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La civilisation des Indiens du Mississippi, disparue à l’issue d’une guerre civile, avant le début de la colonisation européenne
lundi 18 mars 2019, par
La civilisation des Indiens du Mississippi, disparue à l’issue d’une guerre civile, avant le début de la colonisation européenne
Un des mensonges classiques affirme que l’Amérique du nord précoloniale n’avait pas connue de civilisation fondée sur l’urbanisation…
Howard Zinn, dans « Une histoire populaire des Etats-Unis » :
« Mille ans avant Jésus-Christ, par exemple en même temps que les Egyptiens et les Mésopotamiens, les Indiens zunis et hopis, sur le territoire de ce qui est aujourd’hui le Nouveau-Mexique, avaient commencé à construire des villages en terrasse, comptant des centaines d’habitations, nichées sur les falaises ou dans des montagnes afin de mieux se protéger des ennemis. Avant l’arrivée des explorateurs européens, ils utilisaient des réseaux d’irrigation et des retenues d’eau, connaissaient la céramique, la vannerie, et se tissaient des vêtements en coton.
A l’époque du Christ ou de Jules César s’était développée, dans la vallée de l’Ohio, la culture des « Moundbuilders », ces Indiens qui firent des centaines de sculptures gigantesques en terre représentant des hommes, des oiseaux ou des serpents, qui servaient parfois de sépultures et d’autres fois de fortifications.
L’une d’entre elles était longue d’environ six kilomètres, formant un enclos de 40 hectares. Ces Moundbuilders semblent avoir participé à un réseau complexe de commerce d’armes et de bijoux qui s’étendait de la région des Grands Lacs au golfe du Mexique et à l’Ouest américain.
Aux environs de l’an 500 de notre ère, tandis que cette culture des Moundbuilders commençait à décliner, une autre civilisation se développait plus à l’ouest, dans la vallée du Mississippi, centrée sur l’actuelle région de Saint Louis. Cette civilisation avait développé une agriculture sophistiquée et réunissait des milliers de villages, édifiant également, près d’une grande métropole indienne qui semble avoir abrité quelque trente mille personnes, de grands tumulus de terre qui faisaient office de sépultures ou de lieux cérémoniels. Le plus grand de ces édifices avait 300 mètres de haut et une base plus grande que celle de la Grande Pyramide d’Egypte.
Dans cette cité, appelée Cahokia, on trouvait fabricants d’outils, tanneurs, potiers, bijoutiers, tisserands, saliniers, graveurs sur cuivre ainsi que de talentueux céramistes. On y a également découvert un suaire funéraire composé de douze mille perles de coquillages. »
La plupart des gens pensaient en effet que les Indiens d’Amérique du nord n’ont pas été des bâtisseurs de grandes civilisations avec des villes. Mais il y a une exception : Cahokia, grande ville régnant sur un réseau d’agglomérations plus modestes, à la tête de la civilisation mississippienne.
C’est une révolution sociale qui l’a vraisemblablement renversée au XVe siècle.
« Cahokia, la plus importante ville précolombienne hors Amérique latine, a compté au moins vingt mille habitants. Les vallées fertiles, aux alentours des villes, abritent d’importantes populations rurales dans des villages permanents (environ 200 habitants au km2).
Une révolution agricole, avec l’introduction de plants de maïs plus productifs pouvant mûrir en 120 jours hors-gel au lieu de 200, permet de pareilles densités, et parfois deux récoltes dans les régions abritées. Les paysans cultivent les sols fertiles des vallées fluviales avec des houes. Outre la culture du maïs, on cultive le noisetier, le tournesol, les haricots et les courges.
Les voyageurs européens qui atteindront les villes du Mississippi au XVIe et XVIIe siècles décriront une société matriarcale régie par un chef qui contrôle quatre classes sociales bien définies. Les élites se font enterrer, couchés sur des litières de bois, sous des édifices funéraires placés au sommet des tertres dans le centre des villes. Les corps paraissent avoir été décharnés, puis les ossements collectés et réinhumés. On place dans les mausolées des biens exotiques : vases de coquillage, perles de nacre et de coquillages, feuilles de cuivre travaillées au repoussé. Parfois on tue des serviteurs pour qu’ils accompagnent leur maître dans l’au-delà. »
« Habituellement, nous, archéologues, pensons que dans l’ancienne Amérique du Nord, il n’y avait que des sociétés relativement simples, mais Cahokia possédait une véritable complexité politique. Avec une population de 20.000 habitants en 1250, Cahokia était plus grande que Londres à la même époque.
C’est un lieu assez peu connu par nous autres européens, et pourtant Cahokia fut l’une des plus grandes cités amérindiennes d’Amérique du Nord, et le tumulus des Moines, haut de 100 mètres, occupe plus de 14 hectares, il est plus grand que la Grande Pyramide de Gizeh, en Egypte, et à son apogée, Cahokia était l’épicentre de l’ancienne civilisation du Mississippi dans l’Illinois. Avec une population de 20 000 à 30 000 habitants en 1250, Cahokia était plus grande que Londres à la même époque.
Le site des Cahokia Mounds, à environ 13 km au nord de Saint Louis, Missouri, représente le plus grand foyer de peuplement précolombien au nord du Mexique, et aussi le plus ancien. Il a été occupé essentiellement pendant le mississippien (800-1400), période où il couvrait 1 600 ha et comptait quelque 120 tumulus.
C’est un remarquable exemple de société complexe fondée sur la chefferie et comprenant beaucoup de tumulus satellites et de nombreux hameaux et villages excentrés. Parmi les lieux essentiels du site, il faut noter Monks Mound, le plus grand ouvrage préhistorique en terre des Amériques, qui couvre plus de 5 ha et fait 30 m de haut.
Le site historique des Cahokia Mounds comprend 51 plateformes et mottes coniques, des aires résidentielles, publiques et consacrées à des activités spécialisées, toutes définissant ensemble les limites et la symétrie interne de l’établissement. Dominant la communauté, Monks Mound est la structure préhistorique en terre la plus vaste du Nouveau Monde.
Construite en 14 strates, elle couvre une superficie de 6 hectares et s’élève en quatre terrasses à une hauteur de 30 mètres. Les monticules avaient divers usages, fondations pour des édifices publics et tumuli funéraires. Il y avait également un observatoire astrologique (“Woodhenge”), constitué d’un cercle défini par des poteaux de bois. D’importantes fouilles archéologiques ont révélé des méthodes de construction et des activités sociales dont les structures sont des témoignages complémentaires. »
Wikipedia rapporte :
« Cette civilisation s’est développée entre les IXe et XVIIe siècles, à l’est du fleuve Mississippi, sur le territoire actuel des États-Unis. Elle peut être rattachée à la culture des Mound Builders, car elle a produit de grands tertres funéraires (tumulus). Cette civilisation a commencé à s’épanouir dans la vallée du Mississippi, d’où son nom. Il semble qu’elle ait complètement disparu avant l’arrivée des colons européens en Amérique du Nord.
Les voyageurs européens qui atteindront les villes du Mississippi au XVIe et XVIIe siècles décriront une société matriarcale régie par un chef qui contrôle quatre classes sociales bien définies. Les élites se font enterrer, couchés sur des litières de bois, sous des édifices funéraires placés au sommet des tertres dans le centre des villes. Les corps paraissent avoir été décharnés, puis les ossements collectés et réinhumés. On place dans les mausolées des biens exotiques : vases de coquillage, perles de nacre et de coquillages, feuilles de cuivre travaillées au repoussé. Parfois on tue des serviteurs pour qu’ils accompagnent leur maître dans l’au-delà.
Les peuples du Mississippi faisaient pousser leurs récoltes dans de petits jardins qu’ils cultivaient à l’aide d’instruments agraires simples. Ils se nourrissaient de maïs, haricots, courges, graines de tournesol. Ils complétaient leurs repas par des noix, des baies et des fruits ainsi que par du gibier (cerf, dindon, petits animaux). Ils pêchaient des poissons, des coquillages et des tortues dans les nombreux cours d’eau et les lacs de la région.
La civilisation mississippienne a laissé de beaux témoignages de son artisanat : les poteries et les céramiques utilisaient des coquillages. Les Amérindiens ne connaissaient pas les techniques de la métallurgie. Ils savaient néanmoins travailler des métaux tels que le cuivre et l’or.
La chronologie est difficile à établir faute de documents écrits. Elle varie selon les sites et les régions.
• Early Mississippian cultures : sédentarisation, agriculture, centralisation.
• The Middle Mississippian period : apogée, Cahokia, cultes (1200 / 1400).
• The Late Mississippian period : après 1400, migrations, guerres.
• La culture des Adenas semble la plus ancienne (1000 / 300 avant J.-C.). Elle s’est développée dans les états actuels de l’Ohio, de l’Illinois, de Virginie occidentale et du Kentucky
• La culture des Hopewells ou Hopewelliens remplaça celle des Adenas du IIIe siècle au VIe siècle.
• La culture des Effigy Mounds se développa dans l’Iowa, l’Illinois, le Wisconsin, le Michigan et le Minnesota. Elle aménageait des tertres en forme d’animaux : ainsi, près de Newark, dans l’Ohio, on a repéré un complexe monumental s’étendant sur 11 km² et comprenant une figure d’oiseau de 360 mètres de diamètre pour le grand tertre ; les terres utilisées étaient de différentes couleurs pour leur signification symbolique. Chef d’œuvre technique de l’âge de pierre, un octogone servait peut-être d’observatoire érigé selon le lever de la lune. Près de la Great Hopewell Road, on a retrouvé l’effigie géante d’un alligator (ou panthère des eaux), symbole d’un esprit du monde souterrain. Un autre tertre, appelé tertre du serpent, mesure 380 mètres.
• Enfin, la civilisation du Mississippi avec la grande ville de Cahokia dans l’Illinois.
Les Mound Builders (« bâtisseurs de tumulus ») sont un ensemble de peuples amérindiens disparus avant l’arrivée des Européens, dans toute la moitié orientale des États-Unis actuels. Cette civilisation précolombienne se distingue par ses constructions de tertres, pyramides et effigies animales gigantesques en terre. Elle s’est épanouie de l’an 1000 av. J.-C. au XIVe siècle de la côte Atlantique au Mississippi. Plusieurs milliers de ces édifices ont été recensés, dont les premiers tertres ont été aménagés vers 3400 av. J.-C.. Pour la plupart, ils ont été détruits par l’érosion et le machinisme agricole, toutefois 120 ont été identifiés à ce jour. Ces monticules de terre étaient de formes coniques ou pyramidales et de tailles variées. Les archéologues n’ont pas de certitude sur leur fonction, faute de sources écrites. La plupart s’accordent à dire qu’il s’agissait de tombes et de sanctuaires. D’autres hypothèses parlent d’observatoires astronomiques. Certains de ces tertres sont groupés, entourés d’une levée de terre alors que d’autres sont isolés. Au XIVe siècle, les autochtones cessent leurs activités de construction. Leur culture disparaît mystérieusement peut-être à cause d’un changement climatique, d’épidémies ou de conflits locaux.
Les plus anciens Mound Builders sont les Adenas qui vivaient dans l’Ohio actuel. Les premiers paysans adenas sont arrivés vers 1000 av. J.-C. ; ils habitaient dans des villages et ont aménagé des tertres immenses comme le « tertre du mammouth » (25 mètres de haut). En 1901, 132 pipes ont été retrouvées dans un seul tumulus, indiquant que la coutume de fumer était importante. D’autres tumulus couronnés d’une plate-forme servaient sans doute à invoquer les esprits protecteurs (cerf, loup, ours), comme le laissent supposer les effigies en stéatite de ces animaux qui y ont été découvertes. Des fossés pouvaient protéger l’enceinte sacrée des mauvais esprits. Vers 300 av. J.-C., les Adenas ont mystérieusement disparu.
Les Indiens Hopewells ont remplacé les Adenas dans cette région. Ils construisaient aussi des tertres coniques et des tumulus circulaires entourés d’un mur. Plus tard, ils ont aménagé des complexes immenses de ces édifices, qui étaient liés entre eux grâce à un réseau de murs. Dans plusieurs sites ont été mis au jour des talismans, des coquillages et dents de requins qui témoignent d’un réseau d’échanges nord-américain il y a presque 2 000 ans. La découverte de couteaux en obsidienne, une pierre coupante d’origine volcanique qui venait certainement de la région du Yellowstone à plusieurs centaines de kilomètres, indique l’existence d’échanges à grande distance. Les voyages se faisaient sur des canoës légers qui allaient chercher au Canada du cuivre. Les artisans les martelaient à froid pour fabriquer des objets cérémoniels.
Près de Newark, dans l’Ohio, se trouve un complexe monumental s’étendant sur 11 km2 et comprenant une figure d’oiseau de 360 mètres de diamètre pour le grand tertre ; les terres utilisées étaient de différentes couleurs pour leur signification symbolique. Chef-d’œuvre technique de l’âge de pierre, un octogone servait peut-être d’observatoire érigé selon le lever de la lune. Les Indiens avaient peut-être compris le cycle de 18,6 années de l’astre nocturne. L’autre hypothèse assimile cet octogone à un canal d’énergie céleste vers le lieu de culte. La Great Hopewell Road mesurait 100 km sur 60 mètres de large, toujours rectiligne, et entourée de deux murs. Cette sorte de voie sacrée débouchait sur une enceinte sacrée, réplique de celle de Newark.
S’ensuit une période de sédentarisation avec de petits villages fortifiés de remparts. Les tertres prennent alors des formes animales. Près de la Great Hopewell Road, a été réalisée l’effigie géante d’un alligator (ou panthère des eaux), symbole d’un esprit du monde inférieur. Un autre tertre, appelé « tertre du serpent », mesure 380 mètres. Le serpent était une divinité qui symbolisait la renaissance (par la mue). Au bout de la queue du serpent se trouvait l’entrée du royaume des morts. Le tertre du serpent était peut-être un calendrier solaire. Au solstice d’été était organisée une procession jusqu’aux yeux du serpent, lieu hypnotique ou de contact avec les puissances surnaturelles. Résultant de calculs astronomiques savants, le soleil se couche sur la tête du serpent.
Également, sur le fleuve Mississippi, non loin du site actuel de Saint Louis, les Amérindiens ont érigé des tertres. La région était en effet riche en nourriture (gibier, poisson et céréales). Cahokia fut la première véritable ville d’Amérique du Nord et rassemblait au moins 20 000 habitants. Les rues formaient un quadrillage régulier.
Un tertre pyramidal à gradins s’y trouvait, appelé « tertre des moines ». Sa base mesurait 250 sur 300 mètres ; elle était donc plus large que celle de Khéops en Égypte. Les archéologues ont trouvé une tablette en grès avec un homme gravé portant un masque en forme de bec. Au verso figure un quadrillage représentant peut-être la peau d’un serpent, créature du monde inférieur. Au XIIIe siècle, des puissances étrangères semblent avoir menacé la ville de Cahokia. Un mur en bois de 3 km de long entoure alors le sanctuaire. Il a été restauré quatre fois en un siècle.
Toujours sur le même site, la tombe d’un chef a été mise à jour, le corps de ce dernier trouvé allongé sur une couverture funéraire en coquillages. Il était enterré avec des corps sacrifiés (quatre hommes aux mains et têtes coupées), entouré par 400 pointes de flèches ouvragées spécialement fabriquées pour le chef, un sceptre en cuivre et plusieurs kilos de micaschiste, signe de son haut rang. Plusieurs tombes collectives avec des femmes du même âge se trouvent à proximité, peut-être victimes d’un sacrifice en l’honneur du chef.
Il y a moins de 4 000 ans, un peuple (les « indiens du fleuve ») arrive en Louisiane ; ils érigent une ville vers 1750 av. J.-C. à Poverty Point avec un des plus gros tumulus connus, constitués de six murs d’enceinte en terre mesurant jusqu’à 2 mètres de haut, des huttes, une place, le tout dominé par un tertre en forme d’aigle. Sur une autre rive, le « tertre émeraude », géométrique, expose deux temples face à face sur la plate-forme supérieure : les chercheurs le rattachent à la culture de Plaquemine.
Une autre ville a été repérée dans le Wisconsin dans le parc d’Aztalam près des Grands Lacs. Une pyramide en terre comprend des escaliers qui montaient à 25 mètres de haut, avec une figure d’homme longue de 70 mètres visible de ce point de vue pour ce qui constituait peut-être un mémorial pour homme-médecine.
À l’est du Wisconsin, le parc d’une clinique abrite des tumulus contenant des restes d’une famille enterrée autour d’un assemblage de pierres avec œuf à l’intérieur. L’édifice était relié à trois tertres en forme d’aigles, figurant peut-être la famille enterrée.
Les premiers explorateurs français arpentant la région du Wisconsin à l’époque de la Nouvelle-France, découvrirent ces tumulus et nommèrent la région Butte des Morts.
Localisations :
•
o Cahokia Mounds, Illinois
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o Emerald Mound, Mississippi
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o Grand Village Mounds, Mississippi
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o Holly Bluff Mounds, Mississippi
•
o Parkin Mounds, Arkansas
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o Wickliffe Mounds, Kentucky
•
o Winterville Mounds, Mississippi
• Autres localisations :
o Aztalan State Park, Wisconsin
o
o
o Angel Mounds, Indiana
•
o Etowah Indian Mounds, Géorgie
•
o Joara, Caroline du Nord
•
o Moundville, Alabama
•
o Ocmulgee National Monument, Géorgie
o Spiro Mounds, Oklahoma
Cahokia fut l’une des plus grandes cités amérindiennes d’Amérique du Nord dans le Sud-Ouest de l’État de l’Illinois, proche de l’actuelle ville de Saint-Louis dans l’État voisin du Missouri. Elle comptait au XIIe siècle quelques 15 000 à 30 000 habitants. Le site des Cahokia Mounds, notamment le tumulus des Moines, à environ 13 km au nord de Saint-Louis dans le Missouri, représente le plus grand foyer de peuplement précolombien au nord du Mexique. Il a été occupé essentiellement pendant la culture mississippienne (800-1400), période où il couvrait 1 600 hectares et comptait 120 tumulus et temples. Le site est classé au patrimoine mondial de l’humanité depuis 1982, et constitue le plus grand site archéologique au nord du Mexique.
Les rues formaient un quadrillage régulier.
Un tertre pyramidal à gradins s’y trouvait, appelé tertre des moines. Sa base mesurait 250 sur 300 mètres ; elle était donc plus large que celle de Kheops en Égypte. Les archéologues ont trouvé une tablette en grès sur laquelle est gravé un homme portant un masque en forme de bec. Au verso figure un quadrillage représentant peut-être la peau d’un serpent, créature du monde inférieur. Au XIIIe siècle, des puissances étrangères semblent avoir menacé la ville de Cahokia. Un mur en bois de 3 km de long a été érigé pour protéger le sanctuaire. Des indices montrent qu’il a été restauré quatre fois en un siècle. Toujours sur le même site, on a trouvé la tombe d’un chef, allongé sur une couverture funéraire en coquillages. Il était enterré avec des corps sacrifiés (4 hommes aux mains et têtes coupées). On avait aussi placé 400 pointes de flèches ouvragées spécialement fabriquées pour le chef, un sceptre en cuivre et plusieurs kilos de micaschiste. Plusieurs tombes collectives avec des femmes du même âge se trouvent à proximité, peut-être victimes d’un sacrifice en son honneur.
Cahokia fut abandonnée avant l’arrivée des Européens en Amérique. La chute de la cité est difficile à expliquer. Pour certains, les inondations catastrophiques du XIIIe siècle, provoquées par la destruction des forêts environnantes, auraient entraîné la déchéance des dirigeants et le déclin de la ville. Les élites auraient fait ériger une immense palissade de trois kilomètres autour du centre monumental. La séparation physique entre l’aristocratie et le peuple se doubla d’une ségrégation sociale : les chefs se faisaient inhumer avec des objets précieux, poteries délicates et bijoux sertis de pierres semi-précieuses ; les prêtres perdirent leur légitimité à protéger la ville des forces surnaturelles. Tout cela entraîna probablement une guerre civile, dont les archéologues ont retrouvé les signes (incendies de maisons). Un séisme aurait également provoqué d’importantes destructions au XIIIe siècle, et la cité ne se serait jamais vraiment relevée du cataclysme : au milieu du XIVe siècle, Cahokia avait été quasiment désertée.
Les historiens en viennent donc à reconnaître que la ville de Cahokia et la civilisation dont elle était le couronnement auraient chuté lors d’une guerre civile, d’une révolution sociale…
Cahokia est la SEULE ville digne de ce nom du continent nord américain. La seule. Là, le fait urbain est né, de nulle part, sans influence extérieure que l’on aurait pu repérer, mais n’a pas fait d’émule. Et le moment où Cahokia naît coïncide avec l’arrivée en Amérique du Nord d’une autre révolution : le Maïs.
Le Maïs créa Cahokia : c’est parce que l’on a commencé à planter du maïs que l’organisation sociale a changé. Il semble, selon les chercheurs que l’on ait mis en commun la production, dans des greniers collectifs. La prochaine étape était donc la mise en commun des habitats, le rassemblement sous l’égide de dirigeants précis.
Selon les chercheurs, cette série d’inondations et de coulée de boue allait entamer la confiance des habitants envers les dirigeants. L’érection d’une palissade à l’intérieur même de la ville (et non pas à l’extérieur pour se protéger d’agresseurs éventuels) suggère un isolement plus grand des élites.
De même, l’érection d’une plate-forme permettant de voir les cérémonies au sommet du plus grand tumulus suggère qu’il y a eu une réforme religieuse, d’une religion occulte à une plus transparente.
Une guerre civile semble avoir éclaté (en raisons de traces d’incendies sur les vestiges archéologiques, l’absence de palissade ou remparts indiquant l’absence d’agresseurs extérieurs). En 1350, la ville était quasi déserte. Cahokia disparut et fut oubliée.
C’est là aussi qu’un mythe meurt…
Le 20 avril 1769, le chef des outaouais, Pontiac, indien allié des Français, est assassiné à Cahokia. Il avait mobilisé toutes les tribus de la région des Grands Lacs contre les Britanniques après la victoire de ces derniers sur les Français scellée par le traité de Paris de 1763. Cette révolte força le roi George III à faire la proclamation royale de 1763, qui affirmait les droits illimités des Indiens sur les terres qu’ils occupaient et interdisait toute nouvelle colonisation au-delà des Appalaches, entraînant le mécontentement des marchands et des spéculateurs américains. Pontiac fut assassiné en 1769 par un Amérindien illinois à la solde de marchands américains. L’assassinat de Pontiac marque le début d’un mythe. Malgré l’échec de sa rébellion, il a inspiré beaucoup d’Amérindiens dans leur résistance à la domination européenne.
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Messages
1. La civilisation des Indiens du Mississippi, disparue à l’issue d’une guerre civile, avant le début de la colonisation européenne, 29 août 2023, 06:23, par Camille
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Les Spiros, peuple améridien d’Amérique du nord fondateur de la civilisation du Mississipi, sont peu connu mais aussi puissants que les Aztèques et les Incas…
https://www.nationalgeographic.fr/histoire/les-spiros-le-mysterieux-peuple-aussi-puissant-que-les-incas
https://www.nationalgeographic.fr/histoire/2022/12/quest-il-arrive-a-ces-cinq-cites-perdues-ayant-autrefois-regne-sur-lamerique-du-nord
https://fr.wikipedia.org/wiki/Spiro_Mounds
https://fr.wikipedia.org/wiki/Mound_Builders
https://fr.wikipedia.org/wiki/Civilisation_du_Mississippi