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Montesquieu, inventeur de l’Etat de droit français ?

vendredi 14 juin 2013, par Robert Paris

Messages

  • Montesquieu : « Le suffrage par le sort est de la nature de démocratie… Le suffrage par le choix est de celle de l’aristocratie. »

  • Cette phrase, absolument impossible à interpréter ou à comprendre hors du contexte du texte de celui qui l’a écrit, comme bien des citations, d’ailleurs, ne peut être comprise que si l’on se réfère au texte et à l’entreprise de l’auteur.

    Voici la référence du texte : http://fr.wikisource.org/wiki/Esprit_des_lois_%281777%29/L2/C2

    Dans le texte du chapitre d’où est tirée la citation, Montesquieu analyse la constitution athénienne établie par Solon.

    Celui qui a cité cette phrase, n’ayant pas indiqué la source de cette phrase, montre la faiblesse des ses capacités de discussion de par l’absence d’indication de cette source, en premier lieu.

    En second lieu, et cela va avec l’absence de citation de sa source, ne pas indiquer pourquoi l’auteur écrit cela n’aide pas à rendre intelligible la phrase.

    Or, Montesquieu, écrivant l’Esprit des Lois, entreprend d’écrire ce texte pour analyser, avec des références historiques précises, les différents types de droits ayant existé : chez les romains, chez les grecs, chez les goths, pour ne citer que ceux-là, et ainsi son ouvrage lui sert à établir les principes qu’il veut défendre par une discussion scientifique.

    Il propose donc une forme de science juridique basée sur une analyse historique des lois et constitutions des différents peuples antiques et médiévaux.

    Ces éléments généraux établis, il s’agirait maintenant d’entrer dans la lecture du chapitre II de son ouvrage pour déterminer :

     pourquoi Montesquieu indique les différences de sort et de choix pour établir l’étayage des deux types de constituions que sont démocratie et aristocratie ?

     à quoi cette distinction le mène-t-il ?

     que signifie-t-il par sort et par choix ?

     quelles classes dirigent selon Montesquieu dans la cité d’Athènes après décision par Solon d’établir la constitution d’Athènes ?

    Hors de ces questions, il est incompréhensible de commencer à comprendre la phrase citée.

    Bien entendu, je ne mène ici pas moi-même un tel travail, mais le simple fait de déterminer les thèmes et problèmes abordés par un texte difficile et historiquement assez éloigné de nous, est absolument indispensable pour commencer une lecture précise non pas d’une petite phrase, mais au minimum du chapitre d’où est tirée cette phrase.

    Je souhaite par cette contribution permettre un début d’intelligence du texte et de l’esprit du texte, ce que la simple citation d’une phrase ne permet pas.

  • Ce n’est pas Solon qui a dicté cette phrase mais Montesquieu et il rajoute :

    « Le sort est une façon d’élire qui n’afflige personne ; il laisse à chaque citoyen une espérance raisonnable de servir sa patrie. »

    • C’est bien ce que je dis : incompréhensible !

      Que signifie le sort ?

      Sans citer le chapitre entier et effectuer une lecture du texte dans le but de comprendre ce qu’il tente d’établir, citer un auteur est une démarche qui me semble peu utile à la compréhension de la pensée de l’auteur.

      Je ne vois pas à quoi sert de que citer des phrases hors contexte sans même un commentaire de ce que la personne qui cite souhaite dire en citant de telles phrases. Ou alors c’est que la personne qui cite est d’accord avec la phrase ? et donc n’a besoin d’aucun commentaire pour s’en démarquer ou dire qu’elle est en désaccord avec la phrase citée ?

    • Où ai-je dit que Solon avait dicté cette phrase à Montesquieu ?

      J’ai dit que Montesquieu analysait la constitution athénienne. Et qu’il écrivait cette phrase en lien avec son analyse de la constitution établie par Solon. Il serait utile de s’attacher à ce que dit votre correspondant, cher Robert, et éviter de transformer ce qu’il dit en fonction de ce qui vous arrange...
      Cela ne vous est pas habituel et lorsque vous le faites, cela ne vous honore pas.

  • Une phrase, absolument impossible à interpréter ?

    Tout d’abord il est simple de dire que d’élire des représentants n’est pas le nectar de la démocratie. L’intervention directe des masses est notre idée, non ?

    L’idée de Montesquieu dans ce petit bout de raisonnement est tout simplement de rappeler qu’on peut très bien faire participer davantage les citoyens aux décisions que par les seuls élus, ce qui se faisait à Athènes.

    Pourquoi des révolutionnaires ne s’en revendiqueraient pas ?

    Bien entendu, ce n’est pas nécessairement par tirage au sort comme à Athènes mais la démocratie des représentants élus n’est pas notre seule tasse de thé, non ?

    Quant à accuser, n’est-ce pas celui qui dénonce une simple citation dite hors contexte et dite aussi tronquée, alors que le texte intégral lui-même devrait encore être replacé dans son contexte ?

    • Là ton propos semble plus clair, mais pas encore bien étayé, à mon sens.

      Mais ta dernière question semble ne pas dire toute ta pensée,car la phrase n’est pas terminée :

      "Quant à accuser, n’est-ce pas celui qui dénonce une simple citation dite hors contexte et dite aussi tronquée, alors que le texte intégral lui-même devrait encore être replacé dans son contexte ?"

      Je n’accuse en rien, je ne suis pas d’accord avec ta démarche de citer une phrase sans que tu la commente, précisément parce que je ne comprend pas cette phrase.

      Et le peu que tu dis dans ton dernier message me dit que la raison pour laquelle tu as cité cette phrase n’est pas très claire, ou au moins pas clairement explicitée.

      Je ne vois pas pourquoi te demander des précisions serait t’accuser ? alors que précisément, je tentais de proposer quelques questions à travailler question que je formulais pour qui veut s’en servir et qui sont destinées non seulement à toi, mais aussi à moi-même.

    • L’extrait que je cite montre simplement que Montesquieu n’est pas aussi simple qu’il y paraît...

  • Montesquieu partisan de l’esclavage des Noirs :

    De l’esclavage des nègres

    Si j’avais à soutenir le droit que nous avons eu de rendre les nègres esclaves, voici ce que je dirais :

    Les peuples d’Europe ayant exterminé ceux de l’Amérique, ils ont dû mettre en esclavage ceux de l’Afrique, pour s’en servir à défricher tant de terres.

    Le sucre serait trop cher, si l’on ne faisait travailler la plante qui le produit par des esclaves.
    Ceux dont il s’agit sont noirs depuis les pieds jusqu’à la tête ; et ils ont le nez si écrasé qu’il est presque impossible de les plaindre.

    On ne peut se mettre dans l’esprit que Dieu, qui est un être très sage, ait mis une âme, surtout bonne, dans un corps tout noir.

    Il est si naturel de penser que c’est la couleur qui constitue l’essence de l’humanité, que les peuples d’Asie, qui font les eunuques, privent toujours les noirs du rapport qu’ils ont avec nous d’une façon plus marquée.

    On peut juger de la couleur de la peau par celle des cheveux, qui, chez les Égyptiens, les meilleurs philosophes du monde, étaient d’une si grande conséquence, qu’ils faisaient mourir tous les hommes roux qui leur tombaient entre les mains.

    Une preuve que les nègres n’ont pas le sens commun, c’est qu’ils font plus de cas d’un collier de verre que de l’or, qui, chez les nations policées, est d’une si grande conséquence.

    Il est impossible que nous supposions que ces gens-là soient des hommes ; parce que, si nous les supposions des hommes, on commencerait à croire que nous ne sommes pas nous-mêmes chrétiens.

    De petits esprits exagèrent trop l’injustice que l’on fait aux Africains. Car, si elle était telle, qu’ils le disent, ne serait-il pas venu dans la tête des princes d’Europe, qui font entre eux tant de conventions inutiles, d’en faire une générale en faveur de la miséricorde et de la pitié ?

    Montesquieu, De l’esprit des lois, Livre XV, chapitre V.

  • Pouvez-vous me montrer que Montesquieu ne fait pas spécialement l’éloge de la démocratie.

  • Citons Montesquieu dans « De l’esprit des lois » :

    « Il est vrai que, dans les démocraties, le peuple paraît faire ce qu’il veut ; mais la liberté politique ne consiste point à faire ce que l’on veut. Dans un Etat, c’est-à-dire dans une société où il y a des lois, la liberté ne peut consister qu’à pouvoir faire ce que l’on doit vouloir, et à n’être point contraint de faire ce que l’on ne doit pas vouloir. »

    Et il rajoute un peu plus loin :

    « La liberté est le droit de faire ce que les lois permettent. »

    Malheureusement, les lois sont faites par ceux qui ont déjà le pouvoir économique et politique. Où est alors la liberté ? Celle d’obéir « volontairement » aux volontés de la classe dirigeante !!!

  • Quant à l’oppression des esclaves, Montesquieu en donne comme origine… le climat !!!!!

    Toujours dans « L’esprit des lois » :

    « Les lois doivent être relatives au physique du pays ; au climat glacé, brûlant ou tempéré ; à la qualité du terrain, à sa situation, à sa grandeur ; au genre de vie des peuples, laboureurs, chasseurs ou pasteurs ; elles doivent se rapporter au degré de liberté que la constitution peut souffrir ; à la religion des habitants, à leurs inclinaisons, à leurs richesses, à leur nombre, à leur commerce, à leurs mœurs, à leurs manières…. Nous avons déjà dit que la grande chaleur énervait la force et le courage des hommes ; et qu’il y avait dans les climats froids une certaine force de corps et d’esprit qui rendait les hommes capables des actions longues, pénibles, grandes et hardies…Il ne faut donc pas être étonné que la lâcheté des peuples des climats chauds les ait presque toujours rendus esclaves, et que le courage des peuples des climats froids les ait maintenus libres. C’est un effet qui dérive de sa cause naturelle. »

    En somme, l’esclavage est naturel, ben voyons, le beau démocrate que voilà !!!

  • Montesquieu dans « De l’esprit des lois » :

    "De l’esclavage des negres.

    Les peuples d’Europe ayant exterminé ceux de l’Amérique, ils ont dû mettre en esclavage ceux de l’Afrique, pour s’en servir à défricher tant de terres.
    Le sucre seroit trop cher, si l’on ne faisoit travailler la plante qui le produit par des esclaves.
    Ceux dont il s’agit sont noirs depuis les pieds jusqu’à la tête ; & ils ont le nez si écrasé, qu’il est presque, impossible de les plaindre.

    On ne peut se mettre dans l’esprit que dieu, qui est un être très-sage, ait mis une ame, sur-tout une ame bonne, dans un corps tout noir.

    Il est si naturel de penser que c’est la couleur qui constitue l’essence de l’humanité, que les peuples d’Asie, qui font des eunuques, privent toujours les noirs du rapport qu’ils ont avec nous d’une facon plus marquée.

    On peut juger de la couleur de la peau par celle des cheveux, qui, chez les Egyptiens, les meilleurs philosophes du monde, étoient d’une si grande conséquence, qu’ils faisoient mourir tous les hommes roux qui leur tomboient entre les mains.
    Une preuve que les negres n’ont pas le sens commun, c’est qu’ils font plus de cas d’un collier de verre, que de l’or, qui, chez des nations policées, est d’une si grande conséquence.
    Il est impossible que nous supposions que ces gens-là soient des hommes ; parce que, si nous les supposions des hommes, on commenceroit à croire que nous ne sommes pas nous-mêmes chrétiens.

    De petits esprits exagerent trop l’injustice que l’on fait aux Africains. Car, si elle étoit telle qu’ils le disent, ne seroit-il pas venu dans la tête des princes d’Europe, qui font entre eux tant de conventions inutiles, d’en faire une générale en faveur de la miséricorde & de la pitié ?"

  • Pourtant, dans le même écrit, il affirme : « Aristote veut dire qu’il y a des esclaves par nature ; & ce qu’il dit ne le prouve gueres. »

  • Oui, il affirme que les peuples occidentaux ne sont pas faits pour l’esclavage, mais il rajoute :

    « Aristote veut dire qu’il y a des esclaves par nature ; & ce qu’il dit ne le prouve gueres. Je crois que, s’il y en a de tels, ce sont ceux dont je viens de parler. Mais, comme tous les hommes naissent égaux, il faut dire que l’esclavage est contre la nature, quoique, dans certains pays, il soit fondé sur une raison naturelle ; & il faut bien distinguer ces pays d’avec ceux où les raisons naturelles mêmes le rejettent, comme les pays d’Europe où il a été si heureusement aboli. IL faut donc borner la servitude naturelle à de certains pays particuliers de la terre. Dans tous les autres, il me semble que, quelque pénibles que soient les travaux que la société y exige, on peut tout faire avec des hommes libres. »

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