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La marche à la guerre mondiale progresse d’un pas...

mardi 17 janvier 2017

En plein campagne médiatique anti-russe

Premier déploiement permanent de troupes américaines à la frontière russe depuis la guerre froide

Quelque 4000 soldats américains, accompagnés de chars, d’artillerie et de véhicules blindés, sont arrivés en Pologne au cours du week-end, ce qui intensifie davantage les tensions avec la Russie à l’approche de l’entrée en fonctions le 20 janvier du nouveau président des États-Unis, Donald Trump. Il s’agit du plus important déploiement de troupes américaines en Europe depuis la guerre froide.

Les troupes seront dispersées sur sept pays d’Europe de l’Est, y compris les États baltes (Estonie, Lettonie et Lituanie), tous frontaliers de la Russie. Après neuf mois, ces troupes seront remplacées par d’autres unités, ce qui rend le déploiement effectivement permanent. L’OTAN prévoit de déployer quatre bataillons de plus à la frontière russe plus tard cette année, dont un en Pologne et les trois autres dans les États baltes.

Ce déploiement a lieu après une semaine où la politique américaine a été dominée par les dénonciations de la Russie et du président Vladimir Poutine. Dans les auditions au Sénat pour l’acceptation des candidats au gouvernement Trump, les sénateurs ont qualifié Poutine de « criminel de guerre », d’« autocrate » et de meurtrier, alors que les journaux et les émissions de télévision ont été remplis d’accusations de complots russes pour saboter les élections américaines.

Le déploiement des États-Unis en Pologne fait partie du quadruplement du budget de la défense des États-Unis pour l’Europe de l’Est en 2017, annoncé par le secrétaire à la défense Ashton Carter en février. Les dépenses militaires annuelles des États-Unis dans la région passeront de 800 millions de dollars l’an dernier à 3,4 milliards de dollars cette année.

En plus de déployer des forces terrestres, les États-Unis envisagent de construire un système de défense antimissile en Pologne et de stocker davantage de munitions et d’armements le long de la frontière russe.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitry Peskov, a qualifié ce déploiement « d’une menace pour notre sécurité […] surtout quand il s’agit d’un tiers renforçant sa présence militaire près de nos frontières ». Il a ajouté : « Tout pays peut voir et verra un renforcement de la présence militaire étrangère le long de ses frontières d’un très mauvais œil. C’est exactement notre réaction. »

Ce déploiement devait initialement avoir lieu à la fin de ce mois, après l’entrée en fonctions, mais il a été accéléré par le gouvernement Obama soucieux de couper tout recul possible de la ligne agressive anti-russe exigée par de sections dominantes de l’armée américaine et des services de renseignement.

Le déploiement a été bien accueilli par le gouvernement polonais d’extrême droite et anti-russe, gouvernement qui a reçu un avertissement officiel l’année dernière de l’Union européenne pour violations de « l’état de droit, de la démocratie et des droits de l’homme ». Depuis son arrivée au pouvoir en octobre 2015, le Parti de la loi et de la justice (PiS) a cherché à remplir le système judiciaire du pays d’idéologues de droite et a réprimé les médias d’opposition.

Les autorités polonaises ont salué samedi les troupes américaines par une cérémonie dans la ville polonaise de Zagan. Les responsables ont fait une série de remarques hystériques, cherchant à présenter la Russie comme une menace agressive sur la souveraineté de la Pologne et d’autres pays d’Europe de l’Est.

« Nous vous attendons depuis très longtemps », a déclaré le ministre polonais de la défense, Antoni Macierewicz, aux troupes rassemblées. « Nous avons attendu pendant des décennies […] avec le sentiment que nous étions les seuls à protéger la civilisation contre l’agression venue de l’est. »

Il a dit que la présence de l’armée américaine assurerait « la liberté, l’indépendance et la paix en Europe et le monde entier. Le Premier ministre Beata Szydlo a ajouté : « C’est une journée importante pour la Pologne, pour l’Europe, pour notre défense commune. »

Prenant la parole lors de la cérémonie du samedi, Paul Jones, l’ambassadeur des États-Unis en Pologne, a déclaré que ce dernier déploiement signale « un engagement invulnérable » envers les alliés américains de l’OTAN. « C’est la force de combat la plus optimale de l’Amérique : une brigade blindée américaine hautement qualifiée et prête au combat, avec nos équipements et nos armes les plus avancés ».

L’un de ces bataillons, fourni par les États-Unis, sera stationné en Pologne orientale dans la région dite Suwalki entre le Belarus et l’enclave russe de Kaliningrad. Ces troupes sont conçues pour agir comme une force « de déclenchement », augmentant la chance d’un conflit militaire à grande échelle avec les États-Unis dans l’éventualité d’un conflit frontalier.

La prétendue raison du déploiement accéléré est l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014, décrite par les États-Unis et l’OTAN comme un acte d’agression unilatéral de la part de la Russie.

En réalité, la démarche de la Russie en Crimée avait principalement un caractère défensif, une réponse au coup d’État de droite mené par des fascistes en Ukraine qui menaçait de couper l’accès de la Russie à sa base navale à Sébastopol. L’annexion était le résultat d’un vote majoritaire en Crimée pour se séparer de l’Ukraine et rejoindre la Russie.

Les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN ont utilisé l’annexion comme prétexte pour une série de mesures de rétorsion, y compris des sanctions économiques dirigées contre le gouvernement russe et les individus.

Le déploiement des troupes américaines a été en grande partie minimisé dans les médias américains, méritant une seule mention, non pertinente, sur l’émission-débat d’ABC « This Week Sunday ». Il a été presque entièrement ignoré par les émissions « Meet the Press » et « Face the Nation. » Dans la mesure où la presse américaine, comme CNN et le New York Times, a fait état de ce déploiement, il a été présenté comme la défense de petits États à la frontière de la Russie.

Tout ce reportage était marqué par une absence totale du contexte historique. La seconde guerre mondiale, qui provoqua la mort de 26 millions de citoyens soviétiques, a commencé avec l’invasion de la Pologne par l’Allemagne nazie, qui l’a considérée comme un point de départ pour l’invasion ultime de l’URSS, visant à faire de l’Allemagne une puissance mondiale capable de concurrencer les États-Unis.

Maintenant, alors que les États-Unis cherchent à concrétiser leur domination sur l’Eurasie afin de préparer un affrontement avec leur principal rival international, la Chine, ils risquent un affrontement avec la Russie, deuxième puissance nucléaire au monde.

Alors que pour l’instant Trump a signalé une attitude plus accommodante envers la Russie, ce n’est que dans le but de focaliser l’agression militaire des États-Unis contre la Chine. Dans une interview publiée ce week-end par le Wall Street Journal, Trump simultanément a dit qu’il était ouvert à la levée des sanctions économiques contre la Russie, tout en annonçant une volonté de reconsidérer la politique établie de longue date des États-Unis de ne pas reconnaître Taïwan, un changement politique qui conduirait à une rupture des relations diplomatiques, selon les responsables chinois.

Dans la lutte de plus en plus âpre entre factions au sein de l’establishment politique américain sur la politique étrangère, les deux adversaires favorisent l’escalade militaire contre des puissances nucléaires, risquant de déclencher une guerre, que ce soit contre la Russie ou la Chine, qui aurait les conséquences les plus catastrophiques.

Par Andre Damon

WSWS

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