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Le Biafra (1967-1970), un génocide français : deux millions de morts
jeudi 2 septembre 2021, par
Une intense campagne médiatique pour justifier l’intervention armée de la France au Biafra
Une justification française de la guerre du Biafra
Le Biafra (1967-1970), un génocide français, impérialiste et gaulliste : deux millions de morts, et la première utilisation du « droit d’ingérence humanitaire » !
Films :
Comment la télé française « informait » sur le Biafra en 1968…
Joël Calmettes, réalisateur du film L’Histoire secrète du Biafra
Une opération de la Françafrique
La guerre française et génocidaire du Biafra, couverte par une prétendue action humanitaire
La France a cultivé l’ethnisme Ibo pour diviser le Nigeria et lui enlever une province riche en pétrole… Ce faisant, elle a causé un massacre effrayant en intervenant militairement sous des prétextes humanitaires. C’est la première grande campagne médiatique mensongère de couverture humanitaire de l’impérialisme français.
Le journal Le Monde continue de diffuser le mensonge « humanitaire » !!
Derrière la guerre française et génocidaire du Biafra, l’intervention impérialiste de la France est cause de deux millions de morts de mai 1967 à janvier 1970 et couverte par une prétendue « action militaire à buts humanitaires » :
Une guerre française pour le pétrole biafrais :
La guerre secrète de la France au Nigeria
L’opération militaire assassine de la France (sous l’égide de De Gaulle) au Biafra sous des prétextes humanitaires et dans une grande campagne médiatique mensongère
On peut lire dans wikipedia (significatif quand on connaît toutes les limites d’un point de vue de « wiki ») :
La France a fourni des armes, des combattants mercenaires et d’autres formes d’assistance au Biafra et a promu sa cause au niveau international, qualifiant la situation de génocide. Le président Charles de Gaulle a évoqué "la juste et noble cause du Biafra".
Par l’intermédiaire de Pierre Laureys, la France a fourni deux B-26, des hélicoptères Alouette et des pilotes. La France a fourni au Biafra des armes allemandes et italiennes capturées de la Seconde Guerre mondiale, sans numéros de série, livrées dans le cadre d’expéditions régulières vers la Côte d’Ivoire. La France a également vendu des véhicules blindés Panhard au gouvernement fédéral nigérian.
L’implication française dans la guerre peut être envisagée dans le contexte de sa stratégie géopolitique (la Françafrique) et de sa concurrence avec les Britanniques en Afrique de l’Ouest. Le Nigéria représentait une base d’influence britannique dans la région à prédominance française. La France et le Portugal ont utilisé les pays voisins dans leur sphère d’influence, en particulier la Côte d’Ivoire sous le président Félix Houphouët-Boigny, comme points de passage pour les expéditions vers le Biafra. Dans une certaine mesure, aussi, la France a répété sa politique antérieure de la crise du Congo, lorsqu’elle soutenait la sécession de la province minière du sud du Katanga. Sur le plan économique, la France a obtenu des incitations grâce à des contrats de forage pétrolier pour la Société Anonyme Française de Recherches et d’Exploitation de Pétrolières (SAFRAP), apparemment arrangés avec l’est du Nigéria avant sa sécession de la Fédération nigériane. SAFRAP revendique 7% de l’approvisionnement en pétrole nigérian. Dans l’évaluation d’un analyste de la CIA en 1970, « le soutien de la France a en fait été donné à une poignée de bourgeoisie biafraise en échange du pétrole ». Le Biafra, pour sa part, apprécie ouvertement sa relation avec la France. Ojukwu a suggéré, le 10 août 1967, que le Biafra introduise des cours de français obligatoires dans les écoles secondaires, techniques et de formation des enseignants, afin de "profiter de la riche culture du monde francophone".
La France a ouvert la voie, au niveau international, pour le soutien politique du Biafra. Le Portugal a également envoyé des armes. Ces transactions ont été organisées par le biais du « Centre de recherches historiques du Biafra » à Paris. Le Gabon et la Côte d’Ivoire, alignés sur la France, ont reconnu le Biafra en mai 1968. Le 8 mai 1968, De Gaulle a personnellement contribué 30 000 francs à l’achat de médicaments pour la mission de la Croix-Rouge française. Les troubles assez répandus entre les étudiants et les travailleurs n’ont détourné l’attention du gouvernement que temporairement. Le gouvernement a déclaré un embargo sur les armes mais a maintenu les expéditions d’armes vers le Biafra sous couvert de l’aide humanitaire. En juillet, le gouvernement a redoublé d’efforts pour impliquer le public dans une approche humanitaire du conflit. Des images d’enfants affamés et des accusations de génocide ont envahi les journaux et les programmes télévisés français. Au milieu de cette campagne de presse, le 31 juillet 1968, De Gaulle a fait une déclaration officielle en faveur du Biafra. Maurice Robert, chef des opérations africaines du Service de Documentation Extérieure et de Contre-Espionnage (SDECE), écrivait en 2004 que son agence avait fourni à la presse des détails sur la guerre et leur avait dit d’utiliser le mot « génocide » dans leurs rapports.
La France a déclaré la "Semaine du Biafra" du 11 au 17 mars 1969, centrée sur un tirage au sort de 2 francs organisé par la Croix-Rouge française. Peu de temps après, de Gaulle a mis fin aux livraisons d’armes, puis a démissionné le 27 avril 1969. Le président par intérim Alain Poher a limogé le général Jacques Foccart, principal coordinateur de la politique africaine de la France. Georges Pompidou a réembauché Foccart et a repris son soutien au Biafra, y compris la coopération avec les services secrets sud-africains pour importer plus d’armes. Les massacres de septembre et le retrait ultérieur des Igbo du nord du Nigéria ont été à la base de la pétition initiale des droits de l’homme à l’ONU pour mettre fin au génocide et ont fourni un lien historique avec les revendications de génocide du Biafra pendant la guerre civile au Nigéria.
La prise de conscience d’une crise croissante s’est accrue en 1968. L’information s’est répandue surtout à travers les réseaux religieux, à commencer par les alertes des missionnaires. Il n’a pas échappé à l’avis des organisations chrétiennes du monde entier que les Biafrais étaient chrétiens et que les Nigérians du nord contrôlant le gouvernement fédéral étaient musulmans. Parmi ces efforts chrétiens figuraient l’organisation Joint Church Aid et Caritas, cette dernière étant alignée sur divers groupes internationaux d’aide catholique. La famine résultait du blocus que le gouvernement nigérian avait imposé à la région de l’Est dans les mois précédant la sécession. Frederick Forsyth, alors journaliste au Nigéria et plus tard romancier à succès, a observé que le principal problème était le kwashiorkor, une carence en protéines. Avant la guerre civile, la principale source de protéines alimentaires était le poisson séché importé de Norvège, qui était complété par des porcs locaux, des poulets et des œufs. Le blocus a empêché les importations, et les approvisionnements locaux en protéines ont été rapidement épuisés : "Le régime national était désormais presque à 100% d’amidon."
De nombreux organismes bénévoles ont organisé le pont aérien du Biafra qui a fourni des vols de secours pour briser le blocus vers le Biafra, transportant de la nourriture, des médicaments et parfois (selon certaines allégations) des armes. Plus courante était l’affirmation selon laquelle l’avion porteur d’armes suivrait de près les aéronefs d’aide, ce qui rendait plus difficile la distinction entre les aéronefs d’aide et les aéronefs de ravitaillement militaire. La Communauté américaine pour maintenir le Biafra en vie s’est démarquée des autres organisations en créant rapidement une vaste stratégie pour faire pression sur le gouvernement américain pour qu’il joue un rôle plus actif dans la facilitation des secours. D’anciens volontaires du Peace Corps récemment revenus du Nigéria et d’étudiants ont fondé le Comité américain en juillet 1968. Les volontaires du Peace Corps en poste dans la région de l’Est ont développé de solides amitiés et se sont identifiés comme des Igbo, ce qui les a incités à aider la région de l’Est.
L’un des personnages aidant le comte Carl Gustav von Rosen était Lynn Garrison, une ancienne pilote de chasse de l’ARC. Il a présenté au comte une méthode canadienne pour déposer des fournitures en sacs dans des régions éloignées du Canada sans en perdre le contenu. Il a montré comment un sac de nourriture pouvait être placé dans un sac plus grand avant que l’approvisionnement ne baisse. Lorsque le colis touchait le sol, le sac intérieur se rompait tandis que le sac extérieur gardait le contenu intact.
Bernard Kouchner était l’un des nombreux médecins français qui se sont portés volontaires avec la Croix-Rouge française pour travailler dans les hôpitaux et les centres d’alimentation du Biafra assiégé. La Croix-Rouge a exigé des volontaires qu’ils signent un accord, qui a été considéré par certains (comme Kouchner et ses partisans) comme étant similaire à un bâillon, conçu pour empêcher de se désolidariser de l’organisation française liée aux intérêts français, quelles que soient les circonstances. Kouchner et les autres médecins français ont signé cet accord.
Kouchner, à son retour en France, a publiquement critiqué le gouvernement nigérian et la Croix-Rouge pour leur comportement apparemment complice. Avec l’aide d’autres médecins français, Kouchner a mis le Biafra sous les projecteurs des médias et a appelé à une réponse internationale à la situation. Ces médecins, dirigés par Kouchner, ont conclu qu’il fallait une nouvelle organisation humanitaire qui ignorerait les frontières politiques / religieuses et donnerait la priorité au bien-être des victimes. Ils ont formé le Comité de Lutte contre le Génocide au Biafra qui est devenu en 1971 Médecins Sans Frontières. La crise a entraîné une forte augmentation de la notoriété et du financement des organisations non gouvernementales (ONG).
La France, durant la guerre du Biafra (1967-1970), a armé et aidé les sécessionnistes. Cette aide, qui avait pour but d’affaiblir le Nigéria et l’influence anglo-saxonne dans la région, et a tout fait pour encourager le conflit. Elle est directement responsable, avec la Croix-Rouge française, de la catastrophe humanitaire de l’époque.
Dès le début des hostilités, de Gaulle indique à son émissaire Jacques Foccart qu’il souhaite affaiblir le « géant nigérian ». Foccart écrit trente ans plus tard : « De mon point de vue, le Nigéria était un pays démesuré par rapport à ceux que nous connaissions bien et qui faisait planer sur ceux-ci une ombre inquiétante ». Le gaulliste Yves Guena déclarait pour sa part en parlant du Nigéria et du Ghana : « Même sans parler en termes militaires, que pèserait une poussière d’États francophones devant ces deux puissances ? ».
En outre, le Nigeria est l’un des pays protestant contre le troisième essai nucléaire français, Gerboise rouge, effectué le 27 décembre 1960 à Reggane, au Sahara algérien. Le pays expulse l’ambassadeur de France Raymond Offroy, interdit aux avions et aux navires français de toucher son sol et tente de soulever les gouvernements africains contre les tirs nucléaires français, provoquant un ressentiment durable de De Gaulle et de Pierre Messmer, alors ministre des Armées.
Selon Foccart, de Gaulle lui donne carte blanche pour qu’il « aide la Côte d’Ivoire à aider le Biafra ». L’État français finance l’opération. De Gaulle appuie Foccart dans cette opération contre l’avis de son Premier ministre, Maurice Couve de Murville, « littéralement horrifié » et contre les diplomates qui « n’apprécient pas ce qui leur apparaît comme une politique aventureuse décidée en dehors d’eux », note Foccart.
Le chef de la République du Biafra, Ojukwu, a établi à Paris le Biafra Historical Research Center, où travaillent le mercenaire Bob Denard et Roger Faulques, ex-colonel pendant la guerre d’Algérie et ancien membre du 1er REP. Ceux-ci recrutent d’autres mercenaires pour soutenir la sécession du Biafra, dont le colonel Rolf Steiner, un légionnaire allemand, ancien de l’OAS, qui commandera au Biafra la 4e brigade commando (« légion noire ») et Gildas Lebeurrier, un ancien parachutiste en Indochine et en Algérie. Le bureau sert aussi d’interface pour acheter des armes sur le marché « gris ». Le 4e commando brigade remporta de nombreux succès sur les forces nigérianes, principalement lors de l’audacieux raid d’Enugu qui détruisit l’aviation nigériane dans le secteur nord.
Les opérations vers le Biafra sont coordonnées par l’ambassadeur de France au Gabon Maurice Delauney, avec à ses côtés Jean-Claude Bouillet, directeur de la compagnie aérienne Transgabon et responsable local des services de renseignement français, le SDECE, en lien avec le correspondant de Foccart à Abidjan, Jean Mauricheau-Beaupré, un ancien membre du SDECE35. Les premières livraisons de munition et d’un bombardier B26 ont lieu en juillet 1967 et sont signalées par l’ambassade des États-Unis à Lagos. Maurice Robert est alors chef des opérations du SDECE en Afrique.
À partir d’août 1968, ce sont des dizaines de tonnes par jour d’armes et de munitions qui sont acheminées au Biafra par des mercenaires et des hommes du SDECE.
La presse francophone donne des échos du soutien français dans le conflit. Le Canard enchaîné publie une lettre de l’ambassadeur Delauney recommandant le colonel Fournier et ses trois collaborateurs du SDECE au lieutenant-colonel Ojukwu. Dans Jeune Afrique, le journaliste Michel Honorin écrit : « De trois à six avions [arrivent] chaque soir au Biafra. […] Une partie des caisses, embarquées au Gabon, portent encore le drapeau tricolore et l’immatriculation du ministère français de la Guerre ou celle du contingent français en Côte d’Ivoire ».
Parallèlement, « la conquête de l’opinion publique », selon les mots du délégué du Biafra à Paris, Ralph Uwechue, fait l’objet d’efforts importants. Foccart fera à ce sujet les remarques suivantes : « Les journalistes ont découvert la grande misère des Biafrais. C’est un bon sujet. L’opinion s’émeut et le public en demande plus. Nous facilitions bien sûr le transport des reporters et des équipes de télévision par des avions militaires jusqu’à Libreville et, de là, par les réseaux qui desservent le Biafra ». L’agence de publicité MarkPress, à Genève, va mener pendant 17 mois, une campagne de presse, comportant plus de 500 articles, et donnant une place centrale au thème du génocide par la faim.
Le SDECE est directement impliqué dans cette campagne : « Ce que tout le monde ne sait pas, c’est que le terme de « génocide » appliqué à cette affaire du Biafra a été lancé par les services. Nous voulions un mot choc pour sensibiliser l’opinion. Nous aurions pu retenir celui de massacre, ou d’écrasement, mais génocide nous a paru plus « parlant ». Nous avons communiqué à la presse des renseignements précis sur les pertes biafraises et avons fait en sorte qu’elle reprenne rapidement l’expression « génocide ». Le Monde a été le premier, les autres ont suivi », explique le colonel Maurice Robert, responsable du SDECE durant la guerre du Biafra41. Les autorités de Lagos tentent de faire face à cette campagne : une commission internationale comprenant quatre observateurs (des militaires haut gradés du Canada, de Grande-Bretagne, de Pologne et de Suède) réalisent une enquête en septembre 1968 et concluent que : « le terme de génocide est injustifié ».
Selon François-Xavier Verschave, le soutien militaire (mercenaires, armes et munitions) et financier apporté par les autorités françaises aurait prolongé le conflit durant 30 mois, contribuant à prolonger la famine et in fine le nombre de morts à plus d’un million. Le consultant canadien pour le développement Ian Smillie avancera que la prolongation de la guerre dû au soutien français aux insurgés du Biafra aurait contribué à la mort de près de 180 000 civils.
À partir de 1968, les deux armées maintiennent leurs positions et aucune ne parvient à progresser significativement.
La population civile, coincée entre deux feux et craignant des massacres de la part de l’armée nigériane, n’a d’autre choix que de soutenir le gouvernement du Biafra et de se déplacer de camp en camp de réfugiés. Le blocus terrestre et maritime de la poche biafraise où sont coincés des millions de personnes sur quelques milliers de kilomètres carrés entraîne alors une terrible famine où entre 600.000 et un million de personnes mourront de faim, de soif et d’épidémies.
Le gouvernement nigérian utilise des « mercenaires », sous la forme de pilotes égyptiens pour leur armée de l’air avec des chasseurs Mig 17 et des bombardiers Iliouchine Il-28. Les pilotes égyptiens auraient fréquemment attaqué des civils plutôt que des cibles militaires, bombardant de nombreux abris de la Croix-Rouge.
La médiatisation de cette famine qui montre des enfants et des réfugiés faméliques et le cri d’alarme du gouvernement du Biafra accusant le Nigeria de génocide et d’aggraver la famine déclenche un élan humanitaire international. Un pont aérien transportant vivres et médicaments est mis en place et permet d’enrayer en partie la crise. Ces convois aériens humanitaires sont dénoncés par le Nigeria, car, selon lui, ils servent de couverture à l’envoi d’armes et de mercenaires. Ces suspicions vont jusqu’à inciter l’armée nigériane à abattre en plein vol un avion du Comité international de la Croix-Rouge. Le conflit du Biafra offre un important tremplin médiatique pour les organisations humanitaires qui se sont engagées dans l’aide aux réfugiés. On assiste alors à un tournant, alors que des médecins comme Bernard Kouchner sortent de la politique traditionnelle de neutralité et de réserve de la Croix-Rouge et prennent fait et cause pour l’une des parties en présence. L’action des nouvelles organisations créées au début des années 1970 telle que l’ONG Médecins sans frontières présentera un mixte d’aide humanitaire et d’actions de sensibilisation auprès des médias et des institutions politiques.
Avec un appui renforcé des Britanniques, les forces fédérales nigérianes lancent une offensive finale le 23 décembre 1969. Quatre offensives composées de 120 000 hommes au total ont raison des dernières positions biafraises. Odumegwu Emeka Ojukwu prend alors la fuite vers la Côte d’Ivoire et charge son Premier ministre Philip Effiong (en) de régler les détails de la capitulation. Celui-ci signe le 12 janvier 1970 un cessez-le-feu immédiat et sans conditions. Le 15 janvier, les derniers combats cessent et le Biafra est officiellement réintégré au sein du Nigeria.