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Lutte des classes au Burundi

mardi 3 mars 2015

Lutte des classes au Burundi

Un collectif contre "la vie chère" au Burundi a menacé mardi d’une grève générale jeudi, malgré un appel du président burundais Pierre Nkurunziza d’y "sursoir" en attendant que le gouvernement trouve des réponses à leurs exigences.

Cette menace de grève, motivée par la hausse des prix de l’essence et une nouvelle taxe sur les appels téléphoniques, intervient dans un climat déjà tendu dans le petit pays d’Afrique des Grands Lacs à l’approche d’élections générales (législatives et communales en mai, présidentielle en juin).

Près de 500 organisations réunies au sein de la Confédération syndicale du Burundi (Cosybu) menacent d’appeler à une grève générale dans les prochains jours, si entre-temps, le gouvernement n’a pas engagé un dialogue social franc sur la vie qui devient de plus en plus chère dans le pays.

Les augmentations de taxes sur les télécommunications mobiles qui sont intervenues dans le budget 2015 de l’Etat burundais sont, entre autres, parmi les raisons des pressions syndicales sur le gouvernement.

La nouvelle taxe de 42 francs burundais (un dollar = 1.530 francs burundais) la minute à reverser par les compagnies de téléphonie mobile au Trésor public est la plus décriée par le monde syndical dans le pays.

Pour s’acquitter de cette nouvelle redevance, les opérateurs du mobile sont revenus sur plusieurs avantages et réductions qu’ils accordaient, sous forme de bonus, avant la mesure gouvernementale aux clients, rendant plus chère la communication entre les gens, se plaignent les consommateurs.

Le préavis de grève des organisations syndicales se fonde également sur le niveau toujours haut des prix des produits pétroliers malgré la baisse sur le marché international de l’or noir.

« Le prix a baissé de moitié sur le marché international des hydrocarbures et il faut qu’il en soit ainsi au niveau intérieur’, souhaite Tharcice Gahungu, le président actuel de la Cosybu.

Un baril de pétrole qui était, les années passées, autour de 100 dollars américains sur le marché international a baissé depuis quelques temps jusqu’à 50 dollars, indique-ton dans les milieux pétroliers à Bujumbura.

Les syndicats restent insatisfaits malgré les efforts du gouvernement burundais qui ont ramené ces derniers temps de 10 ans en arrière, le prix du litre des produits pétroliers à la pompe.

A titre indicatif, au mois de mai 2014, le litre d’essence super avait perdu 20 francs burundais pour revenir légèrement à 2.300 francs (près de 1,5 dollar), tandis que celui du gasoil était resté inchangé à environ 2.200 francs burundais (près de 1,4 dollar).

Dans la nouvelle structure des prix des produits pétroliers de ces derniers jours, le litre d’essence super à la pompe est revenu à un peu plus de 1.800 francs burundais, soit une baisse inédite et d’un coup de 500 francs burundais.

L’impact sur la consommation intérieure de ces baisses des prix des produits pétroliers reste, par contre, mineur, y compris sur le ticket du transport en commun qui n’a pas varié malgré tout.

Les prix des produits de large consommation, tels que le riz, la pomme de terre, le haricot, les farines de manioc ou de maïs, les poissons et les viandes rouges enregistrent également des hausses intempestives de prix malgré la réduction du coût des produits pétroliers, grogne-t-on encore dans les milieux des consommateurs
Les services des hôpitaux publics continuent d’être perturbés alors que les infirmières entamaient vendredi leur cinquième jour de grève illimitée pour exiger de meilleurs salaires et conditions de travail.
Dans la plupart des hôpitaux de Bujumbura, la capitale du Burundi, les infirmières se sont présentées à leur poste chaque matin, mais ne traitent que les urgences.

« Nous travaillons comme nous le faisons les week-ends ou les jours fériés », a déclaré Melance Hakizimana, présidente du Syndicat national de travailleurs de la santé.

Le travail des infirmières se résume à ne traiter que les urgences, c’est-à-dire les accouchements, les accidentés la route et les malades graves, ainsi que les patients déjà admis à l’hôpital.

« Les patients qui viennent pour des consultations de routine ne sont pas admis. Autrement, notre grève n’aurait aucun sens », précise Hakizimana.

Dans certains établissements hospitaliers comme l’hôpital Prince Regent Charles et la clinique Prince Louis à Bujumbura, certains services d’urgence étaient fermés.

Selon le directeur de l’hôpital Prince Régent Charles, le Dr Ignace Nzotungwanayo, même les laboratoires qui sont supposés fonctionner de jour comme de nuit étaient fermés, « ce qui a posé bien des problèmes aux médecins et aux patients hospitalisés ».

« On m’a demandé de faire une analyse de sang lundi dernier, mais j’attends toujours », a affirmé un patient.

La grève des infirmières pénalise particulièrement les patients externes car, malgré la disponibilité des médecins, aucune infirmière n’était présente dans les services pour les assister.

Quatre femmes ayant emmené leur enfant en consultation jeudi ont confié à IRIN qu’elles n’ont pu faire soigner les enfants dans les deux hôpitaux qu’elles avaient visités. Seules les cas graves ou nécessitant une hospitalisation immédiate étaient admis à l’hôpital.

Dès jeudi, les longues files devant certains hôpitaux avaient diminué, de nombreux patients s’étant résignés à rentrer chez eux. Ceux qui avaient les moyens se sont dirigés vers les cliniques privées.

En grève depuis lundi dernier, les infirmières exigent l’application d’un protocole d’accord signé en décembre 2004 entre leur syndicat et le gouvernement et portant sur leurs revendications.

Toutefois, dans le rapport du Conseil des ministres de mercredi dernier, le porte-parole du gouvernement, Onésime Nduwimana, a nié l’existence de cet accord.

« A l’issue des négociations engagées l’année dernière entre les délégués du gouvernement et le syndicat des infirmières, il n’y a eu que deux propositions portant sur l’amélioration des conditions des infirmières », a-t-il dit.

« Nous avons seulement accepté de leur faciliter l’accès aux soins médicaux et avons indiqué que les autres indemnités seraient étudiées en même temps que celles de tous les fonctionnaires de la fonction publique », a ajouté Nduwimana.

Le porte-parole a exhorté les infirmières à reprendre le travail ou à démissionner. Les infirmières ont cependant fait savoir qu’elles ne reprendront leur travail que lorsque leurs revendications seront satisfaites.

Le gouvernement est donc extrêmement offensif contre les grévistes !

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