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Le renversement de la dictature de l’empereur d’Ethiopie

mardi 28 septembre 2010, par Robert Paris

Renversement de la dictature de l’empereur en Ethiopie en 1974

L’aggravation de la situation économique et sociale du pays suite au choc pétrolier de 1973, des mécontentements croissants parmi les étudiants et une partie des élites entraînent la démission du Premier ministre en février 1974. L’empereur le remplace par le ras Endalkachew Makonnen.

Loin de rétablir l’ordre, cette première en Éthiopie encouragea les revendications protestataires : grèves ouvrières et manifestations étudiantes réclamaient des réformes sur la propriété des terres, des enquêtes sur la corruption aux plus hauts niveaux du gouvernement ainsi que des réformes politiques. En avril 1973, pressé par les manifestations étudiantes, l’empereur lève la censure sur l’état de famine au Wello, après s’être opposé à la publication d’un rapport critique de la FAO. C’est le début de la révolution éthiopienne, avec la première grève générale de l’histoire éthiopienne en mars 1974.

L’empereur est renversé le 12 septembre 1974, par un coup d’État mené par un groupe de 120 militaires, réunis au sein du Derg, parmi lesquels Aman Mikael Andom (premier chef de l’État après la chute d’Haile Selassie), Tafari Benti (son successeur, assassiné en 1977) et Mengistu Haile Maryam (qui devient en 1977 l’homme fort de l’Éthiopie).

Les médias relayèrent la nouvelle de sa mort en prison le 27 août 1975, suite à une opération de la prostate, mais une mort par strangulation ou par étouffement est bien plus vraisemblable.
Sa dépouille fut dissimulée dans les soubassements du palais impérial, où elle fut découverte en 1992, un an après la chute du dictateur Mengistu qui fut défait en 1991.

CHRONOLOGIE

* 1960. Tentative de coup d’État.

* Été 1968. Création du Meison (Mouvement socialiste pan-éthiopien) comme fraction au sein de l’Union mondiale des étudiants éthiopiens par des étudiants essentiellement basés en Europe : Haïlé Fida, Neguede Gobeze, Fikré Merid, Kebebe Menguesha…

* 29 février 1969. Intervention de la police sur le campus de l’université lors d’une grève étudiante : 2 morts.

* Avril 1972. Fondation du Parti révolutionnaire du peuple éthiopien (PRPE).

* Avril 1973. Scission au sein des mouvements étudiants à l’étranger.
* 18 octobre 1973. La BBC diffuse le film de Jonathan Dimbleby, La famine cachée.

1974 :

* 12 janvier, Sidamo. Rébellion de soldats dans une base militaire : les officiers refusaient à la troupe l’accès à la pompe à eau.

* 10-13 février, Debre-Zeit. Révolte à la base de Debre-Zeit.

* 13 février. Hausse du prix de l’essence.

* 14 février, Addis-Abeba. Manifestation de lycéens, attaque des bus (propriétés de l’empereur).

* 18 février, Addis-Abeba. Début de la grève des taxis et des enseignants.

* 20 février, Addis-Abeba. Vaste manifestation populaire rassemblant toutes les couches de la population, des prêtres aux prostituées.

* 23 février, Addis-Abeba. Discours du Négus qui réduit l’augmentation du prix de l’essence.

* 25 février, Asmara. Révolte de la deuxième division : les officiers sont arrêtés, les bâtiments publics occupés et les 34 revendications des mutins diffusées à la radio. “Mouvements” à la base de Debre-Zeit.

* 28 février, Addis-Abeba. Démission du Premier ministre Aklilu Habte Wolde. Endelkatchew Makonnen le remplace.

* 1er mars, Addis-Abeba. Manifestation étudiante contre le nouveau Premier ministre.

* 4 mars, Addis-Abeba. Entrée en action de la CELU (Confederation of Ethiopian Labour Unions), le syndicat unique. Elle présente ses revendications syndicales et politiques au Premier ministre.

* 5 mars, Addis-Abeba. Second discours du Négus qui promet une monarchie constitutionnelle, une relance économique et une réforme agraire.

* Début mars. Création du Comité de coordination des Forces armées et de la police.

* 7 mars. Grève générale (la première dans le pays).

* 25 mars, Debre-Zeit. Tentative de mise au pas de la base. L’armée l’occupe pour neutraliser les militaires “radicaux”.

* 25 mars, Addis-Abeba. Le Premier ministre, Endelkatchew Makonnen, annonce que toute la lumière sera faite sur la gestion du précédent gouvernement.

* 8 avril, Addis-Abeba. Publication du Livre blanc sur les réformes.

* 18 avril, Addis-Abeba. Défilé de 150.000 musulmans et chrétiens pour l’égalité religieuse.

* 18 avril, Addis-Abeba. Le Premier ministre, Endelkatchew Makonnen se rend au QG de la Quatrième division pour négocier la fin de l’agitation sociale. Le Comité de coordination des forces armées et de la police demande en contrepartie l’arrestation des “responsables de la famine”.

* 26 avril, Addis-Abeba. Le Négus refuse les exigences du Comité de coordination. Deux cents dignitaires sont arrêtés.

* 28 avril, Addis-Abeba. Le Premier ministre annonce la fin de la censure sur la presse.

* 30 avril, Addis-Abeba. Création d’une commission nationale de sécurité autour du général Abiye regroupant les officiers généraux opposés aux changements.

* Début mai, Addis-Abeba. Création d’un second Comité de coordination autour de la Quatrième division dirigé par Tefera Tekleab et Atnafu Abate.

* 28 juin, Addis-Abeba. La Quatrième division occupe les points stratégiques de la ville et procède à une nouvelle vague d’arrestations.

* Début juillet, Addis-Abeba. Élection secrète des dirigeants du derg (“les égaux”) : Menguistu Haïlé-Mariam président, Atnafu Abate, vice-président.

8 juillet, Addis-Abeba. Publication du programme “Ethiopia Tikdem”.

* 22 juillet, Addis-Abeba. Démission du Premier ministre Endelkaltchew, Mikaél Imru le remplace.

* 15-16 août, Addis-Abeba. Dissolution du Conseil de la plume, du Conseil de la couronne et de la Cour de justice impériale.

* Fin août. Nationalisation des biens de la Couronne. Voyage du général Aman Adom, ministre de la Défense en Érythrée.

* 12 septembre, Addis-Abeba. Déposition d’Haïle Sellassié, dissolution du Parlement. Le pouvoir est exercé par le Conseil militaire administratif provisoire (CMAP).

* 16 septembre. Manifestation d’étudiants contre le nouveau régime, pour le “pouvoir populaire”.

* 20 septembre, Addis-Abeba. Aman Andom, président du CMAP, propose l’instauration d’une République.

* 22 septembre, Addis-Abeba. Arrestation des principaux dirigeants du syndicat CELU.

* 22 novembre, Addis-Abeba. Rupture au sein du derg, arrestation de Aman Andom.

* 23 novembre, Addis-Abeba. Exécution de Aman Andom et de 57 hauts dignitaires du régime impérial.

* 30 novembre, Addis-Abeba. Série d’attentats à la bombe, commis par le FLE (Front de libération de l’Érythrée).

* 21 décembre. Lancement de la zemetcha (“campagne”). Les étudiants vont porter la bonne parole révolutionnaire chez les paysans.

1975 :

* 1er janvier. Nationalisation des banques et assurances.

* 30 janvier-6 février. Première bataille d’Asmara.

* 4 mars. Proclamation de la réforme agraire.

* 19 mars. Dissolution de la CELU.

* 26 juillet. Proclamation sur la propriété urbaine.

* Août. Apparition de la presse du Parti révolutionnaire du peuple éthiopien (PRPE).

* 27 août. Décès de Haïle Sellassié.

* 25 septembre, Addis-Abeba. Sept distributeurs de la résolution de la CELU sont tués à l’aéroport de Bolé.

* 30 septembre. Proclamation de la loi martiale. Nouvelle dissolution de la CELU.

* 6 décembre. Création de l’AETU (All Ethiopian Trade Union), nouveau syndicat unique.

* 1er décembre. Seconde réforme agraire. La proclamation n° 71 régit les organisations paysannes.

* 31 décembre, Djibouti. Le président de la République française reconnaît la « vocation de Djibouti à devenir un État ».

1976 :

* 20 avril, Addis-Abeba. Promulgation du Programme de la révolution démocratique. Institution du Bureau provisoire pour l’organisation des masses (POMOA).

* Mai. Désastre de la “marche rouge” sur l’Érythrée.

* Juillet. Troubles inter-ethniques au Sidamo et entre Afars et Issas.

* 10 juillet, Addis-Abeba. Conflit interne au derg opposant Menguistu Haïlé-Mariam, Sisay Habte et le général Nadew.

* 13 juillet. Exécution de Sisay Habte et du général Nadew.

* 16 juillet. Clôture officielle de la zemetcha.

* Septembre-octobre. Répression et nombreux assassinats politiques.

* 16 septembre. Le PRPE est déclaré “ennemi de la révolution”.

* 20 septembre. Réforme monétaire.

* 23 septembre. Premier attentat contre Menguistu.

* 9 octobre. Création des conseils de quartier (kebelés).

* Octobre. Création secrète du Abyot Sedded (“la flamme révolutionnaire”) à l’instigation de Menguistu Haïlé-Mariam.

* 20 octobre, Addis-Abeba. Assassinat de Fikre Merid, dirigeant du Meison et vice président du POMOA. Début de la “Terreur blanche”.

* 2 novembre, Addis-Abeba. Exécution de 23 personnes accusées d’être membres du PRPE.

* 18 novembre, Addis-Abeba. Exécution de 27 personnes accusées d’être membres du PRPE.

* 14 décembre, Gondar. Violente manifestation antigouvernementale.

* 26 décembre, Khartoum. Violent discours anti-éthiopien du président soudanais, Nemeiry.

1977 :

* Janvier, Tigré. Début de l’offensive de Ethiopian Democratic Union (EDU, monarchiste) à partir du Soudan.
* 13 janvier, Humera. Prise de la cité par les troupes de l’EDU, appuyées par des miliciens du Front de libération de l’Érythrée (FLE) et un demi-bataillon de l’armée éthiopienne qui a fait défection après l’élimination de Sisay Habte.

* 30 janvier, Addis-Abeba. Discours de Teferi Bante sur Abyot. Il n’attaque jamais le PRPE. Seuls l’EDU et le FLE sont traités de “contre-révolutionnaires”.

* 3 février. Réunion violente du derg qui se règle à coups de fusil, puis de mitrailleuse. Teferi Bante est tué.

* 4 février, Addis-Abeba. La révolution passe à l’offensive. Début de la “Terreur rouge”.

* 7-11 février, Addis-Abeba. Congrès de derg. Menguistu, président, Atnafu Abate, vice-président.

* 25 février, Addis-Abeba. Assassinat de Théodros Bekele, membre du Meison et président de l’AETU.

* 26 février, Washington. Le président Carter annonce la fin de l’aide militaire américaine à l’Éthiopie.

* Mars. Premières distributions d’armes aux kebelés.

* 14-15 mars. Visite officielle du président cubain, Fidel Castro.

* 22 mars, Nakfa. Prise de la ville par le Front populaire de libération de l’Érythrée (FPLE).

* Avril. Le Meison perd le contrôle absolu du POMOA au profit du Sedded, créé par Menguistu.

* 2 avril, Addis-Abeba. Girma Kebebe, membre important du Meison et sept membres de son kebelé sont exécutés. Assassinats “officiellement” attribués au PRPE.

* 6 avril, Afabaret. Prise de la ville par le FPLE qui continue son offensive.

* 23 avril, Addis-Abeba. L’Éthiopie demande la fermeture par les Américains de la base de Kagnew.

* 29 avril-1er mai, Addis-Abeba. Massacre d’un millier d’étudiants et de lycéens.

* 3 mai, Moscou. Première visite en URSS de Menguistu Haïlé-Mariam.

* 8 mai. à une écrasante majorité, la population du Territoire français des Afars et des Issas (aujourd’hui Djibouti) opte pour l’indépendance.

* 20 mai, Addis-Abeba. Expulsion des attachés militaires britanniques et américains.
* 1er juin. Vague de sabotages organisée par le Front de libération de la Somalie occidentale (FLSO).

* 10 juin, Humera. Reprise de la ville par les forces de la “Gessit Army”.

* 27 juin. Proclamation de l’indépendance du Territoire français des Afars et des Issas, qui devient la République de Djibouti.

* 8 juillet, Keren. Prise de la ville par le FPLE. Asmara est encerclée.

* 23 juillet, Ogaden. Attaque de l’armée somalienne qui atteindra Jijiga, Diré-Daoua et Harar.

* 16 août, Addis-Abeba. À l’initiative des ministres Meison, distribution d’armes aux kebelés.

* 19 août, Addis-Abeba. Le Meison rompt avec le gouvernement et passe à la clandestinité.

* 20 août. Mobilisation générale.

* 26 août, Addis-Abeba. Arrestation de la direction du Meison. Kebebe Menguesha, Tefere Wolde et Daniel Tadesse sont abattus sur place.

* Septembre. Début de la seconde phase de la “Terreur rouge”.

* 1er septembre, Jijiga. Prise de la ville par les troupes somaliennes.

* 7-12 novembre, Addis-Abeba. Congrès du derg. Exécution d’Atnafu Abate et de 46 officiers.

* 13 novembre, Mogadiscio. Expulsion des experts soviétiques.

* Décembre. Arrivée massive de “conseillers” cubains.

* 9-25 décembre, Massaoua. Siège de la ville par le FPLE.

1978 :

* 23 janvier, Ogaden. Offensive cubano-éthiopienne.

* 5 mars, Jijiga. Reprise de la ville par les forces éthiopiennes.

* 16 mars, Érythrée. Création d’un front démocratique uni par le FPLE et le FLE.

* 6 avril. Les armées somaliennes sont repoussées. L’armée éthiopienne occupe le dernier poste frontière.

* 20-26 avril, Cuba. Visite officielle de Menguistu Haïlé-Mariam.

* 25 avril, Addis-Abeba. Tentative de conciliation de Neguede Gobezé, dirigeant du Meison pour faire libérer les militants emprisonnés.

* 7-11 juin, Berlin. Echec des tentatives de médiation entre le derg et le FPLE.

* 15 juin, Érythrée. Lancement d’une offensive majeure par l’armée éthiopienne.

* 13 juillet, Massaoua. Fin du siège après de violents tirs d’artillerie des navires soviétiques positionnés au large de la ville.

* 27 juillet, Asmara. Fin de l’encerclement.

* 20 novembre, Moscou. Menguistu Haïlé-Mariam signe un “traité d’amitié et de coopération” avec l’URSS.

suite à venir :

Lire sur la révolution éthiopienne

Chronologie de l’Ethiopie

A lire sur l’Ethiopie

La guerre Erythrée-Ethiopie

Ce qu’en dit wikipedia :

À la suite d’une tentative de coup d’État en décembre 1960, à laquelle fut mêlée le prince héritier Asfaw Wossen, il poursuivit une politique plus conservatrice, alignant l’Éthiopie avec l’Occident contre les gouvernements africains plus radicaux, tout en initiant quelques réformes timides. Il remplace le Premier ministre ras Abebe Aregai, abattu lors du putsch, par Aklilu Habte-Wold, qui restera à cette fonction jusqu’en 1974, cumulant à partir de 1964 le portefeuille de l’Intérieur. Progressivement, Sélassié se consacrera à la scène internationale pour laisser son Premier ministre s’occuper des affaires intérieures.

Il envoya des troupes participer à l’Opération des Nations unies au Congo lors de la crise congolaise de 1960.

L’année suivante, le refus de Sélassié d’accorder l’autonomie à l’Erythrée, comme prévu par la résolution 390 de l’ONU de 1950, conduit à la guerre de sécession de l’Erythrée, qui aboutit à la proclamation d’un nouvel Etat, entre l’Ethiopie et le Soudan, en 1993.
Il présida en 1963 l’Organisation de l’unité africaine, dont le siège fut établi à Addis-Abeba. Avec le président malien Modibo Keïta, il parvient à convaincre le Maroc et l’Algérie de conclure les accords de Bamako (1964), mettant fin à la guerre des sables. Suite à des conflits avec la Somalie à propos de l’Ogaden, territoire éthiopien peuplé majoritairement de Somalis, le Négus signa un traité de défense mutuelle en 1964 avec le Premier ministre kényan Jomo Kenyatta.

La chute de l’empereur

L’aggravation de la situation économique et sociale du pays suite au choc pétrolier de 1973, des mécontentements croissants parmi les étudiants et une partie des élites entraînent la démission du Premier ministre en février 1974, remplacé par le ras Endalkachew Makonnen. Loin de rétablir l’ordre, cette première en Ethiopie encouragea les revendications protestataires : grèves ouvrières et manifestations étudiantes réclamaient des réformes sur la propriété des terres, des enquêtes sur la corruption aux plus hauts niveaux du gouvernement ainsi que des réformes politiques. En avril 1973, pressé par les manifestations étudiantes, l’empereur lève la censure sur l’état de famine au Wello, après s’être opposé à la publication d’un rapport critique de la FAO. C’est le début de la révolution éthiopienne, avec la première grève générale de l’histoire éthiopienne en mars 1974.
L’empereur est renversé le 12 septembre 1974, conséquence d’un coup d’État militaire mené par un groupe de 120 militaires, réunis au sein du Derg, parmi lesquels Aman Mikael Andom (premier chef de l’Etat après la chute de Selassie), Tafari Benti (son successeur, éliminé en 1977) et Mengistu Hailé Maryam (qui devient en 1977 l’homme fort de l’Ethiopie).

Les médias relayèrent la nouvelle de sa mort en prison le 27 août 1975, suite à une opération de la prostate, mais une mort par strangulation ou par étouffement est bien plus vraisemblable.
Sa dépouille fut dissimulée dans les soubassements du palais impérial, où elle fut découverte en 1992 après la chute du dictateur Mengistu qui fut défait en 1991. Pendant dix ans, le corps de l’empereur demeura déposé auprès de celui de son grand-oncle Ménélik dans l’église de Bhata. Il reçut finalement des funérailles populaires le 5 novembre 2000 en la cathédrale de la Trinité d’Addis Abeba.

Rastafari

Parmi les adeptes du mouvement rastafari, un mouvement spirituel qui s’est développé dans les années 1930 en Jamaïque sous l’influence du mouvement « Back to Africa » (Retour vers l’Afrique) de Marcus Garvey et des prêches de Leonard Percival Howell, Hailé Sélassié est considéré comme un messie noir qui mènera la diaspora et les peuples africains vers la liberté. Beaucoup de Rastas pensent que Sélassié est encore vivant et que la mise en scène médiatique de sa mort fait partie d’un complot visant à discréditer leur spiritualité. D’autres affirment que Jah, c’est-à-dire Dieu, est toujours vivant, quand bien même la présence terrestre de Sélassié ne serait plus visible.

Un discours prononcé par Hailé Sélassié aux Nations unies en 1963 est devenu une des chansons cultes de Bob Marley : War, sur l’album Rastaman Vibration. L’empereur parlait essentiellement de paix et d’espoir, de douleur également mais toujours de non-violence. Hailé Sélassié, chrétien pratiquant, a relativisé les croyances du Rastafari le proclamant comme messie. Une visite d’État en Jamaïque en 1966, où Sélassié fut salué par une foule très nombreuse dès son arrivée à l’aéroport, marqua profondément le monarque. Après sa visite, l’Empereur confia à un clerc éthiopien, l’Abuna Yesehaq : « Il y a un problème en Jamaïque... Veuillez aider ces personnes. Ils comprennent mal, ils ne comprennent pas notre culture... Ils ont besoin d’une Église établie et vous êtes désigné pour y aller ». L’Église éthiopienne orthodoxe s’installa alors en Jamaïque pour convertir les rastas au christianisme tewahedo.( Mouvement Rastafari )

Messages

  • L’aggravation de la situation économique et sociale du pays suite au choc pétrolier de 1973, des mécontentements croissants parmi les étudiants et une partie des élites entraînent la démission du Premier ministre en février 1974. L’empereur le remplace par le ras Endalkachew Makonnen.

    Loin de rétablir l’ordre, cette première en Éthiopie encouragea les revendications protestataires : grèves ouvrières et manifestations étudiantes réclamaient des réformes sur la propriété des terres, des enquêtes sur la corruption aux plus hauts niveaux du gouvernement ainsi que des réformes politiques. En avril 1973, pressé par les manifestations étudiantes, l’empereur lève la censure sur l’état de famine au Wello, après s’être opposé à la publication d’un rapport critique de la FAO. C’est le début de la révolution éthiopienne, avec la première grève générale de l’histoire éthiopienne en mars 1974.

    Cette situation, aggravée par l’impuissance du gouvernement devant la famine qui sévit depuis 1971 comme dans toute la frange sahélienne de l’Afrique, entraîne une crise sans précédent : mutinerie de militaires à Asmara, manifestations à Addis-Abeba et agitation dans l’ensemble du pays. En février 1974 éclate une révolte générale de l’armée de terre : la marine occupe Massaoua, l’aviation Debra Zeyt. Aux officiers supérieurs, aristocrates et conservateurs, s’opposent de jeunes officiers réformistes, issus des classes modestes. À la grève des étudiants et universitaires s’ajoutent celle des travailleurs, la révolte des paysans contre les propriétaires terriens, les revendications du bas clergé contre la hiérarchie orthodoxe et des musulmans, qui réclament l’égalité des droits avec les coptes. Le contrôle de l’armée, où la tendance progressiste l’emporte, s’étend peu à peu sur le pays. Le 12 septembre, l’empereur, qui a été privé peu à peu de ses derniers pouvoirs, est déposé, le Parlement est dissous et la Constitution de 1955 abrogée par le conseil militaire provisoire.

    L’empereur est renversé le 12 septembre 1974, par un coup d’État mené par un groupe de 120 militaires, réunis au sein du Derg, parmi lesquels Aman Mikael Andom (premier chef de l’État après la chute d’Haile Selassie), Tafari Benti (son successeur, assassiné en 1977) et Mengistu Haile Maryam (qui devient en 1977 l’homme fort de l’Éthiopie).

    Les médias relayèrent la nouvelle de sa mort en prison le 27 août 1975, suite à une opération de la prostate, mais une mort par strangulation ou par étouffement est bien plus vraisemblable.

  • Bonjour. Lisez gratuitement mon témoignage illustré, ainsi que les riches contributions d’autres anciens, sur l’Ethiopie des années 1970 : Mon Grand Voyage : http://huberttabutiaux.wordpress.com/2011/04/16/introduction/

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