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Dans les mines du Mali

mardi 19 mai 2009, par Robert Paris, Tiekoura Levi Hamed

En 2003, l’or a battu le coton dans le bilan comptable du Mali, en représentant 57% des exportations et 11% du Produit intérieur brut (PIB). Lancée au milieu des années quatre-vingt-dix, avec, en avant-garde, les multinationales basées en Afrique du Sud, AngloGold Ashanti et Randgold Resources, l’exploitation industrielle de l’or a laminé l’orpaillage traditionnel, qui occupe encore quelque 20 000 mineurs patentés et un nombre indéterminé de travailleurs clandestins. La ruée vers l’or a vu des Dogons quitter leurs falaises, des ouvriers qualifiés abandonner leur emploi en ville et des cohortes de chômeurs affluer des quatre coins du Mali. De leur côté, les multinationales passent d’un site à l’autre, exploitant les gisements dans la logique d’un marché où les actionnaires exigent un retour sur investissement rapide. Emploi volatil et retombées volages, villageois et mineurs restent laissés-pour-compte.

L’exploitation de l’or du Mali ne date pas d’hier. Des royaumes antiques ont été fondus sur cet or.

L’empereur Kankan Musa tenant entre ses mains une pépite d’or représenté ici par des explorateurs espagnols ... déjà très intéressés !

Ce qui caractérise la situation actuelle, c’est le caractère quasi discret de cette exploitation au point qu ele peuple malien serait bien en peine de dire à qui cet or profite et pour quelle somme ?

Les gisements aurifères sont : Sadiola, Syama, Morila, Loulo, Kodiéran et Kalana.

« Les étrangers ramassent l’or sous nos pieds. Mais ici, c’est pire qu’avant ». Samba Mariko est furieux. Président de l’association villageoise de Sanso, il veut que cela se sache. La misère et le chômage n’ont pas reculé depuis l’ouverture, en juillet 2000, de la mine de Morila, à 280 kilomètres au sud-est de Bamako, dans la région de Sikasso, tout près des frontières du Burkina et de la Côte d’Ivoire. Pourtant, se rappelle le vieil homme, quand « ils sont arrivés », un autre Mariko, Djoting de son prénom, le maire de Sanso « avait bien prévenu les étrangers » que son village, qui rassemble 5 000 âmes, mais aussi les trois autres, Domba (2 000 habitants), Morila (400) et Fengola (1 000), comptaient sur l’emploi et le développement local annoncés par les autorités maliennes. Cinq ans plus tard, les tests d’embauche ratés et les emplois non-qualifiés distribués à d’autres, « par favoritisme », selon l’un des vieux pères, « aucun fils n’a été recruté » durablement, à l’issue des gros travaux initiaux.

Dans l’orbite des 250 kilomètres carrés du site minier et de son empilage d’entreprise à raisons sociales diverses, les villageois font leurs comptes. « La vie coûte plus cher », se plaint un troisième Mariko, chef du village de Morila. Les prix ont monté au voisinage des 84 expatriés et sous la pression de la consommation des 688 employés, inscrits dans les registres de Morila SA, avec des contrats de travail à durée plus ou moins déterminée. « Il n’y a plus de place pour les enfants dans les écoles surchargées » par la progéniture des travailleurs qui se sont succédé sur le site, ces cinq dernières années. « Avant Morila SA, il y avait plus de deux mètres d’eau en permanence dans les puits traditionnels », se plaint un autre chef. « Maintenant, ils sont souvent à sec et des fuites de cyanure dans le marigot ont tué des bêtes », accuse-t-il. Entre-temps, des villageois sont allés photographier la mare d’épandage des eaux usées de la mine, chargées de cyanure et d’arsenic, qui s’évaporent au soleil.

Le conflit social s’est aiguisé

Pour les compagnies minières, « le vrai problème, c’est celui du capital », explique un responsable de la Rand Gold. Sa compagnie, plaide-t-il, a beaucoup investi, en recherche et en forage, avant de tirer profit des premières pépites extraites à Morila. Pour ce faire, une joint-venture associe depuis lors la Rand Gold à l’opérateur AngloGold Ashanti. Chacune des deux compagnies détient 40% du capital de la mine à ciel ouvert de Morila et l’Etat malien, 20%. Pour limiter la mobilisation de son capital propre, Morila SA sous-traite l’exploitation minière à la Société malienne d’exploitation (Somadex), une filiale de la Française Bouygues. La Somadex est le principal employeur des Maliens dans un périmètre minier où la main-d’œuvre est également ghanéenne ou philippine et où les 1 500 créations d’emploi affichées pour les cinq premières années d’exploitation doivent se comprendre comme des emplois tournants, avec un volant trois fois moindre de salariés mis en concurrence. Dans la logique du marché, la Somadex répugne bien sûr à s’engager durablement et multiplie les contrats à durée déterminée. Le gisement sera épuisé plus vite que prévu et les grandes compagnies se déplaceront sur un site plus juteux.

Les prévisions officielles annonçaient à Morila l’extraction de 120 tonnes de métal jaune d’ici 2012. Mais les quatre premières années d’exploitation ont permis de tirer quelque 87,3 tonnes d’or de Morila. Si les chiffres officiels sont exacts, c’est dire que la durée d’exploitation du gisement sera plus courte qu’annoncée. De l’avis des syndicalistes, cela permettrait aux grandes compagnies de profiter à plein du délai de franchise fiscale avant de partir ailleurs. Aux mineurs de suivre, s’ils le peuvent. Une perspective qui affole la plupart des employés de la mine, souvent en retard dans leurs cotisations retraites. En outre, à Morila, les employés de la Somadex réclament des primes de rendement dont ils n’ont pas vu la couleur malgré, disent-ils, « des cadences infernales de douze heures par jour » qui devraient permettre aux exploitants d’en finir avec la mine deux fois plus vite qu’annoncé. D’après leurs calculs, leur manque à gagner serait de 17 milliards de FCFA (un peu plus de 26 millions d’euros). En 2003, une juridiction malienne ad hoc a reconnu leurs droits à la prime de rendement. En vain. Le conflit social s’est aiguisé en janvier 2005 avec l’élection d’un Comité syndical Somadex.

De 18 à 77 ans, les hommes venus des quatre villages du périmètre minier occupent l’ombre du manguier centenaire. En face, des femmes forment la rangée sévère des épouses de chômeurs. « La mine tue nos enfants », reprend Samba Mariko. « Chercher de l’emploi à la mine, c’est devenu pour eux un travail à plein temps. Ils passent leur temps à se balader entre la mine et le village », fulmine-t-il. Les espoirs locaux noyés dans le mirage de l’or, les villageois sont aujourd’hui le dernier soutien des salariés originaires d’autres régions du Mali et qui ont été licenciés en juillet dernier par la Somadex, pour « abandon de poste », parce qu’ils refusaient, assurent-ils, de signer un nouveau contrat d’embauche à durée déterminée, après trois jours de grève.

Un bilan comptable sur papier glacé

« Nous avons aussi à charge les familles des huit grévistes toujours emprisonnés à Bougouni », ajoute Samba Mariko. La prison est à plus d’une centaine de kilomètres de Morila, par piste et bitume, c’est-à-dire au bout du monde pour les familles. Pour sa part, le secrétaire général du comité syndical est parti se terrer à Bamako. Son numéro deux est en prison. Lui-même a été libéré sous caution. Les syndicalistes ont cotisé. Mais de nouvelles charges ont été lancées contre lui. Les caisses de solidarité syndicales sont vides et la colère est grande. « Je loue une maison à ce vieil homme, s’emporte l’un des grévistes licenciés, je ne peux plus le payer. Je ne suis pas d’ici, mais je ne peux même plus repartir, c’est comme si je l’égorgeais pour lui prendre son argent ». Fasséri aura 27 ans cette année. Electricien de métier, il est venu de Bamako. A la mine, dit-il, « on nous traite comme des animaux. Mais si notre gouvernement est complice, qui va nous défendre ? »

« C’est politique, ça se passe entre Maliens », tranche un responsable de la Somadex à propos du conflit social. A charge donc pour l’Etat malien de gérer le désarroi de ses administrés. Les compagnies minières ne sont pas au Mali pour faire du social. A défaut du capital nécessaire pour investir en savoir-faire et en matériel, l’Etat malien perçoit des royalties (1,4 milliard de francs CFA soit 2,15 millions d’euros en 2005) et des patentes (437,77 millions de CFA en 2005 soit environ 675 000 euros). Des miettes, au regard des quelque 292 000 CFA (444,5 euros) l’once d’or fin mis en lingot à Morila, à raison de quelque 3,3 millions d’onces officiellement produites depuis juillet 2000, dont plus d’un million en 2002. Des chiffres dont la validité repose sur la seule confiance mutuelle.

Affichant le montant de ses redevances à l’Etat malien, la joint-venture anglo-sud-africaine revendique aussi sa transparence avec un bilan comptable sur papier glacé. Il indique des « paiements aux compagnies maliennes » auxquelles les partenaires étrangers ont laissé une petite place au soleil (121, 5 milliards de CFA en cinq ans), mais aussi les débours en salaires versés à des Maliens (8,1 milliards de CFA en cinq ans), les redevances sociales (5,2 milliards) ainsi que les investissements en infrastructures et en micro-projets sociaux (548,6 millions de CFA entre 2001 et 2004). Cela ne suffit pas au bonheur des Maliens qui ont commencé à prendre les leçons de la lutte sociale sur le carreau des mines.

Dégoûté de Morila, mais fort d’une spécialité recherchée, Ahmadou a déjà trouvé du travail à l’étranger. Pour sa part, Moussa le taximan a déjà donné. Des mines, il ne veut plus entendre parler, depuis son départ de Sadiola, dans l’Ouest. Avec ses compagnons d’infortune, plus ou moins recyclés, il attend toujours les indemnités de licenciement promises par le juge. A Loulo, au Nord, la colère des mineurs a fait couler le sang ces dernières semaines. La flexibilité pratiquée dans les mines transforme le marché du travail en foire d’empoigne, pour des salaires entre 60 000 et 150 000 CFA (entre 92 et 230 euros) par mois, jusqu’à 600 000 CFA pour une poignée d’élus.

Les multinationales de l’or ont fait, en quelque sorte, du Mali leur obligé. Elles estiment n’avoir aucun autre compte à rendre aux Maliens que ceux qu’elles affichent en quadrichromie dans les prospectus destinés aux visiteurs. Leurs résultats ont hissé le Mali au quatrième rang des producteurs africains d’or jaune. Ils n’ont pas pour autant fait grimper au Mali le moindre échelon du commerce mondial. L’essentiel des recettes aurifères alimentent des comptes en banque privés, à l’étranger. A charge en revanche, pour les autorités maliennes, de contenir la crise sociale.

SADIOLA

Sadiola est une gigantesque mine d’or au Mali, située sur une veine aurifère courant de Mauritanie jusqu’en Guinée, le long de la frontière sénégalo-malienne. Cette exploitation fut financée pour les 2/3 par des Aides Publiques au Développement. La mobilisation des habitants aboutirent finalement à la tenue du 1er atelier de concertation en Afrique de l’Ouest, entre exploitants miniers et populations locales.

Mais la réalité, c’est que les compagnies et les gouvernants n’ont nullement l’intention de partager les richesses ....

Pour les populations, il n’y a que l’exploitation et la pollution ...

L’étude épidémiologique sur la population de la commune de Sadiola, décidée unanimement et de façon tout à fait prioritaire lors du premier atelier de concertion en 2003, commença plus d’un an plus tard.

Dans une première phase, le recueil des témoignages auprès des villageois fut consternant. Dans 6 villages de la Commune, les femmes subissaient des fausses couches régulièrement. Ainsi dans le village de Yatela, les 4/5 des femmes subirent des fausses couches sur la période étudiée. Ailleurs les 2/3 des femmes vécurent ce traumatisme.

Depuis mi-2003 et le passage au traitement de minerai sulfuré, la SEMOS neutralise le cyanure avant de le rejeter dans le bassin de boues de Sadiola.

Depuis le terrible constat de Yatela "nous construisons une rigole étanche autour du site de Yatela de sorte qu’aucun ruissellement hors du site, lors de l’opération de lixiviation (fortement cyanurée), ne puisse se produire même au cours d’un hivernage extrêmement pluvieux." Ceci est extrait d’un e mail de Stan Padgett (le directeur de la SEMOS à l’époque) en mai 2005. N’est-ce pas une reconnaissance implicite de ces ruissellements ?

Les exceptionnelles réserves maliennes ont des coûts d’exploitation très bas. Cela induit une énorme marge supplémentaire – des centaines de millions d’euros, qui bien entendu ne vont pas à l’un des États les plus pauvres du monde : ils préfèrent, par exemple, d’étranges sociétés canadiennes. Avec la bénédiction de la Banque mondiale, impliquée dans les montages financiers.

Morila est la plus rentable des 23 mines que le trust sud-africain Anglogold exploite à travers le monde (Marchés tropicaux, 21/09/2001). Son associé Randgold évoque un rendement « fantastique » de 50 %, un retour sur investissement en 15 mois. La firme a tenu en 2001 sa réunion stratégique dans l’île sénégalaise de Gorée, l’un des points de départ les plus célèbres de la traite des Noirs…

Iamgold (“I am gold”), l’actionnaire canadien de la mine de Sadiola, s’extasie sur les profits de son « trésor », « la meilleure découverte en Afrique ». Elle a déjà rapporté 340 millions de dollars. Hors Mali. Au Mali, autour de Sadiola, 15 millions de tonnes de roches sont déposées chaque année. Un tiers a été traité au cyanure, à la chaux vive, à l’acide chlorhydrique. L’exploitation génère d’importants volumes de poussières, chargées de métaux lourds, ce qui provoque des troubles respiratoires chez les villageois.

L’électricité nécessaire vient du barrage de Manantali, construit en amont du fleuve Sénégal. Avec de l’aide publique au développement.

La mine d’or de Sadiola

Mineurs maliens

Implantation des mines au Mali

En 2008

En ces temps de crise financière mondiale, l’or est devenu une valeur refuge. La mine de Morila située au sud du Mali, gérée à 80 % par la multinationale sud-africaine Anglogold et à 40 % par l’Etat malien profite de cette situation. Si en surface tout semble paisible, à l’intérieur de la mine la colère monte.

Une grève de 48h

Les travailleurs ont décidé de faire grève mercredi et jeudi. Les employés des quatre sociétés présentes sur la mine : Morila SA et la Somadex, spécialisées dans l’extraction minière, Bloombury Minerals Economics (BME), une entreprise d’explosifs et le laboratoire de recherche sur le minerai ANALABS réclament de meilleures conditions de travail. Ils souhaitent que la convention collective des mines soit respectée. Depuis l’ouverture de Morila en octobre 2000, l’octroi de la prime de rendement - payés en cas de surproduction - , de la prime de risque professionnel n’ont toujours pas été effectués. Il en est de même pour l’attribution de matériel de protection individuelle contre les risques professionnels et l’indemnité de cherté de la vie. « On ne peut pas continuer comme ça. C’est intolérable. Ils profitent de nous ! », lance Mory Diakité, délégué du personnel de la confédération syndicale des travailleurs du Mali (CSTM), à Afrik.com. « On a montré aux dirigeants un cahier des charges avec nos doléances mais rien a abouti. Si nous faisons grève aujourd’hui c’est pour faire valoir nos droits », ajoute-t-il.

En octobre dernier, une tentative de conciliation entre les deux partis s’était soldée par un échec. La raison ? les responsables n’auraient pas assez d’argent pour payer les primes et indemnités. Parmi leurs autres revendications : la prime des fonds de réinsertion qui vise à garantir un salaire aux travailleurs à la fermeture de Morila. « Nous demandons à nos entreprises de nous verser un fonds de réinsertion d’un montant équivalant à cinq ans de salaire brut » précise Mory Diakité. L’exploitation de la mine qui devait s’achever en 2011 a été ramenée à 2009 en raison de la forte productivité de Morila.

La prime de rendement au centre des débats

Les travailleurs se battent pour faire valoir leur prime de rendement. « Si elle était payée, les ouvriers percevraient une prime à hauteur de 75 % de leur salaire de base, les laborantins et les mécaniciens à hauteur de 50 % », explique le délégué du personnel. Cette prime est au cœur de toutes les revendications. En 2005, la cour d’appel de Bamako avait demandé aux dirigeants le paiement des primes de rendement évaluées à 17 milliards de FCFA (26 millions d’euros), sans succès.

Devant la réaction des responsables de Morila, une grève illimitée a été lancée. Au final, 17 ouvriers ont été licenciés « pour abandon de poste » tandis que 60 autres grévistes ont été menacés de licenciement. Une manière pour les dirigeants de se débarrasser des fauteurs de troubles. Espérons qu’ils réagissent différemment cette fois-ci. Mory Diakité lui n’en démordra pas : « Nous sommes prêts à continuer la grève si nos revendications ne sont pas prises en compte ! ».

Le rapport de la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH) sur « l’exploitation minière et les droits de l’Homme », publié mercredi, révèle que notre or est le moins cher d’Afrique et le plus compétitif. Il est tout de même sans impact sur les travailleurs et les communautés.

La FIDH et l’AMDH, qui ont travaillé conjointement à l’élaboration de ce rapport, démontrent que l’exploitation aurifère au Mali est tout bénéfice pour les compagnies minières. Celles-ci ne connaissent pas la cherté de l’électricité parce qu’elles disposent de leurs centrales électriques. Elles ne souffrent pas non plus de l’enclavement du pays grâce à leurs moyens autonomes de transport aérien.

Les mines maliennes demeurent les plus compétitives du continent parce qu’elles sont exploitées à ciel ouvert et les salaires, comparativement à d’autres pays, sont les plus bas.

Le rapport, se référant aux comptes mondiaux d’Anglogold Ashanti, propriétaire de Sadiola et Morila, indique que les « cash cost » de l’or malien (coûts de production) s’élevaient en 2005 à 220 $ l’once (500 F CFA), soit 110 000 F CFA. Ce coût est de 80 $ de moins qu’en Tanzanie ou en Guinée, 100 $ de moins qu’en Namibie et 110 $ de moins qu’au Ghana.

La production d’une once d’or coûte 315 $ (500 F CFA), soit 157 500 F CFA. Les salaires représentent dans ce pays, la moitié des coûts de production. Au Mali, les coûts sont les plus bas d’Afrique. Morila s’adjuge la place de mine la plus compétitive du pays. L’once extraite en 2005 dans cette mine coûtait 194 $. Elle était de 275 $ en 2006, soit 44 % de hausse.

Aucun moyen de contrôle

La hausse du cours de l’or et les faibles coûts de production font que les compagnies étrangères ont de très grandes marges sur l’or malien. La situation est favorable avec la flambée du prix de l’once sur les marchés mondiaux qui a augmenté progressivement à 108 $ l’once en 2003, 230 $ l’once en 2004 et 245 $ en 2005.

Le Mali, aux dires des rédacteurs du rapport, n’a aucun moyen de contrôler son or du fait du diktat du FMI et de la Banque mondiale et d’une administration corrompue et complaisante. Notre pays se contente de sa place d’actionnaire minoritaire et ne bénéficie à ce titre que de 20 % de son or.

Les travailleurs ne sont pas bien rémunérés. Ils sont à la merci de leurs employeurs et sans droit de revendication ni de grève. Plus de 300 travailleurs de Morila ont été mis à la porte sans droit pour motif de grève. D’autres ont même connu la prison, mais libérés grâce à l’implication de l’AMDH.Irrités par l’exploitation des temps modernes que subit de plein fouet notre pays, les rédacteurs du rapport ont écrit : « troisième producteur d’Afrique, le Mali ne récolte que des poussières ». Le rapport ne tarit pas de recommandations à l’endroit des autorités, des compagnies minières, des institutions financières internationales, de la société civile, entre autres.La FIDH invite l’Etat à assumer pleinement ses fonctions de puissance publique pour faire respecter sa réglementation (code minier, législation sociale, règles fiscales), de contrôler les activités des entreprises, de publier les revenus qu’il reçoit des sociétés minières et de procéder à un audit international en vue d’un rapprochement des revenus déclarés par les mines et les services de recouvrement.

KALANA

Pour dénoncer ‘‘l’exploitation de l’homme par l’homme, les salaires de misère, le racisme…”

Les revendications portant sur les salaires, primes, la prise en charge de leur santé… nombreux sont les griefs qui risquent fort ”d’exploser” la mine d’or souterraine de Kalana.

Les quelque 650 travailleurs de cette mine qui menacent de débrayer les 18 et 19 juillet reprochent également à leur direction un autre péché plus grave : le racisme. A l’heure où nous sommes, aucune solution n’est encore trouvée par la direction pour empêcher cette ”explosion” de la mine.

Dans la mine d’or de Kalana, les travailleurs de nationalité malienne sont maltraités, mal payés, exploités comme des serfs et ne bénéficient d’aucune garantie. Ils sont constamment menacés de licenciement.

Pour peu ou prou, l’épée de Damoclès est brandie au – dessus de leurs têtes.

Décidé à mettre fin à ces pratiques d’une autre époque, leur syndicat a déposé un préavis de grève pour le 18 et 19 juillet prochain.

Arrivée il y’a seulement trois mois, le nouveau patron de la mine est accusé d’avoir systématiquement remis en cause tous les accords conclus entre son prédécesseur et les travailleurs, y compris des petits avantages comme les prêts ou autres avances sur les salaires.

Ces décisions iniques constituent apparemment la goutte d’eau qui a fait déborder le vase !

Furieux, les travailleurs ne veulent plus rien entendre. Ils dénoncent même ce qu’ils appellent les inégalités et autres ségrégations fondées d’essence raciste dans la mine d’or de Kalana. En effet, selon eux, la mine ne compte que 13 Sud africains et 3 Philippins, qui touchent entre 12 et 13 millions de F CFA par mois et bénéficient de tous les avantages. Alors que les travailleurs maliens constamment au charbon s’en sortent avec des broutilles. Quand les nationaux tombent malades, le seul privilège qui leur est accordé est d’aller travailler à la surface de la mine, tandis qu’un médecin est toujours dépêché au chevet des autres.

Pis, une note de service trop osée sur les violations du règlement intérieur pouvant occasionner un licenciement a été signée par Colin J. S. Belshaw Fimmm. I. Eng, Directeur exécutif de Avnel Gold Mining alors que sa société ne doit intervenir que pour soutenir la mine qui est exploitée par Somika. Alors qu’il n’appartient qu’au directeur de Somika s.a de signer de tel document, ont dénoncé les travailleurs.

Plus grave, depuis l’arrivée du nouveau directeur, les résultats de la mine (les quantités d’or obtenues) ne sont plus affichés comme à l’accoutumée, a dénoncé le syndicat.

Or, rien qu’au seul mois de juin dernier, il y’a eu trois sorties de métal jaune.

Conséquence, personne ne sait plus exactement le rendement réel de la mine.

Alors question : entre l’Etat malien, Somika -sa et Avnel Gold…à qui profite réellement la mine d’or de Kalana ?

Grève à la mine

MORILA

La mine d’or de Morila, situé à 280 km au Sud-Est de Bamako a généré 246 milliards de FCFA au bénéfice de l’Etat malien depuis le début de son exploitation, en octobre 2000, a appris Ouestafnews auprès de l’actionnaire principal, Randgold Resources. Ce montant représentent des versements au titre de "dividendes, redevances et impôts", affirme Randgold Resources dans un communiqué transmis à Ouestafnews.

La société minière, qui détient 40% des parts de la mine contre seulement 20 % à l’Etat malien, ne précise pas toutefois ses propres gains dans l’exploitation de cette mine. Néanmoins Randgold Resources affirme avoir "produit 5 millions d’onces d’or" dans la même période. Sur les marché internationaux, le prix de l’once d’or se situe actuellement en deça des 1000 dollars, mais en mars dernier le précieux métal avait atteint 1030 dollars l’once, selon des recherches faites par Ouestafnews. Selon Randgold Resources, la mine serait actuellement dans une "période transitoire", que la compagnie voudrait conduire de manière "ordonnée et responsbale", jusqu’à la fin des opérations. De plus en plus, des voix au sein de la société civile africaine et au sein des communautés locales qui vivent dans les régions minières d’Afrique s’élèvent contre les pratiques des sociétés minières. Une des questions de fonds qui revient souvent porte justement sur les gains réels engrangés par les sociétés minières, en comparaison de ceux réalisés pars les Etats et les communautés concernés.

LA GREVE

2005

L’exploitation de l’or de la mine de Morila, situé à 280 km au sud-est de Bamako, a débuté elle en 2000. La sociétéMorila SA sous-traite les travaux d’extraction à la Somadex (Société malienne d’exploitation), une filiale du groupeBouygues, qui emploi environ 600 personnes sur les 1500 qui travaillent à la mine. Morila SA est détenue par Randgold(40 %), AngloGold (40 %) et l’État malien (20 %). La réserve d’or de Morila est estimée à 120 tonnes. Une conventionsignée entre l’État malien et Morila SA, stipule que l’exploitation de la mine doit se faire sur 11 ans, à raison de 11tonnes d’or par an. En échange de quoi, l’État malien a accordé à Morila SA une franchise fiscale durant les 3 premièresannées d’exploitation. Morila SA a en fait exploité 83 tonnes d’or durant les 3 premières années, au lieu des 33 prévues,soit plus des 2/3 des réserves de la mine. Réduisant d’autant la durée effective d’exploitation, Morila SA s’est ainsiauto-exonérée d’impôts et de taxes sur une grande partie de la production. Par contre, la convention collective dessociétés et entreprises minières prévoit qu’en cas de dépassement de la production prévue, la société doit verser auxmineurs une prime de rendement, qui est un pourcentage du taux de dépassement. La Cour d’appel de Bamako ad’ailleurs rendu le 10 février 2005 un jugement confirmant que la prime de rendement était due ; ce que la direction de lamine se refuse toujours à honorer.C’est ce déni de droit qui est l’une des principales causes du conflit social très dur en cours à la mine de Morila. Enjanvier 2005, les mineurs multiplient les démarches pour faire reconnaître le Comité syndical, sans succès. En juillet,550 ouvriers de la Somadex se mettent en grève durant 3 jours pour essayer d’imposer la reconnaissance du Comitésyndical. La direction de la Somadex réplique en licenciant 17 ouvriers et en menaçant d’en licencier 60 autres.

En 2005, ces salariés de la Somadex, chargée de l’extraction de l’or sur le site de Morila, avaient été licenciés à la suite d’une grève, au cours de laquelle ils revendiquaient principalement le versement de la prime de rendement, prévue par l’article 265 de la Convention collective de 1985 en cas de dépassement des objectifs d’exploitation. Or à Morila, au lieu des 33 tonnes initialement prévues, ce sont 83 tonnes d’or qui ont été extraites en trois ans, donnant droit aux salariés, selon les textes, à 17 milliards de Francs CFA (près de 26 millions d’euros). Après plusieurs procédures judiciaires, qui toutes ont donné raison aux salariés, la direction de la Somadex n’a accepté de verser que 500 millions de Francs CFA (environ 760 000 euros).

Par ailleurs, 9 grévistes ont été détenus pendant plus d’un an, tandis que 23 autres ont passé plus d’un mois en prison, à la suite de l’incendie de deux bus stationnés dans la cour de la gendarmerie, en violation des dispositions du Pacte international sur les droits civils et politiques, ratifié par le Mali, relatives à l’égalité de traitement devant la justice et aux droits de la défense.1 Parmi eux : essentiellement des leaders du mouvement syndical. A ce jour, ils sont toujours en liberté provisoire, dans l’attente d’un jugement.

Selon Yaya Kondé, doyen des grévistes, « les conditions de travail extrêmement difficiles, occasionnent d’importants problèmes de santé, et de nombreux accidents ».

« Le dernier rapport de mission de la FIDH sur ce sujet l’a bien montré, l’or malien, est le moins cher et le plus rentable d’Afrique, en raison notamment des exonérations fiscales, d’un code minier avantageux, de l’extraction à ciel ouvert et de salaires peu élevés. Il est inadmissible que des entreprises profitent de leur poids économique pour bafouer la législation » a déclaré Maître Brahima Koné, président de l’AMDH.

Statistiquement l’un des pays les pauvres du monde, le Mali est pourtant l’un des plus riches en ressources naturelles. Il regorge de minéraux divers et variés, du phosphate à l’étain, et du fer à ce métal précieux qui fait rêver nos esprits occidentaux : l’or. Le pays a indéniablement le potentiel pour se développer économiquement, encore faut-il que les investisseurs s’y intéressent.

« Attention, périmètre protégé. Pas de caméras, pas d’armes ». En pleine brousse, la mine d’or de Morila, avec son imposant dispositif de sécurité et ses installations de pointe, tranche avec la pauvreté des villages alentours. Le contraste est saisissant : dans cette partie Sud du pays, ni électricité ni eau courante pour les populations, alors que non loin de là grouille un monde occidentalisé et de hautes technologies, qui concentre d’importants investissements. Dans cette mine à ciel ouvert de 1200 mètres de long, 800 de large et 120 de profondeur, quelque 70 000 tonnes de pierres sont arrachées chaque jour au sol ocre par de gigantesques monstres aux mâchoires d’acier. Sur cette quantité, seules 10 000 tonnes sont estimées « exploitables », c’est-à-dire qu’elles contiennent du minerai. N’en sortiront finalement que 3 à 4 kilos d’or, après de multiples traitements à l’acide citrique et à l’ammoniac, le long de convoyeurs. Deux fois par semaine, l’or ainsi obtenu est fondu en lingots de 15 kilos dans la chambre forte, pièce interdite au public, où les employés n’entrent que dans le plus simple appareil pour empêcher tout vol. La mine, par sécurité, ne stocke pas le métal précieux, qui est évacué par voie aérienne vers la capitale et de là, vers l’Europe, où il sera vendu aux cours internationaux. Principale denrée exportée par le Mali, l’or représente, en valeur, 66% des exportations du pays, et 96% des ressources dégagées par le secteur minier. « Ce potentiel aurifère remonte à des temps immémoriaux », précise Wally Diawra, directeur adjoint de la direction nationale de la géologie et des mines (DNGM). Dès le XIIIe siècle, on l’exploitait de manière traditionnelle, par orpaillage, avec des batées. Les rois offraient de l’or à leurs voisins, pour rester en bons termes. Puis l’Etat s’est approprié les mines, tout en continuant une pratique d’exploitation traditionnelle donc peu productive. Mais, depuis une vingtaine d’années, sous l’influence du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, l’Etat s’est désengagé de ses mines, sous prétexte d’une mauvaise gestion. Les géants aurifères sud-africains actionnaires des mines maliennes pratiquent désormais une exploitation industrielle intensive et rentable des gisements, faisant du pays le deuxième producteur d’or au monde. Toutefois, tous les capitaux ne fuient pas à l’étranger. En effet, si la participation de l’Etat est limitée à 20% du fait des règles du FMI, à Morila, les 24 tonnes d’or extraites chaque année (un peu plus des deux cinquièmes de la production totale) rapportent au gouvernement 45,6 millions d’euros. A cela s’ajoutent les divers charges et impôts, tels que la taxe sur la valeur dégagée par la mine (une taxe industrielle de 35%), ou la taxe sur le salaire des expatriés. En 2002, la production d’or a ainsi contribué pour 12,4% à la richesse nationale du Mali ! Et les populations locales, particulièrement déshéritées, ne sont pas oubliées : la direction de leur mine a mis en place un fond de développement à leur intention, et leur fournit gratuitement de l’électricité. Wally Diawra regrette cependant que les gains dégagés ne soient pas directement réexploités par la DNGM pour financer ses autres activités comme la recherche de nouveaux gisements, plutôt que de « disparaître dans le budget global de l’Etat ». En effet, le DNGM a commencé à s’orienter vers une diversification de la production, pour « prévenir une chute des cours [de l’or] qui serait néfaste au budget et au fonctionnement de l’Etat ». Ainsi, elle prospecte actuellement des métaux à forte valeur ajoutée, tels que le plomb, le zinc, le nickel et l’étain, que le sous-sol abriterait. Une estimation des réserves pétrolières est également en cours. Il s’agit pour le Mali d’attirer les investisseurs étrangers qui pourraient faire fleurir ces projets, le pays, faute de moyens, ne pouvant assurer seul leur exploitation. L’administration s’efforce donc de mettre à dispositions de ces investisseurs potentiels des cartographies précises des substances minérales, a révisé le code minier de 1991 pour rendre l’exploitation plus attractive sur le plan fiscal et projette enfin de créer un site web pour faire connaître le Mali et ses potentialités. Malgré ces efforts de diversification, l’or reste bien sûr la vedette, et les recherches de nouveaux gisements se concentrent en priorité sur le métal précieux. Sept nouvelles mines sont déjà en projet, pour remplacer d’ici à 2010, les exploitations actuelles, qui pourraient rapidement s’épuiser : l’avenir économique du Mali est appelé, pour longtemps encore, à rester placé sous le signe de l’or.

Juillet 2005 : Grève de la mine de Morila
L’or est le principal produit d’exportation (57 % des exportations) du Mali, qui en est le troisième producteur africain après l’Afrique du Sud et le Ghana.
Tout commence il y a quelques années quand la Banque Mondiale pousse le Mali - troisième plus grande réserve d’or d’Afrique - à privatiser son industrie aurifère. A Morila (région de Sikasso dans le sud du Mali), la société qui exploite la mine est confiée à deux grandes firmes sud-africaines, Anglogold Ashanti et Randgold Resources, qui se partagent 80% du capital de l’entreprise. L’Etat malien doit quant à lui se contenter des 20% restant, de maigres royalties et de quelques promesses de « développement » de la région. Une autre entreprise importante d’exploitation de l’or au Mali est la SEMOS appartenant à 38 % à AngloGold (Afrique du Sud, n° 2 mondial de l’or), 38 % à IamGold ( junior au Canada, et assez présent au niveau mondial), 18 % à l’État malien, 6 % à la Société Financière Internationale (SFI ou IFC en anglais, membre du Groupe de la Banque Mondiale, fondée en 1956 sur inspiration des États-Unis, elle se présente comme « la plus importante source de financement sous forme de prêts et de prise de participations pour les projets du secteur privé dans les pays en développement. Elle facilite un développement durable du secteur privé ». Cette répartition des parts sur la mine de Sadiola n’est pas la même sur celle de Yetela où est absente la SFI, ses 6 % étant repartis également entre les trois autres actionnaires. L’autre multinationale sud-africaine RandGold qui exploitait la mine de Syama l’a cédée à Resolute Mining d’Australie en 2004. L’exploitation de l’or au Mali se fait selon les experts à faible coût. Sur les conséquences sociales et écologiques de l’exploitation de l’or à Sadiola, on peut consulter le Rapport de la mission d’enquête des Amis de la Terre sur www.amisdelaterre.org
Satisfaites de cette belle répartition, les multinationales s’empressent de vider le site, inauguré début 2001, de son précieux métal. Ainsi, alors que les travaux d’excavation sont prévus pour durer jusqu’en 2011, les deux tiers des réserves - estimées à 120 tonnes - ont été extraites en seulement... quatre années. Une surproduction hâtive qui n’a aucun lien, on s’en doute, avec les exonérations fiscales dont bénéficient les multinationales pendant leurs trois premières années d’activité. Ce qui a permis, selon Jeune Afrique, Morila-SA de réaliser « un chiffre d’affaires de 295,9 millions de dollars en 2005 pour un bénéfice net de 117,4 millions de dollars ! Un résultat qui en fait la première société minière d’Afrique de l’Ouest par les revenus et l’une des plus rentables d’Afrique par le ratio résultat net sur chiffre d’affaires. » (« Mali, à qui profite l’or jaune ? », 30 juillet 2006).
C’est à une filiale du groupe Bouygues que l’on doit une grande partie de cet exploit productiviste : la Somadex, Société Malienne d’Exploitation (sic), qui recrute et « gère » la main d’œuvre locale pour le compte des compagnies sud-africaines. Une « gestion » stakhanoviste et pour le moins musclée, à en croire ceux qui ont travaillé pendant des années à l’ombre des barbelés inviolables de l’usine. Les griefs abondent : travail douze heures par jour, six jours sur sept ; précarité institutionnalisée ; non-paiement des heures supplémentaires, des congés, des primes de risque ; harcèlement continuel des responsables syndicaux ; surveillance permanente des employés ; vexations en tout genre ; accidents du travail à répétition ; etc. L’« efficacité » économique n’est rarement qu’une opération du Saint-Esprit.
SOMADEX (Société Malienne d’Exploitation), filiale du groupe Bouygues est chargée de la « gestion » de la « main-d’œuvre » : cadences infernales, surtout au regard des conditions particulièrement hostiles de la mine (les mineurs travaillaient 12 heures par jour, 6 jours sur 7, jusqu’à 2003 où un débrayage déjà a permis de ramener l’horaire quotidien à 8 heures), licenciements abusifs, falsifications de contrats de travail, heures supplémentaires non payées, harcèlement anti-syndicats, injures raciales de la part de l’encadrement...Tel serait le lot quotidien des mineurs. A cela s’ajoute les dégâts de l’exploitation de la mine sur son environnement : pollution des sols au cyanure et à l’arsenic, troupeaux intoxiqués, etc. Mais ce qui a mis le feu aux poudres, c’est le non-paiement de quatre années de primes prévues par la convention collective de la branche lorsque la production dépasse les prévisions. Or, depuis 2000, le site de Morila dépasse réguliérement les résultats attendus, au prix donc d’une exploitation humaine et écologique insensée, mais la direction de la SOMADEX refuse obstinément de partager la moindre miette du magot aurifère.
Dans ces conditions, il n’a pas fallu attendre longtemps pour que les ouvriers commencent à se rebeller contre les patrons zélés de la Somadex. Deux ans après une grève victorieuse qui avait permis de réduire les horaires de travail, le conflit larvé s’est transformé en opposition frontale à l’été 2005, lorsque les employés ont eu l’outrecuidance de réclamer leur dû : les primes de rendement, prévues par la convention d’établissement des mines en cas de surproduction, dont ils attendaient le versement depuis quatre ans.
La grève commence par un conflit de trois jours les 5,6 et 7 juillet 2005. Le lendemain de la reprise du travail, 17 mineurs sont licenciés. En solidarité avec les licenciés, tous les mineurs décident la grève illimitée. Malgré les pressions de la direction et l’attitude ambiguë du Syndicat National des Mines (SECNAMI), sensible aux pressions de la direction, le Comité syndical refuse d’arrêter l’action avant d’avoir obtenu la réintégration des licenciés. Plutôt que de faire marche arrière, la SOMADEX choisit la manière forte. Le 31 juillet, la direction raye 311 mineurs de ses effectifs pour « abandon de poste ». Ce nombre est rapidement porté à 530 car des ouvriers qui avaient accepté de reprendre le travail refusent les conditions de reprise que voudrait imposer la direction, c’est-à-dire la renonciation à leurs acquis. Le 12 août, la SOMADEX fait arrêter cinq dirigeants syndicaux pour « escroquerie ». Ils sont libérés sous caution mais le 14 septembre, deux bus servant au transport des mineurs ayant pris feu en pleine nuit, l’entreprise accuse les mineurs et 32 d’entre eux sont immédiatement arrêtés sans la moindre preuve. Ce dur conflit mériterait d’entrer dans les annales des grandes batailles ouvrières. Face à la grève, la Somadex répond par le lock-out et les licenciements massifs (plusieurs centaines de mineurs licenciés en août 2005). Pour contrer la détermination des grévistes et de leurs familles, les gendarmes du coin - subventionnés, heureux hasard, par les multinationales dans le cadre du contrat de « développement » local... - procèdent à l’arrestation des leaders syndicaux. Et quand, en septembre 2005, deux bus de la Somadex prennent mystérieusement feu, à quelques mètres de la gendarmerie, le mouvement de contestation est décapité : trente deux grévistes sont raflés, et emprisonnés. Une belle opération que les grévistes soupçonnent fort d’être une provocation. Neuf d’entre eux sont toujours détenus. Aucune preuve ne semble avoir été donnée de leur implication dans l’incendie des bus de la Somadex.
Ayant, depuis l’été dernier, écarté les gêneurs et remplacé la plupart des grévistes, Bouygues peut donc poursuivre tranquillement l’exploitation de la mine de Morila. Et ce n’est pas TF1, sa filiale télévisée, qui viendra l’en empêcher en enquêtant sur les agissements de la maison mère. Les chaînes concurrentes non plus d’ailleurs... Trop banal, sûrement.
Une vingtaine ont été par la suite relâchés, au moment où était arrêté (en octobre 2005), le secrétaire administratif du comité syndical, Karim Guindo. Pour échapper à cette répression, les autres dirigeants syndicaux, dont le secrétaire général, Amadou Nioutama, sont contraints à la clandestinité. Leur principal délit est d’avoir voulu perturber l’accumulation du surprofit néocolonial par cette entreprise se comportant comme en territoire conquis. Ce qui pouvait par ailleurs servir de mauvais exemple aux travailleurs des autres entreprises exploitant l’or au Mali qui ne sont pas plus soucieuses des droits des travailleurs et de l’environnement. Occupation d’autres mines d’or du Mali menant à la création d’écoles de villages.
Pourtant, cette arrogance a fini par lasser le gouvernement malien dont le projet de maintien au pouvoir à l’issue des prochaines élections pouvait être contrecarré par le non-respect, par Bouygues, à travers sa filiale Saur International, du contrat de partenariat d’Énergie du Mali (EDM) établi en 2000. En effet, Saur s’est avéré davantage intéressé par les profits à court terme (hausse des tarifs d’eau et d’électricité) que par les investissements qu’il s’était engagé à réaliser qui devaient favoriser l’extension des réseaux de distribution d’eau et d’électricité. Ainsi, l’État malien s’est vu obligé de lui retirer, en octobre 2005, son statut d’actionnaire majoritaire dans EDM, violant ainsi le sacro-saint principe néolibéral d’amaigrissement du patrimoine économique des États, alors que la réunion des ministres de l’Économie et des Finances de la Zone Franc (des 19 et 20 septembre 2005, à Paris) venait de lui recommander, entre autres, de « poursuivre la mise en oeuvre du programme économique et financier soutenu par le FRPC, notamment les réformes structurelles dans les secteurs cotonniers et de l’électricité ». Cet acte à motivation plutôt électoraliste lui a valu une mission spéciale de la Banque Mondiale et du FMI, dont le programme de lutte contre la pauvreté n’inclut pas la baisse des tarifs d’eau et d’électricité en faveur des pauvres, de surcroît par une entreprise majoritairement étatique.

Texte de la pétition des grévistes :
« À la mine d’or de Morila, dans le Sud du Mali, 530 mineurs employés par la société malienne SOMADEX, filiale de Bouygues, sont contraints à une grève ouvrière illimitée, radiés de leurs droits, sans autorisation de l’inspection du travail. Leurs familles restent privées de revenus, d’accès aux soins et d’éducation. Tombé à point nommé, l’incendie de deux bus au sein de la gendarmerie a permis de justifier l’accusation et l’emprisonnement de 32 mineurs innocents ; 9 d’entre eux sont encore incarcérés à la maison d’arrêt de Bougouni depuis le 14 sept 2005. Tous ces faits sont aussi l’oeuvre de la SOMADEX.
Les raisons de la grève sont légitimes : contrats falsifiés, conditions de travail inacceptables : salaires, primes de rendement, heures supplémentaires et congés non payés, accident de travail non pris en compte, licenciements abusifs, propos racistes et discriminatoires des expatriés français et cadres supérieurs africains, etc.
Les conséquences sociales et environnementales sont alarmantes : promesses non tenues concernant le développement des villages, construction de moulins, puits et barrages non fonctionnels, mare d’épandage des eaux usées de la mine, pollution des sols au cyanure et à l’arsenic, morts de troupeaux de moutons intoxiqués, etc. Nous appelons toutes les forces syndicalistes, progressistes, tous les mouvements citoyens, les défenseurs des droits humains, à la pression internationale sur la multinationale Bouygues pour :

la réintégration des 530 mineurs dans l’entreprise Somadex aux postes qu’ils occupaient,

la libération immédiate des 9 détenus et l’abandon des poursuites injustifiées à leur encontre,

la réouverture de réelles négociations pour l’amélioration des conditions de travail et des salaires et sur le respect de l’environnement. »

Début novembre, c’est l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) qui a organisé une grève d’avertissement pour la « mise en application d’un plan social en faveur de tous les travailleurs licenciés des sociétés et entreprises d’État, la réintégration des syndicalistes mutés de manière illégale, la baisse des prix des produits de première nécessité ».

Publié le mercredi 12 octobre 2005
Historique de notre lutte

Le 10 mars 2005, nous avons adressé une lettre au directeur de l’entreprise Somadex. Nous y faisions état du comportement du chef du personnel Ballamourrou Diarra. Nous demandions également à ce qu’on le change de poste, sinon bien que nous ne le voulions pas, le chantier risquer de s’arreter un jour par sa faute, et le directeur serait responsable de l’arrêt éventuel.
La Secnami (Section Nationale des Mines et des Industries), l’UNTM (Union Nationale des Travailleurs du Mali), le ministère des mines, la primature, ainsi que la présidence de la république ont tous reçus une copie de cette lettre, mais personne n’a réagit pour condamner les actes de Ballamourrou Diarra que nous dénonçions.
Quand le comité syndical a demandé d’annuler les faux contrats de travail que le chef du personnel de la SOMADEX a falsifié en réaction à cette demande du syndicat, la direction de la SOMADEX a adressé une demande d’autorisation de licenciement du sécretaire général du syndicat auprès de l’inspecteur régional du travail. Demande refusée par l’inspecteur. En réaction, le chef du personnel a sorti une pétition contre le secrétaire général au nom des travailleurs. Cherchant à dissoudre le comité syndical depuis l’entreprise SOMADEX a un effectif de plus 700 employés, elle n’a guère d’ambulance, de clinique, et a négligé la présence d’un médecin pour les soins des travailleurs dans un environnement à haut risque comme une mine. Nos femmes accouchent parfois dans nos maisons. Les travailleurs rendent l’âme sur leurs lieux d’accident par faute d’évacuation par ambulance. Le directeur administratif et financier refusent la prise en charge par l’entreprise des personnes malades, qui décèdent par la suite. Devant cet abus et cette exploitation, les travailleurs ont demandé au directeur de projet d’arrêter la distribution de cette pétition contre le secrétaire général sinon la conséquence serait soldée par l’arrêt du travail. Le directeur resta passif a cette situation, alors le cumul de tout c’est évènement entraîna un préavis de grève de 72 heures le 21 juin 2005. L’incursion des agents des forces de l’ordre (2 camions remplis de gendarmes) au domicile de notre secrétaire général le 25 Octobre 2005, après une réunion conjointe tenue à Bougouni, du juge et des CBs (commandant de brigades) de Bougouni et de Koumantou. Le plan initial était d’attirer le secrétaire général dans un piège au camp 1 de la gendarmerie de Bamako afin de pouvoir l’arrêter. On lui a envoyé à cet effet un gendarme de Koumantou affecté a Bamako. Mais Nioumanta, fort d’une expérience précédente, ou il avait arbitrairement été arrêté le 12 aout 2005 par le CB de koumanou, Moussa Magassa, avec quatre camarades, a déjoué le piège en refusant de se rendre au camp 1. Les arrestations du mois d’Aout visaient le but manifeste d’empêcher le comité syndical de rencontrer alors le secrétaire général de la Présidence de la république qui est Modibo Sidibé. Et il se trouve que le 25 Octobre le comité Syndical avait rendez-vous avec le président ATT !
Le gendarme conduit est alors parti, et est revenu avec du renfort. Constatant que Nioumantan était absent, Les gendarmes qui opéraient sans le moindre mandat légal, on voulut prendre en otage sa femme et son fils en vue de le forcer à se rendre. Mais la résistance de la famille et des voisins a fait échec à ce plan machiavélique.
Après de vives altercations, les gendarmes ont arrêté le secrétaire administratif du comité, Karim Guindo qui était en train de prier. Ils l’ont enlevé manu militari et conduit de force en prison à Bougouni en procédant en outre à l’enlèvement : - de deux véhicules automobiles qui ont emporté une somme de trois millions quarante mille franc CFa pris dans la chambre - d’un cachet du comité syndical - de deux lettres de l’ex président à Alpha Oumar Konaré - et d’un dossier contenant 170 contrats falsifiés par Balamourou Diarra, Chef du personel de la SOMADEX
L’assaut prémédité du 25 Octobre représente a l’évidence une répétition des actes de banditismes des mêmes forces liberticides de Bougouni qui ont tout fait le 12 Aout pour empêcher une rencontre avec les pouvoirs publics nationaux, rencontre susceptible à leurs yeux de les démasquer. Mais le fait qu’ils aient trouvé au camp 1 les relais et renforts pour exécuter de Bougouni des forfaits à Bamako prouve suffisamment qu’il s’agit d’une provocation encore plus étendue au moment ou le comité syndical devait rencontrer le Président ATT. Sans cesser un instant de se demander jusqu’ou remonte cette provocation le comité syndical a réussi à rencontrer le conseiller (Mr Boue Siby) du président de la république, chargé de rencontrer le comité syndical le 26 Octobre 2005 et l’a informé de tous les faits.
Nous rappelons également que la déclaration de Mr Morange Cristophe Directeur de la communication de Bouygues est inexact, dans laquelle il écrit que la seule revendication des mineurs portait sur le départ du chef de personnel, M. Balamourou Diarra.
Il s’agit d’un combat que nous menons, nous les mineurs, depuis 2001, nous avons été licenciés pour fait de grève en juillet 2005 suite à des revendications légitimes concernant les droits fondamentaux du travail : contrats falsifiés, salaires, congés et heures supplémentaires non versés, licenciement systématique, corruption du syndicat des mines, conditions de travail déplorable, aucune protection santé, accidents de travail non reconnus, nombreuses promesses pour le développement du village non tenues, etc.
32 d’entre nous ont été arrêtés entre le 14 et le 16 septembre 2005 pour des motifs non prouvés, et aujourd’hui 9 grévistes sont encore détenus dans des conditions déplorables et illégales à la maison d’arrêt de Bougouni (région de Sikasso- sud du Mali).
 : Nos revendications

Libération immédiate et inconditionnelle de tous les détenus de Bougouni et radiation des forces de l’ordre liberticides du Chef de Brigade de Bougouni et Koumantou et du juge de Bougouni.

Halte aux lock-outs frauduleux des patrons voyous et racistes qui visent à licencier des salariés et réviser à la baisse des accords pour ensuite reprendre une activité à moindres coûts.

Reprise immédiate et inconditionnelle de tous les mineurs licenciés.

Paiement intégral des salaires de toute la période d’interruption.

Paiement par la SOMADEX-BOUYGUES des primes de rendement des années 2000, 2001, 2002, 2003, 2004, 2005 conformément á l’annexe 4 de la convention d’établissement et du code minier.

Révision inconditionnelle du code minier au profit du Mali, de ces communautés, et de ces mineurs.

Journée de 8 heures réduite à 6 heures du fait des travaux insalubres et au fond de la mine.

Reconnaissance par la SOMADEX-BOUYGUES et ANGLOGOLD du Comité syndical d’entreprise.

Contre les licenciements en masse des ouvriers de Morila, de Huicoma, et Itema.

Assurance chômage au frais de l’Etat et des entrepreneurs.

Imposition des banques, des propriétaires d’entreprise et plantations, des hauts fonctionnaires au profit des chômeurs.

Halte à l’ingérence policière dans les grèves. Création de commissions ouvrières élues pour le contrôle du travail, du paiement des salaires et de l’embauche des ouvriers.

Dehors Balamourou Diarra et tous les dirigeants expatriés racistes !

Reconnaissance du comité syndical de la SOMADEX dirigé par le camarade secrétaire général Amadou Nioumanta qui mène une lutte juste et légitime déjà reconnus par le SYNACOME (Syndicat national de constructions civiles des mines et de l’énergie)

Établissement de contrat de travail réel aux lieux de faux contrats ou de contrats constamment falsifiés par le chef du personnel Balamourou Diarra.

Restitution des 3.400.000 F Cfa

Restitution des 2 mercedès et tous les documents et matériaux emportés la nuit du 25 Octobre

Paiements des dommages et intérêts et tous les biens perdus lors de leur arrestation entre 0h et 03h du matin le 14 et 16 Septembre 2005 par les CBs de Koumantou et Bougouni suite à l’incendie de 2 bus à zero mètre des gendarmes dans la gendarmerie !

Mise en place d’un comité syndical ouvrier affilié aux syndicats européens

Une copie du marché pour l’amélioration de nos salaires

Et le paiement des salaires et rappel (arriérés) des travailleurs par rapport au barème du cahier du marché

Un comité de soutien aux grévistes s’est constitué, pour exiger la libération des emprisonnés et la réintégration de tous les grévistes. Il dénonce les conditions de travail extrêmement dures : il a fallu une grève, en 2003, pour que la journée de travail soit ramenée de douze heures à huit heures ; les mineurs travaillent encore six jours sur sept et les accidents du travail sont nombreux ; le comité dénonce aussi le non-paiement des heures supplémentaires, les méthodes brutales et les propos racistes des expatriés français et des cadres supérieurs africains, le harcèlement des syndicalistes. Il rappelle enfin que l’exploitation de la mine a pollué les sols au cyanure et à l’arsenic et a intoxiqué des troupeaux de moutons.
Ici, Bouygues a fait ses profits sur la santé et la vie des travailleurs du bâtiment. Là-bas, il continue à détruire la vie des travailleurs, et avec des méthodes encore plus brutales. Bouygues doit réintégrer immédiatement les grévistes licenciés !

OU S’EN VONT LES RICHESSES DU MALI ?

Une situation économique et sociale catastrophique

Le pays est classé ? selon les critères des institutions du système des Nations Unies, parmi les
pays les plus pauvres du monde :

753 dollars de PIB (produit intérieur brut) par habitant (identique au Niger, contre 1573 au Cameroun, 6024 au Gabon, 4676 à la Guinée Bissau et 9000 à l’Afrique du sud et au Mexique et surtout à comparer aux 23 000 de l’Angleterre et de la France, aux 35 000 des USA)

plus de la moitié des Maliens ne savent ni écrire ni lire (contre 20% au Cameroun et 30% au Congo)

une mortalité infantile de 13% (contre 10% au Centrafrique, 9% au Congo, 8% au Cameroun)

une armée de 7300 soldats ( contre 2500 au Tchad en guerre permanente ou 7000 en Côte d’Ivoire qui a un PIB quatre fois supérieur)

le service de la dette représente 12,2% des exportations

Pourtant les résultats économiques sont loin d’indiquer une telle catastrophe :
 une augmentation de 4,4% de croissance économique en 2000 pour contre 2,7% pour la période 1995-2000.

une production céréalière record en 1999-2000 : 2 951 600 tonnes

le Mali compte une production de coton de 600.000 tonnes, d’or de 55 tonnes

un doublement de la part du secteur minier dans le produit national brut (PNB)

90 millions de dollars de recettes touristiques

Pourtant , le Mali est un grand producteur d’or :
 une production d’or sans cesse en hausse : d’une production de 24,356 tonnes d’or en 1998 nous avons atteint 26,675 tonnes en 1999 ; 29,679 tonnes en 2000 et 51,306 tonnes en 2001. On annonce 55 tonnes en 2002.

Après celle de Kaolack, les mines de Morila (la dernière en date et l’une des plus prometteuses), de Syama, Sadiola situées dans les régions Sud et Ouest du Mali ont dopé une production qui a presque doublé en moins de cinq ans, passant de 25 à 52 tonnes de production annuelle. La mine d’or de Morila représente un investissement de près
de 90 millions de dollars américains soit plus de 60 milliards de francs CFA.

Modibo Coulibaly, le directeur national de la géologie et des mines, déclare : « Le Mali se place aujourd’hui au 3e rang des producteurs africains d’or après l’Afrique du Sud et le Ghana. Depuis 1999, l’or a d’ailleurs ravi au coton la première place des produits d’exportation. La production industrielle d’or au 31 décembre 2001 est de 51,307 tonnes. Si on ajoute à cela la production artisanale et semi-industrielle, on approche facilement les 55 tonnes. Ceci représente un chiffre d’affaire de près de 300 milliards de Fcfa . 36 à 40 % du chiffre d’affaires réalisé par les sociétés minières reviennent au pays. »

« La diversification de la production minière est un des aspects important de la politique minière. Les substances concernées sont entre autres, les métaux de base -cuivre, nickel, plomb, zinc- les substances précieuses autres que l’or -diamant, grenats, améthyste, etc-, les substances énergétiques -pétrole, gaz, charbon, schistes bitumineux et tourbes. Il y a aussi l’étain, le manganèse, le fer, le calcaire pour la fabrication de chaux et les matériaux de construction (marbre, argile, calcaire, dolomite, gypse etc.). Il y a encore la découverte de pierres précieuses dans les localités de Sangafé, Sandaré et Nioro. »

des mines comme celles de Kodiéran, Loulo, Ségala, Tabakoto et Kalana ne sont pas encore en exploitation

sur143 titres miniers en vigueur dans des mines d’or, 55 titres appartiennent à des sociétés maliennes. Trois coopératives disposent de titre minier. Il s’agit de la coopérative des orpailleurs de Dialafara, celle des orpailleurs de Sitakili, et le GIE des orpailleurs de Dioulafoundouding. Pour tous les autres, il s’agit de grandes entreprises capitalistes. Par exemple, les actifs miniers de Semafo en Afrique de l’Ouest s’élèvent à fin 2001 à 61,5 millions de dollars. En trois années, ils ont pu augmenter de 49,5 millions de dollars. Ils se répartissent comme suit : 20,3 millions de dollars pour la Guinée ; 1,2 pour Ghana ; 3,5 pour Burkina Faso ; 7 pour Mali ; 0,33 pour la Côte d’Ivoire et 28,8 millions de dollars pour le Niger.

Le problème du coton
L’une des catastrophes nationales en termes de production est celle du coton dont la baisse des cours a catastrophiquement handicapé les paysans. Durant la campagne agricole 1999-2000, les paysans maliens avaient décidé de boycotter la culture du coton, pour manifester leur désaccord sur les prix proposés aux producteurs. La conséquence fut une chute de près de moitié de la production après la récolte record de 500.000 tonnes de coton graine réalisée une saison plus tôt.

Les chefs politiques

Le général à la retraite Amadou Toumani Touré, avait remporté le deuxième tour de l’élection présidentielle, avec 1.099.653 voix, soit 64,35% des suffrages. La participation a été faible. Elle était au premier tour de 38% des inscrits. Au second tour, elle n’était plus que de 30,17%.
Le ton mesuré et courtois du candidat de l’Adema, l’alliance des partis au pouvoir à Bamako, tranche d’avec le ton de ses interventions d’entre les deux tours : Cissé a félicité son adversaire, contribuant à faire croire à la validité du « processus de démocratisation » du pays.
Les biens des présidents entrant et sortant seraient de 52 millions de F CFA pour ATT et de 50 millions pour Konaré. Telles sont les déclarations des présidents entrant, Amadou Toumani Touré et sortant, Alpha Oumar Konaré qu’ils ont faites au président de la cour suprême conformément à l’article 37 de la constitution malienne.
Le Président malien âgé de 53 ans n’aurait aucune maison personnelle, mais est propriétaire de 3 terrains bâtis, à Bacadji Koroni, Lefiabougou et Magnamdougou, trois quartiers de Bamako. A Sévaré, ville à 200 Kms environ de la capitale malienne, ATT possède un verger. Comme biens meubles, le nouveau Président malien est propriétaire de deux véhicules 4x4 de marque NISSAN. D’ethnie peule, donc éleveur par nature, ATT élève des boeufs (15) et des moutons (10).
Au titre des valeurs mobilières, Amadou Toumani Touré est titulaire de 4 comptes dans des banques au Mali qui totalisent la somme de 31 995 112 F CFA. Il a aussi un compte à Paris en France, Créditeur à hauteur de 20 millions de F CFA.
Le Président sortant Alpha Oumar Konaré a révélé être propriétaire d’une maison située à l’Hippodrome d’un terrain non bâti à la "base aérienne", deux quartiers de Bamako. A Kati, à une trentaine de kilomètres de la capitale malienne, l’Ancien Président malien possède un terrain, alors qu’à Dakar, il est propriétaire d’une parcelle de 2 000 mettre carrés aux Almadies, un quartier huppé de la capitale sénégalaise.
Au titre des membres et valeurs mobilières Alpha Oumar Konaré possède deux véhicules, une Mercedes une Maxima, une importante collection de timbres du Soudan français, de la fédération du Mali, de l’Afrique Occidentale Française et du Mali. Ses comptes bancaires tous ouverts au Mali totalisant un montant de 50 602 075 F CFA.
A titre privé, l’Ancien Président malien est membre de la coopérative JAMANA, société d’édition qui public le quotidien bamakois "les Echos" ; il est également membre d’une mutuelle.

Ressources minières : 55 tonnes d’or et un secteur en expansion

Selon « Le Soleil » (Sénégal) du 15 Mars 2002, avec une production annuelle de près de 55 tonnes d’or, un chiffre d’affaires de près de 300 milliards de FCFA, le secteur minier occupe au Mali indiscutablement une place de choix -parfois méconnue- dans l’économie. Celle-ci s’est traduite en 2001 par trois faits majeurs : une amélioration de la balance commerciale du pays, un doublement de la part du secteur minier dans le produit national brut (PNB), la création de 2240 emplois.
Démonstration avec Modibo Coulibaly, le directeur national de la géologie et des mines.
Quel a été le niveau de production de l’or en 2001, son incidence sur l’économie nationale ?
Modibo Coulibaly : « La production industrielle d’or au 31 décembre 2001 est de 51,307 tonnes. Si on ajoute à cela la production artisanale et semi-industrielle, on approche facilement les 55 tonnes. Ceci représente un chiffre d’affaire de près de 300 milliards de Fcfa.
L’impact sur l’économie nationale est d’abord macro-économique.
Nous pouvons noter par là : - une amélioration de la balance commerciale car la totalité de la production est exportée - une augmentation du PNB car la part du secteur minier passe de 160
milliards à 300 milliards
Cet impact est aussi financier...

En effet, une étude réalisée en 2001 sur la période allant du 1er janvier 1997 au 31 décembre 1999 par AIRD en collaboration avec GREAT montre que 36 à 40 % du chiffre d’affaires réalisé par les sociétés minières reviennent au pays. Pour l’année 2001, cela représente 108 à 120 milliards de FCFA. Ce chiffre se reparti entre les différents impôts et taxes payés à l’État, les impôts et taxes recouvrés sur les contrats fournisseurs et sous-traitants, les cotisations sociales, les achats locaux, le salaire du personnel malien les contributions aux fonds de développement local des communes rurales situées dans les zones minières, les dons etc. Il est aussi important de noter que les mines en exploitation courant 2001, ont crée 2240 emplois. Le Mali se place aujourd’hui au 3e rang des producteurs africains d’or après l’Afrique du Sud et le Ghana. Depuis 1999, l’or a d’ailleurs ravi au coton la première place des produits d’exportation.

Quelle évaluation faites- vous de l’application à mi-parcours de la politique minière adoptée par le gouvernement en novembre 1998 ?

La politique minière adoptée par le gouvernement en novembre 1998 a pour objectif principal l’accroissement substantiel de la part des produits miniers dans le PIB. Au vu des résultats obtenus depuis cette date, je pense que cet objectif est largement atteint. En effet, d’une production de 24,356 tonnes d’or en 1998 nous avons atteint 26,675 tonnes en 1999 ; 29,679 tonnes en 2000 et 51,306 tonnes en 2001. Et comme je vous le disais plus haut, depuis 1999 l’or a ravi au coton la première place pour les produits d’exportation. La stratégie pour la mise en oeuvre de cette politique a été de laisser au secteur privé le rôle et la mission d’assumer les risques d’entreprise en apportant les moyens financiers matériels et humains nécessaires au
développement de l’industrie minière dans un cadre simple, clair et transparent, l’État se concentrant sur les missions fondamentales de mise en place des infrastructures de base, de création d’un environnement favorable à l’investissement et de promotion du secteur etc. Le plan d’action élaboré à cet effet est en cours d’exécution. Un Code minier attractif et incitatif a été élaboré et adopté en septembre 1999. Celui-ci a tenu compte de toutes les orientations prônées dans le document de politique minière notamment la clarté, la transparence, la participation de l’État, la stabilité des régimes fiscal et douanier, l’équité, l’incitation au réinvestissement, la protection de l’environnement, la compétitivité, l’emploi etc. Les documents relatifs à la reforme institutionnelle aussi sont en cours de finalisation. Les actions de promotion du secteur sont menées régulièrement, des documents promotionnels ont été élaborés et sont distribués lors des grands forums internationaux sur les mines. Le personnel de la Direction nationale de la Géologie et des Mines suit des cours de perfectionnement et certains agents bénéficient de cours de formation complète. Les opérateurs miniers nationaux aussi ont également bénéficié de formation. Pour attirer les investisseurs, il faut disposer d’informations sur le potentiel minier.
Dans ce cadre quatre grands projets sont en cours d’exécution. Il s’agit du Projet d’inventaire minier de l’Adrar des Iforas et du Gourma oriental sur financement BEI, du Projet SYSMIN sur financement FED, du Projet de coopération Mali- Japon sur financement du gouvernement japonais et du Projet promotion des indices sur financement du budget national, précisément du budget spécial d’investissement - BSI. D’autres projets entrant dans le même cadre démarreront au cours de cette année.

La crise du marché de l’or persiste encore. Quel est son impact sur les activités minières au Mali ?

Elle s’est traduite par une baisse des investissements et un ralentissement des travaux de recherche, qui a eu comme conséquence l’arrêt des travaux sur 31 titres de recherche détenus
par des compagnies juniors et l’abandon par leurs titulaires de 7 autres titres. La persistance du phénomène retarde la mise en exploitation des mines de Kodiéran, Loulo, Ségala, Tabakoto et
Kalana. Pour les premiers, les études de faisabilité avaient été élaborées et adoptées avant la chute des cours sur la base de 330 dollars par once alors qu’aujourd’hui les prix oscillent toujours entre 270 et 290 dollars par once. Cela présente un grand risque pour les
investisseurs et constitue une situation pénalisante pour le développement des indices aurifères. C’est pourquoi la diversification de la production minière reste une priorité de la politique minière. Si l’on compare le coût de l’or d’avant 1997 à celui d’aujourd’hui, il y a manifestement un manque à gagner pour les différents actionnaires et pour l’État. Le FMI a même estimé qu’une chute du prix de 20 dollars coûtait au Mali et au Ghana 3 % de leurs recettes d’exportation. Enfin, une autre conséquence de cette baisse est le ralentissement des activités à Syama.

Vous avez parlé de diversification de la production minière. Quelles
dispositions avez vous prises en ce sens et quelles sont les substances concernées ?

La diversification de la production minière est un des aspects important de la politique minière et fait l’objet d’actions actuellement en cours. Il s’agit entre autres des projets d’inventaire minier, de cartographie géologique et de promotion des indices. Les nouveaux
projets qui débuteront aux cours de cette année contribueront à faire de cette diversification une réalité. Les substances concernées sont entre autres, les métaux de base -cuivre, nickel, plomb, zinc- les substances précieuses autres que l’or -diamant, grenats, améthyste,
etc-, les substances énergétiques -pétrole, gaz, charbon, schistes bitumineux et tourbes. Il y a aussi l’étain, le manganèse, le fer, le calcaire pour la fabrication de chaux et les matériaux de construction (marbre, argile, calcaire, dolomite, gypse etc.). Les premiers seront développés en vue d’attirer les investisseurs potentiels tandis que le développement des matériaux de construction a pour but de satisfaire les besoins nationaux et de développer l’industrie minière locale.

Quel bilan faites-vous de l’implication des investisseurs privés nationaux dans le secteur
minier ?

Les opérateurs nationaux sont bien impliqués dans les activités artisanales. Dans les activités industrielles, leur intervention reste limitée du fait des besoins financiers importants dépassant leur capacité de mobilisation. Au 31 décembre 2001, on dénombre 143 titres miniers en vigueur dont 55 titres appartiennent à des sociétés maliennes. Les structures techniques font de leur mieux pour les assister. C’est le lieu également de demander aux structures financières nationales de s’intéresser à la promotion du secteur.

Qu’en est-il de la recherche pétrolière au Mali ?

La politique de diversification prévoit également la relance de la recherche d’hydrocarbure et dérivées. Nous sommes actuellement en train de finaliser la relecture du Code Pétrolier qui, de notre point de
vue, sera attractif et compétitif. Nous nous attachons à mettre en place une stratégie qui repose sur l’existence au Mali de 5 bassins
sédimentaires couvrant une superficie de 750.000 km2 (Taoudenit,
Nara, Gao, Iullemeden et Tamesna). D’une façon générale tous ces
bassins sont caractérisés par un faible niveau d’exploration. Les
actions prévues pour la relance de l’activité pétrolière prendront en
compte : - l’adoption d’un cadre législatif incitatif, attractif tenant
compte de l’évolution du marché international. - l’implication des
sociétés pétrolières étrangères - la réalisation de travaux significatifs
de géophysique aéroportée et de sismique dans les bassins
prospectifs - l’adoption et la mise en oeuvre de campagnes de
promotion agressive auprès de sociétés pétrolières dans les
capitales mondiales du pétrole telles que Londres. - la réalisation ou
la planification d’infrastructures de transport des hydrocarbures afin de
stimuler les investissements dans la recherche. Depuis quelques
mois, les départements des Mines et de l’Énergie d’Algérie et du Mali
discutent des termes d’un accord de coopération visant à stimuler la
relance de la recherche pétrolière. Des négociations sont aussi en
cours avec la PETRAD de la Norvège et avec Indigopools, un
promoteur qui est en relation avec plus de 300 investisseurs
potentiels du secteur. Les services techniques ont déjà procédé à une
collecte des données existantes et effectué des synthèses qui ont été
transmis aux différents partenaires. En ce qui concerne la tourbe, une
étude est en cours sur financement BEI et réalisé par le bureau
d’études finlandais Electrowatt. Nous avons bon espoir de mener ces
actions dans les meilleurs délais.

Quelles sont les mesures envisagées au Mali pour faire face aux problèmes environnementaux liés à l’exploitation minière ?

La loi minière en son article 80 traite des dispositions relatives à la
protection de l’environnement. Toute demande d’autorisation ou de
permis d’exploitation doit être accompagnée d’une note ou d’une
étude d’impact environnementale. L’adoption de l’étude de faisabilité
est également conditionnée à celle de l’étude d’impact. Du côté de
l’administration, une équipe pluridisciplinaire effectue régulièrement
des missions de suivi des problèmes environnementaux sur les sites
en exploitation. Enfin, pour les besoins d’auto contrôle, chaque mine
dispose en son sein d’une équipe environnementale. Jusque là, nous
n’avons pas enregistré de problèmes majeurs par rapport à
l’environnement.

Quelle est la situation de l’exploitation artisanale et à petite échelle ?

L’exploitation à petite échelle dans notre pays en est à ses début et
est représentée actuellement par quelques exploitations par dragues
de l’or -il y en a 8- dans certains cours d’eau et quelques unités
semi-mécanisées ou mécanisées d’extraction de matériaux de
construction -on n’en compte 4. C’est un créneau qui devrait intéresser
les investisseurs nationaux. Quant à l’exploitation artisanale, elle
existe toujours sous sa forme traditionnelle dans les zones ou elle était
pratiquée depuis des temps immémoriaux pour l’or et s’est élargie à
d’autres zones récemment avec la découverte de pierres semi
précieuses dans les localités de Sangafé, Sandaré et Nioro. Cette
activité est aussi régie par le Code minier qui la circonscrit dans les
couloirs délimités à cet effet. Nous apportons là également notre
assistance en amenant les orpailleurs à s’organiser afin de postuler à
des titres miniers. Déjà trois coopératives disposent de titre minier. Il
s’agit de la coopérative des orpailleurs de Dialafara, celle des
orpailleurs de Sitakili, et le GIE des orpailleurs de Dioulafoundouding.
Pour ce qui est des autres exploitations artisanales tels les carrières
artisanales, leur gestion relève de la compétence des autorités
locales.

Les signes de la relance et de la confiance

Selon « Le Soleil » (Sénégal) du 15 Mars 2002, le Mali compte une production de coton de 600.000 tonnes, d’or de 50 tonnes et surtout une Coupe d’Afrique des Nations dont la réussite a été unanimement reconnue. Le Mali engage l’année 2002 dans un climat de confiance et armé d’une foi qui devraient l’aider à relever les autres défis des prochains mois.

"Comme au lendemain de l’indépendance" ! C’est ainsi que des témoins de l’histoire politique du Mali ont qualifié l’ambiance des derniers jours qui ont précédé le coup d’envoi de la CAN quand la frénésie s’est emparée de tout le pays appelé à devenir pendant trois semaines la capitale du football africain pendant trois semaines.

Depuis quatre ans que tout le monde en rêvait, le moment tant attendu
était enfin arrivé. Le chemin fut parfois ardu, comme l’explique le
Premier ministre M. Mandé Sidibé dans l’interview qu’il nous a
accordée. La conjoncture économique, favorable au moment où la
candidature malienne avait été acceptée, avait fini par se retourner au
tournant de l’an 2000. Pour négocier ce cap délicat, le président
Alpha Oumar Konaré a confié les rênes du gouvernement à un
économiste avec pour mission de conduire l’effort de redressement,
indispensable au respect de ce que notre confrère L’Essor nomme
les "Grands rendez-vous de 2002". L’une des premières des priorités
du gouvernement dirigé par Mandé Sidibé fut la relance de la filière
coton dont les résultats catastrophiques en termes de production et
faiblesse des cours mondiaux avaient significativement affecté
l’économie malienne.

Durant la campagne agricole 1999-2000, les paysans maliens avaient
décidé de boycotter la culture du coton, pour manifester leur
désaccord sur les prix proposés aux producteurs. La conséquence fut
une chute de près de moitié de la production après la récolte record
de 500.000 tonnes de coton graine réalisée une saison plus tôt. Cette
diminution sensible d’un des principaux postes de recettes
d’exportation du Mali, en même temps que l’or dont les cours étaient
également orientés à la baisse, a un impact négatif sur les finances
publiques. La réponse du gouvernement de M. Sidibé arrive sous la
forme d’une loi de finances rectificative prenant en compte la nouvelle
donne économique ainsi que les remèdes pour remettre la
Compagnie malienne de développement textile (CMDT) à flot.

Plus qu’une revendication de quelques francs CFA de plus sur le
kilogramme de coton, la bouderie paysanne était le signe d’une crise
de confiance entre les producteurs et la société d’encadrement, qui
avait fêté, un an plus tôt et en grandes pompes, le record de
production de 500.000 tonnes et se retrouvait, quelques mois après,
dans des difficultés financières. Pour dissiper le malentendu et
re-motiver le monde paysan, le Premier ministre a pris l’initiative d’un
forum réunissant l’Etat et les producteurs pour débattre de tous les
problèmes de la filière coton et les mesures de relance dont la plus
significative a été le relèvement du prix d’achat au producteur à 200
F.CFA.

Cette décision, combinée à une bonne pluviométrie en 2001, place le
Mali dans la position de battre, cette année, son propre record de
premier producteur de coton en Afrique au Sud du Sahara avec une
prévision de récolte de 600.000 tonnes de coton graine. "La faiblesse
des cours mondiaux de la fibre ne permet pas de tirer tout le bénéfice
d’un tel résultat", note le chef du gouvernement malien, M. Mandé
Sidibé, qui se réjouit, toutefois, du nouveau consensus entre l’Etat et
les producteurs autour de la nécessité de la sauvegarde et du
renforcement de la filière coton. Tout autant que le coton, le bond
réalisé dans la production d’or, au cours des deux dernières années,
est une autre bonne nouvelle pour l’économie malienne.

Avec 50 tonnes du métal précieux extraites par an, le pays confirme
sa 3è place de producteur d’or en Afrique après l’Afrique du Sud et le
Ghana. Les mines de Morila (la dernière en date et l’une des plus
prometteuses), de Syama, Sadiola situées dans les régions Sud et
Ouest du Mali ont dopé une production qui a presque doublé en moins
de cinq ans, passant de 25 à 50 tonnes de production annuelle. Cette
montée en puissance du secteur aurifère aurait pu avoir un effet
d’entraînement plus substantiel sur les performances économiques
n’eût été là aussi l’éternel casse-tête de la chute des cours. Un signe
d’espoir a été noté ces dernières semaines avec, comme nous l’a
révélé le chef du gouvernement malien, un frémissement à la hausse
sur le marché mondial du prix de l’or. Mais comme d’une promesse
fragile, M. Sidibé en parle avec précaution, en attendant que
l’éclaircie se confirme.

Si cette tendance se confirmait, le Mali pourrait donner, dans les
prochaines années, un nouveau coup d’accélérateur à l’exploitation de
ses gisements d’or, avec l’atout supplémentaire que constitue
désormais un secteur de l’énergie (les mines en sont grandes
consommatrices) plus performant depuis la privatisation de Energie
du Mali (EDM). La fourniture de l’électricité en qualité et en quantité a
longtemps été une des entraves à la bonne marche de l’économie
malienne. La CAN 2002 a été un test grandeur-nature de la capacité
de EDM privatisée. Le pari a été tenu. Par ailleurs, l’éclairage public
est une réalité à Bamako et dans de nombreuses villes intérieures. La
société qui gère l’eau et l’électricité, après une expérience de
délégation de gestion peu concluante avec la Société Groupement
SHEC (consortium de sociétés françaises et canadiennes) a été
finalement privatisée, avec SAUR international comme repreneur pour
60% du capital, les privés nationaux et sous-régionaux se partageant
les 40% restants.

La filiale du groupe Bouygues, à l’adjudication, était arrivée devant les
groupes AES Sirocco limited, Vivendi et SNC Lavalin ESKOM. Les
télécommunications sont dans la même dynamique de réforme,
souligne le Premier ministre, l’objectif de la libéralisation du secteur
étant d’"offrir un service de qualité au plus grand nombre d’usagers et
au moindre coût possible". Dans le domaine de la téléphonie mobile,
la CAN a été l’occasion pour l’opérateur Malitel d’étendre sa
couverture aux villes de l’intérieur choisies pour abriter la compétition.
Au plan d’ensemble, le tableau de marche du Mali montre un pays prêt
à respecter " les grands rendez-vous de 2002 ". Le défi de la CAN a
été brillamment relevé. Le dernier pari à gagner par le gouvernement,
comme le demandait l’Assemblée nationale au nouveau Premier
ministre en février 2000, c’est la bonne organisation des élections de
2002, avec pour premier rendez- vous le scrutin présidentiel du 28
avril prochain.

L’ONA : chercheur d’or en Afrique

D’après « Libération » (Maroc) du 9 Avril 2002

Avec l’inauguration de la mine d’or de Kiniero (Gobelé) en Guinée le
04 avril, la filiale d’ONA/Managem, via Semafo-Guinée/Semafo
(Barbados) Ltd, passe du statut d’explorateur minier à celui du
producteur d’or. Le rythme de production prévu sera de 60.000 onces
d’or par an. La compagnie s’était déjà engagée à vendre une partie
de la production des cinq prochaines années, soit 160.000 onces d
’or, à un prix moyen de 292,50 dollars l’once. Le coût de cet
investissement est estimé à 18,4 millions de dollars dont 15,4 millions
de dollars concernent les frais d’exploration et de développement. La
construction des installations d’exploitation a été partiellement
financée, en septembre 2001, par un emprunt bancaire de 8 millions
de dollars contracté au taux de 12% à échéance de 2004. Cet
emprunt est garanti par Managem. En février 2002, la compagnie a
obtenu un autre financement de 4 millions de dollars.

Semafo est arrivée à devenir une compagnie minière grâce à
l’expertise technique et au support financier d’ONA/Managem,
rappelle son président et administrateur Benoit La Salle. La signature
d’une convention minière de 25 ans avec le gouvernement de la
Guinée lui permettra de bénéficier des avantages fiscaux qui auront
un effet important sur sa rentabilité.

Ce premier succès ouvre la voie à Semafo pour mettre en valeur ses
autres propriétés déjà acquises dans différents pays de l’Afrique de
l’ouest : Ghana, Burkina Faso, Mali et Niger. Elle poursuivra sa
stratégie qui a consisté, dans un premier stade, à concentrer ses
ressources financières et humaines sur les projets les plus avancés, à
savoir la mine de Kiniero (Gobelé) en Guinée, inaugurée cette
semaine, et la mine de Samira Hill au Niger. A elles deux, ces mines
ont mobilisé près de 64% des investissements miniers réalisés à ce
jour par le groupe. Comme on l’a cité plus haut, la mine de Kiniero en
Guinée a nécessité un investissement de 18,4 millions de dollars.

Celle de Samira Hill au Niger a nécessité une somme de 21,2 millions
de dollars. Avec le lancement du site aurifère Samira Hill au second
semestre 2002, l’investissement nécessaire atteindra 26 millions de
dollars pour une production annuelle de 1.135.000 onces. Le prix de
vente retenu de l’once est de 280 dollars.

Pour les autres mines, la compagnie compte les développer en
partenariat. Le total des investissements entrepris par Semafo en
Afrique de l’Ouest s’élève à fin 2001 à 61,5 millions de dollars. En
trois années, ils ont pu augmenter de 49,5 millions de dollars. Ces
investissements sont constitués des droits miniers détenus en
exclusivité, ou des participations indivises, sur des propriétés au
stade d’exploration et de développement. Par pays, les actifs miniers de Semafo en
Afrique de l’Ouest s’élève à fin 2001 à 61,5 millions de dollars. En
trois années, ils ont pu augmenter de 49,5 millions de dollars.
se répartissent comme suit : 20,3 millions de dollars pour la Guinée ;
1,2 pour Ghana ; 3,5 pour Burkina Faso ; 7 pour Mali ; 0,33 pour la
Côte d’Ivoire et 28,8 millions de dollars pour le Niger.

Le prix des ambitions aurifères de Semafo/Managem s’avère très
élevé. Les capitaux mobilisés pour financer cette activité dévoreuse
de fonds atteignent 76,8 millions de dollars desquels il faut déduire un
montant de 25,6 millions de dollars à titre de déficits cumulés des
trois dernières années. Il faut tenir compte, également, d’une perte de
702.549 dollars relative aux radiations des propriétés ne répondant
plus aux objectifs stratégiques de la compagnie. En plus des risques,
financiers et techniques, caractéristiques à toute activité minière, le
risque politique présenté par l’Afrique, sub-saharienne en particulier,
est un paramètre fondamental. Les filiales minières étrangères du
groupe marocain sauront-elles maintenir le cap pour rentrer dans leurs
fonds ? En tout cas, malgré le caractère aléatoire de ces opérations,
cela n’a pas empêché des sociétés internationales de tous bords,
spécialement celles cotées dans les bourses de Vancouver et
Toronto, de tenter la chance dans le continent des risques.

Le Mali pourrait devenir le 3eme producteur d’or en Afrique

Panafrican News Agency du 3 Août 2000

Bamako, Mali -
La production aurifère du Mali est estimée à 26,6 tonnes par an selon la direction nationale de la géologie et des mines, occupant ainsi la 4ème place après l’Afrique du sud, le Ghana et le Zimbabwe.

Mais avec la découverte récente et la mise en exploitation prochaine
de la mine de Morila dans le sud malien, le Mali pourrait d’ici la fin de
l’année prochaine, se hisser à la 3ème place a indiqué le directeur
national de la géologie et des mines M. Ibrahim A. Kantao.

Selon lui, la mine d’or de Morila représente un investissement de près
de 90 millions de dollars américains soit plus de 60 milliards de
francs CFA.

La mine d’or de Morila a un potentiel de 150 tonnes d’or et une durée
de vie estimée à plus d’une dizaine d’années pour un coût
d’exploitation de 130 à 150 dollars américains l’once contre un coût
réel mondial qui se situe entre 230 et 250 dollars des Etats unis.

Avec l’adoption récente d’un nouveau code minier plus attractif et des
réformes institutionnelles envisagées pour inciter les opérateurs
économiques à investir dans le secteur, le Mali deviendra dans les
prochaines années a précisé, M. Kantao, l’un des pôles importants du
négoce de l’or au niveau du continent.

Toutefois, le directeur national des mines a suggéré l’érection de sa
direction en établissement public à caractère administratif, un statut
qui lui confère une plus grande autonomie de gestion et un
dynamisme certain qui doit reléguer le rôle de l’Etat à un rôle de
régulateur.

Le secteur minier est aussi un des plus grands pourvoyeurs des
ressources financières de l’Etat malien avec près de 26 milliards de
francs CFA versés au titre des taxes et impôts par la mine d’or de
Sadiola au trésor public à partir de 1995.

Les prévisions de recettes pour l’Etat malien s’établissent à 150
milliars de francs CFA que doit générer durant ses 14 années de vie,
la mine de Morila dont les travaux de mise en exploitation sont en
cours.

Sur le plan de l’emploi et de l’appui aux communautés locales, la seule
mine de Sadiola a octroyé près de 800 emplois en plus d’un fonds de
80 millions de francs CFA mis en place par la société, pour financer
des petits projets de développement dans les villages situés dans sa
zone d’action.

La direction nationale de la géologie et des mines a procédé, le 1er
août dernier, au lancement d’une revue trimestrielle "info mines" pour
offrir aux utilisateurs et opérateurs économiques des informations
détaillées sur la situation des mines d’or au Mali.

2008

Les comités syndicaux du site de Morila réunis en coordination décident d’aller en grève de 48 heures, allant du mercredi 22 octobre 2008 à 00h01 mn au jeudi 23 octobre à minuit », a indiqué Boubacar Bengaly, secrétaire général du comité syndical CSTM de Morila-Sa et secrétaire général de la coordination des comités syndicaux.

Selon lui, cette grève a été programmée afin d’amener les responsables des différentes sociétés et entreprises du site de Morila, à trouver des solutions à un certainnombre de revendications des travailleurs. Pour qu’il n’y ait pas grève à Morila le 22 octobre 2008, les directions de Morila-Sa, de BME, de Analabs et de la Somadex-Sa, doivent trouver des solutions aux 8 points de revendications des travailleurs.

Ce sont : le paiement des fonds de réinsertion, l’octroi d’une prime de rendement conformément à l’annexe 4 de la convention collective des mines, l’octroi d’une prime de risque professionnel conformément à l’annexe 3 de la convention collective des mines, l’attribution d’une allocation d’ameublement pour tous les travailleurs de toutes les catégories, l’octroi d’un appui financier ou une indemnité pour acquisition de logement familial pour tous, la prise en charge totale de la gratuité des soins médicaux pour les travailleurs et leurs familles, l’octroi d’une indemnité de cherté de vie et l’attribution de matériel de protection individuelle contre les risques professionnels à tous les travailleurs exposés.

« Parmi toutes ces revendications, les quatre premières sont communes à tous les travailleurs de toutes les entreprises et sociétés du site de Morila », a indiqué Boubacar Bengaly. Selon lui, la revendication du paiement des fonds de réinsertion vise à garantir les travailleurs à la fermeture de la mine. « Nous demandons à nos entreprises qui nous utilisent depuis des années de nous verser un fonds de réinsertion d’un montant équivalant à cinq ans de salaire brut, afin de nous garantir », a-t-il précisé.

L’exploitation de la mine d’or de Morila devait en principe prendre fin en 2011, mais avec la forte exploitation du minerai, cette date a été ramenée à 2009. En ce qui concerne la revendication d’une prime de rendement, le secrétaire général de la coordination des comités syndicaux de Morila a indiqué qu’ils se fondent sur la convention collective des mines, notamment l’annexe 4. Il a précisé que cette convention a prévu des primes de rendement qui doivent être payées aux travailleurs en cas de surplus de production. « Mais, les pourcentages prévus par la convention n’ont jamais été payés aux travailleurs », a-t-il précisé. Il en est de même pour la prime de risque professionnel que les syndicalistes réclament aujourd’hui conformément à l’annexe 3 de la convention collective des mines.

Selon le secrétaire général de la coordination des comités syndicaux de Morila, si cette prime était payée comme il se devait, des ouvriers qui travaillent en profondeur allaient percevoir des primes qui avoisinent les 75% de leur salaire de base. Les laborantins et électromécaniciens devaient percevoir 50 % de leur salaire de base et ceux qui travaillent en surface allaient se retrouver avec 30%. « Mais, malheureusement au lieu de respecter ce qui est prévu dans la convention collective, les sociétés et entreprises du site de Morila, ont imposé par des méthodes détournées un taux forfaitaire de 10 000 F cfa pour toutes les catégories de travailleurs », a dénoncé Boubacar Bengaly.

Grève inévitable

Aujourd’hui, la grève est pratiquement inévitable. A moins d’un miracle, elle aura lieu à la date prévue. La tentative de conciliation initiée par l’inspection du travail de Sikasso a échoué. Salif Doumbia, inspecteur de travail et non moins directeur régional du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle, le 9 octobre 2008, a dressé un procès verbal de non conciliation des différentes parties. La tentative de conciliation initiée par la direction régionale de Sikasso a échoué sur une question préjudicielle.

Dès l’entame des débats, les directions concernées par le préavis de grève ont estimé que la coordination ne peut être une autre instance représentée des travailleurs qui supplanterait les comités syndicaux dans les négociations d’entreprise.

Selon Boubakar Bengaly, « tous les secrétaires généraux sont membres de cette coordination. Elle est impliquée dans le règlement des conflits de travail. A ce titre, elle représente valablement l’ensemble des personnels des différentes entreprises concernées et peut légitimement prendre des engagements en leur nom. C’est pourquoi, la formule d’un préavis unique signé par les secrétaires généraux et géré par la coordination a été retenue », a-t-il déclaré. Avant d’annoncer que la coordination a été mise en place parce que les négociations entre les comités syndicaux et les directions n’ont jamais abouti. Il a estimé que les différentes sociétés et entreprises qui les emploient sont de mauvaise foi.

KENIEBA

Sur la même veine aurifère que Sadiola, les exploitations ouvrent une à une…

Les financements sur ces nouvelles mines sur la vallée de Kéniéba (Tabakoto, Loulo), sont désormais entièrement privés.

Situation dangereuse, car les exploitants miniers n’ont de comptes à rendre à personne… sauf à l’Etat Malien, qui aurait parfois tendance à s’endormir sur ses dividendes.

Où va l’or du Mali ?

Les 690 milliards CFA, versés au Trésor public par les multinationales et après neuf ans d’exploitation des quatre mines industrielles du Mali, ne représentent que 30 % seulement de la valeur des exportations d’or.

Selon le rapport d’enquête de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH), c’est l’équivalent des dépenses du gouvernement dans les domaines de la Santé et de l’Education pour deux ans. C’est aussi la valeur de l’or de la seule mine de Sadiola, commercialisé entre 1997 et 2002 (614,8 milliards CFA).

Plus grave, les données publiées par les compagnies minières diffèrent, largement, des chiffres officiels.

Autre indice : à en croire le rapport d’enquête de la FIDH, les coûts de production de l’or malien sont les plus bas d’Afrique. Un exemple : pour extraire une tonne de minerai les multinationales dépensent 1,27 dollars. Pour la traiter, elles dépensent 7,28 dollars, auxquels s’ajoutent les coûts administratifs : 3,75 dollars par tonne et les taxes et redevances estimées à 23,8 dollars par once d’or. Au total, le coût opérationnel d’une tonne d’or au Mali est de 95 dollars l’once.

Avec un cours de l’or, toujours en hausse, et des coûts de production maintenus à un faible niveau, les bénéfices réalisés, par les multinationales, sur l’or malien ne cessent de croître : 108 dollars sur l’once d’or en 2003 ; 230 dollars sur l’once en 2004 et 245 dollars sur l’once en 2005.

Alors question : à qui profite l’or du Mali ?

Le conflit qui a opposé, durant deux ans, l’administration fiscale malienne aux compagnies minières, témoigne des difficultés du gouvernement malien à défendre ses intérêts, face à la machine corruptrice des multinationales.

Selon un audit publié en décembre 2003, les mines de Sadiola et de Yatela devraient, à l’Etat malien, environ 15,6 millions de dollars, au titre des taxes sur les bénéfices impayées et les pénalités afférentes entre 2000 et 2002.

Mais les directions de ces mines ont discuté avec les conseils fiscaux et ont conclu que toutes les taxes avaient été payées. Curieusement. Et, pire, que le rapport d’audit était sans fondement.

En fin de compte, l’Etat malien n’obtient qu’un tiers des sommes dûes par ces compagnies minières : 5,2 millions de dollars, alors qu’elles devaient au trésor public la bagatelle de 15,6 millions de dollars.

Pour que l’or brille pour tous les maliens, une seule solution : renégocier les contrats avec les multinationales, après un nouvel audit de toutes les mines industrielles.

Prévue, il a cinq ans, la signature des contrats d’audit est, sans cesse, reportée. Pourquoi ? Seul Abou –Bakar Traoré, Ministre des Finances, peut y répondre.

Les compagnies minières, prises en flagrant délice de … vol

Qu’elles soient sud –africaines, canadiennes, suisses ou anglo –saxonnes… les sociétés minières décrochent, pour une bouchée de pain, d’importantes concessions. Sous prétexte, qu’elles sont les seules à pouvoir installer les infrastructures, permettant l’extraction du métal jaune malien, à l’échelle industrielle.

Elles s’accaparent de superficies de terres, dépassant, parfois, celles autorisées par leurs contrats, sur lesquelles elles érigent des forteresses impénétrables, dirigées par des sud–africains, qui imposent leurs conditions de travail à la main d’œuvre locale.

Mais de ces millions de dollars, extraits chaque mois de notre sous –sol, le Trésor public ne perçoit que des broutilles, dont l’Etat malien se contente. Curieusement.

Alors question : l’or, une malédiction pour le Mali ? Enquête.

Des villages disséminés dans la brousse, des champs de mil et de coton, abandonnés aux maigres troupeaux de bœufs, de moutons et de chèvres…

La vie est loin d’être rose pour les paysans et éleveurs de la localité de Bougouni.

Et pourtant, c’est ici qu’a été inaugurée, le 15 février 2001, l’usine d’exploitation de la mine d’or de Morila. Avec une réserve, estimée à plusieurs centaines de tonnes, ce site minier est réputé, comme le plus prometteur des mines répertoriées dans le Kénédougou.

C’est la compagnie sud –africaine, Anglogold qui l’exploite. Avec un rendement moyen de 19 tonnes d’or par an.

Si la gestion de cette mine est réputée rigoureuse, avec parfois des méthodes dignes, du régime de l’apartheid, les responsables d’Anglogold accordent peu d’intérêt à la protection de l’environnement.

Depuis sept ans, l’ONG « Guamina » tente d’alerter les pouvoirs publics sur les risques encourus par les populations. En vain !

Pour museler les populations, au bord de la révolte, la direction d’Anglogold a électrifié certains villages, installé un réseau d’adduction d’eau et fait construire quelques salles de classe pour pouvoir scolariser les enfants sur place.

Geste de solidarité ou rachat du silence des populations locales ?

Une certitude : selon les études menées sur le terrain par l’ONG « Guamina », les eaux souterraines de Morila sont contaminées par le cyanure. La flore, aussi.

Contrats flous, manque de transparence.

Mais, à côté de la mine industrielle, même les éleveurs ont appris, à leurs dépens, à se méfier du « gaz qui tue ». « Il y a eu, il y a quelques années, un écoulement. Une demi–douzaine de bœufs ont péri », raconte un éleveur de Morila.

Avant de formuler un souhait : celui de voir les autorités maliennes ouvrir une enquête, sur l’impact de l’usine de Morila sur leur environnement.

Face au mirage des milliards, générés par le métal jaune, de nombreux problèmes liés à l’exploitation de l’or, par les sociétés minières, demeurent : destruction de la flore et de la faune, fragilisation des sols, dispersion du cyanure dans la nature, contamination des hommes et des animaux.

Après inspection de la mine de Sadiola, l’ONG « Guamina » est parvenue à la même conclusion à Morila : la contamination des eux souterraines par le cyanure.

La ruée des sociétés minières vers l’or malien s’explique par la politique d’attraction, initiée par le gouvernement malien. C’était dans les années 1990.

Des multinationales, comme Anglogold, Rangold, Iamgold, Nevsun Resources, African Metals Corps…s’arrachent des concessions pour l’exploitation de l’or malien.

Mais le manque de transparence, dans l’établissement des contrats, le non –respect du code minier par les multinationales, et les conditions réelles d’exploitation du sous –sol malien rendent difficile le contrôle de ces compagnies minières. Selon une source proche de la Direction Nationale de la Géologie et des Mines, l’Etat malien exerce un contrôle lointain sur les multinationales : « Ce sont elles qui exploitent et qui commercialisent l’or du Mali » explique t –il.

Conditions de travail, dignes du régime de l’apartheid

Aux contrats flous, s’ajoutent les compagnies minières fantômes, qui siphonent de l’or malien. C’est le cas de la multinationale AXMIN, prospectant, non loin de Sadiola, à la frontière avec le Sénégal.

Dirigée par un suisse, jean –Claude Gandur, la Compagnie a obtenu quatre concessions d’exploitation dans la zone de Kofi (règion ouest du Mali). Avec des intérêts qui donnent froid dans le dos.

Bref, l’or du Mali profite, largement, aux multinationales qui décrochent, pour une bouchée de pain, d’importantes concessions. Sous prétexte, qu’elles sont les seules à pouvoir installer les infrastructures, permettant l’extraction de l’or à l’échelle industrielle.

Les usines de traitement du minerai s’accaparent de superficies de terres, dépassant celles autorisées par leurs contrats, sur lesquelles elles érigent des forteresses impénétrables, dirigées par des sud –africains, qui imposent leurs conditions de travail à la main d’œuvre locale.

Certaines multinationales ont, parfois, recours à des méthodes de travail dignes du régime de l’apartheid. Comme l’a démontré, Camille Vitry, dans son film intitulé : « le prix de l’or », présenté au forum des peuples, tenu à Kita.

Le second dégât, causé à notre pays, par les multinationales, est d’ordre financier.

En neuf ans d’exploitation de nos mines, c’est-à-dire entre 1997 et 2005, les quatre mines industrielles du Mali n’ont rapporté que 690 milliards CFA à l’économie malienne. Soit, 76 milliards CFA par an.

L’Or du Mali, pillé par les multinationales

De ce pactole, l’Etat malien n’a touché que 49,4 %, l’équivalent de 341,7 milliards CFA. Le reste, c’est-à-dire 294 milliards CFA (42,6 %) est reparti entre les fournisseurs : carburant, matériel de bureau, lubrifiants etc…

S’y ajoute la part des salariés qui, durant ces neuf années, n’ont touché que 45 milliards CFA. Soit 6,5 % seulement de la rente minière. Quant aux populations locales, premières victimes du cyanure, elles n’ont bénéficié que de 9,2 milliards CFA. L’équivalent de 1,3 % de la rente minière.

Selon le rapport d’enquête de la Fédération Internationale des Droits de l’homme (FIDH), l’or malien profite, seulement, aux multinationales.

« Le Mali a offert aux investisseurs internationaux un environnement propice à leur enrichissement, mais qui ne garantit, ni le respect des droits fondamentaux, ni l’amélioration, à long terme, des conditions de vie de la population », précise le rapport de la FIDH. Car, dit –elle, les multinationales maximisent leur profit, avec la complicité d’un Etat, qui ne peut ou ne veut contrôler leurs activités. Un Etat qui, toujours selon le rapport d’enquête de la FIDH, ne peut obliger les sociétés minières à respecter leurs obligations, en matière de droits de l’Homme et de protection de l’environnement. Et le rapport d’enquête de la FIDH de conclure : « le Mali, pauvre d’entre les pauvres d’Afrique Sub–saharienne, a offert aux investisseurs internationaux un environnement propice à leur enrichissement, avec des coûts d’exploitation parmi les plus bas du monde, au détriment du sien », nous y reviendrons, dans nos prochaines éditions.

Depuis 1994, la Banque Mondiale, à travers sa filiale spécialisée dans les prêts au secteur privé, la SFI, est actionnaire de la mine d’or de Sadiola. Selon elle, la mine représente une contribution positive au développement, car elle génère des revenus importants pour le gouvernement du Mali. La participation de la Banque Mondiale dans la mine devait assurer que les impacts négatifs seraient minimisés. Par contre, après presque 7 ans de production d’or, la population de Sadiola ne bénéficie pas beaucoup du projet, et pour elle les problèmes se sont multipliés depuis l’arrivée d’Anglogold. Les habitants se plaignent de la perte de terres cultivables, de la dégradation de l’environnement, de la contamination de l’eau , de l’augmentation des maladies, de la mort de bétail. "De quel développement s’agit-il ?", demandent-ils à la Banque Mondiale. En réponse aux soucis de la population, la SFI propose la mise en oeuvre d’un « Plan d’Action de Développement Régional Intégré »

La mine d’or à ciel ouvert est située au Mali dans la région de Kayes. Le projet est dirigé par la Société SEMOS, une joint-venture formée par Anglogold (38%), Iamgold (38%), le gouvernement malien (18%) et la Société Financière Internationale, SFI (6%). La SFI est la filiale de la Banque Mondiale spécialisée dans le financement du secteur privé. L’Agence Multilatéral de Garantie des Investissements (AMGI) de la Banque Mondiale a fourni à Anglogold une assurance contre les risques politiques d’une valeur de 36 millions de dollars. La mine d’or de Sadiola serait une des opérations les plus rentables d’Afrique. Elle a commencé sa production en 1996 et sa fermeture est prévue pour 2009 en se basant sur les réserves actuellement connues. Selon Anglogold, Sadiola a produit 14,9 tonnes d’or en 2002.

En 2001, la mine de Yatela, à 15 kilomètres de Sadiola, dirigée également par la SEMOS, est entrée en activité.

Problèmes générés par la mine

Il est généralement reconnu qu’une exploitation de ce type génère un certain nombre de problèmes environnementaux, de santé, et d’ordre social. L’exploitation de la mine d’or à Sadiola a été précédée par une étude d’impact, réalisée par la société Envirolink en 1994. Ce rapport a été jugé « conforme aux directives opérationnelles de la Banque Mondiale » par la SFI, cofinanceur et actionnaire du projet. Une deuxième étude a été réalisée en 2001, quand a commencé« l’extraction de minerai sulfure tendre » en sous couches. L’exploitation du sulfure a comme conséquence une augmentation importante du transport de cyanure vers la mine et de son utilisation, il en résulte une concentration de cyanure plus élevée dans les rejets par ailleurs en forte augmentation.

Dégradation de l’environnement et risques pour la population

L’exploitation d’or soulève principalement des problèmes liés à l’utilisation de produits toxiques(cyanure) pour le traitement de l’or et à la consommation d’importantes quantités d’eau. La mine produit des déchets hautement toxiques, et notamment des boues polluées. L’exploitation à ciel ouvert engendre des quantités importantes de poussière, du fait de l’excavation et du transport. D’autres problèmes sont relatifs au bruit, à la production de déchets, à la pollution de l’air, à la déforestation et à la destruction de l’habitat des espèces sensibles ? et des terres cultivables.

L’eau : Ressource rare et précieuse - gâtée et polluée

Un des problèmes principaux est l’utilisation excessive d’eau dans une région aride où les populations sont privées de cette ressource vitale. Pour assurer la consommation de la mine, l’eau du fleuve Sénégal est détournée via un tube de 60 kilomètres de long. En 2002, selon Anglogold, le projet a pompé plus de 5,6 millions de m3 d’eau pour répondre aux besoins de la mine. Il a été indiqué par le personnel d’Anglogold que la société a payé une licence pour prélever l’eau du fleuve mais ne paie pas l’eau consommée.

L’un des bénéfices potentiels de l’exploitation minière souvent cité, est que la mine peut fournir aux villages locaux des puits d’eau potable. C’est en fait un des critères qui permet aux promoteurs de cette industrie de conclure que les avantages de l’exploitation l’emportent sur les conséquences négatives en matière d ’environnement. La SEMOS constate que la mine approvisionne les villages de Sadiola et Farabakouta en eau. Cependant , le problème de non-disponibilité de l’eau reste réel, et a été la cause de plusieurs soulèvements populaires à Sadiola. Selon nos informations, en mars et avril 2003, la population de Sadiola a marché du village jusqu’à l’usine en protestant contre les coupures d’eau. La mine était protégée par des Gendarmes armés qui étaient dépêchés de la ville de Kayes. Selon des témoignages des villageois (et de la SEMOS), la mine a répondu à la demande de la population en approvisionnant à nouveau le village. L’eau ne coule toujours pas de manière permanente au niveau du village, la distribution est plutôt « divisée » : d’ un coté de Sadiola, l’eau est disponible pendant quelques heures du soir, soit entre 18 heures et 1 heure du matin, et de l’autre coté, l’eau coule pendant la journée.

L’eau est utilisée par l’usine pour l’extraction de l’or. Au regard de l’énorme consommation industrielle , l’eau utilisée dans les foyers, ou dans la mine pour la piscine et les jardins arrosés toute la journée, est négligeable. A part l’utilisation excessive, il y a des risques de pollution, notamment de la nappe phréatique et des cours d’eau avoisinants par infiltration, suintement, drainage, débordement. Les risques principaux sont liés à l’utilisation du cyanure dans le traitement de l’or et à la présence de métaux lourds dans le minerai. L’un des soucis principaux non résolu concerne le problème de l’ « Acid Mining Drainage » (AMD), qui risque de contaminer les nappes phréatiques à long terme, même après la fermeture de la mine.

Des vaches sont entrées dans la mine, en paissant à coté du barrage de rétention de l’eau. Selon la SEMOS cette eau n’est pas potable. " La poussière, c’est notre plat quotidien "
Comme il est mentionné dans l’étude d’impact de 1994, l’activité minière a comme conséquence des émissions massives de poussières, « ayant un effet significatif sur la qualité de vie des populations ». S’ajoute le risque relatif à la qualité des poussières, qui sont souvent nocives, contenant des silices ayant un impact sur la santé. La poussière a également un impact sur la faune dans la mesure où « des quantités considérables de poussière se déposeront sur la végétation et les récoltes agricoles ». Selon l’étude d’Envirolink, « l’activité minière ne fait qu’empirer le problème de la poussière dans la région du Sahel ». De nombreux témoignages de la population confirment ce constat et font état de pathologies chroniques et de maladies respiratoires liées à la poussière.

La route principale de Kayes, qui traverse le village de Sadiola, est utilisée pour transporter le cyanure vers la mine. Les camions, dont chacun contient 40 tonnes de cyanure, passent par le village en convois de huit dans la saison sèche. La population souffre des impacts nuisibles générés par la poussière. Une catastrophe sociale et sanitaire ?
L’exploitation de l’or a comme conséquence un afflux significatif de population d’autres régions du Mali et de l’étranger. Des milliers de personnes sont arrivées à Sadiola, dans l’espoir de trouver un travail ou de démarrer un petit commerce. Sadiola comptait environ 400 habitants avant l’ouverture de la mine , elle héberge aujourd’hui plus de 4000 personnes. Cet accroissement de la population locale aggrave le problème d’approvisionnement en eau, et le manque chronique d’eau. Il augmente la pression sur les ressources naturelles, comme le bois, et cause des problèmes sanitaires liés aux déchets et à leur traitement. Finalement le risque de propagation de nouvelles maladies est élevé. C’est notamment le cas des Maladies sexuellement transmissibles, telles que le SIDA, dont le taux est dramatiquement élevé et lié au développement de la prostitution. Les hommes célibataires qui arrivent en masse dans la région à la recherche d’un travail attirent des femmes qui se prostituent. La population de Sadiola déplore aujourd’hui des troubles sociaux graves dus à l’arrivée massive d’étrangers, l’apparition de la prostitution et l’augmentation de la criminalité.

"Et après la mine, que deviendra Sadiola ?"

S’agissant de l’exploitation d’une ressource limitée, une mine d’or n’est pas une activité durable. La fermeture de la mine est planifiée pour 2009, sur la base des réserves connues. Par contre, les dégâts environnementaux et sociaux risquent d’être laissé en héritage à la population de Sadiola sans moyen pour les réparer. La population de Sadiola a augmenté de 400 habitants environ à plus de 4000. Sans infrastructures adéquates, comment éviter un désastre social et sanitaire ? comment la population sera-t-elle protégée contre les risques de contamination, et les dangers que posera le site minier une fois qu’il sera abandonné ? La SEMOS est en train de développer un plan de fermeture. Ce plan doit tenir compte de toutes les préoccupations des riverains, et il devrait être développé avec la participation de la société civile.

Ainsi est créée une dépendance dangereuse vis-à-vis de la mine, qui risque de se faire sentir plus particulièrement à la fermeture de la mine. Que deviendront les ouvriers (environ 1000 en 2003 pour le site de Yatela) et leurs familles qui dépendent entièrement de la mine, après sa fermeture ?

Les mines d’or de notre pays continuent de faire des victimes, à cause d’un produit toxique qui ravage tout sur son chemin. Une situation dénoncée et décriée par la presse, mais toujours les victimes se suivent et se ressemblent. Le récent cas est survenu à Sadiola où un ouvrier a failli perdre son âme. Après les analyses médicales avec constat d’huissier, il a été révélé que l’intéressé a de sérieux problèmes pulmonaires. Tous les indices ont prouvé que le mal est causé par le cyanure. Evacué d’urgence à Bamako pour le traitement, ledit ouvrier a été renvoyé par la direction de la mine de Sadiola. Selon des sources une autre maladie appelée « La dingue hémorragique » aurait tué des habitants de Sadiola.

La mine sans bonne mine
Les paisibles citoyens et les pauvres ouvriers n’ont pas bonnes mines à la mine d’or de Sadiola. La déception et la consternation galopent à pas de géant. Au moment où l’environnement et la santé se dégradent, l’indifférence et l’insouciance des sociétés pilleuses montent en grade. Pour rappel, l’association Action Pour l’Environnement et la Santé (APES) avait assigné en justice les sociétés minières du Mali. Elle leur reprochait, la dégradation de l’environnement qui expose les populations à beaucoup de maladies. C’est le tribunal de la commune I qui a tranché et l’association a perdu le procès. L’APES a fait appel et dans un futur proche, le verdict serra connu.

En son temps Rand gold et Anglogold ont organisé une conférence de presse pour tromper la vigilance des journalistes. Mais aujourd’hui la réalité du terrain commence à donner raison à l’association plaignante, car la dégradation de l’environnement continue son cortège de victimes. Les arbres sont coupés sans être remplacés et le cyanure est versé à ciel ouvert dans certains endroits. Le vide créé par les creusements, n’est pas remplacé. Les oiseaux sont chassés par des hommes en carabines pour qu’ils ne survolent pas les zones toxiques. Les animaux, dans leur pâturage, ont leur vie en danger. Malgré ces constats amers, les mines dictent leur loi à l’Etat qui n’a que des broutilles, si l’on compare les taux.

Ce n’est pas seulement au Mali

Il en va de même partout sur la planète

Les mineurs sont exploités, les populations locales en sont aussi victimes ...

... comme ici au Sénégal

Mines d’or : Sabodala, terminus de la mondialisation [Fr]

Gilles Labarthe
Datas (Suisse)
Le 27-08-2008 (Publié sur internet le 09-09-2008)
1218 mots

Dans la région de Sabodala, des multinationales se partagent les concessions de l’un des plus importants gisements d’or de toute l’Afrique de l’Ouest. Au mépris de la population locale et de l’environnement.

Attention, nouvelle série d’explosions aujourd’hui à 15 heures. Vous avez 15 minutes pour quitter le village. Depuis quelques mois, les habitants des localités comme Mamakono, Falombo et Sadobala, situés à 650 km à l’est de Dakar, doivent se plier à ce genre de directive. Les avis sont affichés sur des panneaux géants, en bordure de route. Hommes, femmes, enfants, vieillards ou nourrissons... tous sont sommés de déguerpir à au moins deux kilomètres de leur foyer. Une simple mesure de précaution, à en croire les compagnies minières présentes dans le secteur, qui recourent massivement à la dynamite pour faciliter leurs activités d’extraction. Les dégât sont pourtant innombrables.

A Makhana, situé à un jet de pierre de Sabodala, cela fait depuis bientôt une année que les quelque 400 habitants sont ballottées entre le village et la nature pour éviter de se faire broyer par les explosifs utilisés par la compagnie MDL, s’indigne Lassana Dagnokho, porte-parole des jeunes. Plusieurs chèvres et des boeufs auraient déjà succombé sous le coup des décharges. Les ondes de choc provoquent fissures ou éboulement des maisons.

Soulèvement populaire

La presse sénégalaise n’hésite pas à parler de foyers de tensions pour évoquer la situation qui s’est installée dans une bonne moitié de cette communauté rurale de Khossanto, regroupant 24 villages, depuis le début de l’exploitation minière à échelle industrielle.

Plusieurs marches de protestation ont déjà été organisées contre les sièges des compagnies minières exploitantes. Un soulèvement populaire a même eu lieu en novembre 2007, au cours duquel le président de la communauté, Mady Cissokho, a failli se faire lyncher : beaucoup l’accusent de s’être fait acheter par les sociétés minières, et de ne plus défendre la cause des populations locales.

C’est le même Mady Cissokho, grand et corpulent, que nous croisons ce matin d’août 2008 sur la piste menant à Sabodala : seul sur sa moto tout-terrain, revenant de la chasse. Fusil en bandoulière, petit gibier à plumes sanglé à mort sur le porte-bagages. A l’écouter, la cohabitation avec les cinq multinationales de l’or actives dans la région et détentrices de vastes concessions – allant de 23 à plus de 1000 kilomètres carrés – ne serait pas si alarmante : le président de la communauté rurale y voit plutôt une opportunité en termes d’emploi.

Méthodes agressives

Mady Cissokho compte sur le temps pour arranger les choses : Les débuts sont difficiles, il peut y avoir des dérapages, mais on essaie de les corriger ensemble. C’est mon premier mandat comme président. Et pour les cinq sociétés minières présentes ici, dont MDL (compagnie australienne, ndlr), Oromin (canadienne), Axmin (suisse) et Randgold (sud-africaine), c’est aussi leur première expérience du Sénégal. Le travail avec les explosifs ? Les gens ont été avertis. Si tous les tirs se passent comme ça, on ne souhaite pas mieux, tellement les choses sont maîtrisées. L’expropriation des champs, au bénéfice des compagnies minières ? On n’en parle plus parce que la population est largement satisfaite. Moi-même j’ai eu 2 hectares en guise de dédommagement. Les risques liés à l’environnement ? Une étude d’impact a été menée, sous la conduite de l’Institut Tropical. Mais bon, il est encore trop tôt pour parler de pollution, l’exploitation n’a pas encore commencé.

Les avis sont plus tranchés à mesure que l’on se rapproche de Sabodala, qui focalise beaucoup d’espoirs, mais aussi de craintes pour l’avenir : il s’agit bien de la première zone d’expérimentation de l’exploitation officielle de l’or au Sénégal, comme nous le rappelle Ibrahima Sory Diallo, directeur de la seule ONG du pays à documenter les conditions exactes dans lesquelles travaille l’industrie minière (lire ci-dessous). MDL est en effet la première société minière a être récemment entrée en phase d’exploitation au Sénégal oriental. Ses méthodes de travail agressives et les innombrables avantages fiscaux qu’elle a obtenus sous prétexte d’attirer les investisseurs internationaux au Sénégal (lire ci-contre) lui ont forgé une mauvaise réputation en un temps record.

Arrivés à la hauteur de sa toute nouvelle cité minière, qui abrite plus de 500 employés – en majeure partie des expatriés –, on découvre une sorte de campement militaire retranché derrière des hautes barrières, entouré sur toute sa longueur de barbelés. Tours de surveillance et gardes armés complètent le tableau. MDL a purement et simplement annexé la piste reliant Falombo et Sadobala pour installer la base de ses opérations, obligeant maintenant les habitants à effectuer un détour de plusieurs kilomètres. Plus loin, derrière une large colline de remblais de minerai, pelleteuses, foreuses, bulldozers et une dizaine de camions géants Komatsu, qui peuvent transporter des charges de 100 tonnes de minerai, poursuivent inlassablement leur travail de déforestation et d’excavation : le premier puits à ciel ouvert a déjà atteint plus de 50 mètres de profondeur, sur un chantier qui devrait atteindre une dizaine de km2.

Pâturages interdits d’accès

La direction de MDL, qui fournit peu d’informations aux communautés locales sur l’étendue de ses projets, ne cache pas à ses actionnaires que le cratère devrait bientôt plonger à près de 200 mètres sous terre : il faut beaucoup creuser pour atteindre les meilleurs filons. Et pour MDL, le temps presse : la société australienne a promis à ses partenaires financiers – dont Macquarie Bank et la Société Générale – que le premier lingot serait coulé en septembre 2008.

En attendant, la concession minière a déjà bouleversé les modes de vie traditionnels, comme en témoigne un habitant de Sabodala : La route a été déviée, il y a des axes qui sont barrés, on n’ose plus passer. Une bonne partie de nos champs et de nos pâturages sont interdits d’accès. :ils sont désormais sur les concessions de MDL. Les propriétaires n’ont pas reçu de dédommagement, ils ne sont pas indemnisés. Pour cultiver aujourd’hui, il faut parcourir 15 à 20 kilomètres ! La population ne sait plus où aller, poursuit notre observateur, sous couvert d’anonymat.

ZAMBIE

LUSAKA, 6 mai (Xinhua) — Une compagnie minière zambienne a licencié plus d’ouvriers afin de réduire ses frais, car l’effondrement économique mondial a ébranlé l’industrie des mines dans ce pays d’Afrique australe, a rapporté mercredi le journal Times of Zambia.

La compagnie Mopani Copper Mines (MCM) a licencié 936 ouvriers dans ses puits à Mufulira et Nkana pour davantage réduire les frais et maintiendra actuellement un effectif de 7.500 personnes, a ajouté le journal.

ET, EN BOLIVIE, A L’AUTRE BOUT DE LA PLANETE ... C’EST LA MEME CLASSE EXPLOITEUSE ET ... LA MEME CLASSE EXPLOITEE !!!

Deux mineurs au moins ont été tués et de nombreux autres blessés mardi en Bolivie lors d’affrontements contre les forces de l’ordre dans la principale mine d’étain du pays, rapportent des radios boliviennes.

Les violences se sont produites sur le site de Huanuni, ou les mineurs sont en grève pour réclamer la retraite à 55 ans et un relèvement des pensions. Elles ont éclaté lorsque des policiers ont tenté de déloger des grévistes qui bloquaient une route, a précisé le ministre de l’Intérieur, Alfredo Rada.

“C’est un massacre, et la responsabilité en revient au seul (président) Evo Morales“, a dénoncé le leader syndical Felipe Machaca au micro de radio Erbol.

La mine de Huanuni, à 260 km au sud de la capitale, La Paz, est régulièrement le théâtre de mouvements sociaux et de troubles. En avril, les mineurs avaient fait grève pendant douze jours. Fin 2006, la production avait été stoppée plusieurs semaines à la suite de violents affrontements entre des groupes rivaux de mineurs qui avaient fait 18 morts.

Mineurs (et travailleurs) de tous les pays unissez-vous !

Encore sur les mines d’or du Mali

Portfolio

Messages

  • MAtière et bon filon (de la connaissance) un site d’exploitation de la matière grise (pas celle des autres...la mienne et chaque individu qui le souhaite).

  • Quelle est l’histoire de la mine de Morilla sur laquelle vous avez enquêté ?
    La mine s’installe en 1998 et commence à exploiter en novembre 2000. Une seule concession est exploitée, mais l’entreprise en possède huit autres dans la région. La mine devait avoir une durée de vie de treize ans, mais finalement, elle cessera ses activités huit ans après sa création, en 2009.
    Cette mine est une conséquence du boom minier industriel qu’a connu le Mali. Dans les années 80, la Banque Mondiale force le pays à s’ouvrir aux investissements étrangers et à ne plus avoir de contrôle sur les flux financiers. Cette dérégulation permet l’arrivée massive de sociétés qui ont toute liberté pour s’installer et exploiter. La nouvelle législation leur permet de contrôler tous les aspects de la production : contrôle de l’exploitation de la mine, des produits chimiques et de l’exportation.
    C’est pendant cette période que des belges obtiennent une concession d’exploration dans la zone qui allait devenir la mine Morila. En suivant les pistes traditionnelles des orpailleurs locaux, ils identifient une vaste mine avec des teneurs en or exceptionnelles : 900 g par tonnes de minerais ! L’étude d’Impact Environnement et Social (EIES) faite pour la compagnie confirme cette information.

    Qui sont les différents acteurs de ce projet d’exploitation ?
    Dans le contrat signé avec le gouvernement malien, l’exploitant supposé est Union Minière, compagnie belge qui exploite aussi au Congo. Mais à ce moment-là, Union Minière est nationalisée par Mobutu et la branche commerciale, UMICORE, s’en détache et s’installe à Washington.
    Cette séparation est probablement la raison pour laquelle, l’exploitation de Morila passe dans les mains d’Angloglod Ashanti et de Randgold Resources à travers la filiale Morila SA. Angloglod et Randgold sont les branches spécialisées dans l’exploitation minière de deux consortiums financiers : Oppenheimer et Angloamerican.
    Le premier est connu pour avoir le monopole de l’extraction de diamants et de l’or en Afrique du Sud. Le deuxième est une major du secteur minier. Etienne Davignon, célèbre figure de la vie politique et économique belge, fait partie de son conseil d’administration.
    Étienne DAvignon est une des grosses fortunes de Belgique qui s’est d’abord bâtie avec la colonie au Congo. Il est impliqué dans l’assassinat de Lumumba et la mise en place de Mobutu. Il a participé à la création dans les années 70 du think tank « Groupe de Bilderberg » (pour la création d’une Europe libérale). Il est un des principaux acteurs du dossier Morila et a été à la tête d’Union Minière
    Le contrat d’exploitation de la mine Morila porte sur l’or, mais Morila SA exploite aussi du nickel, des platinoïdes, de l’argent… Cela ne fait pas partie des contrats, mais ça fait partie du processus de spoliation dans le sans où l’épuration de l’or se fait en Afrique du sud.
    Autre information intéressante : si Anglogold et Rangold ont certes créé Morila SA, c’est la Somadex, une entreprise sous-traitante, qui extraie l’or. Et la Somadex, c’est Bouygues….

    Le groupe Bouygues n’est pas connu pour ses capacités techniques dans l’exploitation de l’or !
    Ils ont toute la capacité qu’ils veulent quand il y a du fric derrière.

    Que s’est-il passé avec les populations locales qui vivaient sur le territoire de la concession de Morila ?
    Il y avait environ 20.000 personnes sur le territoire concerné. Ce sont des Bambaras qui vivaient et travaillaient ces terres, surtout des agriculteurs et des forgerons.
    Entre 1.000 et 1.500 habitants furent directement déplacés mais en tout, 10.000 personnes qui dépendaient de cette zone pour l’agriculture ont perdu leur accès à ces terres. Ces populations n’ont pas été informées ni consultées d’une manière adéquate. Traditionnellement au Mali, la terre est un bien commun qui est géré par les sages, les notables du village. On ne peut donc normalement pas vendre la terre. Mais l’État a donné les droits d’exploitation à l’insu de la population. La compagnie a donc pu acheter des terres, le plus souvent à très bas prix : cinquante euros pour sept hectares. Aussi, l’entreprise avait promis septante emplois par villages. Au final, n’y en eut que trois ou quatre.
    Parallèlement, à Domba, un village situé sur une des concessions minières à côté de Morila, la direction de la mine est venue interdire aux orpailleurs traditionnels d’exploiter l’or de surface. Alors que les gens exercent cette activité depuis la nuit des temps, à la pioche et qu’il existe actuellement, selon des estimations, 200,000 personnes qui vivent de l’orpaillage au Mali….

    Autour de la mine, quelles sont les conséquences observables de cette exploitation sur l’environnement ?
    Les problèmes de pollution sont en général liés à la surexploitation. En surface, les taux d’or présents dans les roches sont élevés. Mais en profondeur, ils le sont moins. C’est à ce moment-là qu’intervient l’exploitation minière industrielle qui utilise les produits chimiques. On peut donc dire que les problèmes de pollutions environnementaux sont liés à la surexploitation.
    Un autre problème : l’eau. Il s’agit d’une zone où il y a beaucoup d’eau. Mais avec une extraction de quatre millions de tonnes de minerais par an et un brassage dans dix-sept millions de mètre cube d’eau dans lequel se déverse aussi sept tonnes de cyanure, l’accès à l’eau en général et à une eau saine en particulier est très compliqué pour les villageois. L’eau qui sert au traitement du minerai va dans la nappe phréatique. Elle est déversée d’abord dans un bassin de rétention qui fait environ quarante hectares mais qui ne possède aucun système de protection, pas de bâches. Par conséquent, les eaux usées peuvent s’infiltrer dans le sol. La compagnie minière prétend que le cyanure s’évapore. D’une part, ce n’est vrai qu’en surface, d’autre part, il s’évapore dans l’air qu’on respire. De plus, avec le système de cette mine, du cyanure s’infiltre quand-même dans le sol et donc dans les nappes phréatiques. Enfin, il y a aussi le problème de la pollution insidieuse à l’arsenic. En effet, j’ai vu des trains d’écoulement avec des traces de carbone et d’arsenic. Le minerai explosé lors du processus d’exploitation libère l’arsenic dans l’environnement.

    Y a-t-il des impacts sur la santé des travailleurs ou des populations de l’utilisation des produits chimiques ? Et comment ces populations ont-elles réagi à cette situation ?
    Oui, il y a eu de nombreux cas d’étourdissement qui ont provoqué des accidents souvent mortels. En effet, le cyanure est un anoxiant qui agit par asphyxie en se fixant sur le sang. Il aura fallu cinq ans pour que l’accumulation des intoxications inquiète les populations et que celles-ci fassent le lien entre leurs problèmes de santé et l’exploitation minière. En mai 2005, à Morila, un homme est mort devant la porte de la mine. Un de trop.
    C’est à partir de là que les gens ont commencé à s’organiser. Le sentiment général était la colère. Une grève a commencé en juillet car les gens se rendaient compte qu’ils mouraient les uns après les autres.
    Ensuite, il s’est avéré que ni les conditions de travail ni le système de prime n’étaient respectées. Et il y avait des problèmes avec les contrats des travailleurs : il y avait plus de 300 contrats falsifiés qui étaient en réalité des contrats d’essai, systématiquement photocopiés.
    Les populations locales se sont senties trahies sur toute la ligne par les autorités du pays et par les autorités de la mine.
    Mais maintenant que la mine est fermée, elles ne peuvent plus revendiquer leurs droits car elles n’ont plus personne à qui se plaindre : la SOMADEX a disparu et est devenue MARS, pour l’exploitation d’une autre mine. Il n’y a donc plus d’interlocuteur juridique.

    Y a-t-il selon vous une dimension internationale à ce problème, un shcéma qui se répète ailleurs dans le monde ?
    Toutes ces sociétés minières ont un siège dans un paradis juridique : le Canada. Et pour la circulation des flux financiers, ces compagnies ont des sièges dans les paradis fiscaux.
    Le contrat minier imposé au Mali est calqué sur le code minier canadien. De plus, l’époque coloniale n’est pas loin avec la liquidation des opposants et la corruption. Quand il y a 890 grammes d’or qui disparaissent sur 900, on voit bien la marge que les grosses compagnies minières ont pour corrompre autour d’elles… Le fait est que nous sommes dans un système de dérégulation générale où l’État ne peut jouer aucun rôle de contrôle. Tout le contrôle se retrouve dans les mains des multinationales.

    La coopération entre les pays du Nord et du Sud permet-elle d’améliorer la situation des peuples victimes de ce type d’exploitation ?
    La présence de la coopération est directement liée à la présence des multinationales. La coopération, c’est la mission du capital. Au même titre que pendant les colonies on a envoyé l’église catholique, maintenant on envoie des coopérants. Ils jouent exactement le même rôle, mais avec des outils plus élaborés, plus sophistiqués.
    Jean Bofane en parle bien dans son bouquin, Mathématiques congolaises : la coopération est le vecteur de rétribution d’un petit pourcentage des fruits de l’exploitation qui s’occupe de conditionner cette rétribution par des critères choisis, décidés en Occident.

    La coopération, par l’argent, conditionne le fonctionnement politique de ces pays : les « démocraties » provoquées sont faites pour faire valoir l’incapacité humaine, politique et sociale du colonisé et pour imposer le savoir-faire occidental.

    Source : www.michelcollon.info

  • Le groupe anglo-américain Randgold est un géant mondial de production d’or. Il possède trois sites miniers au Mali dont deux (Loulo et Gounkoto) font partie des 10 plus grandes mines au monde. Il possède aussi une mine au Sénégal et en Côte d’Ivoire.

    Le patron de ce groupe a fait un petit saut à Bamako pour rencontrer les autorités maliennes. Le 29 janvier, il a convoqué les médias locaux pour leur expliquer qu’en 21 années de présence au Mali, son groupe a « enrichi » le pays en y injectant « 2 879 milliards de FCFA. Soit 5,4 milliards de dollars US sous forme d’impôts, de redevances, de salaires et de paiements aux fournisseurs ». Il a énuméré toutes les « bonnes œuvres » réalisées par son groupe, genre écoles, bourses d’étude, centre de soins, forages des puits, microcrédits, etc. Bref, il s’est présenté comme le bon samaritain qui vient en aide à un pays pauvre. Il a même eu le culot de demander au gouvernement malien de l’aider à lutter contre les orpailleurs locaux qui s’installeraient illégalement sur ses terrains et qui empoisonneraient le sol par l’utilisation du cyanure. Il a aussi demandé au gouvernement de rendre encore plus « attractif » son Code minier, notamment en allégeant le taux de TVA sur l’or.

    Ces dernières années, la production d’or au Mali a fait un bond en avant. En 2015 le pays aurait exporté 70,2 tonnes pour une production nationale officiellement estimée à 50,1 tonnes. Les 20 tonnes de différence proviendraient selon les autorités maliennes de la production venant des pays voisins et qui serait exportée via le Mali. Il s’agit probablement de l’or « gris » du marché noir qui échappe au fisc en tant que marchandise ne faisant que « transiter » au Mali.

    Sur les 50,1 tonnes d’or officiellement produit au Mali en 2015, un peu moins de la moitié provient des mines appartenant à Randgold. Les dirigeants de ce groupe viennent d’annoncer que la production de 2016 a été un record et que celle de 2017 a été encore meilleure. À ce compte là ils peuvent se permettre de lâcher quelques miettes à l’État malien, ou plus exactement aux dirigeants locaux pour qu’ils ferment les yeux sur toutes sortes de magouilles fiscales et sur le non-respect des conditions de travail dans les mines.

    Rappelons qu’il y a tout juste un an, en février 2017, les travailleurs de la mine de Loulo qui emploie environ 3000 personnes, ont fait un arrêt de travail et un sit-in pour réclamer une prime et des augmentations de salaire. La direction a évité la grève en faisant appel aux notables locaux pour jouer les pompiers de service.

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