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En guise de souhaits de bonne fête au peuple travailleur américain

vendredi 25 décembre 2020, par Robert Paris

Le Congrès aux travailleurs américains : « ils n’ont qu’à manger de la brioche » !

Niles Niemuth - WSWS

Le Congrès a craché au visage de la classe ouvrière et de ses familles lundi soir lorsqu’il a adopté un plan de « secours » contre la pandémie de 900 milliards de dollars, qui permet de verser un insultant ‘chèque de relance’ de 600 dollars. Deux fois rien pour les dizaines de millions d’Américains qui souffrent de la pire crise économique depuis la Grande Dépression, déclenchée par la pandémie de COVID-19.

La mesure était jointe à un projet de loi de dépenses de mille quatre cents milliards de dollars, signifiant que la Chambre et le Sénat ont voté et adopté une mesure de 5.593 pages, qu’aucun des sénateurs, députés ou assistants n’avaient eu le temps de lire. Tous les sénateurs démocrates, y compris Bernie Sanders et Elizabeth Warren, ont voté en faveur de cette mesure. Seuls deux démocrates, Rashida Tlaib et Tulsi Gabbard ont voté contre. Alexandria Ocasio-Cortez, membre de DSA, qui a déclaré sur les médias sociaux qu’elle n’avait pas eu le temps de lire le projet de loi, l’a néanmoins approuvé.

Le projet de loi d’aide soutenu par le Parti démocrate prévoit un paiement direct unique de 600 dollars aux adultes qui ont gagné moins de 75.000 dollars en 2019, ainsi que des chèques pour chaque enfant, soit la moitié des 1.200 dollars prévus par la loi CARES adoptée en mars. Une famille de quatre personnes qui avait gagné moins de 110.000 dollars recevra 2.400 dollars.

Qu’est-ce que 600 dollars ?

Six jours de vie à Chicago pour une personne seule sans enfant, en louant un studio

La moitié d’un trajet en ambulance à Los Angeles

Le coût d’un mois de nourriture pour un ménage moyen de deux personnes

Un mois et demi de versements d’un prêt étudiant moyen

L’extraction d’une dent sans assurance

Arrivant à un moment où les infections et les décès dus au COVID-19 sont à leur plus haut niveau et continuent d’augmenter, le projet de loi est insultant, car il ne répond pas aux besoins immenses des millions de personnes qui souffrent. Alors que le Congrès dépense de l’argent sans compter pour soutenir les grandes entreprises et que la Réserve fédérale injecte des billions de dollars dans le marché boursier, on n’a rien fait pour épargner la classe ouvrière. Après des mois de négociations prétendument tendues sur l’aide d’urgence, les démocrates et les républicains ont déclaré : « Qu’ils mangent de la brioche ! »

Plus de 70 millions d’Américains ont déposé une demande de chômage depuis mars, date à laquelle on a mis en place les premières mesures de confinement et de restriction dans tout le pays. Des millions d’entre eux ont dû attendre des semaines ou des mois avant d’être acceptés et beaucoup se sont vu refuser l’aide ou demander de rembourser des « paiements indus ».

Près des deux tiers des Américains vivent au jour le jour depuis le début de la pandémie, et un tiers ont ouvert une nouvelle carte de crédit pour couvrir leurs dépenses, selon une enquête de Highland Solutions. Près de 80 pour cent d’entre eux déclarent aujourd’hui qu’ils ne seraient pas en mesure de couvrir une dépense d’urgence de 500 dollars.

Le chèque de relance ne permettra même pas de couvrir un mois de loyer pour des millions de personnes. Le loyer mensuel médian d’un appartement avec une chambre à coucher aux États-Unis est de plus de 1.000 dollars par mois. Dans des villes comme New York et San Francisco, le loyer mensuel moyen est bien supérieur à 3.000 dollars.
Le Congrès a prolongé d’un mois le moratoire national sur les expulsions. Mais cette mesure n’a pas empêché des dizaines de milliers de demandes d’expulsions et des milliers de personnes de se trouver chassées de chez elles. Cet extension signifie que des millions de gens ont la faible consolation de se voir jetés à la rue en février au lieu de janvier.

Si le projet de loi prévoit 25 milliards de dollars d’aide au loyer, une douzaine de millions de locataires devront en moyenne 5.850 dollars d’arriérés de loyer et de charges au 1er janvier, selon Moody’s Analytic, soit un total de 70 milliards de dollars. Le projet de loi ne prévoit pas d’annulation des arriérés de loyer. Près de 6 millions d’Américains s’attendent à être expulsés ou saisis dans les prochains mois.
Vu que le stimulus de 600 dollars ne couvre pas le loyer mensuel moyen, peut-être que la présidente de la Chambre Nancy Pelosi (valeur nette de 160 millions de dollars) et le leader du Sénat, Mitch McConnel (valeur nette de 34 millions de dollars) ou les autres membres de l’élite au Congrès avaient à l’esprit les dépenses quotidiennes de leur monde. Par exemple, un repas pour deux plus vin au restaurant exclusif French Laundry dans la Napa Valley – où on a récemment pris le gouverneur démocrate de Californie Gavin Newsom en train de violer les restrictions anti-pandémie – coûte environ 1.200 dollars.
S’il n’a pu lancer à la classe ouvrière qu’un peu de menue monnaie, le projet de loi approuvé par le Congrès lundi prévoit 7,8 milliards de dollars pour l’Agence de l’immigration et des douanes (ICE), garantissant que les raids type Gestapo sur les familles immigrées et les expulsions se poursuivront pendant une année de plus. Il prend aussi soin des besoins de l’impérialisme américain ; il donne 300 millions de dollars pour « contrer l’influence chinoise » et reconnaît, de manière absurde, le processus de réincarnation du Dalaï-Lama. 40 et 33 millions de dollars respectivement doivent être injectés dans les efforts pour renverser les gouvernements de la Syrie et du Venezuela.
Si la classe dirigeante pense que 600 dollars suffisent à éviter les convulsions sociales pendant une période significative, elle est sur le point de découvrir le contraire. Une colère immense s’accumule, car on n’a rien fait pour contrôler une pandémie qui a maintenant tué plus de 320.000 Américains et dont on prévoit qu’elle en tuera des centaines de milliers d’autres.

Le mantra de l’élite dirigeante est que « le remède ne peut être pire que la maladie ». Cela signifie qu’on a gardé ouvertes usines et écoles alors même qu’elles fonctionnaient comme des vecteurs majeurs du coronavirus. Le président élu, Joe Biden, a déclaré qu’il interdira un verrouillage national et qu’on va rouvrir les écoles dès les premières semaines de son gouvernement.

Il devient clair pour des millions de travailleurs que leur vie et leur bien-être sont délibérément sacrifiés dans l’intérêt de Wall Street et que l’aide ne viendra pas des démocrates ou des républicains. Il faut prendre des mesures immédiates dès maintenant pour sauver les vies. Les travailleurs doivent former des comités de sécurité de la base sur chaque lieu de travail pour coordonner l’action visant à fermer les lieux de travail non essentiels et les écoles, tout en garantissant l’indemnisation complète jusqu’à ce que la pandémie soit sous contrôle. Cela ne peut se faire que par l’expropriation des oligarques et des profiteurs qui ont exploité la pandémie, et par la transformation des grandes banques et entreprises en opérations contrôlées démocratiquement.

La classe ouvrière est confrontée à l’ensemble du système capitaliste. La lutte contre la pandémie doit être guidée par un programme socialiste international dont le but est de transformer la société pour satisfaire les besoins de l’humanité et non pas le profit privé.

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