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Townships d’Afrique du sud
dimanche 9 août 2009
Des émeutes ont éclaté dans plusieurs townships en Afrique du Sud mardi et mercredi. Les habitants protestent contre leurs conditions de vie misérables alors que l’Anc, le parti au pouvoir, avait promis de faire de la lutte contre la pauvreté sa priorité pendant sa campagne au printemps dernier. La situation semble maintenant apaisée dans les rues, mais le gouvernement doit faire face à des problèmes sociaux chroniques.
Les Sud africains les plus défavorisés veulent rappeler leur existence au président Jacob Zuma. Les manifestations, qui ont débuté le week-end dernier, ont tourné à l’émeute mardi et mercredi : les habitants de plusieurs townships ont bloqué des routes et incendié des bâtiments. La police est intervenue en tirant des balles de caoutchouc et en faisant usage de gaz lacrymogène. A Mpumalanga, à la frontière avec le Mozambique, des témoins rapportent que des commerces tenus par des étrangers ont été attaqués. A Meyerton, au sud de Johannesburg, des habitants ont occupé des exploitations agricoles pour protester contre leur expulsion de camps provisoires. A Thokoza, près de la capitale, les émeutiers ont jeté des pierres en direction des voitures de police. Une centaine de personnes ont été arrêtées depuis le début du mouvement. Jeudi, la situation semblait plus calme dans les rues.
Le gouvernement a dénoncé jeudi le recours à la violence des manifestants et rappelé que le gouvernement est légitime puisqu’il a été élu. Il menace de réprimer les émeutes. Depuis quelques mois, la tension monte dans le pays. La population réclame un meilleur accès aux services de base comme l’eau, le logement et le transport. Elle demande aussi plus d’emplois. Ces questions étaient au centre de la campagne du président Jacob Zuma, élu en avril dernier. Son parti, l’Anc, au pouvoir depuis la fin de l’Apartheid, promettait de fournir du pain et des logements pour tous et de créer de nouveaux emplois. Mais ces projets vont être difficiles à réaliser, car le pays est gravement touché par la crise : fin mai, la première puissance économique africaine est entrée en récession pour la première fois en 17 ans.
Depuis l’arrivée au pouvoir de l’Anc, plus d’un million de Sud africains vivent encore dans des cabanes, souvent sans eau ni électricité, et le fossé entre les riches et les pauvres se creuse. 43 % de la population vit avec moins de 2€ par jour, et le taux de chômage s’élève à 40 %. L’Afrique du Sud a connu plusieurs mouvements sociaux importants ces dernières années. En 2008, les manifestants s’étaient retournés contre les travailleurs immigrés venus du Mozambique et du Zimbabwe. 62 d’entre eux avaient été tués, et des milliers ont fui le pays.
Le 8 juillet dernier, les ouvriers du secteur du bâtiment avaient débuté une grève illimitée pour réclamer une augmentation de salaires afin de faire face à la hausse des prix. Ce mouvement menaçait la construction des équipements pour la Coupe du monde de football qui doit commencer dans moins d’un an en Afrique du Sud. Cette échéance s’ajoute à la pression qui pèse sur les épaules de Jacob Zuma, car les manifestations risquent de ternir l’image du premier pays du continent organisateur de la compétition. Le président doit maintenant prouver qu’il est capable de gérer la crise sociale et économique.
"On est en colère parce que la municipalité ne tient pas ses promesses. On veut des maisons, un hôpital, des emplois décents", s’emporte Mandla Sibanyomi, 43 ans, qui a manifesté ces derniers jours dans son township en Afrique du Sud et se dit prêt à continuer.
Cet employé d’une centrale électrique habite la ville de Balfour, située à 80 kilomètres au sud-est de Johannesburg et théâtre d’émeutes de dimanche à mercredi.
En cause, des services publics moribonds : de nombreuses maisons du township de Mandla n’ont pas d’électricité, d’autres pas d’accès à l’eau potable et pas de toilettes ou des sanitaires en très mauvais état, alors que l’Afrique du Sud est la première puissance économique du continent.
Plusieurs townships du pays ont organisé des manifestations ces derniers jours. La situation était cependant redevenue calme jeudi.
Les manifestants entendent faire pression sur le parti au pouvoir depuis quinze ans, le Congrès national africain (ANC), pour qu’il tienne ses promesses de lutte contre la pauvreté faites depuis la fin du régime ségrégationniste en 1994 et réitérées lors des élections législatives d’avril.
Plus d’un million de familles vivent toujours dans des bidonvilles, contre 4 millions pendant l’apartheid, et 43% des Sud-Africains se débrouillent avec moins de 2 dollars par jour.
La municipalité de Balfour, aux mains de l’ANC, "a promis des logements depuis 1994, mais elle en a construit seulement pour les amis et la famille" des élus, affirme un habitant, Bednock Mahinini, un bonnet sur la tête pour se prémunir du froid hivernal.
Pas convaincu par le discours du maire Lefty Tsotetsi, qui a tenté dans la journée de mercredi de calmer les esprits, il s’est "battu" quelques heures plus tard contre la police qui a tiré des balles en caoutchouc pour disperser la foule.
Les échauffourées entre manifestants et policiers ont fait une dizaine de blessés selon la police, 50 selon les manifestants. Une centaine de personnes ont été arrêtées depuis dimanche selon la police.
Des magasins appartenant à des étrangers ont également été pillés. Ces scènes ne sont pas sans rappeler les attaques xénophobes de mai 2008 en Afrique du Sud. Accusés de voler les emplois et de contribuer à la forte criminalité, une soixantaine d’immigrés avaient été tués.
"Ma voiture et mon magasin ont été brûlés. On m’a jeté des pierres", raconte Serabzu Byne Dade, un Ethiopien de 23 ans.
Mais pour certains habitants du quartier, ces attaques n’ont rien de xénophobes. "C’est juste de la criminalité. Des délinquants se sont mélangés aux manifestants", affirme une mère de famille sud-africaine, Patter Mothibe.
Faux, rétorquent des immigrés qui ont trouvé refuge devant le commissariat de police. "Les gens ne veulent pas de nous ici", lance Tekleab Araya. Pour cet Ethiopien, les troubles peuvent reprendre à tout moment malgré des appels au calme.
Dans le township où des maisons en brique côtoient des baraques en tôle, une cinquantaine de personnes demandent pacifiquement aux habitants de nettoyer les rues jonchées de pierres, pylônes et débris de verre.
"Nous voulons que les choses se calment", assure Zakhele Maya, qui se présente comme un membre du "comité d’organisation" des manifestations. "Nous pourrons commencer le dialogue avec la municipalité s’ils relâchent les manifestants" arrêtés, précise-t-il.
Mais "s’ils ne sont pas libérés, la communauté va prendre des mesures drastiques, et ceux qui ne s’étaient pas mobilisés jusque-là vont se joindre au mouvement."
Pour la deuxième journée consécutive, des manifestations ont dégénéré en émeutes mercredi dans le township sud-africain de Thokoza, à Johannesburg, ainsi que dans plusieurs autres quartiers pauvres du pays.
Pour la deuxième journée consécutive, des manifestations ont dégénéré en émeutes mercredi dans plusieurs townships sud-africains, comme ici, aux abords du quartier pauvre de Balfour, dans le nord-est du pays. (Reuters/Siphiwe Sibeko)
Pour la deuxième journée consécutive, des manifestations ont dégénéré en émeutes mercredi dans plusieurs townships sud-africains, comme ici, aux abords du quartier pauvre de Balfour, dans le nord-est du pays. (Reuters/Siphiwe Sibeko)
Plusieurs milliers d’habitants de Thokoza défilaient pour réclamer davantage de services publics, de logements et d’emplois. Des manifestants ont jeté des pierres en direction de la police, qui a riposté par des tirs de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogènes.
Le mouvement de protestations a également gagné Meyerton, au sud de Johannesburg, où des habitants ont occupé des terres agricoles afin de protester contre leur expulsion de campements provisoires.
Dans le township de Balfour, dans le nord-est, des résidents ont menacé d’incendier des bâtiments municipaux si cent personnes arrêtées lors de manifestations, mardi, n’étaient pas libérées, rapportait Talk Radio 702.
Ces violences sont les plus graves depuis l’entrée en fonction début mai du président Jacob Zuma, alors que les mouvements sociaux et les menaces sur le secteur industriel se multiplient ces derniers mois.
Ce dernier pourrait avoir du mal à tenir ses promesses électorales d’aide aux plus pauvres, l’Afrique du Sud étant entrée dans sa première période de récession en dix-sept ans.
Pas de toilette ni d’eau courante, des coupures d’électricité à répétition. Dans le township de Ranch Farme comme dans les bidonvilles où les émeutes ont éclaté, les habitants réclament de meilleurs services publics.
Devant son « shack », sa petite maison construite avec de la tôle et des bouts de bois, Pochaine, une riveraine, n’en peut plus d’attendre que le gouvernement lui livre sa maison en dur : « Cela fait sept ans que ces maisons sont en construction et ce n’est toujours pas fini. Le problème, c’est que les entreprises sous-traitantes ne respectent pas du tout les délais de livraison. Maintenant, la saison des pluies va bientôt démarrer et il faudrait que les chantiers en cours soient terminés avant. »
Boungani veut, lui, que le président Zuma tienne ses promesses de campagne : « Je suis si fatigué d’entendre ’ nous attendons ceci, nous allons terminer cela ’… Et à la fin, les gens n’ont rien. Nous devons désormais nous battre. Peut-être que ce sera comme des révoltes de 1976, qui sait ? Nous accueillons la Coupe du monde 2010 et il faut que le township soit prêt et même parfait pour l’événement. »
Never craint que les manifestations violentes fassent taches d’huile, comme pendant les émeutes xénophobes de l’an passé : « S’ils veulent éviter d’autres émeutes, les dirigeants de ce pays doivent venir nous présenter une stratégie d’action claire. Ils pourront alors peut-être convaincre les gens en affirmant ’ nous ne pouvons pas tout faire en même temps, mais voilà ce que nous faisons maintenant et voilà ce qui sera fait à plus long terme ’. »
Face à l’ampleur prise par les violences des manifestations dans les townships, le gouvernement sud-africain a haussé le ton hier. Depuis le week-end dernier, des protestations violentes de populations déshéritées ont éclaté dans plusieurs townships autour de Johannesburg et dans le nord-est du pays pour obtenir des logements décents et l’amélioration des services publics. Des dizaines de magasins ont été pillés, de bâtiments brûlés et des centaines de voitures endommagées. La situation était un peu plus calme hier.
« On n’autorisera personne à utiliser des moyens illégaux pour arriver à ses fins », a mis en garde le ministre du Gouvernement local, Sicelo Shiceka. Le gouvernement sud-africain « est légitime, il a été élu démocratiquement. Tout ce qui doit être fait le sera dans le cadre de la loi et de la Constitution ».
Tout cela rappelle, malgré la notoriété de Nelson Mandela, combine la fin de l’apartheid s’est faite, en accord avec le patronat sud-africain et l’impérialisme, afin de voler aux masses laborieuses leur victoire !!!