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Comment je vois la lutte contre le fascisme

samedi 15 juin 2013, par Robert Paris

Comment je vois la lutte contre le fascisme

L’assassinat de Clément par un tueur professionnel nazi a révolté et fait encore réfléchir sur les dangers des groupes fascistes et du fascisme. Et effectivement, la première chose à faire, c’est de réfléchir et de discuter entre nous sur ce qu’est ce danger car beaucoup de mensonges sont dits là-dessus, de faire des réunions pour en débattre dans la jeunesse mais aussi dans la classe ouvrière ou dans les quartiers.

Il ne s’agit pas seulement de dénoncer quelques groupuscules d’extrême droite. A part les nazis eux-mêmes, et encore ceux qui s’en revendiquent ouvertement, tout le monde se dit contre la violence fasciste. C’est donc un sujet excellent de tromperie. On est tous pour la démocratie. On est tous pour la paix. On est tous pacifiques. C’est du moins ce qui se raconte partout. A se demander pourquoi le monde est si peu pacifique en réalité ! Pourquoi les forces de l’ordre interviennent violemment contre les grèves ou contre les jeunes de banlieue ? Pourquoi la violence économique est la règle : des millions de gens qui n’ont plus de compte en banque, plus d’accès à l’électricité et au gaz, plus de logement, plus d’emploi au nom d’un dieu violent, l’argent ! Pourquoi un seul patron peut licencier des milliers de salariés par une simple décision arbitraire et un Etat comme la Grèce fermer un service public aussi violemment ! Pourquoi il y a des guerres aux quatre coins du monde, de la Syrie au Mali en passant par l’Afghanistan, où on massacre les populations civiles, où on viole et on torture. Et tout cela par des gouvernements tout ce qu’il y a de démocratiques, élus bien comme il faut et développant un « état de droit » tout ce qu’il y a de respectable ! Vraiment, dans nos belles sociétés démocratiques, on imagine tout sauf d’où pourrait bien venir le fascisme ! D’ailleurs, on ne l’imaginait pas davantage dans le passé et c’est venu quand même… Et c’est même venu justement de la fameuse société démocratique bourgeoise !

Ah bien sûr, ce n’est pas venu quand elle était en pleine prospérité. Pas quand les salariés avaient un emploi quasi assuré, une retraite généralement, un logement, un espoir de pouvoir l’acheter, certes à crédit, mais, quand on a l’emploi, tant pis pour le crédit, etc, etc… On connaît tous cela : c’est la société d’hier. Un peu encore celle d’aujourd’hui mais pas celle de demain. La plupart des jeunes n’osent pas rêver d’un CDI sans parler d’une retraite... Bien des gens se demandent quand on va leur annoncer que leur entreprise ferme ou licencie. C’est-à-dire qu’ils n’attendent que la catastrophe. Et, au niveau de l’ensemble de la société, ils n’attendent pas mieux !
Et que faire si cette société capitaliste s’effondre, si on apprend que les banques ont fermé définitivement engloutissant toutes les économies des gens, si la faillite des Etats en a fini des salaires et des retraites des fonctionnaires et anciens fonctionnaires sans parler des salariés du privé ? Ah oui, ce n’est pas possible ont dit tous les bourgeois et tous les politiciens à leur service ? Dommage, ils ont menti ! Alors, c’est l’affolement et on court après le sauveur… Qui va sauver qui ? Les chômeurs, les salariés, les milieux populaires ? Pensez donc ! Il n’est là que pour sauver les classes dirigeantes…

Mais d’abord, arrêtons de pleurer après cette société capitaliste qui s’effondre car ce n’a jamais été la nôtre ! Nous n’avons été que les rameurs de la galère et toutes nos illusions qui s’effondrent, tous nos pleurs ne pourraient de toutes les manières pas la faire renaître de ses cendres. Si les possesseurs privés de capitaux eux-mêmes ne veulent plus investir dans l’exploitation des prolétaires, vous auriez beau payer pour travailler, ils ne voudraient plus ! Or ils ne veulent plus : ils désinvestissent partout. S’il n’y avait pas les investissements publics, aucune entreprise privée capitaliste au monde n’aurait encore ses portes ouvertes et ne fonctionnerait.

C’est la catastrophe ? Oui, bien sûr, parce que nous ne sommes pas prêts à prendre nos responsabilités dans l’avenir du monde. Mais qu’est-ce qui peut nous y préparer sinon d’être au pied du mur ? Ce n’est pas en niant que nous étions des prolétaires que nous allions acquérir cette conscience de classe prolétarienne qui nous fait tellement défaut actuellement. Eh oui, si on n’arrive pas à se battre efficacement, c’est parce que notre conscience a pris quelque retard sur la réalité. Vous me direz que je vous ai entraîné là, loin de mon sujet : le fascisme, et pourtant, on n’est pas si loin. Parce que c’est là qu’existe le danger du fascisme, pas si des méchants, violents, fous et tortionnaires s’amènent et frappent mais si la classe ouvrière, devant l’alternative socialisme ou barbarie, n’assume pas son rôle.
Le danger, il provient d’abord, non seulement des nazis, mais des réformistes, de ceux qui vont tout faire pour éviter que la classe ouvrière n’entre dans la danse et qu’elle le fasse avec ses armes de classe.

Les réformistes, c’est justement tous ceux qui nous disent qu’il faut négocier, réformer, trouver des accords, certes lutter mais seulement pour se faire entendre, pour protester, pas frapper les classes dirigeantes, pas les attaquer là où ça fait mal, pas contester les institutions, pas remettre en cause le monopole de la politique par les classes dirigeantes, pas remettre en cause le monopole de la direction des luttes par les centrales syndicales, pas intervenir directement dans l’arène politique pour affirmer que, puisque le capitalisme n’offre plus d’avenir, nous travailleurs allons le balayer ! Le danger du fascisme ne vient que lorsque la classe ouvrière a accepté de passer son tour, qu’elle ne joue pas son propre jeu, qu’elle ne fait pas ses propres propositions, qu’elle ne postule pas à prendre la tête de la société. Et comment pourrait-elle les faire si elle ne se réunit pas, si elle ne discute pas dans tous les lieux de travail et d’habitation, si toutes les organisations réformistes lui disent : t’inquiètes pas, t’en mêles pas, on s’en occupe !

Alors si on veut que la société humaine ne tombe pas à nouveau entre les mains d’un Hitler, il convient d’abord de cesser de nous prendre pour des victimes prêtes pour le bourreau. On n’est pas des faibles qu’on peut aisément frapper. C’est seulement qu’on nous a endormis durant des années en présentant un esclavage doré comme le nec plus ultra du bien-être ! On va se réveiller, il n’y a pas de crainte là-dessus. D’ailleurs, pour tous ceux qui disent que l’on ne doit pas aller trop vite, que les travailleurs ne sont pas prêts à entendre un tel discours, je tiens à rappeler que les travailleurs ne sont pas bêtes. On ne voit encore rien mais ils enregistrent tout. Ils voient ce qui se passe. Ils lisent, ils réfléchissent. Après on est tout étonné de les voir exploser. Qui avait prévu l’explosion de la Turquie, pour ne pas parler de l’Egypte ou de la Tunisie. Le monde prolétarien s’éveille et il n’a pas fini.
Alors, la première des choses est de cesser de pleurer après des sauveurs du capitalisme, parce que ce sont eux qui nous conduiront le plus sûrement au fascisme.

Ensuite, il s’agit de chercher quelles sont nos armes de classe. Et la première est l’organisation en comités de salariés, de chômeurs, de jeunes, de femmes. Frapper une classe inorganisée, rien de plus simple. S’attaquer à une classe ouvrière organisée, même les classes dirigeantes ne le conseilleraient pas aux nazis ! C’est pour cela qu’ils entendent d’abord nous désorganiser, nous déboussoler, nous faire peur, nous faire perdre confiance en notre force, et que l’aide des réformistes leur est pour le moment indispensable. Même en Grèce, les classes dirigeantes ont récemment démantelé une tentative de coup d’état militaire car ce n’est pas encore le moment. Les travailleurs grecs ne sont pas assez découragés, pas assez désorganisés pour que le fascisme soit une bonne solution pour sauver la bourgeoisie.
Car Hitler a été accueilli comme un sauveur par toutes les classes dirigeantes du monde, même ceux qui allaient ensuite lui faire la guerre. Les réformistes malins croient qu’il suffit d’éviter la révolution pour éviter aussi la contre-révolution mais c’est exactement ce qu’ils ont fait en Allemagne et on a vu le résultat…La prise du pouvoir par les fascistes n’a été possible que grâce aux appareils syndicaux réformistes et aux partis réformistes stalinien et social-démocrate. C’est en suivant les bergers réformistes que la classe ouvrière a été livré au couteau du bourreau.

Les réformistes ont d’autres propositions, que d’éviter la révolution et l’affrontement, pour « lutter contre le fascisme » et il convient de les examiner sérieusement. Il s’agit d’éducation, de formation, de combat contre les idées fascistes, d’action de l’Etat, de répression policières des nazis, d’interdiction des groupes violents, de résolution pacifique des questions sociales, de protection des institutions républicaines et j’en passe…

Cela suppose déjà que l’Etat démocratique et républicain serait le point d’appui essentiel pour lutter pour la démocratie et contre le fascisme. Et c’est faux ! Ce même Etat contient en son sein aussi bien des forces fascistes que des forces démocratiques. Cela dépend seulement de la situation. L’Etat de Blum et celui de Pétain, c’est le même. Il a suffi que change la situation et que la classe ouvrière, d’abord mobilisée contre les classes dirigeantes, soit renvoyée au travail par les bergers syndicaux, staliniens et social-démocrates.

Bien des commentateurs ont idée que le fascisme provient du fasciste, que le nazisme vient d’Hitler, que le mal vient de la maladie sans réaliser que des groupuscules nazis seraient risibles dans une société saine. C’est parce que le système s’effondre, parce que la société est pourrie que ces fleurs qui se multiplient sur le fumier prospèrent. Bien sûr, nous ne voyons pas que cette société est gangrénée par le fascisme si nous ne voyons que ces groupuscules. Mais il suffit d’examiner un peu plus avant pour voir que, derrière l’Etat démocratique, se cachent bien des forces fascistes.

Quand un procureur trouve que l’assassin de Clément n’a pas tué sciemment, n’a pas tué volontairement, alors qu’il s’entraîne depuis des années au point d’être capable de tuer en deux coups de poings, cela montre non seulement qu’il y a des nazis dans la justice mais aussi qu’il n’y a pas assez de démocratie dès maintenant pour empêcher de tels personnages d’agir.

Et comment en serait-il autrement dans une société où la police est chargée par le gouvernement démocratique de gauche ( !) de faire la chasse aux Roms, de faire la chasse aux sans-papiers, aux immigrés, aux Musulmans (sous prétexte de terrorisme. Quand le ministre de l’Intérieur (eh oui, lui-même !) déclare qu’il ne faut pas arrêter les milices d’extrême droite qui ont envahi une mosquée mais qu’il arrêtera toute personne qui participera à une manifestation pour dénoncer le racisme anti-musulmans, qui est-ce qui prépare les forces d’Etat à jouer un rôle raciste et fasciste sinon les forces démocratiques de gauche (et de droite bien sûr). Quand l’armée de ce même gouvernement va faire des guerres aux quatre coins du monde, qu’est-ce qu’elle apprend à ces soldats sinon à assassiner des peuples désarmés ? C’est au Mali et en Côte d’Ivoire que les soldats apprennent à ne pas être racistes et fascistes ?!

Des fascistes, il y en d’abord partout au sein de l’appareil d’Etat des pays dits démocratiques, dans la police, l’armée, les forces dites spéciales, la justice, les prisons, l’administration, les institutions religieuses. Pour participer au génocide fasciste rwandais, il y a eu tous ces gens-là, des ambassadeurs, des militaires, des policiers, des politiciens, des services secrets. L’église de France elle-même a participé. C’était sous l’égide de la gauche, dans un gouvernement comprenant la gauche et la droite et cela a eu la caution écrite des écologistes et du pati communiste. Aucun de tous ces gens-là ne nous sauvera jamais du fascisme. Le Pen père lui-même ne déclare-t-il pas à qui veut l’entendre qu’il a torturé en Algérie parce que la gauche gouvernementale, et Mitterrand aussi, lui en a donné l’ordre. Rajoutons que c’est l’Etat démocratique qui a ordonné les massacres fascistes.
Mieux vaut la démocratie, disent encore les naïfs. Mieux vaut un lion repu, disent les dangereux rêveurs qui se promènent dans la savane désarmés. Les réformistes sont ceux qui disent que se promener armés, c’est le meilleur moyen de provoquer le lion... Tant que la bourgeoisie se porte bien, comme le lion repu, elle pense aussi que, dans les pays riches, il vaut mieux la démocratie. Et la même bourgeoisie, voyant que son monde s’effondre, devient violente et sort les couteaux. Dans ces conditions, prétendre éviter l’affrontement, c’est livrer la victime impuissante aux fauves.

La première chose à savoir sur le fascisme est que ce n’est pas un accident, pas une maladie, pas une erreur ou une tromperie, une arriération ou une folie, que c’est un pur produit du capitalisme le plus développé, du monde moderne.

Du coup, prétendre combattre le fascisme sans combattre le capitalisme n’est que mensonges.

La deuxième, c’est que le fascisme, quand il menace de prendre le pouvoir, n’est pas une méchanceté de tel ou tel, une violence de tel ou tel, mais est véritablement une nécessité pour les intérêts vitaux des classes dirigeantes.

Tous ceux qui prétendent que cela n’a rien à voir avec les classes sociales ni avec la lutte des classes mentent effrontément ou se trompent gravement.

Le premier acte d’Hitler a été de détruire les organisations ouvrières et d’embrigader la classe ouvrière dans le front de fer. Ce n’est pas un effet du hasard. Les camps de concentration n’ont pas été d’abord ouverts pour les Juifs et les Roms mais d’abord pour les travailleurs, les militants syndicalistes, les militants réformistes et révolutionnaires. Et pour cela toute la bourgeoisie du monde, a bu le champagne car la classe ouvrière d’Allemagne, la plus militante du monde, était crainte par toute la classe dirigeante mondiale.

Tous les discours du monde selon lesquels le capitalisme pourra très bien rester démocratique ne tiendront pas une seule seconde dès qu’une quelconque frayeur boursière aura fait valser les banques, les financiers, les Etats. Le château de cartes actuellement édifié à coups de centaines de milliards des banques centrales s’effondrant d’un seul coup, les classes dirigeantes se retrouveront à nu face aux classes ouvrières et aux masses populaires et il n’y a aucune raison qu’elles ne fassent pas appel à leurs chiens de garde nazis, qu’elles se sont bien gardé de museler dans la période précédente.

S’il y a un niveau où l’éducation compte, ce n’est pas pour discuter la validité des thèses nazies, à l’école ou à la télé. C’est déjà fait et cela ne suffit pas. C’est au sein de la classe ouvrière et des masses populaires, de la jeunesse, que l’on doit expliquer les buts sociaux et politiques des classes dirigeantes qui les amènent à faire le choix du fascisme.

Il est encore temps. Il y a très peu autour de nous de partisans avérés et militants du racisme et du fascisme. Même si c’est un nombre croissant, ces derniers n’osent pas encore frapper, apeurer, contraindre les autres au silence. C’est maintenant qu’il importe que les fascistes soient craintifs dans les milieux où ils sont, qu’ils pensent qu’on ne les laissera pas se développer, qu’ils seront mis en cause et combattus. Au lieu de cela, syndicats et partis de gauche font comme si le danger ne les concernait pas. La mort de Clément n’a pas suscité beaucoup d’actions ni de proclamations syndicales. Les appareils syndicaux croient que le danger est loin. Ce n’est pas seulement une erreur. Ils sont tellement emmanchés du côté des appareils de l’Etat qu’ils regardent aussi ce problème par ce bout là…

Ne comptons pas sur les réformistes pour nous sauver des risques du fascisme. Ce serait compter sur les classes dirigeantes pour nous sauver d’un mal qu’elles auront-elles-mêmes appelé.

Tous les discours de ces gens-là consistent à dire que la police doit chasser les fascistes, que la justice doit les condamner, que les média doivent les critiquer, etc, tous ces discours consistent à compter sur les institutions de la bourgeoisie et pas sur les forces de classe des prolétaires et de la jeunesse.

Pour les réformistes, tout va bien : le gouvernement va le faire, la police va le faire, la justice va le faire. Et c’est faux. Dans aucun pays au monde, un Etat bourgeois n’a détruit les risques fascistes, bien au contraire. C’est l’Etat bourgeois qui, à un stade donné, est devenu l’instrument essentiel de la mise en place du fascisme.

Alors, loin des peurs irrationnelles, loin des illusions démocratiques, réfléchissons sérieusement et discutons-en autour de nous, voilà la première chose et refusons tous les mensonges selon lesquels c’est d’autres que nous-mêmes qui va nous sauver de quoique ce soit !
Comment un tel gouvernement qui affirme que ce sont les Musulmans qui menacent la paix du monde, que ce sont les pays étrangers qui nous prennent nos emplois, que ce sont les Roms qui causent l’insécurité, que les Africains sont incapables de choisir eux-mêmes des gouvernements sans qu’on intervienne militairement pour les mettre au pouvoir et les y maintenir, afin aussi d’y faire nos petites affaires, et qui propagent partout ici que c’est bien normal, comment un tel gouvernement serait-il en train d’éduquer contre le racisme et le fascisme ?

Et l’éducation, elle ne pourrait pas permettre d’éviter que les gens tombent demain entre les mains d’un nouveau Hitler ?

Comme si le fascisme était une simple question d’opinion. Comme si c’était une idée qu’il faudrait seulement combattre en la démontant.
Mais telle n’est pas la question. Le problème, c’est qu’à un moment donné, les classes dirigeantes elles-mêmes, elles qui avaient mis en place le système démocratique car il était plus stable, ont besoin du fascisme. Et alors, ce n’est pas une éducation par celles-là mêmes qui veulent le fascisme qui va permettre de le combattre.

Si la classe capitaliste veut le fascisme, il n’y a pas d’autre solution que de la renverser. Et seule la classe ouvrière, si elle prend la tête de tous les milieux populaires, des chômeurs, des femmes, des jeunes, des immigrés, des sans-papiers, peut le faire.

Et d’autre part, préparer les luttes ouvrière de demain, c’est aussi lutter contre le fascisme, car la porte ouverte aux nazis, ce sont les défaites que nous programment tous les appareils syndicaux....
La base réelle du fascisme sera dans le fait que le système s’effondre, dans les millions de gens qui auront peur de tout perdre, dans les petits bourgeois qui craindront pour leurs affaires, dans la jeunesse sans avenir. Ou la classe ouvrière leur offrira une perspective ou ce sera les nazis. Se préparer à la lutte contre la barbarie, c’est se préparer à la révolution sociale.

Messages

  • samedi 15 juin

    14:00

    Cour du Havre, Saint-Lazare

    Rassemblement antifasciste, on reprend la rue pour Clément et contre les fachos.

    Restons mobilisés ! Préparons le 23 juin !!

  • L’histoire a montré qu’il existe différents types de régimes qui peuvent assurer la domination capitaliste. La démocratie parlementaire (et la République) et la dictature en font partie. Tout comme le fascisme. La classe dirigeante, elle, n’a pas de morale vis-à-vis de cela.

    Si, en général, la classe dirigeante préfère la démocratie parlementaire c’est parce que c’est le régime historiquement le plus stable de sa domination combinant force et consentement, masquant l’exercice de la force derrière le consentement de la majorité. Ce consentement de la majorité de la population à la domination capitaliste nécessite à la fois des marges de manœuvre économiques (acheter la « paix sociale ») et des relais dans toute la société (hégémonie culturelle). Les formes d’organisation de la société civile (des élections aux médias en passant par les associations, les partis et les syndicats) peuvent exister « démocratiquement » parce qu’elles expriment, en même temps qu’elles les contiennent, les contradictions de classe qui la traversent.

    Lorsque ces formes d’organisation de la société ne permettent plus de contenir les contradictions de classe, alors la domination capitaliste exige d’autres formes de régimes.

  • Comment répondait Trotsky déjà à propos de la France : cliquez ici

  • Bordiga, Histoire de la gauche communiste, Tome I :

    « (Il y a eu) la victoire de l’anti-fascisme mille fois maudit sur le fascisme, maudit lui aussi dans la mesure où il engendra le premier, comme nous l’avions vu dès 1922… Un premier schéma de ce que sera l’après-guerre, l’illégalisme bourgeois du fascisme, l’erreur fatale de la classe ouvrière de répondre avec la formule stupide : nous sommes là pour défendre la légalité, au lieu de relever le défi, qui est toujours la meilleure des solutions historiques… La contre-offensive patronale, dont nous avons observé les premiers symptômes au cours du mois de mars, se développa les mois suivants selon deux axes, l’attaque patronale dans les usines et la répression organisée par les forces de l’ordre dans les centres ouvriers, mais aussi paysans, les plus combatifs, si nécessaire avec l’aide des premières escouades fascistes. Confédération générale du travail et Parti socialiste – l’un sous direction réformiste, l’autre sous direction maximaliste – ont déjà donné des preuves évidentes de passivité cachée sous le voile d’une phraséologie belliqueuse ; ils se sont montrés rétifs à canaliser les agitations, rendues ainsi impuissantes, vers des objectifs politiques que cependant les ouvriers exprimaient confusément en occupant les usines et en revendiquant le contrôle de la production (objectifs naïfs et erronés mais significatifs d’une poussée menant à dépasser les limites de luttes purement économiques) ; ils ont dénoncé avec insistance « l’immaturité des conditions objectives » et renoncé à en favoriser la maturation ; ils ont pleurniché sur la force de l’adversaire et sur leur propre faiblesse – le tout après avoir claironné, pour l’un, sur les succès sur les plans syndicaux et parlementaires, et pour l’autre sur l’imminence du règlement des comptes entre les classes - ; ils ont indiqué avec clarté, non pas tant à travers le langage qu’à travers les faits, que les succès électoraux prévalaient mille fois sur l’organisation des prolétaires (si jamais ils y pensèrent) en un front unique de bataille, se gardant bien, dans cette perspective, de créer des embarras au gouvernement, et même lui donnant, par l’intermédiaire des omnipotents cercles parlementaires ou par celui de la droite de Turati, une aide sérieuse pour normaliser la situation ; en somme, les sphères soi-disant dirigeantes de la combative classe ouvrière se sont placées sur une ligne si manifestement défensive que son adversaire a eu beau jeu de passer d’une position d’attente angoissée à celle de l’attaque sans scrupule. Dès que le premier moment d’équilibre instable fut passé, la classe dominante pût retenir à juste raison – contre le diagnostic trop optimiste de l’Internationale – que la vague révolutionnaire (de manière objective sinon subjective) donnait des signes de reflux : ce n’est que lorsqu’elle en sera sûre qu’elle déchaînera lâchement ses escouades noires pour leurs expéditions punitives. Pour le moment, les forces de l’ordre remises en état, dont l’action se traduisait en une suite de massacres perpétrés grâce à l’inertie confédérale et socialiste, lui suffisaient, renforcées par l’aide d’une résistance patronale toujours plus aguerrie face aux « prétentions » des ouvriers... Le développement du fascisme montra que, de même que le vote parlementaire n’était pas un facteur déterminant, une éventuelle action de l’Etat contre les fascistes votée à la Chambre ne pouvait pas l’être non plus. Étant donné que le fascisme voulait tenter la conquête du pouvoir de manière extra-légale (il l’obtint - on le sait - par des voies légales et parlementaires, et les actions de rue ne prévalurent que grâce à l’appui de l’État bourgeois, sous les auspices de Nitti, Giolitti et Bonomi, futurs champions de l’antifascisme, qui intervint pour étouffer les énergies prolétariennes), c’était de la folie de penser, comme les réformistes et les maximalistes, pouvoir arrêter leur marche en exigeant d’une majorité parlementaire que les forces de l’État en repoussent l’assaut ; celui qui l’espérait avait dès lors renié le marxisme et sa vision de la nature et des buts de l’État. Et celui-ci devait également être prêt (et en entrant à la Chambre il y aurait été, avec ou sans sa volonté, contraint) à voter pour un illusoire gouvernement de répression. Nous avions donc raison de dire que dans une telle situation, opter pour le parlementarisme voulait dire avoir une vision légaliste allant jusqu’à l’appui d’un ministère bourgeois de gauche, c’est-à-dire réaliser à l’avance au sein de la Chambre ce qui se passera les années suivantes avec l’épisode de l’Aventin puis de la Libération nationale, seules issues de la pratique parlementaire : la collaboration de classe qui, reprochée aux maximalistes de 1919, les aurait fait s’insurger, comme piqués au vif… A ceux qui jacassent sur le fait que des révolutionnaires communistes se seraient éloignés à cause de notre « sectarisme » obstiné, nous répondons que la pierre de touche du sérieux de leur adhésion au communisme était (et ne fut pas) la capacité de reconnaître l’urgence d’un guide politique homogène – car reposant sur des bases théoriques et programmatiques rigoureusement définies – dont la présence active aurait seule permis aux généreuses batailles du prolétariat de ne pas se disperser dans la vaine recherche de solutions partielles, ni de devenir la proie de l’expérimentalisme volontariste d’une « intelligentsia » à la recherche de formules thaumaturgiques de dénouement du drame social, vu comme un aspect d’une « crise de la culture », et qui lui aurait fourni les moyens et la manière de se défendre – dans l’attente de pouvoir contre-attaquer, et, si possible, de contre-attaquer déjà pendant la défense – contre les forces de la contre-révolution montante, sans se précipiter (comme ce fut le cas quatre ans plus tard) dans le marais fatal d’un anti-fascisme imbécilement interclassiste et peureusement démocratique. Si travailler pour la constitution du parti – et non d’un parti quelconque, mais du parti s’appuyant sur la complète unité d’action et de théorie exigée par le marxisme – avait été, par absurdité, « de la passivité, du fatalisme, du mécanicisme », eh bien nous voterions pour cette divinité ignorée, contre « l’activisme des réalisateurs » à la recherche des « embryons » de la nouvelle société dans l’ancienne, soi-disant construits par le prolétariat dans sa lutte non pas pour soi mais pour le capital ! »

    Source dans Histoire de la gauche communiste

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