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Le grand capital en train de mettre la main sur l’Education en France

lundi 16 février 2015, par Robert Paris

Le nouveau sigle de l’école publique au service du privé

Le grand capital en train de mettre la main sur l’Education en France

Sous nos yeux et sans aucune réaction de la prétendue gauche, qui, au sommet de l’Etat l’organise, le grand capital entre massivement dans l’école… Le désengagement de l’Etat du service public d’enseignement et la « réforme des rythmes scolaires » ont été le moyen trouvé par le gouvernement « de gauche » pour casser le caractère de service public de l’éducation et faire pénétrer les loups dans la bergerie…

Au travers de la fondation « Agir pout l’école », nombre de trusts puissants comme Total, Dassault ou Novartis, sont en train de commencer à dicter leur loi dans le domaine de l’éducation, domaine de plus en plus délaissé par les fonds publics…

Tout jeune lycéen en ZEP ou étudiant boursier qui a envie d’intégrer une des écoles relevant du ministère de la Culture est désormais adressé à la fondation « Culture et Diversité », dirigée par Marc Ladreit de Lacharrière, président du groupe international de services financiers Fimalac.

On trouve encore la fondation « Agir contre l’exclusion », « FACE », « Terre plurielle », « Réseau égalité en PACA », « Passeport Autéo », etc., dans lesquels officient les trusts du caca40 et qui s’occupent de réinsertion des jeunes notamment. Qui croirait que cela devait être l’Etat qui dirige cette question ?

Tous ces organismes sont dirigés par des entreprises privées, pour aider… des entreprises privées et développer leur influence ou leurs affaires.

Par exemple, derrière Autéo, il y a PSA et le syndicat des patrons de la métallurgie, l’UIMM…

« FACE », c’est la couverture de AG2R, Axa, Casino, Club Méditerranée, Crédit Lyonnais, Danone, Darty, Euro RSCG, Fimalac, Manpower, Péchiney, Ratp, Renault, Sodexo, GDF SUEZ.

Les fondations ne se contentent pas de financer les formations, les centre d’éducation, ils ont un droit de regard et orientent les éducateurs…

Le trust pétrolier Total et l’avionneur Dassault qui subventionnent la « réforme des rythmes scolaires, orientent les activités d’animation et visent à les diriger…

On peut lire ainsi dans la presse : « le gouvernement a signé un accord avec le groupe Total, qui s’engage à verser plusieurs millions d’euros pour soutenir la réforme des rythmes scolaires, concoctée par le ministre de l’Education nationale. L’entreprise aidera financièrement les associations qui prendront le relai lorsque les enfants ne seront plus en classe. Les municipalités auront-elles également recours au mécénat d’entreprises pour financer leurs politiques éducatives ? Promu grand mécène d’État, Total semble en tout cas bien décidé à s’impliquer dans les politiques à destination de la jeunesse. La réforme des rythmes scolaires sera ainsi sponsorisée par... le groupe Total, à hauteur de 4 millions d’euros. L’entreprise a signé un accord-cadre début juin avec le ministère de la Jeunesse. Et s’engage à verser un total de 16 millions d’euros, en soutien à des associations, dont une partie pour « accompagner la grande réforme des rythmes éducatifs dans le premier degré ». »

Il s’agit de financer les activités extra-scolaires qui sont à la charge des collectivités. Comment Total peut influer ainsi sur le contenu de ces activités, le ministère de l’Education répond qu’il n’est pas concerné ! Le ministère ne s’occupe que de la réorganisation des emplois du temps scolaires, pas des activités extra-scolaires – pourtant créées par la réforme ! Celles-ci ne relèvent pas du « porte-feuille » du ministère, explique le service de presse.

Le trust Total révèle qu’il souhaite « intervenir auprès des jeunes tout au long de la chaîne éducative jusqu’à leur entrée dans la vie active ».

L’implication du groupe dans les politiques publiques à destination de la jeunesse n’est pas nouvelle. En 2009, Total est devenu le premier partenaire privé du Fonds d’Expérimentation pour la Jeunesse (FEJ), lancé par Martin Hirsch, alors Haut Commissaire à la Jeunesse. L’entreprise s’est engagée à verser 50 millions d’euros sur six ans à ce fonds – abondé également par les pouvoirs publics – qui finance des projets innovants portés par des associations, sur l’accès au logement, l’insertion professionnelle, le décrochage scolaire ou la mobilité internationale. La branche professionnelle de la métallurgie, l’UIMM, contribue également à hauteur de 3 millions d’euros à ce fonds. C’est par ce fonds que transiteront une partie des 16 millions d’euros promis par Total dans le cadre de l’accord-cadre signé en juin.

Total et l’UIMM siègent au conseil de gestion de ce Fonds d’Expérimentation pour la Jeunesse, avec une voix délibérative, c’est-à-dire un droit de vote. Le nombre de voix des contributeurs privés ne peut être supérieur à celui des représentants de l’État. Reste que des entreprises privées se retrouvent co-gestionnaires de deniers publics ! Total est « impliqué à toutes les étapes de l’expérimentation », décrit un communiqué de l’entreprise. « Identification des axes de travail, rédaction des appels à projets, participation du jury de sélection, accompagnement des associations (…), identification de partenariats possibles entre les associations et les implantations locales du Groupe afin de les aider à déployer leur projet ». Total affirme donc être aux manettes d’une politique à destination de la jeunesse. Quel sera son rôle dans la distribution des fonds offerts en juin ? « Total et l’État lancent un appel à projets jusque septembre, pour identifier les structures à financer », explique l’attaché de presse du groupe. Le choix final ? Il est « laissé à des spécialistes... en concertation avec Total, bien sûr ».

Au-delà d’abonder le Fonds d’expérimentation pour la Jeunesse, Total soutient, dans le cadre de cet accord, d’autres structures associatives, « ciblées directement par l’entreprise, en cohésion avec l’État », explique le service de presse du ministère de la Jeunesse. Parmi ces partenaires privilégiés, Sport en Ville, association d’insertion par le sport, mise en avant lors de la signature de l’accord entre le ministère et Total. Une association dirigée à 90% par des représentants d’entreprises, comme la Société générale ou le fonds d’investissement Siparex. Sa pédagogie ? « Fondée sur la méritocratie ». Son président, Philippe Oddou, affirme diriger Sport en Ville « comme une entreprise ».

Le lobbying ne se déroule pas que dans les couloirs des ministères, de l’Assemblée nationale, de la Commission de Bruxelles, voire au sein de l’Elysée. C’est aussi dans les écoles que les grandes entreprises parviennent à s’insinuer, proposant aux enseignants des "outils pédagogiques" pour les aider à remplir le programme éducatif.

Ainsi, les trusts qui financent un projet contre illettrisme ont également fourni des films qu’ils demandent aux enseignants de diffuser dans ca cadre…

Le ministère de l’Education écrit :

"Tout comme les années précédentes" écrit-il, "dans le cadre du programme ’Planète Energies’ mis en place par le groupe Total en 2005, des collaborateurs de l’entreprise pourront intervenir dans les classes de CM1 à la Seconde, à la demande des enseignants, afin d’aborder la problématique énergétique."

Le directeur joint une présentation du programme Planète Energies, qui "propose des clés de compréhension sur toutes les énergies et leurs défis. Cette démarche pédagogique consiste à intervenir gratuitement dans des classes du CM1 à la 2e pour une durée d’1h30 environ afin de traiter de sujets en cohérence avec les programmes scolaires en vigueur :

- les énergies, renouvelables et fossiles

- la nécessité de limiter la consommation des énergies fossiles

- le développement des énergies renouvelables

- la découverte de l’entreprise TOTAL et de ses métiers pour les classes de 3e et de 2nde.

Nous fournissons aux professeurs et aux élèves de la documentation gratuite et adaptée au niveau de chaque classe. Nos animateurs (collaborateurs TOTAL) participent sur la base du volontariat et disposent du matériel informatique nécessaire."

Total n’est pas seul à venir faire de la propagande (pardon, de l’enseignement "gratuit") dans les écoles de la République.

La chaîne de distribution E. Leclerc s’insinue elle aussi dans les écoles pour y faire de la publicité sous couvert de mener « des actions environnementales ».

Les grandes cultures agro-industrielles viennent de leur côté meubler l’esprit des chères têtes blondes sous le sigle de "L’école des céréales", dont le site internet propose un "partenariat pédagogique" aux enseignants :

"Madame, Monsieur,

Rendre les élèves curieux des nouvelles applications de la biomasse agricole, des incroyables évolutions du monde rural depuis la fin de la seconde guerre mondiale, faire découvrir avec simplicité le fonctionnement de la Politique Agricole Commune, le rôle des céréales dans notre alimentation, réaliser des expériences scientifiques avec de l’amidon, écouter des témoignages des différents acteurs de la filière… sont autant de sujets sur lesquelles la filière céréalière peut vous faire bénéficier de ses connaissances, dans le cadre d’un partenariat pédagogique."

Le groupe pharmaceutique Novartis va adresser 5 000 kits pédagogiques à des écoles élémentaires. De quoi sensibiliser 150 000 enfants à l’importance de prendre soin de leur animal domestique préféré, chiens ou chats, pour éviter la transmission de maladies grâce… à des produits en partie commercialisés par Novartis. S’agit-il de « séances pédagogiques » désintéressées, ou de réaliser une vaste opération marketing, avec l’aval de l’Education nationale.

En avril, 17 000 établissements scolaires ont reçu un mail leur proposant de commander gratuitement le kit pédagogique de Novartis. Comment l’Education nationale peut-elle donner son accord pour que des entreprises fassent du marketing sur le temps scolaire ? La pratique semble pourtant assez courante. Kat-Cent-Coups, « agence conseil en communication pédagogique », qui diffuse le kit de Norvartis, propose aussi un CD-Rom estampillé Veolia Transport pour aborder avec les élèves la thématique des déplacements durables. Ou les supports pédagogiques la « Semaine du jardinage à l’école », conçus par le Groupement national interprofessionnel des semences et plants (GNIS), lobby des semenciers. Le GNIS, par ailleurs co-éditeur du site Ogm.org pour « comprendre les OGM et préparer notre avenir ». Le président de ce groupement professionnel, Daniel Segonds, a longtemps été dirigeant du semencier RAGT, en pointe sur la recherche OGM au sein du groupement Biogemma, et a travaillé pour Dekalb, filiale de Monsanto.

Dans certaines villes en « ZEP » deux dispositifs d’aide aux enfants en difficulté scolaire « cohabitent » (la Cour des Comptes appréciera !) :

• Le dispositif Coup de Pouce (sans clé ?) géré par la municipalité qui fait appel aux enseignants volontaires,

• Le dispositif Coup de Pouce Clé « géré » par l« ’Education Nationale » - en fait l’Apféé (Association Pour Favoriser l’Egalité des chances à l’Ecole)

Quand on découvre la liste des « partenaires » de l’Apféé : Rotary, Total, Fondation Bettencourt-Schueller, Auchan..., on se dit que les classes vertes organisées par BP, c’est pour demain !

Les sources de financement privé aident de plus en plus à financer l’école publique. Elles arrivent par des voies auxquelles on ne pense pas forcément, par exemple le mécénat. Quand on les sollicite, les entreprises répondent présent, sans complexe. D’ambitieux programmes d’enseignement artistique aussi sont largement soutenus par de grandes entreprises, c’est la cas par exemple d’un projet magnifique comme « Orchestre à l’école », développé grâce au mécénat d’Axa, Bouygues, LVMH… etc., « qui permet aujourd’hui l’installation de dizaines de classes orchestres dans les écoles de l’Hexagone », nous dit la fondation. Certains établissements lancent eux-mêmes leurs propres fondations.

Dans ce projet politique, l’éducation n’est pas (plus !) considérée comme un bien public. Pour Nicolas Sizaret, ce type d’annonce se fait sans complexe et dans une relative indifférence, à partir du moment où les citoyens fatalistes perdent confiance dans les capacités de leurs services publics à répondre à leurs besoins mieux que ne le ferait le secteur marchand.

Les sources de financement privé aident de plus en plus à financer l’école publique. Elles arrivent par des voies auxquelles on ne pense pas forcément, par exemple le mécénat. Quand on les sollicite, les entreprises répondent présent, sans complexe. D’ambitieux programmes d’enseignement artistique aussi sont largement soutenus par de grandes entreprises, c’est la cas par exemple d’un projet magnifique comme « Orchestre à l’école », développé grâce au mécénat d’Axa, Bouygues, LVMH… etc., « qui permet aujourd’hui l’installation de dizaines de classes orchestres dans les écoles de l’Hexagone », nous dit la fondation. Certains établissements lancent eux-mêmes leurs propres fondations.

C’est ce qu’a fait le prestigieux lycée parisien Louis-le-Grand l’année dernière avec de très grosses entreprises : LVMH, EADS, Canal+ et L’Oréal. Sa dotation de départ était de 250.000 euros.

L’établissement, public il faut le rappeler, capitalise sur son nom et sa réputation pour recueillir des fonds privés. Tous les lycées ne pourront pas en faire autant.

L’objectif, précisait Joël Vallat, son proviseur au moment du lancement de la fondation, était « l’ouverture sociale et la mobilité internationale » de son lycée. Enfin, Total a signé un accord-cadre avec l’Etat, plus précisément avec le ministère des Sports, de la Jeunesse, de l’Education populaire et de la Vie associative le 7 juin dernier pour financer à hauteur de 4 millions d’euros la réforme des rythmes scolaires (notamment alloués au développement d’activités périscolaires prévues dans le cadre de la réforme des rythmes éducatifs… de l’argent qui provient en fait de fonds précédemment alloués au Fond d’expérimentation de la jeunesse de Martin Hirsch et qui a mis de l’huile dans la mise en place de la réforme des rythmes).

L’école privée monte également… 34 des 50 premiers lycées de France sont privés. Les deux tiers ! Jamais le privé n’a connu un tel succès. A la rentrée 2011, ils ont été 12053 élèves de plus que l’année précédente à franchir ses portes, un record historique. « Et on a refusé 40.000 dossiers, faute de places », assure Gilles du Retail, du Secrétariat général de l’enseignement catholique (SGEC). Certes, l’école publique, qui scolarise près de 80% des élèves de la maternelle au lycée, reste largement dominante. Mais le privé, dont la part est passée de 16 à 17,5% en trente ans, continue de gagner du terrain. « L’assouplissement de la carte scolaire en 2007 a accéléré la désertion du public et la ségrégation scolaire, s’inquiète Pierre Merle, du Centre de recherche sur l’éducation de l’université Rennes-II.

C’est le gouvernement de gauche qui fait des efforts considérables pour rapprocher école et entreprise, comme par exemple la « semaine École-Entreprise » qui est, selon les termes du gouvernement, « née de la volonté de rapprocher le monde éducatif de celui de l’entreprise » :

« La semaine École-Entreprise permet de renforcer les échanges et les liens de partenariat dans les académies et de susciter de nouvelles initiatives. La semaine a été pérennisée par un accord-cadre signé en 2010 avec le Medef. Cet accord institue un comité national de pilotage qui réunit le ministère chargé de l’Éducation nationale, le Medef, le centre des jeunes dirigeants d’entreprise (CDJ) et l’association jeunesse et entreprises (AJE). »

La « Semaine école-entreprise », a, pour sa cinquième édition, en novembre 2004, mobilisé 4 400 sociétés et 107 000 élèves autour de stages, de visites et de tables rondes.

Toutes les universités ont maintenant leur fondation, par laquelle les trusts pénètrent l’enseignement supérieur… Les universités, en crise de financement, sont même ouvertes à se faire acheter par des entreprises et Etats étrangers…, Ce sont ces financements privés qui déterminent souvent les choix des sujets de recherche et d’étude et ceux des thésards…

L’université de Strasbourg, qui s’est lancée dans cette aventure il y a plusieurs années, a dévoilé mercredi avoir levé 22,5 millions d’euros en cinq ans. Une somme relativement modeste sur les plus de 500 millions d’euros de budget annuel, mais qui a toutefois permis d’investir "plus de 6 millions d’euros pour des programmes de recherche", "3,5 millions pour financer des équipements ou des programmes de formation" et "1,8 million pour des bourses" versées à des étudiants non boursiers, s’enthousiasme Régis Bello, président de l’établissement.

"On a voté péniblement notre budget en janvier", précise-t-il, "et nous n’avons toujours pas le montant des dotations pour 2015" alors l’argent récolté par la fondation est une aubaine. Ce sont des "crédits supplémentaires" mais leur vocation n’est "surtout pas de remplacer d’éventuel déficit de la dotation d’Etat", ajoute Régis Bello.

Pour Régis Bello, ancien PDG du groupe De Dietrich désormais président de la Fondation de l’Université de Strasbourg, le succès de cette levée de fonds est pour le système universitaire français "un bel exemple du développement de ses interactions concrètes avec les entreprises". Pour mener cette collecte, la fondation universitaire a mutualisé ses moyens avec la Fondation pour la recherche en Chimie de Strasbourg.

Les entreprises ont versé 91,7% des montants réunis, loin devant les dons plus nombreux mais moins élevés de particuliers (8,3%), a précisé la fondation dans un bilan transmis à AFP. La possibilité de récolter des fonds auprès de mécènes a été mise en place dans le sillage de la loi sur l’autonomie des universités. Les donateurs peuvent demander que leurs dons soit consacrés à des projets en particulier, ou laisser l’université libre de choisir.

Grâce à cette première collecte, plus de 6 millions d’euros ont par exemple été consacrés à des programmes de recherche (pour des doctorants ou encore des prix de thèse), 3,5 millions au financement d’équipements ou de programmes de formation et 1,8 million à des bourses. Ces sommes restent modestes par rapport au budget global de l’Université de Strasbourg (plus de 500 millions d’euros en 2015) et sont en deça de ce que sont capables de collecter certaines grandes écoles, grâce notamment à la mobilisation de leurs réseaux d’anciens.

Voici à quoi pourrait ressembler l’université du futur… A Mulhouse, l’université de Haute Alsace propose un nouveau cursus intitulé "UHA 4.0" pour aider les étudiants qui décrochent… Il n’y a plus de cours magistraux. Seule prime le besoin des entreprises.

Voici comment cet enseignement est décrit :

« Les étudiants travaillent sur des projets apportés par les entreprises partenaires. Ils ont des problématiques à résoudre qu’ils doivent traiter au quotidien. Ici, ils travaillent sur des projets concrets et durant la réalisation de ces projets, ils rencontrent des difficultés. Lorsqu’ils butent, qu’ils n’ont pas les connaissances nécessaires, on organise alors des "topos" pour leur inculquer des compétences adaptées à la réalisation de leur projet. Les enseignants s’adaptent aux besoins des étudiants et donc des entreprises. »

Le prix Nobel d’économie, Mr Tirole, dirige un Institut universitaire à Toulouse, celui-ci est un oasis qui échappe au contrôle de l’Éducation nationale, parce qu’il est financé par des entreprises privées de la région ; ce qui permet à Tirole de suivre le modèle américain, de recruter qui il veut au prix du marché mondial. Son école s’appelle Toulouse School of Economics (TSE), ce n’est pas par hasard. Par ailleurs, Tirole est de formation américaine autant que française, au MIT de Boston où il passe toujours la moitié de l’année. Tirole est pour la privatisation de l’université et il la pratique. L’École d’économie de Toulouse, qui est la tête de pont au sein de l’université française des courants de pensée libéraux ou ultralibéraux en économie. Plus que cela ! C’est lui, effectivement, qui a joué les précurseurs pour inviter le monde de la finance à sponsoriser la recherche économique.

La loi de 2006 sur la recherche, en organisant ce système de fondation financée par des fonds publics et des groupes privés voire même des mécènes, avec à la clef de très fortes défiscalisations, a brutalement accéléré cette privatisation à peine masquée de l’enseignement universitaire de pointe et de la recherche économique. Mais, loin d’éviter des dépenses à l’Etat, l’université privée draine l’argent de l’Etat vers le privé…

Les apports financiers prévus sur la période 2007-2012 pour financer la Fondation et les 140 chercheurs qu’elle abrite au sein de l’école en témoignent : 42,8 millions d’euros proviennent de l’État, 0,825 des fondateurs, et 33,4 millions des entreprises privées. À titre d’illustration, pour la seule année 2010, l’État a apporté 7,5 millions d’euros, les fondateurs 0,165 et le privé 6,825 millions d’euros. En clair, les portes de TSE, à la pointe de la recherche économique en France, ont toutes grandes été ouvertes au privé. Le groupe Axa a ainsi apporté 600.000 euros ; EDF 500.000 euros ; Electrabel (filiale de GDF Suez) 600.000 euros ; la Caisse des dépôts 600.000 euros ; BNP Paribas 600.000 euros, La Poste 300.000 euros ; Crédit Agricole 600.000 euros, Total 600.000 euros et France Télécom 250.000 euros. La gouvernance de la fondation est presque identique. Les financeurs privés détiennent des sièges au conseil pratiquement à parité avec les fondateurs. Outre Jean Tirole, qui préside, et deux personnalités qualifiées, les membres du conseil au titre des fondateurs sont au nombre de six ; et les membres représentant les entreprises sont au nombre de cinq, en l’occurrence les représentants d’Exane, de GDF Suez, de France Télécom, du Crédit Agricole et de BNP Paribas. En somme, une bonne partie des « gestionnaires » de la recherche économique de pointe en France sont des entreprises privées, et notamment des banques. Des établissements privés qui ont bien sûr importé le fonctionnement du privé au sein de l’école.

La Cour des comptes mentionne cet état de fait notamment dans le cas des rémunérations. Alors que le traitement d’un professeur d’université en fin de carrière avoisine les 5.000 euros net par mois, les bénéficiaires d’une « chaire senior » à l’École de Toulouse profitent de rémunérations financées par la fondation qui oscillent entre « 21.000 et 80.000 euros ». Ces rémunérations, note la Cour des comptes, résultent d’une « négociation de gré à gré entre la direction de TSE et les intéressés », dans des conditions de discrétion « proche de l’opacité ».

En bref, c’est une bombe qui a été logée au sein de l’Université française. Une bombe qui risque de conduire à un éclatement de l’Université dans les disciplines économiques : avec une université de luxe, sous la coupe du privé, disposant de professeurs et de chercheurs profitant des rémunérations considérablement supérieures à celles de la fonction publique ; et une université du pauvre, abandonnée au public, avec des professeurs sous-payés.

(…) Mais les conséquences de cette privatisation pas même masquée vont encore au-delà car ce système induit un type de recrutement de chercheurs bien parti- culiers. On se doute en effet que les économistes spécialistes de l’exclusion sociale ou des inégalités ont assez peu de chances de faire carrière à Toulouse. En tout cas, ils ont moins de chances que les chercheurs dont les inclinaisons sont plus libérales et les thématiques de recherches davantage liées aux marchés financiers.

Au total, les grands groupes privés ont apporté 33,4 millions d’euros à TSE (privée) et seulement 2,375 millions à PSE (public) bien que les deux soient classée « pôles d’excellence ». Dans la disproportion spectaculaire des chiffres, on comprend sur-le-champ les risques induits par cette privatisation rampante de la recherche et de l’enseigne- ment de pointe en économie : le secteur privé – les grandes banques, les groupes d’assurance ou quelques mastodontes industriels – a la faculté de favoriser un pôle d’excellence plutôt qu’un autre.
Le rapport de la Cour des comptes détaille les rémunérations de PSE : de 1.000 à 2.000 euros net par mois pour deux cours de masters de 24 heures dans l’année pour les titulaires de chaire associée ; 3.600 euros net pour un cours de masters de 24 heures pour les professeurs associés ; 2.600 euros par mois pour les doctorants et 4.000 euros par mois pour les post-doctorants… En clair, PSE est à la traîne par rapport à TSE.

L’Ecole de Valls-Hollande « doit inculquer l’esprit d’entreprise ». C’est dire que non seulement elle n’est pas neutre dans la lutte des classes mais elle est prise en otage.

Les enfants sont contraints d’admettre ce que leurs parents ont le droit de discuter ou de critiquer. Les adultes ont choisi d’aller ou pas à des manifestations ou minutes de silence après les attentats. Les enfants y ont été contraints. Les parents choisissent quelle propagande pro-religieuse ou pas ils choisissent d’adopter. Les enfants ont droit à la porpagande obligatoire de l’Etat, même s’ils sont très petits.

La chute des subventions publiques à l’école et aux universités les met dans l’obligation de rechercher d’autres sources de financement et à se placer sous la dépendance des exigences des trusts…

L’entreprise capitaliste enjoint au système scolaire de viser uniquement l’adaptation aux objectifs économiques, sociaux et politiques du patronat. Pas question de financer le simple développement de l’individu, sa formation personnelle, du moment que celle-ci n’aide pas le fonctionnement économique, social ou politique du capitalisme. L’école et l’université sont mesurés à leurs résultats purement économiques. Tout domaine qui refuse cette adaptation stricte est supprimé. Au nom de l’efficacité, de l’intérêt social de l’élève, on a déformé l’enseignement pour en faire l’auxiliaire de l’exploitation capitaliste.

Résultat : sous le prétexte fallacieux d’intégrer mieux l’enfant aux perspectives économiques qui marchent, la France est le pays d’Europe qui aggrave le plus les inégalités sociales héritées des parents !

Remarquons que les aides des entreprises à l’éducation ne permettent pas autant qu’elles le prétendent de soulager les dépenses de l’Etat. En effet, une grande part de ces aides est déduite des impôts des sociétés ou des particuliers fortunés : 60% à 80% !!!

Messages

  • "Le trust pétrolier Total et l’avionneur Dassault qui subventionnent la « réforme des rythmes scolaires, orientent les activités d’animation et visent à les diriger…"

    Les nouveaux directeurs & directrices des écoles maternelles, primaires, des collèges et secondaires, sont issus d’entreprises privés.

  • Le groupe pharmaceutique Novartis va adresser 5 000 kits pédagogiques à des écoles élémentaires. De quoi sensibiliser 150 000 enfants à l’importance de prendre soin de leur animal domestique préféré, chiens ou chats, pour éviter la transmission de maladies grâce… à des produits en partie commercialisés par Novartis. S’agit-il de « séances pédagogiques » désintéressées, ou de réaliser une vaste opération marketing, avec l’aval de l’Education nationale ?

  • Forte de cette expertise scientifique, Novartis lance donc une campagne de sensibilisation dans les écoles françaises pour « rallier le plus grand nombre à sa mission de santé publique ».

    17 000 établissements scolaires ont reçu un mail leur proposant de commander gratuitement le kit pédagogique de Novartis. Comment l’Education nationale peut-elle donner son accord pour que des entreprises fassent du marketing sur le temps scolaire ? La pratique semble pourtant assez courante. Kat-Cent-Coups, « agence conseil en communication pédagogique », qui diffuse le kit de Norvartis, propose aussi un CD-Rom estampillé Veolia Transport pour aborder avec les élèves la thématique des déplacements durables. Ou les supports pédagogiques la « Semaine du jardinage à l’école », conçus par le Groupement national interprofessionnel des semences et plants (GNIS), lobby des semenciers. Le GNIS, par ailleurs co-éditeur du site Ogm.org pour « comprendre les OGM et préparer notre avenir ». Le président de ce groupement professionnel, Daniel Segonds, a longtemps été dirigeant du semencier RAGT, en pointe sur la recherche OGM au sein du groupement Biogemma, et a travaillé pour Dekalb, filiale de Monsanto.

  • En 2001, l’ouverture de l’école à l’entreprise privée a été légiférée :

    « Les établissements scolaires du second degré, mais aussi du premier degré, nouent de plus en plus fréquemment des contacts et des échanges avec leur environnement économique, culturel et social.

    Ainsi, les relations sont nombreuses avec les entreprises, notamment dans le cadre du développement des technologies nouvelles. L’article L. 423-3 du code de l’éducation autorise les établissements scolaires à créer des groupements d’intérêt public pour leur permettre de mener des actions destinées à favoriser l’innovation et les transferts de technologie et à concourir au développement économique et social local.

    Néanmoins, les services de l’éducation nationale et les établissements scolaires sont également souvent sollicités par des entreprises qui souhaitent intervenir en milieu scolaire, afin de bénéficier des facilités d’accès à une population ciblée et captive envers laquelle elles ne poursuivent en fait qu’une stratégie commerciale.
    Deux notes de service (1) ont précisé les modalités d’un partenariat régulier entre les services de l’éducation nationale et les entreprises.

    Le présent code de bonne conduite s’efforce d’envisager les différentes relations qui peuvent s’établir entre, d’une part, les services de l’éducation nationale et les établissements scolaires et, d’autre part, des entreprises privées, en dehors des contrats de fournitures et de prestations de services.

    Ce code ne s’applique pas aux liens que les établissements scolaires entretiennent avec les entreprises dans le cadre de la formation professionnelle. Ainsi, les relations nécessairement entretenues dans ce domaine avec les entreprises, notamment les stages que celles-ci proposent aux élèves, ne sauraient être regardées comme des actions commerciales.

    Dans la présente circulaire, le terme "entreprise" désigne aussi bien les sociétés privées que les entreprises ou exploitants publics. Sont également visées les associations et les fondations constituées par des entreprises. »

    voir ici

  • Dans le cadre de la « Semaine européenne de l’argent », des banquiers ont été invités par l’Education nationale dans une quarantaine de classes en école primaire. Objectif de cette opération pilote menée par la Fédération bancaire française : apprendre aux élèves les principes d’une « gestion financière responsable ». Au vu des scandales et controverses qui touchent les banques françaises, il n’est pas sûr que cette fédération, principal lobby du secteur financier en France, soit la mieux placée pour faire la leçon en la matière. Cette opération pourrait se généraliser l’année prochaine.

    A court d’argent et d’idées, le gouvernement a signé un accord avec le groupe Total en 2013, qui s’engage à verser plusieurs millions d’euros pour soutenir la réforme des rythmes scolaires, concoctée par le ministre de l’Education nationale. L’entreprise aidera financièrement les associations qui prendront le relai lorsque les enfants ne seront plus en classe. Les municipalités auront-elles également recours au mécénat d’entreprises pour financer leurs politiques éducatives ?

  • Treize millions d’euros : cette somme a suffi à Microsoft pour s’offrir un partenariat royal avec l’Education Nationale : celle-ci donne au trust le monopole du "plan numérique" de l’école publique !

  • Réforme du collège, du lycée, du baccalauréat et de l’université : toujours plus d’inégalités sociales !!!

  • La nouvelle réforme de l’école c’est sa destruction.

    Cependant, l’école doit être défendue en même temps que les autres services publics et pas isolément.

    On ne peut pas défendre l’école sans se battre en même temps pour l’hôpital public, les transports publics, l’énergie publique, la recherche publique ou la poste...

    C’est ce que font les Gilets jaunes mais ce n’est toujours pas ce que font les syndicats !

  • Contestant la réforme Blanquer des enseignants ont détenu des notes et des copies et ne les ont pas livrées.

    Des membres de jurys du baccalauréat refusent de délibérer sur les notes de contrôle continu, selon plusieurs témoignages d’enseignants recueillis par franceinfo, jeudi 4 juillet. Ils rejettent ainsi les mesures annoncées par Jean-Michel Blanquer.

    Le ministre de l’Éducation nationale a en effet demandé aux enseignants de prendre en compte la moyenne du contrôle continu des candidats dans les épreuves dont les notes au baccalauréat n’auraient pas été communiquées par des correcteurs grévistes aux jurys qui délibèrent sur les résultats.

    Selon les informations que franceinfo a pu obtenir, plusieurs jurys sont sérieusement perturbés. Ces tensions concernent la région parisienne ou l’Isère notamment.

    Le bras de fer continue : « Ça ne va pas bloquer le système, les jurys peuvent être remplacés » a répondu le ministre !!!

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