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La révolution frappe au Bahrein

mardi 15 février 2011

Des milliers de manifestants chiites sont entrés mardi dans la capitale de Bahreïn, Manama, peu après la mort d’un deuxième manifestant lors de manifestations antigouvernementales. En signe de soutien, le bloc chiite au Parlement a décidé de suspendre sa participation à l’assemblée.

Un homme a été tué mardi à Bahreïn lors d’incidents qui ont éclaté pendant les funérailles d’un manifestant tué la veille en marge du "jour de colère" organisé contre le gouvernement. Les affrontements se sont produits alors que 2000 personnes s’étaient réunies devant la morgue d’un hôpital pour accompagner la dépouille du jeune homme de 22 ans tué par balles lundi.

La police a tiré des grenades lacrymogènes sur la procession funèbre mais le cortège s’est reformé et a repris sa marche, a déclaré le député Ibrahim Mattar, élu du groupe d’opposition chiite al-Wefaq. Une personne a été tuée dans la bousculade, victime d’un tir par arme à feu, a dit Ibrahim Mattar. Selon la police locale, les participants de la procession s’en sont pris à des policiers présents dans quatre véhicules.

En provenance du lieu des funérailles, situé à la périphérie de Manama, des participants en colère ont gagné la place de la Perle, dans le centre-ville. "Le peuple veut la chute du régime", ont scandé certains, reprenant le principal slogan du soulèvement en Egypte. Les manifestants ont commencé à installer des tentes au milieu de cette place qu’ils ont rebaptisée "Place des martyrs".

Ils ont affirmé leur intention d’y demeurer jusqu’à ce qu’ils aient obtenu satisfaction de leurs revendications. "Nous avons appris des leçons de l’Egypte et de la Tunisie. Nous voulons une nouvelle Constitution, la fin de la discrimination, et l’instauration d’une monarchie constitutionnelle", a déclaré l’un des manifestants. La police avait bloqué les accès menant au secteur, alors qu’un hélicoptère survolait la région.

Dans un discours télévisé au ton conciliant, le roi de Bahreïn, cheikh Hamad ben Issa Al Khalifa a exprimé son regret pour "la mort de deux de nos chers fils", tués lors de la dispersion de manifestations lundi et mardi. Il a annoncé la formation d’une enquête ministérielle menée par le vice-premier ministre Jawad ben Salem al-Aarid, lui-même chiite.

Le bloc chiite au Parlement, le mouvement al-Wefaq qui compte 18 élus sur 40 sièges, a annoncé avoir suspendu sa participation à l’assemblée en raison de la répression "sauvage" des manifestants. Dans un communiqué, le mouvement a affirmé soutenir "les revendications légitimes du peuple".

Parmi celles-ci figurent en bonne place la lutte contre la pauvreté et le chômage. Les manifestants rejettent aussi la politique du gouvernement qui accorde la citoyenneté à des sunnites étrangers ainsi que des emplois dans les forces de sécurité et des logements qui modifient l’équilibre démographique.

La population de Bahreïn est majoritairement chiite, mais sa famille régnante est de confession sunnite. Ce pays fait figure de parent pauvre à côté des autres monarchies pétrolières de la région, ses réserves de pétrole s’étant pratiquement taries. Entre 1994 et 1999, Bahreïn a été le théâtre de violences animées par des chiites qui avaient fait une quarantaine de morts. Les chiites s’estiment discriminés au niveau de l’emploi, des services sociaux comme l’habitat et des services publics fournis à leurs villages.

Messages

  • Les milices meurtrières du Bahreïn ont été formées par des policiers français !

    Les forces antiémeute de Bahreïn, qui ont donné l’assaut dans la nuit de mercredi à jeudi sur un campement d’opposants dans le centre de la capitale, faisant au moins quatre morts, ont été formées par des policiers français issus des compagnies républicaines de sécurité (CRS). Demandé par l’État du Golfe, un accord de coopération en matière de sécurité intérieure a été signé en novembre 2007 à Paris, lorsque Michèle Alliot-Marie, alors ministre de l’Intérieur, avait reçu son homologue le cheikh Rashed Bin Abdallah Al-Khalifa.

    Selon les termes de cet accord, cités sur le site du ministère des Affaires étrangères et européennes, « la France contribue notamment à la formation des forces de maintien de l’ordre bahreïniennes chargées d’encadrer les manifestations ». Il est précisé que la formation « inclut une composante droits de l’homme
    (citation " Le Point" Franck Renaud )

  • Au Bahreïn, la répression de l’opposition démocratique et des mouvements de protestation sociale sont toujours aussi réprimés.

    On se souvient que l’Arabie saoudite était directement intervenue de manière violente pour écraser tout démarrage d’un printemps arabe au Bahreïn en 2011. Et depuis, le régime est plus inquiet que jamais et plus policier, plus répressif, plus antidémocratique sans que cela gène en rien la fameuse « communauté internationale », celle qui s’inquiète pour la démocratie en Russie ou en Iran…

    Le caractère policier du régime est tel que toute manifestation liée à un événement privé comme un mariage est interdite.

    Le secteur chiite du pays est particulièrement surveillé, du fait d’une question nationale ethnique non réglée, le pouvoir étant exclusivement aux mains des non-chiites.

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