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L’évolution darwinienne est-elle le triomphe des espèces supérieures, les plus aptes, les plus adaptées, les plus évoluées et les plus fortes ?

vendredi 13 octobre 2017, par Robert Paris

L’évolution darwinienne est-elle le triomphe des espèces supérieures, les plus aptes, les plus adaptées, les plus évoluées et les plus fortes ?

On a souvent attribué cette pensée à Darwin. Pourtant lui disait exactement le contraire :

« Les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes ni les plus intelligentes mais celles qui s’adaptent le mieux au changement. »

« Qui s’adaptent le mieux » ne signifie pas « qui sont le mieux adaptées ». Voilà un premier point très important.

Darwin dit : « Celui qui n’évolue pas disparaît » et pas « celui qui n’a pas ou moins évolué »…

La capacité à évoluer ne peut pas être confondue avec une plus grande évolution des capacités !

La capacité à évoluer peut provenir de l’histoire de l’espèce qui l’a amenée à subir davantage de chocs et de stress de type climatique par exemple et donc de pouvoir réagir plus vite, en étant capable de trouver des solutions nouvelles avec plus d’efficacité.

Darwin écrit dans "L’origine des espèces"

« Je ne crois à aucune loi fixe du développement, obligeant tous les habitants d’une région à se modifier brusquement, ou simultanément, ou à un égal degré. (....) La variabilité de chaque espèce est tout à fait indépendante de celle des autres. L’accumulation par la sélection naturelle, à un degré plus ou moins prononcé, des variations qui peuvent surgir, produisant ainsi plus ou moins de modifications chez différentes espèces, dépend d’éventualités nombreuses et complexes, telles que la nature avantageuse des variations, la liberté des croisements, le taux de reproduction, les changements lents dans les conditions physiques de la contrée, et plus particulièrement de la nature des autres habitants avec lesquels l’espèce qui varie se trouve en concurrence. (...) Comme tous les êtres organisés, éteints et récents, qui ont vécu sur la Terre peuvent être tous classés ensemble, et ont tous été reliés les uns aux autres par une série de fines gradations, la meilleure classification, la seule possible d’ailleurs, si nos collections étaient complètes, serait la classification généalogique ; le lien caché que les naturalistes ont cherché sous le nom de système naturel n’est autre chose que la descendance. »

Extrait de « Darwin et les grandes énigmes de la vie » de Stephen Jay Gould :

« En l’espace de dix ans, Darwin convainquit le monde intellectuel de l’existence de l’évolution, mais sa théorie de la sélection naturelle ne fut jamais très populaire de son vivant. Elle ne s’est imposée que dans les années quarante et, aujourd’hui encore, bien qu’elle soit au cœur de notre théorie de l’évolution, elle est généralement mal comprise, mal citée et mal appliquée. La difficulté ne réside pourtant pas dans la complexité de sa structure logique, car les fondements de la sélection naturelle sont la simplicité même. Ils se résument à deux constatations indubitables entraînant une conclusion inévitable :
1- Les organismes varient et leurs variations se transmettent (en partie du moins) à leurs descendants 2- Les organismes produisent plus de descendants qu’il ne peut en survivre. 3- En règle générale, le descendant qui varie dans la direction favorisée par l’environnement survivra et se reproduira. La variation favorable se répandra donc dans les populations par sélection naturelle.
(…) L’idée suivant laquelle la sélection naturelle est la force créatrice de l’évolution et pas seulement le bourreau qui exécute les inadaptés est l’essence de l’adapté, c’est-à-dire élaborer progressivement l’adaptation en conservant, génération après génération, les éléments favorables dans un ensemble de variations dues au hasard. Si la sélection naturelle est créatrice, il faut compléter la première proposition, relative à la variation, par deux observations supplémentaires.
Premièrement, la variation doit être le fruit du hasard ou, tout au moins, ne pas tendre de préférence vers l’adaptation. Car si la variation est préprogrammée dans la bonne direction, la sélection naturelle ne joue aucun rôle créateur et se contente d’éliminer les individus non conformes. (…) Ce que nous savons des variations génétiques laisse penser que Darwin avait raison de soutenir que la variation n’est pas préprogrammée. L’évolution est un mélange de hasard et de nécessité. Hasard dans la variation, nécessité dans le fonctionnement de la sélection.
Deuxièmement, la variation doit être petite relativement à l’ampleur de l’évolution manifestée dans la formation d’espèces nouvelles. En effet, si les espèces nouvelles apparaissent d’un seul coup, le seul rôle de la sélection consiste simplement à faire disparaître les populations en place afin de laisser le champ libre aux formes améliorées qu’elle n’a pas élaborées. De nouveau, nos connaissances en génétique vont dans le sens de Darwin, qui croyait que les petites mutations constituent l’essentiel de l’évolution.
Ainsi, la théorie de Darwin, simple en apparence, ne va pas, dans les faits, sans complexité. Il semble néanmoins que les réticences qu’elle suscite tiennent moins aux éventuelles difficultés scientifiques qu’au contenu philosophiques des conceptions de Darwin qui constituent en effet un défi à un ensemble d’idées particulières à l’Occident et que nous ne sommes pas encore près de l’abandonner.
Pour commencer, Darwin prétend que l’évolution n’a pas de but. (…) Darwin soutient que l’évolution n’est pas dirigée, qu’elle ne conduit pas inévitablement à l’apparition de caractéristiques supérieures. Les organismes ne font que s’adapter à leur environnement. La « dégénérescence » du parasite est aussi parfaite que l’élégance de la gazelle. »

Stephen Jay Gould écrit dans « Cette vision de la vie » :

« L’interprétation populaire de l’évolution contient au moins deux hypothèses erronées, si répandues et ancrées (certes inconsciemment) dans les explications conventionnelles que nombre de faits évidents, immédiatement compréhensibles au niveau de leur simple description, apparaissent très souvent dans le discours médiatique sous une forme confuse dont les « vulgarisateurs scientifiques » considèrent à tort qu’elles expriment la pensée réelle des scientifiques, ou, plus cyniquement, qu’ils décident de présenter comme des équivalents littéraires des légèretés musicales des autoradios aux heures de pointe.
Dans ce contexte, l’évolution apparaît avant tout comme la transformation corps et âme d’un organisme en un autre. Ainsi, les poissons deviendraient des amphibiens en « conquérant » la terre ferme, tandis que les singes délaissent la sécurité de leurs arbres pour finalement devenir des humains en affrontant les dangers au sol à l’aide d’une arme tenue de leurs mains libérées et d’une petite lueur d’intelligence émanant d’un organe élargi situé à l’arrière de leurs yeux.
Puis, et c’est la seconde composante de cette vision transformationnelle, des descendants remportent la victoire grâce à leur valeur intrinsèque face à la sélection naturelle. Car « plus tard » ne peut que signifier « meilleur » ; jusque là la terre cède devant les métaphores de conquête ou de colonisation et que les savanes africaines, pour la première fois dans l’histoire de la planète, résonnent des sons du progrès désormais exprimés par la voix du langage réel.
Or l’évolution procède par embranchements, et non par métamorphose d’une forme à une autre, l’ancien disparaissant dans le triomphe du nouveau… En outre, la plupart des nouveautés, du moins à leurs débuts, croissent comme de minuscules brindilles sur des buissons vigoureux et persistants, et non comme des réalisations plus sophistiquées d’ancêtres qui ont donné leur maximum à un organisme qui transcende la médiocrité de leurs êtres.
Les amphibiens et leurs descendants ont certes bien réussi sur la terre ferme, mais les nageoires sont supérieures aux pieds dans le buisson des vertébrés ; la majorité de ses pousses (espèces) y sont des poissons. Je ne nie pas le succès actuel des humains et la nouveauté intéressante qu’ils représentent. Mais Homo sapiens n’occupe qu’une petite branche sur un modeste rameau de primates comprenant quelque deux cent espèces, et même nos sous-groupes les moins apparentés, tant au niveau de l’évolution qu’à celui de la géographie (disons les San du sud de l’Afrique et les Sami du nord de la Finlande), présentent très peu de divergence génétique, tandis que deux populations d’une même espèce de chimpanzés, séparées de seulement quelques centaines de kilomètres sur la terre africaine, ont développé entre elles un nombre bien plus considérable de différences génétiques.
Ce fait a priori surprenant apparaît pourtant évident si on se replace dans le cadre d’une évolution arborescente. Tous les êtres humains descendent d’ancêtres communs qui vécurent en Afrique il y a moins de 200.000 ans malgré leur dispersion ultérieures aux quatre coins du globe. Les deux populations de chimpanzés, bien que restés géographiquement proches, se sont séparés de leur ancêtre commun il y a bien plus longtemps, de sorte que l’évolution a eu beaucoup plus de temps pour développer des différences génétiques entre ces deux groupes.
Enfin, à l’échelle la plus vaste, on ne peut comprendre ce principe d’une émergence de la nouveauté par embranchement – et non par transformation globale de tous les ancêtres en descendants plus sophistiqués – que si l’on prend conscience que les bactéries composent aujourd’hui encore la majeure partie de l’arbre de la vie – et notamment son tronc basal, qu’elles ont-elles-mêmes construit dès l’apparition de la vie cellulaire – et que tous les règnes multicellulaires ne forment que quelques branches – pas forcément toutes saines – à l’extrémité d’un même rameau. »

Darwin écrit dans « L’Origine des espèces » :

« « La sélection naturelle ne peut, en aucune façon, produire des modifications chez une espèce dans le but exclusif d’assurer un avantage à une autre espèce, bien que, dans la nature, une espèce cherche incessamment à tirer avantage ou à profiter de la conformation des autres. Mais la sélection naturelle peut souvent produire — et nous avons de nombreuses preuves qu’elle le fait — des conformations directement préjudiciables à d’autres animaux, telles que les crochets de la vipère et l’ovipositeur de l’ichneumon, qui lui permet de déposer ses œufs dans le corps d’autres insectes vivants. Si l’on parvenait à prouver qu’une partie quelconque de la conformation d’une espèce donnée a été formée dans le but exclusif de procurer certains avantages à une autre espèce, ce serait la ruine de ma théorie ; ces parties, en effet, n’auraient pas pu être produites par la sélection naturelle. Or, bien que dans les ouvrages sur l’histoire naturelle on cite de nombreux exemples à cet effet, je n’ai pu en trouver un seul qui me semble avoir quelque valeur. On admet que le serpent à sonnettes est armé de crochets venimeux pour sa propre défense et pour détruire sa proie ; mais quelques écrivains supposent en même temps que ce serpent est pourvu d’un appareil sonore qui, en avertissant sa proie, lui cause un préjudice. Je croirais tout aussi volontiers que le chat recourbe l’extrémité de sa queue, quand il se prépare à s’élancer, dans le seul but d’avertir la souris qu’il convoite. L’explication de beaucoup la plus probable est que le serpent à sonnettes agite son appareil sonore, que le cobra gonfle son jabot, que la vipère s’enfle, au moment où elle émet son sifflement si dur et si violent, dans le but d’effrayer les oiseaux et les bêtes qui attaquent même les espèces les plus venimeuses. Les serpents, en un mot, agissent en vertu de la même cause qui fait que la poule hérisse ses plumes et étend ses ailes quand un chien s’approche de ses poussins. Mais la place me manque pour entrer dans plus de détails sur les nombreux moyens qu’emploient les animaux pour essayer d’intimider leurs ennemis. La sélection naturelle ne peut déterminer chez un individu une conformation qui lui serait plus nuisible qu’utile, car elle ne peut agir que par et pour son bien. Comme Paley l’a fait remarquer, aucun organe ne se forme dans le but de causer une douleur ou de porter un préjudice à son possesseur. Si l’on établit équitablement la balance du bien et du mal causés par chaque partie, on s’apercevra qu’en somme chacune d’elles est avantageuse. Si, dans le cours des temps, dans des conditions d’existence nouvelles, une partie quelconque devient nuisible, elle se modifie ; s’il n’en est pas ainsi, l’être s’éteint, comme tant de millions d’autres êtres se sont éteints avant lui. La sélection naturelle tend seulement à rendre chaque être organisé aussi parfait, ou un peu plus parfait, que les autres habitants du même pays avec lesquels il se trouve en concurrence. C’est là, sans contredit, le comble de la perfection qui peut se produire à l’état de nature. Les productions indigènes de la Nouvelle-Zélande, par exemple, sont parfaites si on les compare les unes aux autres, mais elles cèdent aujourd’hui le terrain et disparaissent rapidement devant les légions envahissantes de plantes et d’animaux importés d’Europe. La sélection naturelle ne produit pas la perfection absolue ; autant que nous en pouvons juger, d’ailleurs, ce n’est pas à l’état de nature que nous rencontrons jamais ces hauts degrés. Selon Müller, la correction pour l’aberration de la lumière n’est pas parfaite, même dans le plus parfait de tous les organes, l’œil humain. Helmholtz, dont personne ne peut contester le jugement, après avoir décrit dans les termes les plus enthousiastes la merveilleuse puissance de l’œil humain, ajoute ces paroles remarquables : « Ce que nous avons découvert d’inexact et d’imparfait dans la machine optique et dans la production de l’image sur la rétine n’est rien comparativement aux bizarreries que nous avons rencontrées dans le domaine de la sensation. Il semblerait que la nature ait pris plaisir à accumuler les contradictions pour enlever tout fondement à la théorie d’une harmonie préexistante entre les mondes intérieurs et extérieurs. » Si notre raison nous pousse à admirer avec enthousiasme une foule de dispositions inimitables de la nature, cette même raison nous dit, bien que nous puissions facilement nous tromper dans les deux cas, que certaines autres dispositions sont moins parfaites. Pouvons-nous, par exemple, considérer comme parfait l’aiguillon de l’abeille, qu’elle ne peut, sous peine de perdre ses viscères, retirer de la blessure qu’elle a faite à certains ennemis, parce que cet aiguillon est barbelé, disposition qui cause inévitablement la mort de l’insecte ? Si nous considérons l’aiguillon de l’abeille comme ayant existé chez quelque ancêtre reculé à l’état d’instrument perforant et dentelé, comme on en rencontre chez tant de membres du même ordre d’insectes ; que, depuis, cet instrument se soit modifié sans se perfectionner pour remplir son but actuel, et que le venin, qu’il sécrète, primitivement adapté à quelque autre usage, tel que la production de galles, ait aussi augmenté de puissance, nous pouvons peut-être comprendre comment il se fait que l’emploi de l’aiguillon cause si souvent la mort de l’insecte. En effet, si l’aptitude à piquer est utile à la communauté, elle réunit tous les éléments nécessaires pour donner prise à la sélection naturelle, bien qu’elle puisse causer la mort de quelques-uns de ses membres. Nous admirons l’étonnante puissance d’odorat qui permet aux mâles d’un grand nombre d’insectes de trouver leur femelle, mais pouvons-nous admirer chez les abeilles la production de tant de milliers de mâles qui, à l’exception d’un seul, sont complètement inutiles à la communauté et qui finissent par être massacrés par leurs sœurs industrieuses et stériles ? Quelque répugnance que nous ayons à le faire, nous devrions admirer la sauvage haine instinctive qui pousse la reine abeille à détruire, dès leur naissance, les jeunes reines, ses filles, ou à périr elle-même dans le combat ; il n’est pas douteux, en effet, qu’elle n’agisse pour le bien de la communauté et que, devant l’inexorable principe de la sélection naturelle, peu importe l’amour ou la haine maternelle, bien que ce dernier sentiment soit heureusement excessivement rare. Nous admirons les combinaisons si diverses, si ingénieuses, qui assurent la fécondation des orchidées et de beaucoup d’autres plantes par l’entremise des insectes ; mais pouvons-nous considérer comme également parfaite la production, chez nos pins, d’épaisses nuées de pollen, de façon à ce que quelques grains seulement puissent tomber par hasard sur les ovules ? »

Prenons l’exemple des mammifères et des marsupiaux : les premiers ont gagné partout où ils ont été confrontés.

Les mammifères ne sont pas supérieurs, mais seulement plus accoutumés au changement que les marsupiaux

Un autre exemple : mammifères et dinosaures, qui était supérieur ?

L’origine des mammifères, une victoire évolutive sur les dinosaures ?

La sélection naturelle des espèces, ou transformation darwinienne du vivant, est-elle évolutive, adaptative, prédictible, productrice de progrès, de complexification ou d’amélioration ?

Idées reçues sur la théorie de l’évolution de Charles Darwin

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L’évolution des espèces, par Charles Darwin

Quand la théorie du plus apte a été appliquée par la société au nom d’un prétendu « darwinisme social » ou de la sociobiologie…

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