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La boussole dont la classe ouvrière a besoin

mercredi 25 mars 2015, par Robert Paris

La boussole dont la classe ouvrière a besoin

La classe ouvrière et les milieux populaires sont attaqués comme jamais mais réagissent pour le moment moins que jamais. La première raison, c’est que tout est fait pour les déboussoler. Les attaques viennent de la gauche gouvernementale dont ils attendaient au contraire un soutien. Il faut dire que les syndicats nous avaient servi le discours selon lequel la gauche allait nous sauver du dragon Sarkozy. Et voilà Sarkozy qui revient, accompagné par la montée de Le Pen. Pire que cela, c’est le lepénisme qui monte non seulement dans les élections mais aussi dans toutes les politiques, y compris de ceux qui dénoncent le Front National. Sarkozy a un discours de plus en plus lepéniste, sous prétexte de tailler des croupières à Le Pen. Valls, lui aussi, tient des discours que ne désavouerait pas Le Pen, tout en faisant mine de dénoncer violemment le FN. Ainsi, Sarkozy vient de lancer une nouvelle provocation démagogique, déclarant qu’il n’est pas pour l’alternative au porc dans les menus des cantines scolaires ! Mais qui a banalisé Le Pen sinon Hollande la recevant à l’Elysée sous prétexte des attentats, sinon Valls attaquant les Roms, les immigrés, les musulmans sous le même prétexte ?

Les risques ne sont pas qu’électoraux, même si c’est la seule chose qui intéresse les politiciens. La fascisation de la société, en période de crise économique aigüe, peut devenir une menace pour la vie quotidienne, au plan économique, social et politique.

Mais la perte de boussole des travailleurs ne s’arrête pas aux mensonges et tromperies du monde politicien. La vie sociale a ses propres mensonges. Tout le monde, du gouvernement au patronat, est soi disant mobilisé pour lutter contre le chômage alors qu’en réalité tous se battent pour faire monter le chômage, le gouvernement supprimant en masse les emplois publics et les patrons supprimant les emplois privés, y compris quand la SNCF ou Renault annoncent des embauches massives, bien inférieures en réalité aux emplois supprimés.

Ensuite, il y a de nouvelles attaques contre les retraites. Les travailleurs attribuaient ces attaques à la droite sarkozyste mais voilà que Hollande-Valls s’y mettent et, loin de remettre en question les attaques précédentes, aggravent la destruction des retraites. Il en va de même dans tous les domaines, de la sécu aux services publics, des transports à la santé et de l’éducation à la recherche. Aux attaques contre les salariés du privé, avec la remise en cause du code du travail, se rajoutent les attaques contre les salariés du public. Et tout cela se cache sous Sarkozy comme sous Hollande-Valls derrière le joli nom de « réformes » ! Macron prétend même qu’ « il faut accélérer les réformes.. On peut en tirer des bénéfices politiques » ! Quand on sait que les prétendues réformes de gauche sont une des causes de désaffection de l’électorat de gauche qui est dégoutté que la gauche mène une politique aussi propatronale sinon plus que la droite ! Réformer la recherche, c’est lui retirer ses subsides. Réformer l’université, c’est mettre ses fonds à plat. Réformer les hôpitaux, c’est les fermer et les mettre dans le rouge. Réformer les transports, c’est les laisser se dégrader et les privatiser. Il y a de quoi se demander où est le nord et où est le sud si la boussole est sans cesse en train de tourner et indique n’importe quoi.

La situation internationale n’est ni plus réjouissante, ni plus facile à décrypter. Les attentats se multiplient dans le monde mais les pays occidentaux, qui les dénoncent violemment, continuent de soutenir Arabie saoudite ou Qatar qui les financent, et arment et financent eux-mêmes des groupes terroristes se revendiquant de l’islam en Libye ou en Syrie, cautionnent le régime du Nigeria qui refuse de combattre les terroristes. Et ces fameux terroristes ne sont apparus dans ces différents pays que suite aux guerres des pays occidentaux comme en Irak, en Libye, en Afghanistan, au Yémen, au Pakistan, etc… Ces groupes terroristes n’existaient pas dans ces pays avant les interventions massives des armées occidentales et ont prospéré après ces interventions. Il y a de quoi être déboussolé si on écoute le discours anti-terroriste des gouvernants occidentaux qui mentent comme ils respirent et ne cherchent nullement à sauver les peuples ni du terrorisme ni des dictatures comme ils le prétendent pour faire perdre complètement la boussole à leurs opinions publiques.

Le terrorisme n’est d’ailleurs pas la seule menace internationale actuellement. L’affrontement contre Russie et Chine monte aussi, menaçant à nouveau la planète d’une guerre mondiale. L’Ukraine, la Syrie ou la mer de Chine sont le théâtre de ces affrontements, limités pour le moment mais demain qui sait, en fonction de la gravité de la crise ? Le gouvernement anglais vient ainsi de déclarer qu’il va lancer le réarmement du pays face à la prétendue menace guerrière de la Russie…

Car la crise de 2007 n’a pas été suivie d’une vraie reprise. Et ce n’était d’ailleurs pas une vraie crise. Dans toutes les crises capitalistes du passé, les trusts et les banques en faillite avaient chuté et cela avait permis à l’économie capitaliste de repartir sur de nouvelles bases. Cette fois, les gouvernants et les classes dirigeantes ont estimé que, si on laissait chuter une seule grande banque comme Lehman Brothers ou Dexia, un seul trust comme General Motors ou PSA, une seule grande assurance comme AIG ou AXA , ce serait tout le système mondial qui chuterait irrémédiablement. Du coup, ils ont injecté des sommes colossales, des milliers de milliards de dollars, pour pallier aux investissements privés dans l’économie, en particulier dans le secteur productif. Sans ces sommes de fonds publics invraisemblables, il n’y aurait pas un trust, pas une banque, pas une bourse, pas une assurance, pas un financier qui tiendrait aujourd’hui debout. La signification de cette crise, voilà encore une raison pour les milieux populaires d’être complètement déboussolés. Les Etats, qui se disent complètement désargentés, ne cessent pourtant d’inonder les marchés avec de l’argent public et multiplient des guerres très couteuses aux quatre coins du monde.

Restent les organisations qui prétendent défendre les travailleurs comme la gauche de la gauche, les syndicats et l’extrême gauche. Eux dénoncent le grand capital, dénoncent l’austérité, dénoncent les politiques gouvernementales mais ils ne sont pas plus crédibles pour autant car aucun ne nous explique vraiment ce que signifie la situation actuelle. Quel avenir pour le capitalisme ? Quel avenir pour nous ? Suffit-il de dire non à l’austérité ? Ce n’est pas l’austérité qui a causé l’effondrement de 2007 ! Le capitalisme peut-il chuter irrémédiablement ? Les « gauches » ne sont-ils pas en train de nous mentir sur la pérennité du capitalisme ? Eux qui ont des « solutions » pour l’économie française, pour l’Etat français, comment les croire s’il n’existe plus de solution pour sauver le capitalisme mondial ?

Les centrales syndicales ont leur responsabilité particulière dans cette perte de boussole, elles qui ont contribué à faire croire au sauveur Hollande contre Sarkozy. Elles ont une responsabilité dans la baisse des réactions ouvrière face au gouvernement Hollande, qu’elles soutiennent tout en le critiquant doucement. Par exemple, on pourrait croire qu’en ce moment la plupart des syndicats seraient mobilisés par la perspective d’une mobilisation interprofessionnelle du 9 avril, une prétendue grève générale appelée par CGT, SUD et FO notamment. Ça c’est le discours médiatique. La réalité est tout autre. La CGT des cheminots n’appelle pas à faire grève ce jour-là sans s’en expliquer. Dans le secteur hospitalier, pourtant durement frappé et en colère, il n’y quasiment pas d’appels pour cette journée d’action. En réalité, les dirigeants syndicaux ne veulent pas trop fâcher leurs amis du gouvernement. Et ne parlons pas de la CFDT qui a des ex dirigeants au gouvernement et qui ne voit même pas d’austérité dans les mesures gouvernementales qui cassent pourtant tous les budgets sociaux, universitaires, de santé ou des mairies.

Où la trouver cette boussole si on ne peut compter pour cela ni sur la gauche, ni sur la droite, ni sur l’extrême droite et pas même sur la gauche de la gauche, les syndicats et même l’extrême gauche ? En effet, comment croire aux médications d’un médecin qui refuse de dire d’où vient la maladie ? Car aucun d’entre eux ne veut nous dire que le capitalisme ne peut plus diriger la société et qu’il s’agit maintenant pour les travailleurs, les milieux populaires, les peuples de se gouverner eux-mêmes. Les syndicalistes réformistes, les syndicalistes de gauche, gauche de la gauche ou d’extrême gauche sont tous dans la dénonciation des politiques libérales et font comme s’il suffisait de changer de politique nationale quand il devient vital de changer de système social mondial.

Or, s’il s’agit de réellement changer les fondements de la société, tel n’est pas le but des syndicats actuels qui ne servent que de passerelle entre la classe ouvrière, la bourgeoisie et l’Etat bourgeois. Ce ne sont pas non plus des partis électoralistes qui risquent d’organiser le renversement de l’Etat bourgeois ! Et pas un de ces courants n’est prêt à dire un mot qui aille dans le sens de la constitution de comités de travailleurs, de conseils ouvriers, organes pourtant indispensables pour débattre entre nous de cette situation historiquement nouvelle et des moyens d’y faire face. Pourtant, ce serait bel et bien le premier pas indispensable pour en construire une de boussole et pour que la classe ouvrière joue son rôle de classe d’avenir de la société humaine maintenant que le capitalisme ne fait plus que s’accrocher au pouvoir par des ficelles de plus en plus fragiles ! Ce ne sont ni les gauches, ni les droites, ni les syndicats, ni l’extrême droite ni les terroristes qui vont s’attaquer au capitalisme, non, tous y sont attachés même s’ils disent se combattre.

En fait, la seule chose que craignent les gouvernants et les classes dirigeantes, ce n’est ni la montée des fascismes, des guerres, des terrorismes, des violences sociales de toutes sortes liées à la misère grandissante, non ce qu’ils craignent c’est nous, travailleurs, et la capacité qu’ils nous attribuent toujours, comme le pensait Karl Marx, d’être capables de construire une société nouvelle, après le capitalisme, société qui ne serait plus fondée sur la propriété privée des moyens de production ni sur le grand capital mais sur le travail humain et sur le bien-être de tous. Reste à savoir si nous, prolétaires du monde, allons décevoir leurs pires craintes ou faire résonner à nouveau le « Prolétaires sauvons nous nous-mêmes » de Karl Marx…

Messages

  • Dans le programme du FN :

    Acteurs économiques et emploi : libérer au maximum l’entreprise des contraintes de toute nature qu’elle subit

    Libérer le travail et l’entreprise de l’étatisme, du fiscalisme et du réglementarisme

    L’exonération en 5 ans des entreprises agricoles de toutes charges fiscales et sociales

    Limiter les charges fiscales et sociales pesant sur l’agriculture de façon à rendre les exploitations plus viables

    Rendre les marchés financiers plus attractifs pour inciter les Français à investir davantage dans les entreprises

    Faciliter la création et le développement des PME par des avantages fiscaux, réglementaires et financiers

    Développer la compétitivité des entreprises et donc la création d’emplois par la désétatisation de l’économie, l’allégement des charges et la limitation des contraintes bureaucratiques

    Baisse drastique de 50% des charges qui pèsent sur les PME-PMI

    Exonérer de charges sociales pendant deux ans toute entreprise nouvellement créée

    Aide décentralisée aux PME

    Les salaires. Marine Le Pen a fermement refusé de dire ce qu’elle souhaitait pour le SMIC, sa hausse, son maintien ou sa baisse. A chacun de traduire...

    Sortir de l’euro. Le FN propose l’établissement d’une parité fixée à « 1 euro = 1 franc » « pour maintenir au mieux le pouvoir d’achat », en expliquant que la « baguette d’1 euro passerait à 1 franc et non à 6,57 francs ». Et il oublie juste de souligner que le SMIC qui est environ de 1055 euros nets passerait donc avec le FN à 1055 francs avec la sortie de l’euro. On imagine la perte de pouvoir d’achat énorme qui en résulterait !

    La retraite. Son programme défend deux mesures : « La retraite à la carte : l’âge de la retraite pourrait être reculé de 60 ans à 65 ans. Les retraites par capitalisation C’est une voie qu’il faudra privilégier à long terme. » Le MEDEF n’aurait pas dit mieux !

    Elargir le financement des retraites aux revenus du capital (stock options, produits financiers divers…)

    Remise en cause des heures de travail. Renégocier par branches les 35 heures.

    Le Front National est « favorable à la flexibilité du temps de travail » et s’oppose à une réduction du temps de travail sans baisse de salaires.

    Les vrais objectifs de Marine Le Pen : renforcer le caractère répressif de l’Etat, monter les milieux petits bourgeois contre les travailleurs, s’attaquer aux fonctionnaires, développer le nationalisme, le racisme et la xénophobie pour éviter que la colère populaire se tourne contre la bourgeoisie et le système capitaliste, enfin opposer entre eux des fractions des forces populaires pour permettre aux classes dirigeantes de mieux les frapper. C’est tout un programme qui, évidement, ne dit pas son nom : le fascisme !

  • Le gouvernement fait des cadeaux au patronat pour soi-disant l’inciter à créer des emplois mais le grand capital n’envisage que des suppressions massives d’emplois !

    GDF Suez moins 6000 emplois

    MoryGlobal : moins 2200 après moins 2800 emplois

    Areva : moins 2000 emplois

    SNCF : moins 13.000 emplois

    Sous-traitants d’Airbus : des centaines d’emplois en moins

  • Le gouvernement prétend lutter contre le chômage mais il lutte pour des suppressions d’emplois publics et pour plus de droits des patrons de licencier ! Et les licenciements continuent...

    Les licenciements massifs se multiplient. Le 7 avril, la société Vivarte, qui gère les magasins de vêtements La Halle, Kookaï, et André, a annoncé 1 600 licenciements suite à la baisse des ventes. À la fin mars, la société de transport MoryGlobal a déposé son bilan ; 2150 emplois sont menacés. Il s’agit de la plus grande faillite d’une entreprise en France depuis celle du fabricant d’appareils électroménagers Moulinex en 2001. Les salariés de la marque de sous-vêtements Dim à Autun sont menacés de 300 suppressions de postes en France. Lieu Unique, scène nationale de Nantes, supprime des emplois. L’usine Noël de Vitré va licencier une grande partie de ses salariés : entre 80 et 100. Un sous-traitant d’Alstom est menacé de faillite à Rochefort. Pour débloquer la situation de l’emploi, MEDEF et gouvernement ont leur solution : débloquer les licenciements !!! Pour cela, ils veulent casser le CDI…

  • L’Etat va encore faire cadeau de milliards aux capitalistes. Il ne leur demandera aucune contrepartie ni engagement. Concernant les "contreparties" demandées au patronat en échange du pacte de responsabilité, "le compte n’y est pas", a de nouveau jugé Manuel Valls.

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