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Egypte : c’est en 2008 que des ouvriers du textile lançaient pour la première fois des mouvements via internet...

mardi 15 février 2011

Voici le récit de la presse en 2008 :

Un jeune blogueur égyptien, Karim el-Beheiri, a affirmé lundi avoir été torturé durant ses 60 jours de détention pour implication dans des émeutes sur la vie chère, mais les autorités ont démenti.

« Nous avons subi des décharges électriques, des coups et sommes restés sans boire ni manger aux premiers jours de notre incarcération« , a déclaré à l’AFP au téléphone cet ouvrier de 24 ans, libéré dimanche avec deux camarades.

Un responsable du ministère de l’Intérieur a confirmé la libération des trois hommes, arrêtés le 6 avril, mais démenti de mauvais traitements.

« Ces gens tentent de ternir notre image par des fausses accusations. Tout s’est passé dans le cadre du respect des droits de l’homme« , a dit à l’AFP ce responsable qui a requis l’anonymat.

Pendant deux jours début avril, la cité ouvrière de Mahalla, dans le delta, a été secouée par des émeutes contre la vie chère qui ont fait trois morts, dont un adolescent de 15 ans. Sur 700 personnes arrêtés, huit restent en prison.

« Pour la plupart, nous n’avions jamais vu l’intérieur d’une prison« , a ajouté M. Beheiri, décrivant comme « terrifiantes » ses premières semaines dans une cellule de 25 détenus de la prison de Borg el-Arab, près du port d’Alexandrie.

Les gardiens « plongeaient leurs mains dans la nourriture avant de leur jeter dessus« , a-t-il dit, indiquant qu’il avait avec les autres détenus participé à deux reprises à une grève de la faim.

« Je n’aurais jamais cru de ma vie être emprisonné pour mes idées« , a ajouté le blogueur, affirmant que les inspecteurs de la sécurité d’Etat l’avaient sans cesse pressé de questions sur ses liens avec d’autres blogueurs.

Reporters sans frontières demande aux autorités égyptiennes de libérer le blogueur Kareem El-Beheiri, arrêté le 6 avril 2008 à Mahalla alors qu’il couvrait une grève touchant l’usine de textile dans laquelle il travaillait. Il est détenu à la prison de Borg El Arab (40 km d’Alexandrie) depuis le 9 avril.

« Kareem El-Beheiri est soumis à de mauvais traitements. Il a commencé une grève de la faim et nous nous inquiétons pour son état de santé. La direction de la prison refuse de le transférer à l’hôpital pour qu’il reçoive les soins adéquats. Nous demandons aux autorités de le libérer en attendant de préciser les charges exactes retenues à son encontre », a déclaré Reporters sans frontières

Dans une lettre adressée à Zakareya Abdel Aziz, directeur de l’organisation rassemblant les juges du Caire, le 18 mai, Kareem El-Beheiri témoigne des mauvais traitements qui lui ont été infligés, ainsi qu’à Tareq Amin et Kamal el-Fayyoumy, deux activistes arrêtés le même jour. « Nous avons été torturés dans les quartiers de sécurité de l’Etat à Mahalla les 6, 7 et 8 avril. Des policiers ont électrocuté Kareem, insulté et battu Tareq Amin et Kamal El-Fayyoumy », écrivent-ils.

Kareem El-Beheiri était ouvrier à l’usine de textile Misr Filature et Tissage de la cité industrielle de Mahalla. Il a perdu son emploi pour « absentéisme » bien que ses employeurs aient reçu les documents confirmant son incarcération. Les autorités lui reprochent d’avoir incité à la grève sur son blog, dans lequel il évoque les actions organisées par les ouvriers égyptiens pour manifester contre leurs mauvaises conditions de vie.

En pleine grève des ouvriers du textile de la cité industrielle de Mahala dans la vallée du Nil à 120 km du Caire, un appel à la grève générale, pour le 6 avril, contre la hausse des prix et la pénurie de pain subventionné, était lancé via Internet sur le réseau Facebook. « N’allez pas au travail, n’allez pas à l’université, n’ouvrez pas vos commerces, n’ouvrez pas vos pharmacies … Nous voulons des salaires dignes, nous voulons du travail, de l’éducation pour nos enfants, des transports humains, des hôpitaux … » indiquait l’appel des bloggueurs qui s’est dénommé « groupe du 6 avril ». Il demandait également aux égyptiens d’ « afficher le drapeau égyptien partout », de « s’habiller en noir », de « distribuer le slogan », et il ajoutait : « surtout ne pas oublier d’offrir une fleur à chaque policier ».

Toujours est-il que l’appel a été relayé de bouche à oreille. L’idée de grève générale s’est répandue comme une traînée de poudre. L’écho a été tel que le pouvoir a réagi de manière très vive. Sur les chaînes publiques de la télé égyptienne, un communiqué du ministère de l’Intérieur égyptien, diffusé en boucle tout le long de la journée du 7 avril, avertissait que l’Etat serait intransigeant avec les fauteurs de troubles. La police anti-émeute s’est déployée et a quadrillé la capitale. Les parents ont pris peur et n’ont pas envoyé leurs enfants à l’école.

La grève générale n’a finalement pas eu lieu, mais ce dimanche 6 avril, Le Caire vivait au ralenti. La veille , des bloggueurs avaient été arrêtés dont Esraa Abdelfattah, jeune étudiante, créatrice du blog et initiatrice d’un mouvement inédit dans les annales égyptiennes et des pays de la région qui, de l’avis de nombreux égyptiens, a fait trembler le régime.

Les travailleurs de l’usine de textile Ghazl El-Mahalla en Égypte ont organisé une manifestation de masse dimanche dernier (17 février 2008), appelant à la fin du régime, appuyé par les USA, de Hosni Moubarak.

L’usine de textile est la plus grande du Moyen-Orient. Ses 27 000 -travailleurs ont joué un rôle déterminant pour amener le régime à des concessions économiques.

Les travailleurs sont sortis en masse de leur usine de chantant : « À bas, à bas Moubarak ! Ton régime, c’ est la merde ! « . Tandis qu’ils se répandaient dans cette ville du Delta du Nil ville, ils ont été rejoints par environ 10 000 habitants.

La protestation a commencé dans l’usine par une revendication d’augmentation du salaire minimum national. La manifestation a été appelée la veille de la réunion du Conseil national pour les salaires – l’organe gouvernemental chargé de fixer le salaire minimum – qui se réunissait pour la première fois depuis le milieu des années 1980.

Extrait du Badil, journal indépendant daté du 12 avril :

« Trente femmes appartenant aux familles des personnes incarcérées dans la ville de Mahalla el-Koubra, ont entamé une grève illimitée de la faim, et se sont installées devant le commissariat principal de Mahalla, pour exiger la libération des prisonniers. La municipalité les a déplacées au camp militaire à cause des rassemblements pour la prière et en prévision du déclenchement de manifestations. 3000 ouvriers de la compagnie de teinturerie Nasser ont reconduit leur grève mardi dernier ainsi que les 1200 ouvriers de la compagnie égyptienne de textiles protestant contre l’absence d’égalité avec leurs collègues de la société Misr Fillages et Tissages(1). Les familles des prisonniers ont bloqué la route devant le commissariat principal de Mahalla, dimanche soir dernier, exigeant des informations sur les lieux de rétention de leurs enfants ainsi que leur libération immédiate. 700 citoyens parmi les gens de la région se sont portés solidaires. La sécurité a utilisé les lances à incendie des voitures de pompiers pour disperser le rassemblement« ….

Le monde entier a vu les images des émeutes souvent violentes à Mahalla ces derniers jours. Voitures incendiées, magasins dévastés, écoles mises à sac…Les ouvriers, notamment des industries textiles de cette région, en lutte depuis des mois pour des augmentations de salaires, ne sont sans doute pas les auteurs de tous ces saccages dont ils seront souvent les premières victimes. Mais la recette est aussi éculée ici qu’ailleurs…

Ces manifestations ont fait un mort (un jeune de quinze ans) et plus de 200 blessés dont certains ont été photographiés par la presse ligottés par des menottes à leur lit d’hôpital. Il faut dire que les forces de sécurité ne se sont pas contentées des lances à eau mais ont aussi utilisé les gaz lacrymo, les balles en caoutchouc et réelles, et leurs matraques bien sûr.

Dimanche, dans une ville du nord-est de l’Egypte, ce qui devait n’être qu’une simple grève de travailleurs a tourné à l’émeute, causant la mort d’une personne et provoquant au moins 150 arrestations. Un témoin de ces incidents commente ce que les médias ont déjà surnommé « la révolte du pain« .

Tout est parti d’un préavis de grève, lancé par des ouvriers de Mahalla el-Kobra, pour demander l’augmentation du salaire minimum – actuellement de 115 livres égyptiennes (environ 15 euros). La grève n’a finalement pas eu lieu, mais elle a mis sous tension une population déjà exaspérée par la vie chère. Les émeutes ont éclaté ce dimanche. Elles se sont calmées aujourd’hui, mais semblent pouvoir reprendre à tout moment.

Joel Beinin est le directeur du département Moyen-Orient de l’université américaine du Caire. Il s’est rendu à Mahalla dimanche et a assisté aux émeutes :

 » La grève a été organisée grâce à un groupe sur Facebook qui regroupe 66 000 personnes. Mais le comité d’organisation de cette grève a finalement décidé de tout annuler et les plus jeunes n’ont pas apprécié. Alors, quand les ouvriers ont fini leur rotation au travail, à 15h30, ils se sont rendus sur la place principale. Un manifestation spontanée a alors éclaté. Les forces de sécurité ont fini par jeter des pierres pour la disperser. Je suis parti quand c’est devenu trop violent. Et quand je suis revenu, des feux avaient été allumés et on m’a dit que des écoles avaient été incendiées. J’ai alors décidé de quitté la ville. A la sortie de Mahalla, il y avait un feu en travers de la rue. Mais il avait vraisemblablement été allumé par la police pour empêcher les gens de sortir de la ville, en attendant que les troupes interviennent. On s’est cru bloqué, mais on a quand même réussi à quitter la ville en faisant un détour. Il n’est plus possible de retourner en ville maintenant.« 

Le Réseau arabe pour les informations sur les Droits de l’homme (ANHRI) a condamné l’amande prononcée par un tribunal égyptien contre le blogger, Mohamed Mabrouk, laquelle amende comporte une somme de 2.500 livres égyptiennes, ainsi qu’une somme additionnelle de 40.000 livres égyptiennes à verser sous forme d’indemnisation pour la société « Trust Chemicals Company ».

Le tribunal des flagrants délits a rendu public le verdict en réponse à une plainte pour diffamation déposée par la société en Juin 2008.

La société a intenté le procès contre Mabrouk, qui a accusé l’entreprise de jeter des substances dangereuses dans un lac et dans le Canal de Suez, à travers son blog dénommé « El Hakika« .

Selon ANHRI, Mabrouk avait prétendu que les conditions de travail dans la société seraient « si dures que les ouvriers ont organisé une grève sur le tas contre les cas de renvois des travailleurs et avaient aussi exigé d’avoir des copies de leurs contrats« .

« La société a simplement fourni les photocopies des documents demandés par le tribunal, étant entendu que la légalité du texte sur lequel repose le procès est douteuse« , a indiqué une déclaration de l’organisation des droits de l’homme basée au Caire.

« A noter en outre que le procès a été intenté sur la base de l’Article 3 de la loi des procédures criminelles avec l’indifférence totale à l’égard de l’Article 60 de la loi pénale, selon lequel la loi ne couvre pas les actes entrepris de bonne intention. Cette affaire constitue une infraction à l’esprit de l’accord international sur les droits civils et politiques ainsi qu’à l’Article 47 de la constitution égyptienne, garantissant tous les deux le droit à la liberté d’expression« , ajoute ANHRI.

« Le groupe de droits de l’homme espère bénéficier du soutien du pouvoir judiciaire pour défendre le droit de la critique légitime et la liberté d’expression, confirmant de nouveau le besoin de changer les lois qui restreignent ces libertés. C’est l’épée qui était, jusque-là, suspendue au- dessus de la tête de chaque leader d’opinion en Egypte« , a poursuivi la déclaration de l’organisation.

Pour se défendre, Mabrouk a soutenu que ses écrits sont compatibles avec les conditions requises pour que des citoyens puissent critiquer un incident factuel dans l’intérêt public.

ANHRI a indiqué que le verdict prononcé était « excessivement dure« , ajoutant qu’il constitue une » violation inacceptable de la liberté d’expression".

Vingt-deux personnes, en majorité des ouvriers, ont été condamnées lundi à au moins trois ans de prison ferme pour avoir participé en avril à des heurts avec la police, ayant fait trois morts à Mahalla (nord de l’Egypte), a indiqué un responsable des services de sécurité.

« Un tribunal d’exception de Tanta (delta du Nil) a condamné 22 personnes ayant participé aux affrontements avec la police à Mahalla à des peines comprises entre trois et cinq ans de prison ferme. Vingt-sept autres personnes ont été acquittées, » a précisé ce responsable sous le couvert de l’anonymat.

Conformément à la loi d’urgence en vigueur depuis l’assassinat du président Anouar al-Sadate en 1981, les accusés ont notamment été reconnus coupables de « résistance aux autorités« , « vandalisme » et « rassemblement non autorisé« , selon la même source.

L’Organisation égyptienne des droits de l’Homme (EOHR) a déploré dans un communiqué que des civils soient jugés devant des tribunaux d’exception, appelant à un nouveau procès.

L’ONG « regrette vivement la poursuite du phénomène des procès de civils devant des tribunaux militaires et de sécurité de l’Etat« , selon le texte.

« Il s’agit d’une violation claire et flagrante du droit de toute personne à comparaître devant la justice ordinaire« , estime l’EOHR.

L’organisation « demande que les accusés soient rejugés devant la justice ordinaire pour garantir que leurs pleins droits légaux » soient respectés.

Quarante-neuf personnes sont jugées par un tribunal d’exception pour leur implication présumée dans des manifestions violentes ayant eu lieu le 6 avril 2008 dans la ville de Mahalla. Leur procès doit reprendre le 6 septembre.

Amnesty International avait déjà demandé à maintes reprises aux autorités égyptiennes de ne plus déférer quiconque à des tribunaux d’exception qui bafouent les garanties fondamentales d’équité des procès.

Le 5 avril 2008, le gouvernement a interdit toutes les manifestations en prévision d’une grève générale devant avoir lieu le 6 avril pour soutenir un mouvement social des ouvriers du textile de la ville de Mahalla, au nord du Caire. Des milliers de policiers et de membres des forces de sécurité ont été déployés dans cette ville, ainsi qu’au Caire et dans d’autres agglomérations.

Bien que ce mouvement social ait été interrompu à l’issue de négociations avec des responsables et sous la pression du gouvernement, des manifestations violentes ont éclaté à Mahalla en réaction à la hausse du coût de la vie. Au moins trois personnes, dont Ahmed Ali Mabrouk, un écolier, sont mortes sous les balles des forces de sécurité. Des dizaines d’autres ont été blessées en raison d’un usage excessif de la force. Quelque 258 personnes ont arrêtées lors des affrontements ; elles ont été relâchées plus tard sans inculpation.

Les 49 accusés sont jugés pour un grand nombre d’infractions, notamment pour participation à un rassemblement de plus de cinq personnes visant à troubler l’ordre et la sécurité publics, destruction délibérée de biens publics et privés, pillage et vol, résistance violente et agression sur des policiers dans l’exercice de leurs fonctions, et possession illégale d’armes à feu. S’ils sont reconnus coupables, ils risquent des peines pouvant aller jusqu’à quinze ans d’emprisonnement.

On pouvait lire dans la presse en 2008 !!

A l’avant-garde du journalisme, les blogueurs du monde arabo-musulman slaloment entre les lignes pour faire la lumière sur des sujets volontairement ignorés par la presse officielle.

Une fois de plus, le téléphone a sonné pour l’inviter à « prendre un café », mot d’usage utilisé par les services de renseignement syriens lorsqu’ils convoquent un opposant. Sauf que ce 7 juillet 2007, Tariq Biassi n’est jamais rentré chez lui, dans sa maison de Tartous, au nord de Damas. Avant qu’on apprenne, le mois dernier, que le jeune blogueur a finalement été condamné à 3ans de prison. Motif invoqué : la « publication de fausses informations » et « l’affaiblissement du sentiment national ». En fait, le jeune homme de 23 ans est accusé d’avoir posté un article critiquant les services de sécurité de son pays sur un forum internet.

L’histoire de Tariq n’est pas isolée. De Damas à Riyad, en passant par Le Caire, une vague de répression sans précédent est actuellement en train de s’abattre sur une nouvelle force d’opposition qui défie le pouvoir en place : les « cyberdissidents ».

Armés d’un simple ordinateur, d’un téléphone portable et, parfois, d’un appareil photo numérique, cette nouvelle génération de journalistes en herbe s’est donné pour objectif de briser systématiquement le silence sur les atteintes aux droits de l’homme dans leurs pays respectifs.

« En fait, ils viennent combler le vide laissé par la presse locale, muselée par les pouvoirs en place », constate Gert Van Langendonck, rédacteur en chef de Menessat, un site internet dédié aux médias arabes. Affaires de corruption, torture, harcèlement… Aujourd’hui, rien n’échappe aux blogueurs. « En leur absence, personne ne serait capable de savoir ce qui se passe dans ces sociétés », remarque Alexandra Sandels, une journaliste suédoise, qui poursuit des recherches sur la cyber-censure au Proche-Orient.

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