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Histoire du mouvement ouvrier et du faux socialisme sénégalais

vendredi 3 avril 2009, par Robert Paris

HISTOIRE DU MOUVEMENT OUVRIER AU SENEGAL

Fin décembre 1945, les employés du Commerce, des Industries et des Banques (EMCIBAN), déclenchèrent à leur tour un mouvement de grève précédant de deux jours celui des travailleurs des Industries de la Métallurgie. Le 02 Janvier 1946, Amadou Lamine DIALLO, Secrétaire Général de l’Union Régionale des Syndicats de la Circonscription de Dakar diriga une grève générale, les fonctionnaires reprirent leurs revendications et se solidarisèrent au mouvement de grève.

Comme la solidarité n’était pas très profonde entre les grévistes, les fonctionnaires reprirent le service dès qu’ils obtinrent satisfaction. Cette grève fût fatale pour les employés du Commerce et Banques car, beaucoup d’entre eux furent licenciés et ceux qui étaient indispensables pour leur employeur furent réengagés comme de nouveaux embauchés.
Les travailleurs de la métallurgie qui avaient tenu bon ont vu leurs efforts couronnés de succès.

Au terme de cette grande lutte, pour la première fois au Sénégal, un tableau du minimum vital fût confectionné pour la fixation du Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti, salaire au deçà duquel, aucun travailleur adulte ne doit être payé.

Les bénéficiaires de cette action furent les fonctionnaires et les travailleurs de la métallurgie.

Au courant de l’année 1956, fut engagée la négociation à l’occasion de laquelle, les travailleurs du secteur privé ont eu droit à l’indemnité de licenciement inconnu jusque là, à un congé de 12 jours ouvrables, à la prime de panier, à la majoration des heures supplémentaires, etc...

En 1947, éclata la grève des travailleurs de la Régie des Chemins de Fer, du 10 Octobre 1947 au 19 Mars 1948 ( 5 mois et 15 jours ).

Malgré l’entêtement du Directeur Général et du Haut Commissaire de l’AOF, malgré l’envoi de cheminots français de CGT-FO pour faire reprendre le trafic, malgré la reprise du travail par certains défaillants, Ibrahima SARR et son équipe ont pu tenir le coup jusqu’à l’aboutissement de leurs revendications.
Pour élargir les dispositions de la Convention Collective du 12 Décembre 1946 par les accords collectifs au sein de certains établissements, des grèves tournantes furent déclenchées dans le cadre de l’Union Intersyndicale Ouvrière.

Avec ces grèves, une amélioration nette de la situation des travailleurs fut enregistrée.

Toute cette évolution se fit avec la détermination des masses ouvrières malgré une répression sauvage. Les colonialistes et les agents des trusts coloniaux frappaient de toutes leurs forces les dirigeants syndicaux sénégalais et européens émigrés.

Brimades répétées, perquisition incessantes et mesures arbitraires étaient devenues des pratiques courantes pour freiner l’action syndicale.
C’est à l’occasion de ces perquisitions que les documents qui auraient permis aujourd’hui d’écrire plus aisément les pages de l’Histoire du Mouvement Syndical ont été saisis.

Malgré cette répression, l’action syndicale se développa et l’unité des organisations syndicales se renforça au plan fédéral.

En 1953, des grèves intermittentes furent déclenchées pour imposer aux Gouverneurs de prendre des mesures pour l’application rapide des dispositions de ce Code par voie d’arrêtés généraux et locaux.

Lors de la grande grève du 02 Novembre 1953, pour la première fois au Sénégal, des bombes lacrymogènes ont été lancées pour disperser les travailleurs de la SOCOCIM qui formaient des piquets de grève, empêchant les défaillants de reprendre leurs activités. Au cours de l’année 1953, les travailleurs de la SODEO à Louga ont déclenché une grève pour défendre leurs revendications. Les travailleurs de la filiale dakaroise de cette usine ont observé une grève de solidarité pour permettre à leurs camarades de Louga d’obtenir satisfaction à leurs revendications.

En 1955, au moment où les travailleurs luttaient pour l’abrogation du décret de Mars 1937 réglementant le conflit du travail pendant la conciliation obligatoire, celui du 20 Mai 1955 a été pris pour rendre encore beaucoup plus difficile le déclenchement des mouvements de grève.

Si par le décret de Mars 1937 la conciliation était obligatoire et que l’arbitrage ne peut être entamé que sur la demande de l’une des parties et que la sentence rendue au terme de la procédure était exécutoire, il n’en demeure pas moins que le décret du 20 Mai 1955 ne permettait pas au travailleur ou à l’employeur de décider une action que lorsque la sentence rendue par le Comité arbitral est frappé d’opposition par l’une des parties.
Le décret du mois de Mars 1937 exigeait du travailleur et de l’employeur voulant prendre une décision, d’informer l’autre partie 48 heures au préalable.
C’est en 1955 qu’il est senti au sein de la CGT une autre scission née de la création de la CGTA, problème très douloureux, regretté par tous les responsables syndicaux de bonne foi.

Les 16, 17, 18 et 19 Janvier 1957, une Conférence syndicale réunit à Cotonou l’ensemble des organisations syndicales de l’Afrique Occidentale et Centrale d’expression française en vue de la réalisation de l’Unité Syndicale, unité qui devait permettre d’engager plus positivement nos masses ouvrières dans la lutte générale de nos peuples pour leur émancipation. Cette conférence qui donna naissance à l’Union Générale des Travailleurs d’Afrique Noire (UGTAN) qui ouvrit de nouvelles perspectives au mouvement syndical en général et engagea les travailleurs dans la lutte pour l’indépendance nationale, tout en les appelant à s’opposer à la balkanisation que la Loi Cadre allait amorcer et dont les conséquences ne pouvaient être que néfastes pour l’unité africaine.

L’année 1958 est l’année du Référendum donnant, aux territoires d’Outre-Mer, le droit d’opter pour leur indépendance.

Si les partis politiques de tous les Etats d’expression française formant l’AOF avaient décidé d’un vote positif, l’UGTAN avait donné un mot d’ordre pour un vote négatif. Pourtant, avant cette décision, le compromis qu’avait demandé les responsables de cette organisation au Général DE GAULLE avait été rejeté. Ce rejet obligea les syndicalistes à se réunir à Bamako pour prendre une décision définitive, c’est-à-dire un vote négatif.

Cette option a provoqué l’expulsion du Camarade Abdoulaye DIALLO du Soudan dès que les résultats de ce Référendum furent connus.
L’année 1960 a été marquée par le transfert des compétences entre le Gouvernement français et les exécutifs locaux mais aussi la dissolution de l’UGTAN.
Avec la création de l’UST, le mouvement syndical sénégalais acheva de s’éclater, en liaison avec les raisons évoquées plus haut.

En 1963, ont eu lieu des élections sanglantes au cours desquelles, l’UNTS soutenait l’UPS tandis que l’UST soutenait le PRA-Sénégal. Une grève insurrectionnelle fut déclenchée.

En 1967, toutes ces centrales et syndicats autonomes intègrèrent à l’UNTS qui regroupa ainsi la quasi totalité des travailleurs Sénégalais et devint la seule organisation capable de défendre efficacement les intérêts de la classe ouvrière.

La grève des travailleurs des Banques en 1969 et le mouvement de solidarité déclenché par l’UNTS avaient eu pour conséquence la scission dans la Centrale et la création de la Confédération Nationale des Travailleurs du Sénégal (CNTS).

HISTOIRE DU FAUX SOCIALISME AU SENEGAL

A l’origine était le Bloc démocratique sénégalais : Il est fondé le 27 octobre 1948 par Léopold Sédar Senghor, à la suite d’une scission avec la SFIO.
Un mois plus tard, Senghor lui-même s’associe avec le groupe parlementaire des Indépendants d’outre-mer.Lors des élections législatives de 1951, le BDS recueille 213 182 voix, soit 67% des suffrages exprimés. Deux membres du parti sont élus députés, Senghor et Abbas Guèye, un leader syndicaliste de la CGT locale.

Léopold Sédar Senghor amorce sa carrière politique aux côtés de l’impérialisme français en 1945 et devient député du Sénégal, inscrit au groupe "socialiste", groupe pro-colonialiste. Senghor sera réélu député en 1951 ; on le retrouve aussi comme membre de l’Assemblée consultative du Conseil de l’Europe et comme délégué de la France à la Conférence de l’UNESCO et à l’Assemblée générale de l’ONU.

Il deviendra secrétaire d’État dans le cabinet d’Edgar Faure en 1955, ministre-conseiller du général de Gaulle (1959), puis président de l’assemblée de la Fédération du Mali (regroupant le Sénégal et l’actuel Mali) la même année. Il est donc un homme politique de la bourgeoisie française et c’est en tant que tel qu’il sera choisi par l’impérialisme français pour diriger la fausse indépendance.

Il fonde son propre parti, le Bloc démocratique sénégalais, qui créera la surprise en remportant les élections de 1951.

La campagne électorale est marquée par de violents incidents entre le BDS et la SFIO.Pour accroître son influence, le BDS s’appuie largement sur les autorités religieuses et tribales. Cette capacité à réunir de nombreux groupes ethniques différents, ainsi que le charisme personnel de Senghor, propulsent le BDS au premier plan de la scène politique sénégalaise d’avant l’indépendance. En 1956 le BDS remporte les élections municipales à Kaolack, Thiès, Louga, Diourbel et Ziguinchor, mais les perd à Dakar.La dernière réunion plénière du BDS se tient le 18 août 1956. Cette rencontre prépare la fusion du parti avec l’Union démocratique sénégalaise (UDS), le Mouvement autonome casamançais (MAC) et une fraction du Mouvement populaire sénégalais dirigé par Abdoulaye Thiaw, et la création d’un nouveau parti, le Bloc populaire sénégalais (BPS).

Le Bloc populaire sénégalais :

Le premier BPS naît lors d’un congrès qui se tient à Dakar du 23 au 25 février 1957.Convergence de plusieurs mouvements, le Bloc démocratique sénégalais (BDS), l’Union démocratique sénégalaise (UDS), le Mouvement autonome casamançais (MAC) ainsi qu’une fraction du Mouvement populaire sénégalais (MPS) mené par Abdoulaye Thiaw, cette fusion était effective depuis août 1956.Le congrès désigne Léopold Sédar Senghor comme leader politique et Mamadou Dia comme Secrétaire général.

Le 11 janvier 1957, le BPS avait organisé une rencontre à Dakar et lancé la Convention africaine, dont l’ambition était de devenir un parti pour toute l’AOF. Au préalable le BPS et le Rassemblement démocratique africain avaient tenté en vain de se rapprocher. Senghor souhaite alors que la Convention africaine joue le rôle d’un parti représentant le groupe parlementaire des Indépendants d’outre-mer dont il est membre.En 1958 la Convention africaine et le Mouvement socialiste africain s’unissent pour former le Parti du rassemblement africain. Suite à cette fusion le BPS s’associe à la section sénégalaise du Parti sénégalais d’action socialiste (PSAS) et forme l’Union progressiste sénégalaise.

L’Union progressiste sénégalaise (UPS) a pris le nom de Parti socialiste en 1976.

On notera tout au long de cette histoire du "socialisme" sénégalais que cette histoire n’a rien à voir avec les luttes des travailleurs donc rien à voir avec le socialisme !!

à suivre...

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