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Discours de G. Munis à l’enterrement de Léon Trotsky à Mexico le 22 août 1940 - Discurso pronunciado por G. Munis ante el cadáver de Trotsky, el 22 de agosto de 1940

lundi 28 juin 2021, par Robert Paris

Discours prononcé par G. Munis, au Panthéon Moderne, devant la dépouille de Trotsky, le 22 août 1940

Publié dans Revolución, Organe du Groupe Espagnol au Mexique de la IVe Internationale, nº 6-7, août-septembre 1945

Camarades, sympathisants, et amis :

Devant la tragique nécessité de parler aux côtés du corps désormais sans défense de celui qui fut un grand leader du mouvement ouvrier mondial, les idées s’entremêlent dans nos cerveaux et les mots se nouent dans nos gorges.

Léon Trotski n’est plus ! L’homme qui a donné une grande impulsion à la révolution prolétarienne, le maître bien-aimé qui a accompagné les premiers pas de notre enfance politique, gît ici, muet à jamais. La main meurtrière de Staline a réussi, depuis le Kremlin, à lui porter le coup fatal . Mais le chacal résidant à Moscou ne pourra pas atteindre son objectif. Léon Trotski laisse derrière lui des amis, des idées, une organisation, qui sauront historiquement se dresser, et venger sa mort, par l’action révolutionnaire des masses, contre tous les oppresseurs. De cette tribune funèbre, nous, ses disciples, ses amis, ses partisans, nous nous engageons solennellement devant le prolétariat mondial à faire triompher les idées de la IVe Internationale.

Bien qu’universellement reconnue de par son immense importance, la figure historique de Trotski mérite d’être brièvement rappelée ici. Né dans un siècle où la société capitaliste entrait dans sa phase de putréfaction, Trotski, comme tous les grands hommes, d’un esprit alerte et généreux, a cherché une issue au conflit de son temps et il l’a bientôt trouvé au sein du mouvement ouvrier international. Très jeune, il en a fait partie, collaborant activement à son développement. Mais la perspective de son adhésion ne pouvait se limiter à une attitude passive et suiviste. Dans le monde prolétarien du début du siècle, où le réformisme social-démocrate avait réussi à avoir une forte emprise sur la majorité des représentants ouvriers, Trotski s’y oppose, parallèlement à Lénine, au travers de la polémique intransigeante, pour régénérer le mouvement ouvrier. Depuis la première décennie du siècle, sa contribution théorique au marxisme révolutionnaire est de tout premier ordre, occupant ainsi, à lui seul, une place éminente parmi les grands penseurs révolutionnaires. Aucune des expressions du réformisme ne pouvait l’ébranler. Au contraire, il l’a combattu sans relâche comme ennemi irréductible, durant toute la première étape de sa vie, en rejoignant finalement Lénine lors des premières explosions de la grande révolution russe.

Avec la Révolution d’Octobre, l’esprit accompli de Trotski, esprit qui unit des qualités intellectuelles extraordinaires à une grande énergie et un dynamisme communicatif, se projette immense, impressionnant, dans toute sa splendeur. Trotski est le maître d’œuvre du coup d’État, et lorsque la révolution, harcelée de partout par les armées blanches et impérialistes coalisées, a dû former une armée révolutionnaire dans un pays accablé par la misère et épuisé par quatre années de guerre, sa capacité créatrice a fait des prodiges. En partant de rien, il a construit une armée qui a sauvé la révolution en annihilant les armées blanches. Ses détracteurs et assassins d’aujourd’hui ne pourront effacer de l’histoire le nom de Trotski, qui contribua en première instance, par ses efforts et son génie, à la victoire de la plus grande révolution connue à ce jour.

Pour des raisons qu’il n’est pas nécessaire d’analyser ici, la révolution d’Octobre dégénère, tombant entre les mains de l’oligarchie bureaucratique parasite qui usurpe encore le pouvoir aujourd’hui. Trotski, comme il l’a lui-même dit récemment, a reçu de nombreuses propositions de la part de la bureaucratie pour qu’il se décide à la représenter, à la place de Staline. Mais le tempérament révolutionnaire de Trotski, sa pensée honnête et fidèle au marxisme, ne pouvait s’avilir en trahissant la cause des pauvres en faveur de celle des bureaucrates. Comme par le passé contre le tsarisme, il se soulève à nouveau fougueusement contre la nouvelle caste usurpatrice, en revendiquant clairement ceux d’en bas. Bannissements, persécutions, attentats, assassinats d’amis et de membres de sa famille, expulsions d’un pays à l’autre, Trotski a tout affronté avec un courage révolutionnaire exemplaire et il a poursuivi inlassablement son combat contre la bureaucratie stalinienne de l’URSS et du Komintern.

Comme conséquence de cette activité, en opposition à la corruption croissante de ce que fut l’Internationale communiste, naît l’ensemble de la doctrine et l’organisation de la Quatrième Internationale. Trotski lui a consacré ses meilleurs et derniers efforts. Il savait que la crise sociale du régime capitaliste, prenant de court le prolétariat mondial sans organisation véritablement révolutionnaire, transformerait les partis et groupes aujourd’hui minuscules de la Quatrième Internationale en organisations de masse, à la tête de la révolution sociale.

La figure de Trotski acquiert ainsi une stature titanesques au fil des années. Artisan d’une révolution, il traverse indemne le maelström de la corruption bureaucratique, il affronte le thermidor stalinien, et défiant les persécutions les plus perfides et les plus terribles de l’histoire, il fonde un nouveau mouvement international, appelé à impulser une seconde fois, de façon définitive, la révolution prolétarienne mondiale.

Et cet homme a été assassiné par les sbires de Staline ! Il est là, éternellement muet ! Staline l’a assassiné parce qu’il est pleinement conscient de la valeur révolutionnaire de la Quatrième Internationale, en ce temps de guerre. Ses dernières tentatives et la hâte pour assassiner Trotski prouvent forcément que la situation de Staline en URSS est catastrophique. Le pouvoir des usurpateurs faiblit, et ils essaient de conjurer le fantôme des masses en insurrection, en assassinant l’homme qui aurait pu leur donner la plus grande impulsion et la plus grande clarté de direction. Mais si les balles, les poignards et les pioches de Staline ont pu abattre le corps de Trotski, les idées de Trotski atteindront inévitablement le cœur de tous les tyrans, à la fois ceux de la contre-révolution bourgeoise et ceux de la contre-révolution stalinienne.

G.Munis

Discurso pronunciado por G. Munis, en el Panteón Moderno, ante el
cadáver de Trotsky, el 22 de agosto de 1940

Publicado en Revolución

Órgano del Grupo Español en México de la IV Internacional, nº. 6-7, agosto-
septiembre 1945

(Tomado de Documentación histórica del trotskismo español, Ediciones La Torre, Madrid, 1996, páginas 343-345).

Camaradas, simpatizantes, amigos todos :

Viéndonos ante la trágica necesidad de hablar junto al cuerpo ya inerme del que fue gran líder del movimiento obrero mundial, las ideas se trastocan en nuestro cerebro y las palabras se anudan en nuestras gargantas.

¡León Trotsky ya no existe ! El hombre que dio un poderoso impulso a la revolución proletaria, el maestro querido que alentó los primeros pasos de nuestra infancia política, yace ahí, mudo para siempre. La mano asesina de Stalin ha logrado, desde el Kremlin, asestarle el golpe definitivo. Pero el chacal que reside en Moscú no podrá conseguir su objetivo. León Trotsky deja amigos, ideas, una organización, que sabrán empinarse ante la historia, y vengar su muerte, mediante la acción revolucionaria de las masas, en la cabeza de todos los opresores. Desde esta tribuna fúnebre, nosotros, sus discípulos, sus amigos, sus continuadores, contraemos ante el proletariado mundial el compromiso solemne de llevar a término victorioso las ideas de la IV Internacional.

Aunque universalmente reconocida por su talla gigantesca, la figura histórica de Trotsky merece aquí una somera recordación. Nacido en un siglo en que la sociedad capitalista entra en su fase de putrefacción, Trotsky, como todos los hombres grandes, de espíritu inquieto y magnánimo, busca una salida al conflicto de su tiempo y no tarda en hallarla en el movimiento obrero internacional. Muy joven, se colocó al lado de éste, colaborando activamente en su desarrollo. Pero la perspectiva de su adhesión no podía limitarse a una actitud genérica e incolora. Dentro del mundo proletario de principios de siglo, donde el reformismo socialdemócrata había hecho sólida presa en la mayoría de los representantes obreros, Trotsky se alza, paralelamente a Lenin, con una recia figura polémica, regeneradora del movimiento obrero. Desde la primera década del siglo, su aportación teórica al marxismo revolucionario es de primera categoría, ocupando así, por derecho propio, un lugar eminentísimo entre los grandes pensadores revolucionarios. Ninguna de las categorías del reformismo pudo hacer mella en él. Como su enemigo irreductible, por el contrario, combatiéndolo sin reposo, atraviesa toda la primera etapa de su vida, hasta unirse definitivamente a Lenin con las primeras explosiones de la gran revolución rusa.

Con la Revolución de Octubre, el genio ya maduro de Trotsky, genio que une a extraordinarias cualidades intelectuales una gran energía y un dinamismo comunicativos, se proyecta inmenso, impresionante, con toda su capacidad de realización. Trotsky es el artífice del golpe de estado, y cuando la revolución, acosada en todas direcciones por los ejércitos blancos e imperialistas coaligados, necesitó sacar un ejército revolucionario de un país abrumado por la miseria y extenuado por cuatro años de guerra, la capacidad creadora de Trotsky hizo prodigios de realización. De la nada construyó un ejército que salvó la revolución aniquilando los ejércitos blancos. Sus detractores y asesinos de hoy, no lograrán borrar de la historia el nombre de quien, como Trotsky, fue uno de los primeros contribuyentes, en esfuerzo y genio, a la victoria de la más grande revolución conocida hasta hoy.

Por causas que no es preciso analizar en este momento, la revolución de Octubre degenera, cayendo en manos de la oligarquía burocrática parasitaria que aún hoy usurpa el poder. Trotsky, como él mismo lo ha dicho recientemente, recibió numerosas ofertas de la burocracia para que se decidiera a representarla, en lugar de Stalin. Pero el temperamento revolucionario de Trotsky, su pensamiento honrado y fiel al marxismo, no podía envilecerse traicionando la causa de los pobres por la de los burócratas. Como antaño contra el zarismo, nuevamente se levanta airadamente contra la nueva casta usurpadora, en franca reivindicación de los de abajo. Destierros, persecuciones, atentados, asesinatos de amigos y familiares, expulsiones de un país a otro, todo lo afronta Trotsky con ejemplar valor revolucionario, y continúa infatigablemente su lucha contra la burocracia estalinista de la URSS y de la Komintern.

Como resultado de esta actividad, en oposición a la corrupción creciente de lo que fue Internacional Comunista, nace el cuerpo de doctrina y la organización de la IV Internacional. Trotsky dedicó a ella sus mejores y postreros esfuerzos. Sabía que la crisis social del régimen capitalista, sorprendiendo al proletariado mundial sin una organización auténticamente revolucionaria, transformaría los partidos y grupos hoy minúsculos de la IV Internacional, en organizaciones de masas, dirigentes de la revolución social.

La figura de Trotsky adquiere así relieves titánicos a través de los años. Forjador de una revolución, atraviesa incólume, sin tacha, la vorágine de la corrupción burocrática, se enfrenta al termidor estalinista, y desafiando una de las más pérfidas y terribles persecuciones que registra la historia, funda un nuevo movimiento internacional, llamado a dar el segundo y definitivo impulso a la revolución proletaria mundial.

¡Y este hombre ha sido asesinado por los esbirros de Stalin ! ¡Hele ahí eternamente mudo ! Stalin lo ha asesinado porque tiene conciencia plena del valor revolucionario de la IV Internacional, en esta época de guerra. La insistencia y precipitación últimas para asesinar a Trotsky, no pueden significar sino que la situación de Stalin en la URSS es catastrófica. El poder de los usurpadores se tambalea, y pretenden conjurar el fantasma de las masas en insurrección, asesinando al hombre que mayor impulso y claridad de dirección podía darles. Pero si las balas, los puñales y las piquetas de Stalin, han podido abatir el cuerpo de Trotsky, las ideas de Trotsky harán infaliblemente blanco en el corazón de todos los tiranos, tanto los de la contrarrevolución burguesa como los de la contrarrevolución estalinista.

G. Munis

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