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La situation sociale est explosive en Guadeloupe…

jeudi 22 décembre 2011, par Robert Paris

Que s’est-il passé en Guadeloupe ?

La fin de la grève a été signée, l’accord n’a pas été respecté, ni par le patronat ni par l’Etat...

La situation sociale est explosive en Guadeloupe…

Une grève de quarante-quatre jours secouait la Guadeloupe en janvier 2009. Le prix des carburants, la vie chère, des profits abusifs, les monopoles, les injustices jetaient des milliers de manifestants dans la rue.

Quel bilan peut-il être tiré, trois ans plus tard, de cette exceptionnelle mobilisation ? Que les motifs du mécontentement demeurent, que tout est loin d’être réglé et que la "pwofitasyon" est toujours là.

Après avoir baissé quelques mois, les prix sont repartis à la hausse. Ils enregistraient en 2010 une augmentation de 3,3 % en Guadeloupe, contre 1,8 % en métropole, alors que le vie est déjà 25 à 30 % plus chère dans l’île.

Les mêmes causes - monopoles, ententes et contrats d’exclusivité - produisent donc les mêmes effets. La grande distribution est restée aux mains du groupe Bernard Hayot - une des grandes familles békés qui se partagent les richesses de l’île avec les Despointes, les Loret, les Blandin... La CGA-CGM détient toujours le monopole du transport maritime et Total, seule compagnie pétrolière, détermine de fait le prix de l’essence.

N’oublions pas que la Guadeloupe est une colonie de la France qui y maintient le statut colonial, continue à y détenir l’essentiel des richesses, le monopole du commerce, l’essentiel des terres et des capitaux...

Le Conseil des ministres du 13 février 2009 déclarait :

« Le secrétaire d’État chargé de l’outre-mer a présenté une communication sur la situation sociale en Guadeloupe et en Martinique.
Depuis plusieurs semaines, un mouvement social révèle les attentes fortes de nos compatriotes de Guadeloupe et de Martinique dans de très nombreux domaines et au premier chef dans la lutte contre la vie chère qui caractérise ces petites économies insulaires.
Cette crise traduit aussi, par certains de ses aspects, les fractures, parfois très profondes, qui marquent ces deux sociétés.
Pour y répondre, le gouvernement a décidé la mise en œuvre de mesures significatives permettant d’apporter des réponses immédiates aux préoccupations exprimées en matière de baisse des prix, de solidarité envers les plus démunis et de soutien à l’économie et donc à l’emploi.
Le secrétaire d’Etat chargé de l’outre mer s’est rendu en Guadeloupe et en Martinique pour expliquer ces mesures et y rencontrer l’ensemble des forces vives de ces territoires.
En Guadeloupe, l’Etat souhaite que la discussion qui avait commencé entre partenaires sociaux se poursuive avec le concours de médiateurs sur la question de l’évolution des salaires.
Le projet de loi d’orientation pour le développement économique de l’outre mer, qui viendra en discussion au Parlement en mars, sera adapté pour tenir compte du contexte nouveau issu de la crise économique.
Le Gouvernement souhaite que les fils du dialogue se nouent le plus rapidement possible dans le respect mutuel, afin que les Antilles puissent retrouver au plus vite la vie normale à laquelle chacun aspire. »

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Depuis, le mouvement social de Guadeloupe s’est arrêté. La lutte n’a pas donné les fruits attendus. La déception ou le découragement gagnent certains qui espéraient beaucoup…

D’autant que la situation sociale est loin de s’améliorer…

Il suffit de lire le bilan économique de l’IEDOM :

« La Guadeloupe est en 12ème position dans les destinations caribéenne, BTP esclave des commandes du secteur public, chômage à près de 25 %, fin 2009, le nombre de demandeurs d’emploi toutes catégories confondues dépassait les 60 000, chiffre jamais atteint au cours de la décennie, commerce extérieur en déficit chronique, la France est le premier client et fournisseur de l’île : le commerce régional reste quant à lui marginal, les prix seraient en moyenne plus élevés de 8,3 % en Guadeloupe qu’en France métropolitaine et enfin 25 % de personnes illettrées.... »

Les indicateurs de pauvreté

En 2006, 18% des ménages guadeloupéens vivaient sous le seuil de pauvreté [1] qui était de 6917 euros par an. Le taux de pauvreté a augmenté de plus de deux points depuis 2001, mais il reste moins élevé qu’en 1995 où il dépassait 19%. ]]qui était de 6917 euros par an. Le taux de pauvreté a augmenté de plus de deux points depuis 2001, mais il reste moins élevé qu’en 1995 où il dépassait 19%.
Si cet indicateur renseigne surtout sur l’inégalité de la répartition des revenus, il ne donne aucune information sur l’intensité de la pauvreté des ménages sous le seuil.

L’indicateur de distance des revenus des ménages au seuil de pauvreté permet de pallier ce manque. Aussi, en 2006, le revenu moyen des ménages guadeloupéens vivant sous le seuil de pauvreté représente 74% de ce seuil contre 76% en 2001.

La proportion de ménages pauvres a augmenté et l’intensité de la pauvreté s’est accrue.

Les minima sociaux

Afin d’assurer aux ménages les plus démunis un minimum de ressources, l’état a mis en place les minima sociaux. En Guadeloupe, il existe dix minima sociaux dont quatre sont gérés par les Caisses d’allocations familiales (CAF) : le Revenu minimum d’insertion (RMI) [2] , l’Allocation adulte handicapé (AAH) [3] , l’Allocation parent isolé (API) [4] et le Revenu de solidarité (RSO) [5]

En Guadeloupe, au 1er janvier 2007, 34100 personnes percevaient le RMI, soit 14% des personnes âgées de 20 à 59 ans.
A la même date, 7537 personnes bénéficiaient de l’AAH, soit 2% des personnes de 20 ans et plus.

L’API concernait 5830 personnes, soit 5% des femmes de 15 à 49 ans.
Enfin, 2496 personnes percevaient le RSO.

Quelle que soit l’aide considérée, la part d’allocataires en Guadeloupe est nettement supérieure à celle de la France métropolitaine, en particulier pour le RMI et l’API.

Le droit au logement

Tout comme le travail, le logement est un déterminant majeur de l’insertion de l’individu dans la société. Le droit au logement est au cœur de la « loi Besson » du 31 mai 1990 qui déclare dans son article 1er : “Garantir le droit au logement constitue un devoir de solidarité pour l’ensemble de la nation. Toute personne éprouvant des difficultés particulières, en raison notamment de l’inadaptation de ses ressources ou de ses conditions d’existence, a droit à une aide de la collectivité, dans les conditions fixées par la présente loi, pour accéder à un logement décent et indépendant et s’y maintenir.”

Or, l’accès à un logement décent et le maintien dans celui-ci font partie des principales difficultés que rencontrent les ménages pauvres.

L’hébergement d’urgence et d’insertion

Les personnes et les familles en détresse sociale peuvent être hébergées et accompagnées dans leur réinsertion sociale par les Centres d’Hébergement et de Réinsertion Sociale (CHRS) [6] .
En Guadeloupe, il existe 5 CHRS dont deux proposent un accueil et jour (Acajou Nouvelles Alternatives à Basse-Terre & Saint Vincent de Paul aux Abymes) et trois un accueil de nuit (St Vincent de Paul à Pointe à Pitre, Cap’Avenir à Pointe à Pitre et au Gosier). Ces derniers disposent de 84 places. Parmi les CHRS, deux sont destinés aux jeunes femmes seules avec ou sans enfants et trois à tout type de public.

Par ailleurs, des associations bénéficiant de l’Allocation Logement Temporaire (ALT) [7] offrent pour de courtes durées un hébergement à des publics en difficulté. Neuf associations percevant cette aide sont présentes en Guadeloupe. La plupart s’adressent à des publics spécifiques : deux aux malades, trois aux jeunes, deux aux femmes et une aux toxicomanes.

Le parc de logement social

Au 1er janvier 2006, en Guadeloupe, on comptait plus de 28 000 logements sociaux. La légère diminution de leur effectif entre 2004 et 2005 a été suivie par une augmentation de 12% entre 2005 & 2006.
La densité du parc social en Guadeloupe s’élève à 64 logements pour 1000 habitants au 1er janvier 2006, contre 58 pour 1000 habitants au 1er janvier 2005.

Elle est inférieure de 5 points à celle de la France métropolitaine.

Le chômage

L’emploi joue un rôle déterminant dans l’entrée ou la sortie de la pauvreté. En effet, l’absence d’emploi augmente sensiblement le risque de pauvreté.

En juin 2007, 38 000 personnes se sont déclarées au chômage [8] , soit 22,7% de la population active [9] . Plus de la moitié des chômeurs le sont depuis plus de trois ans.

Le chômage concerne fortement les jeunes (55,3% de la tranche d’âge 15-24 ans) et il touche plus souvent les femmes que les hommes (respectivement 26,1% et 19,2%)

Les travailleurs pauvres

La catégorie de "travailleurs pauvres" [10] est apparue en France dans les années 90. Depuis 2003, la réduction de leur nombre est devenue une priorité de l’Union Européenne.

Pour les personnes ayant un emploi, le risque de pauvreté augmente lorsque l’emploi est à durée limitée (intérim, contrat à durée déterminée, contrat d’apprentissage et stage rémunéré) ou à temps partiel. Ce risque est sensiblement accru lorsqu’en plus ces personnes vivent seules ou que leur conjoint est inactif.

En juin 2007, en Guadeloupe, 10% des personnes ayant un emploi avaient un contrat à durée limitée. Elles étaient plus nombreuses parmi les femmes et surtout les jeunes (11% et 25%).

A la même période, 15% des actifs en emploi ont déclaré travailler à temps partiel.

C’est particulièrement le cas des femmes et des jeunes.

L’accès aux soins

Afin de garantir l’accès aux soins des personnes disposant de faibles ressources, la loi n° 99-641 du 27 juin 1999 a institué une couverture maladie universelle [11] . Ainsi, depuis le 1er janvier 2000, elles peuvent bénéficier d’une couverture de base (CMU) et d’une couverture complémentaire (CMU-C).
Au 1er janvier 2007, en Guadeloupe, plus de 67 000 personnes bénéficiaient de la CMU de base (15% de la population) et plus de 130 000 de la CMU Complémentaire (29% des Guadeloupéens).
Cependant, la création de la couverture maladie universelle n’a pas supprimé tous les problèmes d’accès aux soins des personnes les plus pauvres. En effet, certaines personnes n’ont pas recours à ce droit du fait d’un manque d’informations ou de la crainte d’être stigmatisées. D’autres se voient refuser l’accès à des consultations médicales du fait de leur affiliation à la CMU.
La santé et la précarité
Les centres d’examens de santé [12] gérés par les Caisses primaires d’assurance maladie (CPAM), ou ayant passé une convention avec elles, réalisent gratuitement des examens de santé. Depuis l’arrêté ministériel du 20 juillet 1992, les personnes inactives âgées de plus de 16 ans, les demandeurs d’emploi, les personnes pré- ou retraitées et les personnes exposées à des risques menaçant leur santé en sont les bénéficiaires prioritaires. Parmi cette population, l’article 2 de cet arrêté définit cinq catégories de personnes en situation de précarité : les chômeurs, les bénéficiaires du RMI, les jeunes de 16-25 ans dans un dispositif d’insertion, les bénéficiaires d’un contrat aidé et les personnes sans domicile fixe.
En 2005, 7042 examens ont eu lieu dans le centre d’examens de santé Sainte Geneviève, le seul représenté dans les DOM. C’est donc 16‰ de la population qui a bénéficié de ce droit. La Guadeloupe a le troisième taux de couverture le plus élevé des régions françaises. Il varie en France métropolitaine de 2‰ en Corse à 17‰ en Champagne-Ardenne, pour une moyenne nationale de 9‰.
Pour le Centre de santé de Guadeloupe et selon EPICES [13] , 76% des personnes examinées sont en situation de précarité ou de fragilité sociales. Parmi les personnes examinées en Guadeloupe, la moitié a une vision négative de sa santé. C’est particulièrement le cas des personnes précaires (54% contre 37% des personnes non précaires).
Rédaction (de la fiche thématique) : Sandrine PITOT
ORSaG, octobre 2008
Publié par Auteur ext. : ORSaG le dimanche 9 novembre 2008
Mis à jour le mardi 25 novembre 2008
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Notes
[1] Le seuil de pauvreté relatif est fixé à 60% du revenu annuel médian avant impôts par unité de consommation. Le nombre d’unité de consommation d’un ménage est calculé comme suit : le 1er adulte compte pour 1, les autres personnes de 14 ans ou plus pour 0,5 chacune, les personnes de moins de 14 ans pour 0,3 chacune et familles monoparentales sont majorées de 0,2. Le taux de pauvreté représente la proportion de familles qui vivent sous le seuil de pauvreté relatif.
Le taux de pauvreté représente la proportion de familles qui vivent sous le seuil de pauvreté relatif.
[2] Le RMI, créé en 1988, vise à garantir des ressources minimales à toute personne de 25 ans ou plus, la condition d’âge n’étant pas exigée pour les personnes ayant au moins un enfant né ou à naître. Le montant versé est différentiel : différence entre le plafond garanti et le montant de ressources du foyer allocataire prises en compte dans le calcul. Pour une personne seule, sans enfants, il est de 447,91 € par mois (au 01.0108)
[3] L’AAH a été créé en 1975 pour les personnes handicapées ne pouvant prétendre ni à un avantage vieillesse, ni à une rente d’accident du travail. Le demandeur doit justifier d’un taux d’incapacité de 80% (ou de 50% si son handicap l’empêche de se procurer un emploi et s’il n’a pas occupé d’emploi depuis un an) et être âgé de plus de 20 ans (plus de 18 ans s’il n’ouvre pas droit aux allocations familiales). Pour une personne seule, elle est de 628, 10 € par mois (au 01.01.08)
[4] L’API a été créé en 1976 pour les personnes assurant seules la charge d’enfant(s), y compris les femmes enceintes. Elle est versée jusqu’au troisième anniversaire du dernier enfant ou pendant 12 mois consécutifs si les enfants sont âgés de plus de 3 ans. Pour une personne seule avec un enfant, elle est de 755, 72 € par mois (au 01.01.08).
[5] Le RSO a été mis en place en décembre 2001. Il concerne les résidents permanents d’un DOM, bénéficiaires depuis au moins deux ans, sans interruption, du RMI, âgés d’au moins 50 ans et de moins de 65 ans et s’engageant à n’assurer aucune activité rémunérée pendant la période de perception du revenu de solidarité.
[6] Financés par l’aide sociale de l’Etat, les CHRS ont été reconnus par la loi du 30 juin 1975 comme des établissements sociaux. La circulaire du 14 mai 1991 a redéfini leurs missions en insistant sur leurs fonctions d’insertion et de réadaptation. Leur champ d’application a été élargi par la loi du 29 juillet 1998 relative à la lutte contre les exclusions. Ils proposent une prise en charge individualisée et globale de toute personne ou famille en détresse, sous condition de l’établissement préalable d’un "projet d’insertion". Ce projet doit être accepté par la personne accueillie. L’accompagnement social est proposé avec ou sans hébergement.
[7] L’Allocation Logement Temporaire a été instituée par la loi du 31 décembre 1991. C’est une aide forfaitaire financée par le ministère chargé du logement. Elle est attribuée à des associations, des Centres Communaux d’Action Sociale (CCAS) ou des Centres Intercommunaux d’Action Sociale (CIAS) qui s’engagent, dans le cadre d’une convention passée avec l’Etat à héberger, à titre temporaire, des personnes en difficulté n’ayant pas accès provisoirement à un logement autonome.
[8] Un chômeur (au sens du BIT) est une personne en âge de travailler (15 ans ou plus) et qui répond simultanément à trois conditions :
Etre sans emploi, c’est à dire ne pas avoir travaillé, ne serait-ce qu’une heure, durant une semaine de référence ;
Etre disponible pour prendre un emploi dans les 15 jours ;
Avoir cherché activement un emploi (dans le mois précédent) ou en avoir trouvé un qui commence dans moins de trois mois.
[9] La population active ayant un emploi (au sens du BIT) comprend les personnes (âgées de 15 ans ou plus) ayant travaillé au cours d’une semaine de référence, qu’elles soient salariées, à leur compte, employeurs ou aides dans l’entreprise ou l’exploitation familiale. Elle comprend aussi les personnes pourvues d’un emploi mais qui en sont temporairement absentes pour un motif tel qu’une maladie (moins d’un an), des congés payés, un congé de maternité, un conflit du travail, une formation, une intempérie... Les militaires du contingent, les apprentis et les stagiaires rémunérés effectuant un travail font partie de la population active ayant un emploi.
[10] Le travailleur pauvre est une personne déclarée active (ayant un emploi ou au chômage) six mois ou plus dans l’année, dont au moins un mois en emploi, et qui vit au sein d’un ménage pauvre. la pauvreté d’un travailleur dépend à la fois de son revenu d’activité personnel et de sa situation sociale.
[11] La couverture maladie universelle de base, entrée en vigueur le 1er janvier 2000, permet l’accès à l’assurance maladie pour toutes les personnes résidant en France de manière stable et régulière depuis plus de trois mois, et qui n’ont pas droit à l’assurance maladie à un autre titre (activité professionnelle, etc.) La CMU de base n’est pas attribuée sous conditions de ressources, mais une cotisation est demandée si les revenus du ménge dépassent un certain plafond. Les assurés sociaux au titre de la CMU de base ont exactement les mêmes droits que les autres assurés.
La couverture maladie universelle complémentaire permet à toute personne, résidant régulièrement en France et de manière stable et régulière depuis plus de trois mois de bénéficier d’une protection complémentaire gratuite et renouvelable. Elle remplace, depuis le 1er janvier 2000, l’aide médicale dispensée par les Conseils Généraux dans le cadre de l’aide sociale décentralisée. Les personnes qui bénéficiaient en 1999 de l’aide médicale ont été transférées automatiquement à la CMU-C. Elle est accordée pour un an sous conditions de ressources. La CMU-C prend en charge le ticket modérateur en soins de ville (consultations et prescriptions) ou à l’hôpital, le forfait hospitalier et, dans certaines limites fixées par la réglementation, les dépassements tarifaires pour prothèses ou appareillages (principalement en dentaire et en optique). Les soins sont pris en charge à 100% en tiers payant et les professionnels de santé ont l’obligation de respecter les tarifs reconnus par la Sécurité sociale.
[12] Les examens de santé réalisés par les centres d’examen de santé (CES) sont ouverts aux assurés du régime général de l’Assurance maladie ou à leurs ayants droit. Ils sont financés dans le cadre du Fonds national de prévention d’éducation et d’information sanitaire (FNPEIS), du régime général de l’Assurance maladie destiné à financer des actions de prévention, d’éducation et d’informations sanitaires propres à améliorer l’état de santé général de la population qui a bénéficié.
L’examen de santé se déroule en deux temps. Le premier temps est destiné à l’exploration de l’état de santé à travers différents tests (analyse de sang et d’urine, examen dentaire pour les personnes non suivies, mesure de la pression artérielle, du poids, de la taille et du rapport tour de taille/tour de hanches, examens de la vue et de l’audition, électrocardiogramme, vérification du statut vaccinal...).
Dans un second temps, le médecin s’entretient avec le consultant sur les modes de vie, les antécédents personnels et familiaux, commente les résultats des tests de la première partie de l’examen et pratique un examen clinique complet.
Une copie de l’ensemble des résultats de l’examen de santé est envoyée au médecin traitant, ou à tout autre médecin désigné par le bénéficiaire.
[13] Le score individuel de précarité, dénommé EPICES (Evaluation de la précarité et des inégalités de santé pour les CES) a été construit par le Centre technique d’appui et de formation de l’école de santé publique de Nancy. Il prend en compte, à travers les réponses à 11 questions, différentes dimensions de la précarité, enparticulier la situation socio-économique, le logement, la situation vis à vis de l’emploi, les diplômes et l’état de santé. La réponse à chaque question est affectée d’un coefficient, la somme des 11 réponses donne le score EPICES. Il varie de 0 (absence de précarité) à 100 maximum (maximum de précarité).

Le chômage des jeunes va jusqu’à 50 ou 60% dans certaines zones… L’impossibilité pour les Guadeloupéens d’accéder à la terre, à une quelconque activité…

Le gouvernement accuse le LKP en partant du développement des bandes de jeunes. Il cherche à refaire le terrain perdu par le pouvoir colonial depuis le mouvement de l’hiver 2009.

La riposte tarde à venir...


POSITION DE L’UGTG :

I - Quel Regard portez-vous sur la situation économique et sociale actuelle de la Guadeloupe ( motifs de satisfaction et de déception) ?
Il n’est plus admissible aujourd’hui de se limiter aux éternels constats repris en cœur par les politiques, les chefs d’entreprise, les organisations socioprofessionnelles, les différentes missions et études : « La Guadeloupe va mal, les entreprises sont fragilisées par le poids des charges sociales et les grèves à répétition ; la jeunesse n’a pas de repères ; les parents ont démissionné ; l’état ne tient pas compte de nos spécificités, etc. »

Toute une série de discours de capitulation et de mendiant, qui ont depuis les 50 dernières années, généralisé l’assistanat, l’irresponsabilité et surtout permis à des affairistes de s’installer et de grappiller les subventions que les différents gouvernements de la France ont instituées en politique de développement.
Il convient résolument de dire la vérité, vérité constamment attestée par les chiffres mais surtout exprimée par les masses populaires à travers leur lutte, par la jeunesse dans son désarroi, par cette violence quotidienne dans les rapports sociaux.

Il devient vital d’arrêter les faux débats consistant par exemple à expliquer le développement de la pauvreté, du chômage, de la précarité simplement par la mondialisation des échanges, où l’affamé serait responsable de la famine, le salarié improductif de la fermeture de l’entreprise, le syndicat des difficultés économiques.

Ainsi donc, malgré tout ce que ‘’la France et l’Europe font pour nous’’, égalité sociale, défiscalisation, transferts sociaux massifs, construction d’infrastructure (routes, port, aéroport, hôpitaux) loi PERBEN, Zone Franche, soutien à la production agricole, etc.… nous serions incapables de nous organiser une société prospère, équilibrée et sereine.
Nous, fils d’esclaves, continuons à vivre à Kokangn, à nous jalouser, à nous autodétruire et à magouiller, et à danser.

Si, aujourd’hui, cette société Guadeloupéenne est aussi embourbée, incapable de choix économiques, sociaux, culturels et politiques fondamentaux, c’est qu’elle ne s’est jamais autorisée à s’inventer, à se créer. Elle n’a jamais commencé à exister par elle-même et pour elle-même.

Par la conscience que nous avons de nous-mêmes, pour avoir nier nos origines et notre histoire, nous Guadeloupéens sommes des zombis.
Pour avoir été lâches et improductifs, nos politiques et intellectuels ont autorisé et soutenu le colonialisme dans ses organisations politiques, économiques, culturelles et sociales.

Ainsi donc, dans ce contexte, le développement économique de la Guadeloupe comme fondement de l’équilibre social et de l’épanouissement des hommes est un leurre si elle ne relève pas d’une stratégie politique révolutionnaire tendant à transformer les rapports sociaux, à rompre avec les liens coloniaux qui nous lient à la France et à combattre les rapports de domination capitalistes…

II - La Guadeloupe est-elle à vos yeux un pays développé, sous développé ou en développement ?

Les idéologues du pouvoir, les profiteurs du système qualifient bien évidemment notre Société de société développée, comparé aux sociétés de la zone Caraïbe, qui sont montrées à longueur d’image « an misè », incapables de faire face aux catastrophes naturelles ou affrontant la mer déchaînée « pour gagner l’eldorado que sont les États-Unis ou les Départements Français. »

Notre infrastructure routière, nos hôpitaux, nos écoles, montrent notre réussite et le niveau de notre vie attire. (58% des ménages disposent d’un véhicule, plus de 80% de la télévision ou d’un réfrigérateur malgré un revenu moyen annuel de 61.000 F.
Nous sommes les vitrines de la France dans cette Caraïbe qui s’organise en toute authenticité.

Notre développement superficiel cache, il est vrai, le fossé qui se creuse entre une classe de plus en plus riche et une classe populaire où plus de 70.000 personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté ; où 60.000 femmes et hommes dont 11.000 jeunes, de moins de 25 ans, ne travaillent pas ; où l’école, en plus de produire des chômeurs jette 2/3 d’entre eux à la vie active sans le niveau CAP.

La vérité est que ce développement entretien la dépendance où plus de 90% des biens de consommation sont importés et s’échangent grâce à plus de 50 milliards de francs. Transferts sociaux qui bien sûr repartent vers la mère patrie, mère nourricière

III - Le Chômage est considéré comme la plaie de notre société. Comment expliquer cet apparent paradoxe qui montre qu’en dépit d’un taux de création d’emplois très élevé, la Guadeloupe est l’une des régions françaises où le chômage continue à augmenter le plus ?

IV - Comment expliquer le niveau élevé et durable du taux de chômage en Guadeloupe ?

C’est l’activité qui crée l’emploi. Quand des dizaines d’années de politique économique n’a consisté qu’à soutenir la consommation ; qu’à favoriser les importations ; qu’à détruire les activités de production et à invalider les initiatives innovantes donnant espoir aux producteurs et créateurs ; quand le non-travail est mieux rémunéré que le travail ; quand les entreprises au nom de la compétitivité et de l’expérience choisissent de recruter les non Guadeloupéens ; quand les actions de formation sont aussi distantes des besoins des entreprises et assurent aux centres de formation une rente de situation dans un contexte où la formation se révèle être une activité rémunératrice, le chômage n’est pas une plaie, ni non plus le travail clandestin car ils participent d’un dispositif économique et idéologique parfaitement équilibré.

V - Certaines mesures prises antérieurement par les différents gouvernements vous paraissent-elles efficaces ? (Défiscalisation, RMI, Loi Perben, CES, Emploi-Jeunes) La multiplication, la juxtaposition des mesures prises par les différents gouvernements de la France au cours des 50 dernières années en faveur de l’emploi et leurs échecs, manifestent de l’inadaptation structurelle de ces mesures.
Aujourd’hui, aucune étude ne peut évaluer l’impact de ses différentes mesures sur la santé des entreprises et sur les gains réels en terme d’emploi.

Nous observons par contre que les secteurs aidés (hôtellerie, industrie notamment) ont continué à licencier pour raison économique.
Plus de 10 ans de défiscalisation, plus de 6 ans de loi PERBEN, plus de 25.000 emplois aidés n’ont pas permis de limiter l’augmentation du nombre de chômeurs et à faire reculer le travail précaire et l’emploi clandestin.

Il était prévisible que seul 50% des entreprises éligibles à la loi PERBEN pouvaient en bénéficier, comme il est prévisible que la réduction du temps de travail à 35 heures ne peut réduire le chômage, du fait notamment de la structure particulière du phénomène (importance -30% de la population active ; âge et niveau de formation des chômeurs, -20% ont moins de 25 ans, 2/3 n’ont pas le niveau CAP ; taille des entreprises : plus de 61% des 30.000 entreprises n’ont aucun salarié.)

La multiplication des emplois aidés et des bénéficiaires du RMI ne peut être considérée comme la solution durable et socialement épanouissante.

Le constat est qu’aujourd’hui une entreprise ne consent à embaucher que si l’État lui procure des subventions, l’autorise à conclure des contrats à durée déterminée et à licencier en fin de contrat. Le jeune ou le chômeur embauché se révèle être un pourvoyeur de fonds. Quand il est diplômé, jamais ses compétences ne sont utilisées.
Il est mis en compétition avec les salaires anciens qui coûtent cher. Il doit accepter toutes les bassesses pour garder son poste. Ainsi donc, ces mesures plaqués fragilisent les emplois existants, divisent les travailleurs, enrichissent sans frais les entrepreneurs et accentuent la déréglementation sociale.

Ces mesures sont également criminelles.

Les jeunes et les chômeurs sous contrat à durée déterminée de 2 ou 5 ans commencent ou construisent leur vie professionnelle ou d’adulte sur de l’aléatoire. Quand le contrat est rompu, ce sont des espoirs qui s’évanouissent, des vies qui se déchirent, des couples qui sont disloqués, des déviances sociales qui se mettent en place.
Pour sûr la courbe de chômage satisfait les politiciens. Pour sûr leurs bilans déclarés lors des campagnes électorales sont positifs…
Comment ensuite s’étonner de la violence de ces hommes et femmes trompés !

Parmi les thèmes souvent avancés pour tenter de réduire le chômage, on trouve la réduction des cotisations sociales et le maintien ou la suppression du RMI. Que pensez-vous respectivement de ces deux mesures ?

Si la réduction des cotisations sociales des entreprises, si le maintien ou la suppression du RMI pouvait réduire le chômage, on l’aurait déjà observé.

Ces mesures expérimentées déjà depuis plus d’une dizaine d’années ont prouvé leur inefficacité.

Leur échec n’est pas dû simplement au phénomène démographique. L’entreprise n’embauche que si le développement de son activité l’exige ; celles qui embauchent pensaient le faire de toute façon, elles profitent de l’aubaine de la défiscalisation ou de l’embauche aidée.
Mais ce n’est que, rarement à durée indéterminée.

Concernant les 25.000 bénéficiaires du RMI, nous savons tous les effets pervers de cette position ; Travail Clandestin, oisiveté, honte sociale, etc.…Ces personnes entretiennent la courbe de consommation qui fait les beaux jours des importateurs.
Leur rapport au travail devient déstructurant, tant pour eux-mêmes que pour l’image qu’ils renvoient à leurs enfants.

Il se développe ainsi une société où les hommes ne se renforcent pas, ne construisent pas ensemble et sont perméables à tous messages, religieux ou publicitaires qui leur propose une vie meilleure tournant ainsi dos au combat, à la solidarité, à la création.

VI - Quelles seraient les autres mesures à prendre pour réduire significativement le chômage ?

VII - Quels sont les secteurs qui vous paraissent prioritaires à prendre en considération pour un développement harmonieux de la Guadeloupe ? Pourquoi ?

VIII - Votre secteur d’activité peut-il jouer un rôle important pour le développement de la Guadeloupe ?

La lutte contre le chômage ne peut se concevoir que dans le cadre d’un dispositif économique et social volontairement axé sur la valorisation des ressources disponibles en Guadeloupe.
Nous sommes un peuple jeune. Nous disposons d’un potentiel de créativité intacte. Nous pouvons organiser un système éducatif et de formation en corrélation avec des choix économiques et sociaux authentiques.

Nombre de secteurs peuvent servir d’appui à cette nouvelle vision du développement.

Le tourisme d’abord parce que nous bénéficions d’un cadre naturel privilégié. La production agricole, la pêche, l’industrie agroalimentaire, le service aux entreprises, dans une organisation dynamique, intégrée et d’échanges, peuvent constituer un maillage économique et social solide, compétitif et créateur d’emplois pérennes.

Seulement, il importe que nous disposions de la liberté de penser et d’agir d’abord pour nous, il importe que nous affrontions les lobbies d’importateurs-défiscalisateurs, il est nécessaire que nous investissions notre pays autrement et surtout que nous nous élevions en rang d’hommes responsables.

Des pouvoirs doivent tomber. Des verrous doivent sauter.
Notre principal ennemi est nous-mêmes, nous-mêmes et tous ceux, politiciens qui nous représentent.

Les élus cultivent l’échec, la peur, la démission et la félonie.
Aucune démarche innovante, aucune autre Guadeloupe ne pourra s’organiser tant que nous entretenons cette classe politique qui aujourd’hui ‘’représente légitimement le peuple.’’

L’état français bien évidemment s’appuie sur eux pour multiplier ses lois, programmes, ses lois d’adaptation et d’orientation qui jamais ne mettront en péril ses visées géopolitiques et géostratégiques.
En clair, seule la liberté de penser Guadeloupe, seule la liberté d’organiser notre pays pourra nous autoriser à assurer à cette société toutes les audaces indispensables à son développement harmonieux.
IX - Les difficultés rencontrées par les agriculteurs sont de plus en plus nombreuses. Pensez-vous que le système actuel fait de subventions est efficace ? Ce domaine est-il porteur ?

Nos agriculteurs peuvent nous nourrir. Ils ont la technicité nécessaire, ils en ont la volonté.

Seulement, sans protection de leur marché, sans terre, sans soutien de la recherche, sans appui financier, ils sont aujourd’hui comme tous les autres producteurs, dépités, piégés par l’endettement, devenus quémandeurs de subventions.

Certains passent plus de temps à monter des dossiers d’indemnisation ou d’aides diverses qu’à entretenir leur production.
La raréfaction des terres agricoles (diminution de 12% entre 1995 et 1996), l’abandon des cultures (diminution de 18% de la sole cannière et de la bananeraie en 5 ans), les problèmes récurrents de l’irrigation, le sacrifice de bananiers sur l’autel du marché mondial, témoignent là aussi de l’incohérences des discours avec les impératifs de développement économique.

Les politiques là aussi sont impuissants et dociles. Ils l’ont été publiquement en 1994 quand il s’est agi d’arrêter le schéma industriel de l’industrie cannière. Alors qu’ils bénéficient du soutien unitaire des planteurs et des ouvriers de la canne autour de leur projet d’usine neuve pouvant à coup sûr redonner confiance à la filière, il a suffit d’une déclaration du ministre des DOM-TOM ( PERBEN ) pour que l’état impose son choix de Gardel rénové ; L’industrie cannière est aujourd’hui monopolisée par des sociétés multinationales privées qui exigent à chaque campagne des subventions d’équilibre pour maintenir l’emploi.

A eux les bénéfices fiscaux, à nous les déficits de l’activité
Les agriculteurs ont certains créateurs ont pourtant constamment démontré qu’il nous est possible de gagner l’autosuffisance alimentaire, de transformer nos produits, de les conserver et de les vendre sur des marchés extérieurs.

Seulement, ni les établissements financiers contrôlés par les importateurs, ni la collectivité publique dont les dirigeants ne sont pas sûr d’en tirer un quelconque gain électoral, ne les suivent.
Il est électoralement plus rentable d’offrir 1000 F de bourse aux lycéens, d’ériger des ronds points à chaque coin de rue, de soutenir les lolos, et de subventionner les voiliers. (...)

Le Secrétaire Général de l’UGTG

G. CLAVIER

Et la gauche ?

Le journal Le Monde du 21 décembre écrivait : "Le président (PS) du conseil régional, Victorin Lurel, a fait de la violence et de l’insécurité le thème d’un congrès qui réunissait conseillers régionaux et généraux, le 7 novembre. On peut y voir un coup politique de la part du patron de la région. M.Lurel est pris, sur le plan local, dans une rivalité fratricide avec le président du conseil général, Jacques Gillot (divers gauche), et engagé, au plan national, dans la campagne de M. Hollande. (...) "Il est frappant d’observer que la majorité des crimes et des délits est commise par des Guadeloupéens d’origine africaine." "

En somme, Luret, le représentant du candidat "socialiste" Hollande en Guadeloupe, et peut-être futur ministre, s’est fait l’écho des propos racistes de certains colons Blancs selon lesquels les jeunes guadeloupéens sont tous des délinquants sans que cela gène la presse continentale...

Mais, au fait, qui a volé qui ?

Alors le "Lyannaj kont pwofitasyon" a-t-il dit son dernier mot ? En tout cas, les travailleurs, chômeurs, jeunes et milieux populaires de Guadeloupe ont encore toute leur force pour en finir avec le colonialisme !

Et en Martinique ?

Accords contre la vie chère BCBa : Le retrait de l’Etat est scandaleux et dangereux !

Une tribune de Michel Branchi*

Ainsi le gouvernement Sarkozy-Fillon a jeté bas le masque. Les représentants de l’Etat, à savoir la Préfecture et la DIECCTE (Direction des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation, du Travail et de l’Emploi, ex DDCCRF), ont décidé de ne plus participer au Comité de suivi de l’accord BCBa (cf Communiqué K5F publié dans Justice n° 50 du 15/12/2011- France-Antilles du 12/12/2011). Cette décision est scandaleuse et dangereuse de notre point de vue.

De quoi s’agit-il ?

Suite au mouvement social de 38 jours de février-mars 2009 où la question de la vie chère était au centre de la colère de la population martiniquaise, un accord avait été signé le 12 mars 2009 pour la baisse des prix de 20 % de 400 produits dans les grandes surfaces et diverses autres dispositions concernant les prix des fruits et légumes, de la viande, etc. C’est l’accord BCBa.

Cet accord était prévu pour une durée de trois ans et doit donc venir à échéance le 12 mars 2012. Le Comité de suivi où siégeait les représentants de l’Etat (préfecture, Dieccte/ex-Ddccrf), la grande distribution (SGDA) et le K5F(Collectif du 5 février) devait discuter le 2 décembre de la suite à prévoir à l’accord de prix BCBa.

La grande distribution se disait prête à faire un effort sur les prix d’un nombre limité de produits (50 dit-on), mais à la condition d’obtenir des contre-parties de l’Etat et des collectivités sous forme de baisse de taxes, d’aide au fret, etc.

Les représentants du K5F, s’appuyant sur l’article 1er de la Lodéom du 27 mai 2009 qui permet au gouvernement de fixer par décret les prix des produits ou familles de produits de première nécessité dans les collectivités d’outre-mer, avait écrit depuis plusieurs mois à la ministre de l’outre-mer pour lui demander de prévoir la mise en place d’une réglementation des prix afin de prendre le relais de l’accord BCBa. Le K5F avait préparé une liste de produits à négocier et attendait de l’Etat des études pour fixer les marges de la distribution. Pas de réponse de Mme Marie-Luce Penchard.

En écrivant qu’il se retirait du Comité de suivi et qu’il laissait face à face les représentants du Collectif du 5 février et ceux de la grande distribution, l’Etat a failli à sa mission qui consiste à maintenir l’ordre public économique. En réalité, aussi bien le gouvernement en la personne de la ministre de l’outre-mer que les représentants locaux de l’Etat sont revenus à la case départ du dogme de la liberté des prix qui leur sert lieu de jugement et de cécité.

Et pourtant le mouvement social du début de l’année 2009, non seulement en Guadeloupe et en Martinique, mais en Guyane et à la Réunion et aussi après en Polynésie et en Nouvelle-Calédonie est la conséquence de l’inaction de l’Etat depuis 20 ans et plus face à la vie chère et aux abus des monopoles et oligopoles qui dominent la grande distribution dans tous ces pays assujettis au néo-colonialisme français. Lorsqu’il a fallu négocier, on s’est rendu compte que les représentants de l’Etat ignoraient la manière dont se formaient les prix outre-mer car, depuis la liberté des prix Chirac-Balladur de 1987, toutes les études sur ces questions avaient été abandonnées. L’une des conséquences de la mobilisation populaire a été d’arracher à l’Etat la promesse de réaliser des études sur la formation des prix dans les Dom et sur la différence de niveau de coût de la vie par rapport à la France.

Ces premières études, quoiqu’insuffisantes, confirment bien qu’il y a « pwofitasyion ».

Primo : Certes les différences de prix s’expliquent pour une part par la distanceet le coût du transport , mais pas essentiellement par l’octroi de mer puisque la TVA est inférieure dans les DOM. Elles s’expliquent aussi par les surmarges et les situations structurelles de non-concurrence dans de nombreux secteurs et l’existence de parasitisme dans les circuits d’importation.

Deuxio : l’écart de niveau général des prix avec la France est réel et il a été évalué par l’INSEE à plus 17 % en Martinique et à plus 45 % pour les produits alimentaires. D’autres études chiffrent le différentiel de prix Martinique/ France à un niveau supérieur.

Du coup tous les revenus fixés en référence avec le niveau et l’évolution des prix sont amputés de la différence : salaires de la fonction publique, minimum vieillesse, retraites, Smic, RSA, allocations familiales, etc. L’autre conséquence des luttes populaires contre la vie chère est que le pouvoir a été contraint d’accepter une entaille à sa bible de la liberté des prix par l’acceptation d’un amendement des élus des DOM à la loi pour le développement économique de l’outre-mer, dite Lodéom-Jego, qui permet de réglementer les prix des produits de première nécessité en outre-mer par décret. Mais à ce jour le pouvoir refuse de prendre ce décret. Il continue à démanteler les services de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes dans le cadre de la Révision générale des politiques publiques (RGPP). Il favorise la concentration de la grande distribution (effondrement de Leclerc-Lancry risquant d’être absorbé par ses concurrents directs et absorption de Cora par GBH).

Son refus de jouer son rôle dans la mise en place d’un filet de sécurité contre les abus en matière de vie chère est une manière de laisser le champ libre à l’oligarchie qui pille le pays en misant sur l’apparente démobilisation des travailleurs et des consommateurs.

La Martinique, après avoir crié « Péyi-a sé ta nou, sé pa ta yo », n’a-t-elle pas rejeté l’autonomie et l’article 74 ? Tout va bien Madame La Marquise pour la reprise du business, pensent certains.

Cela est un faux calcul. La Martinique est le pays de la Montagne Pelée et de Désanm 59. A tout moment il peut se produire une éruption dévastatrice. Il n’y a qu’à voir ce qui s’est passé à Mayotte que l’on croyait domptée parce que son peuple avait opté pour la départementalisation. Même cause, mêmes effets : La départementalisation a permis la mise en coupe réglée de l’économie par une minorité de profiteurs et a fait monter le coût de la vie. Le peuple mahorais s’est révolté.

La lutte contre la vie chère est une nécessité dans une société où il existe tant de pauvreté, d’exclusion, de chômage et de bas salaires, de précarité, de retraités miséreux, etc. Le pouvoir devrait comprendre qu’il doit revenir à la table des négociations au plus tôt.

Les candidats à la présidentielle française doivent se positionner sur la question de la vie chère en Martinique et dans les autres pays de ce qu’on nomme l’outre-mer qui constitue une priorité puisqu’elle ravage le pouvoir d’achat populaire et ruine notre compétitivité.

Toutes les révoltes de ces dernières années en Afrique et dans le monde arabe sont parties de protestations contre la vie chère.

L’aveuglement et la soumission aux pressions de l’oligarchie compradore égoïste qui tient l’économie de ces pays risquent de coûter cher.

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