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Révolte sociale en Guinée (Conakry)

mardi 18 février 2014

Deux personnes ont été tuées et au 33 légèrement blessées lors d’émeutes, à Conakry, ce mardi 18 février. Ces violences ont eu lieu à la suite du manque chronique de courant électrique en Guinée. Des milliers de jeunes gens ont laissé éclater leur colère dans plusieurs quartiers de la banlieue de Conakry où les forces de l’ordre, déployées en masse, ont affronté les manifestants.

Les manifestants sont sortis spontanément dans les rues, au terme d’un délai d’une semaine - promis par le Premier ministre guinéen, Mohamed Saïd Fofana – pour rétablir l’électricité dans les quartiers les plus affectés par les coupures.

Cette promesse non tenue ainsi qu’une déclaration, lundi soir – sur les médias d’Etat – du gouverneur de Conakry, Sékou Resco Camara, menaçant d’arrêter et de traduire en justice tout manifestant dans la rue sous prétexte de coupure de courant, ont mis le feu aux poudres, expliquent des témoins.

Comme il y a une semaine, des milliers de jeunes sont spontanément sortis de leurs lits pour se mettre en travers des grands axes routiers pour exiger le rétablissement des services sociaux de base qui font cruellement défaut, en Guinée.

Barricades, pneus grillés, poubelles renversées, jets de pierres… tout y était pour se faire entendre par qui de droit. Et l’arrivée, en grand nombre, des forces de l’ordre a davantage dopé les manifestants décidés à en découdre.

Gaz lacrymogènes, matraques contre des jets de pierres… c’est dans ces nuages de fumée qu’un véhicule de la gendarmerie a accidentellement écrasé un manifestant, selon le porte-parole de la gendarmerie.

C’est alors qu’un élève gendarme, à bord d’un véhicule de la gendarmerie, a été atteint par un caillou jeté par un manifestant. Tombé par terre, il a été récupéré par une foule en colère qui l’a achevé sur le champ.

Deux personnes ont été tuées et au moins trente-trois légèrement blessées lors d’émeutes mardi 18 février à Conakry, provoquées par des habitants en colère contre l’absence d’électricité dans une partie de la capitale guinéenne et ses environs, ont indiqué source policière et témoins.

Les émeutes ont éclaté dans la matinée dans plusieurs quartiers de la banlieue sud de la capitale, opposant des milliers de manifestants, en majorité des jeunes, aux forces de l’ordre. Ces dernières ont utilisé des gaz lacrymogènes et des matraques pour tenter de disperser les manifestants, mais des témoins ont affirmé avoir entendu des tirs ou vu « des policiers tirer à balles réelles ». Les émeutiers ont riposté avec des pierres et érigé des barricades, brûlé des pneus et renversé des poubelles sur plusieurs axes routiers.

« La première victime est un civil tué dans un accident de la circulation. Il a été renversé par un véhicule alors qu’il tentait de traverser la route. La seconde [victime est] un élève gendarme atteint d’un caillou jeté par un manifestant », a affirmé le directeur de la sûreté urbaine de Conakry.

Cette version officielle a été contestée par un membre de la famille de la victime. « Ce sont les forces de l’ordre qui ont pourchassé mon frère avec des matraques et, en essayant de traverser la route, il a été heurté par un véhicule qui l’a entraîné sur plusieurs mètres et il est mort sur le coup », a déclaré la source, sous couvert de l’anonymat.

Les manifestants sont sortis spontanément dans les rues au terme d’un délai d’une semaine promis par le premier ministre guinéen, Mohamed Saïd Fofana, pour rétablir l’électricité dans les quartiers les plus affectés par les coupures. « Nous n’avons rien vu et c’est pour lui rappeler sa promesse que nous sommes dans la rue », a affirmé Abdoul Aziz Soumah, l’un des manifestants.

Lundi soir, le gouverneur de Conakry avait mis en garde « les fauteurs de troubles contre toute tentative de déstabilisation du pays », demandant aux forces de l’ordre de « veiller au grain et d’empêcher par tous les moyens ces manifestations en procédant à l’arrestation et en traduisant devant les tribunaux tous les contrevenants ».
Les coupures d’eau et d’électricité sont récurrentes dans les grandes villes de Guinée et provoquent régulièrement de violentes émeutes d’habitants excédés. Lors d’une précédente manifestation le 10 février, vingt et une personnes, dont trois policiers, avaient été blessées.

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