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Haïti : après le séisme, la révolte

mercredi 20 janvier 2010, par Robert Paris

Comment les forces internationales répriment la population pauvre, le film

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Après le séisme, la police haïtienne et les armées étrangères contre les émeutiers

Haïti : l’intervention "humanitaire" cache une guerre contre le peuple révolté

C’est sans délai que des forces armées considérables (des dizaines de milliers de soldats) venues des USA, de France et du reste du monde ont débarqué en Haïti, suite au tremblement de terre qui a frappé la capitale, Port-au-Prince. Et, malgré un discours médiatique voulant faire croire à une aide humanitaire, la tâche essentielle qui leur est assignée est le rétablissement de l’ordre. Elles sont équipées pour la répression et non pour le sauvetage. Des unités US anti-émeutes ont été dépêchées. Les troupes de combat paras US, les bérets noirs, occupent le pays. Les équipes de sauveteurs sont bloquées par la priorité donnée à l’envoi des militaires. Un avion-hôpital et des secouristes avec chiens ont été refusés pour faire passer en priorité les troupes de Marines, spécialistes de la répression des révoltes populaires. Certaines équipes de sauveteurs liées à des ONG n’ont toujours pas pu se rendre sur place tandis que les forces armées sont des centaines de fois supérieures en nombre aux équipes de sauveteurs. Des navires de guerre US sont à proximité d’Haïti pour intervenir en cas d’insurrection générale. Le responsable du contingent brésilien a avoué que sa seule tâche était le rétablissement de l’ordre.

Du coup les secours et les secouristes n’arrivent pas. La plupart des gens n’ont reçu ni aide alimentaire, ni sanitaire et certaines villes n’ont encore vu personne. Aucune force gouvernementale, aucune armée n’a participé aux sauvetages de première urgence réalisés à mains nues par la population elle-même.

L’inquiétude des grandes puissances, ce sont les réactions populaires et pas les victimes à sauver et les populations survivantes à aider, contrairement ce que l’on cherche à nous faire croire ici. Si les forces armées du monde se sont empressées d’intervenir, c’est pour éviter que le vide du pouvoir, causé par le tremblement de terre qui a mis à bas les édifices publics, les bâtiments de l’Etat et des forces armées d’occupation étrangères, ne se transforme en tremblement de terre... social. Et ces forces cachent leur crainte du peuple d’Haïti derrière de prétendus pillages, mais, quand on crève de faim, se servir dans les magasins, c’est simplement vital, ce n’est pas un crime ! Les vrais bandits, ce sont les grandes puissances qui pillent Haïti depuis des centaines d’années, lui imposent des dictatures, n’ont rien fait pour les débarrasser des escadrons de la mort, macoutes ou autres, militaires, paramilitaires ou milices.

Pour comprendre le rôle des armées étrangères en Haïti, il faut se rappeler que l’intervention militaire américaine, onusienne ou française ne date pas du tremblement de terre. Elle prétendait déjà défendre la sécurité de la population civile alors que les petites gens n’ont cessé d’être rançonnées et assassinées par les bandes armées. Le véritable but des interventions armées étrangères, celle des USA en premier, était déjà de désamorcer la révolte sociale du peuple travailleur qui a commencé en 1986, lorsque le peuple haïtien s’est débarrassé de la dictature des Duvalier que soutenaient les pays occidentaux. Oui, le peuple travailleur d’Haïti a vécu une révolution, en s’attaquant aux barbares « tontons macoutes » et en renversant la dictature de « Bébé doc » Duvalier, soutenue par les USA. Le pouvoir a été durablement ébranlé. Ce n’est que récemment que les grandes puissances occupant Haïti ont pu permettre à l’armée haïtienne de retourner dans ses quartiers généraux. L’échec de cette révolution haïtienne provenait du fait que les partis et organisations sociales, syndicales, religieuses et politiques qui en avaient pris la tête, loin de souhaiter la prise de pouvoir par les opprimés, ne visaient qu’à faire rentrer le peuple dans le rang. Jamais ils n’ont averti le peuple contre l’armée de Duvalier à peine reconvertie. Jamais ils n’ont appelé le peuple à se lier aux petits soldats et ces derniers à ne plus obéir à leur hiérarchie. Au contraire, tous les efforts des dirigeants syndicalistes, religieux, sociaux-démocrates et staliniens ont été de réconcilier le peuple avec l’armée et les classes dirigeantes, avec l’aide d’Aristide, devenu en 1994 la marionnette des USA.

Et les dizaines de milliers de soldats des armées étrangères occupant le pays depuis 2004 , cette prétendue « force de paix », n’ont fait qu’attaquer violemment la population des quartiers pauvres et des bidonvilles aux côtés des forces armées et des milices locales, comme lors des émeutes de la faim en 2008, où le petit peuple d’Haïti, entre autres revendications, réclamait le départ des troupes de l’ONU et des troupes étrangères. Toutes ces forces armées n’ont rien fait contre la classe dirigeante, contre la misère et l’exploitation. Rien face aux cyclones. Celui qui a détruit Gonaïves, la ville la plus révolutionnaire du pays, a laissé le peuple détruit, englué dans la boue sans que cette fameuse « communauté internationale » ne bouge le petit doigt. Le tremblement de terre a achevé de détruire la crédibilité du pouvoir, et les grandes puissances craignent que le peuple haïtien se saisisse de l’occasion pour se débarrasser de ses oppresseurs.

Quant aux travailleurs d’ici, loin de marcher dans la propagande humanitaire hypocrite des grandes puissances, ils devraient souhaiter au peuple haïtien ce que ses oppresseurs craignent le plus : que le peuple se libère et que l’île révolutionnaire renaisse de ses cendres.... ! La première ile où les esclaves se sont libérés en prenant le pouvoir et en battant les puissances esclavagistes, l’Angleterre et la France, n’a pas besoin de troupes étrangères d’occupation, même si ces brigands se disent animés des meilleures intentions du monde !!!! Les grandes puissances veulent seulement démanteler les villes, enfermer la population travailleuse dans des camps militairement surveillés, seulement faire travailler la population à du déblaiement et faire partir les autres en exode. Ils veulent seulement écraser l’ile révolutionnaire. Ne soyons pas dupes du matraquage médiatique et politique. Ces puissances-là n’ont jamais eu la moindre intention humanitaire et pacifique !!!

En 1984, puis surtout en 1986, le peuple haïtien a entrepris de se débarrasser de la dictature des Duvalier que soutenaient les pays occidentaux. Oui, le peuple travailleur d’Haïti a vécu une révolution, en s’attaquant aux barbares « tontons macoutes » et en renversant la dictature de « Bébé doc » Duvalier, soutenue par les USA. Le pouvoir a été durablement ébranlé. Ce n’est que récemment que les grandes puissances occupant Haïti ont pu permettre à l’armée haïtienne de retourner dans son quartier général qui avait été complètement déserté après la révolution.

Au lendemain du 7 février, de la chute de Bébé Doc Duvalier, dans les quartiers populaires des villes et de certains secteurs ruraux, des groupes de jeunes chômeurs et de travailleurs armés de bâtons, de machettes, de couteaux, de pierres et de bidons d’essence parcourent les rues en chantant et prennent pour cible les macoutes, leurs maisons, leurs boutiques, leurs véhicules ainsi que les bureaux de la VSN, parti de la dictature. Mais les casernes et les postes militaires ne sont pas attaqués et les armes saisies chez les macoutes et autres tortionnaires du pouvoir sont remises dans les casernes ! Pendant ce temps, des chefs de la dictature de Duvalier sont blanchis par une très légère cure d’opposition comme de Ronceray et Bazin ou et des tortionnaires connus comme Ti Boulé ne sont pas inquiétés. Les milices macoutes sont attaquées par le peuple mais l’armée, elle, ni le gouvernement ne feront rien pour désarmer systématiquement les bandes armées des grandons. Nombre de militants de quartier et d’activistes d’associations paysannes ou religieuses se tournent vers cette espèce d’opposition politique constituée par la petite bourgeoisie démocratique bavarde mais peu active et encore moins radiclae socialement : celle du KONAKOM et autres « mouvements démocratiques ». Ou encore celle des Comités de Liaison Démocratique ou du PANPRA. La mouvance des comités ecclésiales de base ou Ti-Légliz ou encore les « missions Alpha » (pour dire alphabétisation et conscientisation) offrent un vaste cadre à la jeunesse pauvre et se préoccupent davantage du sort des plus démunis que la petite bourgeoisie démocratique, mais ils n’ont aucun programme qui exprime politiquement les intérêts des masses populaires face aux chefs militaires et aux classes dirigeantes. Le syndicat CATH est aussi apparu en pointe du « secteur démocratique » même si, en fait, il n’offrait aucune perspective claire aux exploités. Et la CATH s’est très vite retrouvée happée par des calculs politiciens comme toute l’opposition politicienne. Quant au parti stalinien, le PUCH de Theodore, sa réputation de radicalisme était usurpée. Theodore s’alignera systématiquement derrière les généraux ou les colonels en vogue du moment. Après avoir « donné acte » au général Namphy, pris la défense de Jean-Claude Paul, sablé le champagne avec Avril, fait applaudir Abraham, félicité Cédras, Theodore finira sa carrière en postulant au rôle de représentant au pouvoir des bourreaux du peuple haïtien, comme premier ministre de la dictature militaire !!! Lui qui avait obtenu son crédit parmi les militants du déchoukage va accepter un poste de premier ministre de la dictature avant que celle-ci ne retire sa proposition. Quand le PUCH appellera à voter « oui » au référendum du 29 mars 1987, beaucoup de gens se désolidariseront définitivement avec lui.

L’échec de cette révolution haïtienne provenait du fait que les partis et organisations sociales, syndicales, religieuses et politiques qui en avaient pris la tête, loin de souhaiter la prise de pouvoir par les opprimés, ne visaient qu’à faire rentrer le peuple dans le rang. Jamais ils n’ont averti le peuple contre l’armée de Duvalier à peine reconvertie. Jamais ils n’ont appelé le peuple à se lier aux petits soldats et ces derniers à ne plus obéir à leur hiérarchie. Jamais ils n’ont voulu désarmer les milices des grandons. Jamais ils n’ont souhaité que cette révolution remette en question les classes dirigeantes et leur système d’exploitation. Au contraire, tous leurs efforts ont consisté à réconcilier le peuple et l’armée, le peuple et les classes dirigeantes. Les syndicalistes, les religieux, les sociaux-démocrates et les staliniens ont collaboré pour finir par mettre au pouvoir le démagogue Aristide. Ce dernier a fini de se discréditer en devenant la marionnette des USA en 1994. Arisitde ou pas Aristide, jamais le calme social n’est revenu. C’est pour cela que les troupes américaines puis internationales sont intervenues car elles craignent que la révolution haïtienne se remette en marche !

Les forces armées étrangères et leur rôle

En plus des dizaines de milliers de soldats étrangers présents en Haïti, ces grandes puissances font débarquer une véritable armada. Celle des USA à elle seule est impressionnante. Le Pentagone a ordonné le déploiement d’une brigade de 3.500 soldats américains à Haïti. En outre, 2.000 Marines se préparent à partir de Camp Lejeune (Caroline du Nord, sud-est) sur un navire amphibie.

Cela fait déjà des dizaines de milliers rien que pour les USA.

Et seulement plus de cent sauveteurs !!!!!!

La Minustah c’était déjà plus de 9.000 soldats !!!!

Dans une interview le responsable de l’ONU du maintien de la paix montre la peur des impérialistes devant cette situation qui peut leur échapper :

"Le Français Alain Le Roy est responsable, depuis 2008, des opérations de maintien de la paix des Nations unies. Il fait le point sur le rôle de l’ONU et des Etats-Unis dans les opérations de secours aux sinistrés d’Haïti.
La police haïtienne est invisible, on parle de coups de feu, de scènes de pillage. Craignez-vous des troubles de l’ordre public ?
Les premières 36 heures ont été une période de choc pour la population. La situation était chaotique, mais elle est restée relativement calme. Compte tenu de l’histoire d’Haïti, on ne peut pas exclure de nouveaux pillages et des exactions.
C’est notre rôle, en ce moment, de patrouiller pour essayer, autant que possible, de jouer un rôle dissuasif. Mais il est clair que la situation va forcément se compliquer, en termes de sécurité, au cours des prochains jours.
Les autorités haïtiennes. Mais comme l’essentiel de leurs moyens administratifs ont été détruits, c’est avant tout la Minustah (Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti) qui joue ce rôle. Ce sera difficile, à cause de l’ampleur énorme de ces opérations.
Les Etats-Unis, qui déploient des milliers d’hommes, des navires et des avions, et assurent désormais le fonctionnement de l’aéroport de Port-au-Prince, n’ont-ils pas tendance à prendre le dessus ?

Elle fonctionne, même si ce n’est pas à pleine capacité. Il y a 3 000 de nos personnels à Port-au-Prince, essentiellement des militaires et des policiers. Ils font un travail énorme et admirable de dégagement des personnes sous les décombres et de sécurisation des places principales, comme le palais présidentiel, l’aéroport ou le port. Ils patrouillent dans les rues de la ville pour assurer la sécurité.

Tout cela fonctionne. Mais il nous faut maintenant renforcer notre coordination de l’action humanitaire. C’est pourquoi nous envoyons des personnels supplémentaires en Haïti."

Il est particulièrement frappant d’entendre à la radio aujourd’hui même que des équipes de sauveteurs français sont bloquées sur des aéroports à Saint Domingue ou ailleurs et sont obligées de se débrouiller par leurs propres moyens pour rejoindre Haïti alors que les équipes des forces armées débarquent toutes les minutes sur un aéroport débordé ! Alors que l’arrivée des sauveteurs est particulièrement importante les premiers jours, les premières heures.

Pour les grandes puissances, ce qui importe, ce sont les forces de l’ordre.
Il est certain que l’essentiel des aides financières récoltées ne serviront pas plus la population la plus sinistrées que dans d’autres catastrophes comme celle du tsunami ! Il est certain que les "élites" pourries d’Haïti et d’ailleurs profiteront de l’essentiel de cet argent.

La population haitienne, une fois de plus, subit non seulement des catastrophes naturelles mais des catastrophes sociales liées à la domination du système capitaliste et elle seule peut en finir avec cette oppression.

L’aide des pays riches consiste à empêcher le peuple haïtien d’obtenir sa libération par la seule voie qui existe : a révolution. On peut compter sur les grandes puissances pour affirmer que les révoltés sont des brigands et des pillards. Ne traitaient-ils pas de même les communards de 1871 ?
Haïti, ravagé par le séisme et par l’impérialisme

Et encore les médias d’ici s’inquiètent-ils sans décence des « risques de pillage » ! Par contre, du pillage colonial et impérialiste dont, depuis cinq siècles, Haïti est victime, il n’est pas question. C’est pourtant tout ce qui explique comment une catastrophe naturelle peut avoir de telles conséquences.

Oui, mais justement il n’y a pas eu en Haïti que le séisme et le pillage impérialiste.... Il y a eu aussi la révolution menée par les masses populaires d’Haïti et qui pouvait avoir une tout autre issue sans les réformistes de tous poils, des staliniens aux syndicalistes et aux religieux, qui ont détourné et calmé. La leçon à tirer n’est pas : le capitalisme est fort et méchant. C’est : les prolétaires qui font une révolution et ne la mènent pas jusqu’à la prise du pouvoir vont vers des bains de sang car les classes dirigeantes ne leur pardonneront jamais de leur avoir fait peur, de les avoir menacé de perdre le pouvoir....

Que faisait la Minustah avant l’arrivée de cette armada de guerre ?

Cela fait six ans, depuis le premier juin 2004, qu’un contingent mandaté par l’ONU, sous commandement brésilien et composé notamment de troupes argentines, uruguayennes, boliviennes et chiliennes, occupe Haïti. Malgré les efforts des gouvernements Lula, Kirchner ou Morales pour faire passer cette occupation pour une « mission de paix » aux « objectifs humanitaires », au cours de ces quatre dernières années le contingent de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation de Haïti (MINUSTAH) a montré son vrai visage : soutenir un gouvernement aussi faible que celui de René Préval et agir en tant que « force de police » afin de réprimer les travailleurs et le peuple haïtiens. Les gouvernements brésilien, argentins, uruguayens, boliviens et chiliens, qui se veulent « progressistes », couvrent en fait l’arrière-garde des Etats-Unis, laissant à Washington plus de latitude afin de déployer ses troupes en Irak et en Afghanistan.
Se prévalant de la nécessité de combattre les groupes criminels et de « garantir l’ordre », les troupes de la MINUSTAH se sont rendues coupables de véritable crimes de guerre, perpétrant des massacres contre le peuple haïtien qui ont fait des dizaines de morts et des centaines de blessés come en témoignent les assauts réitérés lancés contre Cité Soleil, à la périphérie de la capitale, Port-au-Prince. Le contingent de la MINUSTAH a été accusé d’abus de pouvoir, de tortures, de viol sur des femmes et de fillettes dans les quartier les plus pauvres de l’île. Il agit en même temps de manière coordonnée avec la Police Nationale Haïtienne (PNH) afin de mener à bien la répression interne.
Lors des soulèvements contre la hausse des prix des aliments en avril 2008, la MINUSTAH a agi comme véritable bras armé du gouvernement Préval alors que les manifestants réclamaient sa démission.
Les troupes envoyées par Lula, Kirchner, Morales, Bachelet et Tabaré Vázquez poursuivent et répriment les travailleurs haïtiens qui dans les quelques 18 zones franches que compte le pays essaient de s’organiser afin de lutter contre les conditions d’exploitation imposées par les multinationales au sein desquels, dans des conditions de semi-esclavitude, la journée de travail s’étend parfois à plus de douze heures. En occupant aujourd’hui Haïti, ces militaires s’entraînent à jouer le même rôle dans leur pays d’origine.

"La MINUSTAH continue de concourir aux mesures prises par le Gouvernement haïtien pour renforcer les capacités institutionnelles à tous les niveaux. La Mission, agissant dans le cadre de son mandat, a en charge de continuer à appuyer le renforcement des institutions de l’État."
Traduisez : les "forces internationales de paix" sont en guerre contre le peuple haïtien aux côtés des classes dirigeantes.
Le 10 janvier dernier, l’Agence haïtienne de presse (AHP) citait le député socialiste Orlando Fantazzini, membre de la commission des Affaires étrangères de la Chambre basse du Brésil, qui trouve " lamentable que les troupes brésiliennes fassent le sale boulot pendant que les États-Unis refusent de tenir leurs promesses ".
L’AHP rapportait aussi les paroles du député Fernando Gabeiras, du Parti Vert du Brésil, qui demande le retrait des troupes. " On demande à nos soldats de régler militairement un problème social " , a-t-il dénoncé, ajoutant que les troupes de l’ONU font l’objet de pression constantes pour réprimer les pauvres des bidonvilles haïtiens.
Toujours selon l’Agence haïtienne de presse, le général Bacellar avait rencontré de hauts responsables du milieu des affaires de Port-au-Prince la veille de son suicide apparent. Il aurait alors été insulté par les patrons, qui l’exhortaient à lancer des opérations plus vigoureuses contre les quartiers pauvres de la capitale, fiefs des supporters du président déchu Jean-Bertrand Aristide et de son parti Lavalas.
Dans un autre article paru le 12 janvier, l’agence de presse Reuters cite des parlementaires de Brasilia qui qualifient la mission en Haïti de " désastre " très coûteux, et des analystes brésiliens qui se demandent pourquoi le président Lula a envoyé des soldats dans ce pays, qui aurait plutôt besoin " de policiers, d’aide financière et de travailleurs humanitaires ".
L’article explique aussi que les soldats de l’ONU se plaignent d’être vus comme des " occupants étrangers ou des pions des États-Unis " par la population haïtienne
Au Canada, personne chez les parlementaires ou les médias ne semble remettre en l’implication du Canada en Haïti depuis que des groupes armés ont chassé le président Aristide, en avril 2004. Si les soldats canadiens ont été remplacés entre autres par des casques bleus brésiliens, chiliens et argentins, le Canada compte encore plusieurs policiers dans l’île des antilles, qui participent à des raids qui terrifient la population des quartiers pauvres.
Un récent documentaire du journaliste américain Kevin Pina, intitulé Haïti : The Untold Story, démolit d’ailleurs le mythe selon laquelle cette mission serait une simple opération de " maintien de la paix " . On y voit les troupes de l’ONU armées jusqu’aux dents lancer des opérations dans les quartiers pauvres, officiellement pour arrêter des " bandits " associés à Lavalas et Aristide. Plusieurs morts jonchent le sol après le passage des soldats et des policiers. Des habitants montrent à la caméra leurs maisons criblées de balles, d’autres exhibent leurs blessures.
Dans un récent rapport, l’organisation catholique Justice et Paix dénombrait environs 700 prisonniers politiques en Haïti, emprisonnés depuis le renversement de l’ordre constitutionnel et l’instauration d’un gouvernement de facto soutenu par le Canada, les États-Unis et la France.
Amnistie internationale, à travers plusieurs communiqués de presse, s’est dit inquiète pour la sécurité des partisans d’Aristide et de Lavalas. Elle dénonce aussi l’arrestation et la détention dans des conditions dangereuses pour sa santé du père Gérard Jean-Juste, un prêtre catholique qui a critiqué publiquement l’occupation d’Haïti et qui était un des candidats les plus populaires de Lavalas en vue des élections de février prochain. Amnistie le considère comme " un prisonnier de conscience, détenu uniquement pour avoir exercé son droit à la libre-expression " . Des policiers de l’ONU ont participé à l’arrestation de Gérard Jean-Juste alors qu’il se rendait aux funérailles d’un journaliste.
C’est que les policiers étrangers ne chôment pas depuis leur arrivée dans le pays le plus pauvre de l’hémisphère. Un agent canadien en poste à Port-au-Prince a déclaré à une équipe d’observateurs de l’Université de Miami que tout ce qu’il faisait depuis son arrivée en Haïti, c’était " de s’engager dans une guérilla quotidienne " . Le rapport disponible sur le site de la faculté de droit de l’Université fait état de nombreuses violations des droits humains par le gouvernement de facto et les forces étrangères.
Lorsque des militants montréalais du groupe Haïti Action Montréal lui ont remis ce document, le ministre des Affaires étrangères du Canada Pierre Pettigrew l’a rejeté du revers de la main en le qualifiant de " propagande, ce qui n’est pas intéressant " .
Depuis longtemps, les autorités justifient les rafles dans les quartiers populaires par le fait que ces derniers seraient le repère des kidnappeurs qui multiplient les demandes de rançons en Haïti ces derniers mois. Seulement pendant le congé des fêtes, plus de 50 personnes ont été enlevées.
Mais à la surprise générale, le 13 janvier dernier, la police haïtienne a annoncé avoir démantelé un réseau de kidnappeurs qui opérait à partir de la riche banlieue de Pétion-Ville, le quartier le plus aisé de la capitale ! Selon une dépêche de l’AHP, les personnes enlevées par le groupe ont été séquestrées " dans une maison luxueuse estimée à des centaines de milliers de dollars ".

Le Bureau de l’Information et de la Communication de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti communique, "ce mardi 14 décembre 2004, la MINUSTAH, a entamé, à 4 heures du matin, une vaste opération de sécurisation de Cité Soleil, l’un des quartiers de Port-au-Prince abritant les bandes armées".
"Cette opération de grande envergure a pour objectif le rétablissement de l’ordre et de la loi dans cette partie de la capitale haïtienne".
"Elle a nécessité l’implication des troupes terrestres brésiliennes, jordaniennes, sri lankaises et de l’aviation chilienne, ainsi que des Unités de Police Constituée (Formed Police Unit -FPU) de la police civile de la MINUSTAH issues des contingents jordanien et chinois".
"Le quartier Cité Soleil est actuellement sous contrôle des forces de la MINUSTAH. Aucune perte en vie humaine ni blessure n’a, jusqu’à présent, été rapportée. Les forces de la MINUSTAH comptent installer et maintenir une présence permanente et transférer graduellement la responsabilité de la sécurité de Cité Soleil à la Police Nationale d’Haïti".
Cette initiative militaire pose trois questions :
1 - Pourquoi ces opérations d’envergure sont-elles toujours dirigées contre des quartiers populaires (Bel-Air, Cité Soleil), alors que les bandes armées et d’autres gangsters violent l’ordre et la loi sur tout le territoire du pays, depuis que le coup d’Etat a renversé l’ordre constitutionnel et rétabli l’état sauvage illégal.
2 - Quelles sont les garanties légales que les populations des quartiers populaires peuvent-elles attendre d’une police truffée d’escadrons de la mort appliquant le plan d’extermination du parti et de l’électorat d’Aristide ?
3 - Pourquoi céder aux pressions hégémoniques au lieu d’appliquer une politique juste, impliquant la libération des prisonniers politiques et le rétablissement des droits de tous les partis politiques, surtout qu’une telle politique d’injustice sociale et nationale, apparemment plus commode, conduirait cette nation dans une voie sans issue ?
" Hors d’Haïti ", titrait l’éditorial du quotidien Folha, à Sao Paulo, jeudi dernier. " Le Brésil doit régler ses propres problèmes de base avant de lancer des missions pour aider à gouverner le monde " , pouvait-on y lire. Depuis que le général brésilien Urano Bacellar, commandant des troupes des Nations unies en Haïti, a été retrouvé mort dans sa chambre d’hôtel, le 7 janvier, de plus en plus de Brésiliens élèvent la voix pour réclamer le retrait de leurs militaires du pays.
Le 10 janvier dernier, l’Agence haïtienne de presse (AHP) citait le député socialiste Orlando Fantazzini, membre de la commission des Affaires étrangères de la Chambre basse du Brésil, qui trouve " lamentable que les troupes brésiliennes fassent le sale boulot pendant que les États-Unis refusent de tenir leurs promesses ".
L’AHP rapportait aussi les paroles du député Fernando Gabeiras, du Parti Vert du Brésil, qui demande le retrait des troupes. " On demande à nos soldats de régler militairement un problème social " , a-t-il dénoncé, ajoutant que les troupes de l’ONU font l’objet de pression constantes pour réprimer les pauvres des bidonvilles haïtiens.
Toujours selon l’Agence haïtienne de presse, le général Bacellar avait rencontré de hauts responsables du milieu des affaires de Port-au-Prince la veille de son suicide apparent. Il aurait alors été insulté par les patrons, qui l’exhortaient à lancer des opérations plus vigoureuses contre les quartiers pauvres de la capitale, fiefs des supporters du président déchu Jean-Bertrand Aristide et de son parti Lavalas.
Dans un autre article paru le 12 janvier, l’agence de presse Reuters cite des parlementaires de Brasilia qui qualifient la mission en Haïti de " désastre " très coûteux, et des analystes brésiliens qui se demandent pourquoi le président Lula a envoyé des soldats dans ce pays, qui aurait plutôt besoin " de policiers, d’aide financière et de travailleurs humanitaires ".
L’article explique aussi que les soldats de l’ONU se plaignent d’être vus comme des " occupants étrangers ou des pions des États-Unis " par la population haïtienne
Au Canada, personne chez les parlementaires ou les médias ne semble remettre en l’implication du Canada en Haïti depuis que des groupes armés ont chassé le président Aristide, en avril 2004. Si les soldats canadiens ont été remplacés entre autres par des casques bleus brésiliens, chiliens et argentins, le Canada compte encore plusieurs policiers dans l’île des antilles, qui participent à des raids qui terrifient la population des quartiers pauvres.
Un récent documentaire du journaliste américain Kevin Pina, intitulé Haïti : The Untold Story, démolit d’ailleurs le mythe selon laquelle cette mission serait une simple opération de " maintien de la paix " . On y voit les troupes de l’ONU armées jusqu’aux dents lancer des opérations dans les quartiers pauvres, officiellement pour arrêter des " bandits " associés à Lavalas et Aristide. Plusieurs morts jonchent le sol après le passage des soldats et des policiers. Des habitants montrent à la caméra leurs maisons criblées de balles, d’autres exhibent leurs blessures.
Dans un récent rapport, l’organisation catholique Justice et Paix dénombrait environs 700 prisonniers politiques en Haïti, emprisonnés depuis le renversement de l’ordre constitutionnel et l’instauration d’un gouvernement de facto soutenu par le Canada, les États-Unis et la France.
Amnistie internationale, à travers plusieurs communiqués de presse, s’est dit inquiète pour la sécurité des partisans d’Aristide et de Lavalas. Elle dénonce aussi l’arrestation et la détention dans des conditions dangereuses pour sa santé du père Gérard Jean-Juste, un prêtre catholique qui a critiqué publiquement l’occupation d’Haïti et qui était un des candidats les plus populaires de Lavalas en vue des élections de février prochain. Amnistie le considère comme " un prisonnier de conscience, détenu uniquement pour avoir exercé son droit à la libre-expression " . Des policiers de l’ONU ont participé à l’arrestation de Gérard Jean-Juste alors qu’il se rendait aux funérailles d’un journaliste.
C’est que les policiers étrangers ne chôment pas depuis leur arrivée dans le pays le plus pauvre de l’hémisphère. Un agent canadien en poste à Port-au-Prince a déclaré à une équipe d’observateurs de l’Université de Miami que tout ce qu’il faisait depuis son arrivée en Haïti, c’était " de s’engager dans une guérilla quotidienne " . Le rapport disponible sur le site de la faculté de droit de l’Université fait état de nombreuses violations des droits humains par le gouvernement de facto et les forces étrangères.
Lorsque des militants montréalais du groupe Haïti Action Montréal lui ont remis ce document, le ministre des Affaires étrangères du Canada Pierre Pettigrew l’a rejeté du revers de la main en le qualifiant de " propagande, ce qui n’est pas intéressant " .
Depuis longtemps, les autorités justifient les rafles dans les quartiers populaires par le fait que ces derniers seraient le repère des kidnappeurs qui multiplient les demandes de rançons en Haïti ces derniers mois. Seulement pendant le congé des fêtes, plus de 50 personnes ont été enlevées.
Mais à la surprise générale, le 13 janvier dernier, la police haïtienne a annoncé avoir démantelé un réseau de kidnappeurs qui opérait à partir de la riche banlieue de Pétion-Ville, le quartier le plus aisé de la capitale ! Selon une dépêche de l’AHP, les personnes enlevées par le groupe ont été séquestrées " dans une maison luxueuse estimée à des centaines de milliers de dollars ".

D’où vient l’inquiétude des grandes puissances envers le peuple haïtien ?

C’est sans délai que des forces armées considérables (des dizaines de milliers de soldats et de forces de sécurité) venues des USA, de France et du reste du monde ont débarqué en Haïti, suite au tremblement de terre qui a frappé durement la capitale, Port aux Princes. Et, malgré un discours médiatique voulant faire croire à une aide humanitaire, la tâche essentielle qui leur est assignée est le rétablissement de l’ordre. Elles sont équipées pour la répression et non pour le sauvetage. Les équipes de sauveteurs, elles-mêmes, ont vu limiter leurs possibilités d’accéder au pays et aux victimes par la priorité donnée à l’envoi des miliaires.

D’emblée, il est impossible de cacher que l’inquiétude principale des grandes puissances, ce sont les réactions populaires et pas les victimes à sauver et les populations survivantes à aider, contrairement ce que l’on cherche à nous faire croire ici. Certaines équipes de sauveteurs liées à des ONG n’ont toujours pas pu se rendre sur place et les forces armées sur place sont pourtant des centaines de fois supérieures en nombre aux équipes de sauveteurs. Si quelques immeubles occupés par des Occidentaux ont été secourus rapidement, ce n’est pas le cas des quartiers habités par des Haïtiens. Aucune force gouvernementale, aucune armée n’a participé aux sauvetages de première urgence réalisés à mains nues par la population.

Si les forces armées du monde sont se empressées pour intervenir, c’est pour éviter que le vide du pouvoir, causé par le tremblement de terre qui a mis à bas les édifices publics, les bâtiments de l’Etat et des forces armées d’occupation étrangères, ne se transforme en tremblement de terre... social. Bien sûr, les forces armées parlent d’insécurité en accusant les Haïtiens de s’attaquer aux magasins, mais quand on crève de faim est-ce un crime ? Pour comprendre le rôle des forces armées, il faut se rappeler que l’intervention militaire américaine, onusienne ou française ne date pas du tremblement de terre. Il est le produit de la révolte sociale qu’a connu Haïti lorsque, en 1986, le peuple haïtien a entrepris de se débarrasser de la dictature des Duvalier et de ses tortionnaires macoutes, que soutenaient les pays occidentaux.

Depuis, ces mêmes grandes puissances n’ont qu’une inquiétude : que la révolution haïtienne ne se remette en marche. Oui, le peuple travailleur d’Haïti a vécu une révolution, celle par laquelle il a renversé la dictature de « Bébé doc », le fils de « papa » Duvalier et ses barbares « tontons macoutes », soutenue par les USA. Le pouvoir a été durablement ébranlé. Ce n’est que récemment que les grandes puissances occupant Haïti ont pu permettre à l’armée de retourner dans ses casernes. L’échec de cette révolution haïtienne provenait du fait que les partis et organisations sociales, syndicales, religieuses et politiques qui en avaient pris la tête, loin de souhaiter le prise de pouvoir par les opprimés, ne visaient qu’à faire rentrer le peuple dans le rang. Les syndicalistes, les religieux, les staliniens ont collaboré pour finir par mettre au pouvoir le démagogue Aristide. Ce dernier a fini de ce discréditer en devenant la marionnette des USA qui l’avaient remis au pouvoir. Mais jamais le calme social et politique n’est revenu en Haïti.

Et les dizaines de milliers d’hommes en arme, nationaux et étrangers, n’ont nullement remis en cause la dictature et la misère qui règnent dans l’un des pays les plus pauvres du monde (un à deux dollars de revenu en moyenne par habitant et une majorité pas assurée de manger chaque jour). Non, ils sont venus occuper ce pays parce que cette population a démontré qu’elle pouvait menacer le pouvoir et les classes dirigeantes haïtiennes. Cette « force de paix », comme elle se dénomme elle-même, n’a fait qu’attaquer violemment la population des quartiers pauvres et bidonvilles aux côtés des forces armées et de police locales. Lors des dernières émeutes de la faim, le petit peuple d’Haïti, entre autres revendications, réclamait le départ des troupes de l’ONU et de toutes les troupes étrangères.

Toutes ces forces armées n’ont rien fait contre la classe dirigeante et ses forces de tortionnaires, rien contre la misère et l’exploitation, rien pour aider le peuple face à des cyclones ravageurs. Celui qui a détruit Gonaïves, la ville la plus révolutionnaire du pays, a laissé le peuple complètement détruit, englué dans la boue sans que personne dans cette fameuse « communauté internationale » ne bouge le petit doigt.

Le tremblement de terre ayant détruit aussi la faible crédibilité du pouvoir, les grandes puissances craignent que le peuple haïtien, révolté, saisisse l’occasion de se débarrasser de ses oppresseurs.

Quant aux travailleurs d’ici, loin de marcher dans la propagande humanitaire hypocrite des grandes puissances, ils devraient souhaiter au peuple haïtien ce que ses oppresseurs craignent le plus : que le peuple se libère, que l’île révolutionnaire renaisse de ses cendres.... !

Les réactions de la population

Des Haïtiens en colère barrent les rues avec des cadavres
PORT-AU-PRINCE - Des habitants de Port-au-Prince en colère ont bloqué jeudi certaines rues de la capitale avec des cadavres afin de protester contre le retard de l’assistance humanitaire, a rapporté un témoin.
agence Reuthers

Le désespoir a engendré de la violence, et l’angoisse s’est transformée en colère à Haïti, vendredi, où les survivants ont tenté par tous les moyens de mettre la main sur des denrées de base.
Dans un centre commercial à étages du centre-ville de Port-au-Prince qui s’est effondré, des pillards désespérant de trouver de la nourriture et de l’eau apparaissaient des décombres les bras chargés. Ils ont cependant été rapidement entourés par une bande d’émeutiers. De leur côté, les policiers haïtiens sont demeurés impassibles.
Alors que les travailleurs humanitaires poursuivaient leur besogne pour extirper des décombres des survivants au séisme qui a frappé Haïti mardi, la plupart des Haïtiens se faisaient plutôt du souci pour leur survie à long terme.
La caporale-chef Christine Briand, une policière de la Gendarmerie royale du Canada déployée avec l’Organisation des Nations unies (ONU), a qualifié la situation de tendue et de très fluctuante, mais tout de même stable.
"La situation est calme pour le moment, a-t-elle affirmé. Mais les choses peuvent changer en un instant ici."
La violence a gagné les bidonvilles situés en périphérie de Port-au-Prince, dont la notoire Cité Soleil, tandis que des résidants ont mis

Messages

  • Les forces américaines déployées à Haïti ne sont pas mandatées pour le maintien de l’ordre mais sont autorisées à protéger "les Haïtiens innocents", a précisé lundi le secrétaire à la Défense, Robert Gates.

  • Un avion de MSF empêché d’atterrir trois fois en Haïti, selon l’organisation

    PARIS - Un avion de Médecins Sans Frontières (MSF) transportant du matériel médical vital a été empêché d’atterrir à trois reprises à Port-au-Prince, a indiqué mardi un communiqué de l’organisation.

    Un avion-cargo MSF transportant 12 tonnes d’équipement médical, dont des médicaments, du matériel chirurgical et deux appareils de dialyse s’est vu refuser par trois fois l’atterrissage à l’aéroport de Port-au-Prince depuis dimanche soir, malgré des assurances répétées quant à sa possibilité d’atterrir, a précisé MSF.

    "Ces 12 tonnes faisait partie d’une cargaison initiale de 40 tonnes transportées dans un avion qui n’avait pas reçu l’autorisation d’atterrir dimanche matin". "Depuis le 14 janvier, cinq avions de MSF ont été déroutés de leur destination de Port-au-Prince vers la République dominicaine. Ces avions transportaient 85 tonnes de matériel médical au total.

    "Cinq patients sont décédés au centre médical de Martissant à cause du manque de matériel médical qui se trouvait à bord de cet avion ", explique dans ce communiqué Loris de Filippi, coordonnateur d’urgence pour MSF à l’hôpital Choscal à Cité Soleil.

    Plus de 700 personnels de MSF travaillent actuellement pour apporter une aide médicale d’urgence aux rescapés du tremblement de terre dans et en dehors de Port-au-Prince. Les équipes MSF travaillent actuellement à l’hôpital de Choscal, au centre de santé de Martissant, à l’hôpital de la Trinité, à l’hôpital de Carrefour, à l’hôpital de Jacmel et installent actuellement un hôpital gonflable de 100 lits dans le quartier Delmas.

    20 janvier 2010

    http://www.romandie.com/infos/News2/100120000506.m1v68une.asp

  • Un article du Figaro :

    Haïti : manifestation des habitants

    AFP

    16/01/2010

    Une barricade formée de pneus en feu, de débris et d’au moins quatre cadavres bloquait aujourd’hui une route à la sortie de Port-au-Prince, où des habitants manifestaient pour exiger le retrait de piles de cadavres en décomposition.

    "Ils ont déjà emporté quelques corps, mais il y en a plus, beaucoup plus", dénonçait Charles Weber, un prêtre vaudou âgé de 53 ans, présent parmi la trentaine de personnes entourant la barricade sur la route de Carrefour (sud-ouest de la capitale).
    Alors qu’il parlait, un car de la police nationale haïtienne était contraint de faire un rapide demi-tour par les manifestants.

  • dans la presse :

    Haïti sous la bannière étoilée

    La présence massive des Américains en Haïti depuis le séisme qui a ravagé le pays suscite la polémique. Outre leur mainmise sur l’organisation des secours, certains dénoncent leur ingérence dans les affaires intérieures haïtiennes. Mais les dirigeants du pays, eux, assurent que leur pays n’est pas "sous tutelle".

    En moins d’une semaine, 10 000 soldats américains ont déferlé sur Haïti. Dans les premières heures qui ont suivi le séisme, Barack Obama avait promis une réaction "rapide, coordonnée et énergique" de son pays. Le président américain a donc tenu sa promesse. Mais la présence massive des Américains en Haïti ne va pas sans heurt.

  • l est important de nous organiser, d’engager consciemment et résolument une entreprise historique qui soit une urgence du quotidien pour changer l’avenir du pays. Nous ne sommes pas un "peuple objet", qui n’arrive pas à penser, à s’organiser, voire à diriger son destin national. Une telle perspective est plus que jamais à l’ordre du jour depuis la terrible tragédie qui vient de frapper le pays (le 12 janvier 2010). Nous qui, par nos actes passés, avons montré que nous ne voulions plus être des esclaves des nouveaux colons, nous devrons nous rallier autour des forces révolutionnaires du pays, même quand elles sont embryonnaires.

    Haïti vient de compter deux cent six années d’indépendance, et le pays continue à souffrir de tous les maux de l’esclavage et du colonialisme, à la suite de la domination brutale et insidieuse des pays impérialistes. Il est clair que la présence de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti [MINUSTAH] depuis le coup d’Etat de 2004 est là pour rassurer les capitalistes, notamment les Etats-Unis, bastion et principale force du colonialisme contemporain. Le président Préval lui-même s’est engagé dans cette intense activité de propagande aliénante.

    Les manifestations du 28 juillet 2009 contre l’occupation du pays, celle du 1er janvier 2010 et l’organisation d’une assemblée populaire le 10 janvier 2010, menée par l’organisation PLONBAVIL [Plate-forme nationale des organisations de base et des victimes de l’Etat], une coalition de différentes organisations d’employés victimes du plan néolibéral, sont des preuves que le peuple haïtien n’est pas un peuple objet.

    L’horreur – et l’étendue de la destruction sismique – est insupportable, révoltante. Le peuple haïtien, qui a tant souffert ces six dernières années de l’inconscience et de la cupidité de ses dirigeants, ne méritait pas un tel cataclysme. En plus de l’impossibilité, jusqu’ici, de pouvoir opposer un front solide et uni à l’injustice, il va falloir reconstruire, physiquement, une capitale, si ce n’est une bonne partie du pays. Il nous faudra alors énormément de courage et de volonté pour surmonter cette cruelle adversité d’autant que les pays capitalistes exploiteurs des richesses du sous-sol haïtien vont venir hypocritement à notre secours. Non pas que nous rejetions d’un revers de la main leur aide, non, mais nous la voulons fraternelle, désintéressée. Nous souhaitons qu’elle ne soit pas l’occasion rêvée de nous assujettir à leur domination, car nous n’avons que nos mains nues et notre dignité pour reconstruire un pays détruit.

    C’est au peuple qu’il revient de prendre son courage à bras-le-corps pour renaître du cataclysme naturel et forger l’avenir du pays, car la marche ascensionnelle de l’Histoire est irréversible. Et la communauté internationale, même quand elle veut bien nous offrir son concours, doit bien se mettre en tête que seules "les mains magiciennes du peuple" pourront sortir le pays du désastre moral, social et économique auquel l’ont conduit ceux qui prétendent se faire passer pour les amis d’Haïti.

  • Enfin nous avons quelques éclaircissements sur les méthodes utilisées pour exploiter la misères et la pauvreté des autres pays, pour les soumettre en utilisant la FMI et la BM... Je vous conseille vivement de visiter ces deux liens, ils sont très intéressants :

  • Journal du Jura online :

    Manifestants en colère en Haïti
    Une manifestation a rassemblé à Pétionville, en banlieue de Port-au-Prince, plusieurs centaines d’Haïtiens qui dénonçaient la corruption et la mauvaise distribution de vivres, selon des témoins. Il s’agissait de l’un des plus grands mouvements de protestation depuis le séisme.

    Frappant sur des seaux de plastique et brandissant des branches, les manifestants se sont dirigés vers la mairie de Pétionville pour accuser la maire Lydie Parent de retenir l’aide humanitaire. "J’ai faim, je meurs de faim. Lydie Parent garde le riz et ne nous donne rien. Ils ne viennent jamais distribuer là où nous vivons", a accusé l’un d’eux.

    La plupart des manifestants étaient des femmes. Les agences humanitaires leur remettent les rations alimentaires afin d’éviter que les hommes ne dominent les sites de distribution, et car elles estiment que les femmes partagent davantage les vivres avec leurs enfants et leurs proches.

    Certains Haïtiens dénoncent également la corruption, qui a entravé l’aide après le versement de dizaines de millions de dollars par les pays donateurs. Des sacs de riz à vocation humanitaire se retrouvent ainsi sur les marchés, un phénomène jugé inévitable par les ONG étant donné l’état de corruption à Haïti.

    Le Matin Online :

    L’Etat haïtien, sinistré lui aussi, cible de toutes les rancoeurs

    Le président haïtien René Préval, le 22 janvier 2010 à Port-au-Prince.

    Le palais national effondré, une administration publique à terre, le gouvernement d’Haïti a été sévèrement touché lors du séisme qui a fait plus de 217.000 morts il y a tout juste un mois, dont de nombreux cadres de l’Etat.

    AFP - le 11 février 2010, 11h09

    Le président René Préval a beau répéter que l’Etat ne s’est pas effondré, la destruction des principales structures de la capitale, dont une dizaine de ministères, a mis à nu la faiblesse d’un pays, le plus pauvre du continent américain.

    Plus de 60.000 employés de la fonction publique sont au chômage forcé depuis le 12 janvier et les principaux organismes de l’Etat ne fonctionnent pas depuis un mois.

    Le chef de l’Etat haïtien a depuis un mois pris ses quartiers dans un modeste commissariat de police proche de l’aéroport international de Port-au-Prince. "J’ai choisi cet endroit pour être plus près des amis qui viennent nous voir et pour recevoir l’aide humanitaire", a expliqué M. Préval.

    Désemparé, le gouvernement haïtien a remis aux Etats-Unis les clés de l’aéroport de Port-au-Prince dans les jours qui ont suivi le séisme. Washington s’est retrouvé de facto aux commandes de l’organisation et de la distribution des secours avec les quelque 20.000 soldats envoyés sur zone.

    Les GI’s se sont efforcés de sécuriser la distribution de l’aide au moment où le pays sombrait dans le chaos, les pillards parcourant les rues pendant que des milliers de détenus profitaient de l’effondrement de la prison de Port-au-Prince pour recouvrer la liberté.

    Dans plusieurs pays d’Amérique latine, les Etats-Unis ont été accusés de chercher à envahir leur petit voisin en profitant du chaos provoqué par le tremblement de terre. Le pouvoir haïtien a démenti avoir bradé la souveraineté du pays.

    Secoué par l’ampleur du séisme, le président haïtien, dont la résidence officielle a été également détruite, a dû faire face très vite à la colère des Haïtiens impatients face à la lenteur des secours.

    Des groupes de manifestants n’ont pas hésité à chahuter un président très critiqué pour son mutisme. Sur certains murs de la capitale, des graffitis invitent le président à démissionner.

    "Nous les Haïtiens, on adore Chavez et Obama", explique à l’AFP Frank Royemon, un jeune homme dont le bon niveau d’anglais lui a valu d’être enrôlé comme interprète par une équipe de journalistes américains. "Ca dépend des jours : un jour on préfère Obama, l’autre c’est Chavez. C’est eux qui devraient être notre président", ajoute-t-il.

    "La situation n’est pas facile pour vous, elle ne l’est pas non plus pour le gouvernement qui travaille dans des conditions difficiles", se défend le président Préval, qui a invité ses concitoyens à la discipline afin de construire un nouveau pays décentralisé.

    Au début, les conseils des ministres se réunissaient sous des arbres du commissariat, pour échapper à un éventuel effondrement en cas de réplique. Aujourd’hui, le Premier ministre Jean-Max Bellerive a distribué des tâches spécifiques à son gouvernement. Celui du Tourisme a ainsi été chargé de la reconstruction.

    "Il ne s’agit pas de rebâtir ce qui a été détruit. Il s’agit de repenser un pays", a expliqué M. Bellerive dans un entretien à l’AFP. "Il faut reconstruire mieux, différemment, autrement. C’est-à-dire respecter les procédures de construction, respecter l’autorité de l’Etat".

  • Une manifestation anti-gouvernementale de l’opposition politique a pu terminer sa course, ce vendredi 5 décembre 2014, devant les ruines du palais présidentiel au niveau du Champ de Mars, principale place publique de la capitale Port-au-Prince, a observé l’agence en ligne AlterPresse.

    Depuis quelques temps, divers mouvements de rue, dont celui du mardi 25 novembre 2014, ont été généralement disperses avant d’atteindre l’espace situé aux abords des ruines du palais national.

    « Qui est Martelly pour ne pas le renverser ? », ont scandé les manifestants.

    « Aujourd’hui, nous sommes arrivés devant le palais national. Le combat doit continuer. Martelly est tombé. Nous allons préparer le gouvernement de transition », exprime, en joie, André Fadot, membre de l’organisation de base, baptisée mouvement national de l’opposition populaire (Monop).

    Des agents de la Police nationale d’Haïti (Pnh) n’ont fait aucun usage de gaz lacrymogènes, ni de canons à eau pour disperser la foule, qui a franchi, de force, les barricades dressées par la police.

    Plusieurs barricades de pneus usagés enflammés ont été, par la suite, installées, aux abords de la rue des Miracles et Montalais par des individus non identifiés.

    Quelque temps après la fin de la manifestation, des protestataires, qui voulaient encore occuper l’espace du Champ de Mars, ont été dispersés à coups de gaz lacrymogènes.

    Les manifestants ont répliqué par des jets de pierres, lancées en direction des agents de police.

    « Martelly doit partir. Nous sommes dans la rue pour dire non aux dérives de l’administration Martelly/ Lamothe, à la misère, au chômage et à l’exclusion sociale », expriment des manifestants, qui entendent occuper le béton jusqu’au départ de l’actuelle administration politique.

    Démarrée devant les ruines de l’église (catholique romaine) de Saint-Jean Bosco, la manifestation, encadrée par des agents du Corps d’intervention et de maintien d’ordre (Cimo), a parcouru les quartiers populaires La Saline, la rue St Martin, le Bel-Air et Solino.

    Pendant le défilé, les manifestants ont réclamé la libération, sans condition, de tous les manifestants et « prisonniers politiques », dont le porte parole de la Force patriotique pour le respect de la Constitution (Foparc), Rony Timothée, incarcérés depuis le dimanche 26 octobre 2014.

    Arrêtés lors d’une autre manifestation anti-gouvernementale le dimanche 26 octobre, les militants politiques, Rony Timothée et Biron Odigé, écroués le lundi 27 octobre 2014 à la prison civile de Carrefour (banlieue sud), ont été transférés, par la suite, respectivement à la prison civile de la commune de Cabaret (municipalité à 35 km au nord de Port-au-Prince) et à la Croix-des-Bouquets (au nord-est de la capitale).

    La mobilisation du vendredi 5 décembre 2014 vise aussi à libérer Haïti de l’ingérence de la communauté internationale dans ses affaires internes, affirme un manifestant, qui appelle la population haïtienne à prendre, à présent, son destin en main.

    Alors que le peuple est confronté à des conditions déplorables d’existence, notamment dans les quartiers populaires, le pouvoir actuel dilapide les richesses du pays, fustige un autre protestaire.

    L’heure du départ de Martelly a sonné, lance un membre de l’organisation « Fanmi lavalas », l’ancien sénateur Louis Gérald Gilles, qui participait au défilé.

    Plusieurs autres responsables de partis politiques, dont Turneb Delpé, Serge Jean-Louis, ont été remarqués dans la manifestation du 5 décembre 2014.

    « Le peuple est dans la rue. Nous sommes dans la rue. Nous avançons vers la démocratie », souligne René Civil, un proche partisan du mouvement lavalas.

    Martelly n’a pas la qualité, ni la moralité ni la compétence pour diriger le pays, critique un autre manifestant.

    Après avoir parcouru les rues de la réunion, Oswald Durand et Capois, les manifestants ont abouti devant l’ambassade de France (au Champ de Mars), où ils ont appelé, dans un message final, la communauté internationale à cesser de supporter le pouvoir en place.

    L’avocat André Michel, farouche opposant au pouvoir actuel, dit espérer qu’avant longtemps Martelly sera renversé, pour faire place à une autre équipe devant organiser des élections générales dans le pays, en retard depuis plus de trois ans (depuis 2011).

    Plusieurs personnes portant des dreads et des élèves d’écoles publiques ont été aussi remarqués dans la manifestation, qui s’est dirigée vers les ruines du palais national, où aucune résistance violente n’a été imposée par la police, contrairement à l’accoutumée.

    Plusieurs de ces personnes portant des dreads disent être venus exprimer leur colère contre des agents de l’Unité départementale de maintien d’ordre (Udmo), qui se sont arrogé le droit de couper les tresses d’individus dreads (coiffures ostensibles se référant, parfois, au mouvement rasta).

    Une autre mobilisation, devant aboutir devant l’ambassade de France, est annoncée pour le samedi 6 décembre 2014, dans la perspective de continuer d’exiger le départ de l’équipe gouvernementale. [emb kft rc apr 05/12/2014 15:20]

  • Au bout de plus de deux mois, la grève de tout le secteur hospitalier d’Haïti s’est arrêtée. Mais le constat de fin de grève ne contient pas grand-chose que des paroles politiciennes de chefs syndicaux…

    Les hôpitaux publics étaient paralysés par la grève du petit personnel qui réclamait des autorités du ministère de la Santé publique et de la Population le strict respect de l’engagement pris dans la signature du protocole d’accord signé en août dernier.

    On en est toujours au même point : pas assez d’effectifs, pas d’augmentation de salaires et pas assez de matériel !!!

  • C’était il y a tout juste dix ans : un puissant tremblement de terre frappait Haïti. Le bilan est terrible : plus de 200.000 morts, 300.000 blessés, 1 million et demi de sans abri.

    Eh bien, depuis dix ans, la misère est toujours là, pérennisée par la dictature elle-même soutenue par l’occupation militaire et policière étrangère !!!

    L’aide internationale ne parvient pas pour l’essentiel aux sinistrés mais aux profiteurs !

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