De nombreuses grèves et mobilisations se poursuivent encore en Guadeloupe. Les plus importantes se déroulent à la « maison départementale de l’enfance », chez Orange, à l’ASFO (un organisme de formation), chez les pompiers de la Chambre de commerce. Les employés communaux de Baillif ont mené leur grève avec succès.
À Orange, la grève s’est étendue à la Martinique et à la Guyane. Dans toutes ces entreprises les travailleurs se battent pour obtenir l’application de l’accord Bino sur les 200 euros, accord signé au cours de la grève générale de janvier, février, mars, derniers. Signalons qu’aujourd’hui ce sont plus de 50 000 travailleurs sur 80 000 concernés qui ont obtenu l’accord Bino, soit immédiatement à l’issue de la grève générale soit ensuite par les grèves. Ils étaient au nombre de 17 000 au moment de la signature de l’accord en pleine grève générale.
Quant aux travailleurs précaires, les « contrats aidés », ils manifestent régulièrement dans les rues à plusieurs centaines pour réclamer des emplois stables et pérennes.
Guadeloupe : la manifestation du 7 mai et l’occupation du conseil général
Les syndicats membres du LKP avaient appelé à une journée d’actions et de grèves pour le jeudi 7 mai en Guadeloupe.
Ce sont donc près de deux mille travailleurs et militants de tous bords du LKP qui ont défilé dans les rues du chef-lieu Basse-Terre. En particulier, les travailleurs en grève depuis plusieurs semaines, ceux d’Orange, de la Maison départementale de l’enfance, de l’ASFO (organisme de formation), les pompiers de la chambre de commerce (en grève depuis 5 mois), les travailleurs de l’hôtellerie sur lesquels planent plusieurs centaines de licenciements. Les raisons de cette journée d’action avaient été expliquées plusieurs jours avant par l’ensemble des syndicats membres du LKP en ces termes : « Moins de deux mois après la suspension du conflit de janvier, février et mars 2009, les profiteurs essaient de prendre leur revanche...L’article 165 du protocole du 4 mars 2009 prévoyait la poursuite des négociations et singulièrement la résolution des conflits. Force est de constater que les engagements ne sont pas tenus (pour exemple article 5, 44,93). Les négociations stagnent sur nombre de sujets (pain, prix de l’eau) et les conflits ne sont pas résolus. Bien au contraire, d’autres naissent du fait notamment de la non-application de l’article 4 prévoyant l’application de l’accord salarial du 26 février, dit Accord Jacques Bino. Les forces dominantes rendent le mouvement social responsable des licenciements, des fermetures d’hôtels. Elles mènent une intense campagne idéologique pour caricaturer le LKP et discréditer ses dirigeants. Les travailleurs ne doivent ni s’étonner ni être surpris, la lutte va s’aiguiser entre les travailleurs et les attardés du vieil ordre colonial et capitaliste »
L’occupation du palais du conseil général
Après la manifestation de rue, les dirigeants des syndicats et du LKP, fortement appuyés par les travailleurs en grève, décidèrent d’occuper les locaux du conseil général. Ce jour-là, en ces lieux, devait se tenir le « congrès », c’est-à-dire la réunion des élus du conseil général et du conseil régional pour y discuter de l’avenir institutionnel de la Guadeloupe.
La foule pénétra dans la salle du « congrès » au son des tambours du groupe Voukoum de Basse-Terre. Les travailleurs s’assirent sur les chaises réservées aux congressistes. Les dirigeants syndicaux, notamment Domota et Nomertin, prirent la parole. Toute la presse locale, RFO télé, les radios venues pour le congrès retransmirent en direct cette occupation.
Aussitôt Jacques Gillot, président du conseil général, et Victorin Lurel, président du conseil régional, firent des déclarations sur les ondes pour condamner cette occupation. Ils déclarèrent que les manifestants étaient violents, qu’ils empêchaient le personnel du conseil général de faire leur travail, qu’ils molestaient ce personnel. Ce qui était absolument inexact. Lurel ajouta qu’il s’agissait d’un acte « insurrectionnel » intolérable. Les manifestants exigèrent aussitôt un droit de réponse en direct. Domota répondit immédiatement que tout s’était déroulé sans casse.
Par la suite, il fut décidé de ranger les chaises, de laisser la salle libre en allant dans les rangées réservées au public et d’attendre les élus qui devaient arriver à 15 heures pour leur faire savoir les raisons du mécontentement. Seuls les représentants des organisations du LKP restèrent dans la salle. Il avait été décidé que chaque représentant ferait une déclaration. Mais Gillot et Lurel déclarèrent que les conditions de sécurité n’étaient pas réunies et décidèrent de reporter la tenue du congrès.
C’est alors que les travailleurs en grève tinrent meeting et parlèrent de leur lutte au cours de l’après-midi dans cette salle du « congrès » remplie de manifestants avant de se disperser dans le calme.
Pierre JEAN-CHRISTOPHE