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Luttes de classes en Côte d’Ivoire de 2006 à 2009

mercredi 1er avril 2009, par Robert Paris

Luttes de classes du passé en Côte d’Ivoire

Luttes de classes du passé en Côte d’Ivoire (suite)

Quand il était dans l’opposition et qu’il se disait "socialiste" (modéré, il ne s’est jamais dit révolutionnaire ou pour un pouvoir aux travailleurs !), Laurent Gbagbo écrivait :

"Nous voulons gouverner la Côte d’Ivoire autrement. Nous l’avons affirmé dès 1982, à la création du Front Populaire Ivoirien (FPI), pour offrir une alternative démocratique au régime de parti unique. L’histoire récente nous conforte dans nos choix fondamentaux. Aujourd’hui, plus que jamais, on ne peut plus admettre qu’une personne prenne le pouvoir sur la base d’un malentendu. Tout prétendant au pouvoir doit dire ce qu’il entend faire quand il y sera installé. Le FPI publie son programme de gouvernement et prend ainsi clairement rendez-vous avec le peuple de Côte d’Ivoire. L’enjeu des élections à venir est de permettre au peuple souverain de choisir en toute connaissance de cause entre, d’une part, ceux qui ont déjà gouverné par la volonté et à l’ombre d’Houphouët-Boigny et dont on connaît le bilan et, d’autre part, le Front Populaire Ivoirien dont on connaît le combat et le projet pour refonder la Côte d’Ivoire. Entre l’ancien et le nouveau, entre l’immobilisme et le changement, le FPI invite le peuple de Côte d’Ivoire à choisir le changement. Ensemble, construisons l’avenir."

Il a construit son propre avenir mais pas celui des travailleurs ivoiriens !!!

Avec ses infrastructures routières ultra-modernes dont le fameux pont Laurent Gbagbo, le quartier résidentiel des nouveaux riches, un complexe sportif de taille olympique et un grand parc de verdure , le projet Grand Abidjan montre le fossé entre classes riches et ceux pour qui Abidjan est une ville intraversable du fait de la cherté de ses transports en commun à côté de la misère des salaires et une ville d’ordures à ciel ouvert : les pauvres !

Les prix des produits les plus indispensables, riz, igname, huile, savon, sont en hausse sur les marchés. Les ressources déjà maigres des travailleurs, des djobeurs, de l’ensemble des classes populaires, suffisent de moins en moins, même seulement à nourrir convenablement la famille. Et pour beaucoup, ces ressources elles-mêmes ont diminué ou disparu, car les entreprises restreignent leurs effectifs et les chantiers du bâtiment sont suspendus ou arrêtés.

Pour insupportable que soit la situation des classes populaires dans les villes, elle l’est encore plus dans les villages. La malnutrition est générale, la sous-alimentation menace de le devenir. De plus en plus nombreux sont, surtout parmi les jeunes, ceux qui sont contraints de quitter le village pour les quartiers pauvres d’Abidjan. Mais pour y trouver quoi ? Il n’y a pas de travail, sauf des djobs mal payés, quand ils sont payés.

L’Etat, même sous la direction du prétendu « socialiste » Gbagbo est aussi dur pour les classes populaires que sous celle de ses prédécesseurs Houphouët, Bédié ou Guéï. Au lieu de chercher à améliorer leur sort, il l’aggrave. La récente hausse de la TVA sur l’électricité à la consommation donc du prix de l’électricité pour les familles de pauvres est d’autant plus significative d’une politique antipopulaire qu’en même temps les taxes payées par les entreprises capitalistes ont été abaissées. Et les familles pauvres attendent avec méfiance même les réformes soi-disant en leur faveur comme l’assurance maladie universelle. A juste titre, car on peut être certain que l’Etat cherchera à encaisser les cotisations, mais dans bien des villages et même, dans bien des quartiers populaires de grandes villes, il ne donnera rien en contrepartie, car il n’y a ni dispensaire, ni médecin. Et même quand il y en a, qui a les moyens d’avancer l’argent des soins avant de se faire éventuellement rembourser ? Ce sera seulement un impôt supplémentaire pour les travailleurs, pour les paysans et même pour les chômeurs, obligés de cotiser.

La défaillance de l’Etat est totale dans des domaines aussi essentiels que l’approvisionnement de tous les quartiers en eau potable ou la mise en place et l’entretien des infrastructures. Pour quelques grandes routes construites, surtout pour assurer le transport des marchandises pour les entreprises capitalistes, combien de quartiers populaires où la pluie transforme les rues en bourbier ou en marécages porteurs de miasmes ? Le fait qu’une maladie aussi facile à prévenir aujourd’hui que le choléra se transforme en épidémie et fasse des morts est un indice tangible de la défaillance totale d’un Etat. Il ne sait que prendre aux classes populaires sous forme de taxes sans même parler des rackets en tout genre et ne leur donne rien en échange, si ce n’est des coups. Les policiers, les gendarmes, les militaires du « socialiste » Gbagbo sont aussi méprisants vis-à-vis des travailleurs et des pauvres, aussi répressifs, aussi portés à les détrousser comme des bandits de grand chemin, que les forces de répression de ses prédécesseurs. Pas étonnant, ce sont les mêmes et elles sont tout aussi choyées par le nouveau président qu’elles l’ont été par les anciens.

Gbagbo a déclaré :
« Le problème des nouveaux riches n’est pas nouveau. On a vu des gens rouler ici à vélo. Et puis, on les a vu, un an après la proclamation des indépendances, être riches. Nous avons vu des Jaguars débarquées à Abidjan. Nous avons vu les premières maisons en marbre être construites à Abidjan ici. Moi, je ne suis pas du tout dérangé parce que je sais que c’est un phénomène cyclique »

Effectivement, il ya de nouveaux riches actuels, les nouveaux riches de Gbagbo, les nouveaux riches de Bédié, ceux d’Houphouêt depuis l’indépendance et surtout ... il y a les travailleurs qui ne s’enrichissent jamais tant que le pouvoir appartient à la classe dirigeante !

Liste des 38 milliardaires de Côte d’Ivoire qui ont profité du règne de Gbagbo

(cela n’enlève rien aux anciens barons du PDCI sans parler des profiteurs français et internationaux sur le dos des travailleurs de la Côte d’ivoire)

1-Laurent Gbagbo (chef de l’Etat) : 2834,6 milliards

2-Simone Ehivet Gbagbo (1ère Dame) : 1731 milliards

3-Bohoun Bouabré (ministre du plan et du développement) : 904 milliards

4-Emmanuel Monney (ministre des mines et de l’énergie) : 676 milliards

5-Affi N’guessan (président du Fpi) : 499 milliards

6-Marcel Gossio (DG du port d’Abidjan) : 454 milliards

7-Kadet Bertin (conseiller du chef de l’Etat) : 445 milliards

8-Hubert Zohoré (conseiller du chef de l’Etat) : 401 milliards

9-Pierre Amondji (gouverneur du district d’Abidjan) : 187 milliards

10-Firmin Kouakou (DG du FRC) : 143 milliards

11-Ottro Zirignon (Pca de la Sir) : 132 milliards

12-Gnamien Konan (DG des douanes) : 127 milliards

13-Jean Claude Bayou (Pca du Fgccc) : 124

14-Nady Bamba (PDG de cyclone, patron des journaux « Le Temps » et « Prestige ») : 98

15-Amani N’guessan Michel (ministre de la défense) : 94

16-Philippe Mangou (chef d’Etat-Major des Armées) : 87

17-Hubert Oulaye (ministre de la fonction publique et de l’emploi) : 78

18-Moïse Lida Kouassi (conseiller du chef de l’Etat) : 36

19-Kla Sylvanus (ATCI) : 38

20-Kassoum Fadiga : 31

21-SEM Koné (ambassadeur en Afrique du Sud) : 28

22-Vincent Libi Koita (DG de la Sigogi) : 24

23-Moïse Koré (pasteur, conseiller du chef de l’Etat) : 16

24-Patrice Bahi : 16

25-Séka Yapo Anselme : 12

26-Blé Goudé (président de l’alliance des jeunes patriotes) : 08

27-Colonel Logbo (aide de camp de la présidence) : 09

28-Allou Eugène (Directeur du protocole du chef de l’Etat) : 08

29-Christine Adjobi (ministre de la lutte contre le VIH/ SIDA) : 07

30-Sangaré Aboudramane (conseiller du chef de l’Etat) : 06

31-Mme Boga Doudou (épouse de feu le ministre Boga Doudou) : 05

32-Clotilde Ohouochi (ex-ministre des affaires sociales, de la solidarité et des handicapés) : 05

33-Sokouri Bohui (député de Koumassi) : 05

34-Attéby William (député de Yopougon) : 08

35-Odette Sauyet Likikouet (député de Oumé) : 04

36-Désiré Tagro (ministre de l’intérieur) : 67

37-Marie Laure Digbeu (journaliste) : 03

38-Serges Koffi (étudiant, SG de la Fesci) : 02

Octobre 2006

Le mouvement de grève illimitée déclenché lundi dernier par l’Association nationale des prodcuteurs de café-cacao de Côte d’Ivoire (ANAPROCI) soutenue par l’Union des exportateurs de café-cacao de Côte d’Ivoire, s’est poursuivi mardi et mercredi dans la quasi-totalité des zones de production, selon des sources proches du syndicat des planteurs.

mercredi 18 octobre 2006, par Panapress

Le mouvement, qui semble s’être durci mardi dernier avec l’entrée en lice de plusieurs organisations de planteurs qui ne s’étaient pas associées au mot d’ordre de l’ANAPROCI, s’est soldé par la paralysie totale des ports d’Abidjan et de San-Pedro, qui n’ont pas reçu le moindre chargement de cacao.

Installation de barrages filtrants

Sur le terrain, les producteurs ont continué à ériger des barrages sur les principaux axes routiers menant à la capitale économique, en fouillant systématiquement les véhicules, à la recherche des produits vivriers destinés aux marchés d’Abidjan.

Selon des témoignages de voyageurs recueillis par le correspondant de la PANA, même les particuliers n’échappent pas à ces fouilles, qui se sont vus délester du moindre sac contenant des ignames ou des bananes plantain.

Par la voix de son président, M. Henri Amouzou, qui était entré dans la clandestinité, en raison, affirme-t-on à l’ANAPROCI, des menaces de mort qu’il a reçues, l’Association a déclaré avoir rejeté une proposition de suspension du mouvement jusqu’au retour à Abidjan du président Laurent Gabgbo et du Premier ministre Charles Konan Banny, qui se sont rendus à Addis-Abeba, en Ethiopie, pour participer au sommet du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.

Les planteurs déterminés à se faire entendre

Les planteurs ont réaffirmé leur détermination à poursuivre leur mouvement encore ce mercredi, et de passer à une phase supérieure, dès jeudi matin, en faisant monter 10.000 paysans à Abidjan, s’ils n’obtiennent pas satisfaction.

On rappelle que l’ANAPROCI, qui est le principal syndicat paysan de la filière cacao, qui compte plus de 600.000 travailleurs, exige que le prix bord champ, qui a été récemment fixé à 400 francs CFA le kilogramme par la Bourse du café et du cacao (BCC), soit relevé à 600 FCFA, la baisse de moitié du Droit unique de sortie (220 FCFA) et le déblocage de ses fonds, estimés à quelque 7 milliards de FCFA.

Juin 2006

Côte d’ivoire /Les enseignants défient Banny : grève illimitée dans le Supérieur
12/06/2006 -

Finies les grèves à durée déterminée. Les enseignants du Supérieur réunis au sein de la CNEC (Coordination nationale des enseignants et chercheurs) ont décidé, vendredi, d’entrer à nouveau en grève, cette fois pour une durée indéterminée. La décision a été prise au cours d’une assemblée générale tenue sur le perron de l’Université de Cocody. " Le bureau n’a fait qu’entériner les conclusions de la précédente assemblée générale qui demandait déjà un mouvement illimité ", fait savoir le porte-parole de la Coordination, M. Traoré Flavien, joint par téléphone en début d’après-midi, hier. Les enseignants du Supérieur et chercheurs exigent l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail. Ils égrènent un chapelet de revendications au nombre desquelles la revalorisation de leurs salaires, un statut particulier à la Fonction publique avec des effets financiers et une prime de recherche. " Certes, le gouvernement a donné satisfaction à deux de nos revendications (l’appui à la recherche et la sortie de carrière associée à la contractualisation), mais l’assemblée estime que ce qui est concédé est très inférieur à ses attentes ", indique le porte-parole de la CNEC. Les termes du Conseil des ministres entérinant ces décisions sont, par ailleurs, très vagues, souligne-t-il, non sans faire observer qu’il est difficile dans le contexte actuel, de faire confiance à partir d’une simple profession de foi. " Nous ne demandons qu’une chose : faire quelque chose maintenant et signer un accord pour ce qui peut être fait plus tard. Mais le gouvernement refuse de s’engager sur le long terme ", souligne-t-il.
Les négociations ne sont pas rompues pour autant. Des contacts (formels et informels) se poursuivent, a-t-il indiqué. La grève des enseignants du Supérieur et chercheurs dure depuis le 10 mars par tranches reconductibles de deux semaines. Elle a connu deux suspensions. La dernière, faisant suite à la rencontre du bureau exécutif avec le Premier ministre, M. Charles Konan Banny, remonte au 29 mai. Elle courait jusqu’à hier dimanche. Le Premier ministre, au lendemain de cette rencontre, avait lancé un appel pressant aux enseignants et chercheurs, leur demandant de reprendre le chemin des amphithéâtres, faisant observer que le contexte sociopolitique actuel ne se prête pas à des revendications sociales. " Que mon appel soit entendu ", avait-il plaidé. La Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI), deux ou trois jours plus tôt, avait observé un sit-in devant les locaux de la Primature pour demander que tout soit mis en œuvre pour la reprise des cours sans délai, au risque d’une année blanche.
En décidant de reprendre sa grève, en la durcissant, la CNEC ne donne-t-elle pas raison finalement à sa tutelle, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, M. Cissé Bacongo, qui l’a qualifiée de "suspecte et inopportune" ? Pis, ne défie-t-elle pas le chef du gouvernement ? " Point du tout, répond le porte-parole de la CNEC, dans la mesure où la légitimité de nos revendications est unanimement admise ". La balle, à son avis, se trouve dans le camp des décideurs et non dans celui des enseignants et chercheurs. Quant au péril de l’année blanche qui se profile, il se montre volontiers rassurant : " L’année académique n’est pas fichue. Elle peut être rattrapée si nos revendications sont satisfaites. En 1990 déjà, un tel péril a plané, mais l’année a été sauvée… Après tout, c’est nous les maîtres. Nous savons comment faire pour sauver une année académique…"

Juillet 2008

Le mot d’ordre de grève générale d’avertissement, de 48 heures, décrété mardi dernier à Abidjan par trois centrales syndicales du pays a été relativement bien observé dans la capitale économique, a constaté la PANA sur place.

La grève a été lancée par l’Union générale des travailleurs de Côte d’Ivoire (UGTCI), la principale centrale syndicale du pays, la Fédération autonome des syndicats de Côte d’Ivoire (FESACI) et la Confédération générale des travailleurs de Côte d’Ivoire (CGT-CI).

En effet, à la mi-journée ce jeudi, le trafic n’avait pas retrouvé son cours normal. En dépit de l’appel lancé, mercredi en fin de journée, par certains responsables syndicaux, à l’issue d’un entretien avec le chef de l’Etat, Laurent Gbagbo, la plupart des chauffeurs et transporteurs n’avaient pas repris le travail.

Comme les jours précédents, Abidjan a les allures d’une ville morte, avec une très forte présence policière à divers endroits de la ville, où se sont constituées de longues files en direction des différentes communes de la capitale administrative.

Les stations services qui, toute la journée d’hier, avaient été prises d’assaut par une foule d’automobiles paniqués par la perspective d’une interruption de la distribution de carburant, sont cependant restées ouvertes et assurent à peu près normalement leurs activités.

S’ils sont restés ouverts, les différents marchés d’Abidjan ont vu leurs stocks de denrées de première nécessité baisser considérablement, du fait de la difficulté qu’éprouvent depuis soixante-douze heures, les commerçants à acheminer leurs produits vivriers sur la ville.

Cette situation a eu pour conséquence première le renchérissement de la plupart de ces produits, qui ont augmenté dans une proportion allant de 45 à 100%, au grand dam des ménagères qui ne savent plus à quel saint se vouer.

Selon des sources concordantes, le gouvernement ivoirien qui, dans un communiqué lu au journal de 20 heures de la 1ère chaîne de la Radio-télévision ivoirienne (RTI), avait qualifié le mouvement de grève d’"illégal", en proférant des menaces de sanction à l’encontre des grévistes, a pris langue avec les responsables de l’UGTCI et les différentes organisations de la Société civile impliquées dans l’opération "Abidjan, ville morte", pour des négociations qui pourraient avoir lieu dans la journée.

On rappelle que les chauffeurs et les transporteurs exigent une baisse des prix du carburant, qui ont connu une hausse de plus de 40%, avant de reprendre le travail. Les syndicats exigent, pour leur part, une revalorisation substantielle des salaires.

La grève des chauffeurs de taxi a commencé lundi dernier, suite à la forte hausse des prix des carburants appliquée depuis le 7 juillet dernier. Le prix du gazole a ainsi enregistré une augmentation de 44 %. Le gouvernement et le Premier ministre Guillaume Soro reçoivent, ce vendredi, les associations de consommateurs, les syndicats et les représentants des transporteurs (taxis et minibus), dans le cadre des « rencontres de concertation ». Les autorités vont adopter, dimanche prochain, de nouvelles « dispositions » pour limiter les « effets néfastes de cette hausse effrénée des prix des produits pétroliers », selon un communiqué du gouvernement ivoirien.

À la grève des taxis et des minibus qui dure depuis lundi dernier, s’ajoute une « grève d’avertissement », décrétée jeudi par l’Union générale des travailleurs de Côte d’Ivoire, l’UGTCI - le principal syndicat du pays, qui réclame une baisse des prix des carburants et une hausse des salaires.

L’UGTCI qui revendique 80 % des 400 000 travailleurs du secteur public et du secteur privé formel demande un « déblocage des salaires », figés selon cette centrale « depuis plus de 20 ans ». Cette grève, dénoncée par le gouvernement, est considérée comme une première depuis une dizaine d’années dans le pays.

Le mouvement de grève des transporteurs a connu quelques ratés, ce vendredi. Les représentants des transporteurs ont lancé un appel à la reprise du travail, mais il est, pour ainsi dire, resté lettre morte. Dans la capitale économique, Abidjan, les gens ont beaucoup marché car il n’y a presque pas de taxis depuis déjà cinq longues journées.
Deuxième jour de grève générale en Côte d’Ivoire

« Nous ferons la grève tant que le gouvernement ne donnera pas de suites favorables. »

L’Union générale d es travailleurs de Côte d’Ivoire (UGTCI) a maintenu son mot d’ordre de grève et le mouvement s’est effectivement poursuivi ce vendredi, en dépit de l’appel à la concertation lancé, jeudi soir, au cours du journal télévisé de 20 heures de la première chaîne de la Radio-télévision ivoirienne (RTI), par le Secrétaire général du gouvernement, a constaté le correspondant de la PANA sur place.

En milieu de journée, les effets du mouvement, qui aurait été suivi, hier jeudi, à 90%, à travers tout le pays, selon les responsables de la première centrale syndicale du pays, étaient perceptibles dans les différentes communes de la capitale économique où la vie a tourné au ralenti.

Tout comme jeudi, la plupart des fonctionnaires et agents de l’Etat ont déserté les bureaux. A la notable exception des travailleurs de la Santé et de certains secteurs où un service minimum a été instauré par les grévistes eux-mêmes.

Malgré l’appel à la suspension du mot d’ordre de grève, lancé par certains syndicalistes et une rencontre avec le ministre de l’Intérieur, M. Désiré Tagro, les transporteurs et les chauffeurs ont refusé de reprendre le travail ce vendredi. Ainsi, les Abidjanais n’ont eu d’autre choix que de rester à la maison ou de marcher s’ils veulent vaquer à leurs occupations.

Face à la situation sociale, qui s’est considérablement dégradée, au cours de ces dernières soixante-douze heures, les autorités ont décidé de tenir, ce samedi, un Conseil de gouvernement et le lendemain dimanche, un Conseil des ministres extraordinaire.

Avant ces rencontres, le Premier ministre Soro Guillaume recevra, ce vendredi, les associations de consommateurs, les dirigeants des différentes centrales syndicales et les transporteurs.

On rappelle que les revendications de l’UGTCI portent essentiellement sur le déblocage des salaires et l’avancement des fonctionnaires et agents de l’Etat, avec rappels, le réajustement des salaires du secteur privé et la suppression de l’impôt sur les retraites, ainsi que la revalorisation générale des indemnités de transport.

L’UGTCI est, de loin, la plus ancienne et la plus importante des centrales syndicales ivoiriennes. Elle revendique près de 80% des 400.000 travailleurs du secteur public et privé de Côte d’Ivoire.

L’Union Générale des Travailleurs de Côte d’Ivoire (UGTCI) a annoncé mercredi au terme d’une assemblée générale extraordinaire, avoir déposé sur la table du gouvernement, un préavis de grève, qui court jusqu’au 31 juillet.

« Si à cette date, nous n’avons pas d’élément de réponse nous aviserons selon la forme consacrée en matière de syndicat. C’est le déterminant de l’action syndicale. Ce n’est pas le lieu pour nous de déballer notre stratégie » a expliqué le porte-parole de l’UGTCI, Joseph Ebagnini.

Les travailleurs « n’ont rien n’obtenu » dans les mesures prises dimanche dernier par les autorités, a-t-il affirmé, faisant allusion à la décision de revoir à la baisses le prix du carburant, pour atténuer la tension sociale ayant suivie quelques jours plus tôt, une hausse sur les mêmes produits.

« Nous n’avons pas obtenu grand-chose ; l’essentiel pour les fonctionnaires, c’est le déblocage des salaires et avancements. Depuis plus de deux décennies, les salaires sont bloqués », a argumenté Joseph Ebagnini, avertissant que la base de l’UGTCI, « chauffe ». (…)

A l’appel de l’UGTCI, les travailleurs ivoiriens avaient observé jeudi et vendredi derniers, un arrêt de travail de 48 heures, pour protester contre une précédente hausse des prix des carburants.

Ces mêmes prix ont été revus à la baisse, depuis lundi, permettant à la capitale économique ivoirienne de retrouver une vie normale, après une semaine de grève déclenchée par les transporteurs et les fonctionnaires.

Avril 2008

Une grève de 72 heures lancée lundi par des syndicats de l’enseignement primaire public ivoirien a été largement suivie mardi à Abidjan où les écoles sont restées fermées, a constaté un journaliste de l’agence Xinhua.

Au deuxième jour de la grève, dans les quartiers populaires de Yopougon et Adjamé, les écoliers ont préféré rester chez eux.

Au Plateau, le quartier des affaires, aucun enfant en tenue scolaire n’était visible dans les rues et dans les écoles publiques, portes closes, seuls quelques responsables sillonnaient les salles de classe désertées par les enseignants.

Selon l’Agence ivoirienne de presse (AIP), les écoles sont restées également fermées dans plusieurs villes de l’intérieur du pays faute d’enseignants.

Les instituteurs protestent contre un décret pris par le président de la République Laurent Gbagbo en décembre 2007 relativement à leur profil de carrière.

Ils réclament la prise en compte de leurs préoccupations, notamment, la revalorisation de l’indice salariale de l’instituteur, le maintien de ses acquis antérieurs et de son ancienneté et la prise en compte des diplômes acquis en cours de carrière pour son reclassement.

En 2007, à l’appel du Mouvement des instituteurs pour la défense de leurs droits (MIDD), les enseignants avaient lancé une "grève illimitée" pour réclamer des indemnités de logement.

Le mot d’ordre n’avait été levé qu’après satisfaction de leurs revendications et près de deux mois d’arrêt de travail et de négociations avec le gouvernement.

mars 2009

Le collectif national des dockers ivoiriens, le CNDD a menacé jeudi d’aller en grève à partir du 5 avril prochain, si les négociations avec le gouvernement n’aboutissent pas, a constaté APA sur place dans la capitale économique ivoirienne. - [ 3/27/2009 ]

« La conférence du CNDD se réunira et prendra la décision qui s’impose après la date du 4 avril. Cette décision, comme on le sait en syndicalisme il y a les moyens légaux que sont les sit-in, les marches, les actions sociales et finalement la grève qui est le dernier recours de tout travailleur » a expliqué à APA Pierre Aklégbou Guigrehi, le porte parole du CNDD.

« Nous pensons que cette fois-ci le gouvernement nous a écoutés car le dossier est arrivé au plus haut niveau de l’Etat » a-t-il ajouté.

« C’est pour cela que nous appelons nos patrons à consentir réellement des efforts financiers pour augmenter nos salaires » a encore poursuivi M. Guigrehi.

Selon lui, les dockers du port autonome d’Abidjan et ceux de San Pédro au sud ouest du pays demandent « des taux horaires qui vont de 4000 à 4900 FCFA l’heure travaillée dans la journée ».

« En tant que syndicaliste nous trouverons la voix du juste milieu. Il suffit que nos patrons fassent le pas pour qu’on trouve un compromis » a rassuré le porte parole du CNDD qui avait à ses côtés, Yves Kodibo, le secrétaire général de l’ union nationale des travailleurs de Côte d’Ivoire (UNATRCI).

Il a également indiqué qu’en ce moment, « à la deuxième catégorie, le docker est payé à 286 FCFA l’heure, soit un salaire journalier de 2 282 FCFA ».

Les dockers du port d’Abidjan et de San Pédro avaient débrayé du 10 au 17 décembre dernier pour réclamer de meilleures conditions de vie et de travail.
(Apanews)

Messages

  • J ’ai entendu récemment sur RFI qu’il y avait une crise politique du régime de Gbagbo, mais je n’ai pas compris les enjeux et les conséquences concrètes de cette crise. Est ce le signe de soulèvements populaires importants ou la décision préventive de la bourgeoisie de durcir la politique anti ouvrière en Côte d’ivoire, contre la menace de révoltes ? Est ce aussi un changement de stratégie de l’impérialisme français pour maintenir ses intérêts économiques contre d’autres impérialismes ?

    • Ce qui serait dangereux en Côte d’Ivoire pour les classes dirigeantes, ce n’est pas en soi une crise politique du régime ni de la présidence ni du gouvernement. Les deux qui s’opposaient hier, s’affirment aujourd’hui ensemble pour gouverner. Guillaume Soro gouverne pendant que Laurent Gbagbo préside. les bandits ennemis deviennent alliés, pour un temps.

      Le vrai danger pour les classes dirigeantes existait quand elles étaient toutes menacées par la mobilisation populaire. Voir les deux textes indexés au début de celui-ci ...

      C’est-à-dire en 1988-90 et en 1999-2000.

      Cela ne veut pas dire que ce soit fichu en Côte d’Ivoire pour les opprimés. mais seulement qu’il n’ont rien à attendre des oppositions politiques ou militaires qui prétendent les représenter.

      mais seulement à compter sur leurs luttes et à étudier comment celles-ci ont été détournées autrefois pour ne pas tomber dans le même piège. D’où la nécessité d’étudier les luttes de classes des années 80 et 90.+

      Robert Paris

  • La production d’or en Côte d’ivoire est passée de 7 tonnes en 2009 à environ 24 tonnes en 2014. Ce sont essentiellement quatre sociétés qui tirent cette production. Elles sont anglaises, canadiennes et australiennes. Ainsi, la mine d’or de Tongon, au Nord de Korhogo, est exploitée par Randgold Resources qui est une entreprise anglaise et qui représente à elle seule 40% de la production totale ; Celle d’Ity est exploitée par une entreprise Canadienne, La Mancha ; celle d’Agbaou, par une autre entreprise canadienne, Endehavour mining ; celle de Bonikro, par Newcrest mining qui est une entreprise australienne.

    De tous ces endroits, les petits orpailleurs ont été chassés par les forces armées gouvernementales. Par ailleurs, les populations qui habitent ces régions subissent la pollution liée à l’exploitation de l’or. Ainsi, par exemple, il y a de cela deux mois, à quelques kilomètres au nord de la ville de Korhogo, des riverains avaient trouvé des poissons morts flottant dans un lac ainsi que les eaux et rivières environnantes. Ils ont été contaminés par du cyanure qui est un produit hautement toxique servant à nettoyer l’or de ses impuretés.

    On a découvert par la suite que ce poison s’était « échappé » de la mine d’or de Tongon de Randgold Resources , depuis un tuyau souterrain qui était sans protection. Il était fissuré sur deux mètres par le poids des camions qui passent tous les jours dessus. L’affaire est d’autant plus grave que le barrage de Tongon, qui s’étendrait sur 25 km, fournit 80% des poissons consommés à Korhogo.

    Plusieurs organismes gouvernementaux ont été saisis de l’affaire. Notamment la « Direction régionale de l’environnement », le « Centre ivoirien antipollution » (Ciapol), « l’Agence nationale de l’environnement » et la « Direction régionale des mines ». Comme on pouvait s’y attendre, ils ont conclu que ce « barrage de Tongon n’a pas été touché par cette pollution » et que « la vie de la population n’est pas en danger ». Rien sur la nappe phréatique qui a peut-être été polluée ; rien non plus sur les points d’eaux et les rizières qui ont été touchées. Silence, dans cette société capitaliste, le profit est roi et la vie des populations pauvres compte pour quantité négligeable ! Ouattara n’a-t-il pas déclaré en début d’année que « notre pays continuera sa marche vers le progrès » ? Le progrès dans l’entendement de ces gens-là, c’est de permettre aux riches de s’enrichir. Quel riche ira boire cette eau et consommera de ces poissons pollués de cette région ? Certainement pas Kablan Duncan qui s’est justement rendu à Tongon rendre visite à la direction Randgold Resources le 5 février. La presse gouvernementale n’a même pas fait allusion à la grave pollution que cette entreprise venait de provoquer. C’était au contraire une occasion pour Kablan Duncan d’annoncer le début des travaux de deux nouvelles mines d’or, celle de Sissingué et d’Afféma.

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