Accueil > 08- Livre Huit : ACTUALITE DE LA LUTTE DES CLASSES > Avril 2008 : des émeutes de la faim à la révolution sociale ?

Avril 2008 : des émeutes de la faim à la révolution sociale ?

dimanche 13 avril 2008, par Robert Paris

Site : Matière et révolution

www.matierevolution.fr

Sommaire du site

Pourquoi ce site ?

Pour nous écrire, cliquez sur Répondre à cet article


CHRONOLOGIE DES EMEUTES DE LA FAIM

Novembre 2007 Mauritanie

19 février 2008 Guinée Conakry

20 au 23 février 2008 Burkina Faso

23 février 2008 Cameroun

30 mars 2008 Sénégal

31 mars au 1er avril 2008 Côte d’Ivoire

6 au 9 avril 2008 Egypte

9 avril 2008 Haïti

avril 2008 Tunisie

Ces derniers mois, la flambée alimentaire a entraîné des manifestations violentes en Egypte, au Cameroun, en Côté d’Ivoire, en Mauritanie, en Ethiopie, à Madagascar, aux Philippines, en Indonésie... En Haïti, le pays le plus pauvre du continent américain, le Premier ministre a été destitué samedi après plus d’une semaine d’émeutes provoquées par la flambée des prix de l’essence et des produits alimentaires.
Au Kenya, le prix de la nourriture a connu presque les mêmes niveaux spectaculaires de croissance. La révolte sociale monte…

En Egypte, on se bat pour obtenir quelques galettes de pain, à cause de la flambée des cours du blé.

Des tensions sociales et des émeutes contre la vie chère éclatent un peu partout, comme au Cameroun, en Côte d’Ivoire et en Mauritanie.

En Thaïlande, des gardes armés surveillent les rizières pour protéger les récoltes contre les voleurs.

Le Cambodge et le Vietnam ont interdit ou réduit leurs exportations pour préserver leur marché national.

Au Mexique, le gouvernement libéral, confronté à la colère populaire (”sans maïs, pas de pays”).

En Egypte, au Maroc, au Burkina Faso, au Cameroun, en Mauritanie et en Côte d’Ivoire, la police est intervenue pour détruire les barricades érigées par les familles en colère qui ont de plus en plus de mal à se nourrir…

Des émeutes de la faim sans précédent

(Le Temps)

mercredi 9 avril

D’Argentine au Zimbabwe, en passant par le Mexique, le Burkina Faso, le Sénégal, l’Egypte, le Bangladesh, la Thaïlande et les Philippines, les émeutes de la faim se multiplient, faisant leur lot de victimes. La situation s’est particulièrement dégradée depuis une quinzaine de jours. La farine, le riz, le maïs, le lait et d’autres denrées de base ne sont plus accessibles à de larges couches de populations dans de nombreux pays. Leurs prix ont explosé. Dans certains cas, ils ont plus que doublé en quelques mois. La gravité de la situation a été résumée mardi par le commissaire européen au Développement, Louis Michel. Selon lui, l’Afrique court le risque d’un « vrai tsunami économique et humanitaire ».
(...)
La Banque mondiale résume bien la situation : une trentaine de gouvernements en Asie, en Afrique et en Amérique du Sud risque de connaître de graves instabilités politiques et sociales. Elle fait remarquer que dans les pays en développement, l’alimentation représente jusqu’à 70% des salaires, contre 15% dans les pays développés. « Il va y avoir des troubles et les pays les plus pauvres en pâtiront beaucoup plus que les nations les plus riches comme la Malaisie et Singapour », a déclaré mardi Ooi Kee Beng, de l’Institut d’études sud-est asiatique à Singapour,
(...)

COMMENTAIRES DU SITE ANARCHISMO :

Crise alimentaire et luttes de classes sur 3 continents
Selon la Banque Mondiale, une trentaine de gouvernements en Asie, en Afrique et en Amérique du Sud risque de connaître de graves instabilités politiques et sociales en raison de la hausse des prix de la nourriture de base. Dans les pays en développement, l’alimentation représente jusqu’à 70% des salaires, contre 15% dans les pays développés.

Du côté Africain...

On peut par ailleurs constater, depuis quelques semaines, les nombreuses émeutes liées à la disponibilité de la nourriture dans des pays tels le Burkina Faso, l’Égypte, l’Indonésie, la Côte d’Ivoire, la Mauritanie, le Cameroun, le Mozambique, le Sénégal, la Guinée Conakry et Haïti.

Au Burkina Faso, en février, à la suite de la hausse de mesures fermes instaurés par l’État, qui a provoqué une hausse de 10 à 65% du prix des denrées de base, des émeutes ont éclatées dans les 4 plus grandes villes soient Ougadougou, Ouhigouya, Banfora et Bobo-Dioulasso, où les manifestants s’en sont pris aux bureaux du gouvernement et incendiés des voitures, des boutiques et des stations service. Dans cette dernière, 100 émeutiers ont d’ailleurs été arrêté après avoir lancé des pierres sur une délégation gouvernementale qui voulait tenter une médiation (http://www.irinnews.org/fr/ReportFrench.aspx?ReportId=76943)

La Guinée Conakry, autre pays d’Afrique de l’Ouest, est maintenant considéré comme l’un des pays les plus instables du monde en raison des cinq émeutes anti-gouvernementales successives qui ont eu lieu à l’échelle nationale ces 18 derniers mois. Des émeutes elles aussi provoquées par le mécontentement des masses face à la hausse du coût de la vie (http://www.irinnews.org/fr/ReportFrench.aspx?ReportId=76943).

En novembre, la Mauritanie a été en proie à de nombreuses manifestations violentes afin d’exiger la mise en place de politiques économiques efficaces pour améliorer leurs qualités de vie. Des manifestations d’étudiants ont été signalées à Aleg la capitale, Rosso, Selibaby et Zouérate. A Zouérate, au nord du pays, des étudiants ont allumé des pneus dans des rues du centre de la ville. Les forces de l’ordre sont alors intervenues et ont dispersé les manifestants. A Selibaby, des sources locales ont rapporté que l’armée s’était déployée dans la ville après que des accrochages violents ont opposé les étudiants et les forces de polices. Une personne a été blessée dans ces accrochages et trois autres ont été arrêtées. 300 personnes (parmi lesquelles des personnes âgées, des étudiants et des commerçants) ont été arrêtés à Djigeny et y étaient toujours, récemment, détenus dans des conditions déplorables (http://www.e-mauritanie.net/detail_la_une.php?p=4337).

La Côte d’Ivoire a aussi vécu des émeutes de 48 heures, qui se sont soldées par la mort de 2 manifestants par les forces de répression (http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=84412).

Même scénario au Cameroun, en février où les émeutes de la faim, réprimées par les forces de l’ordre ont faits plus de 40 victimes. De plus, 729 personnes ont été à ce jour condamnées à des amendes ou à des peines de prison allant de trois mois à six ans. Leur seul crime étant d’avoir été affamé ! (http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=84412).

Au Mozambique, des émeutes de quelques jours en réponse à une hausse de 25% du coût du transport en commun ont éclatées en février. Les émeutes qui ont éclaté dans plusieurs quartiers pauvres de la capitale mozambicaine se sont soldées par un mort et 63 blessés, dont 25 ont été atteints par des balles tirées par la police (http://www.malango-actualite.com/article-les_manifestations_au_mozambique_ont_fait_un_mort_et_63_blesses-3383.htm).

En septembre au Maroc, une hausse de 30% du prix du pain au lendemain des élections a aussi provoqué des affrontements entre les 2 500 habitants et les forces de l’ordre de Sefrou. Un bilan de 300 blessés, et d’une quarantaine de manifestants incarcérés (http://www.rue89.com/2007/11/13/les-émeutes-de-sefrou-montrent-le-désarroi-du-maroc-inutile).

Au Sénégal, au début du mois d’avril, une manifestation contre la "vie chère", déclarée illégale par l’état, s’est transformée en émeute après que les policiers aient commencé à balancer des gaz lacrymogènes sur la foule. Quelques dizaines d’arrestations ont été rapportées (http://www.africatime.com/Senegal/nouvelle.asp?no_nouvelle=391151&no_categorie=2).

En Égypte, cette semaine des émeutes de la faim ont aussi éclatées après qu’une grève projetée par des ouvriers de la plus grande usine de textile Égyptienne, la compagnie Misr Spinning et Weaving, a été réprimée. Pour exprimer leur mécontentement, les émeutiers ont lancé des pierres vers des magasins et des banques et ont mis le feu à un poste de police et des installations scolaires. Les manifestants réclamaient des hausses de salaires pour compenser la cherté de la vie. En Égypte, 44% de la population vit avec moins de deux dollars par jour. Une centaine de personnes ont été blessées dans des accrochages avec les forces de répression (http://www.boursorama.com/forum/message.phtml?file=372164644&pageForum=1).

En Asie

Du côté asiatique l’Ouzbékistan et l’Indonésie, pour ne nommer que ceux-ci, ont aussi été touché par les émeutes contre les augmentations de prix décidées par leurs gouvernements.
A Manille, capitale des Philippines, l’armée a été déployée pour superviser la distribution de vivres dans les quartiers pauvres. En Inde, le gouvernement mène une guerre féroce contre le marché noir. Même Singapour n’a pas été épargnée et des dizaines de personnes sont allées jusqu’à braver l’interdiction de manifester. En Thaïlande, premier exportateur mondial de riz, les autorités ont dû démentir fermement les rumeurs d’une pénurie pour éviter la panique. L’armée garde les rizières.
La consommation de viande et de produits laitiers augmente en Asie, ce qui accroît les besoins de l’industrie de l’alimentation animale. Le prix du lait en poudre est passé de 2000 à 4800 dollars la tonne l’an dernier, car la hausse de la consommation des produits laitiers en Asie a coïncidé avec une pénurie dans le monde occidental. La sécheresse en Australie a aggravé le problème de même que les politiques gouvernementales en Europe et en Amérique en faveur du développement de l’utilisation des biocarburants (http://www.letemps.ch/template/tempsFort.asp?page=3&article=229513).
En Amérique

Les premières émeutes de la faim ont eu lieu au début de 2007 au Mexique, où le maïs et le blé, ingrédients nécessaires pour les tortillas avaient augmenté de plus de 40% par rapport à l’année précédente (http://www.letemps.ch/template/tempsFort.asp?page=3&article=229513).

La semaine dernière à Haïti, des émeutes ont aussi éclatés dans plusieurs villes. Une personne a été tuée par balle hier s’ajoutant aux 4 morts et à la trentaine de blessés par balle et arme blanche de la semaine dernière, au cours de manifestations dénonçant la pauvreté et le coût de la vie.
"À Port-au-Prince, un millier de manifestants se sont rassemblés devant le Palais national, siège de la présidence haïtienne, et devant le Parlement. Des vitres de véhicules ont été cassées par des manifestants scandant des slogans dénonçant la vie chère et la misère, devant le ministère du Commerce."
En plus des manifestations, une grève des chauffeurs des véhicules de transport collectif, a paralysé la ville. Dans le sud du pays, des installations de l’ONU ont été attaquées, des véhicules des Nations unies ont été incendiés et un bâtiment détruit. Vendredi dernier, au moins quatre personnes ont été tuées et quinze blessées aux Cayes, lors de pillages de camions de nourriture et de dépôts alimentaires (http://www.ledevoir.com/2008/04/08/184033.html).

En perspective

Cette liste loin d’être exhaustive démontre une fois de plus la finalité du capitalisme, le profit maximal au détriment des droits les plus fondamentaux et de la vie de milliards d’individus. Les transnationales et les bourgeois de ce monde se foutent bien de nos vies, bien à l’abri derrière leurs armées et leur flics bien armés réprimant les populations en colère. Une lutte de classe qui se solde par des milliers, sinon des millions de victimes sous les balles, la maladie et la faim.
Pour l’instant, la grande majorité des pays touchés sont parmi les pays les plus pauvres. Par contre, certains pays plus industrialisés, tels que l’Inde et Singapour, commencent à leur tour à subir le choc de la spéculation financière sur les denrées de première nécessité. Qu’en sera-t-il lorsque les pays occidentaux seront à leur tour touché par cette crise alimentaire ? Et bien à notre tour, nous serons aussi mâter à coup de matraque, de balle en caoutchouc et de gaz lacrymogène. Et si ca ne suffisait pas ? Alors, l’État afin de survivre nous enverra l’armée, comme l’histoire nous l’a démontré à de multiples reprises. Bien sûr, l’État, la Banque Mondiale et le FMI, tenteront de nous imposer des réformes et des programmes alimentaires bidon, mais si cela ne suffisait pas ? Et si notre classe désirait une bonne fois pour tout plus que les miettes de leur festin ? Nous n’avons d’autre choix que d’entrevoir une guerre de la faim qui n’aura pour finalité qu’une guerre de classe violente.

Seul la guerre sociale et le renversement de ce capitalisme meurtrier pourra y changer quelque chose. L’abolition des marchés et de la valeur d’échange permettra la satisfaction des humains en adhérant au principe de chacun selon ses moyens à chacun selon ses besoins.

Portfolio

Messages

  • Article sur des émeutes de la faim réprimés par le pouvoir

    Deuxième jour de manifestations à Maputo, au Mozambique
    Pour la deuxième journée consécutive, des habitants de Maputo ont bloqué jeudi des rues à l’aide de pneus incendiés et pillé des commerces pour protester contre l’envolée des prix des denrées de première nécessité au Mozambique.
    Deuxième jour de manifestations à Maputo, au Mozambique

    Des habitants de Maputo ont bloqué des rues à l’aide de pneus incendiés et pillé des commerces pour la deuxième journée consécutive, protestant contre l’envolée des prix des denrées de première nécessité au Mozambique. (Reuters/Grant Lee Neuenburg)

    Ces violences, qui ont coïncidé avec l’entrée en vigueur, mercredi, d’une hausse de 30% du prix du pain, sont les plus graves observées depuis les "émeutes de la faim" de 2008 dans cette ancienne colonie portugaise d’Afrique australe.
    Le bilan officiel des troubles de mercredi est de quatre morts, dont deux enfants, même si des sources proches des hôpitaux et des forces de l’ordre avancent pour leur part deux décès de plus.
    Le ministre de l’Intérieur, José Pacheco, a estimé pour sa part que les troubles devaient cesser et invité ses compatriotes à adresser leurs griefs au gouvernement par la voie du dialogue.
    "Les manifestations de protestation sont illégales et ne contribueront pas aux efforts faits par la population pour combattre la pauvreté", a-t-il souligné.
    Mercredi, le chef de l’Etat avait déjà condamné les pertes en vie humaine et les destructions de biens privés et publics. Le président Armando Guebuza avait aussi lancé un appel au rétablissement de l’ordre.
    Jeudi, le ministre de l’Intérieur a indiqué que les pouvoirs publics avaient ouvert une enquête pour identifier la source des courriels et SMS diffusés depuis mardi et invitant la population de la capitale à rallier les manifestations.
    Il a également affirmé sur la chaîne de télévision privée STv que les forces de l’ordre qui ont ouvert le feu sur les manifestants n’avaient pas reçu l’ordre de tirer à l’aide de balles réelles.
    Selon de hauts responsables de la police, des balles réelles ont bien été tirées mercredi en certains points de la capitale par des policiers à court de projectiles en caoutchouc.
    Les Mozambicains affirment souffrir de l’augmentation des prix des denrées de base, qui vient s’ajouter à une flambée des prix de l’essence et d’autres produits de première nécessité.
    Le pays, qui ressent toujours les effets de la guerre civile de 16 ans dans les années 1970, est très dépendant de ses importations en provenance d’Afrique du Sud, dont le coût a enchéri ces derniers mois en raison de la hausse du rand.
    En 2008, des "émeutes de la faim" contre la cherté de la vie et la hausse du prix de l’essence avaient déjà fait au moins six morts. Le gouvernement avait accepté de baisser le prix du diésel pour les taxis minibus.

  • L’insécurité alimentaire mondiale, ce sont des famines qui sont le résultat d’une économie ou les guerres succèdent aux crises capitalistes. Mais en 1871 c’est la révolution qui a suivi la guerre et la misère dans les grandes villes. (lire la guerre civile en France Marx)
    Et ce sont ces évènements, aussi inléctulables que le réveil d’un volcan périodiquement, que les classes dirigeantes anticipent en renforçant l’Etat et ses moyens répressifs. MAis à un problème mondial solution mondiale...

    Documentaire en 5 parties cliquez ici.

  • Au Soudan, la répression des manifestations contre la hausse du prix du pain fait des dizaines de morts...

    • Le mouvement de colère touche depuis mercredi une dizaine de villes après la décision du gouvernement de tripler le prix du pain, dans un pays en grandes difficultés économiques. Lundi, de nouvelles manifestations se sont déroulées dans plusieurs villes de l’État d’Al-Jazeera, au sud de Khartoum. Un appel à la grève a également été lancé en début de semaine, par un rassemblement de professionnels de différents secteurs. Hôpitaux et universités étaient fermés lundi. Enseignants, médecins, journalistes, avocats et d’autres professionnels, se sont joints au mouvement. L’opposition a appelé à la grève générale ce mardi, le cortège entend demander la démission du président.

      Omar el-Béchir a réagi lundi soir à ce qui est l’une des plus importantes contestations de son pouvoir en trois décennies. Il a promis de « vraies réformes ». « L’État va entreprendre de vraies réformes pour garantir une vie digne aux citoyens », a déclaré le chef d’État, âgé de 74 ans. Il a également appelé « les citoyens à ne pas croire ce que disent » les leaders du mouvement.

      On croirait du Macron !!!

    • En plus des revendications contre la « cherté » de la vie, de nouveaux slogans sont apparus dans les manifestations, comme « Le peuple veut la chute du régime », tiré du Printemps arabe de 2011. Ces protestations font écho aux rassemblements de « gilets jaunes » libanais dimanche dans le centre-ville de la capitale Beyrouth mais aussi dans d’autres régions du pays. Les protestataires réclament une baisse des impôts, du prix des carburants et la lutte contre la corruption.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.