Accueil > 05 - Livre Cinq : ECONOMIE POLITIQUE > 5- L’économie mondiale en route vers une nouvelle crise systémique qui en (...) > Un emprunt contre la crise ?

Un emprunt contre la crise ?

dimanche 12 juillet 2009

Les plus pro-capitalistes des commentateurs sont affolés par les mesures étatiques de crise ...

Plus d’un responsable doit être glacé de peur devant la dérive et la perte de contrôle des finances publiques. Celles-ci enregistreront en 2009, et encore en 2010, des déficits records et colossaux de 150 milliards d’euros par an, soit 300 milliards d’euros en deux ans d’endettement supplémentaire. Du jamais vu depuis des décennies. Ajoutons ceci : selon le journal économique La Tribune de mardi dernier, l’Etat français a emprunté chaque jour, sur les marchés financiers, durant le premier trimestre de cette année, l’équivalent d’un milliard d’euros. Des chiffres effrayants qui méritent autre chose que le silence.

C’est dans ce contexte qu’il faut apprécier la perspective d’un emprunt censé financer « les dépenses d’avenir ». Cet emprunt est une idée dangereuse, vendue avec habileté, qui permet au gouvernement de laisser croire qu’il prépare l’avenir alors même qu’il s’avère incapable de financer le présent. Il faut lire, là encore, le rapport de la Cour des comptes qui, page 13, souligne, dans son jargon, cette vérité effrayante : « En France, le financement des charges d’intérêts de la dette publique, et même au delà, est entièrement assuré par un endettement supplémentaire. » Autrement dit, le niveau de la dette est tel que nous empruntons pour payer les intérêts d’emprunts précédents. Autrement dit, continuer à augmenter le niveau des emprunts peut se révéler une des plus mauvaises décisions politiques prises dans l’histoire de ce grand et vieux pays par ses dirigeants.

Il n’est pas inutile d’avoir ces idées en tête pour apprécier à sa juste valeur le papier publié en page 19 de Marianne, cette semaine, sous la signature de Laurent Neumann, le directeur de la rédaction. Son titre : « Grand emprunt Sarkozy : oui, mais pas à n’importe quelles conditions. » L’argument principal de l’auteur de l’article est exposé en une phrase : « Au fond, quand il y a une guerre ou une catastrophe nationale, il est logique de faire appel à l’effort national. »

Premier impératif : son montant : « Si cet emprunt doit être limité en valeur, écrit-il, c’est (...) non, car il aura le même impact que le premier plan de relance, c’est-à-dire quasiment nul. A 70, 80 ou 100 milliards d’euros, il a un sens. »

Un emprunt de 100 milliards d’euros ? Pourquoi pas 200 ? 300 ? Il est très net que depuis le début de la crise, en septembre dernier, nous avons tous perdu le sens de la mesure et de la réalité, celui du possible et du juste. Rajouter 100 milliards d’euros de dettes d’un coup, alors même que le déficit budgétaire pour 2009 et 2010 sera d’au moins 300 milliards d’euros, pourrait provoquer une crise de confiance de la part des prêteurs sur les marchés financiers. Celle-ci pourrait se traduire, au mieux, par un relèvement du taux d’emprunt, ce qui nous asphyxierait, au pire par un refus de couverture de certaines demandes du Trésor, ce qui pourrait nous précipiter dans une crise financière d’une extrême gravité.

Jean-Michel Aphatie

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.