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Editorial - L’Intersyndicale a mené la lutte... dans le mur

mercredi 27 octobre 2010, par Robert Paris

Editorial - Ce n’est pas Sarkozy qui nous a battus : c’est l’Intersyndicale !

Quelle différence y a-t-il entre un appel intersyndical à sept journées d’action séparées et une classe ouvrière s’attaquant à la classe dirigeante par sept jours de grève générale d’affilée ? Quelle différence y a-t-il entre des grèves localisées qui ne sont unies que lors de "journées" et un mouvement qui s’étend, gagne de nouveaux secteurs par l’action des travailleurs eux-mêmes ? Quelle différence y a-t-il entre des syndicats qui admettent "la nécessité d’une réforme" et contestent seulement le manque de négociation et des organisations qui préparent le combat contre le capital ? Quelle différence y a-t-il entre une cheminée et une tuyère d’avion ? La première ne fait que lâcher la vapeur de la combustion et la deuxième la propulse. Les syndicats n’ont organisé que des lâchers de vapeur de la colère sociale. Ceux-ci ne risquaient pas de propulser bien loin la lutte sociale ! Ils ne risquaient pas de répandre la peur chez nos ennemis de la grande bourgeoisie.

La force des travailleurs ne consiste pas en des promenades sur les boulevards, même répétées... Car, à chaque fois, on rentre chez soi et on laisse retomber la lutte. On laisse isolés ceux qui continuent la grève. On laisse isolés la lutte des travailleurs des entreprises qui ferment ou licencient. On laisse isolée la lutte des ports. On laisse isolée la lutte de l’hôpital Tenon que les syndicats ne veulent pas élargir à l’ensemble de la Santé. On laisse isolée la lutte des terminaux pétroliers. On clame la solidarité des travailleurs autour d’eux mais on les abandonne à eux-mêmes, sous prétexte de décision démocratiques des assemblées générales.

La force des travailleurs n’est pas seulement de bloquer, ici ou là, un dépôt pétrolier ou même une usine. La force des travailleurs, c’est de se réunir sur leurs lieux de travail, par delà les professions, les sites, les entreprises, les catégories et de décider ensemble...
Mais, dans ce mouvement, ce ne sont pas les assemblées générales qui ont pris les décisions : c’est l’Intersyndicale. C’est elle qui a choisi des journées sans grève. C’est elle qui, dès le début, a choisi de ne pas appeler à la grève générale sous prétexte de ne pas rompre le front uni des centrales. En réalité, parce que ces directions syndicales ne sont pas une direction de combat des travailleurs !
Bien entendu, la plupart des militants syndicalistes ont pesté contre les limites que leurs centrales mettaient au mouvement. Mais il ne suffit pas de maugréer. Il faut que la classe ouvrière décide elle même. Il faut que les militants syndicalistes qui le souhaitent cessent de défendre "leur" centrale car elle ne les défend pas.
Aujourd’hui, après avoir crié victoire après chaque "mobilisation", elles sont satisfaites que le MEDEF et la CFDT unis une fois de plus, leur proposent de négocier : méchant Sarkozy mais gentil patronat ! La montagne a accouché d’une souris !!! Pas question bien entendu de remettre en question la nouvelle loi. Non, elles vont accepter de jouer à nouveau au jeu de la négociation, de la conciliation, de l’accord patronat/syndicats/gouvernement. Car c’est ainsi qu’elles entendent leur rôle.

Mais la crise du système est là et il n’y a rien à négocier. Les classes dirigeantes n’ont pas le choix. Tout le poids des sacrifices doit retomber sur les travailleurs. Les centrales syndicales peuvent tout au plus accompagner le mouvement (en marche arrière) en remerciant au passage d’y être associés...

Car ce n’est pas fini. L’attaque sur les retraites ouvre la voix à d’autres : sur les emplois publics, sur les contrats de travail, sur les salaires, sur le chômage... Et nous, travailleurs, n’avons pas d’autre choix : mener la lutte des classes ou nous y faire battre. Négocier, c’est céder et c’est accepter les sacrifices.

L’attaque ne fait que commencer. Nous avons perdu une bataille, nous n’avons pas perdu la guerre. C’est la guerre de classe que la bourgeoisie nous déclare et nous avons encore tous les moyens de la mener. Et pas de faire semblant comme le font "nos" dirigeants.
Ce combat biaisé, saucissonné, étalé, dilué devrait nous avoir appris une chose : il faut nous organiser.

Il faut non seulement des assemblées générales souveraines mais qui prennent réellement les décisions. ce n’est pas à l’Intersyndicale de décider si on vote ou non à bulletins secrets, par exemple ! C’est à nous de définir les objectifs du mouvement et pas aux directions des centrales. Il faut que les décisions locales soient relayées centralement. les centrales ne l’ont jamais fait et ne le feront jamais. Elles ne représentent pas la dynamique de la lutte. Il faut que les assemblées locales choisissent des délégués et se centralisent pour que la lutte prenne véritablement un caractère de classe. C’est à ce prix que les classes dirigeantes verront vraiment ce qu’est notre force et que nous la mesurerons y compris nous-mêmes.

La bourgeoisie est organisée. Elle dispose, en plus d’un Etat à sa solde, de quantités de formes de décision et de réunions où elle discute de ses intérêts. En période de crise, une classe ouvrière qui ne s’organise pas est une classe qui sera écrasée. A nous de choisir !
Personne ne doit décider à notre place !

Il est encore temps de monter une coordination qui, elle, ne trahira pas, puisque c’est la base qui aura le pouvoir.

Pour cela, que chaque entreprise publique ou privée en grève élise des délégués. Que les délégués des diverses entreprises en grève d’une même ville se réunissent chaque jour.

Dans ces réunions, les délégués exprimeront ce que leur AG aura décidé. ETC.

Chaque coordination de ville élira des délégués pour la coordination nationale. La coordination nationale lancera un appel à la grève générale illimitée.

Ainsi, les grands chefs syndicaux, on n’aura plus besoin d’eux, et ils n’auront plus l’occasion de trahir.

Autre avantage d’une coordination : les non-syndiqués, c’est-à-dire les plus nombreux, seront eux-aussi représentés, et se sentiront donc eux aussi tout à fait concernés. Tandis qu’ avec une intersyndicale ne représentant que la petite minorité de syndiqués, les non-syndiqués se sentent bien moins concernés.
« ... Nous ici on attend, on est la force d’appoint et ça fait 20 ans, 30 ans qu’on fait la troupe. On forme des cortèges, on défile dans les rues, les mains vides, la bouche pleine de slogans (...) On nous fait gueuler un grand coup, ça décontracte les mecs, tout le monde rentre chez soi, respire, puis tu vois, c’est comme une marmite (...) En haut, à l’état-major [de la CGT], ils continuent à mastiquer les mêmes mots ou les mêmes slogans, nos traitements, nos pensions, nos retraites ».
Déclaration d’un ouvrier en mai 68 reproduite dans l’ouvrage de Xavier Vigna

Chérèque a assuré être "dans un mouvement durable" de contestation de la réforme, qui est "en train de gagner le soutien populaire", et prévoit "autour de 2 millions de manifestants pour obtenir de nouvelles ouvertures" du gouvernement. Interrogé la veille sur Europe 1, l’autre bonze de la CGT Bernard Thibault a lui affirmé que "dans certaines entreprises", la question d’une grève reconductible "va se poser dès les prochains jours", alors que certains syndicats ont évoqué publiquement cette forme d’action chez Total, Arkéma ou à la SNCF. Il a dit s’attendre à "beaucoup de monde" jeudi, mais pas trop. L’intersyndicale doit se réunir vendredi pour décider des suites à donner au mouvement (on en tremble à Neuilly-Passy). Plus près du porte-monnaie des grévistes, la CFDT a ressorti cette vieillerie de manif gratos le week-end, de même que l’Unsa. La FSU, surtout présente chez les fonctionnaires, a pronostiqué sans frais "la poursuite de la grève", Solidaires (syndicats SUD et autres) appelle de ses voeux des grèves reconductibles couplées à des manifestations de masse le week-end ; la reconduction n’aura pas lieu et les masses piquent niquent le weekend. FO privilégie sans honte de son côté une nouvelle grande journée de grève nationale, après avoir déclaré deux jours avant que cette série de JA depuis le début de l’année ne ressemblait à rien.

Ce sont des questions réelles que se posent des travailleurs en chair et en os syndiqués pour beaucoup d’ailleurs.
Car les salariés qui ont une culture syndicale, syndiqués ou pas, et qui sont simplement témoins depuis quelques années des faits syndicaux, s’interrogent (en ayant une forte idée quand même) en octobre 2010, de comment les syndicats peuvent se contenter d’organiser des promenades sans autres perspectives, et surtout sans celle du "blocage complet de tout et par tous".

Et qu’on ne trouve pas l’excuse que ce n’est pas simple de mobiliser, car encore une fois nous ne sommes pas des moutons qui suivont.
Pour avancer c’est comme au volant d’une voiture : celui qui n’a pas de carte il peut rouler longtemps sans jamais trouver la direction.
Et encore pire quand le chauffeur est un escroc qui nous emmène faire le tour du périphérique en nous disant que la route pour la butte Montmartre est inaccessible et en plus que nous devons payer la facture des KM pour rien.

La fois d’après on apprend à conduire et avec les amis on va ou on veut.

La grève c’est comme la vie de tous les jours, c’est compliqué mais passionnant car personne ne vit à notre place et donc il faut discuter décider et s’organiser nous même ; ça ne marche pas à tous les coups mais en même temps comme dit le proverbe "c’est en forgeant qu’on devient forgeron" !

Alors pas de regrets avec ces manifs organisées par des escros, et vive les futures assemblées et grèves qui seront celles prises en main par ceux que les syndicats prennent pour leur "troupe", ceux qui marchent en général dans les bois ou les parcs en famille et qui plus rarement le font dans la rue, ceux qui quand ils font grève, ont bien conscience de ce qu’ils risquent au quotidien dans les entreprises qui licencient, et ferment leur porte aux plus jeunes.
Ceux pour qui la manif ou le blocage ne sont pas un métier, un passe temps, ou un jeu avec le pouvoir, mais quelque chose de profond et de suffisamment important pour risquer à 1 an de la retraite de se prendre un mauvais coup dans un cortège qui serait attaqué par les bouledogues casqués.

Un jeune peut être un peu fou fou, mais certainement pas une travailleuse à 60ans qui rêve de s’occuper de ses petits enfants.
Et à elle nous devons lui dire que "La crise" annonce une période de troubles qui ne se résoudront pas avec des organisations qui ne font la démonstration que de la faiblesse de la classe ouvrière au yeux des autres exploités.

vive la lutte des travailleurs,euses de tous pays et par eux même.

Les centrales syndicales et partis de gauche (même extrême) tiennent tous le même discours, selon lequel tout est bien organisé dans le mouvement des retraites et que l’échec provient seulement de la dureté et de la surdité de Sarkozy et selon lequel, pour gagner, il suffit de continuer la même stratégie, avec encore plus de journées d’action, encore plus de manifestations et de manifestants, qu’il suffit d’être plus nombreux, qu’il suffit de tenir, de bloquer plus et plus longtemps : les transports, les terminaux pétroliers ou les aéroports ou les routes. Eh bien c’est faux ! Les lycéens et les étudiants, même très déterminés, ne se substitueront pas à l’action de la classe ouvrière. Le blocage de l’essence, celui des routes, celui des transports ne peut pas remplacer l’action d’ensemble de la classe ouvrière. Et cette dernière a été limitée à des journées de manifestations, y compris sans grève.

Et d’abord la détermination des centrales est factice. Elles ont joué un double jeu. D’un côté elles ont fait mine de suivre les salariés. De l’autre, elles ont livré un message qui disait exactement l’inverse, disant à nos adversaires qu’elles ne comptaient nullement les contraindre à reculer. Les centrales ont prétendu que, dans ce mouvement des retraites, elles suivaient démocratiquement les décisions des grévistes, mais cela est faux. C’est l’intersyndicale qui a tout décidé bureaucratiquement en ce qui concerne les rythmes et les moyens d’action. Elles ont programmé des journées sans grève qui diffusaient un message inverse de celui qu’il aurait fallu. Elles disaient aux travailleurs du privé : vous pouvez agir à l’économie sans faire grève. Notre action va vous permettre d’agir à votre place et vous pourrez vous y associer sans entrer en lutte. C’est le message inverse qu’il fallait livrer.

Elles ont multiplié les journées d’action alors qu’elles savaient parfaitement que nulle part ces journées n’ont suffi, depuis la crise, à faire plier les gouvernants. Elles ont combattu l’idée de la grève reconductible mais de manière astucieuse en faisant comme si c’étaient les assemblées de grévistes qui ne l’avaient pas adopté. Elles ne l’avaient pas vraiment proposé. Et la grève reconductible qu’il s’agissait de développer n’était pas celle d’un seul secteur ou d’une seule région, contrairement à ce qu’elles ont mis en place. En s’opposant à la grève votée à mains levées, les centrales ont combattu l’influence combative des assemblées. En proposant aux travailleurs du secteur privé de ne pas faire grève – les fameuses manifestations du samedi -, elles ont donné des garanties aux patrons que leurs intérêts ne seraient pas directement visés. Ce n’est pas le seul discours par lequel elles démobilisaient par derrière les travailleurs qu’elles affirmaient suivre dans leur colère. Par exemple, Le Reste, dirigeant de la CGT des cheminots, se répandait sur les ondes pour dire qu’il comprenait les cheminots fatigués par la grève et ses pertes financières et qu’il fallait recourir à la grève de 59 minutes qui ne coûte que une heure sur la paie. Ils n’ont cessé de dire que la grève générale n’était pas presse-bouton mais ils n’ont jamais dit clairement aux salariés que sans action générale, la classe ouvrière n’avait aucune chance de gagner.

On a entendu les leaders syndicaux expliquer que les travailleurs devaient ménager leurs forces et seulement tenir pour des journées d’action et que cela devait suffire pour contraindre Sarkozy à négocier. Mais que veut dire cette demande de négocier ? Pour des centrales qui prétendent en même temps que les soixante ans ne sont pas négociables et un gouvernement qui affirme que 62 ans ne sont pas négociables ? Eh bien, cet appel à négocier, propre à toutes les centrales de l’intersyndicale, est un message clair pour les classes dirigeantes : elles ne veulent nullement mener la lutte à une attaque contre les patrons, nos vrais adversaires.

Faire peur aux classes dirigeantes, c’est commencer à organiser de manière autonome la classe ouvrière. C’est constituer partout des comités, des collectifs, des coordinations, des interprofessionnelles, des assemblées qui unissent tous les secteurs des salariés, c’est débattre dans ces réunions de tout, ces problèmes de toute la société et pas seulement des retraites, de notre avenir qui est gravement compromis par la faillite du système capitaliste. Rien ne ferait plus peur aux patrons que de voir dans leur entreprise que les directions syndicales dites "responsables" ne soient plus les seules à lui faire face, que les salariés prennent les décisions eux-mêmes, élisent leurs délégués dans le feu de la lutte.

L’hôpital Tenon se bat seul. Malgré les efforts des agents de Tenon vers les personnels d’autres hôpitaux comme Saint-Antoine, pas de réel appel des syndicats hospitaliers afin d’élargir le mouvement. Les terminaux pétroliers se battent seuls. Les cheminots ont fait la grève reconductible seuls.

Aucune proposition venue des dirigeants syndicaux ne visait à appeler l’ensemble des travailleurs à les rejoindre. Est-ce que les éboueurs pouvaient gagner seuls sur les retraites ? Est-ce que les jeunes peuvent lutter seuls à notre place ? Est-ce qu’il suffit de bloquer l’essence pour faire reculer la bourgeoisie ? Est-ce que des promenades du dimanche, est-ce que des journées d’action suffisent à faire peur aux classes dirigeantes ?

NON, NON, ET NON !!!

Cette stratégie de l’Intersyndicale consistant à fatiguer les marcheurs et les grévistes en diluant, en éparpillant, en émiettant, en saucissonnant les actions est plus coûteuse en efforts vains et épuisants qu’une vraie lutte d’ensemble des travailleurs. Elle ne développe pas notre force ni notre conscience de nos vrais moyens. Nous ne manquons ni de colère ni de soutiens. Nous manquons de l’envie de nous diriger nous-mêmes. C’est cela qui doit changer, si nous voulons inverser le rapport de forces, que ce soit pour les retraites, pour la défense des emplois, des salaires et des services publics…

Leur « unité syndicale » n’est pas le front des travailleurs en lutte

Dans le mouvement des retraites, l’unité syndicale a servi d’argument contre... le front des travailleurs, leur organisation sur des objectifs de classe et l’extension du mouvement. Bien des travailleurs ont pensé que la force du mouvement résidait dans l’unité syndicale. Loin d’être une force, cette « unité » a été déterminante pour battre les travailleurs tout en sauvegardant le crédit des centrales syndicales et du PS, pourtant nullement décidés à mener véritablement le combat...

La lutte a été menée (jusqu’à la défaite) par l’Intersyndicale, unissant de manière inattendue des centrales qui roulent pour des intérêts de boutique concurrents, qui n’ont aucune vision commune et encore moins d’accord sur la question des retraites... Certains syndicats de l’Intersyndicale sont carrément pour des retraites privées par capitalisation, pour l’augmentation de la durée des années de travail, pour l’augmentation du nombre de trimestres cotisés et on en passe... Ces directions qui n’étaient d’accord sur rien concernant les retraites (revendications, enjeux, objectifs) n’ont montré qu’une unité de façade puisque la plupart des syndicats locaux CGC ou CFTC et parfois CFDT n’appelaient ni à la grève, ni à la manifestation dans de nombreux secteurs.

L’Intersyndicale n’a cessé de lancer des messages démobilisateurs : il ne fallait pas que le mouvement soit trop coûteux pour les salariés, il suffisait de manifester les samedis sans faire grève plutôt que de se mettre mal avec son patron, que de risquer son emploi, les blocages suffiraient à faire reculer le gouvernement ou bien les cheminots préféraient des grèves de 59 minutes ou encore la jeunesse allait prendre le relais des travailleurs ou le manque d’essence allait faire plier Sarkozy sans appel à l’ensemble de la classe ouvrière...

Ainsi, on retardait, on temporisait, on décommandait l’action… Mais il fallait faire croire aux plus combatifs que l’on ne perdait pas de vue l’idée de la généralisation. « Plus l’intransigeance dominera, plus l’idée de grèves reconductibles gagnera du terrain », tonnait Bernard Thibaut, le 10 septembre, dans « Le Monde ». Mais, le 5 octobre, le même déclarait à l’AFP : « Personne ne peut prétendre faire participer sous la même forme plusieurs dizaines de millions de personnes, de la signature d’une pétition à la participation à une multitude d’initiatives locales, voire aux manifestations lors des journées interprofessionnelles. Qui dit mouvement social dit de multiples formes pour y participer ». Et le 7 octobre sur RTL : "Cela (la grève générale) n’a jamais été pratiqué dans l’histoire sociale de notre pays (...) C’est un slogan pour moi tout à fait abstrait, abscons. Cela ne correspond pas aux pratiques par lesquelles on parvient à élever le niveau du rapport de forces." Le prétexte était de laisser les travailleurs et les syndicats décider localement. Mais, dans la plupart des entreprises, il n’y a jamais eu une assemblée générale pour en discuter.

Et les centrales ont tout fait pour ne pas unir la lutte avec celle des entreprises qui licencient, des ports, des éboueurs, des raffineries ou de l’hôpital Tenon...L’unité de l’intersyndicale s’est faite contre les risques de la radicalisation comme l’explique la CFDT : « La CFDT et l’intersyndicale n’ont jamais prôné de grève reconductible. (…) Le risque d’embrasement est réel sans que les organisations syndicales ne maîtrisent le système. (…) L’absence de dialogue risque de former un jour des positions jusqu’auboutistes. » La CGC déclarait : "Il n’y a pas, d’un côté, les patrons employeurs et, de l’autre les salariés victimes. Il y a une société en marche pour laquelle chacun a un rôle qui concerne l’intérêt général." Ces centrales ont été capables de proposer des journées d’action jusqu’à épuisement des participants, sans que les plus droitières ne ressentent le risque d’être accusées de radicalisme. Car ce mode d’action visait à "s’exprimer", mais pas à engager la lutte contre le patronat et le gouvernement. Les centrales risquaient d’autant moins d’être accusée d’irresponsabilité que les classes dirigeantes savaient que, sans ce cadre étouffant de l’Intersyndicale, il y avait des risques sociaux réels de la part de travailleurs en colère...La CFDT déclare le 6 novembre : « Il nous importe de rester populaires et de conserver notre image de syndicalistes responsables ». Responsables, oui vis-à-vis de la bourgeoisie, pas des travailleurs !

L’unité du front prolétarien nécessite que les travailleurs soient organisés au sein de comités de lutte et que ces comités soient reliés et décident ensemble de l’avenir de la lutte et ensuite de l’avenir de la société. La véritable unité des travailleurs nécessite une lutte de classe sans compromission ni négociation avec la grande bourgeoisie et une perspective d’avenir : bâtir une société débarrassée de l’exploitation.

Messages

  • Bernard Thibault, dirigeant de la CGT (Confédération générale du travail), a déclaré sur la chaîne de télévision France 5 : « L’ouverture des négociations sur l’avenir des retraites reste l’objectif des syndicats ».

    C’est la voie de la capitulation, donnant le feu vert à l’Etat pour briser l’une après l’autre les grèves dans les divers secteurs. D’autres hauts dirigeants de la CGT font des déclarations défaitistes afin de mener les luttes au point mort. Un officiel de la CGT à ESSO, Laurent Delaunay, a déclaré : « Nous avons perdu une bataille, mais pas l’essentiel : pouvoir s’exprimer contre cette réforme ».

    Charles Foulard, un responsable de CGT-Total, a quant à lui expliqué : « On sait que les raffineries pèsent beaucoup dans ce mouvement, mais on ne veut pas être les seuls à agir en France ». Il a dit que le secteur des raffineries « ne se considère pas comme le fer de lance de la contestation ».

  • Nous manquons de l’envie de nous diriger nous-mêmes. C’est cela qui doit changer !!!!

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  • Bravo pour ce bilan. On s’aperçoit que de bilan de ces inutiles promenades il n’y a point nulle part ni dans les médias ni de la part des divers partis, y compris les "partis syndicaux" car les syndicats sont devenus des partis comme l’ont bien vu après guerre Marc Chiric et Bordiga, que vous connaissiez cher Robert Paris... Sur mon blog - leprolétariatuniversel - je n’ai pas cessé de faire ce bilan depuis le début ficelé en janvier. Je reviens dessus dans mon livre "L’aristocratie syndicale - épilogue d’une résignation invraisemblable".
    très cordialement
    jean-louis Roche

  • Salut tout le monde, évidemment ok avec l’article. Il y a d’ailleurs eu des réactions vis à vis de cette politique de l’intersyndicale, des travailleurs ont essayé de prendre leur lutte en main. Il y a notamment eu des AG interpro très intérressantes à Toulouse et Paris.

    Une partie de l’AG "Gare de l’Est - Ile de France" continue d’ailleurs de se réunir régulièrement. Dernièrement, nous avons écrit collectivement un texte (environ 4 semaines de discussions et de multiples corrections) où nous avons voulu exprimer notre solidarité aux travailleurs qui en Europe subissent exactement les mêmes attaques que nous (mais en fait ça vaut pour toute la planète). Je vais le poster ci-dessous en plusieurs langues, si les lecteurs de ce forum pouvaient aider à le diffuser le plus largement possible au niveau international, ce serait pas mal !

    Tibo (un des participants de l’AG).

  • Adresse aux salariés, chômeurs,
    étudiants et précaires d’Europe

    Nous sommes un groupe de salariés de différents secteurs (cheminots, enseignants, informaticiens…), de chômeurs et de précaires. Pendant les récentes grèves en France, nous nous sommes réunis en Assemblée Générale Interprofessionnelle - d’abord sur le quai d’une gare (Gare de l’Est, Paris), ensuite dans une salle d’une Bourse du Travail. Nous voulions regrouper plus largement possible des travailleurs d’autres villes de la région parisienne. Parce que nous en avions assez de la collaboration de classe des syndicats qui nous menaient une nouvelle fois à la défaite, nous avons voulu nous organiser par nous même pour tenter d’unifier les secteurs en grève, étendre la grève et que ce soit les grévistes eux mêmes qui contrôlent leur lutte.

    A la guerre sociale des capitalistes
    Les travailleurs doivent opposer une lutte de classe

    En Grande Bretagne, en Irlande, au Portugal, en Espagne, en France… dans tous les pays, nous sommes tous durement attaqués. Nos conditions de vie se dégradent.
    En GB, le gouvernement Cameron a annoncé la suppression de 500.000 emplois dans la fonction publique, £7 milliards de coupes dans les budgets sociaux, le triplement des droits d’inscription à la fac, etc…
    En Irlande, le gouvernement Cowen vient de baisser le salaire horaire minimum de plus d’un euro et les retraites de 9%.
    Au Portugal, les travailleurs font face à un taux de chômage record. En Espagne, le « très socialiste » Zapatero n’arrête pas de faire des coupes claires en tout genre dans les allocations chômages, les aides sociales et médicales…
    En France, le gouvernement continue la casse de nos conditions de vie. Après les retraites, c’est le tour de la santé. L’accès aux soins devient de plus en plus difficile pour les travailleurs : toujours plus de médicaments déremboursés , augmentation des mutuelles privées, suppressions de postes dans l’hôpital public. Comme l’ensemble des services publics (Poste, EDF-GDF, TELECOM), l’Hôpital est démantelé et privatisé. Résultat : des millions de familles ouvrières ne peuvent d’ores et déjà plus se soigner !

    Cette politique est vitale pour les capitalistes. Face au développement de la crise et de l’effondrement de pans entiers de l’économie capitaliste, ces derniers trouvent de moins en moins de marchés sources de profits pour leurs capitaux. Aussi sont-ils d’autant plus pressés de privatiser les services publiques.
    Cependant, ces nouveaux marchés sont plus restreints en terme de débouchés productifs que ne le sont les piliers de l’économie mondiale tels que le bâtiment, l’automobile, le pétrole…. Ils ne permettront pas, même dans le meilleur des cas, un nouvel essor économique salvateur.
    Aussi, dans ce contexte d’effondrement, la lutte pour les marchés sera des plus acharnée pour les grands trusts internationaux. Autrement dit, ce sera une question de vie ou de mort pour les investisseurs de capitaux. Dans cette lutte, chaque capitaliste se retranchera derrière son Etat pour se défendre. Au nom de la défense de l’économie nationale, les capitalistes tenteront de nous enchaîner dans leur guerre économique.
    De cette guerre, les victimes sont… les travailleurs. Car derrière la défense de l’économie nationale, chaque bourgeoisie nationale, chaque Etat, chaque patron essaie de réduire ses "coûts" pour maintenir sa "compétitivité". Concrètement, ils n’auront de cesse que d’intensifier les attaques contre nos conditions de vie et de travail. Si nous les laissons faire, si nous acceptons de nous serrer encore la ceinture, ces sacrifices ne connaîtront pas de fin. Ils remettront en cause jusqu’à nos conditions d’existence !
    Travailleurs, refusons de nous laisser diviser par corporation, secteur ou nationalité. Refusons de nous livrer cette guerre économique de part et d’autre des frontières. Battons-nous ensemble et unissons-nous dans la lutte ! Le cri lancé par Marx est d’autant plus d’actualité : « Prolétaires de tous les pays unissez-vous ».

    C’est à nous les travailleurs de prendre
    nous même nos luttes en main

    Aujourd’hui, ce sont les travailleurs de Grèce, d’Espagne, les étudiants d’Angleterre qui sont en lutte et sont en butte à des gouvernements qui, de gauche comme de droite, sont aux services des classes dirigeantes. Et comme nous en France, vous avez à faire à des gouvernements qui répriment violemment les travailleurs et les chômeurs, les étudiants, les lycéens.

    En France, cet automne, nous avons voulu nous défendre. Nous étions des millions à descendre dans la rue pour refuser purement et simplement cette nouvelle attaque. Nous nous sommes battus contre cette nouvelle loi et contre toutes les mesures d’austérité qui nous touchent de plein fouet. Nous avons dit "Non !" à l’augmentation de la précarité et de la pauvreté.
    Mais l’intersyndicale nous a menés volontairement à la défaite en combattant l’extension du mouvement gréviste :
    · Au lieu de briser les barrières de métier et de corporation pour unir le plus largement les travailleurs, elle a fermé les assemblées générales de chaque entreprises aux autres travailleurs.
    · Elle a fait des actions spectaculaires pour « bloquer l’économie » mais rien fait pour organiser des piquets de grève ou des piquets volants qui auraient pu attirer d’autres travailleurs dans la lutte. Ce que des travailleurs et précaires ont fait.
    · Elle a négocié notre défaite derrière notre dos, derrière les portes fermées des cabinets ministériels.
    L’intersyndicale n’a jamais rejeté la loi sur les retraites, elle a même répété et répété encore qu’elle était "nécessaire" et "inévitable" ! A l’entendre, nous aurions dû nous contenter de demander à ses côtés "plus de négociations gouvernement-patrons-syndicats", "plus d’aménagements de la loi pour une réforme plus juste et équitable"…

    Pour lutter contre toutes ces attaques, nous ne pouvons compter que sur nous mêmes. En ce qui nous concerne nous avons défendu dans ce mouvement la nécessité pour les travailleurs de s’organiser sur leurs lieux de travail dans des AG souveraines, de se coordonner à l’échelle nationale pour diriger le mouvement gréviste en élisant des délégués révocables à tout moment. Seule une lutte animée, organisée et contrôlée par l’ensemble des travailleurs, tant dans ses moyens que dans ses objectifs, peut créer les conditions nécessaire afin d’assurer la victoire.

    ****************************************************************************

    Nous savons que ce n’est pas fini, les attaques vont continuer, les conditions de vie vont être de plus en plus difficiles et les conséquences de la crise du capitalisme ne vont qu’empirer. Partout dans le monde, nous devons donc nous battre. Pour cela, nous devons retrouver confiance dans notre propre force :
    Nous sommes capables de prendre nos luttes en main et de nous organiser collectivement.
    Nous sommes capables de débattre ouvertement et fraternellement, en "libérant la parole".
    Nous sommes capables de contrôler véritablement la tenue de nos débats et nos décisions.
    Les assemblées générales ne doivent pas être dirigées par les syndicats mais par les travailleurs eux-mêmes.

    Nous allons devoir nous battre pour défendre nos vies et l’avenir de nos enfants !
    Les exploités du monde entier sont frères et sœurs d’une seule et même classe !
    Seule notre union de par les frontières sera à même de jeter à bas ce système d’exploitation.

    Des participants de l’AG interpro "Gare de l’Est et Île de France"
    Pour nous contacter : interpro@riseup.net

  • Pour la version anglaise, aller sur le forum de discussion anglais "Libcom" où le texte est déjà en discussion (voici le lien pour tomber directement sur l’Adresse : http://libcom.org/forums/announcements/workers-europe-world-address-ag-gare-de-lest-%C3%AEle-de-france-20122010).
    Moi, je ne maitrise pas assez l’anglais mais j’encourage tout ceux qui sont un peu moins nul que moi à se lancer et à participer (d’ailleurs, plus généralement, ce forum est vachement bien).

  • Un groupe portugais a traduit l’Appel à partir de la version anglaise, ça se trouve ici :
    http://sinaldanegacao.blogspot.com/2010/12/aos-trabalhadores-do-mundo-e-da-europa.html

  • Aufruf an die Beschäftigten, Arbeitslosen, Studenten und prekär Beschäftigten Europas

    Wir sind eine Gruppe Beschäftigter verschiedener Wirtschaftszweige (Eisenbahnen, Bildungswesen, Informatik usw.), Arbeitsloser und prekär Beschäftigter. Während der jüngsten Streiks in Frankreich haben wir uns als branchenübergreifende Vollversammlung zunächst auf einem Bahnsteig des Pariser Ostbahnhofs, dann in einem Saal in der Arbeitsbörse versammelt. Wir wollten soviel Beschäftige wie möglich aus anderen Städten der Pariser Region zusammenbringen. Weil wir die Schnauze voll hatten von der Klassenzusammenarbeit der Gewerkschaften, die uns erneut in die Niederlage führte, wollten wir uns selbst organisieren, um zu versuchen, die verschiedenen streikenden Branchen zu vereinigen, den Streik auszudehnen und dass die Streikenden selbst den Kampf kontrollieren.

    Dem gesellschaftlichen Krieg der Kapitalisten müssen wir den Klassenkampf entgegenstellen

    In Großbritannien, Irland, Portugal, Spanien, Frankreich, in allen Ländern werden wir mit harten Angriffen konfrontiert. Unsere Lebensbedingungen verschlechtern sich immer mehr. In Großbritannien hat die Regierung Cameron angekündigt, 500.000 Stellen im öffentlichen Dienst zu streichen. Milliarden sollen im Sozialhaushalt gestrichen werden, die Uni-Einschreibegebühr wurde verdreifacht. Usw. In Irland hat Premierminister Cowen den Mindeststundenlohn um mehr als einen Euro sowie die Renten um 9% gesenkt. In Portugal ist die Arbeitslosigkeit auf ein Rekordniveau angestiegen. In Spanien kürzt der sehr sozialistische Premierminister Zapatero rücksichtslos Arbeitslosenzahlungen, Sozialhilfe und im Gesundheitsbereich. In Frankreich untergräbt die Regierung weiterhin unsere Lebensbedingungen. Nach den Renten ist jetzt der Gesundheitsbereich an der Reihe. Für die Beschäftigten wird es immer schwieriger, medizinische Leistungen zu erhalten, mehr und mehr Medikamente müssen aus eigener Tasche bezahlt werden, private Zusatzversicherungen werden immer teurer, in den öffentlichen Krankenhäusern werden Stellen gestrichen. Im gesamten öffentlichen Dienst (Post, EDG-GDF, Telekom) werden Krankenhäuser geschlossen oder privatisiert. Die Folge : Für Millionen Arbeiterfamilien werden medizinische Leistungen zu teuer, sie können sie sich nicht mehr leisten. Diese Politik ist für die Kapitalisten lebenswichtig. In Anbetracht der Zuspitzung der Krise und des Zusammenbruchs ganzer Bereiche der kapitalistischen Wirtschaft finden diese immer weniger Märkte, auf denen sie Profite für ihr Kapital erwirtschaften können. Und sie sind umso mehr bestrebt, die öffentlichen Dienste zu privatisieren. Aber diese neuen Märkte sind als produktive Absatzmärkte für die großen Stützpfeiler der Weltwirtschaft wie die Bauindustrie, die Automobilindustrie, Ölindustrie zu beschränkt. Sie werden auf keinen Fall einen neuen Rettungsanker für die Weltwirtschaft darstellen. So wird in Anbetracht von Zusammenbrüchen ganzer Bereiche der Wirtschaft der Kampf um die Märkte für die Multis umso heftiger. Mit anderen Worten – für die Kapitalinvestoren geht es um Leben und Tod. In diesem Kampf wird sich jeder Kapitalist hinter seinem Staat verschanzen um sich zu verteidigen. Im Namen der Verteidigung der Volkswirtschaft werden die Kapitalisten versuchen, uns für ihren Wirtschaftskrieg einzuspannen. In diesem Krieg sind die Arbeiter die Hauptopfer. Denn im Namen der „Verteidigung der nationalen Wirtschaft“ versucht jede nationale Bourgeoisie, jeder Nationalstaat, jeder Arbeitgeber die Kosten zu senken, um seine Wettbewerbsfähigkeit aufrecht zu halten. Konkret verschärfen sie unaufhörlich die Angriffe auf unsere Lebens- und Arbeitsbedingungen. Wenn wir sie walten lassen, wenn wir den Gürtel noch enger schnallen sollen, werden diese Opfer grenzenlos sein. Sie werden dann schließlich unsere Existenzbedingungen infragestellen ! ArbeiterInnen ! Wir dürfen uns nicht nach Branchen, Berufen oder Nationalität spalten lassen. Wir dürfen uns nicht für den Wirtschaftskrieg einspannen lassen. Wir müssen gemeinsam kämpfen und uns im Kampf zusammenschließen. Der alte Kriegsschrei von Karl Marx ist heute mehr als je gültig : ‚“Arbeiter aller Länder, vereinigt Euch ! Wir müssen unsere Kämpfe in die eigene Hand nehmen. Heute kämpfen die Arbeiter in Griechenland, Spanien, die Studenten in England. Sie sind den Angriffen ihrer Regierungen ausgesetzt, die egal ob Rechts oder Links, im Dienst der herrschenden Klasse stehen. Und wie wir in Frankreich steht Ihr Regierungen gegenüber, die gewaltsam gegen die Arbeiter, die Arbeitslosen, die Studenten, und Gymnasiasten vorgehen. In Frankreich haben wir uns diesen Herbst verteidigen wollen. Unsere Aktionen : zu Millionen auf die Straße gehen, um diesen neuen Angriff abzuwehren. Wir haben gegen dieses neue Gesetz gekämpft und gegen all die anderen Sparmaßnahmen, die uns sehr schmerzen. Wir haben „nein“ gesagt zur Verschärfung der prekären Bedingungen und der Verarmung. Aber der Zusammenschluss der Gewerkschaften (Intersyndicale) hat uns absichtlich eine Niederlage beigefügt, indem sie sich gegen die Ausdehnung der Streikbewegung gestellt haben : 1) Anstatt die Berufsschranken und die Branchenhürden zu überwinden, um die größtmögliche Zahl Arbeiter zusammenzuschließen, wurde die Beteiligung der anderen Beschäftigten an den Vollversammlungen verhindert. 2) Spektakuläre Aktionen zur Blockierung der Wirtschaft wurden durchgeführt. Aber nichts wurde unternommen, um Streikposten vor Ort oder fliegende Streikposten zu organisieren, die andere Arbeiter zur Beteiligung am Kampf ermuntert hätten. Arbeiter und prekär Beschäftigte haben diesen Schritt vollzogen. 3) Sie haben hinter unserem Rücken, hinter den verschlossenen Türen der Ministerien unsere Niederlage ausgehandelt, Der gewerkschaftliche Zusammenschluss hat nie das Gesetz zur Rentenreform verworfen ; im Gegenteil sie haben immer wieder wiederholt, dass diese Reform notwendig und vermeidbar sei. Ihnen zufolge hätten wir uns damit zufrieden geben müssen, mehr „Verhandlungen zwischen Regierung-Arbeitgebern-Gewerkschaften“, „mehr Änderungen des Gesetzes, um eine gerechtere Reform zu erreichen“, zu fordern. Um gegen all diese Angriffe zu kämpfen, können wir nur auf unsere eigenen Kräfte bauen. Wir haben in dieser Bewegung die Notwendigkeit vertreten, dass die Arbeiter sich selbst in den Betrieben in unabhängigen Vollversammlungen organisieren, ihre Aktionen landesweit abstimmen, um die Streikbewegung zu kontrollieren ; dazu sollen gewählte und jederzeit abwählbare Delegierte gewählt werden. Nur ein Kampf, der von allen Arbeitern getragen, organisiert und kontrolliert wird, und dessen Mittel und Ziele von ihnen selbst bestimmt wird, kann die erforderlichen Bedingungen für einen Sieg schaffen.

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    Wir wissen, dass der Kampf nicht vorüber ist, die Angriffe werden an Schärfe zunehmen ; unsere Lebensbedingungen werden sich noch weiter verschlechtern, die Folgen der Wirtschaftskrise werden noch stärker spürbar. Überall auf der Welt müssen wir uns zur Wehr setzen. Dazu müssen wir wieder Vertrauen in unsere eigene Kraft entwickeln.
    Wir sind dazu in der Lage, die Kämpfe in die eigene Hand zu nehmen und uns gemeinsam zu organisieren.
    Wir sind dazu in der Lage, offen und brüderlich miteinander zu diskutieren, indem wir selbst das Wort ergreifen.
    Wir sind dazu in der Lage, den Verlauf unserer Debatten und unsere Entscheidungen selbst zu kontrollieren.
    Die Durchführung von Vollversammlungen darf nicht in den Händen der Gewerkschaften liegen, sondern muss von den Arbeitern selbst in die Hand genommen werden.
    Wir werden darum kämpfen müssen, unser Leben und die Zukunft unserer Kinder zu schützen.
    Die Ausgebeuteten dieser Erde sind unsere Klassenbrüder- und –schwestern, die ein- und derselben Klasse angehören.
    Nur unser Zusammenschluss über alle Grenzen hinweg wird dieses Ausbeutungssystem überwinden können.

    Teilnehmer der branchenübergreifenden Vollversammlung des Pariser Ostbahnhofs und Ile de France.
    Nehmt mit uns Kontakt auf : interpro@riseup.net

  • Adres aan de loontrekkers, werklozen, studenten en ‘precairen’ van Europa

    Wij zijn een groep loontrekkers van verschillende sectoren (spoorwegen, onderwijs, informatica…), van werklozen en van iedereen met een precaire baan. Tijdens de stakingen in Frankrijk, die onlangs plaatsvonden, zijn we ons bijeengekomen in een Interprofessionele Algemene Vergadering – eerst op het perron van een station (Station Oost in Parijs), daarna in een zaal van een Arbeidsbureau. Wij willen op zo’n groot mogelijk schaal de arbeiders van andere steden van de regio Parijs groeperen. Want wij hebben genoeg van de klassensamenwerking van de vakbonden, die ons opnieuw naar de nederlaag hebben geleid. Wij wilden ons zelf organiseren om te proberen de stakende sectoren bijeen te brengen, de staking uit te breiden en dat het de stakers zouden zijn die hun strijd zelf controleren.

    Tegenover de sociale oorlog van de kapitalisten moeten de arbeiders een klassestrijd stellen

    In Groot-Brittannië, in Ierland, in Portugal, in Spanje, In Frankrijk …. In alle landen worden we hard aangevallen. Onze levensomstandigheden worden slechter.
    In Groot-Brittannië heeft de regering Cameron de opheffing aangekondigd 500.000 banen in de openbare sector, 7 miljard pond bezuiniging in de begroting voor sociale zaken, de verdrievoudiging van het inschrijvingsgeld voor de universiteit, enzovoort …
    In Ierland gaat de regering Cowen het minimumsalaris per uur met een euro en de pensioenen met 9% verlagen.
    In Portugal worden de arbeiders geconfronteerd een recordcijfer aan werkloosheid. In Spanje, houdt de “zeer socialistische” Zapatero maar niet op flink te korten op allerlei soorten werkloosheidsuitkeringen, sociale en medische voorzieningen ...
    In Frankrijk gaat de regering maar door onze levensomstandigheden stuk te maken. Na de gepensioneerden, is de gezondheidszorg aan de beurt. De toegang tot de zorg wordt voor de arbeiders steeds moeilijker : steeds meer medicijnen moeten zelf betaald worden, verhoging van de privé-zorgverzekering, vermindering van ligplaatsen in de openbare ziekenhuizen. Zoals de hele openbare sector (de posterijen, de gas en elektriciteitmaatschappij, de telefoonmaatschappijen), worden de ziekenhuizen ontmanteld en geprivatiseerd. Het resultaat is : miljoenen arbeidersgezinnen kunnen zich van nu af aan niet meer laten verzorgen.

    Deze politiek is vitaal voor het kapitalisme. Ten opzichte van de crisis en de ineenstorting van hele delen van de kapitalistische economie, vinden de laatsten steeds mindere markten die een bron van winst voor hun kapitaal kan vormen. Ook zijn ze steeds meer gedwongen de openbare diensten te privatiseren.
    Maar deze markten zijn beperkter in termen van productieve afzetmarkten zoals de pijlers van de wereldeconomie waren zoals de bouw, de automobiel, de olie …. Ze zullen, zelf in het beste geval, geen nieuw economische opleving meebrengen, die redding brengt.
    Ook zal de strijd om de markten. tegen de achtergrond van de ineenstorting, voor de grote internationale trusts steeds meer verbeten worden. Met andere woorden, het zal een kwestie van leven of dood worden voor de investeerders van kapitaal. Om zich te verdedigen verschanst ieder kapitalist zich in deze strijd achter zijn staat. In naam van de verdediging van de nationale economie, zullen de kapitalisten proberen ons mee te slepen in hun economische oorlog.
    De slachtoffers van deze oorlog zullen ….. de arbeiders zijn. Want achter de verdediging van de nationale economie, iedere nationale bourgeoisie, iedere staat, iedere baas probeert zijn “kosten” terug te brengen om zijn “concurrentiepositie” te behouden. Concreet zullen ze niet ophouden de aanvallen op te voeren tegen onze levens- en werkomstandigheden. Als we dat laten gebeuren, als we aanvaarden dat ze de broekriem nog strakker aanhalen, zullen de opofferingen nooit een einde kennen. Ze zullen uiteindelijk onze bestaansvoorwaarden in vraag stellen.
    Arbeiders, laten we weigeren ons te verdelen in sectoren, corporaties, of nationaliteiten. Laten we weigeren om ons over te leveren aan deze economische oorlog aan deze of gene kant van de grens. Laten we samen strijden en ons in de strijd verenigen ! De oproep, gelanceerd door Marx, is meer dan ooit actueel : “Proletariers aller landen, verenigt u”.

    Het is aan ons, arbeiders, om de strijd zelf in handen te nemen

    Momenteel zijn het de arbeiders van Griekenland, Spanje, de studenten uit Engeland die strijden en die onderworpen zijn aan de regeringen die, of zij nu rechts of links is, in dienst van de heersende klasse staan. En net als in Frankrijk, hebben we te maken met een regering die de werkenden en werklozen, de studenten en scholieren gewelddadig onderdrukt.
    In Frankrijk hebben we ons deze herfst willen verdedigen. We waren met miljoenen de straat op gegaan om deze nieuwe aanval eenvoudigweg te weigeren. We hebben gestreden tegen de nieuwe wet en tegen alle bezuinigingsmaatregelen die ons volop raken. We hebben gezegd : “Nee !” tegen de verergering van de precaire werksituatie en de armoede.
    Maar de Intersyndicale heeft ons moedwillig naar de nederlaag gevoerd door de uitbreiding van de stakingsbeweging tegen te gaan :
     In plaats van de obstakels van de beroepen en de corporaties te doorbreken om de arbeiders zoveel mogelijk te verenigen, heeft ze de algemene vergaderingen van iedere onderneming uitgesloten voor de arbeiders van elders.
     ze heeft spectaculaire acties ondernomen om de “economie te blokkeren”, maar niets gedaan om stakingspiketten of vliegende piketten te organiseren die andere arbeiders hadden kunnen overhalen aan de strijd mee te doen. Het zijn de arbeiders en degenen met een precaire baan, die dat gedaan hebben.
     Ze heeft achter onze rug onderhandelt over onze nederlaag, achter de gesloten deuren van de ministeries. De Intersyndicale heeft de wet op de pensioenen nooit afgewezen, ze heeft zelfs steeds maar weer herhaald dat ze “nodig” en “onvermijdelijk” was. Zo te horen zouden we ons tevreden hebben moeten stellen om naast haar te vragen om “meer onderhandelingen tussen de regering, bazen en vakbonden”, “meer aanpassing van de wet voor een rechtvaardige en billijke hervorming ….”

    In de strijd tegen alle aanvallen kunnen we alleen maag op onszelf vertrouwen. En wat ons betreft hebben wij in deze beweging de noodzaak verdedigd van de arbeiders om zich te organiseren op hun werkplaats in onafhankelijke algemene vergaderingen, om zich op nationale schaal te verenigen om de stakingsbeweging richting te geven door afgevaardigden te kiezen die op ieder moment teruggeroepen kunnen worden. Alleen een geanimeerde, georganiseerde en gecontroleerde strijd door het geheel van de arbeiders, zowel wat betreft de middelen als betreft de doeleinden, kan de noodzakelijke voorwaarden scheppen om de overwinning te verzekeren.

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    Wij weten dat het nog niet afgelopen is, de aanvallen zullen blijven doorgaan, de levensomstandigheden zullen steeds moeilijker worden en de gevolgen van de crisis van het kapitalisme zullen alleen maar erger worden. Overal in de wereld moeten we dus de strijd opnemen. Daarvoor moeten we vertrouwen herwinnen in onze eigen kracht :

    Wij zijn in staat de strijd in eigen hand te nemen en ons collectief te organiseren.
    Wij zijn in staat om openlijk en kameraadschappelijk te debatteren door middel van het vrije woord
    Wij zijn in staat het verloop van onze debatten en beslissingen te controleren

    De algemene vergaderingen moeten niet door de vakbonden geleid worden, maar door de arbeiders zelf.

    Wij zullen moeten vechten om ons leven en de toekomst van onze kinderen te verdedigen !
    De uitgebuiten van de hele wereld zijn broeders en zusters van één en dezelfde klasse.
    Alleen onze eenheid, over de grenzen haan, zal in staat zijn dit systeem van uitbuiting te verslaan.

    De deelnemers aan de Algemene Interprofessionele Vergadering
    “Gare de l’Est et Île de France »
    Als je contact met ons wilt opnemen : interpro@riseup.net

  • J’ai oublié de le dire en intro, mais naturellement, si certains d’entre-nous peuvent traduire ou faire traduire en d’autres langues encore, ce serait super ! Postez, postez...

    Et évidemment, je fais pleinement confiance à ceux qui gèrent ce site pour déplacer tous mes messages s’ils pensent qu’il y a un endroit plus approprié.

    Très fraternellement.

    • Salut Tibo,

      C’est bien de faire confiance mais c’est encore mieux de se donner les moyens soi même de ses ambitions.
      Il me semble que l’existence d’un site propre au comité interpro devient une nécessité.

      De simple individu crée des sites personnels et recoivent plusieurs dizaines de visiteurs, qui commentent ou non, prennent contact ou pas, enfin trouvent un intérêt à débattre, échanger, regarder, alimenter et faire vivre un "journal numérique"
      Face Book inquiétent beaucoup plus qu’on ne le pense les autorités mondiales.
      Car si aujourd hui les internautes discutent des photos de vacances ou du réveillons, demain ils peuvent aussi discuter comme avec Cantonna, d’autres choses.

      Cordialement
      MAx

    • Avoir des sites est certainement une bonne chose mais ce que propose l’appel : constituer partout des comités qui se fédèrent est encore mieux...

  • Les fédérations de fonctionnaires CGT, FO, Solidaires et FA-FP appellent lundi à participer à la mobilisation du 7 mars lancée par le secteur de la santé, pour « défendre le service public ».

    « Les fédérations de fonctionnaires CGT, FO, Solidaires et FA-FP soutiennent pleinement toutes les initiatives prises par les différents secteurs de la fonction publique, sous forme de mobilisations, actions et grèves le 7 mars », déclarent les syndicats dans un communiqué commun.

    Initiée par le secteur de la santé, cette journée de mobilisation nationale également annoncée dans la fonction publique territoriale, sera « l’occasion de porter nos revendications en matière de défense du service public hospitalier et de la sécurité sociale », ajoutent-ils.

    Les syndicats dénoncent un secteur de la santé « en péril en termes d’égalité d’accès aux soins », « asphyxié par les déremboursements, les dérégulations, les suppressions de postes et les réorganisations permanentes, auxquels s’ajoutent les regroupements d’hôpitaux imposés par la loi Touraine ».

    Ils s’en prennent également à la « réforme territoriale et ses conséquences : fusion de communes, de conseils régionaux, création de métropoles », qui « entrainent des mobilités forcées et des inquiétudes grandissantes chez les agents et dégradent le service public ».

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