

Alors question : l’or, une malédiction pour le Mali ? Enquête.

Des villages disséminés dans la brousse, des champs de mil et de coton, abandonnés aux maigres troupeaux de bœufs, de moutons et de chèvres…

La vie est loin d’être rose pour les paysans et éleveurs de la localité de Bougouni.

Et pourtant, c’est ici qu’a été inaugurée, le 15 février 2001, l’usine d’exploitation de la mine d’or de Morila. Avec une réserve, estimée à plusieurs centaines de tonnes, ce site minier est réputé, comme le plus prometteur des mines répertoriées dans le Kénédougou.

C’est la compagnie sud -africaine, Anglogold qui l’exploite. Avec un rendement moyen de 19 tonnes d’or par an.

Si la gestion de cette mine est réputée rigoureuse, avec parfois des méthodes dignes, du régime de l’apartheid, les responsables d’Anglogold accordent peu d’intérêt à la protection de l’environnement.

Depuis sept ans, l’ONG « Guamina » tente d’alerter les pouvoirs publics sur les risques encourus par les populations. En vain !

Pour museler les populations, au bord de la révolte, la direction d’Anglogold a électrifié certains villages, installé un réseau d’adduction d’eau et fait construire quelques salles de classe pour pouvoir scolariser les enfants sur place.

Geste de solidarité ou rachat du silence des populations locales ?

Une certitude : selon les études menées sur le terrain par l’ONG « Guamina », les eaux souterraines de Morila sont contaminées par le cyanure. La flore, aussi.

Contrats flous, manque de transparence.

Mais, à côté de la mine industrielle, même les éleveurs ont appris, à leurs dépens, à se méfier du « gaz qui tue ». « Il y a eu, il y a quelques années, un écoulement. Une demi-douzaine de bœufs ont péri », raconte un éleveur de Morila.

Avant de formuler un souhait : celui de voir les autorités maliennes ouvrir une enquête, sur l’impact de l’usine de Morila sur leur environnement.

Face au mirage des milliards, générés par le métal jaune, de nombreux problèmes liés à l’exploitation de l’or, par les sociétés minières, demeurent : destruction de la flore et de la faune, fragilisation des sols, dispersion du cyanure dans la nature, contamination des hommes et des animaux.

Après inspection de la mine de Sadiola, l’ONG « Guamina » est parvenue à la même conclusion à Morila : la contamination des eux souterraines par le cyanure.

La ruée des sociétés minières vers l’or malien s’explique par la politique d’attraction, initiée par le gouvernement malien. C’était dans les années 1990.

Des multinationales, comme Anglogold, Rangold, Iamgold, Nevsun Resources, African Metals Corps…s’arrachent des concessions pour l’exploitation de l’or malien.

Mais le manque de transparence, dans l’établissement des contrats, le non -respect du code minier par les multinationales, et les conditions réelles d’exploitation du sous -sol malien rendent difficile le contrôle de ces compagnies minières. Selon une source proche de la Direction Nationale de la Géologie et des Mines, l’Etat malien exerce un contrôle lointain sur les multinationales : « Ce sont elles qui exploitent et qui commercialisent l’or du Mali » explique t -il.

Conditions de travail, dignes du régime de l’apartheid

Aux contrats flous, s’ajoutent les compagnies minières fantômes, qui siphonent de l’or malien. C’est le cas de la multinationale AXMIN, prospectant, non loin de Sadiola, à la frontière avec le Sénégal.

Dirigée par un suisse, jean -Claude Gandur, la Compagnie a obtenu quatre concessions d’exploitation dans la zone de Kofi (règion ouest du Mali). Avec des intérêts qui donnent froid dans le dos.

Bref, l’or du Mali profite, largement, aux multinationales qui décrochent, pour une bouchée de pain, d’importantes concessions. Sous prétexte, qu’elles sont les seules à pouvoir installer les infrastructures, permettant l’extraction de l’or à l’échelle industrielle.

Les usines de traitement du minerai s’accaparent de superficies de terres, dépassant celles autorisées par leurs contrats, sur lesquelles elles érigent des forteresses impénétrables, dirigées par des sud -africains, qui imposent leurs conditions de travail à la main d’œuvre locale.

Certaines multinationales ont, parfois, recours à des méthodes de travail dignes du régime de l’apartheid. Comme l’a démontré, Camille Vitry, dans son film intitulé : « le prix de l’or », présenté au forum des peuples, tenu à Kita.

Le second dégât, causé à notre pays, par les multinationales, est d’ordre financier.

En neuf ans d’exploitation de nos mines, c’est-à-dire entre 1997 et 2005, les quatre mines industrielles du Mali n’ont rapporté que 690 milliards CFA à l’économie malienne. Soit, 76 milliards CFA par an.

L’Or du Mali, pillé par les multinationales

De ce pactole, l’Etat malien n’a touché que 49,4 %, l’équivalent de 341,7 milliards CFA. Le reste, c’est-à-dire 294 milliards CFA (42,6 %) est reparti entre les fournisseurs : carburant, matériel de bureau, lubrifiants etc…

S’y ajoute la part des salariés qui, durant ces neuf années, n’ont touché que 45 milliards CFA. Soit 6,5 % seulement de la rente minière. Quant aux populations locales, premières victimes du cyanure, elles n’ont bénéficié que de 9,2 milliards CFA. L’équivalent de 1,3 % de la rente minière.

Selon le rapport d’enquête de la Fédération Internationale des Droits de l’homme (FIDH), l’or malien profite, seulement, aux multinationales.

« Le Mali a offert aux investisseurs internationaux un environnement propice à leur enrichissement, mais qui ne garantit, ni le respect des droits fondamentaux, ni l’amélioration, à long terme, des conditions de vie de la population », précise le rapport de la FIDH. Car, dit -elle, les multinationales maximisent leur profit, avec la complicité d’un Etat, qui ne peut ou ne veut contrôler leurs activités. Un Etat qui, toujours selon le rapport d’enquête de la FIDH, ne peut obliger les sociétés minières à respecter leurs obligations, en matière de droits de l’Homme et de protection de l’environnement. Et le rapport d’enquête de la FIDH de conclure : « le Mali, pauvre d’entre les pauvres d’Afrique Sub-saharienne, a offert aux investisseurs internationaux un environnement propice à leur enrichissement, avec des coûts d’exploitation parmi les plus bas du monde, au détriment du sien », nous y reviendrons, dans nos prochaines éditions.

Le mal frôle la gangrène

Notre pays a mal partout. A son administration, gangrenée par la corruption et le népotisme. A ses finances publiques, saignées à blanc, par les « saigneurs de la Rue publique », qui semblent bénéficier d’une immunité à vie.

A sa justice, « indépendante de tout, sauf de l’argent sale », selon la formule, désormais, célèbre de Me Fanta Sylla, ex -Garde des « Sôts ».

A son école, au sein de laquelle, Enseignants, Elèves et Etudiants sont victimes des NST : les notes sexuellement transmissibles.

Le Mali a mal à ses cadres, dont la devise est, désormais, « bouffe et tais -toi ». A ses Ministres, plus soucieux de leur toilette, que de la misère du peuple.

En un mot comme en cent, le Mali a mal partout. Pire, le mal frôle la gangrène. Partout le même constat, l’amer constat : les maliens se croient, aujourd’hui, sans avenir.

Or, être sans avenir, c’est mourir un peu. C’est mourir tout court.

Le hic qui fait tic, c’est que rien n’est entrepris, par les princes qui nous gouvernent, pour désamorcer la colère de nos populations. Le réveil risque d’être brutal. Très brutal. A bon entendeur…

Source : Le Canard Déchainé (Mali), 4 juin 2008


Au Mali, le prix du riz augmente malgré le soutien à la production locale

Si les "émeutes de la faim" ont plutôt épargné le Mali, la flambée des cours du riz a fait néanmoins prendre conscience du danger. Dans l’urgence, le gouvernement a lancé l’Initiative riz, subventionnant l’achat d’engrais à hauteur de 50%. En augmentant la production, il comptait dépendre moins des importations asiatiques, et donc des prix mondiaux.

Une aubaine pour les producteurs de riz de Tongorongo, un gros village situé à une heure de piste de la ville de Mopti, au bord du Niger. Mamadou est venu les rencontrer avec l’équipe de FARM, qui soutient le développement du village par des prêts. Pour leur venue, tous les villageois sont là. Des poissons, des noix de cola, des poteries sont offerts.
L’argent prêté aux hommes a servi à acheter des semences et des herbicides, qui ont permis la mise en culture de 125hectares jusque-là non utilisés. Les femmes, elles, ont acquis deux batteuses, une décortiqueuse et une étuveuse, qui permettront de vendre le riz transformé, et donc plus cher. L’idée n’est pas seulement que la population se nourrisse, mais qu’elle dégage des revenus grâce aux surplus. "Défendre seulement l’agriculture familiale, c’est avoir une vision misérabiliste. Car sans perspectives, les gens quittent la terre", défend Bernard Bachelier, le directeur de FARM, fondation soutenue par le Crédit agricole, Limagrain et d’autres entreprises françaises.

Mamadou Diarra se doute bien que le recours aux engrais et aux herbicides peut choquer. "On peut bien augmenter les doses, puisque nous partons de rien" lâche-t-il, rappelant qu’en Europe, 100kg d’engrais sont en moyenne épandus par hectare, contre 10 en Afrique. Il n’y a pas que cela qui l’énerve. "Tout pousse au Mali, mais les villages sont enclavés", déplore-t-il. Comme ces ananas qui pourrissent sur place dans la région de Kayes, où il travaille aujourd’hui pour une organisations non gouvernementales (ONG). Ou comme ces oranges dont personne ne veut parce que leur peau est verte, et qui ne peuvent être transformées en jus parce qu’il n’y a pas d’usines. "Ça donne envie de pleurer", dit-il.
L’Initiative riz, dont tout le monde parle, redonne espoir, même si les chiffres officiels de hausse de la production sont mis en doute, et si certains auraient préféré que le gouvernement mise sur le sorgho, le maïs ou le millet, consommés dans les campagnes et bien moins chers. Mais le riz a la faveur des urbains. Pour les autorités, l’équation est complexe : les prix doivent être soutenus pour assurer un revenu aux paysans, mais assez bas pour que le consommateur se nourrisse... et que les émeutes soient évitées.

Au grand marché de Mopti, on se réjouit de la bonne récolte, et on se demande comment les prix vont évoluer. "Je ne pense pas qu’ils chuteront", estime Oumar Tembeli. Cet acheteur, qui parcourt les villages, dit que les paysans commencent à s’organiser en coopératives, à recourir au microcrédit et à des banques des céréales pour éviter que le riz ne soit bradé dès la récolte pour rembourser les dettes.

Lui payait le kilo de riz 280francs CFA (environ 40 centimes d’euros) en janvier dernier, le vendait aux commerçants 300francs, qui eux-mêmes le revendaient 325francs... contre 275francs un an plus tôt à la même saison. Aujourd’hui, selon FARM, les prix n’ont pas baissé, au contraire : le kilo de riz se vend 375francs à Mopti. Car les paysans, mais aussi les commerçants, qui pensent que les prix vont encore grimper, rechignent à vendre.
La subvention des engrais a été renouvelée par l’Etat, et étendue à l’ensemble des céréales. Les paysans vont en acheter. FARM a du coup reporté le remboursement de son prêt d’un an, de crainte que certains ne tombent dans la spirale du surendettement.

Laetitia Clavreul

Affaire des 311 licenciés de la mine d’or de Morila : La SOMADEX assignée en justice devant le tribunal de Sikasso

Publié le 16 juillet 2009

L’indicateur Renouveau - Le feuilleton judiciaire opposant la société d’exploitation de la mine d’or et ses désormais ex-travailleurs est encore loin de connaître son épilogue. Après plus de quatre années de contentieux, une nouvelle plainte sera bientôt introduite par le conseil d’avocats des travailleurs licenciés, représenté par Me Hamadoun Karembé, devant le tribunal de Première instance de Sikasso. Comment les 331 employés ont-ils été licenciés, et violation flagrante du droit syndical ? Quelles sont les différentes étapes qui ont marqué ce feuilleton ? Retour une affaire sur une affaire à dormir à débout.

C’est en principe la semaine prochaine que le tribunal de première instance de Sikasso devra recevoir la plainte des 331 travailleurs licenciés de la mine d’or de Morila. L’information nous a été révélée vendredi dernier à Bandiagara, à la faveur de la 8ème édition du Forum des peuples, par le porte-parole desdits travailleurs. En effet, à en croire M. Fassery Traoré, à l’issue de l’audience du 2 juillet dernier, la Cour d’Appel de Bamako a ordonné le renvoi de l’affaire devant les juridictions de la 3ème région. Ce procès fait suite à un premier jugement au Tribunal de travail de Bamako, lequel s’est malheureusement déclaré « incompétent » à trancher l’affaire. Pour le porte-parole des ex-travailleurs de la mine d’or de Morila, dès la semaine prochaine une nouvelle sera introduite conformément aux recommandations de la Cour d’Appel. Cela, explique-t-il, par le biais de leur avocat Me Hamadoun Karembé, président de « Avocats Sans Frontière ».

Quatre années devant les tribunaux

Le contentieux opposant la SOMADEX aux 331 ex-travailleurs aura duré plus de quatre ans. Selon nos informations, tout est parti en effet de la découverte, en 2005, de cas de falsification de contrats de travail des employés d’une durée indéterminée vers une durée déterminée par le chef du personnel de la mine d’or. L’ouvrier ainsi fraudé perdait ses avantages en cas de licenciement et risquait aussi de perdre plusieurs mois de salaires. Suite à cette découverte, pour se protéger, le chef du personnel a fait circuler une pétition au nom des travailleurs contre le secrétaire général du syndicat. C’est la goûte d’eau qui fera déborder la vase. A partir de cette cabale injustifiée contre leur leader, les 500 travailleurs de la SOMADEX, c’est-à-dire la presque totalité des travailleurs de la société, ont décidé de décréter un mouvement grève de protestation de 72 heures. Et cela, précise-t-on, 15 jours après avoir déposé le préavis conformément aux dispositions prévues par le code du travail. Cependant, la surprise fut grande lorsque les responsables du Syndicat de la section nationale des mines et des industries (SECNAMI) se sont brusquement démarqués de notre lutte. Mais après investigations, il s’est avéré malheureusement que celui-ci aurait bénéficié d’un soutien de 8 millions de francs CFA de la par de la direction de la mine pour l’organisation d’une conférence prévue en avril 2005.

Selon toute analyse logique, le seul tort de ces travailleurs a été de démasquer une mafia et de revendiquer notre prime de rendement et d’exiger une meilleure protection dans le travail.

De l’avis de M. Yaya Kondé (doyen des grévistes que nous avons récemment rencontré) la principale revendication des 72 heures de grèves avait pour but de réparer les inégalités subies depuis 2000. C’est à savoir la régularisation des contrats de travail falsifiés, le versement des primes de rendement, la présence d’un médecin et d’une ambulance sur le site de la mine.

La répression s’abat sur les grévistes

En réponse au mouvement de grève de 72 heures du 6 au 8 juillet 2005, la direction de la SOMADEX afficha le 9 du même mois une liste de 17 personnes sujettes au renvoi systématique en tant que démissionnaires. Autrement dit, sans droit ni et sans recours. La première équipe de retour au travail a donc vu 17 de ses compagnons se faire enlever par les gendarmes. Ces derniers, explique Fasséry Traoré, ont cherché à avoir d’amples explications auprès de la direction. Réaction du directeur « Ceux-ci étaient licenciés pour fait de grève. Si vous n’êtes pas contents, il faut aussi arrêter le travail ». « Grande fut notre surprise, déplore le porte-parole des grévistes. Par solidarité pour les compagnons, poursuit-il, nous avons déclenché une mobilisation générale jusqu’à ce qu’ils soient réintégrés. C’es à partir de cette revendication qu’a débuté une véritable chasse à l’homme où tous les ouvriers ont compris qu’il fallait être beaucoup plus forts s’ils désiraient non seulement être entendus, mais également pris en compte par les directives de leur employeur » nous révèle porte-parole des ex-travailleurs Fassery Traoré. Qui regrette que la réaction tardive du gouvernement de notre pays soit la preuve de la faiblesse de ce dernier face aux entreprises étrangères et le capital qu’elles gèrent.

Les menaces et tentatives de récupération n’ont pas cessé. Finalement, la liste officielle des 311 licenciés a été imprimée et affichée. Ils ont ainsi reçu leurs lettres de rupture de contrat signée par un huissier, car tous les grévistes ayant catégoriquement refusé de signer.

Comme si cela ne suffisait pas dans la nuit du 13 au 14 septembre de la même année, pour nous intimider, deux buts bien gardés dans la cour de la gendarmerie, ont explosé. Sans mandat, et contre l’absence de toutes preuves, les gendarmes ont mis aux arrêts et déféré à la prison de Bougouni une trentaine de grévistes. L’affaire avait en son temps défrayé la chronique à Bamako. Après avoir fait un mois et six jours en prison, 23 d’entre eux ont été mis en liberté provisoire. Deux autres grévistes furent ensuite appréhendés. Ils feront 14 mois de détention, soit un an et deux mois, avant d’être mis en liberté provisoire. Car aucune preuve n’a établi leur implication dans l’incendie desdits véhicules de la société.

C’est donc ce dossier brûlant qui sera bientôt transféré devant le tribunal de première instance de Sikasso qui aura la lourde responsabilité de faire éclater la vérité. Affaire à suivre.

Issa Fakaba SISSOKO

Colère après le refus de compagnies françaises d’embarquer des Maliens

Le ministre malien des Transports a dénoncé le refus de deux compagnies françaises d’embarquer dix ressortissants maliens qui retournaient dans l’Hexagone. Ahmed Diane Séméga estime que ces voyageurs étaient règle, ce que la France dément.

Le gouvernement malien a marqué son mécontentement sur le refus, par deux compagnies aériennes françaises, d’embarquer dix ressortissants maliens pour la France où ils sont établis, selon l’Agence de presse africaine.

Le ministre malien des Transports Ahmed Diane Séméga a déclaré jeudi que l’aéroport international de Bamako ne saurait être un "second consulat" de France au Mali.

M. Séméga, qui a largement commenté l’affaire, l’a assimilée à une atteinte grave à la souveraineté nationale qui ne saurait être tolérée par les autorités de son pays.

La France se défend

Les dix Maliens détiennent, en plus de leur passeport, un récépissé en bonne et due forme délivré par les autorités compétentes françaises, a notamment laissé entendre le ministre malien.

Réagissant à cette affirmation, l’ambassade de France a soutenu vendredi, dans un communiqué, que les Maliens n’avaient pu embarquer faute d’un "document leur permettant l’entrée sur le territoire français".

"A cet égard, la possession d’un récépissé de première demande de carte de séjour ne permet pas, à lui seul, selon la réglementation en vigueur, l’admission sur le territoire français", dit le communiqué.

Par delà les siècles et l’Atlantique, les Etats-Unis poursuivent
l’esclavage des Noirs dans les champs de coton. *

Korokoro, Mali.

Après les premières bonnes pluies de la saison tombées il y a quelques jours sur ce village d’Afrique de l’Ouest, Mody Sangare attache sa charrue à une lame à 2 bœufs faméliques et commence à retourner la poussière de ses champs. Marchant pied nu derrière sa charrue, ce paysan de 22 ans va passer les 2 prochaines semaines à labourer et planter 6 ha de coton. Et pour quel résultat se demande-t-il. Le prix offert pour le coton malien est de 10% inférieur à celui de l’an passé, ce qui lui procurera un pitoyable revenu, puisque le prix mondial du coton est à son niveau le plus bas depuis 30 ans. Après la précédente récolte, une fois payés les coûts de production, le revenu annuel de la famille Sangare était un peu inférieur à 2000$ (150 000 FCFA) et ceci alors qu’ils doivent subvenir aux besoins de 24 personnes. M. Sangare s’inquiète cette année des prix bas qui, alliés à ceux élevés des engrais et des pesticides, ne leurs permettront sûrement pas d’acheter assez d’animaux pour reconstituer leur troupeau. Ils ne pourront également pas continuer à payer les frais de scolarité du plus jeune frère, ce qui est un luxe ici. Mody Sangare et son neveu labourent leur champ de coton. "Nous allons devoir réduire nos achats" dit M. Sangare, habillé d’une chemise marron, trempée de sueur, et d’un pantalon vert déchiré. "Les prix vont réellement nous ruiner".

Le même jour où la pluie tomba sur Korokoro, le coton planté à l’autre bout du monde aux USA commence à sortir de l’épais sol noir de la ferme du comté de Perth, une plantation de 4 000 ha de coton dans le delta du Mississipi. Kenneth B. Hood, le plus âgé des 4 frères qui dirigent l’exploitation, monte dans la cabine climatisée de son tracteur à 125 000$ pièce (90 000 000 FCFA) et s’apprête à répandre un mélange d’une douzaine de fertilisants. L’énorme tracteur, un des 12 appartenant à la ferme, est équipé d’écrans digitaux, de 4 roues motrices et d’un siège sur coussin d’air. M. Hood, âgé de 61 ans, habillé d’une épaisse chemise écossaise, travaille à l’aide d’un GPS qui lui indique la quantité d’engrais à répandre sur les plants. Il n’y a aucun signe apparent, ici à Gunnison, que les cours mondiaux du coton ont touché le fond. M. Hood et sa famille continue à acheter des parcelles de terre cultivable. Le jour suivant, à la Nouvelle Orléans, il se rend à l’hôtel Ritz-Carlton où il a une réunion avec d’autres dirigeants du National Cotton Council (Conseil National du Coton). "Il y a toutes les raisons pour être optimiste", annonce M. Hood, qui, cette année, est le président de séance de ce puissant syndicat.

La principale raison des heureuses perspectives de M. Hood est également responsable du désespoir de M. Sangare : les subventions. Les fermiers américains en reçoivent en abondance. Pas les paysans maliens. Dans les années passées, les subventions étaient déjà accusées d’élargir le fossé entre pays riches et pays pauvres. Depuis le 11 septembre, de telles subventions ont été la raison de controverses encore plus violentes : elles ont un effet contre-productif sur les efforts américains dans la lutte contre la pauvreté, lutte faisant partie intégrante de la campagne anti-terrorisme. Craignant que la misère dans les pays en voie de développement soit un terreau fertile pour l’instabilité et le terrorisme, le gouvernement américain est amené à promouvoir l’aide au développement et le libéralisme. Mais cette stratégie est minée par les subventions allouées aux fermiers américains, celle ci entraînant la chute des prix de plusieurs produits agricoles vitaux pour les pays en voie de développement. Au Mali, les Etats-Unis dépensent 40 millions de dollars par an pour l’éducation, la santé et bien d’autres programmes d’aide. Cet investissement est oblitéré par la baisse des prix du coton, principale source de revenu du Mali. La compagnie nationale du coton prévoit un déficit de près de 30 millions de dollars cette année.

Aliénation et colère.

En conséquence, les personnes supposées bénéficier de la lutte contre la pauvreté connaissent une plus grande aliénation et une plus grande colère. Le Mali, un pays à dominante musulmane, a été extrêmement calme depuis le 11 septembre, mais les frustrations y sont néanmoins de plus en plus nombreuses. "Voici ce que les Etats-Unis ont en tête : ils veulent dominer le monde, économiquement et militairement", dit M. Mody Diallo, un leader d’une organisation paysanne de Bougouni, une région du centre du Mali. En attendant, la nouvelle politique agricole américaine, riche de subventions, implique que la plupart des producteurs de coton américains vont recevoir la moitié de leur revenu sous forme d’aides gouvernementales. Même s’il ne représente qu’une part relativement faible parmi les agriculteurs — seulement 25 000 sur les 2 millions d’agriculteurs que comptent les USA — leur richesse et leur influence est légendaire à Washington. Le revenu net moyen d’un planteur de coton américain, en tenant compte des revenus de la terre et ceux extérieurs à la ferme, est d’environ 800 000$ (525 millions de FCFA au taux de change de fin juin 2002) d’après le ministère américain de l’Agriculture.

Cette contradiction risque d’être mise au grand jour cette semaine à la réunion des leaders des 8 pays les plus industrialisés (G8) au Canada, qui projettent de renforcer l’aide envers les économies des pays en voie de développement. De retour à la maison, certains de ces leaders vont augmenter ou maintenir les subventions et le soutien des prix sur plusieurs variétés de produits, ce qui ne fera que renforcer la marginalisation du commerce africain. "Notre rhétorique n’affecte pas notre comportement", dit Allan Gray, un spécialiste en économie agricole à l’université de Purdue, West Lafayette, dans l’Indiana. "Cela démontre que, lorsque les groupes de pression agissent, la politique intérieure des USA prend toujours le pas sur la politique internationale".

Tandis que les subventions protègent les producteurs aux USA et dans plusieurs autres pays de la chute des prix, elles accentuent généralement cette chute en encourageant la surproduction et, par la même, estropient les producteurs des pays moins subventionnés. Peu d’exemples sont autant représentatifs des travers de l’économie que le fossé entre les producteurs de coton du delta du Mississipi et ceux du delta du Niger. L’Amérique, le premier exportateur mondial de coton, et l’Afrique de l’Ouest, le troisième, sont donc tous les deux sujets aux variations des marchés qui ont charcuté les prix de 66% depuis 1995 pour atteindre 40 cents la livre (635 FCFA le kg de coton-fibre). Le commerce mondial du coton stagne depuis les années 90 qui ont vu l’effondrement de l’industrie textile russe, grosse consommatrice de fibre. De plus, le coton est extrêmement concurrencé par le polyester qui tend à devenir de plus en plus populaire dans certains pays du globe.

Armés d’environ 3,4 milliards de dollars de subventions, les fermiers américains ont engrangé, l’an dernier, une récolte record de 9,74 milliards de livres (4,4 millions de tonnes) de coton-fibre, aggravant la surproduction nationale et poussant à la baisse les cours mondiaux loin en dessous du seuil de rentabilité de la plupart des producteurs à travers le monde. Cette année, les producteurs de coton américains s’attendent à palper encore plus grâce aux 118 millions de dollars promis dans la loi agricole pour 6 ans par le Président Bush au mois de mai. Le programme du gouvernement assure aux fermiers un prix plancher de 70 cents la livre de coton (1542 FCFA le kg de coton-fibre, compte tenu de la parité 1 € = 1 $ fin juin 2002) en compensant n’importe quelle chute des cours, et ceci grâce au carnet de chèques fédéral. A la différence des précédentes politiques agricoles, celle-ci n’impose pas aux agriculteurs de mettre une partie de leurs terres en jachère afin de bénéficier des subventions.

En revanche, le gouvernement malien, aux abois pour fournir même les services les plus élémentaires comme la santé et l’éducation à un pays classé parmi les 10 pays les moins développés de la planète, ne peut subventionner son agriculture. Le coton pourrait être le moteur principal de la réduction de la pauvreté pour le Mali et d’autres pays voisins d’après une étude menée conjointement par la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International. En Afrique de l’Ouest et Afrique Centrale la culture du coton emploie plus de 2 millions de foyers ruraux. Le coton africain, cultivé majoritairement à la main, est aussi bon que le coton américain. Ce rapport estime que la suppression des subventions du gouvernement américain, qui compte pour une grande part des 5 milliards annuels de subventions à travers le monde, devrait entraîner une chute de la production américaine et conduire à une élévation à court terme du cours mondial du coton. Dans le même temps, cela devrait augmenter les revenus des pays d’Afrique occidentale et centrale d’environ 250

millions de dollars. Une somme précieuse dans une région où une grande partie des gens vivent avec moins de 1$ par jour.

Au lieu de cela, c’est le contraire qui se produit. La nouvelle politique agricole augmente cette année de 16% la somme sur laquelle un planteur de coton américain peut compter. Dans le même temps, au Mali, où le coton représente presque la moitié des revenus à l’exportation du pays, le gouvernement doit annoncer à ses producteurs qu’ils obtiendront 10% de moins de la part de la compagnie cotonnière nationale. En élargissant le fossé des richesses, les subventions sèment une probable moisson, bien plus amère. Les citoyens des pays cotonniers d’Afrique Occidentale et Centrale, où l’islam est la religion majoritaire, s’entassent dans les villes européennes. Ceux qui restent voient de plus en plus souvent des religieux venant du Pakistan ou du Moyen Orient visiter leurs mosquées et leurs écoles coraniques. Au Mali, des diplomates occidentaux rapportent que certains Maliens traversent la frontière avec l’Algérie afin de subir une formation religieuse à l’étranger.

Pour l’instant le péril n’est pas imminent : les gouvernements laïcs du Mali et des Etats voisins insistent sur le fait qu’ils ne laisseront pas leur pays devenir des camps de recrutement pour les organisations terroristes cherchant à enrôler les laissés-pour-compte. Pourtant, ils avertissent que les frustrations augmentent avec la persistance de la pauvreté. Il y a deux ans, la dernière fois que le gouvernement malien a réduit le prix d’achat du coton qu’il paye aux producteurs, les paysans ont boycotté leurs champs, la production a chuté et le choc a déréglé l’économie du pays tout entier, déclenchant une baisse de 3% du produit intérieur brut. A mi-chemin de la saison agricole, le gouvernement, craignant l’instabilité, ramena le prix au niveau de l’année précédente. M. Diallo, le leader de l’organisation paysanne, a aidé à organiser le boycott et n’exclut pas la possibilité d’un futur bouleversement social. "Les Américains savent qu’avec leurs subventions, ils sont en train de tuer de nombreuses économies dans les pays en voie de développement", dit-il.

Peu de sympathie.

Dans le delta du Mississipi, il y a peu de sympathie pour de telles demandes. Les agriculteurs américains ne veulent pas de la concurrence supplémentaire des agriculteurs africains. Avec l’industrie textile américaine se rétrécissant, ils doivent vendre de plus en plus de leur production à l’étranger. A peu près la moitié de la production américaine a été vendue sur le marché mondial, là où elle est en concurrence avec les producteurs à bas coût de Chine, du Pakistan et d’Afrique. "Peut-être que ce sont les agriculteurs africains qui ne devraient pas planter de coton", dit M. Hood, le porte-parole des producteurs et de l’industrie cotonnière. "Le delta à besoin des producteurs de coton, et ceux-ci ne peuvent survivre sans subventions", rajoute-t-il. Après la signature par le président Bush de la nouvelle politique agricole, lors d’une cérémonie à Washington, le premier homme dont il serra la main fût M. Hood, dont l’exploitation agricole familiale a touché, l’an dernier, approximativement 750 000 $ (492 millions de FCFA) de subventions et espère bien gagner plus cette année.

Les fermiers américains n’ont pas toujours été aussi dépendants. En 1996, le boom économique en Asie a tellement dopé la demande de produits américains qu’ils ont décidé de ne plus respecter la jachère ni les autres restrictions à l’obtention de subventions. Même les producteurs de coton, pourtant parmi les plus dépendants de l’aide gouvernementale, ont rejoint les autres syndicats agricoles afin de soutenir un projet des Républicains visant à la suppression des subventions à partir de cette année-là. Cela aurait marqué la fin de plus de 500 millions de subventions agricoles accordées depuis le commencement de l’aide lors de la Grande Dépression des années 30.

Mais les agriculteurs ont rapidement perdu leurs nerfs lorsque la crise économique asiatique a anéanti le boom à l’exportation. Washington s’est alors précipité dans l’attribution record d’aides. La nouvelle loi agricole ramène officiellement le pays à la politique ayant consisté depuis longtemps à subventionner massivement l’agriculture et avec beaucoup moins de restrictions que par le passé quant au choix des cultures. Le résultat est que la production agricole fortement subventionnée risque de maintenir des cours mondiaux déprimés des matières premières et ceci alors même que l’économie reprend.

Le Congrès, pas la Maison Blanche, dicte la politique agricole et les deux membres les plus influents de la Commission agricole de la Chambre des Représentants viennent du Texas, d’où provient un cinquième de la production nationale de coton : Larry Combest et Charles Stenholm. Cinq sénateurs américains issus d’Etats cotonniers participent à la Commission agricole du Sénat, dont celui du Mississippi, Thad Cochram. L’autre sénateur du Mississippi n’est autre que le leader républicain, Trent Lott. Ronnie Shows, un démocrate de l’Etat du Mississippi, qui siège à la Commission agricole de la Chambre des Représentants, écarte les suggestions de réduction des subventions américaines afin d’aider l’Afrique. "A quoi bon vouloir rendre nos agriculteurs plus pauvres ?" demande-t-il. Dans le Mississippi, les 1700 principaux producteurs blancs du delta et leurs propriétaires terriens peuvent compter recevoir des centaines de millions de dollars cette année. Comme au Mali, le coton est l’unique grande industrie de l’économie du delta, une des régions les plus pauvres de la nation américaine. Le coton et les entreprises qui en dépendent génèrent plus de 3 milliards de dollars de revenus pour la région. Environ la moitié des emplois dans certains comtés du delta dépendent des entreprises fournissant des biens ou des services aux producteurs de coton ou travaillant pour eux.

La raison pour laquelle les fermiers du delta sont tellement dépendants des subventions est qu’ils sont de loin les producteurs les plus chers de la planète : le coût de production d’un hectare de coton peut revenir ici à 1 500 $ (près de 1 million de FCFA). Les fermiers du delta travaillent sur de vastes surfaces en comparaison avec les producteurs du Mali. Une machine qui récolte le coton peut ramasser 150 balles par jours, pesant à l’unité 480 livres (218 kg). Un homme effectuant la cueillette à la main aura besoin de plusieurs jours pour ramasser de quoi remplir une balle. Mais il faut des milliers d’hectares pour rentabiliser le prix élevé des machines, qui peut aller jusqu’à 300 000 $ (200 millions de FCFA) pièce. La majeure partie du delta est irriguée, ainsi le coton peut survivre aux brûlants étés de la région. Les semences sont de première qualité et génétiquement modifiées pour résister aux insectes. Les engrais augmentent la croissance au printemps et les défoliants dégagent la capsule pour la moisson à l’automne.

Les agriculteurs du delta pourraient cultiver le maïs, le soja ou le blé, bien meilleur marché, mais ce changement rendrait une grande partie de leurs investissements sans valeur. "Je ne peux que ramasser du coton avec ma récolteuse de coton", nous explique ED Hester, se penchant hors du toit de son camion, alors qu’un avion passe sur l’horizon, répandant des engrais. Et il y a peu d’incitation pour M. Hester, 71 ans, à changer. Les 1 700 ha de la ferme située à Benoit (Mississipi) ont reçu pas moins de 400 000$ (292 millions de FCFA au cours de 2001) de subventions l’an dernier. "Le coton est encore le roi chez moi" , dit M Hester.

Dans le delta du Niger, M. Sangare reste coi à l’écoute des "contes" sur la richesse de ses camarades producteurs de coton de l’autre côté de la planète. "Je ne sais pas si nous serons en mesure d’acheter une nouvelle lame pour ma charrue cette année" dit-il, mâchant la racine d’un arbre qui, ici, sert de brosse à dents. Une pauvre existence. Le coton est censé être roi ici aussi, mais ses cultivateurs mènent une existence misérable. Les familles Coulibaly et Sila cultivent une des plus importantes surfaces de coton du Mali : 20 hectares. 86 personnes, plus ou moins apparentées, vivent dans un lotissement de huttes de boue séchée possédant une ou deux pièces, en dehors de la ville de Fana. L’an dernier, ils ont produit environ 40 tonnes de coton, mais qui ne se sont transformées en aucune richesse. Il n’y a pas d’électricité, pas de téléphone, pas d’eau courante. Une malheureuse antenne de télévision vacille sur l’une des huttes. La télé, à l’intérieur, est branchée sur des batteries de voiture. Tandis que la plupart des enfants vont à l’école, peu de parents ont eu cette chance. Le clan possède 2 tracteurs, dont un modèle français vieux de 22 ans. Mais la plupart du temps, ils restent dans un hangar, car la famille n’a pas les moyens d’acheter les outils. "Nous les utilisons seulement pour labourer" dit Diamba Coulibaly, 59 ans, un des anciens de la famille. "Tout le reste nous le faisons à la main : semer, mettre l’engrais, passer l’insecticide".

Le but de cette saison est d’acheter plus d’équipement, mais les perspectives sont mornes étant donnée la chute des prix. L’an dernier, les paysans maliens ont reçu environ 13 cents par livre de coton (95 FCFA), après les dépenses. Cette année, ils recevront environ 11 cents (72 FCFA). Dans le même temps, les prix des engrais ont augmenté de 2 cents la livre (29 F par kg). Au Mali, chaque centime compte, car le coton doit permettre de tout payer, de l’école et la nourriture jusqu’aux comprimés contre la malaria et aux dots pour les familles des épouses éventuelles. "Que faites-vous si vous ne pouvez plus payer les dépenses ?" demande M. Coulibaly. Un grand goître enfle sur son cou, malédiction due à l’insuffisance d’iode. "Pour nous, tous les fermiers, qu’ils soient aux USA ou au Mali, sont membres d’une même famille", dit-il. "Nous ne devrions pas laisser un groupe de frères faire tous les bénéfices alors que les autres n’obtiennent rien."

Les comptes sont également serrés à la Compagnie Malienne pour le Développement des Textiles, la compagnie cotonnière d’état, qui fournit l’intégralité de l’industrie du pays, des graines jusqu’à l’égrenage du coton. Elle est responsable de la vie de 3 millions de Maliens (sur les 11 millions que compte le pays) qui vivent du coton. L’an dernier, les paysans maliens ont fait pousser plus de 500 000 tonnes de coton sur près de 520 000 hectares. Ce fut une récolte record, mais elle n’a mené qu’à une plus grande perte pour la CDMT, puisque le coût de chaque kg de coton égrené était supérieur au cours mondial. Ce déficit limite les dépenses de la CMDT dans d’autres programmes, tels que laconstruction de routes et d’autres améliorations des infrastructures dans les régions cotonnières. Cela a fait également pression sur le maigre budget de l’Etat malien qui détient 60% de la CMDT. Cela n’aide pas le pays que la CMDT soit un monopole inefficace. Désormais, sous le couperet de la Banque Mondiale et du FMI, la Compagnie tente de se restructurer et de reposer plus sur le secteur privé, afin de transmettre plus d’argent aux paysans.

Mais les Maliens se demandent si ces réformes leur feront du bien sans un changement de politique des subventions dans les autres pays. "Ils [les Etats-Unis] feraient mieux de payer leurs agriculteurs pour qu’ils ne plantent pas de coton" affirme Bakary Troare, le président de la CMDT, assis dans son bureau rendu sombre par une soudaine coupure d’électricité. "Nous voyons les fermiers américains en tant que concurrents, mais le problème est que la concurrence est déloyale".

A Korokoro les Sangare ressentent les effets des inégalités des champs de coton. Tandis que Mody Sangare retourne labourer derrière ses bœufs, le plus âgé des frères, Madou, 39 ans, nous explique le précieux rêve de la famille d’employer les revenus du coton pour envoyer son plus jeune frère, Bala, faire ses études en France ou même aux Etats-Unis, quelque part avec de meilleurs emplois et de meilleures perspectives qu’au Mali. Leur espoir est de voir un jour Bala envoyer de l’argent à ses

frères restés à la ferme, afin de réduire leur dépendance vis à vis des prix du coton. Maintenant que Bala est en passe d’obtenir son diplôme du lycée, les revenus du coton diminuent et le rêve se fane.

"Nous voulons que lui et nos enfants aient une vie meilleure que la nôtre", nous dit Madou Sangare.

Par delà le coton, c’est une chose, croit-il, qu’ils ont en commun avec les fermiers américains : "N’est-ce pas ce que tout le monde désire ?" demande-t-il.


LA GROSSE COLERE DES MIGRANTS MALIENS CONTRE KADHAFI

Ils ont été expulsés par centaines de Libye

Affirmant avoir été maltraités, brimés et privés de leurs droits les plus élémentaires en Libye, les migrants maliens expulsés par Tripoli dénoncent et accusent, à l’image de Mohamed Diané qui a déclaré à l’AFP : “Les Libyens sont très racistes. Moi, j’ai tout perdu dans ce pays, mon argent, mes habits. Je ne conseille à personne d’aller dans ce pays.”
1Entre mercredi et jeudi, pas moins de 420 ressortissants maliens sont arrivés à Bamako en provenance de Libye, dont les autorités ont mis à exécution les opérations d’expulsion des migrants africains, qui s’y étaient rendus dans l’espoir de réussir dans le pays militant pourtant activement pour les “États-Unis d’Afrique”. Parmi eux, certains travaillaient illégalement en Libye.
S’exprimant à leur arrivée à Bamako, nombre d’entre eux n’ont pas caché leur amertume et leur colère. Ils ont indiqué avoir été victimes de mauvais traitements. Mohamed Diané, qui a été arrêté au sud de la Libye, ne décolère pas en déclarant : “On parle d’unité africaine, de la Libye qui aime les Africains. C’est faux, c’est archi-faux.” Il poursuivra ses accusations en expliquant : “Les Libyens sont très racistes. Moi, j’ai tout perdu dans ce pays, mon argent, mes habits. Je ne conseille à personne d’aller dans ce pays.” Plus grave, Oumar, âgé de 15 ans seulement, affirme avoir été, avec “d’autres Africains”, victime de “tortures” en prison. L’adolescent raconte : “J’ai fait onze mois en prison. On m’a arrêté en plein Tripoli alors que j’avais mon passeport avec un visa”, et que “chaque matin, notre premier repas, c’étaient les coups de bâton.

On nous frappait systématiquement.” Amadou, qui a été arrêté alors qu’il tentait d’aller en Italie via la Libye, important point de transit vers le sud de l’Europe, a précisé : “Je voulais partir en Europe. Mais ce n’est pas une raison pour me traiter comme ça.” Avant de souligner : “Je suis resté comme un voleur en prison pendant six mois. On me donnait un peu de pain et de la sardine à manger. Rien d’autre. Il y a aujourd’hui des centaines, mêmes des milliers d’Africains en prison en Libye.” Omar, un autre expulsé qui ne tentera plus de passer par la Libye pour gagner l’Europe, a été catégorique : “Il vaut mieux tenter sa chance de partir autrement et ailleurs. Par la Libye, ce n’est pas la peine. C’est dur, trop dur ! Et si l’on t’attrape, tu es foutu !” Le premier convoi de Maliens expulsés est arrivé dans la nuit de mercredi à jeudi par vol spécial et 140 autres sont arrivés jeudi à la mi-journée. Selon une source proche du ministère malien de l’Intégration africaine, “au total, ce sont 420 ressortissants maliens qui sont concernés par cette mesure d’expulsion. Nous attendons les autres”.
Le président de l’Association malienne de défense des droits de l’homme (AMDH), Ibrahima Koné a réclamé l’ouverture d’une enquête. Il a affirmé : “Je trouve aussi inquiétant le silence du gouvernement malien sur la question. Il faut qu’il s’exprime. Il y a eu des témoignages des expulsés. Certains ont tout perdu. D’autres ont été très maltraités.” Pourtant, officiellement, la Libye tient un discours très pan-africaniste en faveur de la constitution des “États-Unis d’Afrique” et de la mise en place rapide d’un “gouvernement africain”.
Il n’en demeure pas moins qu’en février dernier, Tripoli a encore durci sa politique contre les immigrés clandestins, notamment envers les Africains venus du sud du Sahara.

Merzak T.
Source : Quotidien "LIBERTE" du Samedi 15 novembre 2008

Afrique : le cri de colère des ventres creux.

source : Africatime - auteur : kunnafoni (mai 2008).

En seulement quatre mois le prix des céréales a connu une hausse de 84%. Le riz spécialement en l’espace de 60 jours a flambé de 52%. Avec l’augmentation des tarifs de fret à cause du prix du pétrole qui n’a pas fini de grimper, ce sont tous les autres produits alimentaires et de grande consommation qui ont accusé le coup. Partout en Afrique, éclatent des manifestations de rue contre la cherté de la vie.

« Nous allons paralyser totalement Abidjan et les villes de l’intérieur pour nous opposer à la paupérisation extrême des populations.” Ce cri de désespoir vient de Marius Comoé. Le président par intérim de la Fédération des consommateurs actifs de Côte d’Ivoire n’en pouvait plus de voir ses compatriotes souffrir une deuxième misère après le conflit armé qui a opposé les fils du pays, ceux du Nord à leurs frères du Sud. Parce qu’on se cherche, comme on le dit en français d’Abidjan, pour dire que la vie est chère, trop chère même, la descente des populations dans les rues, les mères en tête, a fait craindre des troubles sérieux pour un pays sortant de guerre et où des velléités de déstabilisation de la part d’irrédentistes sont dénoncés régulièrement. Abidjan n’est pourtant pas le premier pays à connaître des manifestations populaires contre la cherté de la vie et les émeutes de la faim, comme on les appelle maintenant sans honte, n’ont pas commencé aux frontières du Mali. De l’Egypte au Sénégal, du Maroc au Mozambique, c’est comme une croix de fer qui a barré le continent. Au Nigeria, au Cameroun, en Mozambique, en Mauritanie, au Sénégal, au Burkina, en Madagascar… les populations sont sorties pour crier leur colère contre l’augmentation des denrées de première nécessité.

Le prix d’un repas a augmenté, en moyenne d’au moins 30% dans le tiers-monde. « Le problème n’est pas nouveau » rappelle Jean Ziegler, rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à l’alimentation. Il ajoute : « avant la flambée des prix, selon les chiffres de l’ONU, un enfant de moins de 10 ans mourait déjà de faim toutes les 5 secondes. » Mais cette fois-ci il ne s’agit pas seulement de manque de nourriture, mais d’un problème économique de pure spéculation financière.

Spéculation financière
Les détenteurs de capitaux, n’ont pas trouvé meilleurs placements pour leur argent afin d’en tirer toujours plus de bénéfices, que dans les céréales. Entre les mois de janvier et février, les capitaux spéculatifs ont fait ainsi bondir les prix des matières premières, notamment le maïs et le riz, jusqu’à 70% sur la place financière londonienne comparé aux prix pratiqués à la même période l’année dernière. Concernant spécialement le riz, son coût est passé, en seulement six mois de 420 dollars à 570 dollars la tonne à la bourse de Chicago. La Thaïlande, un des principaux producteurs de riz a connu, en une seule journée, début mars une hausse de plus de 30% de cette denrée devenue le nouveau filon des spéculateurs qui ont également pris en otage la culture de maïs pour produire du carburant en remplacement du pétrole, lui aussi de plus en plus cher. Rien que l’année dernière, la facture des pays pauvres pour l’importation de céréales a augmenté de 37% et pourrait s’aggraver lourdement cette année avec une hausse attendue de 56%, à en croire le directeur général de la Fao, le sénégalais Jacques Diouf qui lance un appel aux dirigeants du monde pour une conférence sur la sécurité alimentaire mondiale à Rome du 3 au 5 juin. L’écologiste Noël Mamère en France, ne peut taire sa colère « Derrière cette manipulation spéculative, on retrouve tout d’abord les acteurs de l’agriculture industrielle, les entreprises de la chimie et des semences. Ce sont les mêmes « salopards » […] ces multinationales et leurs amis des industries du pétrole, de l’automobile et de grandes banques qui investissent dans la filière éthanol et ont intérêt à la voir se développer » écrit-il sur son blog.

Dumping agricole
Ce que Jean Ziegler, sociologue suisse et rapporteur spécial des Nations Unies pour le droit à l’alimentation appelle la destruction systématique de l’agriculture vivrière et la qualifie, sans faillir, de “crime contre l’humanité”. « Quand on lance, aux Etats-Unis, grâce à 6 milliards de subventions, une politique de biocarburant qui draine 138 millions de tonnes de maïs hors du marché alimentaire, on jette les bases d’un crime contre l’humanité pour sa propre soif de carburant », déclare t-il dans le journal français Libération. Cette pratique de vendre sur les marchés extérieurs à des prix inférieurs aux coûts de production détruit systématiquement l’agriculture vivrière africaine. L’Europe en tête, avec sa politique agricole commune, a payé à ses paysans, en 2006, plus de 350 milliards de dollars au titre de subventions à la production et à l’exportation. Résultat, on trouve partout en Afrique, sur tous les marchés, du moins dans les villes capitales et certaines grandes agglomérations urbaines, des denrées importées qui décourage le paysan local, le met en danger dans sa subsistance même. Près d’une quarantaine de pays africains, sur les 52 que compte le continent, ont une économie essentiellement agricole tenue par des paysans avec des moyens rudimentaires. Rien que pour notre pays le Mali, les subventions américaines ont fait perdre 43 millions de dollar pour le secteur coton alors que le gouvernement recevait seulement 37 millions de dollar d’aide de la part du gouvernement américain.

Irresponsabilité politique
Mais ce ne sont ni aux européens, ni aux américains que nous devons nous en prendre. “Le développement d’un pays incombe à son peuple et à ses dirigeants, pas à la Fao, ni aux Ong” rétorque Jacques Diouf interpellé par les journalistes notamment africains lors du point de presse qu’il a animé à Paris le 23 avril. Le directeur général de la Fao déclare que seulement 7% des terres arables du continent sont à ce jour exploité. Concernant l’Afrique au sud du Sahara, ce chiffre tombe à 3%. Devons-nous continuer à laisser nos frontières ouvertes aux produits moins chers, puisque subventionnés, ou devons-nous développer une agriculture locale pour notre indépendance alimentaire ?

That is the question. O.B.

Dans les mines d’or du Mali : exploitation et luttes

Les mines et les chemins de fer au Mali

Nouvelles du Mali

Messages

  • Doit-on écrire sous l’emprise de la colère ? Je ne sais pas mais en tout cas ça fait du bien.

    En 2006, avec un collègue nous terminions une étude de faisabilité dans la Région de Tombouctou. Il était question de réaliser une dizaine de petits réseaux d’adduction d’eau potable et de faire, au delà de ces réalisations, un travail plus en profondeur avec une vingtaine de communes de cette région.

    En gros, en travaillant avec l’équipe communale il s’agissait de résoudre l’ensemble des problèmes d’eau potable à l’intérieur de cette commune, depuis le puits moderne jusqu’au petit réseau avec château d’eau en passant par la réhabilitation des forages avec pompes à motricité humaine. L’idée était venue au fur et à mesure de l’étude mais aussi du Directeur de l’Agence de l’AFD (Agence française de développement) de Bamako qui à l’époque était passionné par ces problèmes de développement « en profondeur » avec les communes.

    Il y a quelques mois, alors que je prenais mon poste de conseiller technique à Bamako, l’AFD demandait au ministère de l’Energie, des Mines et de l’Eau de choisir entre l’hydraulique rurale (Tombouctou) et l’hydraulique urbaine (Bamako). Le choix n’était pas facile car, si les zones rurales ont un très fort besoin d’eau potable, il faut reconnaître que Bamako aussi et c’est seulement la sagesse des Maliens qui fait que ça ne « pète » pas. Au niveau social, il est urgent que Bamako bénéficie d’infrastructures complémentaires pour son AEP (Alimentation en eau potable).

    Aujourd’hui j’apprends, ce matin samedi, par un article de Libé, que dans les carnets de l’AFD le programme d’urgence de Bamako est supprimé (avec 55 autres projets de développement). Vrai ou faux ?

    En tout cas, quand je regarde cette liste de projets je constate que ce sont les populations les plus pauvres et les plus démunies qui vont encore payer l’addition.

    Ironie du sort, vendredi matin, alors qu’avec un collègue je me rendais à l’AFD de Bamako, un haut fonctionnaire français me disait : « Dépêchez-vous de décaisser car bientôt ce sera fini. » En gros, dépensez ce qui vous a été octroyé car on va fermer les robinets. Nous nous étions regardé sans trop savoir quoi penser !

  • c’est moi Bill. J’ai essayé de faire un article sur les actus du mali. C’est comment ?
    Bill

    • Emeute à Kita : 2 morts et plus de 500 millions de dégâts

      La ville rebelle de Kita, située à 180 km de Bamako, vers l’Ouest, a vécu une journée folle le 15 juillet 2009. Tout est parti de l’assassinat d’un apprenti-chauffeur par un élément de la Garde nationale, le 14 juillet, dans la commune rurale de Kobri située à 45 km de Kita, donc à la veille des émeutes. La Radio Kayra, une radio privée de la place qui a appris la nouvelle, a relayé l’information sur toute la ville de Kita et environnants en chauffant le public,à blanc.

      Elle aurait également lancé des appels au rassemblement. Comme un seul homme, la population s’est rassemblée vite le mercredi matin et la foule s’est attaquée aux bâtiments publics qui ont été pillés, saccagés et brûlés. Dans le feu des actions, un policier grièvement blessé par les manifestants aurait trouvé la mort.
      KITA : UNE VILLE FANTOME
      Les édifices publics qui ont subi la foudre des manifestants ont pour noms : le Commissariat de Police de Kita, les services de la Douane, des impôts, de la justice, le camp des Gardes, entre autres. Des voitures et motos ont été également calcinées.
      En plus de la mort de l’apprenti-chauffeur et d’un policier, les dégâts matériels ont été estimés à plus de 500 millions de F CFA. Débordées par l’ampleur du soulèvement populaire, les forces de sécurité et du maintien d’ordre ont demandé du renfort à Bamako. Trop tard car, la violence avait atteint son paroxysme.

      Par prudence et par peur, les commerçants ont fermé vite leurs boutiques et le marché s’est vidé. Les populations terrorisées se sont enfermées dans leurs maisons. Aux environs de 14 heures, la ville était déserte. Toutes les activités se sont arrêtées, les rues vidées. Un calme après la tempête regnait dans la ville.
      “LA RADIO KAYRA N’A AUCUNE RESPONSABILITE DANS LES VIOLENCES”
      Contacté par téléphone, le Directeur de la Radio Kayra de Kita, M. Noumoutiè Sidibé, a dégagé toute responsabilité de sa radio dans les violences. “La Radio Kayra n’a aucune responsabilité dans les événements du 15 juillet à Kita. Quand je me suis réveillé dans les environs de 8 heures 30 mn, les manifestants avaient déjà brûlé le service des impôts de la ville. Et tant que journaliste, lorsque j’ai appris cet acte ignoble, je me suis rendu personnellement sur les lieux pour constater les dégâts.

      Sur place, on m’a informé que cela fait suite à l’assassinat d’un jeune apprenti-chauffeur suite à un contrôle des impôts dans la commune rurale de Kobri. A mon retour à la radio, j’ai informé la population sur notre antenne de ce qui vient de se passer. C’est tout. Un élément des forces de sécurité m’a appelé pour m’accuser que notre radio est responsable des autres casses. Je lui ai répondu que je ne suis pas responsable en tant que Directeur de toutes les casses et autres dégâts à Kita suite à ces événements malheureux.

      D’ailleurs, après l’incendie du service des impôts, nous avons interrompu toutes nos émissions aux environs de 10 heures par crainte car, nous avons appris que les manifestants ont l’intention de venir saccager notre radio. Ceux qui accusent la radio Kayra n’ont qu’à chercher les coupables, pas nous. Kayra n’a aucune responsabilité dans ce qui s’est passé”, a martelé Noumoutiè Sidibé, Directeur de la Radio Kayra de Kita.
      OUVERTURE DES ENQUETES
      Pourtant, dans les colonnes du quotidien national l’Essor du 16 juillet, le chef d’Etat-major de la Garde nationale, le Colonel Broulaye Koné qui s’est rendu à Kita le jour des événements, pense qu’il y a eu préméditation dans les actes.

      Dans un communiqué rndu public par voie de presse, le ministre de l’Administration Territoriale et des Collectivités Locales a appelé les populations au calme. Des enquêtes sont en cours pour situer les responsables. Des éléments venus en renfort ont pu maîtriser la situation.
      Pour l’instant, il règne à Kita un calme olympien après la tempête du 15 juillet 2009
      Bill

    • Tout en soulignant l’éternité de la pensée de Cabral, le secrétaire général de l’Amsuneem, Cheick Mohamed Thiam rappelle couramment l’idéal pour lequel Cabral s’était battu. « Consciencieux, travailleur, fuyant la vaine publicité, Cabral était le miroir où chacun de nous allait vérifier la justesse de son opinion. Si le culte de la personnalité est couramment perçu comme une marque de faiblesse, il n’en est rien dans le cas particulier où les idées pour lesquelles notre camarade fut assassiné sont immortelles », affirme-t-il. Un autre compagnon du leader emblématique témoigne que Cabral est « un homme qui a fait don de sa vie pour qu’aujourd’hui soit ».

  • À l’appel de l’UNTM (Union nationale des travailleurs du Mali) une grève de 72 heures (du 18 au 20 novembre 2020) a paralysé une grande partie des services publics ainsi que les banques et les assurances du pays. Si le mot d’ordre de grève a été largement suivi dans la fonction publique malgré les manœuvres d’intimidation opérées par les nouvelles autorités du pays c’est parce que la plupart des petits salariés de l’État ne supportent plus le mépris des autorités qui refusent de prendre en compte leurs revendications.

    Parmi ces revendications il y a la revalorisation des salaires et des primes aussi bien dans le public que dans le privé. Certaines revendications remontent à 2014, elles concernent les salariés de l’État qui ont accepté de prendre leur retraite anticipée ou d’être muté dans le secteur privé en échange d’une certaine prime de départ ou d’un bonus dans le versement de la pension de retraite. Jusque là ils n’ont rien perçu. Il y a aussi, par exemple, l’application des mesures contre la cherté de la vie que l’État a promise depuis des années mais qui n’a jamais vu le jour, la remise en marche du chemin de fer abandonné depuis des années, l’ouverture de concours de recrutement de 20 000 diplômés dans la Fonction Publique, etc.

    N’ayant pas obtenu de réponse favorable de l’État malien au bout des 72 heures de grève, l’UNTM a déposé un nouveau préavis de grève de 5 jours allant du 14 au 18 décembre prochain. Un bras de fer s’est donc engagé entre la direction de la plus importante centrale syndicale du pays et les autorités politiques sous la tutelle des militaires.

    À travers ce bras de fer, un certain nombre de bureaucrates siégeant à la direction de la centrale syndicale cherchent peut-être à faire pression sur les dirigeants du CNT (Conseil National de Transition) qui tiennent les commandes de l’appareil d’État, pour obtenir des strapontins ministériels ou autres postes de sinécure. Mais il n’en demeure pas moins que les revendications avancées par cette même centrale ont un écho certain auprès des salariés du public comme du privé voire auprès d’une grande partie de la population malienne qui souffre de la cherté de la vie. Ce qui est sûr, c’est que cette grève de 72 heures a montré que sans les travailleurs rien ne peut fonctionner dans le pays. Elle a aussi montré une fois de plus qu’elle est une arme dont dispose les travailleurs pour obtenir des améliorations de leurs conditions d’existence.

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