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Révolte à Djibouti : une de plus !!!
mardi 22 février 2011
De violents affrontements ont éclaté vendredi soir à Djibouti à l’issue d’une manifestation sans précédent de l’opposition qui a rassemblé plusieurs milliers de personnes dénonçant le régime du président Ismaël Omar Guelleh. Les affrontements ont commencé à la nuit tombée autour du stade Gouled, où étaient rassemblées depuis l’après-midi plusieurs milliers de personnes à l’appel de la principale coalition de l’opposition, l’Union pour l’alternance démocratique (UAD). Les forces de l’ordre tiraient des grenades lacrymogènes pour disperser les manifestants, qui répondaient par des jets de pierres et harcelaient les forces de l’ordre par petits groupes.
De nombreuses détonations pouvaient être entendues dans ce secteur de la capitale, où des voitures étaient en flammes et les policiers, matraque en main, tentaient d’interpeller les émeutiers. Dans la soirée, toute la capitale djiboutienne était quadrillée par les forces de l’ordre, alors que les violences se poursuivaient encore vers 21 heures, heure locale. Les locaux d’une ONG présidée par Kadra Mahmoud Haïd, l’influente épouse du président Guelleh, ont été saccagés. Vendredi soir, la radio et la télévision publiques n’avaient fait aucune mention de la manifestation du jour ou des incidents en cours.
"Soulèvement populaire pacifique"
Le rassemblement s’est déroulé dans le calme toute la journée et a rassemblé plusieurs milliers de personnes faisant sans cesse référence aux révolutions tunisienne et égyptienne. "IOG (Ismaël Omar Guelleh) dehors !", proclamaient les banderoles des manifestants, composés essentiellement de jeunes et d’étudiants, entre les discours successifs des responsables de l’UAD appelant au "soulèvement populaire pacifique" pour faire tomber le régime.
En fin d’après-midi, les protestataires ont annoncé leur intention de poursuivre leur sit-in jusqu’à la chute du régime, précipitant l’intervention des forces de l’ordre. Un tel rassemblement de l’opposition est extrêmement rare à Djibouti, petit pays de la Corne de l’Afrique, où le président sortant brigue un troisième mandat à l’élection présidentielle prévue le 8 avril prochain. Des manifestations de lycéens et d’étudiants avaient eu lieu les 5 et 6 février à Djibouti, à l’origine pour protester contre un problème de notation à de récents examens des étudiants en droit.
Pièce maîtresse de la lutte antiterroriste
Les manifestants s’étaient alors violemment opposés aux forces de l’ordre, leur rassemblement tournant au fil des heures en une contestation plus globale du régime. Les autorités avaient procédé dans les jours suivants à plusieurs arrestations de militants de l’opposition, mais également de défenseurs des droits de l’homme, dont certains ont été inculpés, depuis lors, de "participation à un mouvement insurrectionnel". Ancien directeur de cabinet du premier président djiboutien Hassan Gouled Haptidon (1977-1999), Omar Guelleh lui avait succédé en 1999 à la tête du pays. Il a été le seul candidat à la présidentielle de 2005, l’opposition ayant appelé au boycott. En avril 2010, le Parlement a voté une réforme constitutionnelle lui permettant de se représenter pour un troisième mandat.
Ancienne colonie française, Djibouti compte moins de 900 000 habitants et est majoritairement peuplé d’Afars et d’Issas. Les pouvoirs sont répartis entre ces groupes par la Constitution. Petit État bénéficiant d’une position stratégique hors pair à l’entrée de la mer Rouge, le long d’une des voies maritimes les plus fréquentées au monde, Djibouti abrite la principale base militaire française à l’étranger, une importante base militaire américaine et, depuis 2010, une base japonaise. Le pays est devenu la pièce maîtresse de la lutte antiterroriste dans la Corne de l’Afrique depuis les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis.