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Luttes de classe en Inde

dimanche 1er février 2009, par Robert Paris

Noida (New Okhla Industrial Development Authority), banlieue de New Dehli :

Furieux d’avoir été licenciés, les anciens salariés d’un équipementier automobile italien exigeaient d’être réembauchés.

Un conflit social affectant une entreprise de la banlieue industrielle de New Dehli a tourné à l’émeute sanglante en Inde : un PDG a été lynché, lundi, jusqu’à la mort, par 200 d’anciens employés furieux d’avoir été licenciés.

Ces ex-salariés d’une filiale indienne de l’équipementier automobile italien Graziano Transmissioni India avaient été conviés par leur patron Lalit Kishore Chaudhary à une réunion de conciliation en vue de leur réinstallation. La cause du licenciement reste floue. D’après la police, citée par le quotidien The Hindu, les travailleurs auraient été renvoyés deux mois plus tôt à l’issue d’une manifestation qui aurait dégénérée. Les ouvriers de Graziano Transmissioni India qui réclamaient de meilleurs salaires et des contrats à durée indéterminée auraient mis à sac en juillet les locaux de leur usine. Graziano Transmissioni India propose une autre version : les licenciements auraient été motivés par les mauvaises performances des employés.

Lorsqu’ils se rendent lundi au siège de leur usine, les travailleurs licenciés apprennent que leur réintégration se fera à plusieurs conditions, dont la rédaction d’une lettre d’excuses. Si on en croit les témoignages recueillis par le Times of India, l’agitation gagne rapidement les ouvriers, mécontents de se voir imposer des pré-requis. Alors que les grilles de l’usine sont ouvertes pour laisser passer une voiture, la foule s’engouffre derrière le véhicule et s’attaque aux automobiles stationnées dans le parking avant de pénétrer dans les locaux de l’usine, frappant les gardes et les employés présents.

Alerté par le bruit, Lalit Kishore Chaudhary tente de calmer les protestataires lorsqu’il est encerclé par six hommes d’une trentaine d’années qui fondent sur lui et l’assaillent avec des barres de fer. Les heurts ont fait, en tout, une quarantaine de blessés dont vingt-trois sont toujours hospitalisés en soins intensifs pour des fractures et blessures à la tête.

Le Figaro, 23 septembre 2008

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Messages

  • La police indienne de la ville de Lucknow a décidé que la répression des manifestations n’y était pas assez pimentée avec des grenades lacrymogènes et des lanceurs d’eau, sans compter matraques et autres moyens classiques : elle utilise désormais des drones pour lancer du poivre sur les manifestants (deux kilos de poivre sur un rayon d’un kilomètre) ! Plus qu’à compter sur le vent pour diriger ce poivre vers les forces de l’ordre !!!!

  • La police a tué samedi un adolescent de 16 ans qui participait à une manifestation anti-indienne au Cachemire, où une grève séparatiste était observée pour la deuxième journée consécutive, ont annoncé des responsables.

    Trois personnes qui participaient à la manifestation contre la répression des autorités à l’encontre des chefs séparatistes, ont également été blessées, selon des témoins. L’oncle de l’adolescent a affirmé que la police avait arrêté son neveu, avant de l’abattre à bout portant devant des dizaines de manifestants aux abords de Srinagar, principale ville du Cachemire indien. La police a affirmé qu’elle allait mener une enquête, tout en reconnaissant une bavure. De violentes protestations ont éclaté cette semaine au Cachemire, après la mort du frère d’un des principaux chefs rebelles, tué par l’armée.

    Les commerces, les entreprises et les écoles sont demeurées fermées samedi dans plusieurs villes pour le deuxième jour consécutif, à l’appel du leader séparatiste Syed Ali Geelani, qui a invité la population à protester contre le "terrorisme d’Etat" de l’Inde. Les autorités ont placé tous les chefs séparatistes en résidence surveillée pour les empêcher de diriger les protestations dans ce seul Etat à majorité musulmane de l’Inde.

  • C’est la plus grande grève de l’Histoire humaine : près de deux cent millions en Inde dans une grève générale !!!

    C’est encore une intersyndicale qui a appelé et qui dirige la lutte.

    Tous les secteurs d’activité sont réunis et protestent contre la politique agressive du chef du gouvernement Modi, contre les privatisations et les bas salaires.

    Le ministre indien des Finances, Arun Jaitley, a en effet refusé d’augmenter le salaire minimum des travailleurs non qualifiés de 6.396 roupies (environ 86 euros) par mois à 9.100 roupies (environ 120 euros) provoquant la colère des organisations syndicales. Ces dernières refusent également que le gouvernement ferme certaines usines et revende une partie des entreprises publiques à des entreprises privées, dont certaines ne sont pas indiennes.

    L’Inde comptant environ 1,250 milliards d’individus, ce serait donc un septième de la population qui a arrêté le travail pour une journée.

    Mais la stratégie de la journée d’action a ses limites, même pour la journée de grève la plus massive de l’Histoire et la bourgeoisie indienne est derrière son dirigeant d’extrême droite Modi...

  • Des magasins, des banques, des écoles et des gares sont fermés, ou désertés, dans plusieurs parties du pays, ont constaté des journalistes de l’AFP. Les transports publics ne fonctionnent pas dans les Etats du Karnataka et du Kerala, et les télévisions indiennes diffusent des images de voies de chemin de fer occupées par des manifestants dans les Etats du Bengale occidental et de l’Orissa.

    Parmi les principaux points de dissension figure également le niveau de la hausse proposée du salaire minimum. Le gouvernement propose de l’augmenter pour les travailleurs non-qualifiés de 6 396 roupies à 9 100 roupies par mois, soit de 85 à 121 euros. Une revalorisation jugée insuffisante par les syndicats qui réclament l’instauration d’un salaire minimum fixé à 18 000 roupies par mois (240 euros), ainsi que la création d’une sécurité sociale universelle. En septembre 2015, des millions de travailleurs s’étaient déjà mis en grève pour contester les réformes économiques du gouvernement de Narendra Modi.

  • India Is Making Labor History With the World’s Largest General Strike

    Only 4 percent of the Indian workforce is in unions. If these unions merely fought to defend their tenuous rights, their power would erode even further. Union power has suffered greatly since the Indian economy liberalized in 1991, with Supreme Court judgments against union democracy and with the global commodity chain pitting Indian workers against workers elsewhere. It is to the great credit of the Indian trade unions that they have embraced — in different tempos — the labor conditions and living conditions of workers and peasants in the informal sector. What power remains with unions can only grow if they do what they have been doing — namely, to turn towards the immense mass of the informal workers and peasants and draw them into the culture of unions and class struggle.

    Trade unions leaders are reticent to say how many people struck work on September 2, 2016. They simply cannot offer a firm number. But they do say that the strike — the seventeenth general strike since India adopted its new economic policy in 1991 — has been the largest ever. The corporate news media — no fan of strikes — reported that the number of strikers exceeded the estimated 150 million workers. A number of newspapers suggested that 180 million Indian workers walked off the job. If that is the case, then this is the largest reported general strike in history.

    And yet, it has not been given much consideration in the media. Few front page stories, fewer pictures of marching workers outside their silent factories and banks, tea gardens and bus stations. The sensibility of individual journalists can only rarely break through the wall of cynicism built by the owners of the press and the culture they would like to create. For them, workers’ struggles are an inconvenience to daily life. It is far better for the corporate media to project a strike as a disturbance, as a nuisance to a citizenry that seems to live apart from the workers. It is middle-class outrage that defines the coverage of a strike, not the issues that move workers to take this heartfelt and difficult action. The strike is treated as archaic, as a holdover from another time. It is not seen as a necessary means for workers to voice their frustrations and hopes. The red flags, the slogans and the speeches — these are painted with embarrassment. It is as if turning one’s eyes from them would somehow make them disappear.

    A leading international business consultancy firm reported a few years ago that 680 million Indians live in deprivation. These people — half the Indian population — are deprived of the basics of life such as food, energy, housing, drinking water, sanitation, health care, education and social security. Most of Indians workers and peasants are among the deprived. Ninety percent of India’s workers are in the informal sector, where protections at the workplace are minimal and their rights to form unions virtually non-existent. These workers are not marginal to India’s growth agenda. In 2002, the National Commission on Labor found that “the primary source of future work for all Indians” would be in the informal sector, which already produced over half the Gross Domestic Product. The future of Indian labor, then, is informal with occasional rights delivered to prevent grotesque violations of human dignity. Hope for the Indian worker is simply not part of the agenda of the current dispensation in India.

    The class struggle is not the invention of the unions or the workers. It is a fact of life for labor in the capitalist system. The capitalist, who buys the labor power of workers, seeks to make that labor power as efficient and productive as possible. The capitalist retains the gains from this productivity, sloughing off the worker to their slums at night to find a way to get the energy to come back the next day. It is this pressure to be more productive and to donate the gains of their productivity to the capitalist that is the essence of the class struggle. When the worker wants a better share of the output, the capitalist does not listen. It is the strike — an invention of the 19th century — that provides the workers with a voice to enter the class struggle in a conscious way.

    In India, the first strike was in April-May 1862, when the railway workers of Howrah Railway Station struck over the right to an eight-hour work day. What inconveniences the strike produces to the middle class has to be weighed against the daily inconveniences that the workers endure as their extra productivity is seized by the capitalists. Those workers in 1862 did not want an interminable 10-hour shift that depleted them of their life. Their strike allowed them to say : we will not work more than eight hours. The critic of the strike will say, surely there are other ways to get your voice heard. No other way has been shown to the worker, who had neither the political power to lobby nor the economic power to dominate the media. It is silent, but for these festivals of the working class.

    Workers in Narendra Modi’s home state of Gujarat joined the strike with great enthusiasm. This included over 70,000 crèche and mid-day meal workers as well as port workers in Bhavnagar. Garment workers in Tamil Nadu and automobile factory workers in Karnataka closed their shops. Bank and insurance employees joined power loom operators and iron ore miners, while transport workers across the country decided to stand outside their bus and truck depots. Communist unions joined with other unions to ensure the widest mobilization of workers.

    Each local union in this strike had its own grievances, its own worries and frustrations. But the broad issues that united these millions of workers revolved around the demand for workplace democracy, the demand for a greater share of the social wealth and the demand for a less toxic social landscape. The workers — through their unions — took their 12-point demands to the government, which ignored them. At the last minute, when it seemed as if the strike would be robust, the government attempted to deliver small concessions. This was not sufficient. It was, as the labor unions put it, an insult. There is no expectation that the strike itself would lead to major concessions from the government. After all, last year, 150 million workers went on strike and the government did not shift from its anti-worker policies. Instead, the government of Narendra Modi deepened its commitment to “labor market reforms” — namely to eviscerate unions and to enhance the right to fire workers at will.

    What the strike says is that India’s workers remain alive to the class struggle. They have not surrendered to reality. In 1991, when the government decided to open the economy to the turbulent interests of global capital, the workers rebelled. In August 1992, textile workers in Bombay took to the streets in their undergarments — they declared that the new order would leave them in abject poverty. Their symbolic gesture is the current reality.

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