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Il y a cent ans, Lénine écrivait...

jeudi 12 octobre 2017

Le 14 octobre 1917, Lénine écrivait :

Lettre au comité central, au comité de Moscou, au comité de Pétrograd, aux membres bolchéviks des Soviets de Pétrograd et de Moscou

Chers camarades, les événements nous prescrivent si clairement notre tâche que tout atermoiement devient positivement un crime.

Le mouvement paysan grandit. Le gouvernement, renforce sa répression sauvage, dans la troupe la sympathie qu’on nous porte grandit (99% des voix des soldats en notre faveur à Moscou, en Finlande les troupes et la flotte sont contre le gouvernement, voir le témoignage do Doubassov sur le front en général).

En Allemagne, il est évident que la révolution est en marche, surtout depuis l’exécution des marins, Les élections de Moscou - 47% des voix aux bolchéviks - sont une immense victoire. Avec les socialistes-révolutionnaires de gauche, nous avons incontestablement la majorité dans le pays.

Les cheminots et les postiers sont en conflit avec le gouvernement. Les Liber-Dan parlent déjà de tenir le congrès entre le 20 et 30 octobre, au lieu du 20 octobre, etc.

Dans ces conditions « attendre » est, un crime.

Les bolchéviks n’ont pas le droit d’attendre le Congrès des Soviets, ils doivent prendre le pouvoir sur-le-champ. Ce faisant, ils sauvent la révolution mondiale (sinon subsistera la menace d’une transaction entre les impérialistes de tous les pays qui, après les exécutions en Allemagne, auront des complaisances les uns pour les autres et s’uniront contre nous) ; ils sauvent la révolution russe (autrement la vague d’anarchie actuelle peut devenir plus forte que nous), et la vie de centaines de milliers d’hommes à la guerre.

Temporiser est un crime. Attendre le Congrès des Soviets, c’est faire preuve d’un formalisme puéril et déshonorant ; c’est trahir la révolution.

S’il n’est pas possible de prendre le pouvoir sans insurrection, il faut passer sur-le-champ à l’insurrection. Il y a de grandes chances que ce soit précisément aujourd’hui qu’on puisse prendre le pouvoir sans insurrection : par exemple, si le Soviet de Moscou s’emparait tout de suite du pouvoir et se proclamait gouvernement (en même temps que le Soviet de Pétrograd). A Moscou, la victoire est assurée, il n’y a personne pour se battre. A Pétrograd, on peut attendre. Le gouvernement ne peut rien faire, il n’y a pas de salut pour lui, il capitulera.

Car, le Soviet de Moscou, une fois qu’il aura pris le pouvoir, les banques, les usines, le Rousskoïé Slovo, aura une base et une force immenses ; il fera de la propagande devant toute la Russie, il posera la question ainsi : nous proposerons la paix dès demain, si le bonapartiste Kérenski se rend (et s’il ne se rend pas, nous le renverserons). La terre aux paysans sur l’heure, des concessions aux cheminots st aux postiers sur l’heure, etc.

Il n’est pas indispensable de « commencer » à Pétrograd. Si Moscou « commence » sans effusion de sang, elle sera à coup sûr soutenue : 1) au front, par la sympathie de l’armée ; 2) par les paysans, partout ; 3) par la flotte et par les troupes de Finlande qui marcheront sur Pétrograd.

Même si Kérenski a, prés de Pétrograd, un ou deux corps de cavalerie, il sera forcé de se rendre. Le Soviet de Pétrograd peut se borner, pour l’instant, à faire de la propagande pour le gouvernement des Soviets à Moscou. Mot d’ordre : le pouvoir aux Soviets, la terre aux paysans, la paix aux peuples, le pain aux affamés.

La victoire est assurée et, il y a neuf chances sur dix, sans effusion de sang.

Attendre est un crime envers la révolution.

Messages

  • Lénine

    CONQUIS ET CONSACRÉ

    Dans la révolution, seules les conquêtes des masses prolétariennes sont inébranlables. Seules les conquêtes véritablement inébranlables méritent d’être enregistrées.

    La fondation de la III° Internationale, l’Internationale communiste, à Moscou, le 2 mars 1919, a été la consécration des conquêtes des masses prolétariennes, non seulement russes, non seulement de Russie, mais aussi allemandes, autrichiennes, hongroises, finlandaises, suisses, en un mot, des masses prolétariennes internationales.

    Et c’est justement pour cette raison que la fondation de la IIIe Internationale, l’Internationale communiste, est une œuvre inébranlable.

    Il y a à peine quatre mois, on ne pouvait encore dire que le pouvoir des Soviets, que la forme soviétique d’Etat soit une conquête internationale. Il impliquait un élément, du reste essentiel, propre non seulement à la Russie mais à tous les pays capitalistes. Cependant, on ne pouvait encore dire, avant l’épreuve des faits, quelles modifications - de quelle profondeur et de quelle importance - apporterait le développement de la révolution mondiale.

    La révolution allemande a donné cette vérification. Un pays capitaliste évolué, après un des pays les plus arriérés, a montré au monde entier, en peu de temps, en une centaine de jours, non seulement les mêmes forces fondamentales de la révolution, non seulement la même orientation fondamentale, mais aussi la même forme fondamentale de la démocratie nouvelle, de la démocratie prolétarienne : les Soviets.

    Parallèlement, en Angleterre, pays vainqueur, le plus riche en colonies, le pays qui était et passait depuis fort longtemps pour un modèle de la « paix sociale », le pays du plus vieux capitalisme, nous constatons la croissance puissante, impétueuse, irrésistible, sur un large front, des Soviets et des nouvelles formes soviétiques de la lutte des masses prolétariennes, les « Shop Stewards Committees [2] ».

    En Amérique, le pays capitaliste le plus puissant et le plus jeune, l’immense sympathie des masses ouvrières va aux Soviets.

    La glace est brisée.

    Les Soviets ont vaincu le monde entier.

    Ils ont vaincu tout d’abord et par-dessus tout dans ce sens qu’ils ont gagné la sympathie des masses prolétariennes. C’est là l’essentiel. Il n’est pas de férocité de la bourgeoisie impérialiste, il n’est pas de persécution et d’assassinat de bolchéviks, capables de ravir cette conquête aux masses. Plus la bourgeoisie « démocratique » sévira, et plus inébranlables seront ces conquêtes dans le cœur des masses prolétariennes, dans leur état d’esprit, dans leur conscience, dans leur volonté de lutte héroïque.

    La glace est brisée.

    Et c’est pourquoi les travaux de la Conférence internationale des communistes, tenue à Moscou, et qui a fondé la IIIe Internationale, se sont déroulés si aisément sans encombre, avec tant de calme et de fermeté.

    Nous avons enregistré ce qui est déjà conquis. Nous avons consigné sur le papier ce qui était déjà inébranlable dans la conscience des masses. Tous savaient, bien plus, tous voyaient, sentaient, percevaient, chacun à la lumière de l’expérience de son pays, qu’un mouvement nouveau, un mouvement prolétarien, sans précédent dans le monde par sa puissance et sa profondeur, a déferlé, qu’il ne se confine pas dans les anciennes limites, quelles qu’elles soient, qu’il ne saurait être enrayé par les grands maîtres de la petite politicaillerie, ni par les Lloyd George et les Wilson du capitalisme démocratique anglo-américain, dont l’expérience et l’habileté sont fameuses, ni par les Henderson, les Renaudel, les Branting et autres héros du social-chauvinisme qui en ont vu de toutes les couleurs.

    Le nouveau mouvement va vers la dictature du prolétariat ; il y va en dépit de toutes les hésitations, en dépit des défaites atroces, en dépit du chaos « russe » jamais vu et incroyable (si l’on s’en tient à l’aspect extérieur), il va vers le pouvoir des Soviets avec la puissance d’un torrent, un torrent formé des millions et des dizaines de millions de prolétaires, un torrent qui balaie tout sur son chemin.

    Nous l’avons consigné. Nos résolutions, nos thèses, nos rapports et nos discours enregistrent ce qui est déjà conquis.

    A la lumière éclatante de la nouvelle expérience des ouvriers révolutionnaires, de cette riche expérience d’une portée universelle, la théorie marxiste nous a aidé à comprendre les lois qui président à la marche des événements. Elle aidera les prolétaires du monde entier qui luttent pour jeter bas l’esclavage du salariat capitaliste, à prendre conscience plus nettement des objectifs de leur lutte, à avancer d’un pas plus ferme sur le chemin déjà tracé, à vaincre d’une manière plus sûre et plus inébranlable et à consolider la victoire.

    La fondation de la IIIe Internationale, l’Internationale communiste, est le prélude de la République internationale des Soviets, de la victoire mondiale du communisme.

    Le 5 mars 1919

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