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L’Islande en crise

vendredi 19 décembre 2008, par Robert Paris

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Les événements de janvier 2009 sont à la fin du texte :

Des policiers se protègent des projectiles adossés au Parlement islandais à Reykjavik le 21 janvier, lors des émeutes anti-crise. Les protestataires décrient la politique de la coalition emmenée par Geir Haarde qui n’a pas su faire face à la faillite du pays.

25 - 10 - 2008

Environ 2000 personnes ont manifesté samedi à Reykjavik pour réclamer la démission du gouvernement et conspuer les classes dirigeantes d’Islande, l’un des pays les plus touchés par la crise financière. Le système financier islandais s’est littéralement effondré, obligeant les pouvoirs publics, dasn l’attente d’un prêt du FMI, à nationaliser les trois principales banques du pays.

La crise financière de 2008 en Islande affecte le système économique et bancaire en octobre 2008, dans le contexte de la crise économique mondiale de 2008. Pour prévenir l’effondrement du système bancaire islandais, les trois principales banques du pays ont été nationalisées.

Fin septembre, la banque Glitnir voit 75 % de ses actions rachetées par l’Etat islandais. La semaine suivante, le contrôle de Landsbanki fut transmis à l’Autorité financière islandaise (FME). Peu après, la même organisation prit le contrôle de la principale banque islandaise, Kaupthing.

L’Islande « étant près de devenir le premier cas de banqueroute nationale de l’effondrement financier »[trad 1],[1].

Cependant, le Premier ministre Geir Haarde déclara que les actions prises garantissaient que l’État ne serait pas en faillite[2]. Au 31 juillet 2008, la dette nationale extérieure de l’Islande se montait à 9 553 milliards de couronnes islandaises, plus de 80 % étant détenus par les banques, alors que le produit national brut du pays s’élevait à 1 279 milliards en 2007.

Les effets de cette défaillance se font sentir dans d’autres pays européens. Au Royaume-Uni, les clients d’Icesave (une filiale de la Landsbanki) constatèrent le 7 octobre qu’ils ne pouvaient plus retirer de fonds. De nombreuses organisations, municipalités et autorités britanniques détiennent des fonds dans les banques islandaises. De la même façon, beaucoup de banques européennes ont des centaines de millions d’euros d’exposition dans les banques islandaises.

Les fonds des clients belges et luxembourgeois investis auprès de la filiale luxembourgeoise de la banque Kaupthing sont également inaccessibles en octobre 2008.

La couronne islandaise a perdu près de 50 % face à l’euro entre janvier et octobre 2008. La hausse des prix se monte à 14 %[3]. Le montant des taux d’intérêt islandais a été porté à 15,5 % pour s’accorder avec la haute inflation et la faiblesse de la couronne, désormais uniquement battue par les performances catastrophiques du dollar zimbabwéen[4]. Cette dépréciation de la monnaie a mis une forte pression sur les banques privées islandaises, fortement dépendantes de la dette extérieure.

Dans la nuit du mercredi 8 octobre 2008, la Banque centrale d’Islande abandonna ses tentatives de maintenir un taux de change fixe de 131 couronnes pour un euro, qu’elle avait tenté d’instaurer le lundi 6 octobre[5].

Le jeudi 9 octobre, la couronne islandaise était échangée à un cours de 340 contre 1 euro quand la monnaie échappa au contrôle suite à la prise de contrôle par le Gouvernement de la dernière grande banque privée islandaise ; et dès lors, la perte du marché de la couronne par les établissements de « compensation »

La crise intervint progressivement au fur et à mesure des difficultés rencontrées par les banques pour refinancer leurs dettes. Il est estimé que les quatre principales banques du pays ont une dette extérieure de plus 100 milliards de dollars US, c’est-à-dire environ 300 000 USD par habitant, étant donné le produit intérieur brut islandais de 14 milliards USD. La króna, ou couronne islandaise, fut dès le début 2007 jugée par The Economist comme la monnaie la plus surévaluée du monde[12], ayant également souffert des effets de Carry trade sur le marché des changes, exacerbant d’autant le problème.

À partir d’un marché domestique restreint (l’Islande ne compte qu’un peu plus de 300 000 habitants), les banques islandaises ont financé leur expansion à l’aide d’emprunts sur le marché interbancaire et, plus récemment, par des dépôts hors Islande, via des rendements attractifs, ce qui est une forme de dette extérieure. Les Islandais eux-mêmes ont contracté une forte dette privée, équivalent à 213 % du revenu disponible, ce qui a engendré l’inflation.

En réponse à la hausse des prix – 14 % sur les douze mois précédant septembre 2008, à comparer avec l’objectif de 2,5 % –, la Banque centrale d’Islande a gardé des taux d’intérêt élevés (15,5 %)[15]. De tels taux d’intérêt, à comparer avec les 5,5 % au Royaume-Uni ou les 4 % de l’Eurozone entre autres, ont encouragé les investisseurs étrangers à déposer des avoirs en couronne islandaise, conduisant à une forte inflation monétaire : la masse monétaire (M3) islandaise s’accrut de 37,8 % dans les douze mois précédant août 2008, à comparer avec un accroissement du produit intérieur brut de 5 % sur la même période. Et dès lors s’est installée une situation de bulle financière, avec des investisseurs surestimant la valeur réelle de la couronne islandaise.

Comme de nombreuses autres banques à travers le monde, les banques islandaises eurent de plus en plus de difficultés à se refinancer sur le marché inter-bancaire, ainsi qu’à renouveler leurs emprunts, les créditeurs exigeant paiement alors qu’il n’apparaissait plus possible d’obtenir de nouveaux emprunts. En une telle situation, une banque devrait normalement pouvoir demander de l’aide à sa banque centrale, en tant que prêteur de dernier recours. Cependant, les banques privées islandaises étant tellement plus importantes que l’économie domestique islandaise elle-même, et la Banque centrale islandaise n’était pas en mesure de garantir le paiement des dettes contractées par les banques, le résultat en fut l’acculement des banques au dépôt de bilan, et finalement, à la nationalisation. Les réserves officielles de la Banque centrale à la fin septembre 2008 se montaient à 374,8 milliards de couronnes islandaises, à comparer avec les dettes cumulées des banques privées de 350,3 milliards de couronnes sur le marché des dettes à court terme.

L’actuel climat économique en Islande a affecté de nombreuses activités économiques ainsi que les citoyens. Avec la création de la Nýi Landsbanki, la nouvelle entité constituée sur les ruines de la Landsbanki, environ 500 employés perdent leur travail, l’entreprise passant de 1 500 à 1 000 personnes, suite à la restructuration visant à la réduction des activités internationales de la banque. La perte d’emplois doit être comparée avec le nombre de personnes sans emploi, et le nombre de vacances d’emploi déclaré, se montant respectivement à 2 136 et 495 fin août 2008.

D’autres entreprises sont touchées. Par exemple, Icelandair a constaté une baisse significative des demandes de vols intérieurs. Le trafic international serait cependant en augmentation. Guðjón Arngrímsson, un porte-parole de la compagnie, a déclaré : "Nous bénéficions d’un trafic raisonnable des autres marchés... nous tentons de profiter de la faiblesse de la króna." Il a également déclaré qu’il était impossible de prédire si la compagnie serait bénéficiaire cette année.

Morgunblaðið, un journal islandais, supprime des emplois et s’associe au groupe média 365. Le journal 24 stundir a cessé sa publication suite à la crise, se traduisant par une perte de vingt emplois.

Selon divers économistes[Qui ?], le produit intérieur brut de l’Islande devrait chuter de 10 % suite à la crise, mettant le pays en situation de dépression économique.

Des manifestations ont lieu régulièrement devant le Parlement, pour exiger la démission du gouvernement et du directeur de la banque centrale, ainsi que des élections anticipées.[réf. nécessaire]

Pour tenter de rétablir la situation, l’Islande pourrait adhérer à la zone euro, sans pour autant adhérer à l’union européenne, même contre l’avis de la BCE.

Un pays en faillite potentielle mendiant à l’étranger un financement à court terme, deux des trois grandes banques nationalisées en catastrophe, une inflation de 15 % et une monnaie, la couronne islandaise, qui, en un an, a perdu 60 % de sa valeur : telle est la situation actuelle de l’Islande. Comment a-t-on pu en arriver là ? C’est la question que se pose l’Islandais moyen en ayant le sentiment de n’avoir participé en rien à cette piteuse équipée. Cette crise qui terrasse l’Islande n’est pas franchement visible. Les grandes artères de Reykjavik sont embouteillées des mêmes somptueux 4×4 matin et soir. La forêt de grues est toujours là, surplombant des chantiers en panne.

"Le Monde" du 9 octobre 2008

Les rêves islandais partent en fumée

Au bord de la faillite. Le Premier ministre islandais n’y est pas allé par quatre chemins pour décrire la situation financière du pays. Après une embellie économique sans précédent dans son histoire, l’Islande paie le prix de son engagement dans une économie totalement dérégulée.

Le Premier ministre islandais Geir Haarde
AFP

Il peut se passer tant de choses en l’espace d’un an ! En novembre 2007, l’Islande était encore considérée comme l’une des plus belles réussites économiques occidentales, ce que soulignait sa place en tête du classement des endroits où il faisait bon vivre sur la planète. L’île avait déboulonné la Norvège du haut du tableau, et dominait ainsi cette liste de 177 pays établie par les Nations unies et qui compare le revenu par habitant, l’éducation, la santé et l’espérance de vie. Le pays (320 000 habitants) avait accompli un miracle économique et tous le louaient. Il n’était pas étonnant que les Islandais soient également considérés comme les gens les plus heureux du monde.

L’Islande avait par ailleurs connu l’expansion d’un système bancaire la plus rapide au monde. Rares étaient ceux qui se doutaient qu’à l’issue de cette expansion si fascinante le pays se retrouverait pris au piège de dettes dépassant les 100 milliards de dollars, des dettes qui font pâlir un PIB aujourd’hui évalué à 14 milliards de dollars. Hier, la cotation des actions de six grandes institutions financières a été suspendue, tandis que le gouvernement s’efforçait d’éviter un effondrement. Les taux d’intérêt ont été catapultés à 15,5 % dans l’espoir d’endiguer l’inflation. La couronne islandaise est en chute libre sur le marché international des devises, et seule la devise zimbabwéenne, en plein naufrage, est dans une situation pire. Glitnir, une des six banques du pays, a été nationalisée. Une autre réclame de l’argent à ses clients. Les devises étrangères s’épuisent, les banques internationales refusant de prêter de l’argent.

Les Islandais ne sourient plus lorsqu’ils rentrent chez eux à pas pressés en se demandant tout haut s’ils auront encore un emploi à la fin de la semaine. Les concessionnaires automobiles ne voient plus personne, les agents immobiliers ferment tôt : il y a bien peu de repreneurs pour les milliers de maisons invendues de leurs catalogues. Une vague de froid inattendue oblige les Islandais à se calfeutrer chez eux, ce qui explique pourquoi les boutiques, dont beaucoup cassent les prix, sont si calmes. La vitesse à laquelle l’Islande a atteint les sommets pour ensuite mordre la poussière a surpris non seulement la population, mais aussi Geir Haarde, le Premier ministre, qui a passé les quatre derniers jours enfermé avec ses conseillers à Reykjavik. Il en est finalement sorti, le 6 octobre, pour annoncer que le régulateur financier se voyait doté de nouveaux pouvoirs. "Nous sommes confrontés à la possibilité bien réelle de voir notre économie nationale engloutie par la tempête bancaire mondiale et le risque d’une faillite nationale. Cette décision est nécessaire si l’on veut y échapper."

Ce bouleversement a pour origine la privatisation des banques et la fondation de la Bourse locale, au milieu des années 1990. Les réformes néolibérales ont accouché d’une jeune génération d’hommes d’affaires entreprenants, dont beaucoup ont appris le métier aux Etats-Unis. Ils étaient décidés à tout faire pour que leur pays n’ait plus jamais à dépendre de la pêche en tant que principale ressource. Après avoir été l’un des pays les plus pauvres d’Europe, l’Islande pouvait se féliciter de voir le revenu moyen des foyers augmenter de 45 % en cinq ans, tandis que son PIB enregistrait une croissance de 4 à 6 % par an. Mais, quand la crise internationale du crédit a éclaté, déclenchée par le pire tsunami financier depuis 1929, il était presque logique que l’Islande ne puisse pas résister à l’onde de choc. Le pays a garanti tous les dépôts de ses épargnants, mais n’a pas pu étendre cette garantie aux centaines de milliers d’épargnants britanniques qui ont investi de l’argent dans les caisses d’épargne islandaises en ligne.

L’atmosphère de crise a encore été aggravée quand le gouvernement a suspendu toutes les émissions du service public, mesure d’ordinaire réservée aux alertes volcaniques. Les syndicats ont fait pression pour que l’Islande entame des pourparlers afin d’entrer dans l’Union européenne, ce que le gouvernement répugnait à faire depuis des années. "Quelqu’un a parlé d’’économie du bourdon’, parce qu’il est difficile de prédire son vol, ce qui ne l’empêche pas de voler, et bien, en plus", rappelle Dagur Eggertsson, ancien maire de Reykjavik. Mais le bourdon, comme ces milliardaires qui croyaient pouvoir racheter la City britannique, vole désormais en rase-mottes.

Andrew Pierce
The Daily Telegraph

Le redressement de l’Islande prendra "des années", a averti mercredi son Premier ministre alors que le pays, en proie à une crise financière majeure, a essuyé une nouvelle série de revers économiques.

Interrogé par des journalistes, dont l’AFP, sur le temps qu’il faudra au pays nordique pour sortir de la crise et assainir son économie, le chef du gouvernement, Geir Haarde, a répondu que cela prendrait "des années". Et d’ajouter : "Mais probablement pas de nombreuses années".

"Nous sommes optimistes (...). Nous avons des ressources sur terre comme en mer", a-t-il fait valoir, dans une allusion notamment aux fonderies d’aluminium et à la pêche, deux secteurs clés de l’économie nationale.

Mais il a également précisé que l’Islande, petit pays de 313.000 habitants, n’avait pas les reins assez solides pour affronter seul la tempête, alors que le secteur financier représente huit à neuf fois son Produit intérieur brut.

"Nous sommes trop petits", a reconnu M. Haarde, qui ne ménage pas ses efforts depuis le début de la semaine pour trouver à l’étranger les liquidités indispensables pour garantir tous les encours des banques islandaises et écarter le risque d’un effondrement général de l’économie.

Après avoir placé deux des plus grandes banques du pays sous la tutelle de l’Etat et tenté, via la Banque centrale, d’enrayer la dépréciation de la couronne face à l’euro en fixant leur parité de change, le gouvernement a annoncé que les négociations avec la Russie pour un prêt d’environ 4 milliards d’euros débuteraient mardi à Moscou.

M. Haarde, cité par le Financial Times de mercredi, a expliqué "chercher de nouveaux amis" après avoir essuyé plusieurs refus de prêt, désignant implicitement Washington, un des principaux partenaires politiques et commerciaux de l’Islande depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

M. Haarde a en revanche indiqué avoir décliné pour le moment une offre du Fonds monétaire international (FMI), qui avait dépêché une mission d’urgence sur l’île.

La crise a par ailleurs créé des tensions entre Reykjavik et Londres après que la banque en ligne Icesave, filiale britannique de la banque islandaise Landsbanki, eut gelé les comptes de ses clients.

Le Premier ministre britannique Grodon Brown a annoncé qu’il lançait une action en justice contre les autorités islandaises, avant que le Premier ministre islandais ne publie un communiqué d’apaisement.

"Le gouvernement islandais est déterminé à ne pas laisser la crise financière actuelle assombrir les relations amicales entre l’Islande et le Royaume-Uni", a-t-il assuré, alors que des discussions bilatérales à haut niveau se déroulaient au 10 Downing Street.

Dans le même temps, la Banque centrale islandaise annonçait renoncer à maintenir un taux de change fixe entre la couronne et l’euro imposé la veille pour enrayer la dévaluation de sa monnaie.

"Ce taux de change ne bénéficie pas d’un soutien suffisant", a déploré la Sedlabanki en annonçant le retour des changes euro/couronne aux conditions du marché.

La couronne a perdu 11,1% depuis lundi par rapport à l’euro. Mercredi, le taux de change était d’un euro pour 172 couronnes contre 90 au 1er janvier.

Parallèlement, les banques islandaises, dont les deux principales, Glitnir et Landsbanki, ont été placées sous la tutelle de l’Etat, ont commencé à se débarrasser de leurs filiales étrangères et de leurs participations pour tenter de se maintenir à flot.

A Reykjavik, un millier de personnes se sont rassemblées sur une place à proximité du Parlement pour exprimer leur inquiétude face à la crise financière mais ils affichaient dans l’ensemble une sérénité déconcertante.

"Je suis convaincue que le gouvernement a pris les bonnes mesures", expliquait Elisabet Eufa Arnarsdottir, une étudiante de 23 ans, en retirant de l’argent à un guichet de banque.

JDD

L’Islande proche de la faillite
Par Clément MATHIEU
leJDD.fr

Le pays des glaces s’enfonce dans la crise. Mercredi, la banque centrale annonçait que la monnaie ne pourra être maintenue à son taux comme l’avait prévu le plan de sauvetage de lundi. Ce jeudi, l’Etat nationalise la plus grande banque du pays, et le premier ministre parle déjà de faillite nationale.

L’Islande au bord de la faillite

L’Islande s’enfonce jour après jour un peu plus dans une grave crise qui pourrait bien la mener à la faillite. Le pays, qui avait un taux de croissance de 4,9% l’an passé, faisait pâlir d’envie l’Europe. Le pays des glaces est aujourd’hui rattrapé par son économie qui vit à crédit et son intense activité financière, minée par la crise mondiale. La taille du pays, seulement 300000 habitants, limite les solutions. "Ce que nous avons appris (...) est qu’il n’est pas sage pour un petit pays d’essayer de jouer un rôle de leader dans le domaine de la banque internationale" a déclaré le Premier ministre Geir Haarde.

La dévaluation de la monnaie en est le meilleur témoin, La couronne s’établissait à 230 pour un euro lundi contre 90 en janvier. Après avoir annoncé, lundi, un vaste plan de sauvetage de l’économie, le gouvernement islandais a dû revenir mercredi sur sa décision de maintenir sa monnaie autour de 131 couronnes pour un euro. "Il est désormais évident que ce taux ne bénéficie pas d’un soutien suffisant. La banque ne fera donc pas de nouvelle tentative à cet égard pour l’instant", a fait savoir la banque centrale. Mercredi, la couronne cotait à 172 pour un euro.

Face à la gravité de la situation, le parlement avait voté, un peu comme en temps de guerre, des pouvoirs élargis aux différentes instances financières du pays. Conséquence immédiate, l’Etat a pris le contrôle de la Landsbanki, la deuxième banque du pays, puis de Glitnir. Ce jeudi, c’est Kaupthing, la première banque du pays, qui est passée sous le contrôle de l’Etat selon l’Autorité financière de Reykjavik (FME). Les trois plus grandes banques du pays sont à présent nationalisées.

La crise islandaise s’internationalise

La crise islandaise commence à déborder chez ses partenaires financiers. La banque centrale de Suède (Riksbank) a annoncé cette semaine qu’elle intervenait pour assurer la stabilité financière du pays. Des propos qui ne laissent aucun doute sur les conséquences que pourrait avoir l’hypothétique banqueroute islandaise sur ses partenaires scandinaves. La Riksbank a notamment fait savoir qu’elle prêterait cinq milliard de couronnes (517 millions d’euros) à la filiale suédoise de Kaupthing. À Stockholm, des files d’épargnants se forment devant les agences de la filiale, mise en vente comme devrait l’être très prochainement celle de Glitnir, qui a par ailleurs annoncé qu’elle pourrait aussi céder sa filiale finlandaise.

Le problème devient plus crucial autour de la banque en ligne IceSave. La filiale britannique des banques islandaises Landsbanki et Kaupthing Edge a gelé les comptes de ses clients, entrainant une réaction immédiate de Londres. Le Premier ministre britannique Gordon Brown a en effet annoncé qu’il engageait une action en justice contre les autorités islandaises au nom des quelque 50 000 épargnants titulaires d’un compte chez IceSave. Reykjavik s’est empressé d’apaiser la situation à coup de communiqués sur l’entente anglo-islandaise et par des discussions avec Downing Street. Depuis, le néerlandais ING Direct a annoncé qu’il achetait pour plus de trois milliards de livres (3,8 milliards d’euros) de dépôts britanniques d’IceSave.

L’Islande cherche à présent "de nouveaux amis" selon la formule du Premier ministre, cité mercredi par le Financial Times. Econduit par les Etats-Unis, partenaire historique depuis la Guerre Froide en raison de l’importance géostratégique de l’Islande, Reykjavik pourrait se tourner vers... Moscou. En effet, Geir Haarde a indiqué que des négociations allaient s’ouvrir mardi prochain avec la Russie pour un prêt indispensable à l’Islande pour soutenir ses réserves de change. Le ministre russe des Finances, Alexeï Koudrine, a déclaré que son pays serait enclin à accorder la somme d’environ 4 milliards d’euros.

Le gouvernement cherche à rassurer mais son Premier ministre évoque déjà une faillite nationale. S’il n’a pas requis l’aide du Fonds monétaire international (FMI), Geir Haarde n’exclut pas d’y avoir recourt sous peu. Pour l’instant, la crise ne semble pas vraiment créer de problèmes politiques. Le plan de sauvetage de lundi a été monté autour d’un consensus entre le gouvernement et l’opposition. La situation ne semble pas non plus créer de remous dans la rue. L’Islande attend. Les échanges boursiers sont suspendus jusqu’à lundi, en raison de "conditions inhabituelles".

LA TRIBUNE :

La crise financière peut elle aller jusqu’à provoquer la faillite d’un Etat ? C’est bien le risque que court l’Islande. Confrontée à sa plus grave crise économique de la période moderne, l’île-Etat souffre de son secteur financier en très grandes difficultés.
Ce mardi, on a appris que la Russie allait octroyer un prêt de 4 milliards d’euros à la banque centrale d’Islande, afin de venir justement en aide au secteur financier islandais. "Ce prêt va considérablement dynamiser les réserves de changes de la banque centrale et soutenir la stabilité du taux de change de la couronne (islandaise)", explique la banque.
La couronne islandaise est en effet en chute libre. Elle a perdu 30% de sa valeur lundi, s’établissant à près de 230 pour un euro, avant de remonter un peu ce mardi à la suite de cette annonce.
Face à la crise, le pays s’est également doté en urgence lundi soir d’une législation extraordinaire destinée à éviter un chaos financier. L’alliance au pouvoir et les partis de l’opposition ont ainsi d’un commun accord adopté un projet de loi qui confère à l’Etat des pouvoirs étendus sur le système bancaire national.
Dans une allocution à la nation, le Premier ministre, Geir Haarde, a annoncé que l’instance de régulation financière du pays aurait désormais une autorité étendue pour imposer certaines opérations à une banque, et qu’elle pourrait même la contraindre à fusionner avec une autre société, ou la déclarer en faillite. Bref, cet arsenal législatif sans précédent en Europe donne la possibilité à l’Etat de diriger tout le système bancaire.
"Nous étions confrontés à un risque réel de voir l’économie nationale emportée dans la tourmente bancaire internationale et de finir par une faillite nationale", a-t-il également déclaré devant les députés. "La législation était nécessaire pour éviter une telle issue".
La première mesure prise dans ce cadre législatif n’a d’ailleurs pas tardé. Dès ce mardi, l’autorité des marchés annonce avoir pris le contrôle de Landsbanki, la deuxième banque du pays en terme de capitalisation. Tous les dépôts des particuliers seront garantis et les activités domestiques de la banque seront ouverts comme d’habitude.
De son côté, la première banque du pays Kaupthing Bank a reçu un prêt de 500 millions d’euros de la part de la Banque centrale du pays nordique afin de faciliter ses opérations.
Par ailleurs, le fonds d’investissement islandais Exista a annoncé la vente de sa participation (20%) détenue dans l’assureur finlandais Sampo pour une valeur de 1,41 milliard d’euros. "Au vu de la détérioration prolongée sur les marchés internationaux, il est prudent de réduire notre exposition", a indiqué dans un communiqué le PDG d’Exista Lydur Gudmundsson.
Pour bien comprendre la situation extrême que vit l’Islande, il faut savoir que le pays a prospéré sur un système financier bénéficiant d’une politique ultra-libérale. Au cours de la dernière décennie, le pays, qui est passé d’une économie essentiellement fondée sur la pêche à une économie tournée vers la finance à l’issue d’une vague de privatisations, a connu une croissance moyenne de son PIB de 4% par an, avec un pic en 2004 à 7,7%, et de 4,9% l’an passé. Son secteur financier représente une large part de sa croissance économique et si le secteur va mal, c’est donc toute l’économie qui est menacée.
De quoi inquiéter vivement les investisseurs ainsi que les autorités financières internationales. Le Fonds monétaire international (FMI) a ainsi dépêché une équipe sur place. L’agence de notation financière Standard and Poor’s a, elle, abaissé de deux crans la note de long terme en monnaie étrangère de l’Islande, la faisant passer de "A-" à "BBB".

latribune.fr

L’Islande, du fait de sa petite taille et des grandes facilités qu’elle accordait à ses banques, semble avoir pris quelques semaines ou quelques jours d’avance sur les autres pays capitalistes. Son gouvernement vient en effet d’être obligé de prendre le contrôle total des banques et de demander des secours d’urgence pour que la monnaie islandaise garde quelque valeur sur le marché international.
Pourtant, tout semblait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes financiers possible. Grâce à une « dérégulation » totale du système bancaire, les banques islandaises pouvaient emprunter des capitaux sur le marché international sans commune mesure non seulement avec leurs fonds propres, mais même avec la richesse réelle du pays. Au point qu’aujourd’hui la dette de l’Islande représente dix fois ce que tout le pays produit en un an. Et encore, dans cette « production » annuelle, il y a trente pour cent de revenus financiers qui ne sont plus maintenant que du vent.

Les banques se servaient de ces capitaux pour financer des rachats d’entreprises à l’étranger par des patrons qui étaient aussi, bien évidemment, les principaux actionnaires des banques en question. Les financiers islandais avaient aussi monté des banques de détail, spécialement en Grande-Bretagne où 300 000 déposants viennent d’être prévenus que leurs comptes sur ces deux banques étaient « temporairement » suspendus. La faillite des trois banques islandaises, à la hauteur de leurs spéculations, risque d’entraîner tout le pays à la ruine.

C’est l’exemple, en petit, de ce qu’aujourd’hui les dirigeants politiques appellent les « dérives du capitalisme financier ». Mais ils n’ont pas toujours dit ça !

En 2006, une mission de trois sénateurs UMP était revenue d’Islande en vantant « le miracle économique islandais » dû à la dérégulation du système financier, à l’importance des fonds de pension, à la privatisation totale de tous les services, etc. Les trois voyageurs se félicitaient même du fait que l’Islande, dont la production matérielle est forcément limitée, doive trente pour cent de sa richesse nationale à la finance ! Le ministère des Affaires étrangères français, dans sa présentation du pays, chante même encore à ce jour les louanges de la politique financière islandaise et de ses opportunités…
S’il y a un asile d’aliénés près de Reykjavik, on espère qu’il a gardé quelques places pour les fous dangereux qui nous gouvernent.

Manifestation sur l’AusturVöllur à Reykjavik samedi 13 décembre.
Comme chaque samedi depuis maintenant deux mois (depuis le 11 octobre), c’est une foule nombreuse qui s’est rassemblée sur l’Austurvöllur, devant le Parlement, par un froid glacial …

Une manifestation calme et pacifique, avec une phase de silence de 17 minutes, une minute pour chaque année de pouvoir du Parti de l’Indépendance (parti du Premier Ministre Geir Haarde).
En plus de ces manifestations, d’autres initiatives ont lieu. Le premier Décembre, un groupe composé d’une centaine de manifestants a envahi le siège de la Banque Centrale d’Islande, jetant des oeufs et de la peinture et demandant à parler à David Oddsson, Gouverneur de la Banque et ancien Premier Ministre.
Ce dernier ne s’est pas montré, tandis que la police anti-émeutes repoussait les manifestants hors du bâtiment. Les manifestants se sont repliés sans violence en criant “David dehors !” et en promettant “Nous reviendrons !“.
Les islandais accusent le gouvernement et les banques d’avoir pillé le pays.


Manifestation le 31 décembre

Des centaines de manifestants ont pris d’assaut mercredi un hôtel de Reykjavik, où ils ont interrompu la diffusion en direct d’une émission politique consacrée à l’année écoulée, amenant la police à utiliser des gaz lacrymogènes pour les disperser.

“Les manifestants ont saccagé notre matériel et attaqué notre équipe technique et là je n’ai pas eu d’autre choix que d’interrompre l’émission,” a déclaré à l’AFP le directeur du programme, Sigmundur Ernir Runarsson.

Environ 300 manifestants se sont rassemblés devant l’hôtel Borg dans le centre de Reykjavik pendant que le débat annuel “Kryddsild” était en cours, ont rapporté les médias locaux.
Les manifestants ont lancé des oeufs, brûlé des câbles de transmission et tiré des fusées éclairantes, en réclamant “Un nouveau gouvernement approprié“, selon le site d’informations en ligne, visir.is.
Environ 200 protestataires ont réussi à pénétrer dans l’hôtel, et la police a dû faire usage de gaz lacrymogènes pour les contraindre à ressortir.

Les organisateurs de la manifestation ont indiqué dans un communiqué qu’ils voulaient “montrer leur colère à l’égard des hommes politiques” qui ont une part de responsabilité “dans cette situation terrible qui nous prive de nos maisons, de nos emplois et de notre avenir“.
Les chefs de partis politiques, dont Ingibjoerg Solrun Gisladottir, la ministre des Affaires étrangères et présidente de l’Alliance (sociale-démocrate, membre de la coalition au pouvoir), ont eu le temps de s’exprimer mais l’émission a été stoppée à mi-parcours en raison des actes de vandalisme.

Le Premier ministre Geir Haarde du Parti de l’indépendance (conservateur), arrivé un peu en retard n’a pas réussi à pénétrer dans l’immeuble, a indiqué le quotidien Morgunbladid sur son site internet.
“Nous avons décidé d’évacuer le bâtiment quand les manifestants ont insulté un membre de l’équipe (de télévision),” a déclaré un officier de police à la Radio nationale islandaise, ajoutant qu’un policier avait été hospitalisé après avoir reçu “une brique sur la tête“.
Trois manifestants ont été interpellés et des ambulances ont porté secours à une quinzaine de personnes incommodées par les gaz lacrymogènes.

Le chef du gouvernement Geir Haarde est soumis à une forte pression, son pays de seulement 320.000 habitants étant au bord de la faillite avec la crise financière mondiale.
Début octobre, les trois plus grandes banques ont été nationalisées, tandis que la couronne islandaise a perdu environ la moitié de sa valeur en un an.

En quelques semaines, des milliers de personnes ont perdu leur emploi et chaque samedi le nombre des manifestants qui défilent dans le centre de Reykjavik pour réclamer son départ ne cesse d’augmenter.
La dette publique du pays devrait considérablement augmenter, passant de 29% du Produit intérieur brut (PIB) à la fin 2007 à plus de 100% fin 2009, selon des prévisions officielles.
Avant la crise, l’île de l’Atlantique nord était l’un des Etats les plus riches de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

JANVIER 2009

Des milliers de manifestants ont réclamé samedi la démission immédiate du gouvernement islandais, dans la tourmente de la crise financière.

Le Premier ministre, Geir Haarde, qui souffre d’une tumeur à l’oesophage, a souhaité vendredi la tenue d’élections anticipées le 9 mai prochain et indiqué qu’il ne briguerait pas un nouveau mandat. Mais les 6.000 manifestants rassemblés samedi devant l’Althing, le Parlement national, ne veulent pas attendre.

“Assez de la république bananière. Le peu d’informations que nous avons eu sur ce qui est fait pour améliorer la situation est ridicule“, a dit Astridur Halldorsdottir, une étudiante venue manifester avec un drapeau islandais marqué du mot “A vendre“.

Depuis octobre, des rassemblements se tiennent chaque samedi dans Reykjavik. Selon les estimations de la police, jamais la foule n’avait été aussi nombreuse depuis le début du mouvement.

L’Islande, qui comptait encore parmi les pays les plus riches de la planète en 2007, a sombré en octobre, victime de la crise mondiale du crédit.

Sa devise, la couronne, s’est effondrée, entraînant une inflation à deux chiffres dans un pays qui importe une très large partie de ses biens de consommation ; son système financier a implosé ; le chômage devrait atteindre 7,8% cette année et poursuivre sa progression l’année prochaine.

Pour éviter la banqueroute, ce petit pays de 320.000 habitants a dû négocier un plan d’aide de 10 milliards de dollars conçu par le Fonds monétaire international et suspendre les transactions sur sa devise.

“Comment est-il possible de rester chez soi et de ne pas manifester contre l’abus de pouvoir caractérisé dont notre nation a été victime“, dit Sigrun Bragadottir, une enseignante rencontrée samedi dans la foule.

“L’avidité déchaînée a échappé à tout contrôle, la corruption est extrême. Je veux que quelqu’un présente enfin des excuses et assume une part de responsabilité“, ajoute-t-elle.

Samedi, Geir Haarde a expliqué à la radio nationale qu’il n’avait pas démissionné en raison de la popularité en chute libre de sa coalition.

La manifestation de samedi s’est déroulée dans le calme. Dans la nuit de mercredi à jeudi, un précédent rassemblement avait mal tourné et les forces de l’ordre avaient dû recourir à des gaz lacrymogènes contre la foule pour la première fois depuis 1949.

L’Express, 24 janvier 2009

En Islande, « le navire national »prend l’eau, au moment même où le pouvoir est déstabilisé. La coalition gouvernementale - qui réunit le Parti de l’indépendance et les sociaux-démocrates - est physiquement malade. Vendredi, le Premier ministre Geir Haarde a annoncé qu’il souffrait d’une tumeur à l’œsophage. Récemment, les Islandais avaient appris que le leader des sociaux-démocrates, la ministre des Affaires étrangères, Ingibjörg Solrun Gisladottir, était atteinte d’une tumeur au cerveau…
Depuis l’effondrement de son système bancaire, le 6 octobre, ce petit pays de 313 000 habitants est en état de choc. Stupéfaits de voir leurs responsables politiques tomber malades les uns après les autres, les Islandais, qui ne cessaient d’appeler au changement depuis trois mois, sont partagés entre surprise et compassion.
Ce samedi, un rassemblement est prévu à 15 heures, comme chaque week-end depuis seize semaines. Dans ce pays très respectueux de l’ordre, de mémoire d’Islandais, on n’a jamais protesté de façon musclée. Sauf en 1949, lors des discussions sur l’entrée dans l’Otan. Mais mardi, les manifestants s’en sont pris pour la première fois au bâtiment du Parlement. Des gardes du corps ont fait leur apparition. Du jamais-vu dans la vie politique islandaise. « Je me suis toujours considéré comme pacifiste, mais cette fois j’enrage », gronde un manifestant, père de famille et nouveau chômeur.
Pendant une vingtaine d’années, les Islandais ont pu se compter parmi les citoyens les plus riches du monde. Aujourd’hui, la couronne a perdu 50 % de sa valeur, et sur cette île où l’on importe quasiment tout, l’inflation a fait un bond de plus de 18 %, précipitant les Islandais dans la rue. « On nous fait vivre une humiliation nationale, dit une mère de famille. Il faut retrouver notre honneur, changer de gouvernement. »
Bains chauds. En annonçant sa maladie, le Premier ministre Geir Haarde a convenu que des élections anticipées pourraient être organisées en mai. Les jeux sont ouverts. Discréditées, les deux formations au pouvoir n’en finissent plus de chuter dans les sondages. D’après l’institut MMR, le gouvernement n’est plus soutenu que par 24 % des Islandais (lire ci-contre). « C’est peut-être la fin de la première république d’Islande, estime Torfi Tulinius, professeur de littérature à l’université. Beaucoup appellent à une nouvelle constitution. Les Islandais se sont rarement autant passionnés pour la politique. »« Réunions de citoyens » après le travail, création en ligne d’un « gouvernement d’urgence des femmes », discussions sans fin dans les heitt bad, les bains chauds où l’on a coutume de se détendre plusieurs fois par semaine dans une eau à 40 degrés… Dans les cafés, les restaurants,la kreppa - la crise - est sur toutes les lèvres.
« La bonne nouvelle, c’est qu’avec toute cette mobilisation, de nouvelles têtes vont forcément émerger », souligne une femme pasteur. Les premiers visages à avoir totalement disparu de la vie publique sont ceux des banquiers qui ont mené le pays à la faillite. Ici, on les appelait les « nouveaux Vikings », soit une quinzaine d’entrepreneurs devenus en quelques années les stars de la finance locale. « Ce mot est devenu une insulte », lance une manifestante.
En 2001, quand le gouvernement avait choisi de privatiser ses banques, cette poignée d’entrepreneurs s’était partagé le gâteau. « Certains étaient directement liés au Parti de l’indépendance, marié avec une ministre ou tellement proches du pouvoir d’une manière ou d’une autre qu’on peut dire qu’il existait entre eux des rapports incestueux », commente Egill Helgason, animateur du talk-show politique le plus regardé dans l’île.
« Appétit ». Ces hommes d’affaires ont multiplié les investissements à l’étranger, allant jusqu’à engager dix fois le PIB de l’île. Dans les rues de Reykjavík, les noms des banques incriminées s’étalent à longueur de façades. « Les Vikings sont allés au bout de leur appétit délirant sans jamais rencontrer de limites, commente une jeune mère qui travaille à l’université. Notre classe politique les a laissé faire. C’est pour cela qu’il faut changer de système. »

Le Premier ministre islandais Geir Haarde a annoncé aujourd’hui la démission immédiate de son gouvernement, conséquence de la crise économique qui secoue le pays depuis quatre mois. Le parti de l’Indépendance, formation de centre-droit du Premier ministre, partageait le pouvoir avec le parti social-démocrate depuis mai 2007.
L’annonce de la démission du gouvernement, faite au cours d’une conférence de presse, intervient quelques jours après la décision d’organiser des élections anticipées en mai au lieu de 2011.
Sous la pression de la population qui multiplie les manifestations, Geir Haarde avait annoncé vendredi la tenue d’élections anticipées le 9 mai et avait en outre dévoilé qu’il ne se représenterait pas pour des raisons de santé.
Mais cela n’a pas suffi à calmer les esprits. 5.000 personnes étaient encore dans la rue samedi pour réclamer une démission immédiate du gouvernement. Le même jour, un sondage montrait que la cote de popularité de la coalition était au plus bas au profit du parti Gauche-Verts.
Le chef du gouvernement s’était entretenu tout le week-end avec la dirigeante du parti social-démocrate et ministre des Affaires étrangères Ingibjorg Solrun Gisladottir, pour discuter de l’avenir de cette coalition.
L’Islande, petite île de 320.000 habitants non membre de l’Union européenne, qui avait basé sa prospérité sur un secteur bancaire hypertrophié, a vu son économie terrassée par la crise internationale à l’automne.
En octobre, le gouvernement a été contraint de prendre le contrôle à la hâte des trois premières banques du pays, à court de liquidités, suscitant la colère des habitants dont nombre d’entre eux ont perdu leur emploi et ont vu leurs économies partir en fumée.
(Source AFP)

Iceland devastated by global crisis

Tue, 27 Jan 2009.
Demonstrations of anger bring down government

Per-Åke Westerlund, Rättvisepartiet Socialisterna (CWI Sweden)

A few days of demonstrations, including protesters throwing eggs being met by riot police with teargas, have been enough to force a new election in Iceland. The mass protests in what is, to date, the worst hit country in the global economic crisis, have been referred to as a revolution – a ’fleece’, ’facebook’, or ’saucepan’ revolution. Among those who have come onto the streets, there are discussions about the need for a new political force.

On Monday 26 January, the government handed in its resignation. This was clearly an attempt to defuse the protest movement. So was the proposal from resigning pm Haarde of a "national unity government".

It is only three months ago, in early October, that Iceland went from being the fifth richest country in the world – based on GDP per capita – to experiencing the worst crisis of all countries, so far. The super-indebted Icelandic banks were nationalised in an attempt to limit the crisis. Today, 70 per cent of all companies and 40 per cent of households are technically bankrupt. GDP is expected to drop 10 per cent this year. Unemployment increased from six to nine per cent in December alone, inflation is close to 20 per cent, while interest rates are 18 per cent. The currency, the Icelandic krona, is hardly exchangeable.

Widespread hatred

There is a widespread hatred against the bankers who orchestrated the crisis and their friends, the politicians. While the top bankers seem to have left the country, however, the politicians remained in power. This changed last week.

From Tuesday, 20 January, when parliament restarted after the holidays, daily protests were organised. The main slogan was "incompetent government" and the demand was for new elections. Most people brought cooking pans and other improvised objects to drum on.

Last Wednesday, the protest took place outside a meeting held by the Social Democratic Alliance, a junior partner in the coalition government, demanding that the SDA resign. Later the same night, protesters surrounded the limousine of Prime Minister Geir Haarde, knocking on the car roof and throwing eggs and drink cans. Riot police were used to defend Haarde, who is also leader of the Independence Party. At that stage, he still ruled out any elections before those scheduled for two years’ time in 2011.

In protests late at night on Thursday, stones were thrown at the police, with two policemen injured. The police used teargas and pepper spray and 20 people were arrested in the first major attack on a demonstration since 1949, when Icelanders demonstrated against NATO membership. It has been reported that the government of Iceland, which has only a handful of soldiers, was considering calling in Norwegian forces.

The Icelandic website, Ice News, quoted one of the protesters :

"No one has resigned and no one has been fired. They are hard at work at getting what little is left here back into the hands of those who crashed our economy to begin with.

”The people here are afraid and at the mercy of ruthless criminals that have feathered their nests not only in our government, but also in the businesses and banks. These banks were given to them through a fake privatisation in 2005, they have literally done nothing but spend money since ; now it´s all gone, and you want to give them more ?".

The protester referred to the demand of the demonstrators that money promised from the IMF and governments should not be paid out to the present government. In total, ten billion US dollars has been promised in "rescue packages". The IMF deal includes severe demands for budget cuts and high interest rates, both measures that will deepen the crisis.

New elections

On Friday, Prime Minister Haarde suddenly declared new elections for 9 May. At the same press conference, he announced his resignation as leader of the Independence Party, revealing that he has cancer. Already, the leader of the Social Democratic Party, Foreign Minister Ingibjorg Solrun Gisladottir, is being treated for cancer. The following day, Minister of Commerce, Bjorgvin Sigurdsson, resigned at the same time as he sacked the boss of the state authority responsible for financial supervision.

These announcements, however, did not break the momentum of the protests. On Saturday, over 6,000 people gathered, demanding the government resign immediately.

"We will not allow more crap. The government must go. We’ve had enough of them controlling everything, just taking care of themselves and not caring at all for the people", said one of the speakers, Jakobina Olafsdóttir, to great cheers from the crowd. The Swedish daily, Dagens Nyheter, continued its report : "She and others in Iceland want to see a new society, without the cronyism and corruption they believe is prevalent and without the for so long so mighty Independence Party."

The same article continues : "Different protest movements have mushroomed. With the help of Facebook". [Ninety six per cent of 20-29 year-olds are on Facebook.] "They quickly gather thousands of supporters and can easily call meetings. Now, there are discussions between the different movements to form a common manifesto for a new society."

In opinion polls the opposition Left-Green Party has doubled since the last election two years ago, to 32.6 per cent. The two governing parties have lost a combined 22 per cent. The Independence Party’s ratings have fallen to 22.1 per cent and the Social Democratic Alliance to 19.2 per cent. A previous partner of the Independence Party, the Progressive Party, has also increased in opposition, from 11.7 to 16.8 per cent.

This is a clear indication that people are looking for a more radical alternative. The Left-Green Party are seen as the most anti-capitalist party, previously profiling themselves mostly on environmental issues. For example, the party advocates nationalisation of all natural resources. The Left-Greens also stand for re-negotiations on the IMF deal and for Iceland to leave NATO. Opinion in favour of joining the European Union, which surged when the currency collapsed last year, has already started to dwindle. Today, 38 per cent want to join, compared to over 50 per cent in October. Many have understood that foreign aid will not come without strings.

Revolution ?

The mass demonstrations in Iceland, like recent protests in other European countries, show the willingness of people to try and take control over their own lives. They no longer trust politicians or capitalists. At the demonstrations in Reykjavik, the boss of the Central Bank, David Oddsson, a previous prime minister, has been compared to Adolf Hitler !

It is clear that the protesters have had enough and that they are representative of the generally-held feelings in Iceland. This has given rise to a lot of discussion about whether what is happening is a revolution.

“The word ‘revolution’ might sound a bit of an overstatement, but given the calm temperament that usually prevails in Icelandic politics, the unfolding events represent, at the very least, a revolution in political activism", Icelander Eirkur Bergmann wrote in the British paper, The Guardian.

Another recent visitor to Iceland, London School of Economics professor Robert Wade, commented, "The situation is very tense and very unstable". He compared the situation with other sometimes-violent street demonstrations in Bulgaria, Hungary, Latvia, Lithuania and Greece over the last month.

A third commentator, Fredrik Erixon of the Brussels-based European Centre for International Political Economy, said the situation was reminiscent of "the French Revolution of 1789", rather than that of 1968. The anger is certainly there, but capitalist Iceland is far different from feudal France.

The lesson from mass movements in other countries in recent years is that unpopular regimes can be overthrown. But to alter the economic and political conditions in society the working class and its allies need their own party with a programme for socialist change.

In Iceland there will be a concerted campaign from national and global capital to submit to the IMF conditions, including economic blackmail. Any government that is not prepared to challenge the capitalists who have caused the crisis will come under enormous pressure to make huge cuts in living standards for working people. This is the case even if a Left-Green government is established, or a government of "experts", as some of the protesters have proposed.

Workers and youth in Iceland have already drawn important conclusions. New experiences will force them to look hard for alternatives. Transforming the situation in Iceland would need a fully socialist programme of nationalisation of all major parts of the economy, under democratic workers’ control and management. The crisis has shown that bankers, capitalists and today’s top politicians are not wanted ; democratically elected organisations of workers, youth, pensioners could run society without them. The beginnings of a movement against capitalism in Iceland must be welcomed and encouraged by workers and activists internationally. This is just the first indication of what is to come as more and more countries fall into recession and mass revolt begins to develop.

Messages

  • Un docu, à propos de l’Islande au moment du choc de la faillite de l’Etat, visible pendant 7 jours !

    Jai regardé le début et quand on voit que les policiers en sont à s’acheter personnellement des menottes au commissariat en prévision des manifestations, on mesure l’ampleur du boulversement liè à la crise.

    cliquez ici

  • Le dirigeant islandais, élu suite à la crise et à la révolte, s’est fait élire sur un programme dont le premier point était la transparence des déclarations aux impôts et il s’avère qu’il mettait son argent au Panama !!!

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