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La politique provocatrice du gouvernement israélien peut-elle pousser à une troisième intifada ?

mardi 16 mars 2010

Le gouvernement d’Israël, qui a provoqué la colère des Palestiniens de manière volontaire et évidente, demande à l’Autorité Palestinienne d’arrêter les violences populaires !!!

Quel est le calcul du gouvernement et des classes dirigeantes israéliennes sachant ce qu’elles ont à perdre en refusant de faire mine de vouloir négocier une paix avec les Palestiniens comme le leur demandaient les USA...

Il ne suffit pas de dire que le gouvernement est d’extrême droite et satisfait ainsi ses électeurs d’extrême droite.

Il y a des intérêts importants en jeu en Israël et en dehors.

La première des évidence est que le calcul des gouvernants israéliens, à tort ou à raison, les amène à penser que dans les circonstances actuelles les USA coincées par la crise, par l’attitude de l’Iran, par la faiblesse mondiale actuelle des USA, par ses difficultés aussi avec la Chine, ne pourrait pas s’attaquer à un Israël qui n’accepterait pas de négocier...

L’attitude actuelle d’Israël signifie aussi le monde actuel dans la plus grave crise du système a plutôt intérêt à entretenir les facteurs de guerre qu’à les désamorcer...

Plus que jamais les palestiniens n’ont rien à attendre de leurs faux amis comme les gouvernants arabes et le peuple israélien ne devrait surtout pas attendre de l’Etat israélien la défense de sa propre sécurité. Elle est le cadet des soucis des classes dirigeantes israéliennes et de l’Etat d’Israël, trop préoccupés de profits guerriers pour résoudre leur crise économique ...

Enfin, il semble bien que le gouvernement israélien mise sur le fait que ni le Hamas ni le Fatah n’ont intérêt à une reprise de la révolte palestinienne...

Selon des sources de l’Autorité Palestinienne (AP), Israël lui aurait demandé de se maintenir hors des manifestations en Cisjordanie et de les calmer.

Oush Grab, Beit Jalla, Hebron, Ni’ilin, Bil’in, Al Ma’asara, An Nabi Saleh, Sheik Jarrah, Beit Ummar, Jeb Altheeb... Autant de lieux où la violence populaire a émergé avec force, surtout depuis ces deux dernières semaines.

La lutte populaire s’est en effet renforcée dans ces lieux du fait des construction Israéliennes qui provoquent des arrachages d’oliviers et autres arbres, un sentiment d’insécurité grandissant de la population Palestinienne face à la réduction de ses terres et une grande colère du peuple tout entier alliée à l’engagement des activistes internationaux révoltés par cette injustice quotidienne. Ont suivi des manifestations de plus en plus violentes dans ces villes et villages, avec moults tirs de gaz lacrymogène, de bombes assourdissantes et de balles en caoutchouc. Ces manifestations ont lieu presque tous les jours depuis ces deux dernières semaines, avec un renforcement des violences du vendredi au dimanche. Ces manifestations ont causé des dégâts importants, dont les blessures de plusieurs journalistes et manifestants, l’un d’entre eux étant un enfant de 11 ans à Nil’in vendredi. Ces protestations populaires ont aussi touché Jérusalem vendredi durant les prières. Cette violence omniprésente sur tous le territoire de Cisjordanie et dans les zones mixtes s’est accrue après la décision d’Israël d’ajouter la Tombe des Patriarches, connue sous le nom de la Mosquée d’Ibrahimi à hebron, et la Tombe de Rachel, à sa liste d’héritages nationaux.

Aujourd’hui, Israël demande à l’Autorité Palestinienne de contenir la protestation populaire en n’y participant plus et en jugulant les possibles violences, ainsi qu’arrêter sa campagne de boycott des produits Israéliens. Si l’AP ne réagit pas à cette demande, le gouvernement Israélien réduira leur coopération mutuelle et augmentera les arrestations dans les territoires Palestiniens contrôlés. Il est vrai que depuis quelques mois la présence militaire Israélienne dans ces zones s’était réduite, et que le nombre des arrestations s’était singulièrement réduit, malgré quelques affaires récentes à Ramallah et à Oush Grab.

L’AP est accusée d’avoir lancé plusieurs appels à la révolte dans les villages de Bil’in de Na’alin, à l’ouest de Ramallah, d’avoir mené des manifestations dans le village de Nebi Salah au nord de Ramallah, ainsi qu’à Umm Salamuna dans la région de Bethléem. A cela, on peut ajouter le fait que des dirigeants de l’OLP soient impliqués dans les heurts de Jérusalem et que le Président de l’Autorité Palestinienne ait clamé avec force sa rage face à l’inclusion de deux lieux saints Palestiniens à la liste d’héritage Juive.

Même si l’Ap prend une part importante dans l’organisation de ces manifestations populaires en Cisjordanie, une troisième Intifada ne semble pas imminente selon des sources de sécurité Israéliennes. Elles pensent cependant que l’AP, à force d’attiser la violence de ces protestations, pourraient en perdre le contrôle. Monique Poupon

UN CONTRESENS COMMUN FAIT CROIRE QUE LES ORGANISATIONS PALESTINIENNES SE SONT APPUYÉES SUR L’INTIFADA. AU CONTRAIRE, L’INTIFADA MENAÇAIT LEUR DIRECTION ET GENAIT LES GOUVERNANTS ARABES...}

CE QU’ÉTAIT L’INTIFADA :

Il y a vingt ans, en décembre 1987, à la suite d’un banal accident de voiture à Gaza, les territoires occupés se soulevaient.

En arabe, l’acte consistant à « relever la tête » et, par extension, le « soulèvement » : nom donné à la révolte palestinienne qui s’est déclenchée, début décembre 1987, à Gaza* et en Cisjordanie*. Plus massive et plus déterminée qu’aucun mouvement antérieur dans les Territoires occupés, la « révolte des pierres » a profondément modifié le paysage proche-oriental. C’est le 7 décembre 1987 qu’un accident de la circulation - une collision entre un véhicule israélien et un taxi collectif palestinien, dont deux occupants meurent - met le feu aux poudres. Deux jours plus tard, les premiers affrontements se produisent entre jeunes Palestiniens* et soldats israéliens, dans le camp de Jabalya. En une semaine, l’insurrection s’étend à l’ensemble de la bande de Gaza et de la Cisjordanie, malgré l’état de siège décrété par les autorités d’occupation. Surpris, le gouvernement israélien se fixe en effet, toutes tendances confondues, une seule priorité : « mater la subversion », selon l’expression du ministre de la Défense, Itzhak Rabin*, que son appartenance au Parti travailliste n’empêchera pas de diriger, d’une main de fer, la répression de l’intifada.

À l’escalade des manifestations, des grèves et des heurts répondra donc, pour tenter de la stopper, une spirale répressive. L’armée multiplie les couvre-feux, tire sur les adolescents qui la narguent, les « passe à tabac », en arrête des dizaines de milliers et en interne des milliers, n’hésite pas devant les « mauvais traitements » lors de ses raids contre des villages ou dans les prisons, expulse plusieurs dizaines de Palestiniens, etc. Ouvertement contraire aux dispositions de la Convention de Genève, ce cours violent heurte les opinions, y compris juives, qui, à travers le monde, se montrent sensibles aux images abondamment diffusées par les grands médias. La tentative d’enterrer vivants au bulldozer quatre villageois de Salem et la scène des deux jeunes de Naplouse, battus en direct devant la caméra de la télévision américaine CBS, émeuvent particulièrement les consciences. Bilan chiffré, un an après le début de la révolte : 400 morts, 25 000 blessés, 6 000 prisonniers - soit, avec les 4 000 précédents, un total de 10 000 détenus pour une population de 1,7 million d’habitants. Cet exceptionnel déploiement de force n’a cependant pas raison des insurgés. C’est que leur détermination, par-delà la conjoncture - espoir suscité en avril 1987 par la réunification de l’OLP* au Conseil national d’Alger, colère en novembre après l’ « oubli » de la question palestinienne par le sommet arabe d’Amman de novembre -, plonge ses racines dans un terreau fertile.

Certes, la résistance à l’occupation remonte aux origines mêmes de celle-ci, en juin 1967. L’extension progressive de la mainmise israélienne sur la Cisjordanie et Gaza, avec notamment le développement de la colonisation*, rencontre une opposition croissante, qui s’exprime tant sous la forme de manifestations et d’actions violentes que lors des élections municipales de 1976, remportées haut la main par les proches de l’OLP. Mais, cette fois, on assiste à l’explosion du « ras-le-bol » de toute une génération, née sous l’occupation, qui surmonte la résignation toute relative des précédentes, et les entraîne, par son exemple de dignité reconquise, dans l’action pour l’indépendance. Jamais, même en 1981 et 1982, les « Palestiniens de l’intérieur » n’avaient fait entendre aussi fortement leur voix. L’ampleur de l’intifada dépasse, en effet, celle des soulèvements précédents à bien des égards. Sa durée : plus de quatre ans. Son étendue : l’ensemble des Territoires occupés, y compris Jérusalem*, Bethléem et les villages, traditionnellement peu touchés. Ses formes : rassemblements massifs, arrêts de travail généralisés et affrontements se combinent avec autogestion de la vie quotidienne et tentatives de désobéissance civile. Ses participants : les jeunes côtoient les aînés, les réfugiés de 1947-1949 se mêlent aux originaires des Territoires occupés, les ouvriers et les paysans se retrouvent avec les commerçants, les cadres et les intellectuels.

Née spontanément, comme tous les observateurs, israéliens compris, l’indiquent, d’un cocktail explosif - misère des bidonvilles, chômage massif, humiliation du sentiment national et répression quotidienne -, la « révolution des pierres » est rapidement encadrée. Les comités populaires locaux organisent le combat de rue - sans armes à feu - contre l’armée israélienne, mais aussi le ravitaillement, l’enseignement, le suivi médical, les principaux services - au point que des observateurs ont pu parler de « zones libérées ». Autonomes, les comités locaux se retrouvent parallèlement dans une " Direction unifiée " où cohabitent, relativement unis malgré leurs divergences, le Fath de Yasser Arafat*, le Front populaire de Georges Habache*, le Front démocratique de Nayef Hawatmeh* et le Parti communiste palestinien - à l’exclusion du Mouvement de la résistance islamique, baptisé, d’après ses initiales, Hamas* (en arabe, zèle). Seule cette dernière tendance se situe en dehors du consensus politique de l’intifada : créer un État palestinien indépendant en Cisjordanie et à Gaza, l’État d’Israël* revenant à ses frontières d’avant la guerre des Six Jours en 1967*. Comme une résurrection, quarante ans après son avortement, du plan de partage* voté par l’Assemblée générale des Nations unies.

D’où cette analyse d’Elias Sanbar (dans Palestine, le pays à venir) : « L’intifada, c’est sa principale force, suscite l’adhésion du monde dans la mesure où elle n’apparaît jamais comme porteuse d’une menace pour l’existence d’Israël. On évalue mieux ainsi le trait de génie politique du peuple dans le choix des pierres et non des armes à feu. Cette retenue montrait au monde que le soulèvement constituait une menace pour l’occupant et non pour Israël lui-même dans ses frontières de 1948-1949. On peut ainsi mieux analyser, a contrario, les effets totalement opposés provoqués plus tard par les attentats des islamistes à l’intérieur de la ligne verte. »

Le soulèvement, plaçant sa puissance au service de cette orientation, brouille les cartes du jeu proche-oriental, dont il défie bien des acteurs. Le premier à réagir est le roi Hussein* de Jordanie* : le 31 juillet 1988, il annonce la rupture des relations de son pays avec la Cisjordanie. « La Jordanie n’est pas la Palestine, déclare-t-il, et l’État indépendant palestinien sera établi sur la terre palestinienne occupée après sa libération. » L’« option jordanienne » ainsi évanouie, l’OLP se mue pour Israël en partenaire inévitable de futures tractations de paix.

Messages

  • Une troisième intifada des Palestiniens dérangerait autant le Hamas que l’Autorité Palestinienne ? Pourtant, il semble bien que les dernières manifestations soient orchestrées par le Hamas sur des bases intégristes religieuses, à Jérusalem, pour défendre l’esplanade des mosquées et à Gaza comme lors de la journée de la colère...

  • Justement, il est frappant que le Hamas ait détourné la colère du motif initial de la construction de nouveaux logements dans les colonies, motif d’un nouveau mouvement de révolte spontanée, vers la construction d’une ancienne synagogue...

    Bien sûr, le Hamas ne veut pas laisser l’impression que c’est la spontanéité qui dirige les révoltes et il se doit d’apparaître comme l’initiateur même ce n’est pas le cas...

    Il n’a été l’initiateur d’aucune des révoltes palestiniennes qu’il a surtout transformé en lutte menée par une armée. Il est contre les mouvement populaires spontanés, ressemblant en cela à tous les courants nationalistes du tiers monde... Il n’est pas pour l’insurrection mais pour l’Etat bourgeois et la lutte d’une armée.

    Bien sûr, il est capable de parvenir à encadrer une nouvelle révolte palestinienne mais elle peut aussi lui échapper.

    Il faut noter aussi que la révolte palestinienne des intifada avait beaucoup plus impressionné et gêné la politique de l’Etat d’Israël que la lutte armée du Hamas car elle avait amené une partie du peuple palestinien à estimer que leur etat ne menait pas une politique juste, y compris une partie des soldats refusant d’obéir alors aux ordres.

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