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La lutte des classes à l’hôpital public
jeudi 29 octobre 2015, par
La prétendue réforme de Hirsch continue...
Martin Hirsch, est parvenu mardi à un accord avec la seule CFDT sur son projet de réforme des 35 heures, à l’origine d’un long conflit social. « Après cinq semaines de négociation intenses », la direction générale et le troisième syndicat de l’AP-HP ont trouvé un terrain d’entente sur « l’organisation et le temps de travail », louant, dans un communiqué, une réforme « importante et équilibrée ».
Le nouveau texte, applicable à compter de janvier prochain, prévoit la disparition de ces journées « protocole », ainsi que des jours attribués au titre de l’ancienneté ou de la fête des Mères. Le schéma en 7 h 50 est lui aussi voué à disparaître d’ici au 1er septembre 2016.
Et la journée de 7 h 30 de travail, qui permet de réduire le nombre de RTT de 18 à 15, fait son entrée dans les hôpitaux parisiens. Motifs de satisfaction pour la CFDT, le schéma en 7 h 36 est maintenu pour les agents déjà en place qui le souhaitent, comme l’intégration de la pause repas dans le temps de travail. Le principe de « l’équipe de journée », très décrié par l’intersyndicale, sera généralisé au plus tard le 1er septembre 2016, mettant fin aux équipes fixes du matin et de l’après-midi et permettant une plus grande flexibilité dans les plannings.
En somme, la CFDT soutient Hirsch dans ses attaques mais rien ne dit que le personnel laissera passer cette fois encore !
Hôpital tombant en désuétude
De plus en plus, de nombreux appareils et matériels ne fonctionnent plus ou tellement mal qu’ils sont cause de difficultés innombrables pour les personnels quand ce n’est pas de danger pour les patients… Ils tombent régulièrement en panne et ne sont pas réparés depuis des années ni remplacés. Vu que l’hôpital et les services sont dirigés comme des entreprises, c’est-à-dire en fonction de la rentabilité, les cadres font traîner les réparations et l’achat de matériel nouveaux pour ne pas impacter leur budget dont on leur a dit qu’il est l’objectif numéro un du fonctionnement de l’hôpital ! La dégradation de la situation n’a pas d’impact sur eux dans la tranquillité de leurs bureaux mais elle en a une, et grande, sur la difficulté, sur la pénibilité, sur les dangers des travaux des personnels, rendant le travail difficile, voire pénible. Une remarque : comment se fait-il que les fameuses inspections ne remarquent jamais cela ?
Tout dans le même sac…
Il fut un temps où les hôpitaux insistaient lourdement sur la nécessité de trier les déchets en séparant spécifiquement toutes- les matières à risque infectieux ou certains matériaux du fait du risque de blessures ou coupures qu’ils pourraient engendrer des autres déchets. On avait donc consigne de séparer les DASRI, déchets verres, coupants (sacs, cartons, boites plastique jaunes) aux déchets ménagers (sacs noirs). Mais des nouvelles consignes sont apparues : la rentabilité d’abord, les économies d’abord, la santé après !!! Pour cause les déchets des DASRI sont plus cher que les déchets ménager, du coup l’essentiel des déchets s’en vont dans les sacs noirs, souillés ou pas de sang et de liquides biologique. Les comptes financiers d’abord et tant pis pour santé publique et l’environnement.
L’Hôpital public au service du privé
Les labos pharmaceutiques veulent assurer leurs bénéfices et, pour cela, ils ont besoin que l’on stimule les patients afin de les pousser à consommer des médicaments. D’où les arrangements entre les labos et l’hôpital, petit commerce par lequel l’hôpital obtient des prix bas sur certains produits, même si ceux-ci coûtent en fait plus cher à la sécu, quand les patients les consomment en ville. Eh bien, c’est loin d’être le seul moyen pour les labos de pousser à la médication la plus importante et la plus chère possible. Il y a aussi les manipulations des normes, que ce soient celles des diabètes, du cholestérol, de la vitamine D, la campagne pour la vaccination grippale (tant pis si le vaccin n’est nullement assuré de soigner la dernière version de la grippe ayant muté et tant pis si le vaccin a des effets nocifs comme bien d’autres vaccins, tant pis si l’argent public sert à acheter des vaccins inutiles en masse comme le faisait Bachelot). C’est comme cela que l’APHP arrose de médicaments contre le cholestérol, et favorise de nombreux médicaments peu ou pas efficaces, du moment qu’ils rapportent à tous les Sanofi et autres boutiques pharmaceutiques… L’important, c’est que l’hôpital serve de vitrine à l’industrie pharmaceutique : du moment que c’est bon pour la santé de l’économie capitaliste !
Des soupes qui coûtent des briques !
Parmi les calculs économiques à courte vue des directions, qui se révèlent finalement plus coûteux, il y en a des petites et des grandes. On peut citer récemment le remplacement des soupes individuelles par les briques de soupe, ce qui suppose davantage de déchets, davantage de vaisselle à nettoyer, la direction ayant oublié les bols plastiques. Les économies bidon de la direction, on en a soupé !
Les risques augmentent…
Il y a un domaine où le manque d’effectifs, de lits, de moyens impacte directement la santé des malades et des agents : c’est celui des maladies graves et transmissibles, graves car difficile ou impossibles à soigner notamment à l’aide d’antibiotiques, les BMR, BHR ou ERV notamment (bactéries multirésistantes, hautement résistantes, ou à entérocoques). L’impossibilité fréquente de leur donner des moyens de protection suffisants, des personnels dédiés, des informations suffisantes sur les risques entraînent l’accroissement de ceux-ci sans que cela inquiète en quoique ce soit la direction. La pire maladie transmissible étant celle des réductions de coûts sur le dos des malades et des agents s’est diffusée d’une direction à l’autre au point de devenir insoignable !
Où en est la « réforme » bidon de Hirsch ?
C’est le silence radio sur les projets de Hirsch, mis à part pour prétendre qu’il continue à négocier, ayant trouvé un syndicat, la CFDT, encore capable de faire semblant d’écouter ses discours oiseux, malhonnêtes, à géométrie variable, mais qui visent toujours la même chose : s’attaquer à la masse salariale, accusée de plomber les comptes de l’APHP. Hirsch n’a renoncé à rien : ni la suppression des RTT et autres repos, ni l’obligation de la grande équipe, ni les suppressions de primes, ni la remise en cause des 35 heures, ni sur la remise en cause de la ½ heure de repas sur le temps de travail, ni les économies de toutes sortes en termes de moyens, d’effectifs, de personnels en fixe, de fonctionnaires, ni sur les blocages de rémunérations et on en passe. Sous la pression des personnels révoltés, les syndicats ont été contraints de se retirer les uns après les autres des prétendues négociations, du prétendu « dialogue social », des discussions de « projets de réforme » qui signifient des remises en question globales des acquis et des droits des agents hospitaliers. En mai-juin dernier, le rapport de force des personnels de l’APHP révoltés permettait de faire reculer le gouvernement mais tel n’a pas été le choix des centrales syndicales qui, alors, étaient accrochées à négocier avec Hirsch pendant que les manifestants exigeaient invariablement qu’on arrête ces négociations bidon sur un projet qui n’est pas négociable. Maintenant, les centrales syndicales se maintiennent dans une attitude d’expectative, comme s’il suffisait d’attendre pour que les fruits tombent tout mûrs dans nos mains ! De temps à autre, elles font semblant de lancer une nouvelle journée d’action et se débrouillent pour que la mobilisation ne cesse de décroître afin de finir, un jour, par justifier de reprendre le chemin de… la table de négociation. Car leur naturel, c’est de négocier même quand il n’y a rien à négocier ! Le 15 octobre, l’intersyndicale appelait encore à une journée d’action mais pas générale, seulement établissement par établissement, comme si les uns pouvaient entrer en lutte et pas les autres, alors que ce projet menace tout le monde. Il serait temps qu’on décide nous-mêmes de nos objectifs, de nos moyens d’action et de nos mobilisations en nous organisant nous-mêmes en comités et en nous liant aux autres secteurs qui luttent, notamment ceux du service public ou semi-public, des enseignants, des postiers, des agents d’EDF, des agents de la SNCF, des personnels de Radio France, de l’AFP, de France Télévisions, d’Areva, de Total, d’Air France, des banques, menacés par exactement les mêmes plans d’attaque que nous. Et cette liaison là, ne comptons pas sur les centrales bureaucratiques pour la mettre en place !
L’austérité touche aussi la formation
Le financement des écoles d’élèves infirmiers dépend maintenant des régions et non du budget de l’enseignement, qu’il s’agisse des études, des bourses ou des aides sociales. En fait, ce sont souvent les anciens aides soignants faisant la formation IDE qui sont de moins en moins nombreux à être financés pendant leurs études c’est-à-dire à percevoir leur salaire d’aides soignants pendant les 3 ans d’études. Comme les régions voient leurs budgets remis en cause, diminués, et différemment suivant les régions, les études des élèves infirmiers sont menacées. Ils sont descendus dans la rue pour protester contre ces remises en cause du financement des IFSI, contre les inégalités territoriales et pour la réévaluation des dotations. Et c’est aussi l’intérêt de l’hôpital public de défendre les futurs infirmiers car, si le recrutement se tarit, le poids du travail devient insupportable sur ceux qui sont au travail.
Hirsch s’attaque au secteur de la Chirurgie
Selon l’âne Martin, il y aurait trop de services chirurgicaux car il y aurait trop peu de chirurgiens. Il affirme que la faiblesse des effectifs, non seulement en chirurgiens mais en anesthésistes, en infirmières, doit être réglée en supprimant des services de chirurgie. Pour lui, « treize services d’orthopédie-traumatologie dans 12 hôpitaux, c’est trop ». Les équipes seraient « de trop petite taille dans la majorité des sites ». Sa solution pour face au manque d’effectifs et de moyens, c’est de sortir son bistouri et de couper dans le vif. Si on se laisse faire ! Car, en même temps, il veut réduite encore les maternités, les services d’urologie, la psychiatrie et on en passe. De là à provoquer une révolte générale, il n’y a qu’un pas qu’Hirsch s’apprête à franchir allègrement !
Regroupement égale diminution
Le projet de regroupement des hôpitaux Beaujon de Clichy et de Bichat est toujours dans les choux. Pendant que les diverses autorités se disputent sur le site d’implantation, on laisse ses hôpitaux se dégrader à grande vitesse, les médecins prenant la tangente, les fonds aussi, les matériels étant laissés à l’abandon. Si ça continue le fameux « pôle d’excellence » qui est projeté va se transformer en deux fermetures d’hôpitaux sans aucune construction d’un nouveau. En tout cas, il est évident qu’une fois de plus la prétendue excellence, la prétendue création de nouveaux hôpitaux recouvre une diminution de moyens. Le récent regroupement de l’APHP avec le nouveau centre hospitalier d’Evry en est une autre démonstration.
Martin manquait d’application…
L’AP-HP a lancé une application pour mieux communiquer !! Ah si Martin Hirsch avait disposé d’une appli dans ses contacts avec les syndicats et avec les personnels, il aurait depuis longtemps fait passer ses réformes, ayant pu mieux exposer tout l’intérêt de perdre des repos, des pauses, des rythmes, des horaires, des primes, des effectifs et autres ! Une appli, il ne lui manquait plus que ça !
Hirsch persiste et signe
Hirsch affirme que la version finale de la réforme va sortir fin octobre, que les syndicats signent ou pas. Le 25 septembre, il relance les « changements d’organisation et de rythmes de travail », annonce la « généralisation de la grande équipe qui inclut la symétrie entre les horaires du matin et ceux de l’après-midi » d’ici « le 1er septembre 2016 au plus tard », et projette de « maintenir le schéma horaire en 7 heures 36 ». Cela signifie la perte des RTT correspondantes. Il s’agit donc maintenant de supprimer la carotte en imposant à tous la « grande équipe », c’est-à-dire l’alternance irrégulière d’horaires du matin et de l’après-midi, bien souvent au pied levé du fait du manque d’effectif, ce qui désorganise la vie personnelle. Hirsch précise qu’il supprimera les « journées extra-légales », comme les journées fête des mères ou les journées supplémentaires dites « forfait protocole ». Il parle également de « rythmes en 7 heures 30 », d’un « élargissement de l’éventail des schémas horaires possibles », cela dans le cadre d’« évolutions de l’accord de 2002 ». Mais tout cela n’est que du vent si nous le décidons. Il suffit que la colère des agents sonne comme en mai-juin dernier et que nous ne contentions pas de suivre l’intersyndicale dans ses prétendues journées inactives.
« Dialogue social », le grand mot est lâché !
Hollande a une idée sur ce qui serait bon pour les salariés : accepter les gifles et dire merci du moment que celui qui vous frappe vous propose d’en discuter ou qu’il vous tend la main ! Si on vous impose de travailler plus en gagnant moins, en vous menaçant de licenciement si vous refusez, en vous traitant de « voyou » si vous vous révoltez, en venant vous arrêter à six heures du matin à votre domicile et en vous menaçant de cinq ans de prison ferme pour… avoir défendu votre emploi, votre salaire, votre famille, parce que vous estimez dangereux de conduire des centaines d’heures en plus des avions avec la responsabilité de la vie des passagers, aurez-vous envie de serrer la main qui vous frappe, de bavarder gentiment avec le patron qui vous fait subir ce chantage, avec le gouvernement qui le cautionne ?!! Ce n’est pas comme cela qu’on vous a posé le problème dans les média, dans le discours des gouvernants et des hommes politiques, c’est-à-dire des patrons et de leurs défenseurs.
Certainement pas ! C’est à vous, salariés, de le poser ainsi parce que, n’en déplaise à tous les Hollande, à tous les défenseurs du « dialogue social », s’ils défendent le dialogue, c’est qu’il y a bel et bien deux camps en présence, les salariés et les patrons, et que chacun ne peut que choisir son camp ou être trompé par le discours selon lequel nous aurions tous les mêmes intérêts, qu’on soit patron ou salarié, selon lequel l’Etat et le gouvernement seraient impartiaux et seraient là pour équilibrer les deux camps. Et les deux camps, ce sont bel et bien les deux classes sociales fondamentales de la société, les travailleurs et les exploiteurs !
Dans l’affaire des licenciements à Air France, on a bien vu que le gouvernement a déclaré « être entièrement du côté du patron » ! De même qu’il était entièrement du côté du patron de l’APHP (hôpital public) qui veut supprimer des repos et des congés, qui veut surexploiter les personnels. De même qu’il était entièrement du côté du patron de Radio France qui démolit le service public de radio comme des patrons de France Télévisons ou de l’AFP qui font de même ou du PDG de la SNCF, chargé de détruire le service public du Rail, ou encore du côté du patron de Total ou d’Areva qui suppriment massivement des emplois, du patron de PSA qui licencie ou du patron de Renault qui bloque les salaires et supprime massivement des emplois.
Quand le gouvernement a développé des crédits d’impôts, quand il a commencé à casser le droit social, supprimant les pénalités des licenciements abusifs par exemple, où a-t-on vu un gouvernement faisant l’équilibre entre patrons et salariés, quand des patrons ont lancé des plans de licenciements comme à Peugeot, à Goodyear ou ailleurs, a-t-on vu le gouvernement s’opposer une seule fois aux licenciements en prenant le parti des salariés ? Nulle part ! A-t-on une seule raison de le croire quand il dit essayer d’éviter les licenciements à Air France alors qu’il veut seulement peser en faveur du chantage patronal, faire accepter des reculs sociaux et faire passer les licenciements comme une conséquence d’un manque de solidarité des syndicats et des salariés ? Mais est-il exact que les syndicats de salariés auraient refusé le dialogue social ? Même à Air France, n’est-ce pas les syndicats de pilotes qui ont forcé les pilotes à reprendre le travail, de même que ce sont les syndicats qui ont forcé les salariés à reprendre le travail dans la grève de Radio France, qui ont imposé aux agents de l’hôpital public la négociation alors que les personnels de l’APHP affirmaient qu’il n’était pas question de discuter avec Hirsch de sa réforme bidon !
Hollande et Sarkozy, comme les média, font semblant de s’en prendre à des syndicats radicaux et irresponsables, mais ce sont les travailleurs eux-mêmes et non les centrales syndicales, qu’ils visent en réalité. La lutte des classes, c’est exactement cela qui les motive pour agir ainsi. Ils défendent les intérêts de la même classe, qu’ils soient de partis bourgeois de droite, de gauche ou d’extrême droite, ce sont des partisans de la même classe, de la classe capitaliste et des adversaires déclarés des travailleurs.
Et, dans toutes ces affaires qui ont rythmé la vie sociale de ces dernières années, où a-t-on vu que les syndicats aient refusé de négocier jusqu’au bout et même de continuer à négocier après l’annonce des attaques scandaleuses, et même ensuite de négocier pour discuter de leur mise en place ? Nulle part !
Ce qui a manqué à Air France, ce serait paraît-il le dialogue social. C’est ce qu’affirme Hollande, applaudi par les syndicats patronaux. Selon lui, l’entreprise, l’économie, le pays, c’est une seule et même barque dans laquelle tout le monde, patronat, salariés et gouvernement, est embarqué et on ne peut pas s’en désolidariser. Il y aurait bien sûr des intérêts divergents mais la seule solution serait de négocier gentiment, de se comprendre et de s’entendre. Cela suppose d’accepter des réformes, traduisez des reculs sociaux causés paraît-il par les difficultés économiques. On a entendu ce discours à toutes les sauces dans la bouche des hommes politiques, des gouvernements, dans les média.
Mais qui refuse le dialogue social ? Certainement pas les syndicats de salariés ! Certes CGT et SUD ont, pour une fois, refusé symboliquement de participer à une mise en scène de la « concertation sociale » juste après une attaque en règle contre les salariés d’Air France. Mais de là à en tirer l’idée qu’ils refusent toute concertation, qu’ils mènent la lutte des classes, de manière radicale, il y a du chemin ! Ces deux syndicats continuent à négocier avec la direction de la SNCF alors que le plan de casse du service public du Rail est en chemin. Ces deux syndicats continuent à négocier à Radio France, à France Télévisions, et partout où les attaques contre le service public sont menées tambour battant. Ils avaient négocié malgré les huées des agents de l’hôpital public APHP lors de l’attaque contre la Santé menée par le PDG de l’APHP Hirsch. Tous les syndicats ont participé à la négociation sur les retraites complémentaires, comme ils l’avaient fait aussi sur le chômage, sur le plan de sauvegarde de l’emploi, les suppressions d’emploi à Areva ou à Mory Global, sur les blocages de salaire à Renault ou à la Société Générale, avec au bout de ces négociations la signature de certains syndicats mais la caution de tous puisque tous acceptaient le cadre des négociations !!! Mais oui, n’en déplaise à Hollande, les syndicats négocient, dialoguent, ne cessent de dialoguer et le niveau social recule, ne cesse de reculer, au rythme même des négociations. Même avec Sarkozy, les syndicats ne cessaient de dialoguer, de négocier…
C’est cette tromperie sociale qui mène, de négociation en négociation, à la réduction des aides sociales, des retraites, de la santé publique, de la sécu, de l’hôpital public, de l’école publique, des allocations chômage, du code du travail et de tout droit social. Tous les syndicats, qu’ils signent ou pas ces reculs, ont accepté de les négocier !
Même la CGT, présentée par Hollande comme un syndicat de lutte de classe radicale, comme les plus rouges des rouges, a sauvé le PDG d’Air France de la colère des salariés, a dénoncé les « violences » des salariés en colère « autant que celles des patrons », a revendiqué le « retour au dialogue social calme et responsable à Air France », de même que c’est la CGT qui a fait croire à l’époque du mouvement des retraites que la grève générale n’était pas à l’ordre du jour, que le seul moyen de défendre les retraites consistait à virer Sarkozy en faisant élire Hollande ! Et c’est encore la CGT qui se refuse à défendre les salariés arrêtés, menacés de prison et de licenciement, par le seul moyen de défense qu’aient les travailleurs : en appelant les salariés d’Air France à la grève générale. C’est encore la CGT qui menait des négociations clandestines à l’hôpital de la Pitié-Salpétrière, discrètes pour ne pas être dérangée par les agents hospitaliers en colère. C’est encore un dirigeant CGT, qui allait devenir par la suite le secrétaire général national du syndicat, et qui a fait le rapport au Conseil Economique, social et Environnemental en faveur de la privatisation de la SNCF ! C’est toujours la CGT qui a voté à Renault en faveur du plan social de Ghosn ou encore en faveur du PDG quand il était contesté notamment pour avoir accusé mensongèrement ses collaborateurs d’espionnage.
Non, aucune centrale syndicale ne défend la lutte des classes et moins encore le syndicalisme révolutionnaire, aucune ne défend le combat contre le système capitaliste, aucune ne défend même l’idée que l’entreprise ne serait pas le lieu d’une entente de classe, que l’on ne doit pas collaborer avec son ennemi. Aucune ne défend l’idée que les travailleurs sont porteurs d’une autre société, fondée sur l’intérêt collectif de la population et pas sur celui de l’infime minorité des possesseurs de capitaux. Aucune ne prône la suppression de la propriété privée des moyens de production. Aucune n’est pour en finir avec un Etat entièrement au service de la classe capitaliste. Aucune centrale syndicale ne vit essentiellement des rentrées d’argent des cotisations et pas des sommes données par le patronat et l’Etat. Aucune centrale syndicale ne passe pas l’essentiel du temps de ses militants à des réunions avec nos ennemis du patronat et du gouvernement.
Eh bien, si la classe ouvrière, si les salariés ont besoin d’un dialogue, c’est celui entre travailleurs et pas avec nos ennemis car nous n’avons rien dont nous puissions les convaincre par la discussion alors que nous avons absolument besoin d’échanger entre nous pour développer notre programme de défense face à l’attaque patronale et gouvernementale, pour unir nos luttes, pour préparer notre avenir face à un capitalisme en faillite qui ne peut que nous préparer comme avenir que des guerres, des terrorismes et des guerres civiles, que de la misère et des violences de toutes sortes.
Alors oui au dialogue social entre ceux qui ont les mêmes intérêts à défendre : les travailleurs du public et du privé, les travailleurs en CDI et ceux en CDD, les fixes et les précaires, les actifs et retraités, ceux ayant un emploi et ceux au chômage, avec ou sans papiers, de n’importe quelle origine nationale, raciale, religieuse, ethnique et autres ! Si nous prenons conscience, malgré les divisions que l’on veut entretenir entre nous, que nous sommes une seule et même classe, nous sommes alors la classe la plus forte de toute la société et nous n’aurons aucun mal à imposer nos solutions, nos programmes, à en faire la base d’un nouveau fonctionnement de la société. Si, au contraire, nous nous solidarisons avec les mensonges des gouvernants contre d’autres salariés, nous n’aurons que nos yeux pour pleurer quand nous serons nous-mêmes attaqués et, comme les salariés d’Air France, nous serons livrés à des coups de colère au lieu d’avoir un programme d’action collective à défendre et des perspectives réelles de changement social.
Oui, dialoguons avec les travailleurs de nos bureaux, de nos ateliers, des services publics, des entreprises privées, du service d’à côté, de l’entreprise d’à côté, de nos voisins de palier, du quartier, pour préparer les liens qui nous permettront de nous informer mutuellement de nos revendications, de nos luttes, pour tisser un réseau nous permettant d’unifier nos luttes et de les organiser par nous-mêmes. Le véritable dialogue social est celui au sein de notre classe sociale, celle de tous ceux qui n’exploitent personne, qui ne licencient personne, qui n’expulsent personne, qui ne font fermer le compte en banque ni le courant de personne, qui ne cassent les salaires de personne, des travailleurs de toutes professions et de toutes catégories, c’est-à-dire de l’immense majorité de la population, celle qui fait fonctionner toute la société par son travail et qui en tire de moins en moins les bénéfices. Les seuls avec lesquels nous ne devons pas dialoguer mais que nous devons combattre sont ceux qui nous combattent, ceux qui préfèrent protéger leurs milliards de profits que nos emplois, que nos salaires, que nos vies. On ne dialogue pas avec les patrons bandits, les patrons maîtres chanteurs, les patrons preneurs d’otages, les patrons casseurs des emplois, les patrons qui précarisent, qui poussent au suicide, qui harcèlent, qui fliquent les salariés, qui les terrorisent, qui les exploitent, qui réduisent leur durée de vie, qui sont cause des morts au travail, qui détruisent les vies de famille, en somme toute la classe capitaliste et ses suppôts gouvernementaux.
Tant que nous ne prendrons pas conscience qu’il y a deux classes, exploiteurs et exploités, et que la démocratie est un leurre, nous n’aurons que nos yeux pour pleurer de ne pas avoir vu la réalité en face.
Hollande a déclaré que « L’alternative, c’est la réforme ou la rupture. », bien persuadé que les centrales syndicales choisissent toutes le réformisme et pas la révolution. La seule réponse que peut lui donner la classe ouvrière, comme à tous les défenseurs des intérêts du grand capital, c’est de lui donner de « la rupture », c’est-à-dire de la révolution sociale. C’est la seule chose que lui et ses semblables n’auront pas volée ! Soyons persuadés que les classes dirigeantes pousseront les travailleurs à bout comme ils le font à Air France, comme ils l’ont fait en Grèce, et plus tôt nous nous préparerons à cette situation d’explosion sociale mieux cela vaudra.