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RDC Congo : assassinat de "la voix des sans voix"

jeudi 3 juin 2010

RDC : assassinat de Chebeya, la voix des sans voix

Floribert Chebeya Bahizire, 47 ans, père de cinq enfants, a été retrouvé mort dans sa voiture mercredi matin, dans des conditions non encore élucidées. Il était le président et fondateur de « La Voix des Sans Voix » (VSV), une organisation de droits de l’homme mondialement reconnue pour son sérieux et son intégrité. Les milieux de défense des libertés dénoncent l’absence de démocratie en RDC et exigent la mise sur pied d’une commission d’enquête indépendante.

Selon un collectif d’ONG congolaises de défense de droits de l’Homme, Floribert Chebeya aurait été retrouvé tôt mercredi matin sur la banquette arrière de son véhicule, les mains menottées derrière le dos, le pantalon et le sous-vêtement rabaissés sur les genoux, sur une route à l’ouest de Kinshasa.

Mardi après-midi, il avait reçu une convocation l’invitant à se rendre auprès de l’inspecteur général de la police nationale congolaise (IG/PNC), le Général John Numbi Banza Tambo, pour un motif qui devait lui être communiqué sur place. Il s’est donc rendu dans les bureaux de l’IG/PNC, à Kinshasa, vers 17h00, en compagnie de Fidele Bazana Edadi, membre et chauffeur de la VSV. Peu avant 20h00, son épouse avait reçu plusieurs messages SMS du portable de Floribert Chebeya, l’informant qu’il n’avait pu rencontrer l’inspecteur général et qu’il se rendait à l’Université pédagogique national. Depuis, ses proches sont restés sans nouvelles. Son chauffeur aurait également été retrouvé mort jeudi matin à un autre endroit de Kinshasa, d’après ces ONG.

Des ONG de défense des droits humains en République démocratique du Congo que ont dénoncé jeudi "l’assassinat ignoble" de Floribert Chebeya, président de La Voix des sans-voix (VSV) à Kinshasa.

Le président de la VSV n’avait plus donné de nouvelles depuis mardi vers 21H00 alors qu’il s’était rendu à l’inspection générale (IG) de la police nationale congolaise (PNC), où il devait, selon la VSV, rencontrer l’inspecteur général, le général John Numbi.

Son chauffeur qui l’accompagnait est toujours porté disparu depuis mardi soir, selon la police et les ONG, qui ont un moment déclaré que son corps avait été retrouvé.

Le président de la VSV avait téléphoné à sa femme vers 17H00, avant d’échanger des SMS avec elle, indiquant notamment qu’il n’avait "pas pu rencontrer l’IG" et qu’il se dirigeait vers l’Université pédagogique nationale.

A partir de 21H15, il n’a plus répondu aux appels sur son téléphone et celui du chauffeur était fermé.

Les SMS envoyés par M. Chebeya étaient "non signés, contrairement à ses habitudes", selon les ONG, doutant qu’il en ait été l’auteur.

Selon le collectif, un préservatif et des cheveux de femme auraient également été découvert dans sa voiture.

"C’est un montage grossier. Il n’était jamais dehors tard sans raison valable. D’emblée ont peut dire qu’il a été froidement assassiné", a déclaré à l’AFP Me Jacob Baluishi, secrétaire général adjoint de l’Observatoire congolais des droits humains.

Un militant de la VSV qui a vu jeudi le corps à la morgue de Kinshasa, a indiqué à l’AFP avoir relevé "du sang sur la bouche, le nez et les oreilles (de la victime), et un gonflement au niveau du front et du cou".

Jeudi, la France a souhaité "toute la lumière sur les circonstances de ce décès". L’ONU a pour sa part exhorté "les autorités de RDC à enquêter rapidement et rigoureusement et à ne ménager aucun effort pour s’assurer que les responsables soient traînés en justice".

"Pendant plus de 20 ans, Chebeya Bahizire avait survécu à de nombreuses menaces de mort, à des arrestations et à des mauvais traitements en raison de son travail comme défenseur des droits de l’homme", a relevé dans un communiqué la Haut commissaire de l’ONU aux droits de l’homme Navi Pillay.

Elle s’est dite "profondément inquiète en raison de la tendance croissante à l’intimidation et au harcèlement des défenseurs des droits de l’homme, journalistes, opposants politiques" en RDC.

M. Chebeya avait commencé à militer pour la défense de droits de l’Homme au début des années 1980, avant de prendre la tête de la VSV.

"Nous avons toujours eu peur mais nous avons continué à travailler. Nous n’allons pas baisser les bras, nous allons continuer à porter le flambeau", a déclaré à l’AFP un militant de la VSV.

Plusieurs fois arrêté par les services de sécurité et victime des tortures les plus ignobles qui ont laissé des traces indéniables sur son corps, Floribert CHEBEYA était intimement lié à son organisation et s’y identifiait sans gêne. De sorte que l’on ne pouvait pas parler de la VSV sans se référer à son directeur exécutif. Il avait tissé un réseau d’antennes aussi bien à travers le pays qu’à l’étranger à telle enseigne qu’il ne se passait pas un jour sans que la VSV ne renseigne sur un acte de violence perpétré sur un paysan de l’Ituri ou de n’importe quel coin de la République et cela, avec précision sur les lieux, l’identité des auteurs et les dégâts tant physiques que matériels.

Bien des officiels ou des ONG demandent une enquête mais il est évident que ce ne sont pas les assassins que l’on peut charger d’enquêter sur leurs propres crimes. Or, dans ce cas, ce sont justement les assassins du peuple de RDC que combattait cette "voix des sans voix"...

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